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La problématique du travail des enfants dans l'arrondissement de Godomey

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par Henri Judicaël KANHONOU
Université d'Abomey Calavi - Maitrise 2010
  

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I-3- Justification du choix du sujet

Tout fait social est toujours étudié dans un espace et dans un temps précis. Godomey a été choisi comme cadre de cette étude pour plusieurs raisons. Etant donné que toute recherche commence toujours par un constat, le plus souvent fruit d'une observation, la présente recherche a été portée sur Godomey parce que marqué par un phénomène dont la persistance a réveillé notre esprit scientifique : le travail des enfants. Ce constat pourrait ne pas faire l'objet d'une recherche s'il se limitait seulement à quelques enfants. Mais sa généralisation pose sans aucun doute un certain nombre de problèmes. Le travail des enfants, tel qu'il se présente touche toutes les communes du Bénin. Son ampleur est donc nationale. En vue d'objectivité, de concision et de contraintes financières, l'étude a été limitée à Godomey. En effet, partageant les limites de la commune de Cotonou, où le travail des enfants est une évidence, Godomey aussi se trouve au coeur de cette réalité.

Par ailleurs, il s'agira aussi de faire ressortir les particularités de ce milieu face au sujet d'étude.

La partie suivante présente un aperçu des ouvrages lus et la méthode d'étude adoptée.

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I-4 Revue de littérature

« La recension des écrits constitue la pierre angulaire de l'organisation systématique d'une recherche. Aucun chercheur sérieux n'oserait entreprendre une recherche sans avoir au préalable vérifié l'état de la question au niveau des écrits sur le sujet investigué » (ASSABA 2002).

C'est fort de cela que des informations ont été recueillies sur le sujet qui fait objet de recherche.

Les écrits sur le travail des enfants ont fait l'objet d'étude des chercheurs. Seulement, force est de constater qu'il existe très peu d'ouvrages sociologiques sur le travail des enfants. Ces écrits existant posent un diagnostic sommaire qui fait état des causes, des conséquences et de l'ampleur grandissant que prend le phénomène. D'autres abordent les stratégies de lutte contre le travail des enfants. Le principal objectif est l'élimination des formes les plus pernicieuses de l'exploitation des enfants. Il est à remarquer aussi que le travail des enfants est un mal qui mine le monde entier ; car tous les continents connaissent à des degrés divers cette réalité.

En effet, en Europe par exemple, selon les auteurs ARIES (1975) `'L'enfant et la vie familiale sous l'ancien Régime» et MANIER (2003) `'Le travail des enfants dans le monde», le travail des enfants existe depuis l'antiquité. L'enfance étant une période courte en raison de la faible espérance de vie, les jeunes filles sont mariées tôt (14 à 15 ans) et les enfants participent aux tâches domestiques et agricoles. Le cercle familial est le principal « lieu de travail », les enfants participant ainsi à l'économie du ménage. En plus, si les garçons apprennent progressivement le métier du père, les filles sont éduquées à la tenue de la maison. Mais à partir du Moyen-âge, les enfants commencent à travailler hors du foyer pour répondre à la fois à la demande d'employeurs recherchant une main d'oeuvre peu coûteuse et au besoin des familles pauvres de subvenir à leurs

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besoins. La révolution industrielle était aussi une opportunité pour les industriels d'exploiter les enfants.

En Afrique par contre, comme le soulignait GBESSEMEHLAN et al (1989), l'enfant occupe une place de choix au sein du groupe social. Considéré comme une incarnation des ancêtres, il est le signe de leur présence et est une source de bonheur encore plus pour les époux. Etant donné qu'il stabilise les couples, il est également une garantie des parents pour leur période de vieillesse. Ce qui fait qu'il était très intégré au groupe auquel il appartient.

Dans les milieux traditionnels, l'enfant vit en groupe où il subit une éducation. Selon ADEPOJU et al (1999), la famille est d'abord un organe économique, à la fois en tant qu'unité de production et en tant qu'unité de consommation. Car dans le contexte culturel traditionnel africain, un enfant est considéré à la fois comme un symbole de joie et comme un appui économique, de sa naissance à son adolescence et à partir du moment où il (ou elle) est capable de soutenir un parent âgé. L'enfant était un soutien productif et les parents retirent habituellement une immense satisfaction à en avoir.

L'importance du travail vu sous l'angle de la socialisation a été abordé par ASSABA (1989) qui écrivait dans sa thèse de doctorat que « ... le jeune garçon ne se dérobe pas aux mêmes contraintes imposées à la jeune fille de six ans aux environs de dix ans. Seulement, à partir du moment où il peut tenir la houe dans le cas où ses parents sont agriculteurs, il devra être en mesure d'avoir et de cultiver son petit lopin de terre à côté de celui de ses parents ». Tout ceci vise à rendre l'enfant responsable et à l'intégrer au sein de sa communauté. À cet effet, le travail des enfants demeure un moyen de socialisation et d'éducation important dans la société traditionnelle, surtout dans le secteur rural.

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DURKHEIM (1992) quant à lui, définit la socialisation comme étant le processus par lequel la société attire à elle l'individu, à travers l'apprentissage méthodique de règles et de normes par les jeunes générations ; elle favorise et renforce l'homogénéité de la société.

Des auteurs classiques jusqu'aux sociologues des années 1990, on remarque une préoccupation constante pour les fonctions de la famille. Le PLAY, cité par QUÉNIART et al (1998) voyait la famille souche comme une forme idéale de famille, dans son rôle de maintien et de reproduction des valeurs et des traditions. Dans le même sens, DURKHEIM (1921), cité par QUÉNIART, s'inquiétait de l'émergence d'une nouvelle forme de famille, la famille conjugale, qui, par son repli sur le domestique, le relationnel et l'affectif, risquait d'engendrer plus d'anomie.

VALOIS (1966), en ce qui la concerne insiste beaucoup plus sur le rôle du père et de la mère au sein de la famille. C'est donc le père qui détient formellement l'autorité. C'est lui qui dirige la production et qui, par conséquent, s'occupe de l'apprentissage des enfants dans l'exécution des travaux de ferme. Quant à la mère, elle se voit aussi attribuer un rôle d'éducatrice, dans les travaux de la maison et du potager, et surtout dans la transmission des valeurs religieuses et morales. Mais sa présence se manifeste principalement à travers la relation de confiance qui existe entre elle et ses enfants. Et l'on peut même dire que "c'est par la puissance des liens affectifs qu'elle régit la communauté familiale, sous l'autorité officielle du père".

D'un autre point de vue, FOUEDJIO (2008) fait état de tout ce qui conduit les parents à choisir pour leurs enfants d'aller à l'école ou non. Pour lui, certes, le poids de la pauvreté et l'imperfection du marché des capitaux pèsent dans la décision de scolariser ou de faire travailler un enfant ; mais ce ne sont pas là les seuls facteurs explicatifs. Il cite DESSY et PALLAGE (2000), qui apportent une autre contribution au débat. Pour

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ces chercheurs, la décision de l'offre du travail infantile s'opère dans un cadre de jeu stratégique entre les ménages et les entreprises. Chaque partie anticipe la décision de l'autre soit à investir en éducation, soit à investir en haute technologie. Il en découle que l'existence du travail des enfants part d'un manque de coordination entre les décisions des parents et celles des entreprises. Il se pose donc un double problème : celui de la création des compétences et celui de l'absorption des compétences nouvellement créées. La création des compétences est conditionnée par le bon fonctionnement du système éducatif ; et même si ces compétences étaient créées, et que les entreprises ne peuvent les absorber du fait de leur faible industrialisation, il s'en suivrait le chômage. Ayant connaissance de ces informations, les ménages pauvres ne désirent donc pas investir en éducation. En effet, la décision de scolariser les enfants est essentiellement l'oeuvre des parents. L'enfant n'est plus seulement une source de revenus complémentaire pour le ménage. Il est aussi perçu comme un coût d'investissement. Mis à part l'exigence de le nourrir, il faut aussi l'éduquer. Or l'éducation des enfants engendre des coûts que doivent supporter les parents. Le ménage est donc amené à arbitrer entre mettre l'enfant au travail et lui donner une éducation. C'est un point important en Afrique où l'investissement de l'État dans le domaine scolaire devient de plus en plus rare, voire inexistant. De plus, la crise économique que connaissent bon nombre de pays africains a également bloqué le recrutement dans tous les secteurs d'activités. De ce point de vue, l'école ne joue plus, aux yeux des parents ou des chefs de ménages, le rôle de garant de l'embauche une fois les études terminées. Les ménages cherchent donc plusieurs alternatives.

Dans la recherche de ces alternatives, les enfants sont amenés à quitter leurs parents. Ainsi, ils sont privés de leurs droits et leur force de travail est abusée.

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Selon un article de la BM (2001), les données de l'OIT indiquent que plus de 40% des enfants africains travaillent. `'Beaucoup de garçons du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Ghana, du Togo et du Bénin émigrent pour travailler dans les plantations en Côte d'Ivoire et au Nigéria, à côté d'enfants réfugiés venant du Libéria et de Sierra Léone». Par des réseaux de trafic transfrontalier, beaucoup d'enfants se retrouvent en dehors du territoire national pour aller exercer des travaux champêtres. Ce qui porte préjudice à leur avenir.

En effet, à cet âge, l'enfant doit être à l'école et non entrain d'exercer des activités économiques.

A propos du travail des enfants, selon une étude de l'INSAE (2003) menée sur : `'Les caractéristiques des personnes vulnérables au Bénin», plusieurs raisons expliquent l'absence des enfants des salles des classes. Ainsi, la prédominance des aides familiales observées en milieu rural peut être attribuée à l'utilisation d'une main d'oeuvre abondante non rémunérée, constituée en majorité d'enfants dans les travaux champêtres. Cette pratique conduit les parents à retirer leurs enfants de l'école pendant la période d'intenses activités champêtres. En milieu urbain par contre, où les activités qui prédominent sont autres que les travaux agricoles et où l'artisanat de production (menuiserie, taillerie,...) et l'artisanat de services (mécanique, coiffure,...) sont très développés, la plupart des enfants non scolarisés et déscolarisés sont envoyés en apprentissage chez des patrons qui exercent dans ces domaines.

Par ailleurs, en ce qui concerne la non scolarisation ou la déscolarisation, certains parents ne sont guère motivés à envoyer leurs enfants à l'école. Eux-mêmes en majorité analphabètes voient dans l'école un état de luxe auquel leur état de pauvreté ne permet d'accéder, et ils préfèrent occuper leurs enfants à des tâches domestiques, voire économiques.

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Aussi, de l'ouvrage du BIT (2002) : `'Eradiquer les pires formes du travail des enfants», retient-on que la pénurie d'infrastructures scolaires adéquates, la considération selon laquelle l'école est inadaptée aux conditions et aux besoins locaux compte tenu des connaissances abstraites qu'elle véhicule, sont autant de raisons qui éloignent les enfants d'elle.

A travers ces différents aspects, on remarque que les causes du travail des enfants sont multiples. Face à tout ceci, des lois et des conventions existent pour remédier au mal. Les gouvernants, les ONG, les Institutions Internationales oeuvrent et adoptent des stratégies plus ou moins efficaces. Le Bénin dispose de textes législatifs et réglementaires sur lesquels sont basées toutes les actions de protection et de défense des enfants travailleurs. On peut donc citer la Loi N°2006-04 du 05 Avril 2006 portant conditions de déplacement des mineurs et répression de la traite d'enfants en République du Bénin. Il y a également le code du travail, la convention N°138 de l'OIT sur l'âge d'admission à l'emploi ; la convention des droits de l'enfant signée par le Bénin en Août 1990 ; la charte africaine des droits de l'enfant de Mai 1996.

Les gouvernants se sont longtemps contentés de déclarer illégal le travail des enfants en violation des prescriptions légales édictées sans s'appesantir sur les écarts énormes à réduire entre la législation et la réalité sociale.

TINKPON(1999) dans son mémoire de D.E.A portant sur `'l'exploitation économique des enfants au Bénin'' décrit les caractéristiques du travail des enfants et les fondements de l'exploitation de ceux-ci. Il fait également une analyse des différentes mesures de protection des droits des enfants.

Il est évident que la question sur le travail des enfants a été largement traitée par de nombreux chercheurs, mais il est toujours mieux

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de la traiter en rapport avec les particularités du milieu d'étude. C'est pourquoi le problème du travail des enfants, en particulier dans l'arrondissement de Godomey demande une étude spécifique à ce milieu. Ce qui conduit au modèle d'analyse adopté pour cette recherche.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo