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Développement des larves de moustiques dans un écosystème particulier : milieu sous jacinthe d'eau Eichhornia crassipes (Mart) Solms-Laubauch

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par Nadine Maryse KPONDJO
Ecole polytechnique d'Abomey Calavi - Licence Professionnelle 2008
  

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Introduction

· Synthèse bibliographique qui met en exergue quelques notions sur les moustiques et la jacinthe d'eau.

· Matériel et méthodes qui retracent les milieux d'étude et la méthodologie adoptée.

· Résultats et discussion où les résultats obtenus sont présentés et commentés. Une conclusion assortie de quelques suggestions vient finaliser notre étude.

La recherche documentaire est une étape préliminaire à tous travaux de recherche. Ainsi pour notre étude, nous avons été amenés à parcourir des bibliothèques, des centres de documentation et des centres de recherche. Nous avons trouvé judicieux d'orienter nos premières recherches sur la jacinthe d'eau. Ce qui nous a conduit, vers la bibliothèque de la Faculté des Sciences et Techniques (FAST) section hydrobiologie et à visiter les sites web sur internet avec des moteurs de recherche comme www.google.fr, www.yahoo.fr, etc.

A cet effet, plusieurs documents (rapports, articles, livres, mémoires) ont été exploités. Parallèlement à ces recherches documentaires, le Centre de Recherche Entomologique de Cotonou (CREC) et le Centre de Documentation du Ministère de la Santé (CDMS) ont été explorés pour avoir des informations relatives aux moustiques d'une part et au paludisme d'autre part. Des mémoires du département de Génie de l'Environnement (Gen) ont également été lus et synthétisés.

A l'issue de cette recherche bibliographique, nous avons pu faire le point de la majorité des travaux dans le domaine d'étude et recueillir des informations susceptibles d'éclairer le sujet de recherche et d'en dégager les pistes d'investigations.

1.1 MOUSTIQUES

Ici sont présentés la systématique, la morphologie externe et le cycle de développement du moustique, puis la différence entre mâle et femelle, les caractères distinctifs des genres Anophelinae et Culicinae.

1.1.1 SYSTEMATIQUE

Les moustiques sont des arthropodes appartenant à la classe des insectes dans le règne animal. Ils forment le sous-ordre des Nématocères dans l'ordre des Diptères. Avec les pièces buccales de type piqueur suceur, les moustiques appartiennent à la famille des Culicidae.

Généralement la famille des Culicidae est divisée en trois sous-familles: Toxororhynchitinae, Anophelinae et Culicinae. Cette division se base sur différents critères morphologiques visibles tant au niveau des oeufs que des stades larvaire et imaginal (RODHAIN et PEREZ, 1985).

Les moustiques forment une grande famille homogène et spécifiquement très diversifiée
comprenant 2.800 à 3.000 espèces, réparties dans le monde entier (RODHAIN et PEREZ, 1985).

Parmi ces espèces, certaines sont vectrices de la fièvre jaune et de la dengue (Aedes aegypti), de la filariose lymphatique (Culex) et du paludisme (GUILLAUMOT, 2006).

Le paludisme est une maladie parasitaire qui se transmet par la femelle d'une espèce de Anopheles meigen : Anopheles gambiae. En Afrique, Anopheles gambiae a donné naissance à six espèces différentes (AGOSSOU et al., 2006):

O Anopheles gambiae s.s., Gilles, 1902;

O Anopheles arabiensis, Palton, 1905;

O Anopheles quadriannulatus, Théobald, 1911;

O Anopheles bwanbae, White, 1985;

O Anopheles melas, Théobald, 1903;

O Anopheles merus, Doenitz, 1902;

Le tableau 1.1 expose de façon synthétique la classification des moustiques.

Tableau 1.1 : Systématique des moustiques

Sous-familles des
Culicidae

Genres

Sous-genres

Toxorhynchitinae

Toxorhynchites

Toxorhynchites s.s.,
Ankylorhynchus, Lynchiella

Anophelinae

Bironella
(9 espèces malésiennes) Chagasia
(4espèces n éotrop ica les)
Anopheles
(près de 400 espèces)

Six sous-genres de Anopheles:
Lophopodomyia, Nyssorhynchus,
Cellia Stethomyia, Kertzia,
Anopheles.

Culicinae

Une trentaine de genres dont les
plus connus sont : Aedes, Mansonia,
Culex, Tripteroides, Trichoprosopon,
Ficalbia, Psorophora

 
 

1.1.2 MORPHOLOGIE EXTERNE D'UN MOUSTIQUE

Les moustiques sont de petits insectes (taille de 5 à 20 mm) à ailes longues et fines. Ils diffèrent des autres diptères comme les mouches par, la présence de petites écailles sur la plupart des nervures et des ailes. Leur corps est ténu et élancé, leurs pattes ont une coloration variant de brun pâle à noir, parfois marquées de taches et de bandes (WIKIPEDIA, 2008).

Le moustique adulte a le corps divisé en trois parties distinctes: la tête, le thorax et l'abdomen avec chacune, ses éléments constitutifs (Figure 1.1).

Figure 1.1: Principales parties d'un moustique adulte Source: OMS, 2003

Comme tout insecte à métamorphose complète (holométabole), le développement du moustique se caractérise par deux phases distinctes (RODHAIN et PEREZ, 1985) :

- la phase aquatique regroupant: l'oeuf, les quatre stades larvaires et la nymphe; - la phase aérienne qui concerne l'adulte ailé ou imago.

1.1.3 CYCLE DE DEVELOPPEMENT DU MOUSTIQUE

Le cycle de développement des moustiques dure environ douze (12) à vingt (20) jours (ADISSO et ALIA, 2005) et comprend quatre (4) stades: l'oeuf, la larve, la nymphe (pupe) et l'adulte. Cette métamorphose se déroule en deux (2) phases à savoir:

1.1.3.1 PHASE AERIENNE

Les sujets des deux (2) sexes s'accouplent en vol ou dans la végétation et ont une distance de vol de un (1) à deux (2) km. Grâce aux longs poils dressés sur leurs antennes, les mâles peuvent percevoir le bourdonnement produit par le battement rapide des ailes des femelles, qui s'approchent des essaims lors du vol nuptial. A ce moment, le mâle féconde la femelle en lui laissant un stock de sa semence. La femelle dotée d'un caractère particulier, celui du

maintien en vie jusqu'à la mort des spermatozoïdes, conserve la semence du mâle dans une ampoule globulaire ou vésicule d'entreposage (spermathèque). Elle ne s'accouple donc qu'une seule fois (DARRIET, 1998).

Les adultes mâles et femelles se nourrissent de jus sucrés, de nectars et d'autres secrétions végétales. Pourtant, une fois fécondées, les femelles partent en quête d'un repas sanguin duquel, elles retirent les protéines et leurs acides aminés, nécessaires pour la maturation des oeufs. Ce repas sanguin prélevé sur un vertébré (mammifère, amphibien, oiseau), est ensuite digéré dans un endroit abrité (GUILLAUMOT, 2006).

Dès que la femelle est gravide, elle se met en quête d'un gîte de ponte adéquat pour le développement de ses larves. La ponte a lieu généralement au crépuscule. Le gîte larvaire est une eau stagnante ou à faible courant, douce ou salée (AYITCHEDJI, 1990). Selon IROKO (1994), le sang, l'eau et une température d'au moins 18 °C sont les trois conditions nécessaires, pour la reproduction et le développement de certains moustiques d'Afrique noire.

Le cycle de développement du moustique est schématiquement représenté par la figure 1.2.

Figure 1.2 : Cycle biologique du moustique

Source: http://pagesperso- orange.fr/SVT.ocean-Indien/cyclemoustique/cycle_moustique.htm

(DELACROIX), consulté le 20.06.2008

1.1.3.2 PHASE AQUATIQUE

Quelques jours après la fécondation, suivant les espèces, les oeufs de diverses formes (fusiformes, allongés, renflés dans leur milieu et parfois munis de minuscules flotteurs latéraux) sont pondus par la femelle dans différents milieux. La ponte est souvent de l'ordre de 100 à 400 oeufs et le stade ovulaire dure deux (2) à trois (3) jours dans les conditions de: température du milieu, pH de l'eau, nature et abondance de la végétation aquatique de même que la faune associée. La taille d'un oeuf est d'environ 0,5 mm (RODHAIN et PEREZ, 1985).

A maturité, les oeufs s'éclosent et donnent des larves de stade 1 (1 à 2 mm) qui, jusqu'au stade 4 (1,5 cm) se nourrissent de matières organiques, de microorganismes et même des proies vivantes (pour les espèces carnassières). Malgré leur évolution aquatique, les larves de moustiques ont une respiration aérienne qui se fait à l'aide de stigmates respiratoires ou d'un siphon. La larve stade 4 est bien visible à l'oeil nu par sa taille. Elle a une tête, qui porte latéralement les taches oculaires et les deux antennes. Viennent ensuite le thorax et l'abdomen.

Au bout de six (6) à dix (10) jours et plus, selon la température de l'eau et la disponibilité en nourriture, la quatrième mue donne naissance à une nymphe: c'est la nymphose (GUILLAUMOT, 2006). Généralement sous forme de virgule ou d'un point d'interrogation, la nymphe, mobile, ne se nourrit pas durant tout le stade nymphal (phase de métamorphose) qui dure un (1) à cinq (5) jours. Elle remonte de temps à autre à la surface de l'eau pour respirer et plonge vers le fond, dès qu'elle est dérangée. A la fin de ce stade, la nymphe s'étire, son tégument se fend dorsalement et, très lentement, le moustique adulte (imago) s'extirpe de l'exuvie : c'est l'émergence, qui dure environ quinze (15) minutes au cours desquelles l'insecte se trouve exposé sans défense face à de nombreux prédateurs de surface (RODHAIN et PEREZ, 1985).

1.1.4 DIFFERENCE ENTRE MALE ET FEMELLE

La femelle du moustique est généralement plus grosse que le mâle avec des antennes discrètes et ornées d'un petit nombre de soies. Celles du mâle sont plumeuses, touffues et munies de soies longues. Les moustiques mâles pour la plupart du temps se déplacent moins du gîte larvaire, à l'opposé des femelles hématophages qui sont très mobiles vers les habitations (OMS, 2003).

1.1.5 CARACTERES DISTINCTIFS DES GENRES ANOPHELINAE ET CULICINAE

Les moustiques sont morphologiquement différents les uns des autres. Il existe des différences entre les deux sous-familles Anophelinae et Culicinae, qui portent sur les oeufs, les larves, les nymphes, les palpes maxillaires, les antennes et la position au repos (Figure 1.3). Ainsi, selon l'OMS (2003):

- Les oeufs de Anophelinae portent des flotteurs latéraux et flottent dans le gîte séparément. Ceux de Culicinae sont pondus isolément (Aedes) ou en radeaux (Culex).

- Les larves de Anophelinae respirent par des spiracles dorsaux, ce qui leur impose la position parallèle à la surface de l'eau, tandis que celles de Culicinae respirent par le siphon et ont de ce fait, une position oblique à la surface de l'eau.

- Les nymphes de Anophelinae en forme de virgule sont nettement plus petites que celles de Culicinae.

- Les palpes maxillaires de Anophelinae femelles sont aussi longs que la trompe, alors que ceux de Culicinae sont très réduits. Les mâles de Anophelinae ont des palpes massés à l'extrémité, tandis que ceux de Culicinae sont effilés.

- Les antennes des deux mâles sont plumeuses mais celles de Anophelinae sont majestueuses et moins longues que les palpes. Celles de Culicinae s'incurvent en rejoignant les palpes. Les femelles de Anophelinae ont des antennes plus discrètes que celles de Culicinae.

- Les ailes de Anopheles ont des taches caractéristiques brun foncé sur les bords antérieurs. Celles du genre Culex sont gris brun sans aucune tache sur les ailes. Le genre Aedes est facilement reconnaissable par son corps très foncé avec des taches blanches.

- Les femelles de Anopheles adoptent la position oblique à leur support au repos. Mais celles du genre Culex se tiennent parallèlement au support.

La figure 1.3 présente les différences entre ces deux genres.

Figure 1.3: Différences entre Anopheles et Culex Source: OMS, 2003

1.2 JACINTHE D'EAU : EICHHORNIA CRASSIPES

1.2.1 SYSTEMATIQUE

En 2005, Qaiser et al., présentent la systématique de la jacinthe d'eau comme suit:

1.2.2 HISTORIQUE

Selon BARRET et al., (1982, cités par DAGNO et al., 2007), la jacinthe d'eau serait originaire du bassin amazonien. Mais très tôt, elle a été introduite en Asie et en Afrique pour ses vertus ornementales. Ses larges feuilles d'un vert luisant, ses fleurs violettes ont certainement été des indices de choix dans les jardins d'eau et pour les fleuristes. Elle prolifère dans les plans d'eau douce, sur les terres humides en Amérique, en Afrique et en Asie (HOLM et al., 1991, cités par AYIHONSI, 2006).

La présence de la jacinthe d'eau sur les plans d'eau béninois a été notée pour la première fois en 1977 (TOSSOU, 2004). Une étude faite par LEITE et al., (2004) sur les stratégies de gestion durable des Ecosystèmes Aquatiques en Afrique (le cas du complexe lac Nokoué-lagune de Porto-Novo au Bénin) apporte un éclaircissement intéressant sur l'apparition de la jacinthe d'eau au Bénin. Selon eux, « les parties fertiles de la plante auraient été jetées dans les ordures et comme celles-ci servent le plus souvent à colmater les bas-fonds, la plante s'était retrouvée dans un milieu favorable à sa germination et à son développement. Elle aurait alors envahi les cours d'eau à la faveur des eaux de ruissellement».

1.2.3 DISPERSION DE LA JACINTHE D'EAU EN AFRIQUE ET AU BENIN

La jacinthe d'eau est un adventice, introduite en Afrique pour son aspect esthétique. Son extension a commencé au Bénin depuis le nord du lac Nokoué (la rivière Sô, le fleuve Ouémé, le lac Azili, le lac Célé), (ANONYME, 2006). Cependant AKOEGNINOU et AGBANI (1998), rapportent qu'on retrouve cette plante depuis le sud jusqu'au nord, sauf dans la lagune côtière, le lac Ahémé et les basses vallées des fleuves Mono et Sazué, dans la partie sud-ouest du territoire.

1.2.4 DESCRIPTION DE LA PLANTE

Du point de vue morphologique, la jacinthe d'eau peut avoir une variabilité considérable dans la forme, la couleur de ses feuilles et de ses fleurs, et selon l'âge de la plante (DAGNO et al., 2007). Elle a une taille variant de quelques centimètres à plus d'un mètre de haut (TOSSOU, 2004). Les feuilles d'un vert luisant forment la base de la fleur et s'attachent à des pétioles gonflés d'air. Sous cette architecture, se trouve le système racinaire, qui permet à la plante de capter les nutriments nécessaires à sa croissance dans l'eau. Mais le plus attrayant des éléments constitutifs de cette herbacée est sa fleur, qui attire par sa couleur mauve tirant sur le lilas. Un des pétales porte habituellement une tache jaune d'or, encadrée par une ligne bleue (DAGNO et al., 2007). Le pétiole (5 cm de diamètre et 30 à 50 cm de longueur) a une forme bulbeuse dans les conditions ouvertes, effilée dans les conditions de forte densité de la plante. Ces deux formes végétatives sont des adaptations morphologiques. Pour bénéficier au maximum de la lumière solaire, les plants de la jacinthe d'eau sont obligés de changer de formes (TOSSOU, 2004).

1.2.5 ECOLOGIE DE LA PLANTE

La jacinthe d'eau est décrite par plusieurs auteurs comme étant la peste verte. Elle est dotée d'un pouvoir phénoménal de reproduction. En combinant deux mécanismes de reproduction (sexué et asexué) très efficaces, elle colonise et peuple une grande diversité d'écosystèmes aquatiques. Ainsi, la jacinthe d'eau s'installe dans les fleuves, lacs, lagunes, étangs, marécages et bas-fonds.

Elle se reproduit de deux manières dont une principale, la multiplication végétative, qui permet sa prolifération sur une grande superficie du cours d'eau. La seconde multiplication dite sexuée assure la pérennité de l'espèce.

1.2.5.1 MULTIPLICATION ASEXUEE OU VEGETATIVE

Elle se fait par clonage à partir des rhizomes. Les nouvelles plantes sont produites à partir de l'élongation de stolons due à la division des méristèmes axillaires de la plante mère (CENTER et al., 2005, cités par DAGNO et al., 2007). Les clones très fragiles restent fixés à la plante mère par le stolon, puis se détachent sous la pression des courants d'eau, permettant à de nouveaux individus de coloniser d'autres zones (WILSON et al., 2005). D'après certaines études, deux (2) plants de jacinthe peuvent par clonage, produire 1.200 plants en quatre (4) mois (ANONYME, 2006). BABU et al., (2003) prouvent aussi que, dix (10) plants en huit (8) mois peuvent produire 655.330 individus, soulignant ainsi le potentiel invasif de la plante. Certains auteurs ont démontré que la durée de clonage de la jacinthe est d'environ six (6) à dix-huit (18) jours et dépend des conditions climatiques, chimiques et de la disponibilité en nutriments de l'eau. A une température optimale de 18 °C, la jacinthe d'eau double son poids et sa productivité est de 200 tonnes de masse sèche/hectare/année (ANONYME, 2006).

1.2.5.2 MULTIPLICATION SEXUEE

La reproduction sexuée conduit à la formation des graines dont la longévité est de 15 ans (HOU INSOU, 1999). D'après AYIHONSI (2006), UEKI et OKI (1979), ont montré que les graines mûres peuvent être collectées 30 jours après la pollinisation. La floraison dure environ quinze (15) jours. Une fleur produit plusieurs capsules renfermant des graines, dont seulement un maximum de trente-quatre (34) sont viables par capsule (WILSON et al., 2005). Un plant de jacinthe produit environ 5.000 graines, qui sont dispersées par l'eau ou le vent, et vont coloniser les berges où le niveau d'eau est faible.

1.2.6 CONDITIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA JACINTHE D'EAU

La jacinthe d'eau est une espèce très compétitive vis-à-vis des autres plantes aquatiques. Elle s'installe dans des milieux où ses ennemis naturels sont absents (lamantin par exemple). C'est une plante qui ne supporte pas une très forte salinité du milieu colonisé. Elle évolue et prolifère normalement en périodes de crues (saison pluvieuse), mais meurt à l'étiage quand la salinité du cours d'eau augmente. Une autre contrainte à la prolifération de cet adventice est la température. Il prolifère dans tous les pays chauds. Le vent par les courants de surface, contribue à son expansion rapide (BODO, 2005). On remarque néanmoins, la présence

d'autres plantes flottantes (Pistia stratioites, Nénuphea varie gata, Azolla pinnata, Lemna minor) dans le même biotope que la jacinthe d'eau.

La figure 1.4 montre l'envahissement de la jacinthe d'eau sur le fleuve Ouémé à Gangban (avril-mai, 2008).

Clichés: KPONDJO, 2008
Figure 1.4: Envahissement de la jacinthe d'eau à Gangban

1.2.7 IMPACTS DE LA PROLIFERATION DE LA JACINTHE D'EAU

C'est une plante qui crée des désagréments de divers ordres, quand la prolifération est très rapide sur le plan d'eau, par la formation des tapis verts quasi impénétrables. Les conséquences de cette prolifération sont diverses:

1.2.7.1 PROBLEMES ECOLOGIQUES

Elle altère le fonctionnement des écosystèmes aquatiques et provoque des pertes d'espèces. Les tapis denses de cette espèce invasive empêchent, la pénétration dans l'eau des rayonnements solaires et diminuent donc, la photosynthèse des producteurs primaires à la base des chaînes alimentaires (phytoplanctons). En période d'étiage, la décomposition de ses feuilles mortes rend le milieu anoxique, privant d'oxygène, les espèces du milieu. La jacinthe d'eau augmente également les pertes en eau par le phénomène d'évapotranspiration.

1.2.7.2 PROBLEMES DE NAVIGATION ET DE PECHE

Les tapis denses entravent la navigation en empêchant les transports fluviaux et l'accostage.
Les pirogues ou autres moyens de déplacement n'arrivent à passer que lorsque, le piroguier

débarrasse sur son chemin, au fur et à mesure les plants de la jacinthe d'eau. La plante bloque ainsi les hélices des engins de transport et de pêche. Elle endommage également les filets.

1.2.7.3 PROBLEMES SANITAIRES

Sa présence favorise le développement de certains vecteurs de maladies comme la malaria, la bilharziose, la filariose... Certaines larves de moustiques prospèrent dans l'environnement créé par la présence de mauvaises herbes comme la jacinthe d'eau (DAGNO et al., 2007).

1.2.8 LUTTE CONTRE LA PROLIFERATION DE E. CRASSIPES

Dans le monde, cette plante a fait l'objet de beaucoup d'études dans l'optique de contrôler sa prolifération et si possible sa destruction définitive. Ainsi, il y a les luttes physique, chimique et biologique.

· La lutte physique (mécanique et manuelle) contre la plante fournit un meilleur contrôle à court terme à sa prolifération (PIETERSE et al., 1996, cités par DAGNO et al., 2007).

· La lutte chimique: plusieurs herbicides efficaces contre la jacinthe d'eau sont appliqués par traitement aérien ou terrestre. Mais ces deux moyens ont des insuffisances:

- en favorisant toujours la dispersion de la jacinthe à travers les fragments de la plante délaissés dans l'eau après le ramassage pour la lutte physique (HARLEY et al., 1997 cité par DAGNO et al., 2007);

- en entraînant la destruction de l'écosystème aquatique, mais aussi les effets néfastes des
résidus d'herbicide sur l'environnement et la santé de la population (DAGNO et al., 2007).

· La lutte biologique est basée sur l'utilisation des ennemis naturels de la plante, dans le but de créer une pression permanente sur elle. Il y a l'usage:

- de quelques espèces d'insectes, en l'occurrence Neochetina spp. (charançon) qui a réduit de 5 à 100 % la biomasse de la jacinthe d'eau de 1991 à 1993 sur le Fleuve Ouémé (AJUONU et al., 2003, cités par DAGNO et al., 2007);

- des phytopathogènes (microorganismes pathogènes sur la plante). La mort de la plante a été obtenue quelques semaines après pulvérisation avec Acremonium Zonatum, alternaria Eichhornia et Cercospora rodmanii (DAGNO et al., 2007). Selon BABU et al. (2003), un contrôle efficace de la jacinthe d'eau est obtenu avec Alternaria Alternata.

D'après ADJALIAN (2006), les traitements visant à réduire les taux de sels nutritifs dans le milieu aquatique peuvent constituer un moyen de maîtrise de la prolifération de la jacinthe d'eau.

2.1 MATERIEL

Il présente les milieux d'études (sites et laboratoires) et le matériel utilisé.

2.1.1 MILIEUX D'ETUDE

Le Bénin est une bande de terre allongée, située sur la côte ouest-africaine entre 6°15' et 12°25' de latitude Nord et entre 0°45' et 4°00 de longitude Est (FAO, CENATEL, 1998, cités par TOSSOU, 2004). Il est limité au nord par le fleuve Niger, au nord-ouest par le Burkina Faso, à l'ouest par le Togo, à l'est par le Nigeria et au sud par l'océan Atlantique.

Il bénéficie d'un important réseau hydrographique constitué de cours d'eau, qui sont répartis sur l'ensemble du pays en cinq bassins hydrographiques. Celui de l'Ouémé (510 km) forme le plus important bassin et est caractérisé par deux (2) saisons de pluies d'inégale importance. La plus grande s'étale d'avril à juillet et la plus petite d'octobre à novembre. De même, ce bassin se caractérise par deux saisons sèches dont la plus grande va de décembre à mars et la plus petite d'août à septembre (ADAM et BOKO, 1993, cités par TOSSOU, 2004).

2.1.1.1 LAGUNE DE PORTO-NOVO

La situation géographique de la lagune de Porto-Novo montre qu'elle est située au sud-est du Bénin (6°25' N, 2°36' E), entre la commune de Porto-Novo et celle de Sèmè. Elle occupe la bordure sud de la ville de Porto-Novo et communique à l'ouest avec le lac Nokoué par l'intermédiaire du canal de Totchè et à l'est avec la lagune de Lagos (Nigeria) par un canal (GNOHOSSOU, 2006). La lagune communique également avec le fleuve Ouémé. Sa superficie est de 50 km2 (BONOU & GNONLONFIN, 1999, cités par AYIHONSI, 2006).

En ce qui concerne les conditions climatiques, il faut souligner que la lagune de Porto-Novo constitue la partie méridionale du delta de l'Ouémé. Elle est aussi sous le climat subéquatorial avec la moyenne de la salinité des eaux qui se situe autour de 9,5 %o. Pendant la saison sèche, elle s'élève jusqu'à atteindre un pic de 16,4 %o (en avril) dans l'ensemble (TOSSOU, 2004). Ce taux de salinité est contrôlé par les crues du fleuve Ouémé qui se déversent dans la lagune (KIKI, 2003).

2.1.1.2 FLEUVE OUEME

Le Fleuve Ouémé est situé entre 6°30' et 10° de latitude Nord. Il prend sa source au nord du pays dans les massifs de l'Atacora et débouche dans le système lagunaire du lac Nokoué et de la lagune de Porto-Novo (GNOHOSSOU, 2006).

Le climat et les précipitations sont les principaux facteurs qui influencent l'hydrologie de l'Ouémé. Son régime de type tropical (ADAM et BOKO, 1993, cités par TOSSOU, 2004), se caractérise par une seule période de basses eaux qui dure en général sept (7) mois, de décembre à juin, et par une seule période de crues de trois à quatre (4) mois environ. Les crues commencent habituellement vers fin juillet et finissent avant le mois de novembre.

2.1.2 STATIONS D'ETUDE

Pour notre étude, nous avons choisi la station de Louho, située dans la commune de Porto- Novo et le site de Gangban dans la commune d'Adjohoun avec trois stations: Ayidégbé, Mandja et Akloukpa.

Ces quatre stations ont été choisies car la jacinthe d'eau, l'un des éléments constitutifs du sujet y est bien développé, même dans la période d'avril-mai qui coïncide avec la fin de la grande saison sèche et le début de la grande saison pluvieuse.

2.1.2.1 STATION DE LOUHO

Louho est un quartier du troisième arrondissement de Porto-Novo (Djassin). Il est situé au nord de la lagune de Porto-Novo et par voie lacustre entre les embarcadères de Honvié et de Vakon. Les coordonnées géographiques de cette station sont: 2°35' 10» de longitude et 6°29'51» de latitude. Durant toute l'étude, Louho est considéré à la fois comme un site et une station.

La figure 2.1 montre la situation géographique des deux sites de d'étude.

Figure 2.1 : Situation géographique des sites prospectés

Louho, notre station est un canal artificiel qui débouche sur la lagune de Porto-Novo. Ce canal est utilisé par la population pour ses multiples besoins. Sa position par rapport à la lagune explique la très faible salinité de l'eau (Figure 2.1).

La population de Louho exerce plusieurs activités: le commerce des poissons fumés, les cultures maraîchères, la pisciculture, l'élevage des bovins, volailles... Mais la plus importante des activités est le commerce de l'essence frelatée. Les commerçants s'organisent et transportent les bidons d'essence par voie lacustre, en empruntant l'un des canaux artificiels de la lagune de Porto-Novo.

2.1.2.2 SITE DE GANGBAN

Gangban est un arrondissement de la commune d'Adjohoun. Il regroupe plusieurs quartiers dont Ayidégbé, Mandja et Akloukpa, qui sont les trois dernières stations d'échantillonnage pour notre étude.

Gangban se trouve dans le moyen delta (plaine longue de 50 km environ) de l'Ouémé, qui s'étend de Bonou à Azowlissè en passant par Adjohoun. Dans cette zone le lit du fleuve Ouémé est sablonneux; l'eau est peu profonde en saison sèche et les berges sont assez hautes. On note la présence de la jacinthe d'eau et d'autres plantes flottantes comme Pistia stratioites, Lemna minor et Azolla pinata.

Les figures 2.2 et 2.3 présentent la situation de la prolifération de la jacinthe d'eau sur les différentes stations de l'étude.

Figure 2.2: Développement de la Jacinthe d'eau à Louho et ses environs

Figure 2.3: Parcellaire à Gangban

Les habitants de Ayidégbé, Mandja et Akloukpa, pour la plupart des Wéménou, pratiquent plusieurs activités génératrices de revenues telles que : la pêche, l'agriculture, la pisciculture, l'élevage, le commerce et autres. En agriculture, ils cultivent les denrées alimentaires comme le maïs, le gombo, les légumes verts, la banane, etc. Quant à la pisciculture, ils créent des étangs artificiels du côté de la rive gauche, pour l'élevage des espèces de poissons tels que clarias gariepinus. Le commerce est assuré par les femmes qui fument les poissons élevés et les revendent.

2.1.3 PRESENTATION DES LABORATOIRES D'ACCUEIL Les deux laboratoires d'accueil sont l'URZH et le CREC.

2.1.3.1 URZH

La station de diversification de la pisciculture de l'URZH (Unité de Recherche sur les Zones Humides) est située sur le campus d'Abomey-Calavi à soixante-quinze (75) mètres de la seconde entrée principale de l'UAC. Son laboratoire se trouve dans le département de Zoologie et Génétique de l'UAC.

L'URZH s'occupe de:

· l'évaluation biologique de la qualité de l'eau à partir d'indices biotiques basés sur les algues, macro invertébrés et poissons;

· l'évaluation des paramètres physico-chimiques des eaux de surface;

· la diversification de la pisciculture dans les zones humides;

· l'inventaire de la faune et de la flore aquatique.

2.1.3.2 CREC

Le Centre de Recherche Entomologique de Cotonou (CREC) est un centre qui fait des recherches sur les moustiques en général et surtout sur les vecteurs du paludisme en particulier. La majeure partie de nos travaux de laboratoire s'est déroulée dans ce centre.

Situé dans la zone industrielle de Cotonou, le CREC est installé dans la même enceinte que le laboratoire nationale de santé. Il est limité :

- au nord par le Centre National de Télédétection (CENATEL);

- au sud par la Centrale d'Achats des Médicaments Essentiels (CAME); - à l'est par la Société Béninoise des Peintures et Colorants (SOBEPEC); - à l'ouest par le Ministère de la Santé (MS);

Les travaux réalisés au CREC sont axés sur l'épidémiologie du paludisme. Ce centre dispose de cinq laboratoires, tous équipés pour faire des travaux de recherche sur le paludisme. Deux insectariums (larvaire et adulte) et une animalerie sont également disponibles pour l'élevage et la reproduction des moustiques.

Ilya donc:

· un laboratoire de cytogénétique;

· un laboratoire d'identification des espèces de moustiques et surtout des vecteurs;

· un laboratoire de parasitologie;

· un laboratoire de biologie moléculaire;

· un laboratoire de contrôle de qualité des outils de lutte antivectorielle;

· un laboratoire de chimio-sensibilité du Plasmodiumfalciparum aux antimalariques.

En dehors de ces activités, le CREC travaille en partenariat avec plusieurs structures étrangères dont l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et London School of Hygien and Tropical Medecine (LSHTM), toujours dans l'optique de réduire le taux de prévalence du paludisme au Bénin. A l'insectarium du CREC, deux genres de moustiques sont séparément élevés : Anopheles et Culex.

Les photos présentées par la figure 2.4 montrent les insectariums où sont élevés les larves et les adultes de moustiques.

Clichés: KPONDJO, 2008
Figure 2.4: Insectariums des larves de moustiques et leurs adultes

Pour les mesures des paramètres de l'eau et les échantillonnages, nous avons utilisé le matériel qui suit:

9 un GPS (Global Positionning System) pour la prise des coordonnées géographiques des stations d'étude;

9 un oxythermomètre WTW, un pH-mètre WTW, un conductimètre WTW, une sonde multiparamètre Combo pH & EC de marque HANNA, pour les mesures physico-chimiques de l'eau;

9 une paire de bottes, un rouleau de papier adhésif, un marqueur, une louche, un tamis à mailles très fines, une pipette et des plastiques (récipient, petit seau à couvercle) pour le prélèvement des larves et nymphes de moustiques.

2.2 METHODOLOGIE

Le travail a été réalisé en plusieurs phases:

> la documentation (écrite et orale) : elle a permis de mieux comprendre le sujet et d'avoir quelques informations abordées sus lacto.

> la collecte des données: elle a été réalisée par des échantillonnages d'eau sur chacune des stations dans les arrondissements de Djassin et de Gangban.

> le traitement des données: il a été fait avec le logiciel Excel sous windows 2007.

2.2.1 COLLECTE DES DONNEES

Cette étape du travail a consisté à recueillir des données après une visite exploratoire des stations d'étude.

2.2.1.1 VISITE EXPLORATOIRE DES STATIONS D'ETUDE

Il a été nécessaire de cibler en premier lieu, les zones humides où la jacinthe d'eau est retrouvée en abondance dans la période d'avril à mai. Ceci permet d'identifier les stations d'échantillonnage, qui sont repérées au moyen du GPS.

Le site de Gangban a été choisie pour les prospections car le fleuve à cet endroit n'est pas tellement influencé par la salinité en période de basses eaux. Louho, situé au nord de la lagune de Porto-Novo est également un milieu favorable à notre étude.

Après cette étape préalable, nous avons fait une première sortie le 30 avril 2008 sur Louho et Gangban, pour faire l'état des lieux et prendre les coordonnées géographiques avec un GPS. Les échantillonnages (échantillons, paramètres physico-chimiques, nutriments) ont réellement commencé à partir du mois de mai.

Pour des raisons financières et matérielles, le travail n'a pas été effectué au même moment sur les quatre stations. Nos sorties ont eu lieu les 15, 22 et 29 mai 2008 à Louho dans la matinée (8 h-10 h) et les 16, 23 et 30 mai 2008 à Gangban dans l'après midi (12 h-14 h).

2.2.1.2 ECHANTILLONNAGES ET MESURES DES PARAMETRES PHYSICO-CHIMIQUES

Le travail axé sur la mesure des paramètres, a été fait en bordure du cours d'eau (au niveau des berges) car le courant et le mouvement de l'eau emmènent les plants de la jacinthe d'eau. Ces plants se sont donc développées et même, en quelques endroits, sur la terre ferme (humide) et dans certaines barques délaissées avec de l'eau. Les paramètres pris en compte pour l'étude sont:

· la température (°C) qui est un facteur écologique, mais aussi cinétique pour tous les processus chimiques et biologiques se déroulant dans les milieux naturels. Elle a été mesurée avec un oxythermomètre WTW;

· le potentiel d'hydrogène (pH) qui permet d'apprécier l'acidité ou l'alcalinité du milieu. Sa mesure est faite à l'aide d'un pH-mètre WTW;

· la conductivité électrique (mS) qui permet d'apprécier la capacité de l'eau à conduire le courant électrique. Elle a été prise à l'aide d'un conductimètre WTW;

· le TDS (ppt) qui permet de connaître la quantité de Total Solides Dissous dans l'eau. Il a été apprécié avec une sonde multiparamètre Combo pH & EC de marque HANNA;

· les sels nutritifs: ions nitrite, nitrate, ammonium et phosphate, ont été analysés au laboratoire.

Toutes ces mesures sont prises sous les nappes de la jacinthe d'eau. Comme les nutriments nécessitent des traitements chimiques (dosages), ils ont été conservés dans des bouteilles maintenues au froid (4 °C) pour les analyses au laboratoire d'écologie de l'eau de l'URZH. La méthode par spectrophotométrie a été pour ce faire utilisée.

Pour la mesure de la densité larvaire, nous avons suivi la méthode de collecte de larves et de pupes de l'OMS, 2003.

Après la mesure des paramètres du milieu, nous avons procédé à la collecte des larves ou nymphes sous la jacinthe d'eau de la manière suivante:

) plonger la louche (350 ml) doucement sous la jacinthe d'eau, inclinée à 45° par rapport à la verticale;

) prélever vingt fois l'eau sous jacinthe (contenant probablement des larves) en diversifiant les points de prélèvement;

) verser à chaque fois le contenu de la louche dans un récipient;

) filtrer le contenu du récipient à l'aide d'un tamis, dans de petits seaux à couvercle pour réduire la quantité d'eau;

) Etiqueter les seaux.

Pour éviter des erreurs de comptage, les larves (dans le plastique légèrement fermé) sont transportées dans les conditions normales de température (25 °C) vers l'insectarium larvaire du CREC, une fois la prospection terminée. En effet, les larves prélevées sont à différents stades larvaires, y compris celui du premier stade. Il faudrait donc les élever, jusqu'au moment où, elles seront bien visibles à l'oeil nu (stades 3 et 4). Généralement le passage du stade 1 aux stades 2 et 3 dure deux (2) jours.

Après toute cette opération, il est essentiel de densifier la population larvaire du gîte. Ainsi sur chaque site, la densité larvaire est appréciée par le nombre de larves et de nymphes récoltées par prélèvement. La formule de la densité larvaire est la suivante :

D

 

L

 

N V

×

 

Avec: L le nombre total de larves obtenues; N le nombre de prélèvements; V le volume de la louche.

2.2.1.3 ELEVAGE ET DENOMBREMENT DES LARVES ET NYMPHES

Les larves des stades 1 et 2 sont séparées de celles des stades 3 et 4. Les nymphes sont mises dans un petit gobelet avec une petite quantité d'eau. Le gobelet est alors déposé dans une cage étiquetée.

Les larves maintenues dans l'eau de gîte sont filtrées dans des bacs étiquetés, contenant de l'eau du robinet. Tous les matins, nous procédons au tri des nymphes et à l'alimentation des larves aux croquettes de chat, mélangés à la levure. Après le stade nymphal qui dure au moins 48 heures, les nymphes éclosent et donnent des adultes appelés imagos qui sont nourris au jus de miel (1 %). Les larves et les nymphes sont élevées dans l'insectarium où les bacs sont alignés sur des étagères illuminées. Après l'émergence, les adultes sont récoltés dans des cages cubiques voilées, qui sont déposées dans l'insectarium réservé aux adultes.

Les larves des stades 3 et 4 sont dénombrées aussitôt après le retour du terrain. Mais celles des stades 1 et 2 sont élevées à l'insectarium dans des bacs identifiés au préalable. A l'aide d'une pipette compte-goutte, nous évaluons le nombre de larves et nymphes obtenues sur chaque station. Notons que les larves et nymphes sont comptées une à une.

2.2.1.4 IDENTIFICATION DES GENRES DE MOUSTIQUES

Dans la même journée, après la récolte des adultes, ceux-ci sont identifiés à la loupe binoculaire dans la salle d'identification.

Pour l'identification, les moustiques sont aspirés de leur cage, avec un tube d'aspiration dans
de petits gobelets en plastique voilés. Pour éviter que les moustiques s'envolent durant
l'observation, nous les avons endormis avec de l'éther. Ils sont ensuite mis dans des boites

de pétri et placés sur la platine. La clé d'identification taxonomique des espèces de moustiques est utilisée, pour l'identification des moustiques obtenus lors de nos différentes prospections.

La figure 2.5 présente deux photos a et b illustrant la méthode utilisée pour compter les larves et celle adoptée pour l'indentification des genres ou espèces de moustiques.

Clichés: GOVOETCHAN, 2008
a) Dénombrement des larves ou nymphes b) Identification des genres de moustiques

Figure 2.5: Décompte des larves ou nymphes de moustiques et Identification des genres de
moustiques

2.2.2 TRAITEMENT DES DONNEES

Toutes nos données sont traitées avec le logiciel Excel sous windows 2007, pour une meilleure exploitation. Les résultats sont présentés sous forme d'histogrammes et de courbes.

3.1 RESULTATS

Les résultats obtenus suite à l'analyse des données collectées sont relatifs : à la température; au potentiel d'hydrogène (pH); à la conductivité électrique; au Total Solides Dissous; aux sels nutritifs; au développement des larves de moustiques sous la jacinthe d'eau; aux corrélations possibles entre la densité larvaire et certains paramètres du milieu sous la jacinthe d'eau.

3.1.1 TEMPERATURE

Le graphe de la figure 3.1 montre l'évolution de la moyenne des températures en eau libre et en eau sous jacinthe sur les quatre (4) stations échantillonnées.

Figure 3.1: Moyenne des températures en eau libre et en eau sous jacinthe sur les
différentes stations d'échantillonnage

Il y a une certaine constance de la variabilité de la moyenne des températures à Louho, Ayidégbé, Mandja et Akloukpa. Cette moyenne augmente progressivement suivant chaque station. Sa faible valeur est enregistrée au niveau de chaque type d'eau à Louho avec des valeurs de : 29,95 °C en eau libre et de 28,93 °C en eau sous jacinthe. Soit une différence non négligeable de 1,02 °C méritant d'être prise en considération. Pour Ayidégbé et Mandja,

cette différence est de 0,33 °C et 0,28 °C respectivement. Sur la station 4 (Akloukpa), la moyenne des températures marque une variation en eau libre et en eau sous jacinthe avec des valeurs respectivement de 32,85 °C et de 32,43 °C. Ici la différence est de 0,42 °C, soit deux (2) fois plus faible que celle enrégistrée à Louho.

Les résultats ainsi obtenus, montrent que la température est fonction du temps.

3.1.2. POTENTIEL D'HYDROGENE (PH)

La figure 3.2 présente la moyenne des pH mesurés en eau libre et en eau sous jacinthe sur chacune des stations d'échantillonnage.

Figure 3.2: Moyenne des potentiels d'hydrogène (pH) en eau libre et en eau sous jacinthe
sur les différentes stations d'échantillonnage

En eau libre, le pH atteint sa valeur moyenne minimale à Louho qui est de 6,84. Celle maximale de 7,17 est enregistrée à Akloukpa. Le pH sous jacinthe n'a pas connu une grande variation d'une station à une autre (entre 6,69 à louho et 6,82 à Ayidégbé). Certes, sa valeur sur toutes les stations est toujours inférieure à celle de l'eau libre. De plus à Louho, contrairement aux autres stations, la population pratique le trafic de l'essence frelatée par

voie lagunaire. Le non entretien des moyens de transport archaïques, laisse souvent observer des déversements de cet hydrocarbure dans l'eau. L'essence avec une densité inférieure à celle de l'eau, occupe la surface de celle-ci. Ce qui favorise ainsi le phénomène de réflexion des rayons solaires à la surface de l'eau, d'où une diminution de la quantité d'énergie solaire. Le pH d'un milieu étant en corrélation avec la température, la diminution de cette dernière pourrait influencer le pH. Par conséquent ce phénomène pourrait également justifier l'observation faite sur la station de Louho.

3.1.3 CONDUCTIVITE ELECTRIQUE

La figure 3.3 nous présente la moyenne des conductivités électriques en eau libre et en eau sous jacinthe à Louho, Ayidégbé, Mandja et Akloukpa.

Figure 3.3: Moyenne des conductivités électriques en eau libre et en eau sous jacinthe sur
les différentes stations d'échantillonnage

La valeur moyenne de la conductivité électrique atteint son maximum à Louho dans les deux (2) types d'eau : eau libre et eau sous jacinthe. Ses valeurs sont de 3,98 mS/cm en eau libre et 3,87 mS/cm en eau sous jacinthe. Sur les trois autres stations, la conductivité électrique est très faible. Sa valeur minimale est de 0,10 mS/cm en eau libre et en eau sous jacinthe à Ayidégbé et Akloukpa.

Les fortes valeurs de conductivité électrique à Louho, comparativement à celles des autres stations, dénoteraient d'une forte minéralisation de la matière organique.

3.1.4 TOTAL SOLIDES DISSOUS

La figure 3.4 montre la variation du TDS sur chaque station et au niveau des deux types d'eau.

Figure 3.4: Moyenne du Total Solides Dissous en eau libre et en eau sous jacinthe sur les
différents stations d'échantillonnage

Le TDS est plus remarquable à Louho qu'à Ayidégbé, Mandja et Akloukpa, soit 1,99 mg/L pour l'eau libre et 2,28 mg/L pour l'eau sous jacinthe. Ces valeurs sont très faibles sur les trois dernières stations, soit respectivement à Ayidégbé : 0,04 mg/l et 0,05mg/l.

Les fortes valeurs du TDS notées à Louho montrent que les solides dissous sont très importants dans l'eau en général, mais diminuent sous la jacinthe d'eau.

Nous constatons que pour les quatre (4) paramètres physico-chimiques, le temps est un facteur influant sur les mesures au niveau des différentes stations d'une part, sur leur variabilité en eau libre et sous jacinthe d'autre part. Les paramètres mesurés à Louho laissent entrevoir la pollution de l'eau, due aux apports en éléments nutritifs.

3.1.5 SELS NUTRITIFS

La moyenne des sels nutritifs mesurés à louho et à Gangban est présentée par la figure 3.5.

Figure 3.5: Moyenne des sels nutritifs dissous sur les deux sites d'échantillonnage

En général, les nitrates représentent les sels nutritifs les plus abondants. Les concentrations des ions nitrite, nitrate et ammonium atteignent leur maximum à Gangban avec des valeurs de 0,77 mg/l; 11,74 mg/l et 1,52 mg/l respectivement. Cependant, à Louho nous notons une forte concentration en ion phosphate, soit une valeur de 1,65 mg/l contre 0,15 mg/l à Gangban.

La forte concentration des nitrates à Gangban pourrait s'expliquer par des apports de la population en nutriments azotés. La concentration en ion phosphate observée à Louho semble provenir des rejets d'origine domestique, commerciale, des eaux de ruissellement venant des habitations environnantes ainsi que des champs de culture où des engrais chimiques à base de phosphate seraient utilisés.

3.1.6 DEVELOPPEMENT DES LARVES DE MOUSTIQUES SOUS LA JACINTHE D'EAU

L'étude du développement des larves de moustiques sous la jacinthe d'eau a permis de déterminer la densité de leurs larves et d'identifier leurs genres.

3.1.6.1 DENSITE DES LARVES DE MOUSTIQUES SOUS LA JACINTHE D'EAU

L'effectif de larves ou nymphes, obtenu après les différentes prospections sur les quatre stations d'échantillonnage, est représenté par l'histogramme de la figure 3.6.

Figure 3.6: Densité larvaire sous la jacinthe d'eau après les prospections sur les différentes
stations d'échantillonnage

L'analyse de cette figure révèle que sur toute la période des prospections, la population des larves de moustiques est plus dense à Louho qu'à Gangban. Nous avons récolté sur la station 1 en moyenne 218 larves (lv). Par contre sur les trois autres stations, nous avons obtenu en moyenne 47 lv à Ayidégbé; 28,5 lv à Mandja et 30,5 lv à Akloukpa. La densité est donc de 31,14 lv /L à Louho 6,71 lv /L à Ayidégbé. Notons également que cette densité est faible en général à Gangban, où les prospections ont démarré après 12 h 30 mn contrairement à Louho où tous les prélèvements ont eu lieu dans la matinée.

Les larves de moustiques, d'après la revue bibliographique se développent sous la jacinthe d'eau. Elles sont très mobiles de nature. Mais déjà à partir de midi où la température est élevée (plus de 31 °C), l'eau sous jacinthe est ensoleillée et claire. Ces minuscules êtres sont donc menacés et préfèrent se cacher entre les racines de cette plante, fuyant ainsi leurs prédateurs. Ceci explique alors la forte densité larvaire à Louho.

3.1.6.2 GENRES DE MOUSTIQUES IDENTIFIES SOUS LA JACINTHE D'EAU

La figure 3.7 présente les genres de moustiques après leur élevage au laboratoire.

Figure 3.7: Les genres de moustiques obtenus après émergence des larves récoltées sous la
jacinthe d'eau sur les différentes stations

L'élevage des larves récoltées sur les stations nous a permis d'identifier très aisément les genres de moustiques (Anopheles, Culex, Mansonia) se développant sous la jacinthe d'eau.

En général, nous remarquons plus la présence du genre Culex sur les stations que des deux autres genres. L'effectif moyen de Culex est de 189 lv à Louho. Par contre à Ayidégbé le genre Anopheles est plus représentatif avec en moyenne 25 individus. Le genre Mansonia n'a été obtenu qu'à Louho avec 19,5 lv.

La dégradation de la qualité de l'eau dénotée à Louho expliquerait la forte présence de Culex et de Mansonia.

La figure 3.8 montre les photos de deux espèces de moustiques parmi celles identifiées au laboratoire.

Culex quinquefasciatus Anopheles gambiae

Clichés : AYIPKON, 2008

Figure 3.8: Exemple de deux espèces de moustiques se développant sous la jacinthe d'eau

3.1.7 CORRELATIONS POSSIBLES ENTRE LA DENSITE LARVAIRE ET CERTAINS PARAMETRES DU MILIEU SOUS LA JACINTHE D'EAU

Il a été calculé les corrélations entre: la température sous la jacinthe d'eau et la densité larvaire; la conductivité électrique de l'eau sous jacinthe et la densité larvaire.

3.1.7.1 CORRELATION ENTRE LA TEMPERATURE SOUS LA JACINTHE D'EAU ET LA DENSITE LARVAIRE

Dans le tableau 3.1 sont résumées les corrélations obtenues entre les paramètres physico- chimiques (température, pH, conductivité électrique, TDS) sous la jacinthe d'eau et la densité larvaire.

Tableau 3.1 : Corrélations entre les paramètres physico-chimiques sous la jacinthe d'eau et
la densité larvaire

 

Température
(°C)

pH

Conductivité
électrique

(mS/cm)

TDS
(mg/L)

Densité
larvaire

(lv/L)

Température
(°C)

1

- 0,058

- 0,989

- 0,987

- 0,999

pH

 

1

+ 0,029

+ 0,029

+ 0,048

Conductivité
(mS/cm)

 
 

1

+ 0,999

+ 0,991

TDS
(mg/L)

 
 
 

1

+ 0,990

Densité
larvaire

(lv/L)

 
 
 
 

1

De ce tableau se dégage deux parfaites corrélations: une, entre la densité larvaire et la température du milieu sous jacinthe d'eau et l'autre entre cette densité et la conductivité électrique.

La figure 3.9 traduit la courbe de tendance entre la température sous la jacinthe d'eau et la densité larvaire.

Figure 3.9 : Courbe de tendance entre la température sous la jacinthe d'eau et la densité
larvaire

Ce graphe montre qu'il existe une parfaite corrélation négative entre la température et la densité larvaire. Le coefficient de corrélation R2 est de 0,999.

La figure 3.10 montre l'évolution de la température sous la jacinthe d'eau et suivant celle de la densité larvaire.

Température Densité larvaire

33

35

32

30

0

27

31

25

20

30

15

29

10

28

5

Louho Ayidégbé Mandja Akloukpa

Stations

Figure 3.10: Corrélation entre la température sous la jacinthe d'eau et celle de la densité
larvaire

Il y a une parfaite corrélation entre la température de l'eau sous jacinthe et la densité larvaire.

La densité larvaire augmente quand la température diminue. Lorsque la valeur de la
température sous jacinthe est de 28,93 °C, celle de la densité est de 31,14 lv/L à Louho. Par

contre sur les stations à Gangban en général, la densité larvaire est faible avec une valeur de 6,71 lv/L à Ayidégbé pour une température de 32,03 °C.

De l'analyse de cette figure, il ressort que les larves de moustiques sont plus appréhendées dans la matinée. Elles préfèrent se cacher dès que la température de l'eau est supérieure à 30°C.

3.1.7.2 CORRELATION ENTRE LA CONDUCTIVITE ELECTRIQUE DE L'EAU SOUS JACINTHE ET LA DENSITE LARVAIRE

La figure 3.11 présente la courbe de tendance entre la conductivité électrique sous la jacinthe d'eau et la densité larvaire.

Figure 3.11: Courbe de tendance entre la conductivité électrique sous la jacinthe d'eau et la
densité larvaire

Cette courbe de tendance entre la conductivité électrique sous la jacinthe d'eau et la densité larvaire montre une forte corrélation positive entre elles avec R2: + 0,991.

La figure 3.12 illustre la corrélation entre la conductivité électrique sous la jacinthe d'eau et la densité larvaire.

Figure 3.12 : Corrélation entre la conductivité électrique sous la jacinthe d'eau et la densité
larvaire

Sur les différentes stations d'échantillonnage, nous observons une certaine synchronisation entre la conductivité électrique de l'eau sous jacinthe et la densité larvaire.

De ces résultats, nous constatons en général que les larves de moustiques préfèrent des milieux riches en éléments nutritifs. A Louho où la valeur moyenne de la conductivité électrique est maximale, soit 3,87 ms/cm, la densité larvaire est à sa valeur maximale. De plus la forte présence de Culex ne fait que confirmer la pollution de l'eau à Louho qu'à Gangban.

3.2 DISCUSSION

Les mesures des paramètres physico-chimiques montrent les conditions sous lesquelles, la jacinthe d'eau évolue dans la période d'avril à mai à Louho et à Gangban. Mis à part son pouvoir de multiplication qu'on lui reconnaît, cette plante est aussi un indicateur de pollution chimique. Selon AHOUNOU (2007), elle provoque l'eutrophisation des eaux, entraînant ainsi leur pollution par désoxygénation. Les concentrations des ions nitrate et phosphate respectent les normes de l'OMS qui fixe respectivement pour ces paramètres, une teneur seuil dans les eaux naturelles de 50 mg/L; 0,5 mg/L (KIKI, 2003). Néanmoins la forte teneur des ions nitrates enregistrée à Gangban en général (11,74 mg/L), pourrait faire soupçonner la richesse du milieu en matières organiques. Les causes possibles de cette richesse sont la décomposition de la matière végétale morte (jacinthe d'eau), aux ruissellements des terres agricoles fertilisées. Mais la mesure de la conductivité électrique montre que c'est plutôt à Louho qu'on note une dégradation de la qualité de l'eau. La teneur de l'eau libre en ions phosphate obtenue à Louho confirme une fois de plus la qualité dégradante de l'eau de cet site par rapport à celui de Gangban. Les résultats sur les sels nutritifs confirment que l'on peut contrôler la prolifération de la jacinthe d'eau en agissant sur les concentrations des nutriments (ADJALIAN, 2006). Par ailleurs, les valeurs de la conductivité électrique observées sur les différents sites sont indicatrices d'eaux polluées à eaux très polluées car selon BELAUD (1987) rapporté par KIKI (2003), une eau de surface dont la conductivité électrique est supérieure à 0,5 mS/cm est soit une rivière séléniteuse (riche en sulfate de calcium) ou une eau polluée ou très polluée. La forte moyenne de la conductivité électrique à Louho pourrait traduire une forte minéralisation de la matière organique contenue dans l'eau ou une intrusion saline due aux eaux marines. Cette dégradation de la qualité de l'eau à Louho pourrait également être attribuée à la présence d'essence (hydrocarbure) dans l'eau et aux rejets des déchets liquides (eaux usées et de ruissellement). Les valeurs relativement fortes des moyennes de températures sur les trois dernières stations de prélèvements seraient dues à l'effet de l'insolation qui est plus intense à ces heures de prospections à Gangban. Ainsi, il exixte une variation de 0,4 à 1,1 °C entre la température en eau libre et celle sous jacinthe. Il en est de même pour le pH qui tourne autour de 6 en eau sous jacinthe et de 7 en eau libre. Ce que confirme l'assertion de

AYIHONSI (2006) selon laquelle le pH varie sous la jacinthe d'eau. Nos résultats sur le pH répondent d'une façon générale aux valeurs admises par les normes pour les eaux naturelles (6,5 à 9 : NFT 90008) qui sont rapportées par KIKI (2003).

Une fois après son installation, la jacinthe d'eau donne naissance à des tapis denses qui, selon certains auteurs comme NSHIMIRIMANA (2008) et DAGNO (2007), favorisent le développement des larves de moustiques. Nos recherches et résultats obtenus sur la présence de larves et leur densité, ne font que confirmer cette assertion et qu'affirmer l'hypothèse émise par l'OEPP (2006). Cette plante qui menace l'équilibre du milieu (TOSSOU, 2004), sert de gîte larvaire d'après nos résultats à une diversité spécifique. Les espèces qui pullulent sous la jacinthe d'eau d'après notre étude sont: Mansonia africana, Culex quinquefasciatus, Culex nébulosus, Culex descens, Anopheles ziemanni, Anopheles pharoensis et même Anopheles gambiae, vecteur du paludisme. Les genres Culex, Mansonia, vivent dans des milieux sales, pollués et leurs femelles pondent de préférence dans un cours d'eau à plantes flottantes, en l'occurrence la jacinthe d'eau (RHODAIN et PEREZ, 1985).

La première caractéristique de la jacinthe d'eau étant sa polyvalence (ANONYME, 2006), elle prolifère dans un écosystème humide et pollué où le courant est très lent. D'après GUILLAUMOT (2006), la femelle moustique après son repas sanguin pond des oeufs (50 à 400), dans un gîte adéquat au développement de ses larves. Ce gîte larvaire doit être une eau stagnante ou au courant très lent, mais elle peut être douce ou salée, claire ou boueuse, propre ou chargée en matière organique. Il peut être également ombragé ou en plein soleil, permanent ou temporaire et peu profond. Sur les quatre stations d'échantillonnage, comme le prouvent nos résultats, la qualité de l'eau répond à ces caractéristiques.

La dominance de Culex sous la jacinthe d'eau s'explique par les conditions essentielles que leur offre ce microclimat. Selon RODHAIN et PEREZ (1985), les larves des moustiques comme: Mansonia, Culex, se fixent aux racines de la jacinthe d'eau. Malgré leur vie aquatique, elles respirent l'oxygène de l'air grâce à la possibilité d'une association bénéfique, qu'offrent les tiges de la plante aux larves. Elles prélèvent l'oxygène qui est nécessaire avec leur siphon. Aussi, les paramètres physico-chimiques du milieu ont beaucoup favorisé ce développement. La population de Culex obtenue à Louho apparaît

comme un traceur de pollution de l'eau, dénotée par les mesures des paramètres tels que la conductivité, les sels nutritifs (N03 -, P043-). Ce qui est conforme à ADISSO et ALIA (2005), rapportant que le genre Culex préfère les eaux sales, polluées. Aussi, la présence de A. ziemanni, A. gambiae, A. pharoensis sous la jacinthe d'eau ne confirmerait-elle pas le rôle épurateur de cette plante comme l'a rapporté DAGNO (2007), d'autant plus que le genre Anopheles préfère les eaux claires (ADISSO et ALIA ,2005). La densité larvaire observée sur chaque station montre que, les tapis quasi-impénétrables de cet adventice permettent aux larves de moustiques de proliférer sans être atteintes ou dérangées, par la faune aquatique (poissons et autres prédateurs). Celle-ci n'arrive pas à pénétrer sous ces denses touffes. La variation de cette densité sur les quatre (4) stations pose certainement un problème de photosensibilité. Les résultats montrent que les larves sont vite interceptées sous la jacinthe d'eau dans la matinée que dans l'après midi. Il y a donc un moment de forte activité des larves, qui d'après nos recherches est assurément dans la matinée.

L'étude sur le développement des larves de moustiques sous la jacinthe d'eau Eichhornia crassipes (Mart.) Solms-Laubach qui est un milieu dans un écosystème particulier, nous a permis d'apprécier la densité larvaire de moustiques et leur diversité spécifique sous cette plante.

Les mesures des paramètres du milieu (température, pH, conductivité électrique, TDS, sels nutritifs) prises en eau libre et en eau sous jacinthe diffèrent. Ces paramètres pour la plupart diminuent sous les touffes de la plante.

Les analyses faites des différents échantillons d'eau prélevés, ont montré que le milieu sous jacinthe d'eau est un lieu de prédilection pour le développement de plusieurs genres de moustiques : Anopheles, Culex, Mansonia. La densité larvaire rapportée aux paramètres du milieu sous jacinthe d'eau tels que: la température et la conductivité électrique, montre qu'il y existe une parfaite corrélation. De nos résultats, il ressort également que le temps est un paramètre influant sur l'activité larvaire. En effet, on constate que les larves très mobiles, sont plus vite interceptées dans la matinée. Pourtant, dans l'après midi, elles sont moins actives dans l'eau. La densité larvaire est de 31,14 lv/L pour une température de 28,93 °C en eau sous jacinthe. Cette étude confirme que la jacinthe d'eau, surnommée "la peste verte? par plusieurs auteurs, occasionne le développement des larves de moustiques. Ce qui fait d'elle, un élément favorisant la propagation du paludisme.

Notre travail ne représente qu'une étude préliminaire sur les interactions écologiques entre la jacinthe d'eau, E. crassipes et les moustiques. Compte tenu des problèmes constants de la prolifération de E. crassipes sur les plans d'eau béninois et de la prévalence du paludisme, il est nécessaire de poursuivre et d'affiner l'étude afin de confirmer et de généraliser les conclusions auxquelles nous sommes parvenus. Pour ce faire, nous suggérons d'approfondir les recherches sur:

. la corrélation possible entre la jacinthe d'eau et les sels nutritifs, afin de trouver un autre moyen pour contrôler la prolifération de la jacinthe d'eau;

. les conditions de développement qu'offre la jacinthe d'eau aux larves de moustiques, pour apprécier réellement la potentialité de ce nouveau gîte par rapport à ceux naturels connus;

. l'étude comparée entre la dynamique des populations de moustiques sous la jacinthe d'eau et celle dans les eaux sans jacinthe.

Nous suggérons également que des études ultérieures soient réalisées à la fois pendant les deux saisons (saison des pluies et saison sèche); ce qui permettra de comparer la dynamique des populations de moustiques par rapport à l'apparition et la disparition saisonnière de la jacinthe d'eau sur les plans d'eau (fleuve Ouémé, lac Nokoué et lagune de Porto-Novo). Il serait aussi souhaitable d'orienter les recherches ultérieures sur d'autres plantes flottantes comme Nymphea lotus, Pistia stratioites, etc., qui pourraient aussi abriter les larves de moustiques.

La prise en compte de toutes ces mesures contribuerait à la réussite d'une lutte efficace intégrée contre les moustiques vecteurs, sans impacts néfastes sur l'environnement.

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Annexe 1 : Tableaux des paramètres physico-chimiques Station de Louho

Eau libre

Dates

Température (°C)

pH

Conductivité électrique (mS/cm)

TDS (mg/l)

15/05/2008

30,8

6,9

3,72

1,87

22/05/2008

29,1

6,78

4,24

2,12

29/05/2008

29,95

6,84

3,98

1,99

Moyennes

28,93

6,79

3,87

2,28

Eau sous jacinthe

15/05/2008

29,3

6,93

3,27

1,83

22/05/2008

28,2

6,72

4,22

2,11

29/05/2008

29,3

6,74

4,13

2,9

Moyennes

29,95

6,84

3,98

1,99

Station de Ayidégbé

Eau libre

Dates

Température (°C)

pH

Conductivité électrique (mS/cm)

TDS (mg/l)

16/05/2008

30,7

7,02

0,11

0,04

23/05/2008

33,63

6,95

0,14

0,1

30/05/2008

33,67

7,05

0,1

0,03

Moyennes

32,03

6,82

0,10

0,05

Eau sous jacinthe

16/05/2008

30,5

6,83

0,11

0,08

23/05/2008

33,33

6,6

0,1

0,12

30/05/2008

33,3

6,98

0,08

0,04

Moyennes

32,03

6,82

0,10

0,05

Station de Mandja

Eau libre

Dates

Température (°C)

pH

Conductivité électrique (mS/cm)

TDS (mg/l)

16/05/2008

30,7

7,02

0,11

0,04

23/05/2008

32,8

7,01

0,1

0,04

30/05/2008

33,6

7,46

0,1

0,04

Moyennes

32,66

7,01

0,12

0,06

Eau sous jacinthe

16/05/2008

30,5

6,83

0,11

0,04

23/05/2008

32,3

6,73

0,09

0,05

30/05/2008

33,3

6,9

0,1

0,05

Moyennes

32,38

6,80

0,10

0,08

Station de Akloukpa

Eau libre

Dates

Température (°C)

pH

Conductivité électrique (mS/cm)

TDS (mg/l)

16/05/2008

32,7

7,02

0,11

0,04

23/05/2008

32,6

7,6

0,08

0,04

30/05/2008

33,25

6,89

0,1

0,04

Moyennes

32,85

7,17

0,10

0,04

Eau sous jacinthe

16/05/2008

31,89

6,83

0,11

0,06

23/05/2008

32,9

6,71

0,09

0,07

30/05/2008

32,5

6,53

0,1

0,06

Moyennes

32,43

6,69

0,10

0,06

Annexe 2 : Tableau des sels nutritifs

Paramètres

 
 
 
 
 

NH4 +

NO3 -

NO2 -

PO4 3-

Sites

 
 
 
 

Louho

0,90

6,60

0

1,65

Gangban

1,52

11 ,74

0,77

0,15

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