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Incidence du cout du risque de défaut sur les marges de taux des banques camerounaises

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par Joseph EVAGLE DIME
Université de Yaoundé II-soa - Diplome dà¢â‚¬â„¢Etudes Supérieures Spécialisées de Gestion Bancaire et des Etablissements Financiers 2007
  

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Section II : Synthèse et analyse des résultats

II-1- Synthèse des résultats

Le modèle économétrique montre que l'évolution de la variable PROCRED n'a aucune incidence sur la variable MTB, Ce qui signifie d'un point de vue économétrique que la relation entre le coût du risque de défaut et les marges de taux bancaires n'est pas significative. En d'autres termes, les banques ne se basent pas sur le coût du risque de défaut pour déterminer leurs marges de taux.

II-2- Analyse des résultats

L'étude économétrique réalisée montre que les banques ne prennent pas en compte le coût du risque de défaut lorsqu'elles déterminent leurs marges de taux. Cette situation peut se justifier par plusieurs facteurs, notamment, les méthodes de tarification des banques, le mode de provisionnement des créances douteuses en vigueur au Cameroun, les carences de la comptabilité analytique des banques, la subvention croisée entre les différents produits et services proposés à la clientèle par les banques, et la concurrence bancaire sur le segment des grandes entreprises.

Les méthodes de tarification des crédits des banques commerciales

Selon le rapport de l'enquête sur la tarification des services des établissements de crédit du Conseil National du Crédit (2009), les banques n'appliquent pas la méthode de tarification des crédits traditionnelle, qui veut que les tarifs soient fixés en tenant compte de l'ensemble des coûts liés à la production des crédits. Elles se basent sur le niveau du Taux Débiteur Maximum pour facturer leurs crédits, et les éléments qui entrent dans le calcul de leurs taux sont difficiles à déterminer.

En effet, le coût moyen de collecte des ressources bancaires est de 2,3% en 2008, et le taux de base bancaire moyen est de 9,7%, soit un écart de 7,4%, qui représente en principe la part des frais généraux engagés pour la distribution des crédits. Or, les ressources collectées sont le principal input utilisé pour la production des crédits, et il n'est pas normal que des frais en principe accessoires pèsent le plus dans le prix des crédits.

Il convient de noter que les taux débiteurs des banques sont restés partiellement administrés du fait de l'existence du TDM. L'enquête sur la tarification des services des établissements de crédit du CNC révèle que les banques restent accrochées au taux de 15%, qui est le dernier TDM fixé par la BEAC.

Les carences de la comptabilité analytique des banques commerciales

Selon l'enquête sur la tarification des services des établissements de crédit, dans la mesure où la plupart des banques ne tiennent pas de comptabilités analytiques, susceptibles de leur permettre de séparer des frais généraux la part des frais consacrés à la distribution du crédit, elles déduisent généralement les commissions perçues sur la clientèle au titre des moyens de paiement et les produits de trésorerie du total obtenu, afin de déterminer la fraction des frais généraux imputables au crédit. Certaines banques se contentent de retenir l'ensemble des frais généraux.

Le mode de provisionnement des créances douteuses

Le mode de provisionnement appliqué par les banques au Cameroun est le provisionnement ex-post. Ce mode de provisionnement n'autorise la comptabilisation des provisions pour créances douteuses qu'une fois la dépréciation de la créance constatée79(*). D'après la réglementation actuelle, un concours ne peut être classé en créances douteuses que si des impayés ont été constatés pendant au moins trois mois, ce qui signifie que les pertes ne sont enregistrées que lorsqu'elles sont déjà intervenues. Le cadre comptable et fiscal actuel encourage cette pratique, dans la mesure où il exige que les risques liés à des prêts spécifiques soient identifiés préalablement à la constitution d'une provision, afin de décourager le lissage des bénéfices et la fraude fiscale.

Le provisionnement ex post entraîne un décalage dans le temps entre l'octroi du crédit et son éventuel provisionnement. Il en résulte souvent une sous-estimation et une sous-tarification du risque en période d'expansion et des difficultés à le couvrir lorsque le sinistre vient à se produire en période de récession, pendant laquelle les marges sont détériorées du fait de la conjoncture. Ce phénomène est de nature à entraîner un rationnement du crédit dans le cadre d'une crise économique et financière, faute de capacité pour les banques à provisionner leurs contentieux tout en prenant de nouveaux risques.

La subvention croisée entre les revenus des produits et des services bancaires

La subvention croisée pour une banque consiste à couvrir les pertes réalisées sur un produit par les gains réalisés sur un autre (Vothi, 2003). L'existence d'une subvention croisée entre les crédits et les services signifie que les pertes sur les crédits sont compensées par les gains réalisés sur les services.

Dans le cas de la banque 1 par exemple, l'écart entre le poids des commissions dans la formation du produit net bancaire (48,7%) et celui du produit des intérêts (55,5%) est faible en 2008. Pour la banque 2, le poids des commissions dans la formation du produit net bancaire (66%) est plus élevé que celui du crédit (31%).

Ceci qui signifie qu'en cas de pertes sur les crédits, les commissions perçues sur les services peuvent permettre aux banques de continuer à réaliser des profits. Les banques ont la possibilité de ne pas facturer le coût des risques aux clients, en sachant que les commissions qu'elles perçoivent sur les services leur permettront de réaliser des profits. Cette affirmation est renforcée par le fait qu'on n'observe pas un transfert du coût du risque de défaut entre les clients. En effet, les provisions pour créances douteuses auraient une incidence sur les marges de taux des banques s'il y'avait un transfert du coût du risque de défaut des emprunteurs risqués vers les emprunteurs sains.

La concurrence sur le segment des grandes entreprises

Selon le PESF (2007), les banques concentrent leurs concours et leurs dépôts sur les grandes entreprises (79% des crédits), qui représentent moins de 10% de l'ensemble des entreprises au Cameroun.

La concurrence sur le segment des grandes entreprises est très marquée, et la démarche commerciale des banques les emmène parfois à sacrifier leurs marges pour conserver la relation (supposée globalement rentable) avec ces clients. La concurrence sur le segment des grandes entreprises a été considérablement accrue par l'ouverture du marché bancaire. L'offre de crédits s'est accrue tandis que l'insuffisance d'une demande de qualité persiste (PESF, 2007). L'excédent d'offre de crédits a créée les conditions d'une véritable guerre des prix sur le segment des grandes entreprises, et certains crédits sont offerts à des taux inférieurs au taux de base bancaire (COBAC, 2006 et 2008). En d'autres termes, à cause de la concurrence les banques préfèrent vendre leurs crédits à perte aux grandes entreprises pour les conserver dans leur portefeuille.

* 79 Voir à ce sujet, « Synthèse du risque de crédit », Bulletin de la Banque de France, n°21, Septembre 1995.

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