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Patrimoine hanséatique et emergence d'une région baltique : Brème, Gdańsk et Riga

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par Nicolas Escach
Ecole Normale Supérieure - Master STADE 2001
  

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2. A l'échelle régionale, quelle place de l'héritage immatériel de la Hanse dans l'émergence d'un nouveau réseau urbain ?

2.1 Les notions de réseau, de réseau de ville, de polycentrisme

Que recouvre exactement le mot réseau ? Les dictionnaires français retiennent la métaphore du filet : « tissu à mailles très larges, filet »159. Géographiquement, Roger Brunet définit un réseau comme un « ensemble de lignes ou de relations aux connexions plus ou moins complexes »160. L'encyclopédie de la géographie complète cette définition : « un ensemble de lignes161 qui relient les divers points162 de l'espace qu'ils desservent »163. Le réseau peut être matériel (infrastructures de communications, réseaux aériens) ou immatériel (flux, échanges culturels ou scientifiques) (Pumain, 1996). Un réseau peut être caractérisé par ses propriétés topologiques (Dupuy, 1986). La connectivité permet d'évaluer les possibilités alternatives d'atteindre les divers sommets. Un réseau dans lequel il existe une liaison directe entre tous les noeuds bénéficie d'une connectivité maximum. La connexité d'un réseau indique s'il est possible à partir de n'importe quel noeud de rejoindre les autres noeuds. Un graphe est fortement connexe si, à partir de n'importe quel sommet, il est possible d'atteindre tous les autres sommets, soit par un arc direct, soit en passant par d'autres sommets. La nodalité est un concept qui permet de caractériser voire de hiérarchiser les sommets d'un réseau du point de vue de leurs capacités relationnelles. Un réseau peut enfin être défini par sa forme (Bailly, Ferras, Pumain, dir., 1992). Le réseau peut être maillé ou réticulaire et renvoie alors à la forme d'un pavage. Le réseau maillé peut être hiérarchisé ou non. Le réseau peut être également polaire et est constitué alors de rayons organisés autour d'un centre. Un réseau en arbre, en revanche, correspond à une logique de concentration ou de diffusion des flux vers ou à partir d'un lieu unique. Le réseau « hub and spoke» prend une forme spéciale : sa structure est un réseau en forme d'étoile établissant des relations entre un centre (hub) et des points périphériques par l'intermédiaire de rayons (spokes). Dans un réseau « hub and spoke », toute relation doit passer par le hub164 (Dupuy, 2002).

158 Baltic Sea Tourism Commission

159 Le Grand Robert de la Langue Française

160 Article « Réseau », BRUNET, R (2005), Les mots de la géographie, Paris, La documentation française.

161 Appelées aussi liens, canaux, arcs ou segments, selon les disciplines

162 Appelés noeuds, pôles ou sommets, selon les disciplines

163 BAILLY, A., FERRAS R., PUMAIN D. (1995), Encyclopédie de Géographie, Paris, Economica, pp.518

164 Appelé aussi « pivot »

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La notion de réseau est utilisée dans des champs de la géographie comme la géographie des transports, la géographie urbaine et l'aménagement du territoire. Elle n'est pas seulement un objet de recherche mais aussi un élément important de l'analyse spatiale telle qu'elle peut être pratiquée par des spécialistes comme Peter Aguet.

Outre l'analyse des réseaux de transports ou treillages, l'étude des réseaux urbains nous intéresse particulièrement pour mener une réflexion sur la Hanse. Un réseau urbain peut être défini comme : « un ensemble de villes reliées entre elles d'une manière durable et structurante par des interactions et des flux d'échanges matériels ou immatériels »165. Les villes peuvent se mettre en réseau d'une façon spontanée et passive ou bien de manière volontaire et active. Dans le premier cas, le réseau urbain est le résultat des relations habituelles qui se nouent entre des acteurs localisés dans les villes mêmes (flux d'acheteurs et de marchandises, coopérations et échanges entre organisations). Dans sa version active le réseau urbain prend plutôt le nom de « réseau de villes » et se présente comme une construction volontaire mise en place par des accords entre les villes qui réalisent ensemble des programmes de coopération. (Lévy, Lussault, 2006). Dans ce sens on parle de politique de « réseaux de villes ». Roger Brunet (Pumain, 1996) évoque la logique des réseaux qui a plusieurs fondements : une relation de compétence166 entre des villes de même nature et de même fonction, un groupe d'intérêts entre des villes dont les acteurs estiment avoir des intérêts communs, un réseau de projet dont la finalité est la mise en place d'un projet défini.... Les systèmes de villes comme « ensemble national ou régional de villes qui sont interdépendantes »167 pour Denise Pumain tendent à se répandre car les villes ne dépendent plus exclusivement de leurs relations avec un hinterland rural qu'elles polarisent. Or ces réseaux urbains sont « largement influencés dans leur configuration par les voies naturelles de circulation et les formes prises par les échanges »168.

La réflexion géographique toute entière se fait à présent à l'échelle des réseaux urbains169, notamment dans le domaine de l'aménagement du territoire comme en témoigne Jean-Louis Guigou : « le capital se concentre, transformant radicalement l'espace. Celui-ci était constitué d'une surface, de frontières et de distances. L'espace devient un graphe, c'est-à-dire un réseau de points, de noeuds, de pôles entre lesquels la circulation est de plus en plus rapide et fréquente »170. Le Schéma de Développement de l'Espace Communautaire (SDEC) part d'un constat : la globalisation financière et l'internationalisation de l'économie privilégient spontanément les régions les plus avancées171 (Allain, Baudelle, Guy, 2003). L'Europe est menacée par le modèle centre/périphérie y compris dans le domaine du transport : les noeuds majeurs des régions centrales puissamment interconnectées

165 Article « réseau urbain », LEVY, J., LUSSAULT, M. (2006), Op.Cit., pp.797

166 Les semblables qui sont aussi des rivaux, ont bien plus à échanger entre eux qu'avec des laboratoires qui travaillent sur d'autres sujets.

167 BAILLY, A., FERRAS R., PUMAIN D. (1995), Op. Cit., pp.638

168 BAILLY, A., FERRAS R., PUMAIN D. (1995), Ibidem, pp.640

169 Cette idée que le réseau est partout date des années 1990

170 Propos de Jean-Louis Guigou cité par Jean Louis Carrière dans ALLAIN, R., BAUDELLE, G., GUY, C. (2003), Le polycentrisme, un projet pour l'Europe, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, pp.145.

171 Le polygone Londres, Paris, Milan, Munich, Hambourg notamment

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délaissent les espaces interstitiels marginalisés. En somme, la mono centralité autour du pentagone des villes européennes de la « banane bleue » qui concentre une part jugée trop importante de la population et des activités jusqu'à la congestion est dénoncée. Le mot « centre » devient alors synonyme de monolithisme, de monocentrisme, de centralisation, de dissymétrie des flux, d'injustice à l'égard des territoires périphériques ce qui est contraire aux objectif de l'UE de cohésion économique, sociale, territoriale, de cohérence et de convergence (objectif 2007-2013). Le mot polycentrisme apparaît172 alors comme un modèle de développement associé aux mots : équilibre spatial, partage des pouvoirs de décision, émulation et coopération (Baudelle, Castagnède, 2002). Il s'agit de se concentrer sur les régions considérées comme périphériques pour agir. Or l'application du concept de polycentrisme passe par la mobilisation de deux outils : « le développement d'une armature urbaine relativement décentralisée qui permet de valoriser le potentiel économique de toutes les régions de l'UE »173 et « la promotion de schémas de transports et de communications intégrés qui favorisent le développement polycentrique du territoire de l'UE et qui représentent un préalable important pour une intégration active des villes et régions européennes dans l'UEM »174. C'est ainsi que les réseaux transeuropéens contribuent à raccorder les zones centrales et les zones périphériques. La coopération interrégionale et les projets transnationaux et transrégionaux facilitent la mise en place de ces deux outils175. Avec l'initiative communautaire INTERREG II C, l'UE a lancé, dès 1996, une approche novatrice pour une politique intégrée de développement spatial à l'échelle transnationale. La région de la Baltique fait partie de ce programme comme d'autres régions176.

Le réseau va de pair avec l'intégration spatiale et donc, une forme de régionalisation : « Nous pouvons parler d'intégration spatiale à propos des processus de rapprochement fonctionnel des territoires par abaissement des obstacles qu'ils soient physiques, ou comme c'est le cas à l'Est de l'Europe, politiques ou idéologiques. L'intégration désigne donc la connexion des territoires, c'est-à-dire le développement de réseaux et de flux»177.

Quelles sont donc ces formes de coopérations institutionnelles et ces infrastructures, véritables réseaux, qui favorisent à la fois à l'échelle de l'UE, un développement équilibré et durable et à l'échelle de la Baltique, une intégration spatiale ?

172 Ce mot est d'abord apparu chez des aménageurs dans les années 1990 en Allemagne.

173 Commission européenne (1999), Schéma de Développement de l'Espace Communautaire, Luxembourg, Office des Publications Officielles des Communautés européennes, pp.21

174 Commission européenne (1999), Loc.Cit.

175 « Pour contribuer à renforcer et à rééquilibrer la structure urbaine sur l'ensemble du territoire, il faudra trouver de nouvelles méthodes et de nouvelles solutions qui permettent aux villes et aux régions de se compléter et de coopérer », Commission européenne (1999), Ibidem, pp.22

176 Comme la mer du Nord, la façade Atlantique.

177 SERRY, A., (2006), La réorganisation portuaire de la Baltique orientale - L'émergence d'une nouvelle région en Europe, thèse soutenue à l'université du Havre le 24 novembre 2006, pp.9

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