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L'abà¢à¢, corps de garde et espace de communication chez les Fang d'Afrique centrale. Une préfiguration des réseaux sociaux modernes.

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par Gérard Paul ONJI'I ESONO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master 2015
  

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6. Lieu de culte et de requiem

Au lever du jour, dans plusieurs villages fang devenus essentiellement chrétiens, les gens se rassemblent entre 5h30m et 6h pour prier. Ceux qui sont d'obédience protestante utilisent le programme officiel de l'Eglise Presbytérienne Camerounaise (EPC) comme guide des lectures, des cantiques à exécuter et des intentions de prière. Une des personnes dirige la prière cette prière matinale qui dure environ 20 mn. Cette prière matinale s'appelle filiya dans les villages. En fait, selon les personnes interrogées sur la signification de ce nom, il nous a été expliqué qu'il s'agit d'une déformation du nom anglais prayer qui signifie prière en français. Il a été introduit et adopté dans leur environnement par les premiers évangélistes de la Mission Protestante Américaine (MPA) au début du XIXè siècle, comme plusieurs autres mots tirés des langues de ces missionnaires et colonisateurs.

C'est à l'issue de cette séance de prière que les uns et les autres se saluent et entreprennent d'échanger d'informations relatives à la vie en général ou aux nouvelles parvenues pendant la nuit. Certains qui écoutent la radio communiquent les nouvelles du jour à la communauté. D'autres échangent sur leur programme de la journée et les travaux qu'ils vont entreprendre, en précisant même de quel côté du village ils iraient, dans le souci d'orienter les autres en cas de nécessité.

Au cours des pratiques cultuelles traditionnelles, l'Abââ fait souvent office de temple de Byèri76(*) lors des rites initiatiques chez les Fang du Gabon. Ces cultes se célèbrent généralement à la tombée de la nuit, une cérémonie animée de rythmes et danses réservées aux seules personnes dites « initiées ».

De même, les cérémonies mortuaires également se déroulent à l'Abââ. Le corps du défunt est disposé au corps de garde. C'est là que le culte d'inhumation se déroulera, avant qu'il soit transporté vers sa tombe. Il est vrai qu'en raison du nombre de personnes, une extension en matériaux végétaux ou avec des dispositifs plus modernes comme des tentes est souvent faite à l'Abââ s'il s'avère étroit.

7. Salle des manifestations :

Dans son rôle de salle des cérémonies, l'Abââ abrite très souvent des événements et des réunions de divers ordres.

Sur le plan coutumier ou culturel, les cérémonies concourant au mariage traditionnel se déroulent souvent à l'Abââ. C'est ici que le clan qui vient demander la main d'une jeune fille native du village est accueilli publiquement. A l'occasion d'une cérémonie de cet ordre, les pourparlers menés par les porte-paroles des deux clans se déroulent à l'Abââ et les débats y relatifs s'inscrivent dans un registre linguistique soutenu, essentiellement émaillé de proverbes, de dictons, de paraboles, etc. Chaque groupe peut, à la suite de l'intervention du porte-parole de la partie adverse, se retirer en aparté pour une concertation, comme un temps mort. Pour des raisons de circonstance, le porte-parole de la famille du jeune garçon qui vient demander la main ne dira pas, par exemple :

« Nous avons aimé une fille du nom de X dans ce village et nous sommes venus demander à l'épouser ». Il est souhaitable qu'à travers sa prise de parole, l'on dénote en lui la maîtrise de la rhétorique, de l'art oratoire et de la sagesse. Cela suscite du respect de la part de ses pairs de l'autre partie ; par conséquent, il serait plus indiqué pour lui d'utiliser des images pour laisser comprendre la raison de sa présence en ces lieux. 

En outre, l'Abââ sert souvent de lieu de rassemblement lors de la tenue des réunions politiques, les campagnes de sensibilisation entreprises par les agents des services d'Agriculture et les vulgarisateurs agricoles, etc. C'est également à l'Abââ que les autorités administratives sont généralement accueillies lors de leurs tournées dans les villages, même si par la suite, le visiteur pourra être conduit au domicile d'un tiers, après la séance de travail publique.

* 76 Ce terme désigne un rite initiatique chez les Fang du Gabon, utilisé dans la revue « Cahiers Gabonais d'Anthropologie », Université Omar BONGO, N°17-2006 consacré à l'anthropologie religieuse,

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