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Phénoménologie des droits de l'homme chez Emmanuel Lévinas: de l'humanisme juridique à  l'humanisme éthique

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par Achile Igor BENAM
Université Catholique d'Afrique Centrale - Licence en Philosophie 2013
  

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UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE

Institut Catholique de Yaoundé

Faculté de Philosophie

PHÉNOMÉNOLOGIE DES DROITS DE L'HOMME CHEZ EMMANUEL LEVINAS : DE L'HUMANISME JURIDIQUE À L'HUMANISME ÉTHIQUE

DISSERTATION PHILOSOPHIQUE, PRESENTEE EN VUE DE L'OBTENTION DE LA LICENCE EN PHILOSOPHIE CLASSIQUE

PRÉSENTÉ PAR

BENAM Achile Igor

DIRIGÉ PAR 

Prof. Ernest Marie MBONDA

Année académique 2013-2014

****

DEDICACE

A la mémoire des hommes et femmes qui meurent en Centrafrique à cause de leur simple appartenance à une confession religieuse.

A la mémoire des rescapés et victimes de la barbarie cynique des politiciens africains plus machiavélistes que Machiavel.

REMERCIEMENTS

Nous rendons grâce à Dieu pour tous les bienfaits dont nous avons toujours été l'objet de sa part.

Nos sincères remerciements vont aussi à l'endroit de notre Directeur de mémoire, le Professeur Ernest-Marie MBONDA, qui nous a éveillé au vrai sens de l'écriture et à l'honnêteté intellectuelle et qui a accepté de suivre ce travail malgré ses lourdes responsabilités professionnelles.

Nous remercions, à travers notre communauté dominicaine de Yaoundé, l'Ordre des Prêcheurs qui nous a accueilli et nous a permis d'avoir accès à la science. Merci à tous les frères dominicains, de près ou de loin, dont les fruits d'échanges et de discussions nous ont permis d'enrichir et d'élargir ce travail. Particulièrement, merci au frère Léon Cyrille KERESSE, Père Maître des étudiants dominicains à Yaoundé, pour son attention fraternelle et pour sa compréhension, nous permettant ainsi de nous occuper librement de nos recherches.

Grand merci à nos parents qui nous ont donné naissance et qui nous ont toujours élevé et soutenu dans nos entreprises. Qu'ils trouvent ici l'expression de toute notre gratitude.

Merci aux amis de notre classe pour les moments de vives discussions portant sur certains sujets en rapport avec notre thème de recherche.

Merci infiniment à notre amie Marie Bernadette NGALEU CHOUANGA pour son soutien discret et inconditionné, ses orientations et conseils pendant la rédaction de ce mémoire.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Faisant l'expérience, de près et/ou de loin, des violences perpétrées dans notre monde et précisément dans nos sociétés africaines : violences occasionnées dans leur grande majorité par la crise des relations inter-personnelles, inter-confessionnelles, inter-ethniques et inter-étatiques où l'instinct de domination et la manifestation du pouvoir sont les maîtres-mots, nous avons voulu réfléchir sur les vraies raisons d'être de toutes ces prétentions qui détruisent l'essence de l'Homme en tant qu'être de relations. L'homme, étant de nature sociable, il ne se découvre pleinement et ne s'affirme comme personne qu'à travers sa relation de responsabilité envers Autrui. « Positivement, nous dirons que dès lors qu'autrui me regarde, j'en suis responsable, sans même avoir à prendre de responsabilité à son égard ; sa responsabilité m'incombe. C'est une responsabilité qui va au-delà de ce que je fais».1(*) Or, de nos jours, cette responsabilité devient problématique. L'a-socialité de nos sociétés, lesquelles sociétés marquées par le non-respect des droits de l'homme, est due au simple fait de l'oubli de l'Autre, de la fuite de notre responsabilité, de la mort de l'Autre dans notre vie.  Et pourtant, « La mort de l'autre Homme, écrit Lévinas, me met en cause et en question comme si de cette mort invisible à l'autre qui s'y expose, je devenais, de par mon éventuelle indifférence, le complice ; (...) C'est précisément dans ce rappel de ma responsabilité par le visage qui m'assigne, qui me demande, qui me réclame, c'est dans cette mise en question qu'autrui est prochain. »2(*)

Phénoménologie des droits de l'homme chez Lévinas : de l'humanisme juridique à l'humanisme éthique, qui est le thème de notre recherche, nous aidera à réfléchir sur le problème de la pertinence du concept de« droits de l'homme » du point de vue éthique et du point de vue phénoménologique, suite à l'expérience des crises sociopolitiques. Deux raisons ont motivé le choix de ce thème : la première est que depuis que nous nous intéressons au corpus d'Emmanuel Lévinas3(*), nous nous sommes rendu compte que la question des droits de l'homme n'a pas été très développée par Lévinas et ses commentateurs. La deuxième raison est que nous vivons dans un continent et plus précisément dans un pays où les droits inaliénables de l'homme ne sont presque pas respectés : coups d'Etat interminables, violations des droits de l'homme, etc. Mais alors, pourquoi une phénoménologie des droits de l'homme ? Qu'est-ce qui pose problème dans les droits de l'homme ? Qu'est-ce qui justifie le passage du juridique à l'éthique ?

Les droits de l'homme, avouons-le, promeuvent la vie et la défendent4(*). Mais comme l'indiquait Michel Villey, dans le discours de nos contemporains, les « droits de l'homme sont à leur zénith, mais ils font problème.»5(*) Rappelons que « droits de l'homme » est une notion juridique, élaborée par le Droit en tant que discipline. Pour Lévinas, il y a une crise profonde de l'humanisme moderne, marquée par la perte du sens de l'Autre, résultant des événements inhumains du XX me siècle comme : les guerres de 1914-1918 et de 1939-1945 favorisant le fascisme, le nazisme (Hitler) entrainant l'holocauste des juifs; le terrorisme, les bombardements, les génocides, les coups d'états, les inégalités et les discriminations sociales, le refus de la différence, la fracture sociale, le chômage galopant et la misère du tiers-monde. Disons que la défense de l'homme et de ses droits s'invertit en crise de l'humanisme à notre époque. Comme solution, Lévinas va donc opérer un dépassement des droits de l'homme par les droits de l'autre homme. En effet, « Dans le concret, les droits de l'homme se manifestent à la conscience comme droits d'autrui et dont je dois répondre (...) comme droits de l'autre homme et comme devoirs pour un moi comme mes devoirs dans la fraternité : c'est là la phénoménologie des droits de l'homme. »6(*) Cette citation met en exergue le point commun reliant l'humanisme juridique évoqué par « droits de l'homme » et l'humanisme éthique exprimé par « droits de l'autre homme ». Ce point d'intercession c'est « l'homme » : tel qu'il est pensé par le droit, et « l'homme » pensé par l'éthique. Ainsi, quel serait l'apport de Lévinas au débat portant sur les droits de l'homme ? Quelle signification pour le débat portant sur les droits de l'homme que l'éthique soit l'origine fondative7(*), structurante et orientative de la singularité de la rencontre avec l'autre homme? Quel est le chemin tracé par Lévinas dans ce débat ? En quel sens la perspective éthique pourrait-elle constituer un complément dialectique à la perspective juridique des droits de l'homme ? Comment peuvent-ils faire l'objet d'une réflexion portant sur l'homme ? Qui est « l'homme » des droits de l'homme ?

Pour saisir à un certain niveau la pensée de Lévinas, nous avons choisi une approche phénoménologico-herméneutique. Nous considerons la phénoménologie ici dans son sens d'« étude descriptive d'un ensemble de phénomènes, tels qu'ils se manifestent dans le temps ou l'espace »8(*), méthode utilisée par l'auteur lui-même à la suite de Husserl. L'herméneutique, quant à elle, est l'étude interprétative de la pensée de l'auteur, ramenant l'impensé au pensé et au dire. L'éthique, comme l'horizon ultime de la philosophie chez Lévinas, est aussi une méthode phénoménologique, parce que, marquée par l'emphase qui est, pour Lévinas, à la fois «une figure de rhétorique, un excès de l'expression, une manière d'exagérer et une manière de se montrer (...) Décrire cette mutation, c'est aussi faire de la phénoménologie»9(*) : L'emphase comme méthode en philosophie. Rappelons que notre travail ne consiste pas à exploiter toutes les oeuvres de l'auteur ni à explorer de manière exhaustive sa pensée. Nous avons voulu simplement y esquisser quelques traits ayant un lien avec notre thème. Pour ce faire, nous nous limiterons aux domaines phénoménologique et éthique.

Les droits de l'homme font problème parce qu'ils sont fondés sur des présupposés ontologiques, promouvant la liberté qui est une identification du Même, qui ne se laisse pas aliéner par l'Autre en tant qu'Autre.10(*) La liberté est ici l'expression d'une subjectivité en tant que substance monadique, source d'une conception trop théorique, voire même chimérique de l'homme. D'abord, il faudra repenser l'homme des droits de l'homme en mettant en question ces dits présupposés ontologiques des droits de l'homme à partir de son contexte historique et de son approche philosophico-religieuse. Ensuite, faire une analyse de la subjectivité (l'homme), de sa conception métaphysique à sa conception phénoménologique, réaliste et concrète dépassant ainsi la conception théorique de l'homme dans son aspect juridique. Enfin, montrer dans la dernière partie qui constitue le point névralgique de notre recherche, ce qui justifie chez Lévinas le passage aux droits de l'autre homme et voir une possibilité de paix éthique dans son versant eschatologique. A la fin, les concepts de justice, d'égalité, de liberté qui, selon Lévinas, sont hérités de la philosophie polémologique occidentale de l'aliénation de l'Autre, seront dépassés. Car, l'être n'aura plus le statut de fondement. La philosophie première concerne désormais l'autre de l'être. Cette ouverture à l'extériorité est ce qui fonde l'éthique chez Lévinas ; éthique qu'il définira de manière déconcertante comme la philosophie première : « la philosophie première est une éthique »11(*).

Chapitre I : LECTURE HERETIQUE de quelques matrices rationnelles fondatives DES DROITS DE l'HOMME 

* 1E. LEVINAS, Ethique et infini, Dialogues avec Philippe Nemo, Paris, Fayard, 1982, p.92

* 2E. LEVINAS, Altérité et transcendance, Montpellier, Fatah Morgana, 1995, p.46

* 3 1906-1996, philosophe français du XXe siècle, d'origine juive

* 4S-E. ELLA, Emmanuel Lévinas. Des droits de l'homme à l'homme, Paris, L'Harmattan, 2009, p. 13.

* 5 M. VILLEY, Le droit et les droits de l'homme, Paris, P.U.F., « Quadrige », 2008, p. 8.

* 6 E. LEVINAS, Hors Sujet, Montpellier, Fatah Morgana, coll. « Biblio/essais », 1987, p. 169.

* 7 F.-D. SEBBAH, L'épreuve de la limite. Derrida, Henry, Levinas et la phénoménologie, Paris, P.U.F., Coll. « Bibliothèque du Collège International de Philosophie », 2001, p. 173.

* 8 A. LALANDE, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, 2ème édition, P.U.F., « Quadrige », Juin 2006, p. 768.

* 9 E. LEVINAS, De Dieu qui vient à l'idée, Paris, J. Vrin, 1998, p. 142.

* 10 Cf. E. LEVINAS, Ethique et infini, Paris, Fayard, 1982, pp. 49-54.

* 11 Idem, p. 71.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote