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Problèmes et difficultés rencontrés par l'étudiant universitaire libyen dans l'apprentissage du français.

( Télécharger le fichier original )
par Bachir AL-KHATTABI
Faculté des Lettres de Sabrata - Master en français 2007
  

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Chapitre septième

Pour une ouverture réelle sur le monde :le passage d'une société quasi hermétique à une société ouverte.

Introduction :La société libyenne et l'hermétisme culturel

Quelles sont au juste les spécificités de la société conservatrice ?

D'abord,posons ouvertement la question suivante,qu'est-ce qu'une société conservatrice ?

Est-ce une société renfermée sur elle-même ?

Est-ce une société qui obéit volontairement à des règles de vie tout à fait particulières,

Est-ce une société qui applique une sorte de mode de vie qui n'est pas conforme à la nature des choses ?

Ou encore une société qui ne reconnaît d'autres lois que les siennes propres qui sont généralement d'obédience religieuse ou idéologique ?

Ce n'est pas tout cela,loin de là,une société conservatrice ,c'est une société ,fondée sur de caractéristiques essentiellement spirituelles et psychiques ,semble se suffire à elle-même

pénétrée du respect,de la vénération pour la puissance divine,d'oû elle tire toute légitimité et toute justice et même sa raison d'exister

Elle croit ne vive que pour cet objectif

La société conservatrice ne peut étendre sa vie ou son pouvoir d'exister au-delà de certaines limites :l'espace oû elle évolue s'en trouverait comme délimiter par des frontières que nul ne franchira

Et à l'intérieur de cet espace étroit semble se mouvoir suivant des actions et réactions constantes diverses de tendances idéologiques réligieues philosophiques ou politiques

La famille reste toujours une composante fondamentale de la société,qu'elle soit conservatrice ou ouverte,qu'elle soit de type tribal ou même patriarcal

La tribu est une petite société étroitement solidaire,liée par une manière de vivre et de penser uniforme,la tribu est une entité autonome presque totalement indépendante :elle constitue à elle seule une famille,mais une famille plus large et plus nombreuse que la famille proprement dite...

Or la société libyenne est à l'origine d'un certain nombre de tribus disséminés çà et là à travers le grand territoire libyen...mais en tout cas demeure de caractère et de nature homogène

Puisque tout idée d'hétérogénéité de la société libyenne est à écarter d'office,

la société dans sa nature composite est homogène ;car elle est nantie d'une seule identité individuelle ,en l'occurrence, la race libyenne fondée sur une seule doctrine religieuse

Par contre,notre société ,comme par ailleurs toute autre société est composée de couches sociales différentes..Il existe des frontières évidentes entre ces différentes stratifications sociales :ce n'est pas seulement au niveau matériel qu'on mesure ces différences,c'est aussi au niveau culturel :il y a des couches qui sont favorisées à la fois sur le plan matériel et culturel..

Il y en a d'autres qui restent par la nature des choses défavorisées à la fois sur le plan culturel comme sur le plan matériel

Ce qui est évident ,c'est que le traditionalisme se trouve toujours ancré dans les couches les plus défavorisées ce qui nous conduit à poser cette question cruciale : le traditionalisme est-il un avantage ou un désavantage pour le progrès social ?

Nous touchons maintenant au fond du problème :le traditionalisme est -il un obstacle à l'ouverture sur le monde ?le traditionalisme empêche-t-il la société d'évoluer ,d'accepter cette nouvelle forme de culture ,à savoir l'usage du feançais à côté de l'arabe ?

C'est vrai que c'est un problème difficile,puisque cela nécessite d'abord une réforme au niveau des mentalités en vue de faire prévaloir la portée de la culture française

1-Quelle place et quelle influence pour le français dans la société ?

Le français face à d'autres langues :si l'on juge le français en tant que de communication et de culture,l'on trouve qu'il est plus maniable,plus souple que toutes les autres langues de la planète !

Opposé à l'anglais,langue de commerce,de finance et d'industrie,le français est une langue qui se plie aisément à toutes les situations de communication ,épousant toutes les formes de pensée

Il est vrai que l'anglais est riche ;il est trop riche et même plus riche que le français ou que l'arabe,en raison bien entendu de la prolifération d'innombrables expressions issues de toutes les couches sociales d'une diversité extraordinaire ,soit aux Etats-Unis,soit dans les nombreux pays anglophones

Cet état de choses a permis à l'anglais d'occuper une place quasi privilégiée à l'échelle mondiale et dans les instances internationales

Alors que le français,lui aussi,enrichi incessamment par les pays francophones,qui sont en réalité moins développés que les pays anglophones,est resté quand même un instrument de communication verbale privilégié des sociétés bourgeoises et galantes ou de la vie mondaine...

Dès lors,on considère le français comme une langue moderne susceptible de favoriser le développement du savoir -vivre chez l'apprenant

Effectivement ,de nos jours,le français demeure la meilleure langue de la galanterie,de la mondanité et du savoir-vivre...

Nous avons déjà signalé que,grâce au développement des Salons au cours des siècles passés,le français avait pris son essor à travers l'Europe..

Ces Salons furent alors fréquentés par les écrivains les plus célèbres de France et c'est grâce à eux que le français a évolué de façon considérable et a franchi toutes les frontières des pays considérés comme fermés

De plus,on voit que dans les pays arabophones,les couches sociales supérieures (high society) enseignaient de façon particulière le français à leurs enfants...

Et quand on parle de cette langue,c'est pour dire le plus souvent qu'elle est réservée à la hiérarchie sociale dirigeante...

De nos jours,parler le français,cela ne relève absolument plus du snobisme,au contraire,on trouve cela tout à fait normal et qui s'insère de plus dans le cadre des conventions sociales tacites ...

Les pays francophones usaient exclusivement de cette langue dans leurs tractations commerciales et culturelles,en faisant apparemment fi de leurs propres langues,qu'ils jugeaient pour de bon comme insuffisantes ou incompréhensibles pour l'autre partenaire....

C'est pour dire que le français n'est pas seulement une langue ,elle est aussi et demeure toujours comme telle, une langue de savoir vivre et de relations entre les gens de la même société ou des sociétés différentes

Le français est une dynamique linguistique évolutive...

Actuellement,le libyen apprend le français dans le cadre d'une vision particulière

C'est ou bien pour décrocher un diplôme quelconque,ou bien pour entreprendre un voyage en Europe

Au cours de nos visites à des centres d'enseignement du français,(en dehors du système officiel),nous avons remarqué que l'on enseignait le français dans le but de préparer les apprenants à être de futurs touristes :le centre d'intérêt est toujours axé sur des thèmes courants tels que au restaurant (demander le menu ;choisir votre dessert,opter pour telle ou telle boisson ;payer l'addition ;donner un pourboire au garçon en lui disant merci avec un sourire artificiel)

Cet exemple illustre pleinement d'autres thèmes qui tournaient autour du même centre d'intérêt 

Le français n'a pas seulement pour fonction de matérialiser des thèmes de ce genre ;le français a une fonction plus noble,plus humaine

En plus de ses aspects multiples de la communication (cela s'insère dans le cadre de la pragmatique que le système d'enseignement actuel semble ne pas connaître) ;ses nombreuses tendances conversationnelles

Il est un autre point que nous devons souligner ici :c'est la société libyenne,le multimédia et le français  :

Ainsi un des moyens sûrs et efficaces ,comme chacun sait,pour apprendre une langue étrangère est probablement l'utilisation intensive du multimédia !

Toutes les méthodes d'apprentissage modernes d'ailleurs s'appuient essentiellement sur les mécanismes du multimédia pour transmettre aux apprenants un savoir programmé,rigoureusement élaboré et solidement charpenté52(*)...

L'efficacité du multimédia dans l'apprentissage du français est indubitable 

Donc il importe à nos institutions scolaires et universitaires de recourir au multimédia pour élargir les horizons intellectuels de nos jeunes étudiants et de moderniser du même coup le système éducationnel qui est devenu au fil des ans caduc,désuet ,impropre pour assurer le progrès souhaité dans le domaine de l'éducation et du savoir53(*):

-Le français est un outil de communication.

Le français est un outil de communication aux multiples aspects

Tous les pédagogues,les didacticiens et le monde des experts en matière d'éducation peuvent confirmer ce point de vue

Le français n'est pas seulement,comme nous l'avons souligné,une langue des sentiments et du savoir-vivre,c'est aussi et avant tout une langue de communication ,susceptible de mobiliser tout un arsenal d'expressions et de termes épousant toutes les circonstances et les situations d'échange verbal....

C'est pourquoi toutes les nations de la planète éprouvent du goût pour cette langue dont Rivarol dans son ouvrage fondamental intitulé »l'universalité de la langue française » avait largement état ,en s'appuyant sur des réalités concrètes,décrivant avec une sincérité à toute épreuve,l'expansion de cette langue à travers l'Europe et le monde

Grâce à sa souplesse et à sa fluidité qui ne se trouvaient-à part peut -être l'anglais-dans aucune autre langue de la planète

Depuis le retour de notre pays au sein de la communauté internationale,des visiteurs de presque toutes les nationalités commençaient déjà à affluer vers notre pays....

Or,ces visiteurs,venus des quatre coins de la planète,étaient des promoteurs des projets culturels,économiques ou sociaux,et pour faire comprendre leurs projets,ils étaient armés d'une seule langue,car une seule langue suffirait pour cela,à savoir le français..

Tous ces visiteurs potentiels étaient de haut rang,c'est-à-dire qu'ils occupaient des dignités de la haute hiérarchie dans leur Etat respectif

Ces personnalités qui n'étaient pas des français,mais qui parlaient le français d'une manière impeccable,ont eu besoin d'un interlocuteur valable,c'est-à-dire une personnalité libyenne de même rang qu'eux et qui s'exprimait impeccablement en français

C'est à ce point que nous devons nous arrêter,car c'est là le défaut de la cuirasse,puisque cette personnalité dont on a besoin d'urgence n'était pas là ;elle était absente ou pour dire franchement elle n'existait pas....On l'avait beau chercher,elle n'était nulle part !

Et ces visiteurs étrangers ,qui sont des investisseurs potentiels,venus pour servir notre pays,sont retournés bredouille,c'est-à-dire sans que les projets envisagés n'aient vu le jour

C'étaient en fait des projets morts-nés

Dans ce cas,à qui incombe la faute ?

Est-ce à notre système éducatif ?est-ce à notre Etat,qui ne semblait pas avoir tenu compte de la coopération entre les nations ?ou est-ce à nous-mêmes ,paisibles citoyens libyens,vivant le présent sans songer à l'avenir ?

En vérité,pour parler à coeur ouvert,le système éducatif,l'Etat,c'est nous et par conséquent nous sommes tous responsables devant cet état de fait,de cette lacune ou même pourquoi pas ?de cette catastrophe,de ce désarroi que nous supportons avec résignation mais aussi avec beaucoup de regrets...

Or apprendre le français non pas pour être de futurs touristes,mais pour utilisateur potentiel de cette langue dans toutes les circonstance

La plupart du temps on insiste de manière exceptionnelle sur l'enseignement de l'oral

Il est vrai néanmoins que l'oral est un pilier essentiel dans l'apprentissage d'une langue54(*)

Surtout au stade préliminaire de cet apprentissage ,mais nous pouvons souligner que cela n'est pas suffisant pour donner à l'apprenant le bagage linguistique nécessaire pour pouvoir l'utiliser à bon escient

Or la graphie,comme la phonie,demeure une nécessité absolue dans tout apprentissage d'une langue, et en particulier le français,dont l'orthographe semblait être ,au fil du temps,la bête noire de tous les français eux-mêmes :pour eux,nous voudrions dire les français,celui qui maîtrise l'orthographe,rien que l'orthographe,est capable dès lors de maîtriser la langue55(*)..

C'est en connaissance de cause que nous affirmons cela :l'écriture doit occuper une place fondamentale dans notre système d'enseignement ....c'est un point capital qu'il ne faut jamais méconnaïtre ou ignorer

Nous osons dire cela, parce que au cours de nos visites dans les départements de français,nous nous sommes rendus compte que les enseignants privilégient l'oral d'une manière quasi exclusive,sans prendre en considération l'importance de l'écrit,surtout à cette phase d'apprentissage

D'autre p)art,si l'élocution est très indispensable dans tout type d'apprentissage ,il n'en demeure moins que l'écrit ,lui aussi,est très nécessaire,car l'écrit,dans notre système d'enseignement actuel demeure lacunaire ,insuffisant,inefficace et inopérant

Nous reparlerons de ce problème avec plus de détails dans le chapitre suivant

-Tout progrès ,de quelle que nature qu'il soit,est subordonné à l'usage des langues étrangères.

Le français est-il nécessaire dans notre pays? Le français, de nos jours,s'avère de plus en plus nécessaire à la marche de la vie sociale, économique et politique de notre pays. Contrairement à ces esprits malades qui ne voient dans cette langue qu'un moyen d'acculturation ou d'effacement d'identité, le français,en dépit des moyens matériels insuffisants, occupe de nos jours une place quasi privilégiée dans nos institutions d'enseignement, puisqu'on se rend compte que le français n'est pas seulement véhiculaire de la technologie et d'autres disciplines scientifiques, d'ailleurs d'importance vitale pour notre évolution vers les progrès modernes,n'en demeure pas moins un outil indispensable dans nos relations quotidiennes. Sa nécessité demeure donc plus que primordiale et son apprentissage pour les générations présentes et à venir est déjà au centre des préoccupations des autorités officielles.

Au niveau des organisations à vocation économique et même culturelle, le français constitue un instrument impératif, voire bénéfique pour l'établissement des rapports humains à l'intérieur et à l'extérieur de ces secteurs productifs. C'est pourquoi l'on ne saurait s'en passer sans tomber dans une espèce de marasme économique réel.

Depuis qu'on a pris la décision de procéder officiellement à une réforme de l'enseignement de cette langue, en vue de la relancer sur des bases moins traditionnelles et plus pratiques, selon la conception des anciens responsables de l'éducation, le français a commencé dès lors à prendre du recul dans le pays, les méthodes d'apprentissage accusent des lacunes, se révèlent trop arides, moins souples, moins malléables que par le passé, une telle rigidité rebute en quelque sorte nos jeunes qui le trouvent très fastidieux, voire difficile à assimiler, ce qui les pousse à ne plus y donner une grande importance, en dépit de leur attachement pour cette langue56(*)...

Toutefois,le français ne demeure pas pour nous le seul outil indispensable pour nos rapports avec le monde extérieur. D'autres langues vivantes sont également très nécessaires. Où en est-on alors de leur enseignement? Sont-elles appréciées par la génération présente? Est-on parvenu à les assimiler et à en connaître les secrets? Certes si l'Etat attache une importance quasi particulière à l'étude des langues vivantes dans les institutions scolaires et universitaires, le public qui est directement concerné, répugne à s'y appliquer et voit dans les langues étrangères une forme d'aliénation des esprits. C'est pourquoi l'étude des langues est restée jusqu'à nos jours au stade préliminaire et n'a guère avancé,ce qui a pour effet de torpiller systématiquement les objectifs de l'Etat en ce domaine.Le français,tout comme l'anglais d'ailleurs,n'a pu être maîtrisé par la génération universitaire actuelle, pourtant l'on constate de nos jours que ces deux langues sont les plus répandues de par le monde, aussi bien sur le plan technologique, commercial que littéraire. Il demeure cependant impératif de se pencher sur ce problème et d'y voir ce qui entrave la vulgarisation libre et spontanée de ces langues parmi la masse universitaire et scolaire. Rares sont ceux qui maîtrisent effectivement l'anglais ou le français et l'on rencontre même des docteurs dans ces deux disciplines qui sont loin d'en avoir une maîtrise parfaite.

Les langues étrangères que nous sommes désormais condamnés à connaître, ne sont pas une forme d'impérialisme culturel, encore moins des facteurs d'effacement d'identité, au contraire, elles sont nécessaires dans la mesure où elles nous permettront d'avoir accès à l'univers technologique, social, économique des pays qui avaient franchi d'énormes étapes dans la voie du progrès humain, c'est là l'objectif essentiel de la connaissance des langues. Autrement l'on serait réduit à consommer passivement tout ce que pouvait créer le monde occidental sans qu'on puisse avoir la moindre idée du progrès accompli jusqu'à nos jours. D'où il résulte que l'enseignement des langues demeure nécessaire et impératif, si l'on veut que nous ne perdions pas l'espoir dans le progrès et la prospérité à tous les niveaux57(*).

D'autre part, on se rend compte de nos jours que le français a déjà perdu sa vitalité et son influence et qu'il est en effet en régression radicale.

Savons-nous pourquoi cette langue est en agonie, en dépit de la place importante qu'elle occupe dans les programmes? Comme nous l'avons déjà affirmé précédemment, le français a déjà perdu son pouvoir sur les esprits. Le milieu socioculturel ne favorise pas la floraison de la culture et de la langue françaises. Le système éducationnel, qui se penche exclusivement vers l'arabisation intégrale, n'offre pas à l'élève la nourriture suffisante en matière de français. Outre l'absence totale des manuels sur le marché, l'abandon quasi général de cette langue se manifeste à tous les niveaux.

Par ailleurs, les étudiants même , avec lesquels nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour les amener à maîtriser les mécanismes de cette discipline, en raison évidemment de l'environnement social qui ne s'y prête guère avec aisance, s'y montrent rétifs, parfois même récalcitrants, refusant obstinément tout contact immédiat avec cette langue,qu'ils jugent incommode et non conforme à leur goût. De même que les cadres moyens et supérieurs, qui sont censés d'ailleurs être en contact avec le progrès et la modernisation, répugnent à apprendre le français qui s'avère, selon eux, impénétrable et difficile à acquérir58(*).

A vrai dire, le français dans notre pays, c'est la débâcle, c'est la fin, la preuve en est que personne ne s' intéresse à cette langue, même le public scolaire dans sa plus grande majorité, comme nous l'avons réitéré plus d'une fois, n'y attache guère d'importance. De ce fait, l'enseignement essuie un échec sérieux, car l'opposition qu'il affronte est des plus farouches D'ailleurs il n'y a pas eu lieu de s'inquiéter la dessus, puisque le destin de cette langue était prévisible depuis la dernière décennie, depuis qu'on a lancé la campagne pour l'arabisation radicale et la mise à bas toute forme de culture étrangère. Alors comment remédier à cette régression? Pour rétablir le français dans la place qu'il occupait au sein de la génération précédente, au moins au niveau du public scolaire, il convient impérativement de le restaurer au niveau des examens et concours nationaux pour les futurs boursiers d'Etat à l'étranger de l'y inscrire comme une langue obligatoire, au même titre que les autres matières fondamentales. Car il ne suffit pas aux yeux de la population scolaire de lui attribuer une importance particulière par rapport aux autres matières, mais de lui réserver une place authentique dans l'ensemble des programmes en lui conférant alors un caractère obligatoire. C'est à ce moment que l'étudiant naturellement attiré par des considérations relevant exclusivement de la notation prendra du goût pour l'étude du français, et s'y consacrera avec sérieux et beaucoup de volonté, parce qu'il s'y sentira désormais motivé.

Oui, l'engouement de l'étudiant, son attachement irréductible, sa soif du savoir, vont toujours vers les matières qui lui procurent le plus de notes possibles aux examens.

C'est une vérité indéniable et tout le monde s'accorde sur ce point. Ce n'est pas tout, la restauration du français aux examens et concours permettra d'emblée de stimuler parmi le grand public une sorte de motivation spontanée, un penchant irrésistible vers la connaissance et la maîtrise de cette discipline. Ce qui aboutit en fin de compte à une généralisation bénéfique de l'enseignement du français et à sa propagation à toutes les classes de la société.

Restent alors la production et la vulgarisation des manuels, instruments irremplaçables qui favorisent la réalisation de cet objectif primordial. Les manuels importés, bien qu'ils soient loin de répondre aux critères du milieu socioculturel de l'étudiant, pêchent encore par des lacunes déplorables, touchant plus particulièrement notre civilisation et nos traditions séculaires,car jamais ils ne font allusion de loin ou de près à notre culture ,encore moins à la culture arabo-musulmane, ces manuels sont d'un apport en tout cas indéniable pour la maîtrise de la langue et la connaissance de ses secrets, sans parler des considérations historiques et civilisationnelles qui par ailleurs très indispensables pour l'élargissement de nos horizons culturels.

C'est ainsi que pour reconstruire notre système didactique sur des bases consistantes, il est impératif de revoir la méthodologie actuellement en vigueur et d'y apporter les améliorations nécessaires, en particulier au niveau de l'apprentissage grammatical, de reconsidérer le contenu intégral des programmes, d'en faire table rase et d'en établir d'autres plus authentiques et plus riches, susceptibles de stimuler la création et d'aiguiser la réflexion des étudiants59(*).

Il est également grand temps de se pencher sur le problème des enseignants en insufflant en eux la volonté de faire plus d'effort en vue de réaliser davantage de progrès dans leurs domaines respectifs de consolider leur culture générale, d'enrichir amplement leurs connaissances en matière de la langue qu'ils enseignent. D'ailleurs sont-ils au courant de la vie intellectuelle du pays? Réagissent-ils aux manifestations culturelles périodiques? S'intéressent ils à la connaissance des progrès accomplis dans le domaine du savoir humain? Sont-ils disposés à donner de l'importance aux idées nouvelles et d'en discuter en conséquence?

Certes, de nos jours, rares sont les enseignants qui consacrent leurs loisirs à élargir leurs horizons intellectuels en se passionnant pour tout ce qui se publie dans l'univers des connaissances humaines. Ainsi l'absence de curiosité, le manque de passion pour les idées nouvelles, l'indifférence à tout ce qui se publie dans notre société, engendrent à coup sûr une rechute au niveau des connaissances, en déterminant inéluctablement la baisse de la rentabilité et de la compétence. L'indifférence,pour ne pas dire le mépris,avec lequel l'on gratifie souvent les nouvelles publications est une preuve irréfutable. Car la majorité de ce beau monde se réfugie parfois dans une espèce de ladrerie quasi étrange, lorsqu'il s'agit de l'acquisition des ouvrages d'esprit, où ils auraient pu à juste titre recueillir ce qui est nécessaire à leur métier tout en enrichissant leur bagage intellectuel, mais par malheur, on lésine, l'on se montre d'une avarice plus que bizarre quant à l'acquisition de ces instruments indispensables à notre carrière, peut être soit par absence de ressources suffisantes soit parce que le prix,à leurs yeux,en était extrêmement exorbitant.

Toutefois, il appartient à ces timoniers de l'avenir, à ces artisans du monde de demain, à ces sculpteurs d'hommes, de s'intéresser un peu plus davantage à leur formation intellectuelle, de s'y livrer sans répit, car le monde évolue sans cesse et tout est en mouvement et si l'on s'obstinait à ne pas évoluer, l'on se priverait de la joie du progrès et du bonheur de la réussite.

Comment pouvez vous alors avoir une prise de conscience réelle de l'importance de votre noble mission? Il s'agit évidemment d'être ouvert, d'être à jour et de connaître les problèmes cruciaux de l'heure, d'affermir votre volonté dans le progrès sous tous ses aspects et de ne pas se borner au culte des choses futiles, dont vous ne récolterez rien, et qui sont pour vous autant de perte de temps, de ce temps que vous devriez d'ailleurs exploiter dans ce qui est profitable.

Certes votre mission est très pénible, puisque vous avez affaire à des étudiants parfois terribles, difficiles, souvent imperméables à la culture et au savoir. Il n'appartient cependant qu'à vous de les rendre plus malléables, plus aptes à comprendre les choses de la vie et d'être à même d'assimiler ce qu'on leur inculque, pour devenir plus tard de vrais citoyens. C'est une besogne difficile certes,mais vous devez accepter tous les problèmes qu'elle soulève, problèmes que vous ne devrez pas manquer d' affronter avec courage et détermination.

Or vous ne pouvez jamais faire face à ces problèmes que lorsque vous y êtes préparé, soit par votre longue expérience dans le domaine et par votre culture soit par votre ingéniosité de vouloir s'en sortir par les moyens disponibles. Mais la majorité des collègues,au moindre petit obstacle, se laissent abattre en abandonnant tout au hasard. Cette faiblesse qui est due en effet à une démoralisation quasi totale, ne pourra que contribuer davantage au désarroi et au désespoir dont on est déjà accablé, conséquence des circonstances matérielles insurmontables.

Il convient donc de se faire une idée nette de la mission que la société vous confie et de procéder à un examen autocritique, afin de mettre en évidence les points faibles, tant au niveau de vos connaissances intellectuelles que de votre personnalité et d'y remédier, ce qui vous permettra alors de concevoir aisément une vision globale de l'importance de votre carrière.

S'attacher à élargir le champ de notre savoir, mettre en relief les lacunes que nous traînons avec nous tout au long de notre vie passée, combler ces lacunes grâce à une étude assidue et sérieuse, réaliser des progrès adéquats et ingénieusement conformes à notre aspiration, voilà en fait ce qui contribue à nous faire sortir de l'impasse où nous végétons.

Alors y aura-t-il bientôt une nouvelle renaissance du français? Une langue, comme le français, ne peut s'acquérir que par des efforts permanents, une action authentiquement concrète, issue d'une motivation profonds et réelle, sans oublier le goût psychologique qui n'en contribue pas moins à rendre cette tâche plus aisée et plus réalisable. Une formation solide des jeunes en cette discipline, nécessite en effet une planification rigoureuse des programmes, une large vulgarisation des manuels conçus selon des critères socio-économiques inhérents à notre société et non pas en référence à des réalités sociales qui n'ont aucun rapport avec le milieu de l'étudiant.

L'étude de la langue ne se borne pas, comme on a tendance à le faire jusqu'à nos jours, à l'exploitation d'un lexique figé, en oubliant délibérément de souligner les principes qui sont à la base de la structure de la langue: c'est là l'erreur fondamentale dans laquelle s'enlise l' enseignement de la grammaire, qui prend d'ailleurs sa source dans une réforme entreprise par le C. R E. D. I. F dont tous les travaux en ce sens n'ont pas par ailleurs abouti à des résultats probants.

On peut dire sans nous tromper que la grammaire fut délaissée par notre enseignement, ce qui a provoqué comme conséquence logique de cet abandon une régression lamentable au niveau des connaissances en cette langue. Les étudiants, quel que soit leur niveau, lisent mal le français; ils sont incapables de le comprendre et de s'en servir pour s'exprimer, butant constamment à des difficultés grammaticales et lexicales. La baisse du niveau est un phénomène connu parmi le public universitaire. C'est alors qu'une réforme radicale en ce domaine doit être entreprise en vue de remédier à cet état de choses, en restaurant la langue, qui est un outil usuel dans notre enseignement, ce qui assure l'élévation du niveau des connaissances et d'être à même de répondre à l'évolution du monde moderne.

Conclusion 

* 52 Consulter à ce sujet le mémoire de recherche intitulé utiliser internet dans les activités pédagogiques en classe de FLE de B.de CrèveCoeur Universit& Paris 3 Sorbonne nouvelle voir aussi la revue Médialog n°37 en particulier l'article ayant pour titre Vers l'espace langues multimédia publiée par A.Cazade et A.Mounory (2000)

* 53 -l'ouvrage de M.Barbot et C.Camarri Autonomie et apprentissage ,l'innovation dans la formation ,Paris,Puf 1999,trace les stratégies de ce renouvellement

* 54 Voir à ce sujet l'ouvrage conçu sous forme de fichiers de D.Collin,M.Delforge,intitulé « d'une langue à l'autre :fichiers d'activités de français » Labor/Bruxelles/Belgique 1996 59p on peut consulter dans le même contexte le livre JM.Care et F.Debyser « Simulations Globales » CIEP/Sevres/France 1995 c'est un ouvrage très riche et s'appuie essentiellement sur l'expression orale,suivant une méthodologie appropriée...

* 55 Un des meilleurs livres qui traitaient de la question reste pour nous celui de A.Braun et G.Forges intitulé « écrire en français au primaire » De Boeck Université/Bruxelles/Belgique 1997 129 p

* 56 Consulter dans ce contexte l'article de valeur de H.Knoerr et A.Wieinberg ayant pour titre « la leçon zéro ou comment enseigner à apprendre » Revue de L'ACLA 1997 n°2

* 57 Se référer à l'ouvrage de C.Marcus intitulé « Français langue seconde :lectures pour les collèges » CRDP/Grenoble/France Delagrave/Paris,1999,227 p. Enseignement de la langue et dialogue entre les cultures :c'est le fruit des résultats des expériences faites par des enseignants avisés.

* 58 Un des meilleurs articles qui traitent du problème de l'interférence linguistique ,c'est celui BIER Bernard ayant pour titre suggestif « pratiques langagières urbaines :enjeux identitaires enjeux cognitifs » Vei Enjeux,Septembre 2002, n°130

* 59

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