WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'ethos dans les discours du premier ministre Manuel Valls.

( Télécharger le fichier original )
par GALIN GANEV
Université Paris-Est Créteil  - Master 2 Littératures, Discours, Francophonies 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE 3. De la subjectivité dans le langage

3.1 Les déictiques

Catherine Kerbrat-Orecchioni nous propose une définition pour mieux assimiler la fonction des déictiques : ce sont les unités linguistiques dont le fonctionnement sémantico-référentiel implique une prise en considération de certains des éléments constitutifs de la situation de communication :

- le rôle que tiennent dans le procès d'énonciation les actants de l'énoncé

- la situation spatio-temporelle du locuteur, et éventuellement de l'allocutaire (Orecchioni 2006 : 41).

Il s'avère nécessaire de préciser que le référent d'une unité déictique est variable et ce dernier varie selon la situation, contrairement au sens qui reste constant d'un emploi à l'autre. Toute unité linguistique voit son référent varier d'une énonciation à l'autre. Il existe une différence fondamentale entre unités déictiques et unités non déictiques. Ces dernières ont un denotatum (classe d'objets que l'item est virtuellement susceptible de dénoter) relativement stable. En revanche si les unités déictiques reçoivent bien en discours un référent spécifique, ne possèdent pas, en langue, de denotatum spécifiable. C'est-à-dire que pour la plupart des unités lexicales, la synonymie peut être définie soit en termes d'identité de contenu sémantique, soit en termes d'identité d'extension. Cela veut dire que deux mots ayant même sens possèdent en principe la même classe de dénotés virtuels (le même denotatum) et inversement. Sauf que pour les déictiques il ne s'agit pas de la même règle, et il faut bien avoir en tête que

37

2 mots déictiques peuvent avoir la même extension sans être pour autant synonymes. (Orecchioni 2006 : 42).

3.1.1 Les pronoms personnels

D'après C. Kerbrat-Orecchioni les pronoms personnels sont les plus évidents, et les mieux connus, des déictiques. Nous pouvons parler d'un contenu référentiel précis si le récepteur tient compte de la situation de communication de telle façon qu'elle soit :

- nécessaire et suffisante dans le cas de « je » et de « tu » : ce sont de purs déictiques ;

- nécessaire mais non suffisante dans le cas de « il(s) » et « elle(s) », qui sont à la fois déictiques ( nous pouvons les nommer « indicateurs » car ils indiquent notamment que la fonction de l'individu qu'ils dénotent se différencie de celle d'un locuteur et d'un allocutaire) et représentants (ils exigent un antécédent linguistique).

Le « nous » ne correspond jamais, sauf dans des situations très marginales comme la récitation ou la rédaction collectives, à un « je » pluriel. Son contenu peut être défini ainsi : nous = je + tu et/ou il. Nous pouvons distinguer 3 cas :

nous = je + non - je => Premier cas : je + tu (singulier ou pluriel) : « nous inclusif » ; Deuxième cas : je + il(s) : « nous exclusif » ; Troisième cas : je + tu + il(s). Le « nous » inclusif est purement déictique. En revanche, lorsqu'il comporte un élément de troisième personne, le pronom doit être accompagné d'un syntagme nominal fonctionnant comme un antécédent de l'élément « il » inclus dans le « nous ».

vous = tu + tu et/ou il => Nous pouvons distinguer 2 cas : 1) vous = tu + non - je => tu pluriel : déictique pur ; 2) tu + il(s) = déictique + contextuel

Ce tableau met en lumière la différence entre les pronoms personnels mais également celle entre locuteur - non locuteur / allocutaire - non allocutaire. Nous constatons que le pronom personnel « je » représente le locuteur, tandis que tous les autres pronoms personnels représentent le non locuteur. Ce dernier est divisé en 2 sous-catégories, incluant aussi le pronom personnel « nous » mis à part. Première sous-catégorie - c'est la personne qui fait partie du débat, de la discussion ou tout simplement de la conversation. Donc logiquement nous trouvons ici les pronoms personnels « tu » et « vous ». Pour l'instant nous avons celui qui parle, celui avec qui il parle et il nous manque celui ou ceux/celles qui écoute(nt) donc l'auditoire. Ce dernier est composé d'un pronom à la 3ème personne du singulier ou du pluriel. Le pronom personnel « vous », en tant que formule d'appel et de politesse, représente l'allocutaire et le non allocutaire.

C. Kerbrat-Orecchioni déclare que comme les autres formes verbales les pronoms personnels réfèrent à des objets extralinguistiques et non à leur propre énonciation. Les déictiques réfèrent à des objets dont la nature

38

39

particulière ne se détermine qu'à l'intérieur de l'instance particulière de discours qui les contient.

Exemple 15 « Je salue bien sûr tous les députés qui ont contribué aux travaux en commission. Avec la ministre du travail, Myriam El Khomri, dont je veux saluer une fois de plus l'engagement et l'opiniâtreté, nous nous sommes battus pour convaincre. Je sais que la très grande majorité du groupe socialiste est convaincue, grâce notamment au travail formidable du rapporteur, Christophe Sirugue. Cette recherche permanente de compromis a toujours été l'attitude du Gouvernement. C'est pourquoi le texte sur lequel il engage sa responsabilité intègre 469 amendements, pour une très large majorité issus de ce travail collectif. »15

Dans cet exemple nous repérons la présence de trois pronoms personnels : je, il et nous. Le « je » représente le locuteur, en l'occurence le Premier ministre et le Chef du gouvernement, donc Manuel Valls. Ce dernier s'exprime au sujet du projet de loi Travail et de l'application de l'article 49.3 de la Constitution. Il s'agit d'un « je » affirmatif qui d'abord tient à saluer l'action et le choix des députés en question, et puis il salue de nouveau la ministre du travail. Le premier « je » est suivi du verbe saluer, et dans ce cas en utilisant ce verbe le locuteur adresse ses compliments aux hommes politiques concernés. Donc il s'agit d'une marque de respect et de reconnaissance. Le deuxième « je » est suivi d'un verbe modal, vouloir, et ici nous pouvons même parler d'un « je « affectif car le fait de vouloir saluer une nouvelle fois la ministre du travail nous amène à penser que

15Engagement de la responsabilité du gouvernement, en application de l'article 49.3 de la Constitution, sur le vote du projet de loi "Travail : nouvelles libertés et protections pour les entreprises et les actifs", à l'Assemblée nationale le 10 mai 2016

40

les propos du locuteur sont émotifs. Le troisième « je » est suivi du verbe savoir et celui-ci permet à l'orateur d'énoncer qu'il est au courant de la situation liée à la majorité. Le pronom personnel « nous » est composé de « je + tu », donc c'est un « nous inclusif ». Le pronom est suivi du verbe se battre, cela veut dire que le Premier ministre et la ministre du travail ont mené un long combat coude à coude afin de convaincre les députés ayant une vision sceptique quant au projet de loi Travail. Le pronom personnel « il » remplace le nom Gouvernement. Suivi du verbe engager, ce pronom confirme publiquement que l'engagement et la mission du Gouvernement privilégient le dialogue social, donc faire des compromis au nom de l'objectif final.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984