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Crise écologique et mission de l’église évangélique du cameroun


par Clément Hervé KUATE DJILO KUATE DJILO
Université Protestante d'Afrique centrale  - master  2017
  

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I.2- Fondement vétérotestamentaire de la mission.

Dans la première partie de la bible que nous appelons Ancien Testament, la notion ou la conception de la Mission se fait voir assez clairement. L'appel à la mission a son initiative en Dieu lui-même qui, de toute éternité, a décidé d'appeler les hommes à participer à sa Vie. C'est pourquoi, la réalisation de ce dessein s'insère dans les différentes phases qui vont de la création elle-même, en passant par la phase intermédiaire de l'élection du peuple hébreu, pour aboutir à la fondation de l'Eglise par le Fils de Dieu incarné.

Avec l'épisode de la création, Dieu appelle l'homme et le monde à la vie, et c'est pourquoi l'homme apparaît dans une relation particulière avec Lui, et participe à sa propre Vie elle-même. Il faut tout de même signaler que cette participation n'est pas imposée, mais, elle est offerte comme récompense pour l'observation du contrat : s'abstenir de manger le fruit défendu. La liberté de l'homme d'instaurer un dialogue avec Dieu et de souscrire avec Lui une alliance, établit une sorte de responsabilité. Dans ce pacte initial, l'homme est égal à Dieu pour la liberté. Mais les premiers hommes (Adam et Eve), en faisant un mauvais usage de la liberté, ont rompu le pacte d'alliance, en entraînant de graves conséquences : la perte de la communion avec Dieu, la perte de la possession pacifique sur la nature, du contrôle des instincts et des passions, de l'innocence et de l'immortalité.

Le thème de la mission est tellement ancré dans le coeur de Dieu, qu'il va se choisir un missionnaire pour porter la nouvelle aux nations : Israël.

Dans la phase préparatoire de l'Ancien Testament, Yahvé Dieu appelle à Lui un peuple, établit avec ce dernier une Alliance qui fait d'Israël un peuple qui lui appartient de manière toute particulière parmi tous les peuples (Ex 19 :5), son propre peuple (Dt 26 :18), et lui promet la fidélité qui sera expliquée plus tard par la métaphore du pasteur et de l'époux, qui désignent Israël comme troupeau de son bercail , et comme épouse (Ps 79 :13; 95 :7, 100, Es 40 :11; Jr 23 : 2; Ez 34 : 1-31 etc.). Dieu est présenté expressément dans le livre de Deutéronome chapitre 32, verset 5 comme Père. Aisément, nous pouvons conclure qu'Israël constitue alors la famille de Dieu.

Malgré sa mentalité toute particulière marquée par une fermeture à tout universalisme, Israël est appelé à une médiation de salut à l'égard de tous les peuples : dans la mesure où il est présenté comme le peuple de Dieu et le serviteur de Dieu, il est le médiateur royal, prophétique et sacerdotal du salut.

A la fidélité de Dieu, va s'opposer l'infidélité et la trahison du peuple, qu'Il n'abandonne toutefois pas, mais continue à rappeler à Lui par l'envoi de ses intermédiaires qui parlent et agissent en son Nom, et peuvent donc être considérés comme étant les missionnaires, dans la mesure où ils sont envoyés par Dieu lui-même pour amener le peuple à conserver l'Alliance et à jouir du salut qu'il offre. La fonction d'Israël est définie par Dieu pour s'exercer parmi les autres peuples en tant que peuple élu. Le choix d'Israël implique une qualité de présence parmi les peuples. Il faut considérer à la fois la particularité de l'élection et l'universalité du dessein de Dieu. La mission implique une relation de qualité avec Dieu. Mais comme le souligne Daniel MARGUERAT « en dépit des efforts missionnaires, la majorité du judaïsme s'est fermée à cette proclamation. Pourtant Dieu a donné des signes évidents de son consentement à cette extension de la sainteté d'Israël au monde entier.»25(*)

Ainsi nous avons Abraham, de son vrai nom Abram. Il est descendant de Sem, fils de Noé. Un jour, à la demande de Dieu il quitte Ur avec sa famille et s'installe à Harran. Âgé de 75 ans, il va à nouveau quitter sa terre avec sa famille, pour aller dans le pays de Canaan, à Sichem puis au Chêne de Mamré. C'est là que Dieu lui promet de donner ce pays à sa descendance.

Signalons que sa charge missionnaire, tout ne sera pas que rose car, sa route est semée d'embuches. C'est ainsi qu'Abram demande à Saraï de faire croire aux Égyptiens qu'elle est sa soeur, car il craignait d'être tué s'il se présentait comme mari d'une si belle femme. Le Pharaon prit Sara pour femme, et Abram reçut de nombreux cadeaux. Mais Dieu infligea de grands malheurs au Pharaon, qui après avoir reproché son mensonge à Abram, les congédia.

Alors qu'Abram passe par le Néguev, il se sépare de Loth, son neveu. En effet, leurs troupeaux sont tellement grands que le pays ne subvient plus à l'ensemble de leurs besoins. C'est ainsi que Loth partira s'installer à Sodome (Abram mènera par la suite une expédition pour libérer Loth qui a été fait prisonnier).

Alors qu'Abram est âgé de 99 ans. Dieu lui apparaît et lui propose à nouveau une Alliance... Dieu le nomme Abraham, car il lui promet de nombreux descendants. En échange, Abraham et ses descendants devront le reconnaître comme leur Dieu, et pratiquer la circoncision sur les enfants mâles.

Par la suite, Dieu annonce que les villes de Sodome et Gomorrhe vont être jugées et détruites car la population se conduit mal (pratiques abominables et relations contre natures comme l'homosexualité, le lesbianisme...) Comme missionnaire et envoyé de Dieu, Abraham le supplie de ne pas détruire Sodome s'il y trouve 50 justes. Dieu accepte, puis Abraham négocie jusqu'à obtenir que 10 justes sauvent la cité. Dieu s'éloigne, et Abraham le missionnaire rentre chez lui. Mais Dieu ne trouvera pas 10 justes et le lendemain, Sodome est anéantie, mais Dieu a épargné son neveu Loth et ses enfants.

Ici nous voyons avec Abraham que l'ordre n'implique pas pour lui, le fait d'aller vers les nations pour qu'elles se convertissent à Dieu mais il est rattaché à une promesse d'avenir : la bénédiction des nations à partir d'un homme (Abraham) et d'un peuple (Israël). La mission dans ce cas, a pour but de faire entrer les perdus dans le courant de la bénédiction divine. Pour Edmond JACOB, « le yahviste présente l'élection d'Abraham comme un épisode qui, se détachant sur le plan de l'histoire universelle doit rejaillir en bénédiction sur celle-ci. »26(*) Dieu envoie Abraham pour accomplir son plan. C'est pourquoi la mission est liée à un départ, un lâcher prise, à un mandat, à un pas vers l'inconnu. Nous voyons que malgré les difficultés, « la mission rebondit toujours parce que Dieu protège ses envoyés et transforme leur détresse en tribune pour l'évangile. »27(*)

Nous avons aussi Moïse qui sera également appelé à partir comme missionnaire, libérer le peuple juif pris en esclavage en Egypte. Moïse paissait un jour le troupeau de Jéthro, son beau-père, à Horeb, la montagne de Dieu. Il ne se doutait pas que les jours de son exil touchaient à leur terme. Mais l'Ange de l'Éternel lui apparaît dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson à épines. Et Moïse s'aperçoit que ce buisson est tout ardent de feu, mais ne se consume pas (Ex. 3:2). Ce buisson était une figure d'Israël, éprouvé par le feu, mais un feu détruisant seulement le mal qui n'a pas été encore jugé. Moïse déclare : « Je me détournerai et je verrai cette grande vision » (Ex. 3:3). Alors Dieu l'appelle : Il répèta deux fois son nom, comme Il le fera pour d'autres. Cela souligne l'importance du moment. Et Moïse répond : « Me voici ». Nous pouvons décliner la mission de Moïse en trois grandes étapes.

Première étape de la mission de Moïse (Ex 3,7-15) cette portion du texte biblique se présente comme un récit de vocation, après l'irruption divine. Car on retrouve des éléments communs à d'autres récits : ordre de mission, objection de l'appelé, promesse d'assistance et signe donné comme gage de l'appui divin.

Seconde étape de la mission de Moïse (Ex 3,16-4,11). Moïse est ici chargé de deux missions distinctes : d'une part, se rendre auprès des anciens et leur porter la parole de Dieu (3,16-18a) et d'autre part, se rendre auprès de Pharaon et lui porter également la parole de Dieu (3,18b-22). Ce missionnaire commence par répondre par une objection, et après plusieurs résistances il finit par une dernière objection sous forme d'une supplication : "je t'en prie Seigneur" (4,10). Il est convaincu de ne pas être le porte-parole adéquat de Dieu devant son peuple et devant Pharaon :

Troisième étape de la mission de Moïse (Ex 4,12-17) Comme dans les deux étapes précédentes (3,10.16), Dieu commence par envoyer Moïse : "Va". Et il ajoute :... JE SUIS avec ta bouche et je t'enseignerai ce que tu devras dire. (v. 12). Ainsi s'achève cette longue section de la vocation de Moïse. Il ne répond plus rien, il ne pose plus de questions et il n'adresse plus de supplications à Dieu. Le héros populaire a lutté longuement contre cet appel de Dieu à devenir un homme de Dieu ! Moïse cède et accepte : Dieu l'a maîtrisé et a fait de lui son missionnaire avec pour objet de la mission la libération du joug égyptien de son peuple.

Une fois parvenue en terre promise sous la conduite de Moïse et ensuite de Josué, Dieu leur suscite des juges et des rois pour les administrer et les maintenir dans la fidélité à l'alliance. C'était donc à ces derniers qu'étaient confiés la mission puis viennent les prophètes considérés comme des porte-paroles de Dieu. Comme missionnaires, les prophètes parlaient avec assurance et confiance au nom de Dieu. Les prophètes connaissaient parfaitement les conditions pour les promesses et conséquences de la désobéissance (Lv 26. 1-39 ; Dt 28. 1-42 - malédictions / bénédictions). Ils savaient aussi quelles étaient les conséquences et la gravité de l'idolâtrie (Dt 4. 15-40).

Comme missionnaire, le prophète était chargé d'identifier le péché et les actions d'Israël ainsi que les conséquences du péché. Il voyait la fondation de la parole de Dieu s'affaiblir. Leur cri était de réveiller les gens et de les ramener vers la Parole comme des bons défenseurs de l'alliance. Ils avaient pour mandat de rendre contemporain l'ancienne alliance, l'exode, le désert et la loi. Comme les précédents missionnaires, leur mission n'était pas de tout repos. Ils avaient à affronter la persécution, l'opposition, le découragement, l'isolement, les coeurs brisés... par exemple, Jérémie aurait bien voulu abandonner mais il ne pouvait pas.

Il devait avoir le courage de les reprendre tout le monde sur des choses cachées. Les prophètes apparaissaient toujours dans des moments de crise, ce qui accentuait leur manque de popularité (Jr 37. 2).

Comme missionnaires, les prophètes étaient comme la délivrance et Dieu les voyait comme des cadeaux pour le peuple (Am. 2. 10-12), des bénédictions. Amos, par exemple, priait pour des gens qui lui demandaient de se taire (Am 7. 1-3); Michée souffrait à cause de la condition spirituelle du peuple (Mi 1. 8). Lorsque le peuple d'Israël s'égarait, les prophètes lui rappelaient sa vocation de peuple élu par le Seigneur. Les prophètes étaient des hommes libres, souvent le ton de leurs propos était vif, ils pointaient les erreurs et les fautes, ils tançaient chacun du roi au plus petit, mais ils savaient aussi encourager et consoler les hommes et les femmes d'Israël.

Nous pouvons constater que, dans l'Ancien Testament déjà, la Mission est en même temps appel et envoi. Cette mission pouvait aller jusqu'au sacrifice car, pour Edmond JACOB, « jamais dans l'Ancien Testament l'idéal missionnaire ne s'est exprimé avec plus de profondeur par le sacrifice et la mort, le serviteur retrouve l'élection et son corollaire indispensable : la mission »28(*) L'élection se fait toujours en vue d'une mission. Le peuple élu devient ainsi le témoin qui fait connaître l'existence et la présence salvifique de l'Unique Dieu (Es 41 :19; 43 : 10, 56 : 3; Js 1 : 2ss). Avec Edmond JACOB nous apprenons que dans l'Ancien Testament, la mission se fait au détriment d'Israël dont le dépouillement doit enrichir les païens et, présentant les vérités les plus sérieuses sous une forme pleine d'ironie, l'auteur fait ressortir que le seul personnage antipathique est un israélite et même un prophète29(*).

Le Messie, lui-même, est annoncé par les prophètes comme celui qui sera envoyé pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres (Es 61 :1), comme celui auquel tous les hommes seront soumis et obéiront (Ml 3 : 1).

Voilà un bref aperçu du thème de la mission dans l'ancien testament, mais Dieu ne va pas s'y restreindre, puisqu'il va le développer aussi bien dans les livres poétiques, prophétiques, que dans le Nouveau Testament.

* 25Daniel MARGUERAT (sous la direction), Introduction au Nouveau Testament : son histoire son écriture, sa théologie, Labor et Fides, Genève, 2006, P.121.

* 26Edmond JACOB, Théologie de l'Ancien Testament, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1968, Pp. 176-177.

* 27Daniel MARGUERAT, Op Cit., P. 125.

* 28 Edmond JACOB, Op. Cit., P. 179.

* 29 Edmond JACOB, Op. Cit., P. 180.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams