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Projet urbain et retour du sujet ? la stabilité en question.

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par Soufiane BOUKARTA
Institut d'aménagement régional AIX-Marseille III - Master 2 2009
  

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Consortium EURMed
Université Paul Cézanne, Aix-Marseille III
Institut d'Urbanisme et d'Aménagement Régional

Mémoire entrant dans le cadre de l'obtention du
Master étude urbaine en régions méditerranéennes

Projet urbain et retour du sujet ?
La stabilité en question.

La conception éclatée : Sidi Elhouari [ORAN-Algérie] face à son patrimoine, un Projet urbain
en gestation?

Par
BOUKARTA Soufiane
Encadré par
MAZZELLA Sylvie

Jury composé de :

DOMENACH Hervé, professeur à L'IUAR, Aix en Provence MAZZELLA Sylvie, enseignante à la MMSH, Aix en Provence.

Table des matières

INTRODUCTION : 4

I. Evolution de la notion du projet urbain : le retour du « local » 8

I.1 Evolution Du Projet Urbain : 8

I.2 Condition D'emergence Du Projet Urbain : 9

I.1 Les Valeurs Du Projet Urbain : 11

En guise de synthese : le projet urbain comme guide d'action : 13

II. Logiques de Re-production du local et gouvernance Locale 15

II.1 LOGIQUES DE RE-PRODUCTION DU LOCAL: 15

II.1.1 De La Logique De « L'espace » 15

II.1.1.1 Espace de representation et representation de l'espace : un scenario de marchandage

17

II.1.2 ...A la logique du lieu 18

II.1.3 ...Et de territoire : 21

II.1.3.1 Au-delà de territoire, la territorialité ? 24

II.2 GOUVERNANCE LOCALE : LE QUARTIER COMME ECHELLE D'ACTION 24

II.2.1 La gouvernance comme osmose entre le global et le local et le quartier comme echelle d'action : 24

II.2.2 La regulation sociale comme enjeux de la gouvernance locale: 26

En guise de synthèse : Le local entre Acteurs, Forme d'association et régulation : 26

III. L'action collective: Fabrique de la 'grammaire du possible' 28

III.1 Principe d'analyse de l'action collective : 28

III.1.1 La rationalite et la notion de la rationalite limitee des acteurs : 29

III.1.2 La contingence des acteurs et la notion du systeme: 29

III.1.3 Le pouvoir comme capacite d'action : 30

III.2 Principes de l'appropriation habitante du local : 31

III.2.1 Le Local Cognitif : 31

III.2.2 L'approche Interactionniste : 31

III.3 Approches De L'action Collective : 32

III.3.1 L'approche organisationnelle de friedberg : 32

III.3.2 L'approche régulationniste de j-d reynaud : 33

En guise de synthese : la regulation sociale comme homeostasie de projet urbain ? 35

IV. Sidi El Houari, une histoire tourmentée et un patrimoine urbain

incontournable : 37

IV.1 Situation géographique de la ville d'Oran : 37

IV.2 L'histoire du quartier de Sidi Elhouari : 37

V. CONCLUSION GENERALE : 44

BIBLIOGRAPHIE 48

Table des Figures:

Figure 1: le raisonnement suivi. 7

Figure 2: logique de reproduction de l'espace (a). Source: Auteur 18

Figure 3 : processus de production du local entre territoire et territorialité. 27

Figure 4: La régulation globale. Source: Auteur. 35

Figure 5 : Oran et sa situation dans le territoire algérien. Source : montage personnel 37

Figure 6: le quartier de Sidi Elhouari.Source: réalisé à partir de googleMap. 38

Figure 7 : la Casbah de Sidi El houari Aujourd'hui. Non classé. Source : R.Moussaoui : 2008 : 3. 38

Figure 8 : Porte de Canastel. Classée. Source : R. Moussaoui 2008 : 5. 38

Figure 9 : La porte de Santon. Classé en 1953. Source : R.Moussaoui 2008 : 6 39

Figure 10 : L'église de Saint-Louis. Classé en 1952. Source : R.Moussaoui 2008 : 39

Figure 11 : Tambour de San-Jose. Classé en 1952. Source : R.Moussaoui 2008 39

Figure 12 : Porte d'Espagne. Classé en 1906. Source : K.Metair 2005 : 14. 39

Figure 13: le château neuf. Classé en 1952. Source : Photos-algérie.fr 39

Figure 14 : Ecusson espagnol. Classé en 1952. Source : K.Métair : 2005 :9 39

Figure 15 : Plais du Bey. Classé en 1952. Source : R.Moussaoui 2008 :9 40

Figure 16 : Mosquée du Pacha. 40

Figure 17 : mosquée de la perle. Classée en 1900. Source : 40

Figure 18 : La porte de Caravansérail et promenade de l'étang. Classés en 1952. Source :

villedoran.com 40

Figure 19 : Profil schématique expliquant l'évolution historique du quartier. Source: Auteur. 41

Figure 20 : l'ancienne préfecture et le tramway d'Oran. Source : pagesperso-orange.fr 42

Figure 21 : le theâtre régional. Non classé. Source : decouverte.algerie.free.fr 42

Figure 22: le trésor. Non classé. Source : pagesperso-orange.fr 42

Figure 23 : l'extension de la ville vers l'Est dans les années 1950. Source: K.Metair : 8. 42

Figure 24 : le cadre conceptuel de l'analyse. 45

INTRODUCTION:

FOISONNEMENT DES PRATIQUES, PLURALITÉ D'ACTEURS ET GENESE D'UN
QUESTIONNEMENT

Le projet1 urbain fut adopté suite à l'échec de l'urbanisme déterministe, celui du plan, afin que l'urbanisme incarne de nouveau sa raison d'être comme <<discipline opérationnelle » d'analyse et de transformation de l'espace urbain, et qu'en aucun cas avoir la maîtrise comme fin en soi. En effet, l'urbanisme de part sa définition, est une science, art ou technique de l'organisation spatiale des établissements humains [F.Choay : 2005 : 911]. Il se définit aussi comme pratique renouvelée sans cesse, visant la découverte des lois dont le fonctionnement spontanée était jusqu'alors demeuré caché, et à les appliquer délibérément dans la conception et l'organisation de l'espace [idem : 912]. Autrement dit, l'urbanisme est la pratique qui se reconnait par la théorie qui découle de son action. De ce fait, le projet urbain constitue une sorte de cristallisation ou d'une maturité de plus de cent ans d'exercice. De part sa légitimité2, il fût rapidement adopté par une pluralité d'acteurs, pouvoirs publics, urbanistes provenant de toutes <<disciplines confondues », et même l'habitant qui, par l'avènement de projet urbain comme une nouvelle manière de faire l'urbain, a pu s'approprier le rôle << d'acteur » au lieu de simple << usager ».

Nos diverses lectures sur la question du projet urbain nous ont permis de cerner les différentes pistes de recherche, qui sont en vogue aujourd'hui, dans deux grands répertoires : (i) L'approche typo morphologique : qui tient à déceler les processus de la morphogenèse de la forme urbaine. Elle fût Prônée par l'école italienne d'après-guerre comme critique au courant moderniste, avec Saverio Muratori et ses disciples Aldo Rossi, Carlo Aymonino, Vittorio Gregotti. Elle a connu et connait une adoption internationale, en France, avec Ph.Panerai et D. Mangin et dans les pays du Maghreb.

1 << Le projet, son étymologie, renvoie à un vieux mot français qui, à travers le « pourject », désigne un travail d'architecte : la construction du balcon, cet élément lancé avec audace au dessus du vide, son extension de sens indique que dans l'activité productive de l'homme, bien d'autres dispositifs peuvent être envisagés, formulés comme virtualités potentiellement réalisables » [D.pinson : 2000 : 79].

2 Dés la fin de XVII siècle, le mot design (dessein) en anglais fût remplacé pour un moment par le mot project dérivé du vieux français pour décrire les nouvelles réformes socio-économiques à l'oeuvre. Dés lors, le projet prend une nouvelle tournure et se trouve, désormais, lié à des notions pour le moins attractifs : innovation, création, identité et développement. [J-P.Boutinet: 2006 : 13].

(ii) L'approche organisationnelle : qui tend à comprendre les logiques via lesquelles le projet urbain est monté. Cette approche prend souvent la nomination de << gouvernance », ou la problématique se résume dans la fameuse question << A qui le territoire appartient-il? ».

L'objectif de ce travail est de s'inscrire dans une approche << organisationnelle », et de contribuer au débat portant sur l'action territoriale en milieu urbain. Il s'agit de mettre l'accent sur le rôle des habitants-acteurs, dans le montage-réalisation du projet urbain à travers une opération de réhabilitation urbaine d'un quartier historique. Ce type de quartier occupe souvent une position centrale dans la ville, ce qui double sa valeur aux yeux des pouvoirs publics qui tentent, non seulement la réhabilitation du patrimoine bâti mais aussi une revitalisation économique, en rendant le quartier propice aux activités économiques. Par ailleurs, les habitants qui y vivent se trouvent menacés par ce projet qui cherche à les remplacer par de nouvelles populations pouvant s'adapter aux changements qui auront lieu après la réhabilitation. Cela interpelle le sujet qui est l'habitant et le remet au centre de la question urbaine. La linéarité procédurale, via laquelle se déroule une opération de réhabilitation d'un quartier, disparait pour laisser place à l'incertitude, qui, elle, affectera le << déroulement » du projet ce qui peut, au lieu de réhabiliter, laisser tomber en ruine des bâtiments à forte valeur patrimoniale. Dans la perspective de mieux comprendre les enjeux et saisir les rapports qui sous-tendent les acteurs. Nous avons fondé notre problématique sur le déroulement et la stabilité du projet urbain en confrontant l'action des habitants-acteurs avec la logique et la conduite d'élaboration du projet de réhabilitation:

Quelle est l'influence que peut exercer l'habitant-acteur sur la durée du projet de réhabilitation dans une démarche de projet urbain? : Selon quelle logique le projet se conçoit-il, et comment sera-t-il stabilisé?

Notre problématique s'inscrit dans la réflexion, déjà enclenchée et encore en vogue, qui gravite autour de la notion du projet urbain comme conduite, et l'introduction de l'habitant comme acteur et son influence sur la conduite d'un projet d'aménagement. En somme l'interrogation posée se pose nécessairement dans une démarche diachronique. Notre démarche est instruite par une problématique et un mode de raisonnement c'est-àdire par les prémisses d'une série de notions théoriques, dont l'articulation nous

permettra d'établir un cadre analytique et une grille de lecture pour explorer la réalité
empirique et interroger les faits. Pour ce faire, nous avons procédé en deux temps.

(i) Déconstruction de l'action : de Re-production du local pour comprendre les logiques des acteurs (l'habitant aussi) ; et de l'action collective pour saisir les rapports qui sous tendent les acteurs et la stabilité des interactions. (ii) Construction du cadre analytique en capitalisant les acquis théoriques dans des schémas pour appréhender l'approche d'une façon globale .Par la suite il nous sera possible de situer l'habitant-acteur dans la chaîne des rôles et comprendre sa ou ses logiques d'action et les modes stabilité du projet.

Nous sommes partis de l'hypothèse générale selon laquelle l'introduction de l'habitant comme acteur dans l'action de la réhabilitation urbaine pose l'incertitude quant à la réalisation et suppose un rapport de pouvoir pour stabiliser le projet urbain.

Pour guider le déroulement de ce mémoire, nous nous sommes basés sur un << terrain de réflexion >> : le quartier de <<Sidi Elhouari >> à Oran, capital de l'ouest Algérien. C'est un cas, qui est à notre sens << révélateur >> et << exemplaire >> de projet de réhabilitation urbaine mis en attente en partie par l'action de l'habitant lui-même. Bien que sa valeur patrimoniale soit reconnue à l'échelle nationale et internationale3 (classement UNESCO), et malgré les tentatives de valorisation via les POS successifs qui ont commencé depuis 19924, le quartier connait encore un processus de dégradation. Dix huit ans après le premier POS, le projet de réhabilitation du quartier stagne. La chronologie du projet est encore ouverte à l'incertitude et sa stabilité n'est pas encore claire.

Conçu comme un protocole de recherche, notre mémoire vise la validation de la problématique soulevée, discuter les hypothèses adoptées, proposer un terrain(s) d'étude et proposer des repères méthodologiques dans l'intention de poursuivre la recherche dans le cadre d'une thèse. En outre, nous tenons à apporter dans ce mémoire un état de savoir autour de la question soulevée.

Le mémoire est structuré en cinq parties dont les trois premières constituent le cadrage théorique. Dans la première partie, nous tenons à revisiter la notion de projet urbain à travers son évolution, ses conditions d'émergence et ses valeurs. La deuxième partie du mémoire pose la problématique de reproduction du <<local>> à travers la confrontation

3 La ville d'Oran à organiser pour cet effet, un colloque international, entre le 19 et le 21 octobre 2008.

4 L'algérie s'est dotée depuis 1990 de la loi n° 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l'aménagement et l'urbanisme, où le PDAU et le POS sont considérés comme les instruments d'urbanisme.

de notions de différents auteurs. Elle y pose in fine la question de la gouvernance locale. La troisième partie quant à elle, fait le point par un état de l'art, sans chercher l'exhaustif, sur les différents modes d'appropriation du local par les habitants, et sur les différentes approches « théoriques » de l'action collective. L'apport théorique développé dans les

trois premières parties nous permettra par la suite de choisir un terrain(s) d'étude, quisera présenté succinctement dans la quatrième partie. Nous conclurons, dans la

cinquième partie, notre réflexion par une reprise-synthèse des différentes conclusions partielles à laquelle nous joignons une esquisse de la méthodologie pour le(s) cas d'étude choisi(s). Voir schéma ci-dessous.

CADRAGE THEORIQUE

II. logique de reproduction du
ulocal »:

· Confrontation des notions.

· Gouvernance locale

Comment approcher la réalité

complexe de l'action collective?

Comment le local se

reproduit-il ?

INTRODUCTION:
Cadrer l'intention de recherche entre problématique et hypothèses.
uHabitant-acteur, durée et stabilité du projet urbain »

I. Évolution du concept:

Le retour du u LOCAL »

III. Etat de l'art des approches sur
l'action collective:

· Modes d'Appropriation du local.

· Approche de l'action collective.

CAS D'ETUDE

Quel cadre pour approcher le rôle de l'habitant-acteur ?

Quels sont les critères de choix du cas d'étude ?

IV. Présentation du terrain

d'étude.

CONCLUSION

V. CONCLUSION:
Reprise des conclusions partielles, discussion des hypothèses et Esquisse
méthodologique pour une suite en thèse.

Figure 1: Le raisonnement suivi.

I. EVOLUTION DE LA NOTION DU PROJET

URBAIN : LE RETOUR DU « LOCAL»

I.1 EVOLUTION DU PROJET URBAIN :

Nous essayons de déceler, dans les lignes qui suivent, l'évolution de la notion du projet urbain, en France, comme une nouvelle manière de faire l'urbain, et comprendre ainsi les transformations majeures qui ont affectées l'urbain. Pour certains auteurs, comme Roncayolo [2000], Ingallina [2008] et Hayot [2000] , le terme de projet urbain est apparu dans sa version conjoncturelle, à la fin de la grande expansion des années 1960, où on essayait de dissocier une vision très systématique et trop mécanique de l'espace et de découvrir de nouvelle rationalités, moins détachée des hommes, plus proches des conduites et des aspirations, et probablement plus complexes. Et c'est ainsi qui est né l'urbanisme dit << des aménageurs >> ou les rapports sociaux sont tournés presque exclusivement, comme l'ont bien remarqué P.Merlin et P.George5, vers une géographie urbaine préoccupée de l'existence d'une armature urbaine à l'échelle du territoire. Donc, une quête de maîtrise << a priori>> du fait urbain, en s'intéressant, à organiser les flux de la force de travail au lieu de s'intéresser aux modes de vie des habitants. Cette approche ne renvoie en aucun cas à la notion sociologique, entendu dans le sens Durkheimien, c'est-à-dire, participer dans le fonctionnement du système sociale. Les années 1960 ont été marquées par une montée du contentieux et refus de plus en plus élargis de l'espace résidentiel << fonctionnaliste >>. Et l'Etat <<fort centraliste >> commanda des << modèle culturels >> sur les <<modes d'habiter >> et sur les pratiques sociales. L'approche fonctionnaliste, culturelle ou non, n'a de vertu que le fait qu'elle a réduit l'habitant à un simple << usager de l'espace >>. Dans les années 1960, les premiers travaux de sociologues tels Henri Coing (1966) dénoncent les effets sociaux de la rénovation urbaine et du relogement dans les quartiers ouvriers parisiens. Avec l'avènement des années 1970, les professionnels de l'urbain remirent en question les <<certitudes radieuses >> [A.Hayot : 2000 : 17], surtout avec l'apport de la sociologie qui a bien éclaircis la << complexité >> du fait urbain. Néanmoins, Hayot stipule que cette approche même, et malgré son apport clairement positif, est tombée dans le piège de la négation de toute réalité concrète du phénomène urbain. Les années 1980 quant à elles, ont été vouées à revaloriser et atténuer les ségrégations urbaines

5 Cité par Hayot [2000 : 16].

crées dans les années 60 et 70. On assistait aussi dans cette période à un foisonnement d'initiatives, les DSQ [développement social des quartiers], les DSU [développement social urbain] et les ZEP [zone d'éducation prioritaire] et les OPAH [opération programmées d'amélioration de l'habitat] , jusqu'à 1989, ou le président Mitterrand prononça pour la première fois la notion de << politique de la ville6 >> qui tend à regrouper les initiatives partielles, résoudre les conflits, et rétablir les dévalorisation sociales en réhabilitant7 et rénovant8 la vie des habitants dans tous ses aspects (économique, social, culturel...). L'Etat intervient dans ce cadre à titre d'incitateur [Grafmeyer et Authier : 2008 : 114] ou Etat animateur [J. Donzelot, cité par Grafmeyer et Authier, Ibidem]. Et c'est ainsi que le << localisme >> fût créé et encore conforté par une décentralisation des compétences données aux collectivités locales. La volonté étant de traiter et répondre aux problèmes à l'échelle ou ils se posent. Le << localisme >> ainsi adopté, perçu comme une <<construction sociale des populations>> [Michel Verret, cité par Hayot : 2000 : 18] en leur ouvrant le champ de la participation ou de l'auto-gestion. Il apparait donc comme un outil de planification et de et une sorte de résistance à toute globalité conçue a priori.

I.2 CONDITION D'EMERGENCE DU PROJET URBAIN :

Pour que le projet urbain, comme démarche, soit adopté, il faut que certaines conditions soient mises en places, et que nous essayons ici, à travers nos lectures, de les cerner dans les points qui suivent :

1. Redistribution et reconnaissance des rôles: le projet urbain s'est déployé comme synonyme d'une rupture épistémologique, ou la profession de chaque urbaniste se trouvait remise en question, et c'est ainsi que l'Etat centraliste-fort devient alors un << Etat arrangeur >> [F.Ascher : 2007 : 18], << régulateur >> visant entamer des actions << légitimes >> avec un << pouvoir amoindris >>. Cela se fait avec une << densification >> des réseaux d'acteurs locaux Impliqués dans le territoire en question avec un portage nécessairement politique.

6 En suivant les pas de la France, L'Algérie s'est dotée en 2006 d'une loi dite << loi d'orientation de la ville>>, qui pour le moins, nous semble assez ambitieuse car elle est encore loin de la pratique.

7 «Pour une meilleure « image sociale » et une plus grande valeur économique ». [Grafmeyer et Authier : 2008 : 108].

8 «Produit bien par elle-même un reclassement brutal des modes de vie, des trajectoires et des activités locales, elle est en même temps un révélateur et un accélérateur de changement sociaux dont elle n'était pas l'unique déterminant ». [ibidem]

2.

Le décloisonnement des compétences : accompagnant la <<construction sociale >> de nouveaux savoir-faire urbain et corrélativement, l'émergence de capacités nouvelles << d'expertise >>. Et ce par l'ouverture mutuelle entre les disciplines sans << hiérarchie >>, qui auparavant étaient << hermétiques >> les unes par rapport aux autres, et s'approprier la << coopération>> comme un nouveau paradigme de la pratique urbaine.

3. La flexibilité : Daniel Carrière, directeur de l'association <<centre ville pour tous >>, stipule que si on part des schémas de résolution très rigide, on risque de faire des dégâts. « Il faut oublier, parfois, ce que l'on sait ! » [J-S Borja et al : 2010 : 99] pour que la coopération soit effective. Cela veut dire qu'il faut mettre son savoir-faire de spécialiste derrière soi et négocier avec un langage simple, limpide et << concret >>. Cela ne veut surtout pas dire que le spécialiste délaisse son savoir d'expert, mais il doit tout juste chercher le bon moment pour l'introduire. C'est-à-dire le temps comme rythme ou démarche via laquelle, l'acteur entame son action. D.Barthelot nous éclaire sur ce point en disant : << La règle, mal utilisée, sans projet ou comme projet a montré ses limites dans la définition et l'encadrement de la forme urbaine >> [2000 : 207]. Ainsi, « L'espace normé ne crée pas le projet>> [J.Dubois : 2006]. De cela, il nous est clair que le projet urbain cherche une << flexibilité >> par l'introduction de << l'incertitude >> qui s'installe non pas par manque de savoir et d'expertise mais par le flou qui texture la réalisation.

4. La multi-temporalité urbaine : d'après Roncayolo [2000, op.cit], la ville est l'articulation de trois temps, le temps de la création, de la négociation et celui d'usage. Le réajustement de ces trois temps se présente comme un rétablissement difficile d'une <<a-synchronie >>, ce qui rend l'espace comme un véritable << accordéon >>, beaucoup plus lié au temps qu'à la distance. Entre autre le projet urbain est une conception du <<temps de la continuité >> [Ingallina : 2008 : 118], en conjuguant les temps, les plus lents avec les plus rapides. Pour ce faire, il est indispensable que les parties prenantes intéressées, par le projet urbain comme démarche, conjuguent ces temps d`une façon cohérente, afin d'éviter que la chronologie du projet même devienne problématique et intervienne négativement sur le cadre de vie des habitants comme c'est le cas pour le quartier de Sidi el houari à Oran, ou le temps du projet (plus de dix huit ans) a influé négativement sur le patrimoine et a permis sa dégradation. Cela nous éclaire que Le temps des

ajustements entre formes et société échappent à nos << déterminismes >> et à notre << prévisibilité >> pour partie et peut être pour l'essentiel.

5. La qualité du processus comme finalité : La conception du projet urbain comme << processus social>> [Roncayolo 2000, op cit] où les habitants, les groupes, et les responsables interagissant entre les contraintes de l'espace et la fabrication du destin social (pratiques sociales, espace public...). Il est alors impossible de concevoir la notion de projet urbain indépendamment de cette notion de << processus >>, tant dans la construction que dans la réalisation matérielle. Le projet urbain est une notion qui n'est éclaircie ni trop tôt, ni trop mécaniquement, [...], est plus productive d'expériences et de réflexions que lorsqu'elle se fige et entre dans le carcan de procédures imposées9. Le projet urbain s'intéresse donc à la qualité du processus.

I.1 LES VALEURS DU PROJET URBAIN :

En parcourant La notion de << projet urbain >> à travers nos lectures, il nous a paru que chaque auteur, de part sa position dans la pratique urbaine, définisse le projet urbain selon sa discipline dont il [l'acteur] émane et l'expérience de sa pratique d'urbaniste. Et c'est bien ce qui a bien remarqué D.Pinson [2000 : 79] en disant que « le concept ne peut donc plus être la propriété d'une discipline: il participe d'un type de société qui vit un temps qui n'est plus comme arrêté, mais constamment en attente de son « à-venir >>. La <<poly-appréhension>> de l'urbanisme en tant que discipline << indisciplinée >> [D.Pinson : 2003], lui confère sa part multidimensionnelle, que nous essayons de cadrer ici dans les points qui suivent :

La valeur politique : avec le recul de la participation citoyenne que la sphère politique connait ces derniers temps, le projet urbain de par sa valeur de << crédibilité >> dû à son caractère << concret >>, rend l'action publique << légitime >>10 et permet ainsi aux acteurs publics d'être plus prêt des citoyens et en parfaite <<coopération >>. Le projet urbain est donc comme osmose entre la communauté locale et les acteurs publics.

La valeur économique : le projet urbain permet la revitalisation urbaine, et <<rend>> ainsi à
l'espace urbain son <<usage>> [Ch.Devillers, cité par ingallina : 2008 : 20] dans une sphère
d'activités tissée à l'image d'un réseau, qui prend en considération les dynamiques globales

9 Marcel Roncayolo, «Conceptions, structures matérielles, pratiques », In Enquête, La ville des sciences sociales, 1996, [En ligne], mis en ligne le 15 octobre 2008. URL : http://enquete.revues.org/document703.html.

10 D'après Zygmunt Bauman [2006] la légitimité se construit entre le nombre (des acteurs impliqués) et l'expert (langage scientifique, ou ce que le simple citoyen ne connait pas).

et mobilise les localités afin de répondre avec efficacité et selon une hiérarchie cohérente aux dynamiques du marché national et international.

La valeur architecturale et urbanistique : le projet urbain intervient soit ; sous forme d'une projection nouvelle sur un espace vierge ou espace récupéré suite à une démolition, et cela se fait le plus souvent avec l'intervention des architectes-urbanistes stars (les plus fameux), comme RemKoolhas pour le projet Euralille, ou encore Renzo Piano pour le projet de << Postdamer Platz >> à Berlin. Ce type d'opérations est généralement suivi par une médiatisation vraisemblablement excessive pour attirer les capitaux ainsi que les entreprises et se doter ainsi d'une légitimité d'action multi dimensionnelles ; Le projet urbain intervient aussi, dans le cadre d'une restauration ou réhabilitation d'un cadre bâti, généralement à valeur patrimonial, et cela, génère souvent une <<gentrification 11>> porteuse d'un conflit, voire d'une lutte pour assurer le <<vivre ensemble>> des habitants qui s'y trouve. Nous citons ici, à titre d'exemple, le cas de la Rue de la république à Marseille, qu'on a suivi de prêt, et assisté à une réunion qui s'est tenue le 12 mars 2010 entre habitants et associations, pour dresser un bilan de leurs actions publié sous forme d'un livre et cd 12. Ainsi, le cas de l'école italienne << del Recupero >>, à Bologne, ou les comités de quartier ont pu mobiliser les pouvoirs publics et récupérer ainsi leurs patrimoine, mais certains habitants ne pouvaient pas y revenir vu que les loyers sont montés en flèche après << il Recupero >> [Ingallina : 2008].

La valeur socioculturelle : de part le caractère de coopération et de << lutte >>, le projet urbain permet une << proximité culturelle >> entre les différents acteurs, et cela se fait en produisant un << vocabulaire commun >> qui va permettre par la suite de créer des piste d'entente. Et cela, on l'avait bien vu dans la même réunion du 12 Mars, car les habitants, doctorant (JeanStéphane Borja) et membres de l'association utilisaient un vocabulaire << scientifique >>, entre <<gentrification, espace public et territoire >>, ce qui confère au projet urbain la qualité d'un outil << d'apprentissage >> et de << pédagogie >>. Aussi, le projet urbain se veut comme un vecteur de lien social et de l'identité locale [Z. Maghnous Dris : 2008]. La surabondante littérature sur le lien social montre << l'importance >> de ce dernier sans pour autant le rendre clair. A travers nos lectures, nous pouvons définir le lien social dans le cadre de projet urbain comme, << la communauté du projet >> regroupée dans des réseaux ou dans des structures

11 «Néologisme utilisé pour rendre compte de la venue (ou de retour) de groupes sociaux aisés (gentry) dans le centre des villes, en particulier dans des quartiers dégradés.» [F.Asher: 2008: 80].

12 Le livre s'intitule <<attention à la fermeture des portes >>, et il est accompagné par un Cd réalisé par les artistes de l'association << centre ville pour tous >>, et qui résume, en 40 minutes, les impressions des différents habitants et militants du mouvement associatif. [J-S Borja et al : 2000]

intermédiaires. D'après Pierre BOUVIER [2005 : 30-35], Les liens sociaux peuvent être positifs(Locke, Rousseau, Proudhon, Durkheim), ou l'objectif est l'émancipation, la liberté, l'égalité la justice et la solidarité ; négatifs .(Hobbes, Marx, Bourdieu, Boétie) soulignent la prévalence dans les interactions et les institutions des rapports de domination et de contraintes ; et enfin Les liens sociaux neutres (Striner, Weber, Goffman, Boudon) qui se présentent comme des vecteurs et pratiques pouvant aider l'individu stratège à concrétiser un objectif. Le lien social se forme à partir de trois points [A.Bourdin : 2000 : 19-20]: (i) D'abord la complémentarité et l'échange ; (ii) la division du travail social crée des différences sur la base de la complémentarité, ce qui permet d'augmenter le <<sentiment d'appartenance >> qui conduit à renforcer le lien; (iii) Le vivre ensemble et le partage d'une même quotidienneté, le lieu du << corps à corps>> [F.Choay, cité par, A.Bourdin : 2000 : 21], ce qui assure une proximité bidimensionnelle, spatiale et culturelle. (iv) Et nous ajoutons comme dernier point l'intentionnalité du projet urbain, que J.Lévy [cité par M.Lussault : 2000] définit comme Le fait que les actions humaine préexistent dans les représentations des agents sous forme de finalités de la volonté ou du désir et les transforment ainsi en acteurs , ce qui permet de stimuler la confrontation ou l'opposition entre un << ici et maintenant >> [c'est-à-dire le droit de vivre ensemble ici] et un << nouvel ailleurs >>[C.Viviane : 2000 :61], c'est-à-dire le projet proposé au début de l'opération.

EN GUISE DE SYNTHESE : LE PROJET URBAIN COMME GUIDE D'ACTION :

L'étude de l'évolution du projet urbain comme une nouvelle démarche de faire l'urbain, nous a démontré que ce dernier est le fruit d'une lutte et montée du contentieux contre le déterminisme fonctionnaliste des années d'après-guerre. Le projet urbain intervient donc comme une révolte [D.Pinson : 2000 : 80] et impose une approche << structurale >> [Z.Maghnous Dris: 2008] basée sur des << dépendances internes >> déployées sous forme de réseaux et d'instances fonctionnant avec des logiques ,peu ou prou, cohérentes mais visant le même objectif : << produire une nouvelle localité >> en intégrant l'habitant non comme un simple usager, mais le reconnaître comme un acteur ayant la capacité d'intervenir via ses << expertises d'usage >>13. Le projet urbain est donc le germe d'une dichotomie, d'une tension entre l'ordre global et local, et il intervient comme pour organiser l'action, vu que ce dernier

13 Comme l'a bien dit M. Urbain dans une conférence, sur le développement durable, tenue le mois de Mars 2010 à Aix en Provence.

tend à simuler la réalité via les <<images-stimulus>> (maquettes, plans, images 3d...) proposés au début par les pouvoirs publics, faisant appel à une mobilisation horizontale. L'idée étant qu'il ne s'agit pas de trouver La Solution, mais bien de faire en sorte que les acteurs prennent positions et orientent ainsi le travail par le choix qu'ils font [Toussaint et Zimmermann: 165]. Ces interactions inter-acteurs créent une sorte de <<culture commune de projet >> liée au local comme ressource, en participant ainsi activement dans la Reconfiguration de leur environnement de vie. Et à travers cette mobilisation << horizontale >>, le territoire local sera approprié par tous les acteurs impliqués : habitants, pouvoirs publics ainsi que les urbanistes techniciens. Entre autre le projet urbain est une pensée de la reconnaissance de ce qui est là, des traces, du substrat, une reconnaissance du mouvement et du flux dans lequel on se situe [Ch.Devillers : 1994 : 12-13] et un cadre de pensée pour régénérer la ville au profit de ses habitants. Et il est aussi un <<guide de l'action >> pour adapter la ville à la demande sociétale et jouer comme levier économique, social et urbain. Et quand on dit <<guide >>, ce n'est plus pour figer le projet urbain comme procédure mais comme une << aideinterprétation>> d'une réalité complexe, car le projet urbain ne peut pas s'ériger en tant que méthode, mais comme une série de démarches relatives à chaque contexte, en mettant au point des outils de planification contextuelle proches de la réalité et ouvertes à la discussion. Encore, faut-il rappeler que c'est bien les qualités même du projet urbain, en terme de mobilisation << habitante >>, et l'incertitude qui texture sa chronologie et sa stabilité qui attire notre attention. Car elles [les qualités de P.U] sont susceptibles parfois d'avoir des retombées négatives sur un cadre bâti (patrimoine) qui, lui, ne peut pas toujours attendre.

In fine, la vulgate14 localiste s'est imposée à notre lexique sans le moindre examen, comme l'a déjà bien constaté A. Bourdin [Op.cit : 16]. Le local est global du fait qu'il contienne des dimensions sociales, économiques et politiques. Son exploration constitue pour nous une <<armature intellectuelle >> [idem : 16] et un point de départ méthodologique à travers lequel nous explorons en premier temps, les modes ou approches de Re-production du local, la gouvernance locale, ainsi que les logiques et les approches théorique de l'action collective.

14 « Un ensemble de propositions reçus pour vraies sans être soumises au moindre examen, parce qu'elles sont largement répandues, exactement comme la bible de saint Jérôme fut considérée comme authentique par le concile de Trente, parce que consacrée à l'usage. », [A.Bourdin : 2000 :16]

II. LOGIQUES DE RE-PRODUCTION DU

LOCAL ET GOUVERNANCE LOCALE

II.1 LOGIQUES DE RE-PRODUCTION DU LOCAL:

La recherche sur les logiques de reproduction du local [J.Lévy et Michel Lassault 2000, A.Bourdin 2000 et H.Lefebvre 1986] nous a renvoyé tantôt sur << l'espace >>, tantôt sur le <<lieu>> et tantôt sur << le territoire et la territorialité >>. Cela témoigne le caractère polysémique du local. Quelle est la différence qui sous-tend ces logiques ? Y a-t-il une relation entre espace, lieu et territoire ? Pour répondre à ces questions, il est indispensable de définir chaque notion en montrant à chaque fois les différences et les éventuelles relations afin d'appréhender la question de la re-production du local.

II.1.1 DE LA LOGIQUE DE « L'ESPACE »...

La notion << d'espace >> prise isolément a une connotation traditionnellement mathématique, géométrique, et parfois même temporelle, donc une sorte d'abstraction souvent sans contenu. En aménagement et en urbanisme, l'espace est défini comme un bien rare dont il importe d'organiser rationnellement la consommation [P.Merlin :2005 :351]. Cela nous mène à considérer l'espace comme un << produit social>> conçu et construit pour répondre aux aspirations des sociétés, donc à << l'obligation du temps présent >>, présent << entendu comme s'étendant sur une certaine durée, celle qui intéresse la société d'aujourd'hui >> [S.Mazzella :2008]. Entre autre, l'espace entre dans l'organisation des <<forces de production >>, donc dans la division du travail, ce qui lui confère le caractère de << propriété >> et << d'échange >>, donc il s'achète comme il se vend, l'espace a une << valeur >>. L'espace se présente donc comme un << un ensemble de relations>> voulant <<organiser>> le local. Le temps forme avec l'espace un binôme inséparable, ou le << temps oriente l'espace >> et l'espace tend à << maîtriser le temps>> [H.Lefebvre :1986 :309]. Ce qui veut dire que l'intervention sur l'espace se comprend comme une quête d'un rythme qui échappe à la nature [Ibidem]. Selon H.Lefebvre, cette volonté de régir l'espace passe par trois temps. Tout d'abord ; (i) Le temps de <<la découverte >>, c'est-à-dire de nouveaux espaces ou des possibilités permettant le dépassement d'une contrainte quelle soit un fait de la nature ou de l'homme ; (ii) Le temps de la production c'est-à-dire de l'organisation spatiale ; (iii) Et enfin le temps de la création d'oeuvre(s).

Le temps accentue aussi l'idée de << l'accumulation >>, chère à Lefebvre qui la rend un élément essentiel dans l'action de la production de l'espace. Le << processus cumulatif >> et la production ne se dissocient pas, car il n'y a point une production sans accumulation des techniques et connaissances [Idem : 307]. En continuant sur la même ligné, c'est-à-dire l'espace vu comme spatialisation d'un processus cumulatif des connaissances et techniques. L'espace s'appréhende en trois temps. (i) << L'espace de vie >> que Ph.Gervais-Lambony et al [2001 :83] le définissent comme l'espace ou s'inscrit « la vie quotidienne » et l'univers relationnel des citadins, et M.Lussault [2000] comme l'espace des « pratiques spatiales ». Il correspond à l'espace « fréquenté » et parcouru par chacun avec un minimum de « régularité ». On peut ressortir de ces définitions, la volonté d'organiser << l'action, le rythme et l'accessibilité >> et qui ne peuvent être opérationnels sans un minimum de pouvoir et de contrôle. Donc la production de l'espace s'appuie sur l'espace lui-même comme source d'action et d'organisation en vue de lui conférer une << valeur d'échange >> [Lefebvre 1986], qui, elle, permettra aux pouvoirs publics d'assurer la continuité entre les différentes localités. Il y a certes une abstraction mais <<concrète>> disait H.Lefebvre [1986 :35], tout comme l'argent qui est à la fois << abstrait >> et << concret >> vu sa << puisque pratique >>. L'espace de vie se veut alors << objectif >> et << englobant >>. (ii) << L'espace vécu >> se définit comme la relation << subjective>> que tissent Les habitants avec leurs lieux de vie. Sa connaissance passe par l'écoute des acteurs, par la prise en compte de leur pratiques de leurs représentations, c'est-à-dire de perception-appréciation, et de leurs imaginaires [Ph.Gervais-Lambony et al:2001 :83]. Il (l'espace vécu) se définit selon le vocabulaire Lefebvrien comme << valeur d'usage >> faisant appel à l'histoire qui lie l'espace et ses habitants. (iii) << L'espace perçu >> se constitue par La perception de l'espace de vie et vécu. Et c'est cet espace qui définit la relation avec l'altérité en créant ainsi une cohésion, une continuité comme il peut générer une coupure, donc une << frontière >>. L'accessibilité est en bonne partie <<perceptive >>, un quartier sale reflète l'image de l'insécurité, car, comme l'a déjà constaté A.Bourdin [2000 :222-223], le couple qualité-sécurité est inséparable. La sécurité, qui se définit comme la capacité de maîtriser l'aléatoire via un ensemble de dispositifs d'optimisation qui supprime le risque [Ibidem], constitue un élément essentiel dans l'organisation du local car elle a une connotation synecdoque, et nous citerons ici le cas de l'Algérie qui est perçu comme un pays sécuritairement instable, malgré que l'insécurité, si elle existe vraiment, ne peut pas être partout, mais la dimension synecdoque tend à généraliser l'insécurité pour tout le pays, ce qui a réduit sensiblement << la mobilité >>, donc les rentes du tourisme, vers ce pays malgré ses richesses. Et pour cela, les dispositifs

technologiques et les systèmes experts sont de plus en plus utilisés, et nous citons à titre d'exemple le <<space syntax>> de BILL Hillier qui est un système expert très répandu, non pas seulement en Angleterre mais aussi dans plusieurs Etats du monde, à savoir la France, l'Italie et même dans les pays du Golf.

II.1.1.1 ESPACE DE REPRESENTATION ET REPRESENTATION DE L'ESPACE : UN

SCENARIO DE MARCHANDAGE.

A travers l'exploration de la logique de reproduction de l'espace, il nous est clair maintenant que l'espace est un produit triaxial, on peut bien le lire à travers l'espace de vie, l'espace vécu et l'espace perçu. (i) L'espace de vie se présente comme une représentation(s) du local (espace) prôné par les concepteurs et les pouvoirs publics qui visent la construction d'une organisation et division du travail à une échelle qui peut être parfois mondiale comme c'est le cas pour les métropoles. Une tendance à introduire le local dans un ordre et un rythme visant l'homogénéisation et la répartition des espaces selon la logique d'utilité, entre autre, l'espace vaut la valeur de son utilité. Pour ce faire les pouvoirs publics tendent à donner une valeur d'échange, pour << marchandage >> [Lefevbre : 1986] stimulée par un état de savoir (rapports et diagnostics), c'est-à-dire l'espace de vie ou représentations de l'espace sont pénétrées de savoir (connaissances et idéologies mêlées) [Lefevbre : 1986 : 57]. L'ordre local se présente comme l'ensemble des pratiques sociales exercées par les habitants de l'espace en question, cela veut dire que l'espace est la morphologie sociale [Idem :112]. Vouloir introduire l'ordre local dans le global (stratégie) remis au centre les habitants eux même. (ii) Pour répondre à cela, les habitants jouent la carte de la << valeur d'usage >> en s'appuyant sur<< l'affirmation du local >>, traduit par le symbolisme, les représentations et imagination des habitants. (iii) la relation avec l'altérité se construit selon cette tension entre, représentation de l'espace (conçu) et l'espace de représentation (vécu). L'espace perçu est en quelque sorte une << externalité15 >> produite par la perception du conflit, << espace de vie >> (organisation et contrôle) et espace vécu (pratiques sociales). L'espace perçu dépend donc de « l'ensemble des interrelation sociales spatialisées >>16.

In fine, l'espace, le local trouve son fondement selon H. Lefebvre dans la tension: la valeur d'échange et la valeur d'usage. C'est-à-dire entre le maintien des habitants avec leurs pratiques socio-spatiales dans l'espace en question ou leur remplacement par une morphologie sociale, donc par des pratiques sociales répondant à la stratégie conçue. Lefevbre en conclut que la production de l'espace est le produit des rapports sociaux et des

15 Selon le dictionnaire de Guerrien, la définition d'une externalité est << expression utilisée pour désigner toute situation ou les activités d'un (ou plusieurs) agents(s) économique(s) ont des conséquences sur le bien être d'autres usagers, sans qu'il y'ait des échanges ou des transactions entre eux. [A.Bourdin : 2000 :177]

16 D'aprés Frémont cité par GUY DI Méo, 2000.

stratégies de marchandage. Et qu'enfin, l'espace ainsi défini n'en est qu'un espace différencié. Voir schéma ci-dessous.

D'identification

Figure 2: logique de reproduction de l'espace (a). Source: Auteur

II.1.2 ...A LA LOGIQUE DU LIEU...

Le lieu, selon M.Lussault [GUY DI Méo : 2000], constitue la plus petite unité spatiale complexe. Il se caractérise par sa brève continuité, la contigüité des tissus qui le composent. Le lieu peut être une aire géographique vaste comme le Silicon Valley à San Francisco [Bourdin : 2000 : 57]. Il porte en lui un sens spatial particulier qui lui rend, comme D.Retaillé [GUY DI Méo : 2000] l'a remarqué, un milieu doué d'une <<puissance>> capable de grouper et maintenir ensemble des êtres hétérogènes en cohabitation et corrélation réciproque. Cette capacité de regrouper s'explique par les logiques qui le fondent, à savoir << l'identité locale>>, << l'appropriation>> et << l'appartenance >> [Julien Aldhuy : 2009 : 5].

L'identité est un terme polysémique. Selon les définitions données par le Petit Robert, il
évoque la similitude, << caractère de ce qui est identique >>, l'unité, << caractère de ce qui est
UN >>, la permanence, << caractère de ce qui reste identique à soi-même >>, la reconnaissance

et l'individualisation, << le fait pour une personne d'être tel individu et de pouvoir également être reconnue pour telle sans nulle confusion grâce aux éléments qui l'individualisent » [V.De Gaulejac : 2002 : 1]. L'identité se définit d'une façon objective en s'appuyant sur des critères de nature juridique (diplôme, nationalité...), et sur des critères de nature subjective qui renvoie quant à elle à des <<représentations de soi-même » confronté au regard des autres sur soi.

Le mode d'inscription identitaire ne se fait pas d'une façon linéaire, mais selon et suivant un processus dialectique du rapport sujet/objet. [V.De Gaulejac : 2002 : 2]. Donc, il est question de parler <<processus identitaire » plutôt qu'une entité qui renvoie l'idée de la stabilité et de la permanence. La notion de processus implique l'idée de changement, alors que l'identité est synonyme de ce qui est identique, de similitude et d'une stabilité. C'est paradoxal comme situation. Le développement durable reflète le même cas. Développement synonyme de changement, et durable synonyme de tout ce qui ne change pas. Ou est la durabilité ? Le développement durable est un concept qui fut crée pour << maintenir la biosphère et garantir un développement qui dure dans le temps ». Entre autre c'est l'objectif et la valeur qui sont durables. Et pour l'identité, où se trouve la permanence? Edmond Marc Lipianski, Isable Taboada-Leonetti et Ana Vasquez [cités par De Gaulejac : 2002 : 4] parlent à ce propos << d'unité diachronique d'un processus évolutif ». C'est bien l'épaisseur du temps et la stabilité de l'objectif qui garantissent cette <<permanence identitaire ».

L'identité locale se définit comme un phénomène de représentations [Caterine Reginensi, 2000 : 357]. Cette représentabilité peut être instaurée par l'histoire [Ch.Robin : 2000 : 116] comme elle peut être carrément inventée [Carlini: 2003 : 113]. Et dans les deux cas, le lieu est la ressource qui permet cette re-construction identitaire. Tout d'abord, l'histoire saisie dans le sens institutionnel se veut unifier les mémoires collectives et à leur donner une certaine unité. La mémoire collective, quant à elle, se définie comme une réappropriation du passé accordée aux aspirations du présent. Halbwachs, dans la << La Topographie légendaire », a montré à travers les récits des fables de la mémoire de L. Valensi [cité par Mazzella : 2008], que l'histoire subit une sorte d' << affabulation », de <<variations de mémoires », liée aux aspirations des groupes qui vivent l'instant présent. Son efficacité est jaugée par sa capacité de lier l'espace au temps [Mazzella : 2008]. Tout cela témoigne le caractère, à la fois, << subjectif » et << heuristique » de la mémoire collective. Cette mémoire

collective une fois réappropriée se présente comme un << mythe >> autour duquel gravitent un ensemble de pratiques sociales, ce qui s'exprime en << ordre local >>. Autrement dit, et comme disait Norberg-Shultz, ce théoricien de l'espace [cité par Lefebvre: 1986 : 343], le jalonnement du local n'a pour but que la << mémorisation >> et la <<reconnaissance>> (subjective) des lieux. La mémoire collective se maintient par une intériorisation, puis extériorisation sous forme d'un ensemble de pratiques sociales qui ne sont pas universelles, elles sont structurées selon des « modèles culturels », des habitus dirait Bourdieu, ou le propre et le sale, le montré et le caché, le privé et le public, ne sont pas forcément distribué, voire distingués de façon univoque et universelle [cité par Ch.Robin, 2000 : 113]. La proximité culturelle (mémorielle) crée un sentiment << d'appartenance >> à un groupe et abolit donc les distance. Et c'est dans cette aire d'appartenance et de proximité que nous voyons se former un schéma complexe de <<socialisation urbaine17 >>, qui, elle, transgresse le lieu, propre à un monde constitué anthropologiquement, pour créer soit une continuité ou une frontière socio-spatiale avec d'autres lieux, et cela via le jeu de communication identitaire qui fait et défait les groupes [Bourdieu, 1997 : 283]. L'identité se traduit comme un principe qui tend à organiser << l'architecture sociale >> et les pratiques sociales du local en définissant ce que peuvent être les groupes sociaux locaux [Bourdin : 2000 : 199].

Dans cette optique d'identité et de mémoire locales, Les lieux patrimoniaux sont porteurs de structures immuables et peuvent constituer la référence de l'ici et maintenant [Bourdin : 2000 : 37]. Quand ces lieux se présentent comme contexte d'action, cela permet une <<substantification >> de cette référence. << Le patrimoine fait le territoire, qui fait le local>> [Bourdin : 2000 : 44]. C'est-à-dire, la possibilité de maintenir la population locale ainsi que leurs pratiques sociales ou les développer à leur faveur. In fine, le lieu se présente aussi comme un <<capital symbolique >> pouvant << orienter >> et constituer donc une << utilité pour l'action >> (de type bottom up, par le bas). Et comme exemple d'action bottom up, nous citons le cas des quartiers bolonais qui ont été restaurés grâce à une mobilisation poussées par les Comités d'intérêt de quartier [CIQ], et qui a aboutit à une réhabilitation avec le maintien des habitants. Nous avons présenté le lieu comme un capital symbolique (identité et mémoire collective), lié au temps comme à l'espace, et maintenu par un ensemble de pratiques sociales. Ce qui lui permet, bien évidement, d'être un point d'appuie et de

17 Danilo Martucelli et François De Singly [2009 : 52-80] distinguent quatre modes de socialisation. (i) socialisation adossé aux habitudes (ii) socialisation par les normes (iii) socialisation soutenu par autrui (iv) socialisation construite par les épreuves. Les deux premiers modes insistent sur le coté multiformes d'incorporation du social, les deux derniers accentuent davantage le travail du groupe sur soi. Autrement dit, une socialisation inconsciente et consciente.

résistance pour les habitants du lieu, comme ça peut aider les pouvoir publics à s'infiltrer dans les interstices de la mémoire du lieu et faire passer leur vision d'ordre global et assurer par la suite une continuité des lieux et c'est ce qu'on va essayer de déceler en explorant la reproduction de l'espace selon la logique de territoire.

II.1.3 ...ET DE TERRITOIRE :

J.Lévy a constaté que la notion du territoire renvoie à plus de huit définitions [Julien

Aldhuy : 2009] que nous n'allons pas exposer ici, mais justement pour dire que le territoire

requiert de nous un effort de définition en tant qu'objet scientifique. Conventionnellement,

et d'après P.Merlin [2005 : 882], le territoire est un étendu d'un espace « approprié » par un

individu ou une communauté. On emploi territoire aussi pour désigner « l'espace délimité » sur

lequel s'exerce « l'autorité » d'un Etat ou d'une « collectivité » [...] et dans les deux cas, la notion du

territoire n'est pas seulement spatiale, mais implique une dimension « temporelle »

« d'appropriation » et de « constitution ». Selon quelle logique le territoire se re-produit-il?

D'après cette définition, le territoire semble trouver son fondement autour de trois notions,

à savoir, << l'appropriation », << autorité exercée sur un espace délimité » et le <<temps ».

(i) Appropriation? par qui ? de quoi et comment? L'appropriation comme action consistant à prendre possession d'un objet physique ou mental. Au sens juridique, l'appropriation peut être légale ou illégale [F.Choay 2005 : 59]. L'appropriation dans le sens des ethnologues, pour qui, l'appropriation est l'ensemble des << conduites de marquage » pour limité l'espace approprié, ce qui nous renvoie à la <<dimension défensive ». Par analogie, l'expression <<appropriation de l'espace » désigne l'ensemble des conduites qui assurent un certain << maniement » affectif et symbolique de l'environnement spatial en question [ibidem]. A ce propos, Claude Raffestin [cité par Guy di Méo : 2000], définit le territoire comme << une réordination de l'espace [...] Il peut être considéré comme de l'espace informé par la sémio-sphère », c'est-à-dire l'ensemble des signes culturels qui caractérisent les groupes d'une société. Le territoire est définit différemment selon les disciplines. Selon l'optique des géographes, le territoire serait un produit des liens sociaux dans un espace. Liens sociaux saisis dans le sens de P.Bouvier [2005 : 32], c'est-à-dire, structuration dans le maillage des pratiques et des représentations. C'est << un outil de régulation sociale à travers sa capacité à reproduire l'organisation sociale dont il est le produit » [J.Aldhuy : 2009]. Pour les économistes, le territoire est un << système de production ouvert » fonctionnant selon le principe de la

<< consommation productrice >> [Lefebvre: 1986 : 432], c'est-à-dire par la taxe imposée sur les activités économique (consommation d'espace), qui, elle (la taxe), sera employée pour produire d'autre activités et ainsi de suite (un cercle vicieux). L'économie se définit pratiquement comme une connexion de flux et de réseaux [idem : 401] voulant regrouper les lieux, avec leurs spécificités socioculturelles, et leur conférant ainsi le sens << collectif >> sous formes de << modèles >> d'input-output. Tandis que pour le politique, le territoire est tout d'abord une assise électorale, un moyen de légitimations des actions publiques donc des régulations politiques et sociales. C'est ce que Michel Lussault appelle : << régime de visibilité >> [Lussault : 2000].

(ii)Autorité ? pourquoi ? le territoire, qui est par nature multi scalaire, a pour finalité de produire en tissant des collectivités humaines, peu ou prou dans le respect de leur appartenance socioculturelle, sous forme de réseaux de relation et de flux entre les différents lieux qui le composent. Autrement dit, le territoire est une << volonté >> de <<production>> selon un mode de découpage hiérarchisé et de << contrôle >>. Cette question de << volonté >> de faire un territoire nous renvoie à la question du << référentiel >> qui est différent d'une échelle à une autre [Guy Di Méo, cité par Julien Aldhuy : 2009]. Cela doit nous permettre d'introduire l'idée selon laquelle il existe une <<tension permanente >> entre territoire et territorialité, qui, elle, se définit comme << une relation individuelle et/ou collective [dans] un rapport complexe au(x) territoire(s) » [Di Méo Guy cité par Julien Aldhuy : 2009 : 5]. Cette territorialité témoigne de la multi dimensionnalité du vécu (des habitants et des pouvoirs publics). Tandis que le territoire serait considéré comme un moyen << d'ordonnancement>> de la territorialité selon la logique de production (fonctionnelle), et d'ailleurs, c'est pour cela que Raffestin [cité par Aldhuy : 2009 : 5] définit le territoire comme << la prison que les hommes se donnent ». Cette tension entre territoire et territorialité pose la question de la <<pertinence>> du territoire vis-à-vis les habitants du local.

(iii) Le temps? Le territoire se présente comme une maille joignant le global au local

grâce à sa capacité en << réseau >> [Verpraet : 2000 : 53]. Cette mise en réseau se présente comme un ordre, donc comme un temps [Lefebvre: 1986 : 343], en répondant à la logique du territoire entendu comme <<interface>> facilitant << l'accessibilité >> inter-lieux et favorisant ainsi << l'intérêt collectif >>. L'espace public est le lieu qui conforte cette idée de d'accessibilité, donc de << mobilité >> qui est une condition très importante dans la compréhension de l'espace collectif, car elle constitue le fondement de la pensée sur la fabrication de la ville [Ingallina : 2008 : 118]. Le territoire fortement hiérarchisé se veut

organisateur de l'espace sous l'angle, de <<flux>> et << croisement des flux >>, autrement dit, de la << gestion des distance>> pour << contrôler >>, produire << efficacement >> et maîtriser le temps (des flux), car Le temps se saisit dans le mouvement [Lefebvre: 1986 :114].

Intervenir sur le local avec la logique de territoire, veut dire opposer la valeur d'échange (production et efficacité) avec la valeur d'usage (la valeur de l'espace vécu). Cela veut dire que le territoire tend à échanger l'usage des habitants (subjectif et peu productif) par un usage hiérarchisé selon une logique de production et d'efficacité. L'usage de l'espace est constitué fondamentalement par cinq espaces [J.ALdhuy : 2009] : (i) Espace résidentiel (ii) Espace d'approvisionnement (en biens et services), (iii) Espace de loisir et de culture. (iv) Espace de travail et (v) Espace de transport. Comme Exemple d'échange, nous citons l'exemple de la rue de la république à Marseille, où l'ordre du territoire s'est exprimé ouvertement et directement sous la langue de C.Valette, adjoint maire délégué à l'urbanisme : << on a besoin de gens qui créent de la richesse. Il faut nous débarrasser de la moitié des habitants de la yille. Le coeur de la yille mérité autre chose>> [cité par J-S Borja et al : 2010 : 26]. Cette idée de territoire tend vers une recomposition de la localité << statique >> pour la rendre << localité mobile>> [Bordreuil, cité par Bourdin : 2000 : 64], par une définition des services structurés autour de la << vie quotidienne >>qui s'organise avec une certaine régularité et se construit autour de trois éléments [A.Bourdin : 2000 : 218-224]. (i) La constellation des biens et des services centrés sur l'individu, la famille ou le domicile. (ii) Les séquences, c'est-à-dire les types d'activités enchainées que l'on connait et que l'on reproduit. Comme la mobilité <<domicile-travail >>. (iii) Enfin le <<style de vie >>, c'est-àdire l'ensemble des solutions préférentielles choisies, associées à une structure du sens, notamment une image de soi et de la quotidienneté, tel que la proximité des espace de loisir, des centres de commerce, de travail, de culture. C'est ce << mode de vie >> qui fait la valeur d'usage de l'espace en question [Lefebvre : 1986 : 381].

II.1.3.1 Au-delà de Territoire, la Territorialité ?

Il nous est clair maintenant que le territoire réunit en son sein, l'espace de vie, l'espace vécu et l'espace perçu [Guy di méo : 2000]. L'espace de vie (conçu) représente la volonté de lier le global et le local en regroupant-associant les lieux et en leur conférant une << valeur d'échange », et l'espace vécu reflète la territorialité, c'est-à-dire l'ensemble des « rapports existentiels » et sociaux que les individus en groupe entretiennent avec l'espace qu'ils produisent et reproduisent quotidiennement à travers les figures, les images, les catégories et les objets géographiques « qu'ils mobilisent » dans un projet de production [Guy di Méo : 2000]. Et c'est cette territorialité qui définit ou l'altérite (l'espace perçu) de l'espace en question à travers les modes d'appropriations des habitants et leur degré d'implication dans le projet de production de l'espace. Le territoire est une sorte << maille totale » [Debarbieux Bernard, cité par J.Aldhuy : 2009] et reste ouvert et prêt à épouser toutes les combinaisons spatiales que tissent les collectivités humaines. Tandis que la territorialité se présente comme une nécessité ontologique ayant le pouvoir de fixer les <<conditions de l'existence du territoire » [G. Di Méo : 2000].

II.2 GOUVERNANCE LOCALE: LE QUARTIER COMME ECHELLE D'ACTION.

Nous savons jusque là que la Re-production du local est une question de tension entre la valeur d'échange qui a une finalité externe basée sur une logique fonctionnelle, et une valeur d'usage à finalité interne fonctionnant selon la logique des sentiments, de temps long (logique du lieu). La gouvernance s'est alors présentée à nous comme un fil conducteur qui doit nous permettre de comprendre comment le conflit se résout-il ?

II.2.1 LA GOUVERNANCE COMME OSMOSE ENTRE LE GLOBAL ET LE LOCAL ET LE QUARTIER COMME ECHELLE D'ACTION :

Le concept << gouvernance », Aujourd'hui en vogue, provient du terme médiéval gubernantia qui renvoie à l'idée d'orientation des conduites [Le Galès et Lascoumes : 2007 : 21]. La littérature sur la gouvernance nous a renvoyé vers l'action et la politique publique. Elle [la gouvernance] met l'accent sur << les formes d'organisation horizontale et verticale de l'action publique » [Le Galès, cité par A.Bourdin : 140]. La gouvernance diffère de la gouvernementalité (démarche top down) [Le Galès et Lascoumes : 2007 : 7], et tend à l'affaiblir au profit d'autres autorités telles que la justice ou autorités indépendantes...[Le Galès, cité par A.Bourdin : 140].

A travers la démarche de projet urbain saisi comme technologie de l'action [A. Bourdin : 2000 : 160] et un outil pour le développement local [Z. Maghnous Dris : 2008], les acteurs publics tendent à déployer leurs stratégies en respectant les divers intérêts, la localité comme la globalité. Cela se fait, d'après J-P Gaudin [1997 : 57-95] selon une logique de concurrence, d'attraction économique. Dans cette perspective l'action publique se présente comme une stratégie d'occupation du territoire (local) par les acteurs économiques en leur assurant un environnement propice à l'activité économique. A.Magnaghi [2003 : 29-32] distingue trois approches de développement local. (i) L'approche fonctionnaliste s'appuie sur les réseaux longs forgés par la mondialisation. Les lois économiques déterminent les objectifs, les lieux, les modalités et les techniques de la production et d'occupation de territoire. (ii) l'approche environnementaliste marque le passage de l'économie du monde vide vers l'économie du monde plein. Cela se fait par le truchement des cadres normatifs à haut niveau de qualité environnementale. Cette approche reste sectorielle et ne change pas les lois économiques dominantes. (iii) L'approche territorialiste qui s'appuie sur le milieu naturel, le milieu construit et l'homme. Cette démarche tend à « interpréter l'identité de longue durée >> afin de retrouver ce que Magnaghi appelle la « sagesse du lieu >>. Le « Glocal >> comme certains auteurs aiment l'appeler ou la conception patrimonialiste du local [Bourdin : 2000], mais Magnaghi va loin dans sa vision, il propose que le local soit le point de départ pour une mondialisation par le bas. Une « utopie concrète>> dit-il. La seule localité qui résiste à la mondialisation est celle qui vit en autarcie, celle que nous ne connaissons pas [Bourdin : 2000]. En attendant une éventuelle matérialisation de cette utopie, nous préférons continuer sur la lignée de l'approche territorialiste, c'est-à-dire le « glocal >> ou « patrimonialiste >>[A.Bourdin : 2000], la démarche qui conjugue les intérêts à travers une médiation entre les différentes échelles, de la parcelle à la ville, par « l'embrayage » (agencement) [Ingallina 2008 :10]. Il s'agit d'un processus itératif où les échelles de la ville s'articulent. On assiste à travers ces jeux d'échelles à une tendance qui remet le quartier au centre de l'action publique. Défini comme division administrative de la ville ou partie ayant sa physionomie propre et une certaine unité [Le petit robert: 2001], le quartier est alors un espace marquant pouvant être identifié par un ensemble d'indicateurs statistiques. Il suffit tout juste de taper le nom d'un quartier dans le moteur de recherche de L' I.N.S.E.E, et voir la masse d'information qui en découle, pour se rendre compte que le quartier est saisi vraiment comme une «référence>> priviligiée de l'action publique.

II.2.2LA REGULATION SOCIALE COMME ENJEUX DE LA GOUVERNANCE LOCALE:

Avec l'augmentation du contentieux et le rejet de tout déterminisme << extérieur >> à la localité (chargée de mémoire), la régulation politique s'est trouvée isolée et sans effet, et obligée à s'intégrer en tant qu'une maille dans le système de la régulation sociale (globale). Pour ce faire, les collectivités locales s'appuient sur la << planification urbaine18 >> et la << gouvernance >> comme conduite, pour organiser le jeu complexe d'acteurs. La régulation sociale s'articule autour de cinq points [Le Galès et Lascoumes : 2007 : 13-14] (i) Les Acteurs. (ii) Représentation d'un enjeu (cadres cognitifs et normatifs). (iii) Institutions (normes, règles, routines). (iv) processus (formes d'interactions). (v) les résultats. Les acteurs s'interagissent en coopération comme en lutte, pour constituer << le collectif de conception>> [Viviane Claude: 2000]. Donc la question du local est intimement liée à la <<régulation sociale >>, qui, elle, est inséparable de << l'action collective >>, objet de notre prochain chapitre d'analyse théorique.

En guise de synthèse : Le local entre Acteurs, Forme d'association et régulation:

Nous avons vu à travers notre exploration de la reproduction du local selon les logiques de l'espace, du lieu et celle du territoire que le local trouve son fondement dans une logique de <<tension>> et << d'appropriation >>. Tensions entre : espace vécu et espace conçu [Lefebvre: 1986], organisation et identification [Bourdin : 2000], territoire et territorialité [Guy Di Méo : 2000] et en terme de généralité, tension entre substitution et permanence [Ingallina : 2008]. En effet, le local semble être la pratique qui conteste [...] le dispositif critique [...] il travaille les multi-possible [L.Sfez, cité par Bourdin : 2000 : 8]. Le territoire est d'autant plus conçu que vécu, du fait qu'il se déploie comme un réseau ayant comme but l'homogénéisation. La territorialité, pose la question de la <<pertinence>> et de la << légitimité >> de ce territoire vis-à-vis les habitants au niveau local, et elle se définie comme l'action entreprise par une pluralité d'acteur impliquée dans la production du local, où chacun tend, selon son référentiel et échelle d'action, à s'approprier le territoire suivant des stratégies alimentées par le local comme ressource , d'où l'essence de la tension, voir schéma ci-dessous. Le territoire saisi comme vision globale procède par une forme d'association institutionnalisée a priori. Mais il se trouve confronté à une nouvelle forme d'invalidation de la consistance

18 «Peut être définie comme l'ensemble des démarches que les collectivités publiques mettent en oeuvre pour exercer un contrôle sur la configuration des espaces urbains, sur leurs usages, sur leur devenir» [Grafmeyer et Authier : 2008 : 100].

des modèles territoriaux et au peu de flexibilité des institutions déjà établies [Dubar : Verpraet : 2000 : 52]. Autrement dit la production du local ne requiert ni mode ni modèle mais une dynamique déployée et stabilisée à travers le processus de la territorialité. Le local pose alors la question de la <<régulation par le bas >> ce qui ne peut se passer sans une véritable << gouvernance locale>> ou le quartier constitue l'échelle privilégiée de l'action.

Figure 3 : processus de production du local entre territoire et territorialité.

III. L'action collective: Fabrique de la

'grammaire du possible'

Nous avons vu à travers l'analyse de la Re-production du local, que ce dernier semble résister à une vision de territoire voulant lui conférer un usage et une occupation << institutionnalisés >> pour qu'il y ait une possibilité << d'échange >> avec la hiérarchie (la continuité de flux de réseaux entre les différents lieux qui composent le territoire). Dans notre cas, c'est-à-dire les quartiers historiques à forte valeur patrimoniale, la résistance portée par les habitants du lieu même tend à détourner le processus de territorialisation à leur profit en créant ce que Lascoumes et Le Galès [2007] appellent << la grammaire du possible >>. Il s'agit donc plutôt de deux efforts de régulation, l'un global, et l'autre local. Pour comprendre << les mécanismes d'anticipation et de stabilité>> de projet urbain et situer l'habitant-acteur dans la chaine des rôles, nous avons étudié l'action collective en se basant sur les conclusions de l'école française de la sociologie de l'action, à savoir, M.Crozier et son disciple Friedberg, et J-D Reynaud19.

III.1 PRINCIPE D'ANALYSE DE L'ACTION COLLECTIVE:

D'après Friedberg et J-D Reynaud les principes d'analyse de l'action collective peuvent être cernés entre rationalité des acteurs, la contingence et le pouvoir comme capacité d'action. Cette grille d'analyse doit nous permettre l'analyse des différentes actions des acteurs dans la dynamique du renouvellement urbain d'un quartier historique. Sociologiquement, l'action se définit comme la mise en oeuvre de moyens pour réaliser un objectif [A.Bourdin :2000 :162]. Elle trouve son effet entre le geste de <<qualifier>> le contexte, à travers une descriptioninterprétation, et <<justifier>> par la suite la prise de position prônée par l'acteur [M.Lussault: 2000]. L'individu contemporain construit librement son être social, mais c'est bien cette liberté qui provoque chez lui une << anxiété >> qu'il tend à la limiter en cherchant << la similitude>> et << l'entre-soi >>, ce qui va donner à l'action une dimension collective et qui se traduit concrètement par le retour du << mythe communautaire >> dit Z.Bauman [2006].

19 Bien qu'on connait A.Tourraine et Boudon et qui ont été cités maintes fois par plusieurs auteurs.

III.1.1 LA RATIONALITE ET LA NOTION DE LA RATIONALITE LIMITEE DES ACTEURS :

Les pouvoirs publics cherchent << le minimum-optimum », en maximisant leur efficience (économique) et en réduisant leurs compétences [Le Galès et Lascoumes : 2007 :30]. Tandis que l'habitant-acteur n'obéit que très imparfaitement à la rationalité du marché. En bref, le besoin de rationalité dépend de << l'intérêt » de l'acteur en question ainsi que de sa position dans le système. Aussi, chaque acteur agit selon sa propre rationalité, car chacun d'eux a son propre registre de préférences qui, comme l'a déjà démontré H.Simon20 en 1957, ces préférences ne sont pas stables dans le temps. Ce qui veut dire que la rationalité des acteurs est << limitée ». Simon étaye cette conclusion en arguant que l'information d'un acteur est toujours incomplète, et d'autre part, aucun acteur n'est capable d'optimiser ses solutions, vu que la complexité des processus mentaux dépasse, et de beaucoup, les capacités de traitements des informations et de raisonnement de l'être humain. Nous pouvons conclure que l'acteur n'optimise pas, il se contente d'une solution << satisfaisante ». Et que l'action est qualifiée de rationnelle pourvu qu'elle ait tout juste un sens qui soit communicable hors de la communauté qui l'a crée et à laquelle il était destiné [J-D Reynaud : 1997 : 316]. Il importe alors de souligner la portée heuristique de la notion de << préférence » qui dépend tout naturellement de l'apprentissage qui découle du processus même de territorialisation qui permet à l'acteur d'enrichir progressivement le sens du comportement « utilitariste » [...] médiatisé par les contraintes particulières du contexte [Friedberg: 1997 : 228-229]. Friedberg, conforte son raisonnement en disant que : << ils [les acteurs] n'existent pas indépendamment du contexte d'action dans lequel ils jouent et dont la structuration21 conditionne leurs rationalités et leurs actions tout en étant façonnée en retour par elle-même » [idem : 229-230]. Cela nous pousse à porter plus d'attention sur les relations de l'acteur dans sa quête de solution aux contraintes posées par le contexte.

III.1.2 LA CONTINGENCE DES ACTEURS ET LA NOTION DU SYSTEME:

La réflexion sur l'acteur ne peut se développer en dehors d'une réflexion sur le << système d'acteurs empirique ». Firedberg, rejette le postulat du << déterminisme » qui connote la notion du système, en arguant que le système, lui-même a une dimension heuristique : << le système reste une coquille vide qui reste à remplir et à spécifier » [Friedberg: 1997 : 235]. L'acteur et le système sont co-constitutifs, ils se structurent et se restructurent mutuellement.

20 Cité par Friedberg [1997], J-D Reynaud [1997], A.Bourdin [2000] et Le Galès et Lascoumes [2007].

21 «C'est à dire structuration de la situation ou de l'espace d'action considéré en termes d'acteurs, d'enjeux, d'interêts, de jeux et de règles du jeu qui donnent sens et cohérence à ce vécu.»[Friedberg: 1997: 304]

Les acteurs sont contingents [Idem : 229]. Il importe alors d'insister sur la contextualisation des acteurs. Car c'est le champ d'action qui leur permet de développer leurs rationalités. Dans cette perspective, l'action collective peut être saisie comme le produit d'un ensemble de jeux [La figure de jeu entendue dans son sens heuristique] articulés en un système englobant qui peut lui-même se comprendre comme un « méta-jeu », intégrant au premier et au second degré tous les jeux opérationnels [Idem : 237]. Le système selon cette optique nous permet de penser que les conditions de stabilité, comme d'instabilité du projet urbain sont affectées par cet ensemble de jeux et restent par conséquent << incertaines >>.

III.1.3 LE POUVOIR COMME CAPACITE D'ACTION :

Le pouvoir n'existe pas en soi. Il s'établit entre deux parties qui se positionnent au moins temporairement dans une structure organisée. Le pouvoir peut alors se définir comme relation et comme processus [M.Crozier : 1976 :33]. La création-entretien de cette relation de pouvoir s'appuie sur la légitimité, qui quant à elle, se déploie sur deux axes: (i) le vocabulaire exploité : << Le pouvoir d'agir dépend dans une grande mesure du vocabulaire dont nous disposons ainsi que de la manière plus ou moins opportune dont nous savons le faire fructifier » [Clément Rosset, cité par Guy Di Méo : 2000]. Ce vocabulaire trouve toute sa pertinence s'il est soustrait du <<lieu>> saisi dans sa valeur patrimoniale. Car le lieu est un symbole, une figure de rhétorique du territoire [B. Debarbieux, cité par M.Lussault :2000]. (ii) Le réseau relationnel tissé en vu d'atteindre l'objectif conçu par le groupe. J-D Reynaud fusionne ces deux points dans la notion de << l'efficacité >> du projet de renouvellement en question.

D'une façon opérationnelle, le pouvoir s'installe dans << la sphère des incertitudes>> qui texture la réalisation du projet urbain. Selon ce point de vue, le pouvoir d'un acteur se définit comme le rapport de contrôle exercé sur une source d'incertitude pouvant affecter la poursuite des objectifs de l'organisation [M.Crozier :1976 :36]. C'est ce que Friedberg appelle << la capacité d'action >>, qui, elle, s'établit en deux temps [Idem : 38]: (i) La négociation, qui peut prendre une allure de lutte, s'installe pour poser les jalons << d'échange >>. (ii) La règle intervient comme cristallisation de ce rapport de pouvoir et le résultat de négociation. Cela doit nous permettre de lire le jeu de pouvoir dans les modifications des règles. Le recours à la règle s'explique par ses << fonctions latentes >>. On en distingue cinq [Friedberg: 1997 :72] : (i) La règle permet le contrôle à distance. (ii) Elle constitue un écran et une protection en réduisant les relations interpersonnelles. (iii) Elle restreint l'arbitraire du supérieur et légitime la sanction. (iv) Elle rend possible l'apathie, c'est-à-dire un comportement de retrait qui se

contente d'appliquer les règles. (v) Elle permet par là le marchandage avec la hiérarchie. Dans cette perspective, le pouvoir peut et doit être défini comme la capacité d'un acteur à structurer des processus << d'échange » plus ou moins durable en sa faveur, en exploitant les contraintes et opportunités de la situation pour imposer les termes de l'échange favorable à ses intérêts [Friedberg: 1997 : 128]. Selon le vocabulaire de Jean-Daniel Reynaud, ce processus interactionnel menant à la règle s'appelle : << la regulation ». Il propose la théorie de la régulation sociale qui complète l'approche organisationnelle de Friedberg.

III.2 PRINCIPES DE L'APPROPRIATION HABITANTE DU LOCAL:

A.Bourdin [2000] distingue deux modes d'analyse de l'appropriation habitante via lesquels le local se construit. Une approche du <<local cognitif » et une approche interactionniste ».

III.2.1 LE LOCAL COGNITIF :

Historiquement, le mérite de cette méthode est attribué à K.Lynch qui a initié les bases d'une approche cognitive de l'espace construit. Cette approche met en exergue la relation entre l'image mentale (la représentation) territoriale et l'identité individuelle et collective. P.Pellegrino et ses collaborateurs ont démontré que la << spatialité » est culturellement construite, et par laquelle un sujet appréhende les objets tout en se positionnant lui-même [A.Bourdin : 2000 : 24]. Cette conclusion distingue l'espace créé territorialement (construction fonctionnelle) de << l'espace d'appartenance » qui résulte de l'inscription d'un acteur social dans un groupe d'appartenance en un lieu. On peut alors affirmer que le local est cognitif vu qu'il stimule ce processus d'identification, qui, lui, est alimenté par les valeurs sociales du groupe d'appartenance.

III.2.2 L'APPROCHE INTERACTIONNISTE :

Cette approche repose sur l'affirmation que l'identité est construite à partir d'un groupe d'appartenance. En s'appuyant sur une méthode inspirée de la phénoménologie d'Alfred Schutz, B.Poche déploie sa démarche sur quatre points. (i) Le lien social, comme processus de construction du sens. Car vivre ensemble stipule le partage d'une représentation commune du monde. (ii) Le partage de la vie quotidienne qui selon Schutz, guide l'orientation spatio-temporelle. (iii) La coprésence, interactionniste par essence, ne peut en aucun cas être remplacée par une communication artificielle. (iv) Le lieu (pratiques de la vie quotidienne) comme mode organisateur de l'expérience sociale. Cette démarche montre l'importance du legs du passé (<< local hérité » selon A.Bourdin) approprié par un groupe sous forme d'un ensemble de représentations et de codes (mémoire collective) transmet ou

légué aux générations successives par les << pratiques >> (action collective): << L'héritage du passé est fondateur, porteur de structures immuables qui constituent la référence » [A.Bourdin : 2000 :37].

Si on s'ouvre sur la notion de territoire entendu dans son sens éthologique, Goffman [cité par Bourdin 2000] nous éclaire que << le territoire du moi >> se déplace avec l'individu et caractérise sa manière d'organiser les relations avec les autres. Cela met en exergue l'importance de l'expérience d'individu lié à sa << trajectoire de vie >>.

III.3 ETAT DE L'ART SUR LES APPROCHES DE L'ACTION COLLECTIVE:

Nous avons recensé à travers nos lectures une série d'approches de l'action collective22. Et nous présentons seulement l'approche organisationnelle de Friedberg et la théorie de la régulation sociale de J-D Reynaud vu que les deux approches se joignent et se complètent et peuvent construire pour Nous une << grille de lecture >> pour appréhender la réalité empirique de l'action collective.

III.3.1 L'APPROCHE ORGANISATIONNELLE DE FRIEDBERG :

Développée par Friedberg, cette méthode a pour enjeux l'appréhension du jeu complexe des acteurs objet du renouvellement urbain. Cette méthode accorde la priorité à la réalité des relations dans un contexte d'action spécifique. En s'appuyant sur un démontage minutieux de l'action collective, Friedberg en ressort une armature intellectuelle (rationalité limitée, acteurs contingents et pouvoir) qui nous permet d'éclaircir l'ambigüité qui texture la << structuration >> du champ d'action. Une structuration, toujours particulière et contingente, en termes d'acteurs, d'enjeux, d'interêts, de jeux et de règles du jeu, qui donnent sens et cohérence à ce vécu, <<ordre local>>, dit Friedberg. Il met en exergue la régulation mixte, qui se forge et se construit entre une régulation formelle et informelle. La régulation formelle est grignotée peu à peu par la régulation informelle par les acteurs qui tendent, quant à eux, à modifier les règles du jeu et à en déplacer ou limiter leurs validités. Pour décrypter ce processus, Friedberg met aux centre la notion du pouvoir, fourre-tout dit-il. Il le définit comme un processus via lequel l'acteur tend à nouer des relations selon les contraintes rencontrées en vue d'orienter l'échange à sa faveur. Cette définition met en exergue le contexte dans lequel se déroule l'action, et la capacité de négocier des acteurs qui, quant à

22 Nous citons; l'approche par les capabilités de l'action collective dont le germe est attribué du A.Sen, prix Nobel en économie 1998. Cette approche a connu un engouement très large dans le monde anglophone. Voir Repenser l'action collective, une approche par les capabilités, J-L Dubois et al. Éd L'harmattan 2007; Et l'agir communicationnel de Jurgen Habermas.

elle, constitue l'objet de l'asymitrie, d'inégalité entre acteurs selon Friedberg. Selon cette optique, l'action collective se présente comme un système de négociation peu ou prou violent, toujours ouvert ,lié à la contingence des acteurs et réfute tout déterminisme a priori. En l'occurence, la stabilité du projet urbain est obligatoirement << ajustable >> et sanctionée par des validations partielles et partiales : <<un processus cumulatif de renforcement des acteurs et d'affaiblissement concomitant des autres [...] de ce fait de plus en plus performent, musclé, alerte, et permettrait à ses memebres de s'atrophier progressivement>> [Friedberg: 1997 : 289]. In fine, cette approche tend à synthètiser l'ordre local (l'enjeu du projet urbain) comme une <<concurrence entre une régulation formelle et informelle >>. Cette conclusion nous ramène à étudier la théorie de la régulation sociale de Jean-Daniel Reynaud qui complète l'approche de Friedberg.

III.3.2 L'APPROCHE RÉGULATIONNISTE DE J-D REYNAUD :

La théorie de la régulation sociale tient à réunir et à synthétiser les différents courants de la sociologie. A savoir l'école durkheimienne, l'école de la sociologie des organisations de M.Crozier et de son disciple Friedberg, l'habitus de Bourdieu... Cette théorie tente de reformuler la problématique de la cohésion sociale, en essayant de répondre à la question: << Quels sont les mécanismes sociaux qui assurent la stabilité et l'inertie des règles sociales ? » [B.Grassineau : 03 :2004].

Pour répondre à ce questionnement, le cadre théorique, développé par Reynaud, s'articule autour de trois notions clefs: l'acteur, la règle et l'action collective. (i) L'acteur : l'individu capable d'effectuer une action << raisonnable >> qui, selon de R.Boudon, doit être justifiable et communicable. (ii) La règle : Reynaud l'a définie comme un principe organisateur où un modèle qui oriente l'action : << les règles ne sont rien d'autre que leur capacité réelle à régler des interactions sociales. Elle est bien une contrainte et non une habitude >>. [Reynaud : 1997 : 18]. Il est clair que la règle est importante, mais Reynaud précise que ce qui est capital dans sa démarche c'est bien la régulation en tant que processus. Cela n'exclut en aucun cas la règle, mais elle est introduite de telle manière qu'elle soit <<instable>> et << modulable >> par les acteurs le long de la régulation. (iii) L'action collective: élément d'analyse pertinent. Elle se définit comme l'engagement d'un groupe en vue d'orienter les finalités d'un projet à leurs profits. Ce regroupement d'acteurs ne peut se faire que dans le partage d'un ensemble de règles adoptées, voir crées collectivement : << les règles sont propres à la vie sociale, mais elles sont d'origine collectives, elles tirent leur caractère contraignant du fait qu'elles sont les conditions d'une collectivité » [Idem : 96].

Pour le maintien et la cohérence des règles, Reynaud proposes trois mécanismes interdépendants ; la sanction, l'accord et la légitimité. Dans cette optique, l'action doit chercher la légitimation. Il a signalé à maintes reprises que la régulation formelle, dite de droit, se traduit souvent par un décalage avec la régulation effective, qui, quant à elle dépend de l'autonomie dont les acteurs (les habitants) peuvent en disposer. Reynaud appelle cet affaiblissement de la régulation formelle <<anomie>> [Idem : 266]. Elle se traduit par l'absence << objective >> des règles du au relâchement de la régulation légitime, elle peut aussi se lire à travers le degré d'enfermement de l'espace en question. En suivant cette lignée, les acteurs peuvent adhérer à certaines règles selon leurs stratégies pour légitimer leurs conduites, et d'en rejeter d'autres qui s'opposent à leurs intérêts. De ce point de vu, la règle est perçue comme une << ressource >> permettant l'acquisition d'une << capacité d'action >> pouvant conférer aux acteurs qui l'invoque des avantages et limite en même temps les possibilités d'action d'autres acteurs. Elle (la règle) est une sorte de contrôle social. Il s'agit alors de deux efforts de régulation, l'un de contrôle, et l'autre autonome [Reynaud : 1989]. Ils ne s'opposent pas en bloc mais le premier, dit de L'Etat (ou des collectivités locale) cherche à régler son activité par un contrôle de l'extérieur [idem : 5]. La régulation de contrôle apparait facilement à l'observateur, parce qu'elle a une valeur juridique, tandis que la régulation autonome, produite par les groupes ne se révèle qu'après un examen in situ des pratiques. Toutes les deux sont alimentées par un ensemble de valeurs et de croyances. La première invoque une logique externe qui est celle du coût et d'efficacité, et la seconde est <<interne>> liée à l'affectivité et aux sentiments [idem : 6]. La régulation autonome peut s'opposer à la régulation de contrôle en faisant appel au << droit de vivre ensemble >>, à l'équité, à l'ancienneté...etc. Cela ressort l'idée d'une <<construction>>: << c'est une organisation souvent élaborée, qui est enseignée au nouveaux venus et en partie imposée >> [idem : 10]. Aussi Reynaud invoque << l'habitus >> de Bourdieu pour expliquer la relation qui lie l'habitant à son lieu de vie. Réciproquement, La régulation de contrôle n'est pas toujours exprimée d'une façon adéquate dans la réglementation officielle. C'est son orientation stratégique qui fait sens : << peser de l'extérieur sur la régulation d'un groupe sociale >> [Ibidem].

Reynaud, comme Friedberg, prône l'idée qui stipule que le pouvoir est au centre de la relation qui lie la régulation autonome et de contrôle. La stabilité (bien qu'elle soit jamais finie) de cette relation de pouvoir passe par ce que Reynaud appelle <<régulation conjointe >>, qui elle se traduit concrètement par les voies de participation << organisée >>. Cette relation a l'ambition de résoudre les << conflits >> par la << négociation >> qui énonce << l'accord >> et le cristallise sous forme de règle. La règle produite serait <<normative>> parce qu'elle est

<<cognitive>>: << Celui qui l'invoque invite à une action en lui proposant un sens >> [Reynaud : 1997 :68]. La régulation conjointe peut, ajoute Reynaud, renforcer une règle autonome. Et stipule qu'elle est l'expression de la démocratie même. Cela suppose l'établissement d'un << choix conscient >> selon la formule de M.Crozier [1976 :17].

EN GUISE DE SYNTHESE : LA REGULATION SOCIALE COMME HOMEOSTASIE DE PROJET URBAIN ?

Nous avons montré dans cette partie les principes de l'action collective ainsi que les différentes approches qui pourront éclairer le rôle que peut jouer un habitant. Nous avons commencé par les deux approches [A.Bourdin] qui pourront décrire le rapport que noue un habitant avec son espace de vie. Dans l'approche du local cognitif, Bourdin met en exergue le rôle du <<capital culturel >> et <<l'identité individuelle et collective>> dans la construction et la représentation de << l'espace d'appartenance >>. Et à travers la démarche interactionniste, il a voulu attirer notre attention sur l'importance de << l'héritage >> d'un espace par un groupe qui l'approprie sous une forme de << mémoire collective >>, qui, elle, est maintenue par un ensemble de pratiques et de représentations << immuables>>, mais communicables et transmissibles aux nouveau venues comme aux nouvelles générations ce qui assure sa continuité. Ces deux méthodes nous permettent l'appréhension des <<modes d'appropriation >> de l'espace de vie par les habitants, c'est ce que s'appelle dans le langage de Freidberg et J-D Reyanaud <<régulation informelle >> ou << régulation autonome >>.

Figure 4: La régulation globale. Source: Auteur.

Dans un souci fonctionnel, les pouvoirs publics tendent, selon leurs stratégies de territoire,
(global) à lier, par <<régulation de contrôle >>, les différentes localités en modifiant l'ordre
local qui devient << l'objet de la négociation et de marchandage >>.Cette volonté de faire, se lit

dans les rapports, les règlements produits pour cet objectif. Tandis que la <<régulation autonome » qu'on ne peut la cerner que par une exploration in situ. Le local subit alors un concours de régulation, qui pour l'appréhender, Friedberg pose le pouvoir au centre des interactions, en le définissant comme << capacité d'action » visant la négociation des faits en faveur des acteurs qui l'utilisent. Les acteurs qui exercent le pouvoir, entendu comme processus de négociation explicite voire implicite, passent par les << règles » pour figer << l'accord de l'échange ». L'anticipation des acteurs s'appuie sur les << règles » formelles, de droit, << informelle ou autonome, produit de la localité » en grignotant la règle formelle pour pousser les pouvoirs publics à la négociation autour d'une régulation << conjointe » qui peut remplacer ou renforcer des règles autonomes en créant d'autres. Dans cette optique, la règle devient une ressource d'action et de légitimité, et la régulation comme un enjeu social. Voir schéma ci-dessus.

IV. Sidi El Houari, une histoire tourmentée et

un patrimoine urbain incontournable :

IV.1 Situation géographique de la yille d'Oran :

La ville d'Oran, (wahran en arabe), surnommée « la radieuse », est la deuxième grande ville

de l'Algérie. Elle se situe au Nord-Ouest Algérien. C'est une ville portuaire ayant une superficie de 2 114 km2. La commune compte à elle seule plus de 850 000 habitants. Tandis que l'agglomération oranaise compte en compte plus de 1 453 150 en 200923.

Figure 5 : Oran et sa situation dans le territoire algérien. Source : montage personnel.

IV.2 L'histoire du quartier de Sidi Elhouari :

Sidi Elhouari constitue le noyau historique de la ville d'Oran, capitale de l'ouest Algérien.

L'histoire tourmentée de la ville, inscrite dans les lieux comme dans les pierres, témoigne le passage de quatre civilisations (andalouse, espagnole, ottomane et française) en un seul lieu. Nous voulons montrer dans cette partie la richesse patrimoniale du quartier et son développement dans le temps sans présenter les données sur l'évolution de la population, vu que ces données sont inaccessibles par internet et demande de nous une présence in situ. On peut restituer l'histoire du quartier sur quatre périodes.

23 Le Guide touristique de la yille.

Figure 6: le quartier de Sidi Elhouari.Source: réalisé à partir de googleMap.

(i) La fondation d'Oran en 903 :

Oran, Ouahran24 tel est le nom d'origine berbère que porta la petite bourgade fondée en 903.

Les marins andalous s'installèrent dans ce lieu pour sa nature géographique particulière. Etendu le long du ravin de Ras El Ain, et abritait des vents dominant par la montagne de Murdjadjou. La ville fût Conçue à l'image des villes arabo-musulmane de l'époque et entourée de murailles et on pouvait y accéder par le truchement de deux portes, la porte de Telemcen, et la porte de Canastel (encore debout). Sa morphologie était caractérisée par un dédale de ruelles convergentes vers une place centrale et comportait une citadelle (appelée aujourd'hui la Casbah) dominant la ville, siège du gouverneur et sa milice. La morphologie du terrain jouait un rôle important dans la composition urbaine. L'urbanisme fût additionnel et organique.

Figure 7 : la Casbah de Sidi El houari Aujourd'hui. Non classée. Source:
R.Moussaoui : 2008 : 3.

Figure 8 : Porte de Canastel. Classée.
Source: R. Moussaoui 2008 : 5.

24 Sa position géographique et sa qualité de place forte expliquent son étymologie de « lieu d'accès difficile » ou ouaer en arabe [R. Lespès : 2003 :41].

(ii) La période Espagnole et Turque entre 1505 et 1832 :

Oran fût conquise par les espagnols entre 1505 et 1708. L'aspect général de la ville ne fût pas changé, mais le caractère défensif, quant à lui, fût renforcé notamment avec la construction d'édifice à caractère militaire : le château neuf construit vers le nord du quartier, le fort saintphilippe, fort saint-andré et fort de Santa Cruz fondé au sommet de la montagne de Mourdjadjou. Quant à la casbah, ces muraille en pierre de terre furent remplacées en partie par la pierre taillée, et c'est à cette époque de l'histoire que fût édifiée la porte d'Espagne (1598, encore debout).

Figure 9 : La porte de Santon. Classée en 1953. Source:
R.Moussaoui 2008 : 6

Figure 11 : Tambour de San-Jose. Classée en 1952. Source:
R.Moussaoui 2008

Figure 13: le château neuf. Classé en 1952. Source:
Photos-algérie.fr25

Figure 10 : L'église de Saint-Louis. Classée en 1952.
Source: R.Moussaoui 2008 :

Figure 12 : Porte d'Espagne. Classée en 1906. Source:
K.Metair 2005 : 14.

Figure 14 : Ecusson espagnol. Classé en 1952. Source:
K.Métair : 2005 :9.

25 http://www.photos-algerie.fr/ORAN-LE-CHATEAU-NEUF-n-PA1134-c-3.html

Entre 1708 et 1732, les turcs sous le commandement du Bey Mustapha Bouchelaghem conquirent la ville mais ils ne parvinrent pas à faire des changements considérables mis à part l'introduction des arcades sur quelques édifices espagnoles et la transformation des anciennes églises et couvent en mosquées et synagogue [S. Benkada : 2008] et la construction d'un vaste jardin à l'intérieur du château neuf, connu aujourd'hui sous l'appellation du <<promenade de l'étang >>.26

Figure 15 : Plais du Bey. Classé en 1952. Source:
R.Moussaoui 2008 :9.

Figure 16 : Mosquée du Pacha. Classée en 1954.
Source: R.Moussaoui 2008 :9.

Figure 17 : mosquée de la perle. Classée en 1900. Source: Figure 18 : La porte de Caravansérail et promenade de

R.Moussaoui 2008 :10. l'étang. Classés en 1952. Source : villedoran.com

Octobre 1790, un fort séisme frappa la ville et démolît une grande partie de la ville ce qui a permit au turcs de reprendre la ville jusqu'à 1831. Le bey Mohammed Elkébir étala la ville sur la partie droite du l'Oued El Rehi pour repeupler la ville sinistrée par le séisme. A la fin de ces périodes le noyau historique d'Oran était constitué, de la Blanca (qui comprend la Casbah) et le Petit Santon, qui est l'ancienne ville espagnole de la << Calère >> qui regroupait tous les bâtiments militaires et le quartier juif (en plus de la Casbah), construit après le séisme par les turcs.

26 << Les vastes jardins du Bey Bouchelaghem, furent intégrés dans le domaine public; mais, on leur garda néanmoins, le nom de «Huertas de los Bigotillos» (jardins du Moustachu), en allusion au Bey Bouchelaghem >> [S. Benkada : 2008].

(iii) La période française, de1832 à 1962 :

Les français ont urbanisé une grande partie du quartier de Sidi Elhouari et de la ville d'Oran en général. A leur arrivée, les français se sont installés dans la vieille ville, la Casbah (la Blanca), en reconvertissant et en construisant des bâtiments stratégiques comme en témoigne l'ex hopital Baudens. Mais avec le temps, la Casbah devint petite et non conforme au mode de vie des français qui décidèrent de construire, pas loin de la Casbah, un tissu régulier et ouvert et qui devint après le quartier Stalingrad. En 1845, cette même extension connut une opération d'envergure qui fût le recouvrement (voir schéma ci-dessous) de l'Oued El Rehi pour établir dessus un boulevard baptisé après Stalingrad, et autour duquel s'élevèrent de nombreux équipements (Mairie, Préfecture, trésor public et services communaux). Ce boulevard constitua un espace de convergence et de centralité de la ville d'Oran pendant plus d'un siècle. Par ailleurs, et dans la même période, les français réalisèrent la dernière extension de la cuvette de Stalingrad avec la construction du quartier des << indigènes >> (appelé Médina Jdida). Pour que, à partir de 1930, les aménageurs français se penchaient vers le vaste plateau d'Oran et les avantages qu'offrait son site facilement exploitable. De nouveaux bâtiments s'y installaient et les équipements de la centralité (hôtel de ville, théâtre) rebondissaient autour de la place d'Arme (place du 1er novembre). De Gaulle intervint en 1959 par le fameux <<plan de Constantine>> qui a comme objectif la revalorisation des grandes villes algériennes par la construction d'importants établissements et de grandes infrastructures. De l'autre coté, Sidi Elhouari abandonné par les spéculateurs, stagna et commença à se replier sur lui-même, le quartier se dégrade et Stalingrade perd son attirance. La population Européenne <<bourgeoise>> décida de quitter le quartier pour occuper les nouveaux prestigieux quartiers de la ville (le front de mer), pour laisser Sidi Elhouari à une population Algérienne ou Espagnole n'ayant pas les moyens pour entretenir le patrimoine bâti.

Figure 19 : Profil schématique expliquant l'évolution historique du quartier. Source: Auteur.

Figure 20 : l'ancienne préfecture et le tramway d'Oran. Source:

pagesperso-orange.fr27 Figure 21 : le theâtre régional. Non classé.

Source : decouverte.algerie.free.fr

Figure 23 : l'extension de la ville vers l'Est dans

Figure 22: le trésor. Non classé. Source : pagesperso-orange.fr

les années 1950. Source: K.Metair : 8.

Il est à noté que dans cette période de la colonisation française, le quartier a connu un processus de classification des bâtiments à forte valeur patrimoniale (porte d'Espagne en 1906, la porte de Canastel et la porte du Santon en 1953, église Saint-Louis, le château Neuf, palais du bey et promenade de l'étang en 1952,mosquée de Pacha et la demeure de Bey hassan en 1954). Aujourd'hui, K.Metair (chargé d'urbanisme à la commune d'Oran) dans un article exposé dans le colloque international qui s'est tenu entre le 19 et le 21 octobre 2010, propose un projet de classement de tout le quartier de Sidi Elhouari.

(iv) La période d'après l'indépendance de 1962 à nos jours: Sidi Elhouari, un

quartier qui échappe à la réhabilitation?

Après l'indépendance, l'urbanisation de la ville d'Oran, continue à se développer sur le haut
plateau, vers l'Est, puisque la cuvette de Stalingrad s'est trouvée saturée à cause du massif de
Murdjadjou et l'installation des zones industrielle et la Sebkha(lac salé) au sud. Toute

27 http://pagesperso-orange.fr/roland.garcia/Photos%20Souvenirs.html

l'extension de la ville s'est faite en longueur vers l'Est. Pour guider et orienter la production des sol urbanisable, la ville a approuvé en 1977 son premier P.U.D (plan d'urbanisme directeur), mais il ne fût pas respecté et l'extension se développa rapidement et d'une façon anarchique. Par ailleurs, le quartier de Sidi Elhouari s'est trouvé isolé et le patrimoine bâti se dégrada d'une façon rapide. La ville d'Oran lança alors un POS (plan d'occupation du sol) en 1992, puis en 2002, puis un troisième en 2006, pour arrêter la dégradation du cadre bâti et réhabiliter le quartier, mais aucun de ces POS ne pouvait réussir ce projet qui parait, pour le moins, aux observateurs externes, comme une tâche aisée à finalité certaine. Mais le quartier ,pourtant riche en patrimoine historique, connait toujours (jusqu'à nos jours) une dégradation de son cadre bâti.

V. CONCLUSION GENERALE :

SIDI ELHOUARI, ENTRE TERRITORIALITE HABITANTE ET REHABILITATION
URBAINE : UNE STABILITE INCERTAINE ?

Dans la première partie du mémoire, nous avons démontré en explorant l'évolution de la notion du projet urbain, que ce dernier est le germe d'une dichotomie, entre le global et le local, nourrie par la montée du contentieux et le refus de toute planification faite a priori. Dans un souci de résoudre ces conflits là où ils sont nés, le retour au local s'est posé comme une échelle pertinente et fertile pour aborder la question urbaine, selon une démarche structurale de dépendance interne, avec l'introduction de l'habitant comme acteur au lieu de simple usager. Le projet urbain a libéré l'urbanisme du carcan de la procédure, qui conçoit la production de l'urbain comme l'agencement d'un ensemble de règles posées et conçues a priori. Enfin, aborder l'urbain comme une démarche contextuelle nous pousse à mettre l'accent sur le Flou qui texture le déroulement comme la stabilité du projet urbain.

Dans la deuxième partie, nous avons pris le <<local>> comme point de départ méthodologique pour comprendre les logiques qui sous tendent la re-production du local et qui se résument en deux points, <<tension et appropriation >>. Nous avons exploré la re-production du local à travers une grille de lecture comprenant trois notions: l'espace, le lieu et le territoire. A chaque niveau d'analyse, nous avons pu trouver que la re-production du local passe nécessairement par la résolution de cette tension, qui, elle, peut être traduite par une série de quatre ambigüités. La première concerne la question des références qui est hétérogène entre les acteurs. La deuxième ambigüité pose la question de l'interprétation de la mémoire du lieu et les expériences du passé. La troisième ambiguïté s'installe quant à l'interprétation du présent, donc de la vie quotidienne des habitants. Enfin, A travers l'exploration de l'objet de la gouvernance locale, nous pouvons poser La quatrième ambigüité autour de la question de la <<pertinence>> du territoire et la légitimité des conduites vis-à-vis les habitants. Cela nous pousse à reformuler notre hypothèse de départ et à en poser une deuxième :


· Le déroulement de la réhabilitation, selon la démarche de projet urbain, stagne essentiellement à cause l'inadaptabilité entre le territoire (le POS élaboré) et la << territorialité habitante >> (qui résiste).


· La seconde hypothèse se pose quant à la pertinence de la conduite et la conception de territoire, c'est-à-dire que la conception du POS avec sa << conduite >>, saisis comme orientation stratégique, ne prend pas assez en considération la territorialité habitante (l'usage de l'espace par les habitants).

Dans la troisième partie, nous avons cherché à comprendre les principes qui pourront nous permettre de saisir la << stabilité >> du projet urbain. Pour ce faire nous sommes passés par un état de l'art (non exhaustif) qui a trait aux modes de territorialité habitante et à l'action collective. Dans un premier temps, nous avons exploré avec A.Bourdin les modes de territorialité habitante qui se traduisent concrètement dans la sphère des <<représentations>> et des << pratiques de la vie quotidienne >>. Dans un second temps, nous avons exploré la notion de l'action collective avec M.Crozier, Firedberg et nous pouvons en tirer trois conclusions. Primo, la nécessité de rompre avec la notion du système à connotation déterministe et le remplacer par le système à caractère contingent et heuristique. Secundo, le pouvoir est au centre des rapports de régulation, et la règle, formelle ou informelle comme ressource à l'action. Tertio, la régulation de contrôle, c'est-à-dire du droit, a toujours une effectivité partielle. Sous l'optique de la théorie de la régulation sociale de J-D Reynaud, La territorialité habitante serait appelée << la régulation autonome >>, qui, selon lui, peut s'opposer à la régulation de contrôle et compromettre la stabilité de projet urbain, donc de la réhabilitation urbaine. Cela nous incite à poser une troisième hypothèse via laquelle, on stipule que : la stabilité de projet urbain reste non stationnaire et que sa mise en oeuvre nécessite un suivi et un contrôle, donc un rapport de force imposant l'ordre local, et cela à travers les deux régulations, de contrôle et conjointe. Voir Figure ci-dessous.

Figure 24 : le cadre conceptuel de l'analyse.

Nous avons présenté dans la quatrième partie un terrain d'étude, qui nous parait exemplaire pour deux raisons. Primo, il recèle une valeur patrimoniale très riche et reconnue due à une histoire tourmentée marquée par le passage de plusieurs civilisations. Secundo, la durée du projet de la réhabilitation de quartier qui, elle, a aujourd'hui dix hui ans et elle est encore incertaine. Cela étaye avec clarté notre questionnement qui a trait au temps et la stabilité du projet urbain d'où la pertinence du choix du quartier de Sidi Elhouri comme terrain d'étude. Toutefois, la vérfication des hypthèses et la validation des résultats nous pousse à compléter le choix des terrains d'étude par l'analyse d'un ou deux autres cas similaires. Nous pouvons choisir d'ajouter un autre cas dans le territoire algérien ou Francais.

REPÈRES MÉTHODOLOGIQUES:

Il nous parait à travers le cadre conceptuel que nous avons développé jusque là, que l'essence des actions ou des pratiques habitantes dépend non seulement de leur identité individuelle et collective et leur espace d'appartenance, mais aussi du projet de réhabilitation urbaine portée par les pouvoirs publics. Dans cette optique, l'approche globale nous parait pertinente à analyser pour pouvoir appréhender la territorialité habitante en ayant ce projet de réhabilitation comme background expliquant les actions habitantes. En s'appuyant sur le cadre conceptuel développé (voir schéma ci-dessus), inspiré de l'approche organisationnelle de Friedberg et de la théorie de la régulation sociale de J-D Reynaud, nous présentons notre esquisse méthodologique comme suit28 :

En premier temps, nous ferons une contextualisation à deux dimensions: (i) Contextualisation sociodémographique afin d'identifier le(s) quartier(s) par une série d'indicateurs, comme la catégorie socioprofessionnelle, le taux de chômage, la trajectoire de vie...etc.(ii) Contextualisation spatial en observant la qualité de l'espace public, des espace verts et la qualité des façades...etc.

Dans un second temps, nous procéderons par identifier << la régulation de contrôle » (règles du droit) et << conjointe » (la participation) dans une démarche diachronique. Pour ce faire nous procéderons en deux étapes : (i) Premièrement par la collecte de la littérature grise : à travers les documents produits par les pouvoirs publics, à savoir les cahiers de charges des POS. Ainsi que les documents de POS (règlements, documents graphiques et notes de présentation des règles) produits par les architectes-urbanistes. L'analyse sémantique de

28 L'esquisse méthodologique présentée n'a de linéarité que la présentation. La recherche sera entamée dans une démarche itérative et croisée.

cette base de données collectée doit nous permettre « l'identification spatiale » de la régulation de contrôle en termes d'organisation des pratiques existantes et projetées, droit de construction et utilisation du sol. (ii) Deuxièmement, nous entreprendrons une série d'entrevues semi-directive avec les pouvoirs publics, comme les maires, les directeurs d'urbanisme et ceux de la culture (vu qu'il s'agit d'un quartier à valeur patrimonial). Ainsi que les architectes urbanistes désignés pour mener cette étude. Notre guide d'entretien portera principalement sur : la participation directe des habitants à travers les réunions, les contraintes ou résistances qu'ils ont trouvées lors du montage du projet, le temps prévu pour cette opération de réhabilitation.

Dans un troisième temps, nous chercherons à identifier la territorialité habitante (régulation autonome), c'est-à-dire l'ensemble des pratiques et représentations habitantes qui ont trait au quartier comme espace de vie. Pour ce faire, premièrement on relèvera toutes les pratiques habitantes régnantes dans le quartier(s), et nous ferons aussi des relevés sur des maisons choisies pour l'enquête pour rendre tangible les modifications apportées au cadre bâti une fois comparés avec les plans conservés aux archives de la commune. Deuxièmement nous ferons des entrevues semi-directives auprès des habitants. Ces entrevues seront guidées par; la trajectoire de vie (lieu ou il habitait avant), leurs intérêts et leurs implications dans le projet de réhabilitation, leurs résistances et leurs craintes, et leurs réactions vis-à-vis la durée du projet, sur la possible réhabilitation privée du cadre bâtie, et enfin selon eux, qu'elle serait la solution à entreprendre.

Dans un quatrième temps, nous confronterons ce que nous aurions, produit et rassemblé comme matériaux, et recueilli comme témoignages. Cela doit nous permettre : (i) de jauger le décalage entre la régulation de contrôle (planifiée) avec la régulation autonome (effective); (ii) de saisir le jeu d'acteurs à travers les éventuels changements de règles (entre les différents POS).

La recherche que nous désirons entreprendre reste partielle dans la construction encore en vogue, longue et continue du projet urbain comme une manière de faire l'urbain. Notre apport se veut éclaircir, selon une optique régulationniste et organisationnelle, la durée du projet urbain et sa stabilité en confrontant le mode de territorialité habitante avec la conduite d'élaboration du projet urbain dans le cadre d'une réhabilitation urbaine.

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