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Appartenance socioculturelle et scolarisation des enfants au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Lonkila Moussa ZAN
Université de Yaoundé II - DESSD 2007
  

sommaire suivant

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Organisme Inter-Etatique République du Cameroun

Université de Yaoundé II

INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE
DEMOGRAPHIQUES

27e promotion
Année Académique 2006-2007

APPARTENANCE

SOCIOCULTURELLE ET

SCOLARISATION DES ENFANTS

AU BURKINA FASO

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE

Présenté et soutenu par :
Lonkila Moussa ZAN

Pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie (DESSD)
Option : Administration et Gestion des Programmes de Population (AGPP)

Jury :

- Dr. Hélène KAMDEM (Présidente) - Dr. Samuel NOUETAGNI (Lecteur) - Pr. Jean WAKAM (Directeur)

Yaoundé, Octobre 2007

Ave~k~ssevve vk

Les opinions émises dans le présent mémoire sont propres à son
auteur et ne sauraient en aucun cas engager l'Institut de
Formation et de Recherche Démographiques (IFORD).

La présente étude est basée sur les données issues de
l'Enquête Prioritaire 1998, réalisée par l'Institut National de
la Statistique et de la Démographie (INSD) du Burkina Faso.

DÉM Lcm ces

je manifeste mon infinie

ceconnaissance à eie u gui,

~oujours, m~afait jrâce dans la ~ie.

ela mémoire de monjcère ârissa zee°

ela mémoire de ma mère 'gita «Charlotte megocee

tous ceux rui, dejcrès ou loin, mejcortent dans

leurs ccurs et me soutiennent ;

emesfrères et scurs rui, toujours, ont mis leur confiance en

moi ;

etous ceux ~ui me sont c%ers ;

~edédie ce mémoire.

~evv,erci,evv,e1A,t.s

.Not~e (a~mation à l'.7notitut de gotmation et de Xechexche Démogiaphiqueo (.75aXD) oe te/mine pat la p~éoentation de ce m~deote t~avail de techexche qui ne tep~éoente qu'une infime pattie de ce que noua avono apptio à l'inotitut. .Nouo ne lui en oeutno jamaio aooe.z teconnaiooant, main noua fatmulono noo teme/ciementa à tout M~n peue~nnel adminiottatif et enceignant, en patticulie4 $

au ffltafeooeuit Evina axa.M et l'adminiottateu~ E. 'u~tin atEDXacça qui n'ont ménagé aucun e~~att pou~ le bon déroulement de ceo deux année) de fa~mation dont ce t~avail eot un indicateut .

au p~afeooeut 'ean'%M.M pou~ Mn objectivité, oa tigueux ocientifique et méthodologique que Pévèle con humaniome généteucc.

au Docteu~ Samuel .NatEf"1"aç.N.7 et au Docteu~ fflatfait .M. E. E.NlEçlE pou~ avai accepté la lectu~e et la telectute de ce document.

.N temexciemento vont à toua ceux qui, de ptèo ou de loin, ont conteibué à la téalioation de ce tuavail. .Noua penoono patticuliè~ement $

a laditection de l'.7notitut .National de la Statiotique et de laDémwgiaphie (.7.NSD) et à la di ection du ffltajet de Développement du Sgetème Statiotique .Nationale (fflDSS.N) qui ont conotitué leo p~omwteuto de notee (a~mation.

a .Monoieut %damaf"1".7E.NDXEDE(ç~ de l '.7.NSD qui o'eot inveoti pou~ noua pexmettte d'obteni leo donnée) de cette étude.

a tou~ leo étudianto de la 25ème et 26ème p~amatian de l'.75fXD pou~ leo conoeilo d'aînée, dont noua avono Bénéficiée au cou~a de n~tue (a~mation.

a tou~ leo étudianto de la 27ème p~amatian, n~tamment ceux qui ont étudié la ocalatioation, pou~ l'atmwophè~ec~nviviale et ~~ate/nelle d'étude, de t~avail et d'échangeo dan) laquelle noua avono vécu.

Liste des sigles, acronymes et abréviations

ACP : Analyse en Composantes Principales

BAC : Baccalauréat

BEPC : Brevet d'Etude du Premier Cycle

BIT: Bureau International du Travail

CAP: Connaissances/Croyances, Attitudes et Pratiques CEP : Certificat d'Etude Primaire

CEPED: Centre Population et Développement

CERPOD: Centre d'Etudes et de Recherches sur la POpulation pour le Développement CICRED: Comité International de Coopération dans les Recherches Nationales en Démographie

CFA : Communauté Financière Africaine

CM : Chef de Ménage

CONAPO : Conseil National de la Population

DESSD: Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie DSA: Dimensions Sociales de l'Ajustement

EDSBF : Enquête Démographique et de Santé du Burkina Faso ENEP : Ecole Nationale des Enseignants du Primaire

ENSEA: Ecole Nationale Supérieure d'Economie Appliquée EP: Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages EPT : Education Pour Tous

FASAF : FAmille et Scolarisation en AFrique

FNUAP : Fond des Nations Unies pour les Affaires de Population IFORD: Institut de FOrmation et de Recherche Démographiques INA : Institut National d'Alphabétisation.

INED: Institut National d'Etudes Démographiques

INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie IP : Indice de Parité

IRD: Institut de Recherche pour le Développement (ex ORSTOM) MASSN : Ministère de l'Action Sociale et de la Solidarité Nationale MEBA : Ministère de l'enseignement de Base et de l'Alphabétisation

MESSRS : Ministère des Enseignements secondaire, Supérieurs et de la Recherche Scientifique

ORSTOM : Office de Recherche Scientifique pour les Territoires d'Outre Mer. PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PDDEB : Plan Décennal de Développement de l'Education de Base PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PUF: Presses Universitaires de France

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitation ROCARE: Reseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education UEPA: Union pour l'Etude de la Population Africaine

UERD : Unité d'Enseignement et de Recherche en Démographie

UNESCO: Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture UNICEF: Fond des Nations Unies pour l'Enfance

ZD: Zone de Dénombrement

TBS : Taux Brut de Scolarisation

TNS : Taux Net de Scolarisation

Table des matières

Avertissement i

Dédicaces ii

Remerciements iii

Liste des sigles, acronymes et abréviations iv

Table des matières v

Liste des tableaux vii

Liste des figures et graphiques viii

Résumé ix

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE 5

1.1 Présentation générale du Burkina Faso 5

1.2 Caractéristiques socioculturelles 6

1.2.1 Caractéristiques ethniques 6

1.2.2 Caractéristiques religieuses 7

1.2.3 Caractéristiques socio linguistiques 8

1.3 Caractéristiques du système éducatif 8

1.3.1 Etat et structure du système éducatif 9

a- L'éducation formelle 9

b- L'éducation non formelle : Alphabétisation 9

1.3.2 Les faiblesses du système scolaire 10

Conclusion partielle 10

CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE 12

2.1 Revue de la littérature 12

2.1.1 Les facteurs du système scolaire : l'offre scolaire 12

a- Sa disponibilité 13

b- Son accessibilité 13

2.1.2 Les facteurs démographiques. 14

a- La taille du ménage 14

b- La structure du ménage 14

c- Le sexe du chef de ménage 15

d- Le sexe de l'enfant 15

e- Le statut familial de l'enfant 15

2.1.3 Les facteurs économiques 16

a- Le niveau de vie du ménage 16

b- La théorie du capital humain 16

c- Des modes de production, pauvreté et logiques scolaires 17

2.1.4 L'approche sociologique 19

a- L'école : facteur d'intégration sociale 19

b- L'école : facteur de reproduction sociale 20

2.1.5 L'approche par les facteurs socioculturels 21

a- Un aperçu sur l'importance du concept de « socioculturel » en démographie 21

b- L'impact des facteurs socioculturels sur l'éducation 22

2.1.6 Synthèse : Importance et orientation générale de l'étude 25

2.2 Cadre conceptuel et hypothèses de l'étude 26

2.2.1 Schéma conceptuel et hypothèses de l'étude 26

2.2.2 Définitions des concepts 27

Conclusion partielle 29

CHAPITRE III : CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS METHODOLOGIQUES 30

3.1 La source de données 30

3.1.1 L'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1998 30

3.1.2 L'échantillonnage 31

3.1.3 Le questionnaire 31

3.2 Cadre analytique 32

3.2.1 Les variables d'analyse 32

a- La variable dépendante 32

b- Les variables indépendantes 32

3.2.2 Schéma d'analyse 35

3.3 Evaluation de la qualité des données 36

3.3.1 Evaluation des taux de non-réponse 36

3.3.2 Evaluation de la qualité des données sur l'âge 37

a- La méthode graphique 37

b- Les méthodes statistiques : l'indice de Whipple et de Myers 38

c- Qualité des données sur l'âge de la population cible 39

3.4 Méthode d'analyse 41

3.4.1 Analyse descriptive 41

3.4.2 Analyse explicative 41

a- Présentation du modèle 41

b- Justification du modèle 42

c- Principes et interprétation de la méthode 42

Conclusion partielle 43

CHAPITRE 4 : CARACTERISATION DES ENFANTS AGES DE 6 A 14 ANS ET

ANALYSE DIFFERENTIELLE DE LEUR SCOLARISATION 44

4.1 Caractérisation des enfants de 6-14 ans selon l'ethnie et la religion 44

4.1.1 La répartition selon le milieu de résidence 44

4.1.2 La répartition selon le niveau d'instruction du chef de ménage (CM) 45

4.1.3 La répartition selon de niveau de vie du ménage 46

4.1.4 La répartition selon le sexe du chef de ménage (CM) 47

4.2 Analyse différentielle de la scolarisation des enfants de 6-14 ans 48

4.2.1 Estimation du niveau de la fréquentation scolaire 48

a- Taux de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans. 49

b- Taux de scolarisation au primaire. 50

c- Espérance de vie et de survie scolaire des enfants de 6-14 ans. 51

4.2.2 Scolarisation différentielle selon l'appartenance socioculturelle du chef de ménage 53

a- Différences selon le sexe de l'enfant 53

b- Différences selon le milieu de résidence 54

c- Différences selon le niveau d'instruction du CM 55

d- Différences selon le niveau de vie du ménage 56

e- Différences selon le sexe du CM 57

Conclusion partielle 58

CHAPITRE 5 : ETUDE EXPLICATIVE DE LA SCOLARISATION SELON

L'APPARTENANCE SOCIOCULTURELLE 60

5.1 Appartenance ethnique et scolarisation 60

5.1.1 Généralités 60

5.1.2 Influence de l'ethnie sur la scolarisation 62

a- Influence selon le sexe de l'enfant 63

b- Influence selon le milieu de résidence 64

c- Influence selon le niveau d'instruction du CM 66

d- Influence selon le niveau de vie du ménage 68

5.2 Appartenance religieuse et scolarisation 68

5.2.1 Généralités 68

5.2.2 Influence de l'appartenance religieuse sur la scolarisation 71

a- Influence selon le sexe de l'enfant 71

b- Influence selon le milieu de résidence 72

c- Influence selon le niveau d'instruction du CM 73

d- Influence selon le niveau de vie du ménage 75

Conclusion partielle 75

SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE 77

BIBLIOGRAPHIE 81

ANNEXE I

Liste des tableaux

Tableau 3.1 : Taux de réponse des variables 37

Tableau 3.2 : Indices de Whipple et de Myers 39

Tableau 3.3 : Taux de scolarisation des enfants de 6 à 14 par âge et par sexe 40

Tableau 4.1 Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le milieu

de résidence 45
Tableau 4.2 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau

d'instruction du CM 45
Tableau 4.3 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau

de vie du ménage 46
Tableau 4.4 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le sexe du

chef de ménage (CM) 47
Tableau 4.5 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le sexe, l'appartenance ethnique et

religieuse du chef de ménage 50

Tableau 4.6 : Taux de scolarisation au primaire selon l'appartenance ethnique et religieuse 50

Tableau 4.7 : Espérance de vie et de survie scolaire des enfants entre 6 et 14 ans selon l'appartenance

ethnique et religieuse du chef de ménage (CM) 52
Tableau 4.8 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et

le sexe de l'enfant 53
Tableau 4.9 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnie, religieuse et le

milieu de résidence 55
Tableau 4.10 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse

et le niveau d'instruction du chef de ménage 56
Tableau 4.11 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse

et le niveau de vie du ménage 57
Tableau 4.12 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse

et le sexe du CM 58
Tableau 5.1 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon

l'appartenance ethnique du CM 61
Tableau 5.2 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14ans par sexe en fonction

de l'appartenance ethnique 63
Tableau 5.3 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par milieu de

résidence en fonction de l'appartenance ethnique 65
Tableau 5.4 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau

d'instruction du CM en fonction de l'appartenance ethnique 67
Tableau 5.5 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon

l'appartenance religieuse du CM 70
Tableau 5.6 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par sexe en

fonction de l'appartenance religieuse 72
Tableau 5.7 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par milieu de

résidence en fonction de l'appartenance religieuse 73
Tableau 5.8 Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau

d'instruction du CM en fonction de l'appartenance religieuse 74

Tableau A.1 : Variables retenues pour la construction de l'indicateur du niveau de vie du ménage II

Tableau A.2 : Taux de réponse des variables utilisées pour la construction de l'indicateur du niveau de

vie III

Tableau A.3 : Répartition des ménages selon leurs caractéristiques et leur niveau de vie IV

Tableau A.4 : Les variables d'analyse et leurs modalités IV

Tableau A.5 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie

du ménage selon l'appartenance ethnique VI
Tableau A.5 (suite) : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau

de vie du ménage selon l'ethnie VII
Tableau A.6 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie

du ménage selon l'appartenance religieuse VIII

Liste des figures et graphiques

Graphique 1.1 : Variation des taux de scolarisation des groupes ethniques 7

Figure 2.1 Schéma explicatif du cadre conceptuel 27

Figure 3.1 : Schéma explicatif du cadre d'analyse 36

Graphique 3.1 : Courbe représentative de la population par âge 38

Graphique 3.2 : Pyramide des âges de la population 38

Graphique 4.1 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique du chef de ménage (CM) 49
Graphique 4.2 : Taux brut et net de scolarisation au primaire au Burkina Faso selon l'appartenance

ethnique du chef de ménage (CM) 51

Graphique 4.3 : Espérance de vie et de survie scolaire des enfants de 6-14 ans 52

Résumé

Dans un contexte socioculturel doté de trois grandes religions et d'une soixantaine d'ethnies, le Burkina Faso est l'un des pays en développement où le taux de scolarisation reste encore faible. Même si les avis sont partagés sur les causes de cette sous-scolarisation qui peuvent être socioéconomiques et sociodémographiques, nous pensons que la scolarisation est indubitablement influencée par les perceptions socioculturelles. Partant de cette hypothèse, cette étude se propose comme objectif d'examiner les inégalités entre ethnies et entre religions en matière de scolarisation des enfants âgés de 6 à 14 ans tout en essayant de comprendre si l'influence de l'ethnie ou de la religion est déterminante sur la scolarisation des enfants au Burkina Faso.

De cette étude basée sur l'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1998 d'une part et d'autre part sur l'analyse différentielle et explicative, il ressort notamment que :

· Il existe effectivement des disparités entre groupes socioculturels : l'appartenance aux ethnies Bissa, Dioula, Gourmantché, Lobi, Peulh et Sénoufo de même qu'à la religion animiste, et dans une moindre mesure musulmane, prédispose à une moindre scolarisation ;

· L'ethnie et la religion des parents ou du tuteur déterminent effectivement la scolarisation des enfants. Toutefois, cette détermination varie selon certaines caractéristiques démographiques et économiques des parents. L'influence de l'ethnie et de la religion reste moins déterminante en milieu urbain et chez les enfants issus de ménages aisés et nulle chez ceux dont les parents ont un niveau d'instruction élevé.

INTRODUCTION GENERALE

 

Si tu donnes un poison à quelqu'un, il aura de quoi faire un repas. Si tu lui apprends à pêcher, il aura de quoi manger sa vie durant. Si tu fais des projets pour un an, sème. Si tu fais des projets pour dix ans plante un arbre. Si tu fais des projets pour cent ans de distance, éduque le peuple. En plantant un arbre, tu récolteras dix fois plus, en éduquant le peuple, tu récolteras cent fois plus.

Kuan-tsu1

L'éducation, dont l'intérêt ressort de cet épigraphe, reste un droit inaliénable et reconnu pour tous. Tout être humain a besoin d'une éducation qui doit lui inculquer le mode de vie de ses géniteurs pour la vie et la survie de la société.

La nécessité d'une éducation répondant aux attentes de la société n'est plus à démontrer au 21e siècle. Mais remarquons simplement que cette nécessité a été formulée dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée et proclamée le 10 décembre 1948. Quarante ans plus tard, se tiendra à Jomtien2 en Thaïlande, sous l'égide du PNUD, l'UNESCO, le FNUAP, l'UNICEF et la Banque Mondiale, une conférence sur l'éducation de base. Tout en réaffirmant le droit de tout homme à l'éducation, cette conférence a mis l'accent sur l'éducation de base qui reste une des grandes priorités du développement. En l'an 2000, après le constat des maigres avancées, le cadre d'action de Dakar a fixé de nouveaux objectifs en matière d'éducation pour tous (EPT) et reporté son échéance en 2015.

Par ailleurs, l'éducation est une condition essentielle et un atout pour le développement socio économique d'un pays. Elle se présente aujourd'hui, à l'ère de la numérisation, comme une condition indispensable à l'apprentissage du savoir, du savoir faire et de l'accès à l'information, conditions essentielles pour la construction d'un mieux être. Elle constitue aussi une étape préliminaire à la lutte contre la pauvreté et le sous développement, en particulier dans les pays les moins avancés. A l'ère de la modernisation et de la démocratisation, savoir lire et écrire favorise l'accès à l'information et donne une plus grande liberté de choix et d'expression. Cela constitue une base première à l'éclosion

1 Cité par Apollo Rwomire dans « Education et développement : perspectives africaines » in perspectives, vol. XXII, n°2, 1992 (82) p. 261.

2 Le programme Education Pour Tous (EPT), inauguré à la Conférence Mondiale sur l'éducation de Jomtien (Thaïlande) en 1990 sous l'égide de l'UNESCO, se donnait pour objectif d'offrir à tous les enfants, garçons et filles, la possibilité d'accéder à un cycle complet d'enseignement primaire en l'an 2000.

d'un Etat de droit et de démocratie où l'information est disponible pour tous et accessible à tous. C'est pourquoi l'éducation a toujours été une priorité nationale au Burkina Faso. Les grandes orientations de l'application de l'éducation sont mentionnées dans la loi N° 013/96/ADP3 portant Loi d'orientation de l'éducation. Une partie de l'article 2 de cette loi mentionne en effet que : « L'éducation est une priorité nationale. Tout citoyen a droit à l'éducation sans discrimination fondée sur le sexe, l'origine sociale, la race et la religion»

En dépit des efforts consentis par l'Etat pour promouvoir l'enseignement de base, la population scolaire reste une faible proportion de la population scolarisable compte tenu du rythme d'accroissement rapide de celle-ci. L'accès à l'enseignement formel reste très faible au Burkina Faso où, seulement deux enfants en âge d'aller à l'école sur cinq accèdent au système scolaire. L'atteinte de l'objectif « éducation pour tous » est loin d'être une réalité au Burkina Faso comme en témoigne les faibles taux de scolarisation et d'alphabétisation (en 2003 le Taux Brut de Scolarisation était de 47,5% et le Taux d'alphabétisation des plus de 15 ans était de 21,8%)4. Cela pourrait être dû au moins à deux problèmes : d'une part l'insuffisance (en quantité ou en qualité) de l'offre scolaire qui conditionne très souvent l'accès à l'école ; d'autres part, l'on note une insuffisance de la demande scolaire qui dénote un manque de motivation de la part des populations en ce qui concerne la scolarisation des enfants. Quoi qu'il en soit, cette situation de sous scolarisation peut compromettre les efforts de développement socio-économique.

De ces constats, il ressort que la scolarisation peut dépendre non seulement des caractéristiques socioéconomiques, sociodémographiques et individuelles des parents5 et de l'enfant (selon des auteurs comme Wakam, Pilon, Kobiané, Yaro, Marcoux et Lange) mais, elle peut aussi dépendre de leurs attributs socioculturels (selon des auteurs comme Gérard, Rwehera, Hydre et Kobiané) dans la mesure où, les groupes socioculturels ont une manière différente de percevoir l'éducation et d'apprécier les tenants et les aboutissants de l'éducation formelle. Il est donc nécessaire que l'on s'intéresse aux disparités socioculturelles en matière de scolarisation en y recherchant les causes de la sous scolarisation. L'ethnie et la religion sont des caractéristiques socioculturelles, susceptibles d'être des facteurs déterminants dans l'explication des disparités en matière de scolarisation. D'une manière générale, les facteurs socioculturels, par la détermination des

3 Voir le `'Rapport national sur le développement de l'éducation au Burkina Faso»

4 Source : Direction des Etudes et de la Planification / Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation

5 Ici, le mot `'parents» ne désigne pas uniquement les parents biologiques de l'enfant, mais renvoie aussi au tuteur ou tout simplement au chef de ménage.

comportements individuels et collectifs, influencent diversement les phénomènes démographiques notamment en Afrique comme l'a remarqué Diakanda (1980)6 en ce qui concerne l'ethnie : « L'ethnie apparaît ainsi comme une des variables cruciales dans l'étude de la réalité sociale des pays africains dont la population est généralement composée de plusieurs groupes culturels »

Il s'impose donc une analyse contextuelle des différences en matière de scolarisation suivant les composantes sociales et socioculturelles. Car comme le disent Frank D. Bean et W. Parker Frisbie (cités par Sala-Diakanda, 1980) : « Pour bien comprendre et maîtriser une dynamique nationale, il est impératif de connaître les dynamiques démographiques spécifiques des sous groupes homogènes composant chaque ensemble national. »

De même que l'ethnie, la religion peut influencer les comportements démographiques dans la mesure où elle est caractérisée par un ensemble de croyances et de pratiques d'une part et de l'autre, par l'union dans une même communauté de ceux qui partagent une même foi.

Ces considérations nous conduisent à mener une réflexion sur l'influence de l'appartenance socioculturelle sur la scolarisation des enfants. C'est pourquoi nous allons chercher à répondre aux questions suivantes :

· Existe-t-il des différences de scolarisation des enfants selon l'appartenance socioculturelle des parents ou du tuteur au Burkina Faso ?

· L'appartenance socioculturelle des parents ou du tuteur est-elle déterminante pour la scolarisation des enfants au Burkina Faso ?

Pour répondre à ces questions, cette étude se propose d'atteindre les objectifs suivants :

6 Dans sa thèse « Approche ethnique des phénomènes démographiques : Le cas du Zaïre [République Démocratique du Congo] » p. 12. Il signale « qu'au colloque de démographie africaine à Abidjan (22-26 janvier 1979) il a été reconnu que `'la réalité ethnique est inscrite sur le terrain et que ce concept ne peut être ignoré en démographie, même si (comme les autres concepts) sa définition n'est pas toujours aisée»

Objectif général

Contribuer à améliorer les connaissances de l'influence des caractéristiques socioculturelles sur la scolarisation des enfants dans le but de contribuer à améliorer le niveau de la scolarisation au Burkina Faso.

Plus spécifiquement, nous essayons d'atteindre les deux objectifs suivants :

Objectifs spécifiques

~ Estimer les variations du niveau de scolarisation des enfants selon les caractéristiques socioculturelles des parents ou du tuteur.

~ Evaluer et expliquer l'influence de l'appartenance socioculturelle sur la scolarisation des enfants.

Pour répondre à ces questions et atteindre les objectifs, nous avons structuré cette étude en cinq chapitres. Le premier chapitre a pour rôle, entre autres, de présenter le contexte et la justification du problème. Il est suivi par l'approche théorique utilisée pour circonscrire et appréhender le problème. Ensuite dans le troisième chapitre, sont présentés les données, le cadre et la méthode d'analyse des données. L'analyse différentielle de la scolarisation en fonction des différentes caractéristiques des enfants fait l'objet de l'avant dernière section, tandis que la dernière partie du document est consacrée à une étude explicative des disparités observées entre appartenances socioculturelles en matière de scolarisation

CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE

 

Ce chapitre introductif a pour objet de présenter les aspects contextuels du Burkina Faso qui pourraient avoir une influence sur la scolarisation ou sa perception socioculturelle. Après une présentation générale du pays, cette section met en exergue, d'abord les caractéristiques socioculturelles et ensuite les caractéristiques de l'éducation au Burkina Faso.

1.1 Présentation générale du Burkina Faso

Le Burkina Faso (ex. Haute-Volta), situé au coeur de l'Afrique Occidentale avec une superficie de 274 000 Km2, est limité au Nord et à l'Ouest par le Mali, au Sud par la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin et à l'Est par le Niger. Depuis son indépendance en 1960, le pays a connu une histoire politique mouvementée jusqu'en 1991, avec l'avènement de la démocratie qui a favorisé l'éclosion de la liberté d'expression, de l'initiative privée dans divers secteurs de la vie nationale notamment celui de l'éducation (MEBA, 2007). Cela a permis la mise à la disposition des populations des infrastructures éducatives privées, venant en aide aux moyens limités de l'Etat.

Avec plus de 10 Millions d'habitants en 1998, (10.597.377 habitants d'après une estimation de l'INSD, 1998), le Burkina Faso est un des États les plus peuplés d'Afrique de l'Ouest. Le pays est l'un où le taux de natalité reste encore élevé. Ce qui est à l'origine de la prédominance des jeunes dans la structure par âge de la population d'où une forte proportion de la population scolarisable.

Le milieu urbain burkinabé est faiblement peuplé mais abrite de plus en plus de personnes. En 2000, le taux d'urbanisation était de 16% (Kobiané, 2001. cité par Guison, 2004) tandis que plus de 84% de la population vit en milieu rural où les conditions d'accès à l'offre sont difficiles.

L'économie est caractérisée par l'existence d'un secteur traditionnel de subsistance encore très répandu et d'un secteur moderne d'échanges tourné vers l'extérieur. Elle est aussi caractérisée par la prédominance du secteur primaire liée à une faible urbanisation tandis que le secteur secondaire représente moins de 18 % de la valeur ajoutée totale (CONAPO, 2000). La prédominance du secteur primaire, notamment celui de l'agro-

pastoral, serait une des causes du travail des enfants qui provoque leur non scolarisation et/ou leur déscolarisation.

1.2 Caractéristiques socioculturelles

Au Burkina Faso, il existe trois grands groupes religieux : les animistes, les chrétiens et les musulmans. On y dénombre aussi une soixantaine d'ethnies parlant presque autant de langues7.

1.2.1 Caractéristiques ethniques

Le Burkina Faso compte une multitude de groupes ethniques ayant des cultures différentes. Il regroupe une soixantaine d'ethnies dont les principaux groupes sont : les Mossi (48 %); les Peulh (10,4 %), les Lobi (7 %), les Bobo (6,8 %), les Mandé (6,7 %), les Sénoufo (5,3 %), les Gurounsi (5,1 %), les Gourmantché (4,8%), et les Touareg (3,3 %) et les autres ethnies représentent 2,6 % de la population (Zoundi, 2006).

Tous ces peuples, malgré leur diversité, partagent un fond démo-culturel commun (CONAPO, 2000), appartiennent pratiquement toutes à la famille nigéro-congolaise, répartie en trois groupes (Ouest-atlantique, mandingue et gur) (MEBA, 2007). Mais ils diffèrent en ce qui concerne leur culture et leur organisation socioéconomique et politique. En ce sens, on peut distinguer trois grands groupes ethniques (Guison, 2004) :

· les ethnies organisées autour d'un chef de village : Mossi, Gourmantché ;

· les ethnies structurées selon le lignage et hiérarchisées autour d'un chef de clan : Bobos, Bwa, Gourounsis, Lobi, Samo ;

· les ethnies nomades ou transhumantes, localisées plus à l'est et au Nord : Peulh, Touareg.

« Dans de nombreuses communautés ethniques du Burkina il existe des rites d'initiation qui sont des étapes et des parcours dans l'éducation et la formation de l'individu au sein de la société traditionnelle. Ces rites remontent presque toujours aux mythes fondateurs et sont intimement liés à la cosmogonie. Les corps, l'esprit et l'âme sont concernés par ces rites qui visent à former l'individu dans son être global. L'initié reçoit un véritable enseignement sur les choses et la vie, accède à des codes et fait

7 Parmi les critères classiques de différenciation ethnique (linguistique, historique, culturel etc.), la langue est le critère le plus utilisé par les ethnologues

l'apprentissage de la responsabilité, de l'esprit de corps, du courage, de l'humilité, de la solidarité et de l'honneur. Parmi ces jeunes initiés du pays gourmantché âgés de 10 à 25 ans, il y a des citadins et des ruraux, des élèves et des travailleurs. Tous sont égaux devant cette école de la vie. Ils vont y acquérir des connaissances, adhérer à une éthique et surtout partager une mémoire. »8

Les différences entre les modes d'organisation et les perceptions de l'éducation propres à chaque ethnie peuvent être des sources d'inégalités entre elles en matière de scolarisation. C'est ce qui fait l'objet de cette étude. Mais avant d'en arriver là, remarquons qu'étant de 22%9 (Kobiané, 2001b), le taux de scolarisation des enfants âgés de 6-14 ans en milieu rural connaît d'énormes disparités inter ethniques : il est plus élevé chez les Gourounsi, 37% et chute à 6% chez les Lobi en passant par 31% pour les Samo et 25% pour les Mossi, comme le montre le graphique 1.1 ci-dessous.

Graphique 1.1 : Variation des taux de scolarisation des groupes ethniques

 

Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans en milieu rural burkinabé
suivant l'appartenance ethnique

40

35 30 25 20 15 10 5 0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ethnies

 

Source : (Kobiané, 2001b)

1.2.2 Caractéristiques religieuses

Le pays des hommes intègres, à l'instar de ses deux grands voisins (Le Mali et Le Niger) a une population qui, dans sa majorité demeure musulmane. L'Islam est pratiquée

8 Le texte ci-dessous comme tous les documents de cette page sont tirés du film documentaire "le Burkina Faso" de Gaston Kaboré, sur le site

http://kibare.club.fr/bproj5ab.htm#sommet

9 Ce taux est calculé sur la base des données de l'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1994.

par 52.4% de la population. Les animistes, dévoués à la religion traditionnelle, forment 25.9% de la population tandis que le Catholicisme et le Protestantisme entretiennent la foi respectivement de 17.6% et 3.1% de la population. « L'Animisme demeure très largement présent dans le pays, malgré les avancées notables de l'Islam et du Christianisme. C'est la religion la plus influente. Fétiches, sacrifices et rituels continuent d'exister même chez les musulmans et les chrétiens. L'Animisme donne une âme à tous les phénomènes naturels. Chaque ethnie possède ses propres Dieux ou génies. Ainsi dans bien des lieux, tel ou tel animal est traditionnellement le fétiche ou animal sacré de ses habitants. Pour rien au monde on ne porterait la main ou on ne mangerait de cet animal, qui quelques kilomètres plus loin est consommé depuis toujours. »10

1.2.3 Caractéristiques socio linguistiques

Les langues locales sont d'une grande importance dans plusieurs secteurs de la vie des Burkinabé bien que le statut de langue officielle fait en sorte que le français, qui n'est compris que par 20% de la population, pèse progressivement dans la vie sociale et économique du pays. La mosaïque des langues dans le pays justifie le recours à une langue de communication inter ethnique (MEBA, 2007). Parmi la cinquantaine de langues parlées, trois langues ont eu le statut de langues nationales. Il s'agit du « mooré » qui est la langue véhiculaire à Ouagadougou, du « dioula » et du « fulfundé ». Le mooré est la langue la plus répandue. Parlée par 53 % de la population du Burkina, elle est surtout parlée par les Gourounsis et les Mossis. Le dioula (8,8%), dérivé du « bambara », est la langue du commerce, c'est la langue véhiculaire de l'Afrique de l'Ouest, connue et utilisée historiquement du Sénégal au Nigeria par tous les commerçants. Le foulfouldé, aussi appelé poular ou peulh, est la langue des Peulh, elle est parlée par plus de 6,6 % de la population (MEBA, 2007).

1.3 Caractéristiques du système éducatif

L'un des éléments fondamentaux de contexte d'un pays quand on parle de scolarisation est sans doute son système éducatif dont il importe de commenter certains aspects. Les aspects du système éducatif du Burkina Faso qui seront présentés ici concernent la structure du système d'éducation et ses limites.

10 Extrait de la page : http://kibare.club.fr/bproj5ab.htm#sommet

1.3.1 Etat et structure du système éducatif

Le système éducatif du Burkina Faso comprend deux grands types d'enseignements à savoir l'éducation formelle et l'éducation non formelle.

a- L'éducation formelle

Elle concerne l'ensemble des personnes inscrites dans le système formel c'est à dire scolarisées dans les établissements reconnus par les ministères de tutelle de l'éducation. Elle est structurée en plusieurs types d'enseignement : l'enseignement de base, l'enseignement secondaire, la formation professionnelle et technique et l'enseignement supérieur.

L'enseignement de base au Burkina comprend l'éducation préscolaire qui concerne les enfants de 3 à 6 ans et comporte un cycle unique de 3 ans et l'enseignement primaire qui comprend les cours préparatoires (CP1 et CP2), les cours élémentaires (CE1 et CE2) et les cours moyens (CM1 et CM2) et concerne les enfants de 6 à 13 ans.

L'enseignement secondaire comprend deux cycles généraux : le collège et le lycée. L'élève entre au secondaire à l'âge de douze ans par le premier cycle qui correspond au Collège. Ce premier cycle dure quatre ans tandis que le second cycle occupe trois ans. Toutefois il existe des cycles professionnels et techniques dont l'entrée se situe à la fin du premier cycle de collège.

L'enseignement supérieur reçoit les étudiants de 20 ans ou plus. Son accès est conditionné par l'obtention du BAC qui achève le cycle secondaire. Le taux de scolarisation à ce niveau demeure faible avec 0,75 % en 1998-1999, surtout depuis que le nombre de bourses accordées aux étudiants a été contingenté. (CONAPO, 2000).

b- L'éducation non formelle : Alphabétisation

En vertu de la loi n° 013/96/ADP portant loi d'orientation de l'éducation, le français et les langues nationales sont les langues d'enseignement : tandis que d'autres langues (l'Anglais, l'Allemand, l'Arabe) sont utilisées comme disciplines d'enseignement.

Le système non formel comprend :


· les Centres Permanents d'Alphabétisation et de Formation (CPAF) ouverts à la population âgée de 15-50 ans et qui disposent de manuels dans environ 22 langues maternelles ;


· les Centres d'Éducation de Base Non Formelle (CEBNF) ouverts aux jeunes
non scolarisés ou déscolarisés âgés de 10 à 15 ans pour un cycle de 4 ans;


· les Centres de Formation des Jeunes Agriculteurs (CFJA) qui accueillent les jeunes de 15-18 ans.

Le taux d'alphabétisation est très bas. Il était de 27 % en 1998 (CONAPO, 2000) alors que le seuil selon l'UNESCO pour qu'un pays puisse amorcer son développement est de 40 %. L'accès à l'alphabétisation est marqué par d'énormes disparités entre régions et milieux d'une part, et entre sexes et groupes sociaux d'autre part.

1.3.2 Les faiblesses du système scolaire

Le système éducatif du Burkina Faso connaît beaucoup de difficultés dans son fonctionnement. Malgré les efforts d'investissements des secteurs publics et privés, ce dernier est caractérisé par une offre scolaire insuffisante (En 1998-1999, 70% des enseignants étaient des instituteurs adjoints dont 35% seulement étaient titulaires d'une certification) (CONAPO, 2000). Il s'ensuit un faible rendement interne11 et de fait il n'arrive pas à répondre aux attentes des bénéficiaires. D'après le rapport final de l' `'Analyse des résultats de l'Enquête Burkinabé sur les conditions de vie des ménages», `'les raisons de l'insatisfaction vis-à-vis de l'école sont, par ordre décroissant d'importance : l'absence ou l'insuffisance des livres et des fournitures scolaires (73,1%), le manque d'enseignants (15,9%), la qualité de l'enseignement (15,4%), la qualité de l'établissement (7,4%) et d'autres raisons non précisées (8,0%). L'importance de ces raisons varie surtout selon le milieu de résidence, les élèves du milieu rural se plaignant plus du manque de livres et de fournitures scolaires et ceux du milieu urbain se plaignant plus de la qualité de l'enseignement».

Conclusion partielle

Pays en voie de développement, le Burkina Faso se caractérise par un retard marqué en matière de scolarisation. Un certain nombre de facteurs d'origine plus ou moins socio- économique semble favoriser la vulnérabilité du système éducatif : l'insuffisance quantitative et qualitative de l'offre éducative, une demande d'éducation souvent faible,

11 Au primaire : Sur 100 entrants au CP1, 39 arrivent en fin de cycle dont 10 sans redoublement

Au 1er cycle secondaire : Sur 100 entrants en secondaire, 23 obtiennent le BEPC dont 12 sans redoublement (CONAPO)

etc. Toute chose pouvant être source de marginalisation d'une frange importante de la population en matière de scolarisation. Pourtant, il est indéniable qu'en plus d'être un droit universel, l'éducation est une condition nécessaire au développement durable. En effet, le développement s'amorce par l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base, notamment l'éducation, par la majorité de la population. En matière d'instruction et de scolarisation, les inégalités entre groupes d'appartenance retardent le développement social et inhibe le développement humain durable. En plus, la faiblesse de la proportion de la population qui parle la langue officielle est un corollaire de la sous scolarisation et a pour conséquence un faible accès à l'information sur le plan national. Une recherche des solutions à cette situation s'impose avec acuité, car la résolution de la faible scolarisation n'est possible dans un état d'ignorance de ses causes. Aussi, une analyse des caractéristiques et des causes de la faible scolarisation, est-elle indispensable.

Les causes de la faible scolarisation et des disparités en matière de scolarisation ont plusieurs facettes comme l'inspire Ferdinand Rath (1988) : « dans les pays en développement, on peut déceler les aspects relatifs à l'origine sociale qui influent sur l'inégalité : la résidence en zone urbaine ou rurale, le revenu, le sexe, l'ethnicité (l'appartenance tribale) ». Sous cette inspiration, nous allons faire dans le chapitre suivant une revue de la littérature, tout en critiquant si nécessaire, la pertinence des explications proposées. Cela nous permettra d'adopter un modèle conceptuel qui guidera le reste de la réflexion.

CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE

Pour mieux aborder l'étude des facteurs socioculturels de la scolarisation, la conception d'un cadre théorique est indispensable. Nous allons tout d'abord procéder à un examen critique de la littérature. Cette revue nous permettra non seulement de prendre connaissance des modèles explicatifs de la scolarisation mais aussi de les confronter entre eux. Au terme de cette revue, nous allons élaborer le cadre conceptuel de l'étude.

2.1 Revue de la littérature

Au sens large du terme, l'éducation est l'action des adultes sur les jeunes pour leur transmettre des connaissances, des aptitudes et des comportements jugés nécessaires pour une communauté particulière (Durkheim, 1922). John Dewey donne une définition moins large du terme en disant que : « l'éducation est l'inculcation des connaissances et des aptitudes par un groupe professionnel spécialisé (les enseignants) dans les institutions spécialisées (les écoles, collèges et universités)» (Dewey, 1916, p. 9). Cette définition de J. Dewey semble fonctionnaliste et elle montre que l'éducation devient une action intentionnelle organisée à l'échelle sociale. Ainsi, l'éducation sortant du cadre familial et se faisant dans des écoles devient la scolarisation. La scolarisation se distingue de l'instruction qui est une acquisition systématique, plus ou moins approfondie, dans une institution scolaire ou non, du savoir rationnel basé sur une alphabétisation préalable (Wakam, 2004).

La littérature sur la scolarisation en Afrique subsaharienne montre que les comportements vis-à-vis de la scolarisation sont fonction de plusieurs facteurs.

2.1.1 Les facteurs du système scolaire : l'offre scolaire

Ils jouent un rôle important surtout dans l'explication des inégalités sexuelles d'accès à l'école. Ils déterminent l'évolution de la scolarisation par la disponibilité des infrastructures scolaires qui dépendraient eux-mêmes des capacités économiques des Etats. L'offre éducative « comprend non seulement l'infrastructure éducative, mais aussi le personnel enseignant, le matériel didactique, le contenu de l'enseignement, etc. Ainsi la proximité des infrastructures éducatives, mais aussi leurs équipements, leur accessibilité financière, les qualifications du corps enseignant, etc. sont autant de facteurs qui peuvent

influencer la propension des familles ou des parents à envoyer les enfants à l'école ainsi que le choix de l'école. » (Kobiané, 2002). Cette acception systémique de l'offre scolaire implique plusieurs facteurs dans la détermination des attitudes scolaires, de la volonté des parents à la responsabilité des pouvoirs publics en passant par celle des enseignants.

a- Sa disponibilité

Très souvent, la capacité d'accueil des infrastructures et la disponibilité des enseignants tant en quantité qu'en qualité déterminent l'entrée et le maintien des élèves à l'école. En qualité, à travers le contenu de l'enseignement qui jouerait un rôle par l'adéquation ou non des valeurs et normes propagées avec celles de la société. En quantité, par la densité et la distance d'accès aux écoles. Mais il se trouve aussi que certaines régions enregistrent de faibles taux de scolarisation bien qu'étant dotées d'infrastructures suffisantes. C'est pourquoi, E. Gérard (2001) note que « l'offre scolaire est le produit des politiques étatiques et la demande d'éducation est le fait que les populations scolarisent leurs enfants ou pas ». Néanmoins, il revient d'une manière générale que l'accessibilité géographique de l'école joue un rôle dans la scolarisation notamment dans celle des filles. Toutefois, en mettant une analogie entre l'école et le centre de santé, nous pouvons paraphraser (Vimard, 1984 cité par Akoto, 1993)12 en disant : la distance physique qui sépare la population de l'école n'est souvent que de peu d'importance au regard de la distance culturelle.

b- Son accessibilité

La demande de scolarisation peut être conditionnée par l'accès difficile à l'éducation formelle. En effet, certaines familles ont la crainte d'exposer leurs filles à des agressions physiques et morales si l'école est très distante. A côté de cela, il y a aussi la qualité de l'école et son accessibilité financière (Alderman et al. 2001 cités par Kobiané, 2002) qui pourraient jouer un rôle de frein à la scolarisation, dans la mesure où certains ménages, même ayant la volonté de scolariser, manquent de moyens pour supporter les différents coûts relatifs à la scolarisation. C'est dire que la disponibilité et le coût de l'offre scolaire doivent favoriser son accessibilité de sorte qu'il y'ait une concordance entre les contraintes et les besoins en la matière.

12Il disait en réalité : «La distance physique qui sépare la population des services de santé n'est souvent que de peu d'importance au regard de la distance culturelle ».

Il en résulte donc que l'offre scolaire et son accessibilité seront influencées par les caractéristiques économiques et démographiques du pays et de la population.

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