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 UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR 
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FACULTE DE MEDECINE, DE PHARMACIE ET
D'ODONTO-STOMATOLOGIE 
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ANNEE 2008                                                                      N° 53
PROFIL EPIDEMIOLOGIQUE ET BIOCLINIQUE DE  PATIENTS
INFECTES PAR LE VIH NOUVELLEMENT SUIVIS AU CENTRE HOSPITALIER INTERCOMMUNAL DE
VILLENEUVE SAINT GEORGES DE 2004 à 2006 
MEMOIRE DE C.E.S DE MALADIES INFECTIEUSES ET
TROPICALES
PRESENTE ET SOUTENU PUBLIQUEMENT 
Le 02 Mai 2008 
Par 
Dr J. KIVUKUTO L. MUTENDELA 
      MEMBRES DU JURY 
PRÉSIDENT :   M.  Abibou                 
       SAMB                       : Professeur 
MEMBRES :      M. Papa  Salif                  
SOW                          : Professeur 
      M. Bernard  Marcel            DIOP                        
: Professeur 
       
Mme  Ndèye Coumba        TOURE KANE   : Professeur
Agrégé 
     
M.Cheikh Tidiane               NDOUR                    :
Professeur Agrégé 
INTRODUCTION
La pandémie du VIH demeure un problème de
santé publique à l'échelle mondiale. Il s'agit de l'une
des épidémies les plus redoutables [28] qui
vient de marquer le dernier quart de siècle et face à laquelle
les défis à relever restent multiples. Depuis la
découverte de premiers cas de Sida aux USA au début des
années 1980, le virus se pérennise dans le monde entier.
Toutefois, d'énormes progrès ont été
réalisés en termes de connaissance scientifique et de prise en
charge de cette rétrovirose.  
En effet, depuis l'avènement des trithérapies 
antirétrovirales hautement puissantes  en 1996,  l'évolution
habituelle de l'infection à VIH a totalement été
modifiée [3].  Certes, la pathologie VIH reste
immuable, mais certains problèmes qu'elle pose actuellement dans les
pays  en développement ne sont plus  toujours les mêmes que  dans
les pays  développés. Toutefois, l'un des problèmes
posés par l'infection à VIH au Nord comme au Sud reste son
diagnostic tardif ainsi que la précarité socio-économique
de la majorité de patients. 
Aux Etats-Unis, après plusieurs années
consacrées à la construction d'un argumentaire et d'une
démonstration épidémiologique sur la
nécessité de revoir le dispositif de dépistage du VIH, les
CDC ont publié le 22 septembre 2006 leurs dernières
recommandations en la matière. Celles-ci visent à étendre
radicalement la pratique des tests VIH non plus seulement aux groupes à
risque et dans les zones de forte prévalence, mais à  toute
population adulte lors d'un recours aux soins. Dans le même mouvement de
renouvellement  des politiques de dépistage, l'OMS et l'ONUSIDA ont
émis récemment des propositions de recommandations concernant les
soignants. Ces recommandations sont pour le moment en cours de consultation
publique. L'accès au traitement ARV n'y est pas posé comme un
préalable absolu à la mise en oeuvre du  conseil et du
dépistage du VIH à l'initiative des soignants
[18,40]. 
S'agissant du diagnostic tardif, les stratégies de
dépistage ciblé, basé sur  l'évaluation du risque 
ou des symptômes pour détecter les sujets infectés ne
suffisent plus. Aux États-Unis par exemple, on estime qu'un quart des
séropositifs ignorent leur statut sérologique. En France, ces
dernières années, le nombre de patients dépistés au
stade avancé reste important. En 2006, 14% des personnes ayant
découvert leur séropositivité VIH étaient au stade
Sida contre  seulement 10 %  de cas découverts à la phase de
primo-infection [38]. En Afrique, la situation est encore plus grave. On estime
à plus de 50 % le nombre de patients VIH non dépistés
[40]. 
Au cours de notre stage au CHIV, nous nous sommes
intéressés au profil épidémiologique et bioclinique
 de  patients infectés par le VIH, suivis dans le Service de
Médecine Interne, Maladies Infectieuses et Tropicales.  La seule
hypothèse dans ce contexte, est que le diagnostic de l'infection
à VIH à Villeneuve Saint Georges comme ailleurs, serait
effectivement tardif. Pourtant, l'accès aux soins est sensé
être facile en  France où il existe une Sécurité
Sociale pour tous. Ainsi, nous rechercherons les éventuelles
spécificités  de patients VIH suivis CHIV, par rapport à
la moyenne nationale française, en y apportant un regard du Sud
d'où  provient la majorité des patients infectés par le
VIH, suivis en France métropolitaine
[14,30]. 
L'objectif principal de ce travail consiste donc à
décrire, et à comparer les caractéristiques
sociodémographiques ou biocliniques des PVVIH d'origine africaine et
européenne. Secondairement, nous déterminerons parmi ces patients
la proportion des PVVIH diagnostiquées tardivement et mises sous ARV. 
Méthode : Etude
rétrospective, descriptive et analytique  des patients infectés
par le VIH-1, d'origine africaine et européenne, recrutés  en
Maladies Infectieuses du 1er janvier 2004 au 31 décembre
2006. Analyse  de leurs caractéristiques sociodémographiques et
biocliniques. 
Résultats : Dans cette
étude, 75% des PVVIH nouvellement recrutés au CHIV sont
originaire d'un pays d'Afrique subsaharienne contre 25%  d'origine
européenne. La plupart de ces patients sont jeunes et vivent dans la
précarité. Les femmes représentent 57% dont une
majorité (¼) dépistée au cours d'un bilan
systématique de grossesse. Le mode de transmission le plus dominant est
la voie hétérosexuelle (80%), variable  selon l'origine et le
sexe des patients. Un nombre important de PVVIH (11%) découvrent leur
séropositivité au Stade Sida, aussi bien  les européens 
que  les subsahariens (16% vs 10%) avec  36 % de patients en
immunodépression sévère (lymphocytes T CD4 <
200/mm3) et 27 % de patients ayant une réplication virale
très importante (charge virale VIH > 100 000 copies d'ARN/ml).
Une  coinfection avec une hépatite virale est retrouvée dans 18 %
de cas. Près de la moitié (47%) de nos patients sont mis sous ARV
dans les 2 mois suivant leur première consultation. Il n'existe pas de
différence significative des paramètres immuno-virologiques en
fonction de l'origine des patients (p>0,05). 
Conclusion : Cette étude montre
une prédominance des migrants en situation sociale précaire et
parmi eux, beaucoup de femmes jeunes dépistées au cours  d'une
grossesse. On note par ailleurs que le diagnostic est tardif aussi bien chez
les patients européens qu'africains (62% vs 58 % dont les lymphocytes T
CD4 sont <350/mm3). 
Mots-clés : VIH/SIDA,
Bioclinique, ARV. 
Discipline : D.E.S. - Infectiologie.
Faculté de Médecine de Dakar. Année 2OO8. 
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