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L'accès de l'extrême-gauche aux médias en période électorale

( Télécharger le fichier original )
par Gilles Simon
Université Libre de Bruxelles - Master en Sciences Politiques 2008
  

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V. CONCLUSION

Le Titre I étant notre préambule, c'est dans notre Titre II que nous avons relevé, pour commencer, l'existence d'un embargo médiatique, d'une << censure par excès >>.

Dans un premier temps, nous avons commencé par battre en brèche l'argument de la Loi de la majorité, dont les journalistes se servent copieusement pour se déresponsabiliser sur le sujet.

En effet, après avoir mis en évidence l'existence d'un cercle vicieux << absence d'exposition médiatique - absence de résultats électoraux >>, nous avons vu que cette loi était à géométrie variable (épisode de Rudy AERNOUDT, et les 10 % que pourrait faire l'ExtrêmeGauche).

Dans un deuxième temps, nous sommes passés à la mesure proprement dite. Nous avons tout d'abord appris que des journalistes politiques de renom n'avaient plus parlé de l'ExtrêmeGauche depuis plus d'un quart de siècle. Nous avons aussi vu que les quatre << grands >> partis francophones représentent près de 97% des invités politiques francophones du dimanche midi. Nous avons ainsi constaté une sous-représentation de certains << petits >> partis, dont ceux d'Extrême-Gauche.

Ensuite, nous avons montré que, non seulement cette exposition médiatique était inférieure à la représentativité électorale, mais que ladite exposition était en outre concentrée dans le calendrier et dans la grille, tout en étant limitée en terme de minutes et compensée par une << double ration >> de partis traditionnels.

Enfin, après avoir remarqué que sur Internet, la situation était loin d'être mauvaise en terme quantitatifs (4% de présence dans le Talk élections de RTL TVI), nous avons précisé que l'audience n'était pas la même et, introduisant ainsi déjà la suite de notre développement, qu'un biais qualitatif venait tout balayer.

Dans un troisième temps, nous avons introduit le concept de débats << vraiment faux >>. Ainsi, en l'espace de trois mois, malgré une bonne vingtaine d'émissions du dimanche midi portant sur la crise, jamais l'Extrême-Gauche ne fut invitée à donner son avis, alors même que lorsqu'on débat de la direction que le pape donne à l'Eglise catholique, l'Opus Dei est convié.

Parallèlement, nous avons constaté une sureprésentation chronique des faits divers et de la crise communautaire (des dossiers fustigés par l'Extrême-Gauche) par rapport à certains dossiers portés par l'Extrême-Gauche, en l'occurrence celui des Sans-papiers.

Nous en avons aussi profité pour toucher mot de la problématique des invités permanents (représentant, à douze, 36% des invités dominicaux), faisant que ce ne sont pas des éléments socialistes du Parti Socialiste qui promeuvent ce parti.

Ceci étant, l'embargo médiatique n'est pas la seule épine dans la rose médiatique. Vient en effet s'y greffer, en ce qui concerne l'Extrême-Gauche, un biais qualitatif, objet de notre Titre III.

Et dans un premier temps, après avoir questionné l'opportunité d'un tel biais, nous avons amené le concept de débats, cette fois, << faussement vrais ». A cette fin, nous avons évoqué les perpétuelles allusions à l'URSS et les recentrages immédiats, lorsque l'Extrême-Gauche tente de s'affranchir de son étiquette d'extrémiste pour se réclamer simplement de Gauche.

Dans un deuxième temps, nous avons vu que l'Extrême-Gauche passait, dans les médias, pour un bord politique résolument tourné vers le passé. Economiquement dépassé, et dans un combat n'ayant plus de sens aujourd'hui.

Dans le même ordre d'idées, nous avons évoqué ces euphémismes pacificateurs (troquant, notamment, le concept de << classes sociales » pour celui de << couches sociales »), des euphémismes faisant passer le vote Extrême-Gauche pour superflu.

Nous avons aussi vu que, si cela ne suffisait pas à couper l'envie d'un vote à << la Gauche de la Gauche », les journalistes pouvaient toujours faire dans la dérision. En vissant, comme Grégory GOETHALS, une casquette de travers sur leur tête, ou en demandant si la participation aux élections ne relève pas plus d'un << coup de gueule » que d'un << vrai programme avec des vraies idées ».

Dans un troisième temps, nous avons fait le constat que l'Extrême-Gauche passait également, dans les médias, pour un bord politique résolument dangereux. Avec une association très claire à l'Extrême-Droite au pire, à Jean-Marie DEDECKER au mieux. Avec, aussi, la

dénonciation d'un obscur noyautage des syndicats et d'un usage de la violence (avec, en prime, des << positions équivoques à l'égard du terrorisme islamiste >>).

Nous avons alors conclu, en partant du principe que l'électeur moyen connait l'offre politique à la gauche du PS et d'Ecolo (ce qui n'est pas gagné, au vu de notre Titre II), que ladite offre a peu de chances de lui paraitre séduisante, en vertu des éléments développés dans notre Titre III.

Et que c'est l'Extrême-Gauche, et non les << petits >> partis dans leur ensemble, qui sont marginalisés médiatiquement, puisque des partis comme le RWF, s'ils font globalement aussi l'objet d'une sous-représentation, en revanche ne font pas l'objet d'un biais qualitatif.

Est venu alors notre Titre IV, qui avait pour but de mettre en évidence les raisons à même d'expliquer cette marginalisation médiatique de l'Extrême-Gauche dans la partie francophone de notre plat pays.

Dans un premier temps, nous avons abondamment parlé du rôle joué par la possession. Pour ce faire, nous avons d'abord mis en évidence, d'une part l'influence des annonceurs (la radio pouvant ainsi se permettre d'inviter Mateo ALALUF, les mesures d'audience s'y faisant tous les six mois, et non tous les jours comme à la télévision), et d'autre part le rôle de la concentration (avec ces pages communes sur l'Economie, entre La Libre Belgique et La Dernière Heure/Les Sports).

Et vu que posséder des médias est moins affaire de plus-value économique que de plus-value idéologique, nous nous sommes forcément interrogé sur l'existence d'une censure. Nous avons alors vu que, s'il y avait bien de temps à autre des incidents (Le Vif/L'Express à l'hiver 2009), la plupart du temps la censure s'avère inutile, ce qui nous renvoyait déjà à d'autres pistes, explorées dans un deuxième et un troisième temps.

D'ici là, restant sur la problématique de la possession, nous avons consacré plusieurs pages au service public, et plus particulièrement au Conseil d'administration de la RTBF, officiellement politisé (on parle même d'administrateurs << relais des partis >>). Et nous avons mesuré que, si le PS a une majorité absolue dans ce Conseil, cela ne se traduit pas pour autant par une présence accrue à l'antenne, tout du moins au niveau des invités politiques. En revanche, nous avons noté que, sans l'émission du 17 mai 2009, aucune de la quarantaine de semaines d'émissions de la saison de Mise au point n'aurait vu la venue d'un parti ne siégeant pas audit

Conseil, chose d'autant moins défendable que la RTBF est financée par l'ensemble des contribuables, en ce compris donc des contribuables votant pour des << petits >> partis. Cette politisation, faisant que l'argument de la raison ne prime pas dans les décisions (avec, notamment, un conditionnement des carrières), parait d'autant plus surréaliste à partir du moment où elle est dénoncée par des Johanne MONTAY, dont on a pourtant pu remarquer par ailleurs l'hostilité aux thèses développées dans ce Mémoire.

Cette partie sur les possessions fut éclairante en regard de notre question de Mémoire puisque, en vertu du principe de jouissance de sa propriété, il est raisonnable de penser qu'un média est la caisse de résonance de son propriétaire. Or, si l'Extrême-Gauche possède bien quelques antennes médiatiques, celles-ci ne font pas le poids face aux médias dominants. Des médias sur lesquels l'Extrême-Gauche n'a pas prise, contrairement au Parti socialiste ou à Ecolo, en ce qui concerne la Gauche et le service public.

Dans un deuxième temps, nous avons évoqué les ponts entre le monde des médias et les mondes politique et économique. Tout d'abord en parlant du Cercle de Lorraine, ce lieu huppé destiné à tisser des << liens forts >> entre ses membres (sachant que le Cercle ne compte pas de cadres du parti Ecolo, ni même de syndicalistes). Le souci, ici, c'est que lesdits liens induisent une probabilité accrue que les hommes de médias présents se transforment en porte-voix de leurs amis du Cercle. Que, à tout le moins, ils véhiculent les mêmes valeurs.

Toujours au sujet des ponts, nous avons aussi parlé des conséquences d'une relation sur le long terme, et par moments plus informelle, entre médias et politique. Sur le sujet, les journalistes rencontrés sont montés sur leurs grands chevaux, vantant leur capacité à faire la part des choses, leur capacité au professionnalisme. Le problème, c'est que, là encore et comme nous l'avons constaté plus loin, cette capacité est à géométrie variable.

Dans un troisième temps, nous avons parlé orthodoxie et hétérodoxie. Au sujet de l'orthodoxie tout d'abord, nous avons avancé l'idée qu'il y avait une sorte de promotion des journalistes bien-pensants. Un << écrémage >> faisant que le sentiment de liberté des journalistes est authentique. Et ce sentiment de liberté, en l'occurrence quant au fait de ne pas parler de l'Extrême-Gauche, on ne le retrouve pas uniquement dans les sommets hiérarchiques. En effet, il s'avère que le profil sociologique des étudiants en journalisme fait que, l'Extrême-Gauche, on connait assez mal, à la base. Que les mouvements sociaux, on n'a jamais vraiment baigné dedans.

En ce qui concerne l'hétérodoxie, on a noté que bien des journalistes << tendance gaucho >> (Wahoub FAYOUMI, Gérard DE SELYS ou Martine VANDEMEULEBROUCKE) connurent et connaissent encore des problèmes dans leurs carrières suite à leurs inclinaisons idéologiques, quand bien même ces inclinaisons restaient sans conséquence dans leur traitement de l'information. Une capacité au professionnalisme à géométrie variable, disions-nous. Et c'est d'autant plus flagrant que cela ne concerne pas une Hakima DARMOUCH, pourtant ancienne porte-parole de Louis MICHEL.

Dans un quatrième temps, enfin, nous avons abordé le thème de la précarisation, que nous avons voulu présenter sous une double facette. La première facette, économique, concernait la multiplication des pigistes et autres stagiaires, des statuts ne mettant pas en position de << faire des vagues >>. La seconde facette, corollaire de la première, nous l'avons appelée << Syndrome Jean-Pierre MARTIN >>, du nom de ce journaliste de RTL TVI traitant bien souvent trois dossiers internationaux dans un même journal télévisé. Pierre BOURDIEU nommait cela << fast-thinking >>, une façon de faire étant propice au recyclage d'idée reçues, et donc peu propice à la diffusion d'idées non reçues, comme celles d'Extrême-Gauche. Et c'est là-dessus que nous avons clôturé notre Titre IV.

Ce qu'on peut retirer de ce Mémoire comme enseignements, c'est globalement deux choses.

D'une part, l'Extrême-Gauche francophone belge est marginalisée dans les médias francophones belges. Elle l'est pour deux raisons. Premièrement, son exposition médiatique est inférieure à sa représentativité électorale. Deuxièmement, elle fait l'objet d'un biais qualitatif.

D'autre part, on ne peut pas dire que cette marginalisation soit le résultat d'une stratégie. Car, si le principe de la jouissance de sa propriété va dans ce sens, en revanche la thématique des possessions est à compléter de trois éléments. Premièrement, les liens tissés entre les médias dominants et leurs homologues des mondes politique et économique. Deuxièmement, l'écrémage. Et enfin, troisièmement, la précarisation.

A reprendre, à nouveau, une formule d'Alain ACCARDO, on dira que << Il n'est pas nécessaire que les horloges conspirent pour donner pratiquement la même heure en même temps >>. Ou encore, le plus simplement du monde : pas de stratégie, mais au final une même issue cependant, à savoir la marginalisation.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille