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differenciation spatiale et identité sociale en milieu rural

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par krikou amadou DIARRA
 - maà®trise 2006
  

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CHAPITREVI : LES REPRESENTATIONS SOCIALES ET LE

FONCTIONNEMENT DES RAPPORTS

INTERETHNIQUES

I : L'INSTITUTION DU TUTORAT ENTRE AUTOCHTONES ET

MIGRANTS

Cette institution agraire à Kanzra permet d'une part au migrant de s'intégrer dans le village et d'autre part de maintenir la cohésion sociale.

En effet, toutes les communautés migrantes perçoivent les Gouro de Kanzra comme leur tuteur de façon générale. Quand le migrant malinké parle de son djatigui,51(*) il fait allusion à son tuteur, de celui qui l'a accueilli, de celui qui lui a donné une portion de terre pour subvenir à ses besoins. Le migrant baoulé parlera de "Sikéfoué" celui qui offre un toit, un gîte, un logis. Le tuteur est perçu comme un père pour le migrant. C'est pourquoi par exemple les baoulés nomment « N'si 52(*)» tout autochtone qui leur donne, ou leur vend une portion de forêt. C'est pareil pour les autres migrants, surtout chez les allogènes africains qui sont sédentarisés à Kanzra.

Le chef malinké nous dira dans l'un de nos entretiens sur l'organisation politique à Kanzra et en particulier la chefferie du village, que « si le père et la mère se disputent une natte, les enfants n'ont rien à dire. Ils (les enfants) iront se coucher la nuit, chez celui qui aura gardé la natte. »

Cette citation du chef malinké Bamba montre comment eux-mêmes migrants construisent le Gouro de Kanzra (tuteur) comme parents biologiques qui doivent leur donner (migrants) ce dont ils ont besoin pour leur survie.

Cela montre de façon explicite que le tuteur est celui qui occupa en 1ère position le site du village donc propriétaire de toutes les ressources foncières et même humaines. Cette reconnaissance du "droit de propriété" sur le foncier qu'ont les migrants à l'égard du tuteur se matérialise par la remise symbolique de certains dons contre prestation par exemple un poulet, de la boisson forte ou par le reversement au tuteur d'une partie de la production annuelle ou encore par "l'assistance" du tuteur en cas d'évènements sociaux particuliers (décès, fêtes ...etc.). Le tuteur peut aller jusqu'à menacer d'expulser l'hôte de ses terres si celui-ci ne s'inscrit pas dans cette logique.

II : LES ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS SUR LE FONCIER

Disons qu'à Kanzra, ces arrangements sont de deux ordres que sont

Selon que le migrant veuille se faire une plantation ou selon qu'il veuille créer un bâtiment à usage commercial.

Lorsqu'il s'agit de créer une plantation, contrairement à la première vague des migrants qui ne disposent d'aucun document relatif soit à l'achat soit à la dotation de la portion mise en valeur, les nouveaux migrants ayant eu écho des menaces "de spoliation " de plantations par les nouvelles générations de jeunes autochtones et limiter les incertitudes et les risques de la vie quotidienne à Kanzra, ils (les nouveaux migrants) utilisent des règles, des procédures et des formes de contrat qui leur permettent de sécuriser leurs acquis. Cela, à travers des papiers signés par certains acteurs dont le tuteur, l'hôte et le chef de village, accompagnés chacun d'un témoin.

Aujourd'hui, toutes les communautés migrantes en général et en particulier, les burkinabés, conviennent pour dire qu'avant « de payer une plantation, on fait papier d'abord chez le chef :

Et celui qui n'a pas fait papier et puis il prend forêt, faut pas quand il y'a problème il vient devant moi ». Ces propos sont ceux du chef mossi.

Quand il s'agit de la construction de bâtiments commerciaux, le migrant se doit de construire deux bâtiments, l'un à usage commercial (soit boutique, magasin de stockage) et l'autre à usage de dortoir dans la cour de l'autochtone.

Pendant donc les 5 à 10 premières53(*) années, les bâtiments sont à la propriété du migrant. A la fin de cette période consensuelle, les bâtiments reviennent définitivement à l'autochtone qui pourra en user en toute liberté.

Pendant notre séjour, nous avons pu voir les bâtiments qu'un migrant burkinabé avait déjà construits et dont les dépenses effectuées se sont élevées à 1 785 000 francs CFA et qui devrait lui profiter durant les 10 premières années. Aussi, avons-nous pu voir un autre migrant mauritanien, signer un contrat de bail similaire au premier cas chez le chef du village avec un autre autochtone pour une durée de 5 ans.

Ces types d'arrangements (institués) à Kanzra s'expliquent par la volonté de faire participer les migrants à leur épanouissement en ce sens que pour les autochtones, la terre sur laquelle ces migrants "amassent" fortune est leur propriété et cette propriété leur est reconnue par tous les migrants.

Photo n°12 : Le chef du village lors de l'élaboration

d'un contrat de bail avec un migrant mauritanien.

Photo n°15 : Les deux bâtiments construits par un migrant après l'élaboration d'un contrat de

bail.

Le premier est construit dans la cour de l'autochtone qui a octroyé l'espace utilisé pour la construction du second à usage commercial. Après 10 ans la boutique deviendra la propriété exclusive de l'autochtone.

* 51 Djatigui c'est le terme qu'utilisent les malinkés pour designer leur tuteur.

* 52 « N'si » signifie littérairement en français « mon père ». C'est une expression baoulé.

* 53 Le nombre d'années est fixé d'un commun accord chez le chef entre les 2 acteurs, le migrant et l'autochtone, accompagnés chacun de témoins. Ce nombre varie de 5 ans à 10 ans en fonction des dépenses effectuées par le migrant pour la construction des bâtiments.

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