
UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE UNIVERSITY OF YAOUNDE
I
******** ********
CENTRE DE RECHERCHE ET DE POST GRADUATE SCHOOL FOR
SOCIAL
FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES AND EDUCATIONAL
SCIENCES
HUMAINES, SOCIALES ET EDUCATIVES
******** *******
UNITE DE RECHERCHE ET DE DOCTORAL RESEARCH UNIT
FOR
FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES SOCIAL
SCIENCES
HUMAINES ET SOCIALES
******** ********
DEPARTEMENT D'HISTOIRE DEPARTMENT OF
HISTORY
FEMME ET POLITIQUE AU TCHAD : CAS DES PARLEMENTAIRES
ET DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT (1962-2018)
Mémoire de Master en Histoire soutenu le 13
septembre 2024 Spécialisation : Histoire
Économique et Sociale
Par
Chryssel NADJILEM RIBAR Titulaire d'une
Licence en Histoire
Jury
Président : KENNE Faustin, Pr
Rapporteur : Gabriel Maxime DONG MOUGNOL, Pr
Examinateur : NEBEU Jean Daniel, CC
Septembre 2024

À mes parents
Romain Ribardjé Djetobalmian et Emilienne
Londogoto.

SOMMAIRE
II
SOMMAIRE ii
AVERTISSEMENT iii
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS iv
SIGLES ET ACRONYMES v
LISTE DES ILLUSTRATIONS vii
RESUME viii
ABSTRACT ix
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : LA FEMME TCHADIENNE AU PARLEMENT ET AU
GOUVERNEMENT A
L'ERE DU MONOPARTISME (1962-1990) 27
I- LES DIFFERENTS REGIMES POLITIQUES A L'ERE DU MONOPARTISME
ET LEUR
HOSTILITE VIS-À-VIS DE LA FEMME (1962-1990) 28
II- LES PARCOURS DE QUELQUES FIGURES FEMININES MARQUANTES
DE
L'HISTOIRE POLITIQUE DU TCHAD 38
CHAPITRE II : L'EMANCIPATION POLITIQUE DE LA FEMME TCHADIENNE
DEPUIS
L'INSTAURATION DE LA DEMOCRATIE EN 1990 44
I- LE COMBAT POUR L'ÉGALITÉ DE DROITS 45
II- LA CONQUETE DES DROITS POLITIQUES 47
III- L'EMANCIPATION DES FEMMES AU NIVEAU DU LEADERSHIP EN
POLITIQUE
AU TCHAD 65
CHAPITRE III : LES POLITIQUES LIEES AUX FEMMES ET LEUR NIVEAU
DE MISE EN
OEUVRE AU TCHAD 73
I. LA POLITIQUE NATIONALE DE GENRE AU TCHAD 74
II- LE CODE DES PERSONNES ET DE LA FAMILLE 86
III- LES AUTRES POLITIQUES LIEES AUX FEMMES : LA STRATEGIE DE
LUTTE
CONTRE LES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE AU TCHAD 93
CHAPITRE IV : LE QUOTA ET LA PARITE : DEUX STRATEGIES DE
RESOLUTION DE LA
SOUS-REPRESENTATION DES FEMMES TCHADIENNES EN POLITIQUE 97
I- LA POLITIQUE DU QUOTA 98
II- LA POLITIQUE DE LA PARITE DANS LES FONCTIONS NOMINATIVES
ET
ELECTIVES : UN SOUHAIT A REALISER 104
III- LES PROCESSUS D'IMPLICATION DE LA FEMME TCHADIENNE DANS
LES
INSTANCES DE PRISE DE DECISION 107
CONCLUSION 117
ANNEXES 117
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 117
TABLES DES MATIERES 117
III

AVERTISSEMENT
Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par
le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la
communauté universitaire élargie.
Il est soumis à la propriété
intellectuelle de l'auteur. Ceci implique une obligation de citation et de
référencement lors de l'utilisation de ce document.
Par ailleurs, le Centre de Recherche et de Formation Doctorale
en Sciences Humaines, Sociales et Educatives de l'Université de
Yaoundé I n'entend donner ni approbation, ni improbation aux opinions
émises dans ce mémoire ; ces opinions doivent être
considérées comme propre à leur auteur.
iv

REMERCIEMENTS
Nous exprimons notre reconnaissance à tous ceux qui ont
contribué de près ou de loin à la réalisation de ce
travail. Hommage rendu particulièrement au Professeur Gabriel Maxime
DONG MOUGNOL, pour sa disponibilité et ses qualités
professionnelles et humaines. Malgré ses multiples occupations, il a
toujours trouvé le temps pour nous. Qu'il trouve dans ces propos, notre
profonde reconnaissance et le fruit de ses exigences scientifiques.
Nous remercions également tous les enseignants du
Département d'Histoire de l'Université de Yaoundé I, pour
leurs enseignements dont la portée a été
particulièrement significative dans notre formation.
Nos sincères remerciements à l'Assemblée
Nationale du Tchad, au Secrétariat Général du
Gouvernement, au Centre de Formation pour le Développement, au Centre
Al-Mouna et à la Bibliothèque Nationale du Tchad, pour nous avoir
fourni les informations nécessaires pour la réalisation de ce
mémoire. Une pensée précisément aux Dr. BAKARI
Sali, Dr. WALBADET Sir Lucain, Dr. NOM-OSSO Dara, et Dr. Marcelin Abdelkerim.
Un merci aussi à tous nos informateurs, pour leur
disponibilité.
Nos sincères remerciements vont à l'endroit de
Caleb Mbaindigabé, Olivier Mouita, Enos Londogoto, Hyppolite
Mbairamadji, Julius Ndaidouradé, Laomaye Yotoloum, Dieudonné
Desmang, Julien Laomian, Éveline Londogoto, Saturnin Laomaye, Tirolien
Laotaye Guy, Jean Bouanougam, pour leur appui moral durant notre parcours
universitaire au Cameroun.
Ces remerciements vont également à notre
promotion du Département d'Histoire de l'Université de
Yaoundé I, en particulier Marie Noëlle Madjingar, Abdel-Salam
Abdoulaye Harine, Djebaroum Madjitoingar, pour leurs encouragements. Merci
également à l'ainé académique, Dr. Dalouta
Tououpain Mouncharou, pour ses conseils.
À nos frères et soeurs qui n'ont jamais
cessé de manifester leur affection, qu'ils trouvent ici, l'expression de
notre sympathie. Qu'ils reçoivent également un sentiment de
reconnaissance en raison de leur assistance, leur considération pendant
notre séjour au Cameroun.

SIGLES ET ACRONYMES
V
AFA : Association Fille Aussi
AFED : Association des Femmes pour l'Entraide au
Développement
AFEM : Association Femme en Marche
AFJT : Association des Femmes Juristes du
Tchad
ASTBEF : Association Tchadienne pour le
Bien-être Familial
BEPC : Brevet d'Étude du Premier Cycle
CCFAN : Conseil de Comité des Forces
Armées du Nord
CEFOD : Centre de Formation pour le
Développement
CELIAF : Cellule de Liaison des Associations
Féminines
CEDEF : Convention sur l'Élimination de
la Discrimination à l'Égard des Femmes
CNS : Conférence Nationale Souveraine
CNIFD : Comité National
d'Intégration de la Femme au Développement
CSM : Conseil Supérieur Militaire
CST : Conseil Supérieur de la
Transition
DAPRO : Direction de l'Analyse et de la
Prospective
EDST : Enquête Démographique et de
santé au Tchad
FAN : Forces Armées du Nord
FAR : Fédération Action pour la
République
FROLINAT : Front de Libération Nationale
du Tchad
IFD : Intégration de la Femme au
Développement
MASSNF : Ministère de l'Action Sociale,
de la Solidarité Nationale et de la Famille
OFUNIR : Organisation des Femmes de l'UNIR
(Union Nationale pour l'Indépendance
et la Révolution)
PAA : Plan d'Action Annuel
PPT/RDA : Parti Progressiste Tchadien/section du
Rassemblement Démocratique Africain
PSIT : Parti Social Indépendant du
Tchad
RAJEUNIR : Rassemblement des Jeunes de l'Union
Nationale pour l'Indépendance et la Révolution
REFEMP/T : Réseau des Femmes Ministres et
Parlementaires du Tchad
UDR : Union pour la Démocratie et le
Renouveau
UDT : Union Démocratique Tchadien
vi
UNACOT : Union Nationale des
Commerçants
UNDR : Union Nationale pour la
Démocratique le Renouveau
UNIR : Union Nationale pour
l'Indépendance et la Révolution
URD : Union pour le Renouveau et la
Démocratie
TBS : Taux Brut de Scolarisation

LISTE DES ILLUSTRATIONS
vii
Tableaux
Évolution de la représentation feminine au
parlement de 1962 à 1990 35
Évolution des femmes parlementaires et nombre du
gouvernement de 1962 à 1990 37
Nombre des femmes au Parlement de 1991 à 2018 49
Nombre des femmes au Gouvernement à l'ère du
multipartisme de 1991 à 2018 54
Quelques partis politiques dirigés par les femmes de
1990 à 2018 102
Photos
Bourkou Louise Kabo : Première femme élue
à l'Assemblée Nationale tchadienne de 1962-
1973 39
Fatime Kimto : Première femme Secrétaire
d'État puis ministre du Tchad de 1982-1986 40
Khadidja Touré : Femme militante, avocate et
défenseuse des droits humains 42
Carte
Carte administrative du Tchad 7
Diagrammes
Evolution des nombres de femmes élues au parlement
à l'ère du monopartisme entre 1962 et 1990 36
Evolution des nombres de femmes nommées au gouvernement
à l'ère du monopartisme entre 1962 et
1990 37
Nombre de femmes au parlement de 1991 à 2018. 50
Evolution des nombres des femmes aux gouvernements entre 1991
à 2018 55
VIII

RESUME
La présente étude intitulée «Femme
et politique au Tchad : cas des parlementaires et des membres du gouvernement
(1962-2018)». L'interrogation principale qui sous-tend cette analyse est
la suivante : la femme tchadienne est-elle valablement
représentée au parlement aussi bien qu'au gouvernement de son
pays depuis l'indépendance ? Ceci étant, cette étude se
propose de passer au crible à évaluer les réalisations de
la femme tchadienne dans la vie politique au Tchad. Elle analyse la situation
de la femme tchadienne au parlement et au gouvernement à l'ère du
monopartisme, démontre l'émergence de l'émancipation
politique de la femme tchadienne depuis l'instauration de la démocratie
en 1990, identifie les politiques liées aux femmes et leur niveau de
mise en oeuvre au Tchad, examine la politique du quota à la
parité comme stratégie d'implication des femmes dans la vie
politique. Pour évaluer les réalisations de la femme tchadienne,
plusieurs sources ont été indispensables, il s'agit de celles
écrites, iconographiques, orales et l'approche invitée est la
diachronie. La méthode utilisée a permis d'obtenir les
résultats selon lesquels malgré la clarté de la loi
fondamentale qui dit que les Tchadiens de deux sexes ont le même droit et
les mêmes devoirs, ils sont égaux devant la loi. Pendant
longtemps, la femme a été écartée de la
sphère décisionnelle, aussi bien au parlement qu'au gouvernement.
Ceci s'explique, entre autres, par le poids de la tradition et la politique peu
favorable. En effet, la femme est considérée comme un être
inférieur. Outre cette situation, le contexte politico-institutionnel
marqué par les guerres et les violences politiques n'a guère
favorisé l'émergence des femmes en politique. Force est de
constater que même dans l'exercice de l'activité politique, les
femmes continuent d'être victimes des discriminations ; d'où
l'impérieuse nécessité de soutenir l'action politique
féminine en institutionnalisant le système de quota et de la
parité dans les listes électorales, en finançant les
femmes, ou encore les aidant à organiser leur campagne politique.
Mots clés : Femme, Politique, Parlement,
Gouvernement, Tchad.
ix

ABSTRACT
This study entitled «Women and politics in Chad: case
of parliament and government (1962-2018)».The main question underlying
this analysis is the following: have Chadian women been validly represented in
parliament as ell in the government of their country since independence? This
being said, this study aims to assess the achievements of Chadian women in
political life in Chad. She analyzes the situation of Chadian women in
parliament and government in the era of one-party politics, demonstrates the
emergence of the political emancipation of Chadian women since the
establishment of democracy in 1990, identifies policies related to women and
their level of implementation in Chad, examines the policy of the parity quota
as a strategy for involving a large number of women in political life. To
evaluate the achievements of the Chadian woman, several sources were essential,
it is about those written, iconographic, oral and the invited approach is the
diachrony. The method used made it possible to obtain the results according to
which despite the clarity of the fundamental law which says that Chadians of
both sexes have the same rights and the same duties, they are equal before the
law. For a long time, the woman was excluded from the decision-making sphere,
as well particularly in parliament and government. This is explained, among
other things, by the weight of tradition and unfavorable politics. Indeed, the
woman is considered as an inferior being. In addition to this situation, the
politico-institutional context marked by wars and political violence has hardly
favored the emergence of women in politics. It is clear that even in the
exercise of political activity, women continue to be victims of discrimination;
hence the imperative need to support women's political action by
institutionalizing the quota system in the electoral lists, by financing women,
or by helping them to organize their political campaign.
Keywords: Women, Politics, Parliament, Government,
Chad.

INTRODUCTION
1
2
1- CONTEXTE HISTORIQUE
La conquête des libertés, la reconnaissance et le
respect des droits des individus ne s'obtiennent pas sans heurt. Les guerres
furent et demeurent nécessaires pour triompher des tyrannies. Les
révolutions ont coûté d'innombrables vies humaines aux
Nations qui se sont soulevées pour parvenir à leur
indépendance de la domination coloniale. Dans ces Nations, les hommes et
les femmes ont été les principaux acteurs de la conquête de
cette liberté. Toutefois, au moment de récolter les fruits du
succès si durement acquis, les femmes ont été parfois
privées de reconnaissance pour leur participation à ces
différentes manifestations1. Cette discrimination trouve sa
justification dans des préjugés, selon lesquelles la femme est
naturellement faible pour mener des luttes. Ce sont des préjugés
fondés sur des mythes et des légendes que se font les hommes
à l'égard des femmes car, comme l'écrit Pierre Bourdieu,
«le mensonge à soi-même, collectivement entretenu et
encouragé (...) est, en toute société au fondement des
valeurs les plus sacrées et, par-là de toute l'existence de la
société''2.
D'abord, le concept femme. Littéralement, on entend par
femme, la femelle de l'homme. Elle désigne un être humain de sexe
féminin3. Dans le cadre de cette étude, le mot
«femme'' désigne les personnes de sexe féminin, y compris
les filles4. Un humain de sexe qui conçoit et met au monde
des enfants. Dans la croyance populaire, la femme ayant pour raison
première la procréation, est un être inférieur
à l'homme, et doit à cet effet jouer un rôle de second
plan. Cette perception imaginaire est soutenue par Laobele Dangde pour qui la
femme ne doit pas oublier son statut éternel de féminité,
c'est-à-dire un être sur la terre pour donner des enfants aux
hommes5. Une telle perception est le fruit d'une simple imagination
qui résume à suffisance l'état d'esprit qui prévaut
à l'endroit de cette catégorie d'être humain et minimise sa
contribution majeure à la société.
Dans la société traditionnelle africaine, la
femme en réalité, occupe une place fondamentale non pas seulement
sur le plan moral de l'éducation des enfants, mais aussi et surtout sur
le plan politique. En plus de l'éducation des enfants, elle est le
pilier de la famille
1 E. Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes à la vie politique au Tchad : 1990-2003'', Mémoire de
Maîtrise en Sciences Juridique et Politique, UCAC, Yaoundé, 2003,
p.30.
2 P. Bourdieu, La place des Femmes : enjeux de
l'identité et de l'égalité au regard de Sciences Sociales,
Paris, Karthala, 1998, p.34.
3 Le Petit Larousse Illustré, 2013, p.452.
4 Art.1er al. (g) du Protocole à la Charte
Africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la femme
en Afrique.
5 L. Dangde, «La Place de la femme dans la
société traditionnelle Igbo'', Revue Scientifique du Tchad
- Série A-décembre 2015, p. 55.
3
qui doit former le foyer et préserver les traditions ;
bref la formation de l'homme à la culture citoyenne dans la
société traditionnelle relève de sa
compétence6.
En général la femme, qu'elle soit noire, blanche
ou jaune, comparativement à l'homme, est spécifique en son genre
pour le don gratuit de la vie. C'est pourquoi, elle a un charisme qui incarne
et porte les véritables valeurs de l'amour. Or, rien de grand ne se
construit sans le don de l'amour parce que l'égoïsme
détruit7. En Afrique, la situation de domination, de
soumission et de négation de droits de la femme n'est pas aussi totale
car, il y eut des femmes qui se sont illustrées par leur présence
(Brunehaut, Jeanne d'Arc) en Occident, tout comme il y eut des
sociétés qui étaient gouvernées par des femmes en
Afrique, notamment Abla Pokou, la généreuse reine Baoulé
qui accepta de sacrifier son fils pour sauver son peuple; de Ranavalona III de
Madagascar ; Aline Sitoe Diatta du Sénégal, symbole de la
résistance casamançaise ; Ngaliforou de la RDC, souveraine du
Royaume Téké ; les reines Candace qui dirigèrent l'empire
Koushite de Méroé (Soudan) ; Ana Nzinga d'Angola, qui s'opposa
à la domination portugaise ; Néfertiti d'Égypte et
Efunroye Tinubu du Nigeria8. Ces femmes, ont marqué
l'histoire du leadership féminin politique en Afrique.
Les femmes étaient autrefois, dans de nombreux villages
africains, des autorités religieuses et des membres puissants et
respectés de leurs communautés9. Sur la scène
politique, même si bien souvent que le rôle de la femme
n'était pas au premier plan, elle était toujours consultée
pour la prise de grandes décisions, nomination d'un chef, acte
d'alliance, acte de guerre, de destitution etc. Son rôle dans le
développement de la conscience politique traditionnelle a laissé
des empreintes indélébiles10. Elle forgeait le moral
des guerriers en les exhortant par des chansons poétiques et pleines de
signification, valorisant le courage et reléguant la mort à
l'arrière- plan. Au niveau du règlement des affaires internes,
dans la société traditionnelle, les femmes se placent
derrière les hommes pour orienter les débats, suggérer les
questions, faire valoir leurs points de vue11.
L'élément central de la loi est la femme, car,
c'est elle qui transmet de génération en génération
les moeurs, la langue, les idées à l'homme qui demain, va prendre
les commandes
6 J. Guirayo et al, «Le rôle de la
femme dans la gestion de la cité au Tchad», Annales de
l'Université de Moundou, Série A-FLASH Vol.7(2), Juin, 2020,
p. 2.
7 Ibid, p.3
8 S. Serbin, Reines d'Afrique et
Héroïnes de la diaspora Noire, Paris, Sépia, 2004,
p.12.
9 Guirayo et al, «Le rôle de la
femme», p. 4.
10 Ibid, p.5.
11 Ibid, p. 6.
4
de la cité12. Sous l'arbre à palabre
constitué des notables et du chef, la femme intervient. Elle parle
toujours assise, c'est un honneur qu'on lui rend, une vénération,
un respect pour ce que l'homme lui doit de reconnaissance.
En 1962 Bourkou Louise Kabo13, entra à
l'hémicycle en tant que première femme parlementaire au Tchad.
Avec le flux démographique des années 1970, les crises sociales
liées aux coups d'État et les guerres civiles de 1977 et
198414, le pays va se plonger dans une crise politique et sociale
défavorable à l'intégration de la femme dans la politique.
A partir de cette date, la vie politique fut dominée par les militaires.
Les femmes se retrouvèrent absentes du partage du pouvoir, mais
étaient employées dans la fonction publique et dans le secteur
privé industriel. Il a fallu attendre 1982 pour qu'une femme,
Fatimé Kimto entre dans le gouvernement au poste de Secrétaire
d'État au Travail et à la Promotion Féminine, puis
Ministre des Affaires Sociales et de la Promotion Féminine en
198415.
En effet, les régimes qui se sont
succédés au Tchad n'étaient que de courtes durées
et étaient beaucoup portés à régler leurs
dissensions internes. Dans cette atmosphère de violence politique et de
terreur, la femme n'avait pas voix au chapitre. Elle se trouvait
confinée à son rôle d'épouse et de mère ainsi
qu'agent économique. Cette situation de guerre a accentué
l'absence de la femme tchadienne de l'activité politique. Avec les
tentatives de démocratisation vécues dans de nombreux pays
d'Afrique subsaharienne à l'aube des années 1990, on assiste
à une nette présence féminine dans le domaine public
à travers les associations et leur militantisme dans les partis
politiques16. Le multipartisme ouvrit pour ainsi dire la voie aux
manifestations publiques tant du côté des formations politiques
que du côté des organisations de la société civile
avec une émergence des femmes longtemps vues comme des citoyennes de
seconde zone.
Ce dernier a permis à la femme d'être active dans
la vie politique à travers les partis politiques, les mouvements
syndicaux, les associations féminines. Cette action lui confère
le rôle d'actrice politique au sens plein du terme, où son
implication dans la gestion des affaires de la nation n'est plus à
discuter. Force est de constater que cette volonté féminine
d'investir le champ politique reste émaillée d'embuches en
Afrique et plus particulièrement au Tchad.
12 Guirayo et al, «Le rôle de la
femme», p. 2.
13 M. N'gangbet, Peut-on encore sauver le Tchad,
Paris, Karthala, 1984, p 12.
14 R. Buijtenhuijs, Le FROLINAT et les guerres
civiles au Tchad (1977-1984), Paris, Karthala, 1997, p.47.
15 Ngartebaye Le-yota, `La participation des
femmes», p.10.
16 E. Sherif, «La participation politique des
Femmes au Sahel», rapport d'activité, Avril 2013, Bruxelles, p.
2.
L'histoire est en effet, dans une perspective
évolutive, sanctionnée par une infinité
d'éléments naturels et géographiques qui lui ont servi de
cadre et de support. Le cadre géographique est
5
Un tel thème a été choisi certainement
pour plusieurs motivations. Ainsi les raisons du choix sont
déclinées dans les prochaines lignes.
2- RAISON DE CHOIX DU SUJET
Le choix de ce sujet n'est pas ex- nihilo. Il réside
sur des raisons personnelles et scientifiques. Les motivations personnelles
sont dues au fait que, le parlement et le gouvernement demeurent largement
dominé par les hommes au Tchad. Ces derniers continuent d'occuper
majoritairement les postes clés à tous les niveaux dans les
sphères décisionnelles dans tous les secteurs et dans la
politique. Les femmes sont pratiquement invisibles sur la scène
politique, compte tenu de la domination masculine. Certaines femmes sont
compétentes et disposent des potentialités énormes, mais,
non exploitées. Alors pourquoi ne pas les encourager à
s'intéresser à la chose politique et exploiter ces
potentialités au profit de leur pays. Ce choix se justifie
également du désir d'approfondir les études sur femme en
politique et spécialiser dans la politique du genre.
Les raisons scientifiques viennent de la nature lacunaire des
travaux existants, sur la question de la femme et la politique au Tchad,
notamment au parlement et au gouvernement. Par contre, très peu de
chercheurs tchadiens se sont intéressés à la question de
la femme tchadienne. Cette situation préoccupante interpelle le
chercheur, à apporter sa contribution dans l'enrichissement de ce
sujet.
Cependant, dans le but de contenir la présente
étude, il convient d'opter pour une délimitation
spatio-temporelle.
3- DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE
Dans cet angle, il est question de faire non seulement de
faire une étude géographique du Tchad, mais également une
justification chronologique.
3.1- Cadre spatial
Le cadre spatial est nécessaire dans une recherche en
Histoire. Il permet de mieux définir la zone d'étude du
chercheur. L'histoire a pour objet d'étudier l'homme. L'on ne peut pas
faire une analyse historique en écartant l'homme de son environnement. A
ce titre le professeur Albert Pascal Temgoua affirme que :
6
d'une grande importance dans la dynamique sociale, politique et
économique, car les sociétés humaines sont en respiration
avec le milieu naturel17.
La présente analyse portant sur «femme et
politique au Tchad : cas du parlement et du gouvernement (1962-2018)»,
impose la description préalable de la situation géographique du
Tchad.
Ainsi donc, le Tchad est situé au coeur de l'Afrique,
entre le 8ème et le 24ème degré de
Latitude Nord et comprise entre le 13ème et le
24ème degré de Longitude Est, le Tchad couvre une
superficie de 1.284.000km2 ; il est le cinquième pays le plus
vaste d'Afrique après le Soudan, l'Algérie, le Zaïre
actuelle RDC et la Libye. Du Nord au Sud, il s'étend sur 1700 km et, de
l'Est à l'Ouest, sur 1000km. Il partage ses frontières avec six
pays voisins. Au Nord, la Libye, à l'Est, le Soudan, au Sud, la
République Centrafricaine et, à l'Ouest, le Cameroun, le Nigeria
et le Niger18. De par sa position géographique, au Sud du
tropique du Cancer et au coeur du continent africain, le Tchad est
marqué par une continentalité accentuée dont
l'étranglement économique est l'une des conséquences.
En effet, le pays est dépourvu de toute façade
maritime. C'est-à-dire, le pays est enclavé et ne dispose d'aucun
accès à la mer. Le port le plus proche est le Port Harcourt
(Nigeria), à 1700 km de N'Djamena et celui de Douala (Cameroun),
situé à environ 2000 km de N'Djamena, la capitale. Cet
enclavement extérieur est accentué par une insuffisance des
réseaux routiers qui rend difficile la circulation durant une bonne
partie de l'année19.
Peuplé d'environ 17.000.000 d'âmes 20
, le Tchad appartient politiquement et économiquement à l'Afrique
Centrale, mais en raison des similitudes des conditions climatiques, il est
rattaché également aux pays sahéliens. Il occupe le bassin
du lac Tchad, une vaste cuvette continentale de faible altitude (environ 200m).
A l'extrémité du Nord, le massif du Tibesti culmine à
3415m au pic d'Emi-koussi. La capitale N'Djamena se trouve à la
confluence des fleuves Chari et Logone. La capitale économique se trouve
à Moundou, au Sud du pays21. L'agriculture et
l'élevage constituent essentiellement les deux mamelles de
l'économie nationale (plus de 80% de la population active) n'arrivent
pas à assurer des
17 A. P. Temgoua, Le Cameroun à
l'époque allemande 1884-1916, Paris, L'Harmattan, 2014, p.192.
18 D. Kélos, «Pauvreté des
Ménages et Travail des enfants au Tchad : Niveaux et
Déterminants», Mémoire de Master Professionnel en
Démographie, IFORD, 2009, p.9.
19 Kélos, «Pauvreté des
Ménages et Travail», p.10.
20 A. Ramadji, «l'opposition partisane dans le
système politique tchadien : 1993-2011», Thèse de Doctorat
en Science Politique, Université de Bordeaux, 2015, p.24.
21 Ibid, p.11.
7
revenus substantiels aux populations en raison d'une
pluviométrie souvent déficitaire et d'une avancée sans
cesse du désert22. Ainsi donc, l'on présente la carte
administrative du Tchad.
Carte 1: Carte administrative du Tchad

Source : INSEED, Deuxième Recensement
Général de la Population et de l'Habitat `'résultats
globaux et définitifs», Ministère du Plan et de la
Coopération Internationale, 2012, p 1.
22 Ramadji, «L'opposition partisane»,
p.16.
8
Après avoir délimitée
géographiquement, l'on présente le cadre temporel. 3.2-
Cadre temporel
L'on s'accorde avec joseph Ki-Zerbo, lorsqu'il affirme «
l'historien qui veut remonter le passé sans repère chronologique
ressemble à un voyageur qui parcours dans une voiture sans compteur une
piste sans borne chronologique23». Le cadre temporel
s'étend de 1962 à 2018. La première date est la borne
inferieure, elle s'explique par le fait que l'année 1962 introduit la
nouvelle législature qui accordait la participation de la femme dans la
vie politique du Tchad indépendant24. C'est cette
année qu'une première femme politique, Bourkou Louise Kabo est
élue à l'hémicycle en tant que parlementaire25.
L'année 2018 quant à elle est la borne supérieure. Elle
marque la signature d'une ordonnance accordant un quota de 30% de places aux
femmes dans toutes les fonctions nominatives et électives26.
Il s'agit d'une nouvelle politique de la femme tchadienne dans la vie
politique.
Pour mieux cerner les mots clés de cette
thématique, une clarification conceptuelle est évidente.
4- CLARIFICATION CONCEPTUELLE
Pour mieux saisir le sens des termes et expressions
clés utilisées dans ce travail, un cadre conceptuel s'impose.
Émile Durkheim précise d'ailleurs que «le savant doit
d'abord définir les choses, dont-il traite afin que l'on sache et qu'il
sache bien de quoi il est question (...)''27. Cette
conceptualisation porte entre autres sur les expressions suivantes :
La politique
Le terme «politic» désigne les
«produits» de l'action gouvernementale, c'est-à-dire les
programmes, des décisions et d'actions imputables aux autorités
politiques : on parlera ainsi de la «politique étrangère du
Tchad ou du Cameroun» ou de la «politique culturelle» de Jack
Lang par exemple. Et le terme «politics» désigne
plutôt les «processus» liés à l'exercice et
à la conquête du pouvoir d'État dans une
société donnée28. Des auteurs comme Georges
Burdeau et Pierre Braud, n'hésitent pas à cultiver l'androgynie
au masculin «le politique» intègre l'ensemble des
régulations qui assurent l'unité et la pérennité
d'un espace
23 J. Ki- zerbo, Histoire de l'Afrique noire
d'hier à demain, Paris, Hatier, 1972, p.16.
24 N'gangbet, Peut-on encore sauver, p.12.
25 Ibid, p.13.
26 Ordonnance No 012/PR/2018 du 22 mai
2018 instituant la parité dans les fonctions nominatives et
électives en République du Tchad.
27 E. Durkheim, les règles de la
méthode sociologique, Paris, PUF, 1968, p.95.
28 E. Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes à la vie politique au Tchad : 1990-2003», Mémoire de
Maîtrise en Sciences Juridique et Politique, UCAC, Yaoundé, 2003,
p.30.
9
social hétérogène et confidentiel ; au
féminin, «la politique» indique la scène où
s'affrontent les individus en compétition pour la conquête et
l'exercice du pouvoir29; ce qui laisse une ouverture pour la
participation politique.
Dans le cadre de ce travail, la politique indique la
scène, où s'affrontent les individus en compétition pour
la conquête et l'exercice du pouvoir.
La participation politique
Participer c'est prendre part à une action, c'est
contribuer soit directement ou indirectement à la construction d'une
chose, d'un État, bref d'une société30. La
participation politique signifie l'acte par lequel le citoyen assume et tente
d'influencer, directement ou indirectement le cours des affaires publiques dans
sa société31. Elle suppose une décision
consciente et libre de la part du citoyen, de s'occuper de ce qui est
censé orienter la vie de tous dans la cité. C'est pourquoi elle
se situe à l'opposé de l'apathique c'est-à-dire du citoyen
qui néglige de prendre part à la discussion et à la
gestion des problèmes de la cité.
Pour Huntington et Nelson32, la participation
politique est une activité opérée par des citoyens
privés «private citizens» et qui vise à
influencer la formation des décisions gouvernementales. La participation
politique désigne les activités volontaires par lesquelles les
citoyens prennent part aux sélections des dirigeants, directement ou
indirectement, à la formation de l'action publique. Ou encore, elle
renvoie comme le soulignent Verba et Nice, à ces activités
exercées par des citoyens privés qui visent plus ou moins
directement, à influencer la sélection du personnel
gouvernemental et/ou des actions qu'il entreprend33. Dans le cadre
de ce travail, la participation politique désigne l'ensemble des
activités d'ordre politique que peuvent avoir les individus dans une
société.
La représentation
La représentation est le fait de représenter une
personne ou un groupe et de parler en leur nom34. En d'autres
termes, la représentation est une action de représenter
quelqu'un, le fait de tenir sa place ou de parler en son nom. En droit, la
représentation est le fait de remplacer quelqu'un, d'agir à sa
place. Représentation du mandat par le mandataire. En
29 G. Grunberg, «Acteurs et comportement
politiques : la participation politique», Cahiers français,
n° 276, 1996, p.10.
30 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.30.
31 Ibid, p. 31.
32 M. Grawitz et J. Leca, Traite de sciences
politiques : T3 ; action politique, Paris, PUF, 1985, p.76.
33 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.32.
34 M. Legain, (dir), Le Nouveau Dictionnaire petit
Robert, Paris, 1993, p. 1943.
10
politique, c'est le pouvoir législatif exercé
par les représentés élus. La représentation dans le
cadre de ce travail, désigne la proportion des femmes à
l'assemblée Nationale Tchadienne et au gouvernement. Mais force est de
constater une disproportion entre elles et les hommes dans cette
représentation nationale.
Parlement
Le parlement est une institution représentative
titulaire d'un pouvoir législatif à caractère consultatif
et prend forme en Grande-Bretagne au XIIIème siècle. Il se
définit comme étant un système de séparation souple
des pouvoirs. C'est un régime politique dans lequel le Gouvernement est
dirigé par un Premier Ministre, responsable devant le
parlement35. Par contre, un parlementaire est une personne physique,
membre du Parlement, élue dans une circonscription
déterminée pour faire partie d'une Assemblée
délibérante. En effet, il porte soit le titre de sénateur,
soit de député. Les parlementaires constituent l'ensemble des
composantes humaines institutionnalisées dont la fonction est la
représentation du peuple souverain36. Le Tchad comme tout
État africain issu de la colonisation française, va adopter le
système parlementaire. En effet, la constitution de 1962 consacre le
parlement comme un pouvoir public succédant au pouvoir exécutif.
Il est constitué d'une chambre unique dit Assemblée Nationale ou
Monocamérale dont les membres portent le titre de
Députés.
Gouvernement
Organe chargé de mettre en oeuvre la politique du
président. Ce concept désigne l'ensemble de ceux qui gouvernent
un État, membre d'un même ministère. Le gouvernement est le
troisième élément constitutif d'un État. Pour qu'un
gouvernement soit obéit, il doit être légitime. C'est pour
cela que pour maintenir l'ordre sur le territoire, il doit devenir
légitime et respecter les règles en vigueur dans la
société. Cette notion du gouvernement a un double sens. Le
premier sens, utilisé communément désigne
l'exécutif, le législatif et le judiciaire et le deuxième
sens ne concerne que le premier ministre et son équipe37.
Leadership
Le terme leadership vient de l'anglais
«leader» qui désigne un chef (choisi par ses paires)
d'un parti politique. Le leadership est la capacité, la qualité,
l'art de conquérir, exercer
35 S. Hadidja, «L'institution parlementaire et
l'État de Droit au Cameroun», Mémoire de Master en Droit
Public, Université de N'Gaoundéré, 2013, p.12.
36 Ibid, p.16.
37 F. Kaponga, «Le désengagement du
gouvernement congolais face à l'efficacité des politiques de
développement des entités locales : cas de la ville de
Lubumbashi», Mémoire de Master en planification de
Développement, Institut Supérieur interdiocésain
Monseigneur Mulowa, 2010, p. 23.
11
et conserver une fonction de leader. Dans la langue
française, le leadership est une forme d'anglicisme qui désigne
un meneur, un chef de file «un dirigeant de terrain, un acteur influent,
écouté, qui conduit des personnes vers un objectif
»38 .
L'usage du mot leader dans ce mémoire est compris dans
le sens de meneur d'Hommes, pour l'expression de la féminité
d'une part et d'autre part, est leader cette femme qui fait preuve d'une grande
influence dans la communauté ou dans la société. Enfin le
leader est aussi cette femme qui inspire et suscite de l'engouement
auprès de la population du fait de sa personnalité, de son
comportement et sa position sociale.
Leadership féminin
En allant dans le même sens que le mot leadership, le
leadership féminin commence à se développer à
partir de l'accession des femmes aux postes de pouvoir (travail
rémunéré, administration, commandement, accession aux
postes électifs...). Le leadership féminin vise à analyser
les efforts fournis par les femmes dans la sphère publique. Plus
concrètement, le leadership féminin vise à mettre en
évidence «les forces et les faiblesses» du genre
féminin dans le processus du développement. La
particularité du leadership féminin est qu'elle prend en compte
les approches personnalistes et situationnelles dans la perspective de
l'entrepreneuriat, de l'économique, de management et de la gestion. L'on
peut donc reconnaitre que «s'intéresser au leadership des femmes,
c'est s'intéresser à la construction du genre féminin et
aux représentations de la féminité»39 .
Après avoir clarifié les concepts clés,
il convient de présenter la revue critique de la littérature.
5- LA REVUE CRITIQUE DE LA LITERRATURE
La recherche est un domaine qui est loin d'être
statique. L'on est toujours appelé sur ce que les autres avaient
déjà évoqués mais dans d'autres aspects, c'est
à dire que l'on est loin d'être les premières personnes
à aborder un thème de recherche. Il revient à dire que
certains auteurs ont abordé la question de la femme et la politique que
ce soit sur le volet social, le domaine économique, ou encore dans le
domaine politique. C'est ce qui donne raison à Guillaume Fongang
lorsqu'il tirait la sonnette d'alarme en ces termes :
38 E. Wassouo, «Représentations
du leadership politique féminin différences Culturelles :
comparaison entre la France et le Cameroun», Thèse de
doctorat en psychologie, Université de Grenoble Alpes et
Université de Yaoundé I 21 avril 2017, p.25.
39 N. A. Gaudreau, «Représentations
sociales : femme leader, leader idéal et leadership personnel, une
approche biographique du leadership», Mémoire en Psychologie,
Université du Québec à trois rivières, 2016,
p.23.
12
L'essentiel de la découverte scientifique ne tient pas
seulement à la nouveauté d'une observation, mais aussi au fait
d'établir un rapport solide entre le déjà connu et ce qui
était jusqu'alors inconnu, car c'est grâce à ce processus
que l'on parvient le plus surement à la compréhension
véritable et au progrès réel.40
Il devient vital de passer en revue ces multiples publications
en rapport avec ce travail. C'est pourquoi l'étude de la revue critique
de la littérature est capitale. Car elle permet de voir si les
études ont été faites sur la femme et la politique dans
tous les aspects. C'est sans doute dans cette perspective que Michel
Beaud41 écrit ?ce qu'on attend d'une thèse, comme dans
tout travail de recherche c'est un progrès dans la connaissance : soit
un éclairage sur la question en débat, soit la reconstruction
d'un corpus explicatif, soit un approfondissement de la connaissance dans le
domaine qu'elle analyse.» Cette rigueur méthodologique oblige le
chercheur à faire une fouille des documents d'une manière
minutieuse en rapport avec le thème à traiter. Pour combler cette
exigence scientifique, l'on a eu recours à moult publications
scientifiques en rapport avec ce thème, d'une manière directe ou
indirecte. Il s'agit des travaux de :
Fred Constant42 , dans son livre intitulé :
«la citoyenneté», pense que, contrairement à
l'idée populaire, la citoyenneté est loin de disparaître.
Selon ses dires, ce serait plutôt la représentation universelle,
spécifique de celle-ci et de son implication dans l'espace public qui
serait en dégénérescence. Pour soutenir sa thèse,
l'auteur avance, que la citoyenneté se présenterait sous de
nouveaux visages. Pour lui, ce serait l'aboutissement d'une forme
récente d'implication dans le domaine public. Conséquemment, la
citoyenneté ne peut être un acquis pour tous. Elle est
considérée par l'auteur comme un métier qui
nécessiterait une longue formation. De plus, un citoyen sera
porté à participer dans le système à partir du
moment, où il devient conscient de ses exigences civiques ; d'où
l'idée constante chez l'auteur que la participation politique est
directement corrélée au degré d'intégration de
l'individu à la collectivité. Constant admet que le fait d'avoir
la potentialité de prendre part à l'exercice du pouvoir, ne
permet pas de régler les conflits. Encore faudrait-il que le citoyen
puisse abroger les clivages majeurs qui sont présentes dans la
société. L'auteur ne montre pas l'indispensabilité de la
femme et la citoyenneté. Il y a pourtant lieu de penser que la
citoyenneté est indispensable comme un défi majeur pour la bonne
gouvernance et le vivre ensemble.
40 G. Fongang, les mutations du secteur
agricole bamiléké (Cameroun) étudiées à
travers ses acteurs ; une analyse à partir des localités de
Fokoué et de Galim, Paris, Gregnon, 2008, p. 24.
41 M. Beaud, l'art de la thèse, Paris,
la découverte, 1997, p. 78.
42 C. Fred, La citoyenneté, Paris,
Montchrestien, 1998.
13
Pour Bérengère Marques-Pereira, le
problème se pose autrement. Dans son ouvrage, l'auteure met en garde
contre toute considération spécifique quand on traite de la
citoyenneté des femmes. Pour cette dernière, la
citoyenneté révélerait des images métaphoriques
qu'ont les sociétés d'elles-mêmes et «l'état de
réflexivité que sociologues et politistes entretiennent à
leur champ politique»43. Cette thèse se confirme dans
ses propos quand elle affirme que c'est à partir des années
quatre-vingts que les politicologues ont commencé à aborder la
question de la citoyenneté des femmes dans la perspective des genres.
Nonobstant, l'apport bénéfique de cette question à la
théorie politique et à la sociologie politique, cette
dernière n'est toujours pas considérée comme un
thème de recherche distinct. Marques-Pereira explique cela par la forte
domination des hommes dans les domaines de la science et la sociologie
politique. Dans ce cas-là, il n'est pas étonnant de voir que la
question de la citoyenneté des femmes ne fut pas consacrée comme
objet de recherche. L'avis de l'auteur attire l'attention puisqu'elle ne montre
pas l'importance de la citoyenneté des femmes dans le
développement politique au Tchad.
Il convient de saisir la difficulté pour les femmes de
s'identifier à un modèle donné de citoyen. Pour Jane
Jenson44, c'est le citoyen issu de la Révolution
française qui fut considéré comme le modèle type de
citoyenneté. D'ailleurs, de nombreux mouvements de femmes l'ont
dénoncé lors des deux grandes vagues du féminisme en
Europe occidentale. Aujourd'hui, ce prototype a grandement
évolué. Il fut rejeté au profit d'une toute autre
définition de la citoyenneté ainsi que de la démocratie.
Mais aussi, c'est grâce à l'acquis des droits politiques des
femmes, que d'autres images de la citoyenneté sont apparues.
Désormais, cette dernière n'est plus figée dans le temps
ni l'espace, mais définie par la diversité des statuts des
citoyens et des besoins distincts de ces derniers. Malheureusement, cette
diversité ne facilite en aucun cas l'engagement politique des femmes.
Par ailleurs, l'auteure soutient l'idée que les femmes ont fait
d'énormes efforts pour rendre les pratiques politiques plus accessibles,
plus égalitaristes. Ces dernières sont devenues beaucoup moins
hiérarchiques et attirent de plus en plus de gens. Toutefois, le travail
à effectuer est colossal puisque les femmes ne sont toujours pas
pourvues d'une citoyenneté à part entière. Elles font face
à des contrariétés phénoménales quand vient
le temps de s'engager dans la vie publique. Cet ouvrage explique clairement que
les différents problèmes que rencontrent les femmes sont d'ordre
politique. Toutefois, l'auteure ne montre pas les obstacles de la participation
de la femme dans le domaine
43 B. Marques-Pereira, La citoyenneté
politique des femmes, Paris, Armand Colin, 2003.
44 U. Jost Hans, M. Pavillon et F. Valloton (sous
la dir.), La politique des droits. Citoyenneté et construction des
genres au 19 et au 20 siècle, Paris, Éditions KIMÉ,
1994.
14
politique au Tchad. Dans l'actuel mémoire, le souci est
aussi de montrer que, l'État tchadien accorde une certaine importance
à la question de la femme et la politique au Tchad.
Dans l'ouvrage, Les femmes et la politique,45 les
auteurs mettent l'emphase sur la difficulté qu'ont les femmes à
s'investir dans la vie publique malgré leur citoyenneté
théorique. Ils évoquent trois raisons majeures pour lesquelles
les femmes s'engagent peu en politique. Il s'agirait d'une question de pouvoir,
de possibilité et d'opportunité. Donc, en mots clairs, les femmes
n'auraient ni la possibilité, ni la volonté et même pas
l'opportunité de s'engager. De plus, les auteurs pointent la famille du
doigt puisque ce serait au sein de cette dernière que l'organisation des
rapports de sexe consacrerait la domination masculine. Il y a aussi la question
de la représentation de la féminité qui est ardemment
discutée dans le texte. Ainsi, il est dit que les représentations
de la féminité seraient construites et fonctionneraient sur et
selon des règles purement masculines. De ce fait, le pouvoir serait vu
comme tabou. Donc, prohibé aux femmes. Ce qui explique, selon les
auteurs, que ce dernier soit antinomique aux représentations de la
féminité. L'argument de force de ce livre demeure l'idée
de nature. Ainsi, cette dernière serait à la base de la
conception qu'ont les gens des sexes. Les auteurs affirment que c'est
derrière l'idée de nature que se cache le statut et le rôle
des sexes. Cela a pour effet de s'insinuer dans un discours oppressant qui
renforce et maintient la domination des hommes sur les femmes. Cette domination
masculine serait le vecteur de l'exclusion des femmes du domaine de la
politique. Selon Catherine Achin, les femmes se seraient trouvées des
moyens d'engagement alternatifs pour contrer la discrimination dont elles sont
les sujets de choix. L'ouvrage de ces auteurs est intéressant pour la
rédaction de ce mémoire car, il met en lumière le
caractère durable de la représentativité de la femme au
sein de la politique. Mais ces auteurs ne montrent pas le rôle qu'occupe
la femme dans la politique au Tchad. C'est pourquoi il revient de montrer dans
ce travail de recherche, le rôle de la femme dans la scène
politique au Tchad.
Dans le livre Femmes en politique46, l'auteure
avance que les femmes sont dominées en politique en grande partie
à cause des facteurs structurels liés au fonctionnement du champ
politique, renforcés par les représentations sociales de la
division de travail entre les sexes. De ce fait, malgré les grands
efforts déployés, les capitaux politiques ne changent pas. Ainsi,
l'être politique est et «demeure l'homme blanc quelque peu
âgé, issue de la classe supérieure possédant un fort
capital culturel et soutenu par un parti politique. Quant à la femme,
elle est
45 S. Piochon et D. Grégory, Les femmes et
la politique, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2004.
46 C. Achin et S. Lévesque, Femmes en
politique, Collection Repères, Paris, La découverte,
2006.
15
et reste campée dans l'éternel rôle
féminin qu'elle endosse elle-même ou qu'on l'impose». Donc,
qu'importe ce qu'elles font, les femmes ne peuvent s'en sortir autrement. Leur
exclusion est savamment orchestrée. Cette orchestration prend une forme
particulière pour Carolle Simard. Mais l'auteure ne montre pas les
obstacles à la participation de la femme dans la politique au Tchad.
Dans ce travail, il est donc important de montrer les obstacles liés
à la participation de la femme dans l'arène politique au Tchad,
afin de combler ce vide dans l'historiographie relative à la femme
tchadienne.
Dans un article publié dans «Changement et
insertion des femmes dans le système politique»47,
Simard Carolle aborde la question de la participation politique des femmes
d'une façon particulière. Dans son texte, elle mentionne que les
femmes participent réellement à la vie politique. Cependant,
elles peuvent être exclues ou incluses selon les secteurs
d'activités politiques. Donc, les femmes ne seraient pas exclues du
système représentatif, mais bien dans le processus de
décision finale. Dès lors, leur intégration politique
reste partielle, voire incomplète. Simard attribue cet état de
choses au fait que le pouvoir est mâle et qu'en politique la
réalité ne s'exprime qu'à travers un univers
essentiellement masculin. Force est de constater que «les femmes
s'auto-excluent tandis que les hommes ont le sentiment, né de la
conviction, que l'univers politique leur appartient, à eux seuls».
Bien que cet article donne des éléments sur l'exclusion de la
femme des instances décisionnels mais ne montre pas comment les femmes
parviennent à faire face aux obstacles politiques pour se hisser dans
les instances de prise de décisions politique. En effet, ce travail
montre comment la femme parvient à faire face aux obstacles politiques
pour se hisser dans les instances de prise de décisions politique au
Tchad.
Yolande Cohen48 rejoint cette idée
d'auto-exclusion dans une autre mesure. Dans son texte, elle prétend que
la littérature féministe a longtemps laissé comprendre que
les femmes subissaient une oppression farouche. Selon elle, ce serait plus ou
moins vrai. Les femmes devraient être tenues pour responsables de leur
absence. Celles-ci se seraient elles-mêmes exclues de la vie politique
puisqu'elles auraient développé des pouvoirs sécants pour
s'exprimer. De ce point de vue, il résulte que la force des femmes
découlerait du quotidien. Cependant, des nuances se dégagent dans
les propos de l'auteure. Cohen soutient que les femmes se servent de leur
quotidien pour combattre un patriarcat dévastateur. De plus, ces
dernières seraient loin de normaliser les rapports sociaux entre les
sexes qui découlent des
47 C. Simard, «Changement et insertion des femmes
dans le système politique», Politique, no 05,
1984, pp.1-13.
48 Y. Cohen, Réflexions
désordonnant les femmes du pouvoir, Grenoble, Presses
Universitaires de Grenoble, 2005.
16
règles et des codes préétablis. Par le
fait même, elles dénonceraient les tabous et les
préjugés qui les dérobent de leurs droits. Par ailleurs,
Cohen atteste que les femmes se feraient critiques face à la politique,
l'ignoraient, s'esquiveraient au lieu de la confronter. Malgré cela, ces
dernières finiraient toujours par se placer ailleurs de celle-ci. Pour
Cohen, les femmes tenteraient même de se replier dans une sphère
qui leur appartiendrait, soit la sphère privée. L'auteur ne prend
cependant pas l'exemple des associations qui luttent sur la promotion
féminine dans l'arène politique au Tchad. Ceci dit, il convient
de montrer la contribution des associations qui luttent pour la promotion
féminine au Tchad et enfin mener des stratégies pour la bonne
participation de la femme tchadienne dans la politique.
Michael Taoyang Warai, dans son Mémoire de Master a
abordé en 2013 le sujet sur la participation politique des femmes
à l'Extrême-Nord du Cameroun. Il a mis l'accent sur les obstacles
socioculturels, économiques et institutionnels empêchant les
femmes d'être visibles sur la scène politique camerounaise.
L'auteur a montré que malgré le vent d'Est qui a soufflé
en 1990 ouvrant une nouvelle ère démocratique et impliquée
toutes les composantes de la société dans la gestion des choses
publiques et politiques, les femmes restent sous-représentées
dans les instances de prise de décisions de l'État
camerounais49.Ces analyses et sont évidemment d'une grande
congruité, mais l'auteur n'a pas évoqué tout au long de sa
démarche, les stratégies pour une forte implication de la femme
dans les instances de prise de décisions de l'État Tchadien.
Eugène-Le Yota Ngartebaye, dans son Mémoire de
Maîtrise s'est penché sur l'aspect participatif de la femme dans
la vie politique au Tchad. Il a démontré dans son travail les
inégalités que la femme a subies sous les différents
régimes qui se sont succédé au Tchad. Néanmoins, la
femme a connu un réveil spectaculaire avec l'avènement de la
démocratie en Afrique et particulièrement au Tchad. Aussi,
l'auteur a-t-il démontré les stratégies qu'a
utilisées la femme tchadienne pour pouvoir contourner les obstacles
socioculturels et politique afin de se hisser dans les institutions
gouvernementales et parlementaires50. Toutefois, l'on trouve
navré le fait que l'auteur n'a pas évoqué la politique du
quota comme une stratégie d'implication de la femme dans la scène
politique.
Dans un rapport d'Évaluation du Genre, Élisabeth
Powley s'est penchée sur le rôle que jouent les femmes dans le
renforcement de la démocratie au Tchad. Le rapport
d'évaluation
49 M. Taoyang Warai, «La participation politique
des femmes au Cameroun : le cas de l'Extrême-Nord», Mémoire
de Master en Science Politique, Université de N'Gaoundéré,
2013.
50 E. Ngartebeye Le-Yota, «La participation de la
femme à la vie politique au Tchad», Mémoire de
Maîtrise en Sciences Juridiques et Politiques, Université
Catholique d'Afrique Centrale, Yaoundé, 2003.
17
du Genre met en exergue la question du genre et
d'égalité au Tchad. Dans ce rapport, il a été aussi
souligné le retard du Tchad en matière d'égalité
entre les hommes et les femmes. Pour ce faire, le Tchad est l'un des pays
subsahariens où le taux des femmes au parlement est plus
faible51.
Au vu de tout ce qui précède, il faut
préciser qu'aucun historien du Tchad, s'est penché sur
l'étude ayant trait à la présente thématique
portant sur «femme et politique au Tchad : cas du parlement et du
gouvernement (1962-2018)». A cet effet, le présent mémoire
se veut original et compte analyser de manière objective la politique de
l'Etat tchadien dans le processus de l'implication de la femme dans la
politique au sein du parlement qu'au gouvernement.
Après avoir élaboré une revue critique de
la littérature à partir de différentes lectures, il
apparait donc crucial qu'une problématique de recherche soit
formulée.
6- PROBLEMATIQUE
La problématique est une étape importante qui
est construite autour d'une question centrale, permettant une meilleure
approche et un traitement fécond du sujet choisi. Elle constitue donc la
lampe du travail de recherche et son absence dans un travail scientifique
pourrait être vide de sens. La question de la femme et la politique au
Tchad n'est pas un thème nouveau dans le domaine de la recherche. En
effet, depuis l'indépendance, le Tchad est resté, en proie
à la guerre civile opposant les pouvoirs centraux successifs à
des groupes armés qui cherchent à se renverser. Ceux-ci, le plus
souvent, parviennent à leurs fins avant d'être eux-mêmes
chassés du pouvoir. C'est donc un cycle infernal de prise violente de
pouvoir que le pays a connu depuis à peu près trois
décennies. Cette situation de guerre a «militarisé la vie
politique» pour ainsi dire, a vu l'absence de la femme tchadienne de
l'activité politique. Cependant, les femmes font face à de
nombreuses barrières qui leur empêchent de participer pleinement
à la vie politique. Celles-ci sont également des barrières
empêchant la participation des femmes tchadiennes à la vie
politique.
Dans ce contexte, l'on pose la question ci-après : la
femme tchadienne est-elle valablement représentée au parlement
aussi bien qu'au gouvernement de son pays depuis l'indépendance ? De
cette question principale, découlent quatre autres questions secondaires
qui méritent quant à elles une réponse. Il s'agit de :
51 E. Powley, (Dir.), «les élections au
Tchad : le rôle des femmes dans le renforcement de la
démocratie», rapport d'évaluation du genre financé
par Agence Américaine pour le Développement International
(USAID), Global Civil Society Stregthening (GCSS), counterpart international,
janvier, 2010.
18
- Quelle est la situation de la femme tchadienne au parlement
et au gouvernement à l'ère du monopartisme ?
- Quelle place occupe-t-elle au parlement et au gouvernement
dans les instances de prise de décision à l'ère
démocratique de son pays ?
- Quelles sont les politiques liées aux femmes et leur
niveau de mise en oeuvre au Tchad ?
- Que faire pour une forte implication de la femme tchadienne
dans les instances de prise de décision au parlement et au gouvernement
de son pays ?
Ainsi la problématique posée, il est important
de voir quelles sont les théories qui en découlent.
7- ETUDE THEORIQUE
En Histoire, toute activité relevant de l'homme
mérite d'être connue et comprise grâce aux théories
considérées comme outils scientifiques, que le chercheur doit
utiliser pour rendre intelligible son objet d'étude. Les théories
jouent un rôle de premier plan dans une recherche scientifique car, elles
permettent de donner un sens propre à notre objet d'étude. Ainsi,
étymologiquement, le terme théorie vient du mot grec
théoricien, qui signifie : contempler, observer ou examiner. Une
théorie est donc un ensemble d'explications, de notions ou
d'idées sur un sujet précis, pouvant inclure des lois et des
hypothèses, induites par accumulation de faits trouvés par
l'observation ou l'expérience52. Cependant, la théorie
scientifique est donc un ensemble d'éclaircissements de concepts ou des
vues sur une thématique précise. Elle se présente ainsi
donc, comme un assemblage d'hypothèses qui se construit à partir
des recherches des prédécesseurs dans la science et des faits
d'une expérience personnelle ou d'une observation critique
propre53.
Selon Gilles Willet, les théories scientifiques ne sont
que des explications provisoires susceptibles d'être remises en cause par
la découverte de nouveaux faits. Il synthétise enfin que, la
théorie crée une réalité qui permet de concevoir,
de percevoir, de comprendre et d'expliquer un aspect du réel de
manière logique et formelle54.
52 G. Lecointre, Les sciences face aux
créationnismes. Ré-expliciter le contrat méthodologique
des chercheurs, Paris, éditions Quae, 2012. p.82.
53 E. Mbonji et P.F Ebongue,
Propédeutique à l'anthropologie sociale et culturelle,
Paris, l'Harmattan, 2007, p.126.
54 W. Gilles, «Paradigme, théorie,
modèle, schéma : qu'est-ce donc ?» Communication et
organisation, n°5, 1994, p.21.
19
La première théorie convoquée pour
étayer cette étude est la théorie dite du
néo-institutionnalisme sociologique et la seconde théorie que
cette étude préconise invitée est le constructivisme
structuraliste.
Le néo-institutionnalisme sociologique
Issue du courant néo-institutionnaliste, le
néo-institutionnalisme sociologique est en vogue depuis les
années 1980 dans les sciences sociales, notamment en science politique,
sociologique mais également en science économique. Le
néo-institutionnalisme sociologique appréhende les institutions
comme variable indépendante, c'est-à-dire la variable explicative
puisqu'elles façonnent les acteurs et font naitre leurs
intérêts et leurs préférences «les institutions
ne se contente pas de contraindre les choix possibles ; elles
établissent le critère fondamental au travers duquel les acteurs
découvrent leurs préférences55». Hall et
Taylor de dire que «les institutions sont des règles,
procédure ou normes formelle, mais aussi les systèmes de
symboles, les schémas cognitifs et les modèles moraux qui
fournissent les cadres de signification guidant l'action
humaine56».
En effet, les institutions structurent le comportement des
acteurs par deux canaux : elles leur fournissent d'abord des schémas
formels qui se répètent jusqu'à se transformer en pratique
routinière intériorisées comme telles ; elles offrent
ensuite des systèmes de sens et d'interprétation partagés,
des catégories et de cadres normatifs et cognitifs, des
paramètres guidant l'action, qui leur permettent d'interpréter
les phénomènes sociaux et de choisir non seulement le
comportement qui satisfait mieux leur intérêts. Il
développe aussi l'idée selon laquelle les institutions incarnent
et reflètent des symboles et des pratiques culturelles tenaces qui
façonnent les perceptions des acteurs et «informent» la
reproduction institutionnelle57. Il met l'accent sur le
caractère institutionnel, l'influence de l'environnement institutionnel
sur les hommes et les structures organisationnelles. Selon cette perspective,
les institutions par les codes culturels cognitifs qu'elles
génèrent, reproduisent, situent les frontières du
politique et inculquent aux acteurs des idées précises à
propos de la légitimité de leur action. Cette variante
institutionnaliste à l'instar des autres variantes (historique et choix
rationnel), accorde aux institutions une influence déterminante dans les
constitutions de préférences et des idées.
Dans le cadre de la présente recherche, cette
théorie dite néo-institutionnalisme sociologique est
convoquée pour permettre de comprendre par quelle alchimie la sous-
55 Hall et al, «la Science Politique et
les trois néo-institutionnalismes», Revue française de
Science Politique, vol. 47, no 3-4, 1997, p. 469.
56. Ibid, p.470.
57 Ibid.
20
représentation des femmes au sein du parlement et du
gouvernement tchadien comme la résultante des valeurs que
défendent les structures traditionnelles fortement ancrées dans
les institutions dites modernes. En effet, ces schémas de pensée
déclassent la femme en lui accordant des attributs contraires à
son émancipation voire à sa participation à la chose
politique. De l'institution familiale aux cadres de promotion politique tels
que les partis politiques et Associations, tout est minutieusement
organisé en défaveur de la gent féminine.
Le constructivisme structuraliste
Fondé par Pierre Bourdieu, le constructivisme
structuraliste est un courant de pensée qui se définit selon
l'auteur à la jonction de l'objectif et du subjectif :
«Par structuralisme ou structuraliste, je veux dire qu'il
existe dans le monde social lui-même (...) des structures objectives
indépendantes de la conscience et de la volonté des agents, qui
sont capables d'orienter ou de contraindre leurs pratiques ou leurs
représentations. Par constructivisme, je veux dire qu'il y a une
genèse sociale d'une part des schèmes de perception, de
pensée et d'action qui sont constitutifs de ce que j'appelle
habitus58 et d'autre part des structures sociales, et en particulier
de ce que j'appelle des champs».
Le structuralisme affirme ici la soumission de l'individu
à des règles structurelles et le constructivisme quant à
lui fait du monde social le produit de l'action libre des acteurs sociaux et
amène à croire que tout est construit par les individus dans la
société et qu'il n'y a pas de données naturelles. A
travers ces explications, Bourdieu veut ainsi souligner que le monde social est
constitué des structures qui sont seules construites par les acteurs
sociaux selon la position constructiviste mais, qui, une fois
constituées conditionnent à leur tour l'action de ces agents
selon la position structuraliste.
Dans le cadre de ce travail de recherche, l'on a fait appel
à cette théorie pour expliquer les controverses qui existent
entre les `féministes» d'une part, et les
`antiféministes» d'autre part de la représentation de la
femme dans les instances du parlement et du gouvernement tchadien. Une
politique entretenue par les acteurs politiques, qui visent à
écarter les femmes de la sphère politique. D'aucuns pensent que
la place de la femme est dans la cuisine, c'est-à-dire pour les
antiféministes, la femme n'est pas à mesure intellectuellement ou
physiquement à assurer les fonctions politiques. D'autres par contre,
pense que la femme peut aussi faire de la politique au même titre que
l'homme. Tout cela consiste à maintenir la femme dans le statu quo.
C'est un construit car tout phénomène social est un construit,
rien n'est naturel. Le
58 Ensemble des dispositions, des schèmes
d'action ou de perception que l'individu acquiert à travers son
expérience sociale par socialisation.
Cette étude se veut un éveilleur des consciences
citoyennes en général et les femmes tchadiennes en particulier
sur leur faible représentation dans les sphères de prise de
décision
21
constructivisme structuraliste permet de lever le verrou et
est au carrefour de l'interactionnisme.
Consécutivement au cadre théorique, il est
indispensable d'évoquer les intérêts qui en
découlent de cette étude.
8- INTERET DU SUJET
Tout travail de recherche vise à solutionner un
problème et à apporter éventuellement sa contribution
à la science. En effet, constatant la sous
représentativité des femmes tchadiennes en politique à des
prises de décisions, notamment au parlement et au gouvernement, il est
important de se soucier de l'intérêt que pourrait apporter une
étude sur la femme et la politique au Tchad. Il s'agit de
l'intérêt scientifique, politique, social, théorique et
personnel.
Intérêt scientifique
Sur le plan scientifique, la présente recherche
s'inscrit dans la réflexion sur la problématique de la femme et
la politique au parlement et au gouvernement du Tchad. Cette question n'a pas
fait l'objet d'une attention scientifique particulière. Les travaux
effectués par nos devanciers ne s'y attardent pas suffisamment.
L'analyse met en exergue la faible représentation de la couche
féminine dans les instances politiques. L'étude apporte un
éclairage dans l'historiographie politique et sociale du Tchad à
travers les dynamiques féminines dans un pan de l'appareil
sociopolitique du pays à savoir le parlement et le gouvernement. En
d'autres termes, une contribution à la connaissance de la prise en
compte de la femme dans les institutions sociopolitiques du Tchad.
Intérêt politique
La représentation des femmes au parlement et au
gouvernement peut légitimer le pouvoir du politique en impliquant les
femmes dans la chose politique, et peut contribuer à la stabilité
politique voire sociale du pays. Cette étude peut aider à changer
la donne et enfin la contribution dans la problématique du
«women empowerment» étant d'actualité. Aussi,
cette étude permettra d'attirer l'attention des gouvernants pour que
l'État tchadien s'arrime aux bonnes pratiques des autres
États.
Intérêt social
22
spécifiquement au parlement et au gouvernement. Ceci
pourra aider les femmes à mieux s'organiser, définir leurs
objectifs et élaborer des stratégies pouvant changer la donne.
Intérêt personnel
Cette étude permettra d'entrer en contact avec des
personnes ressources, ayant de l'expérience et de l'expertise en la
matière, afin de recueillir au tant que possible leurs avis sur la femme
et la politique au Tchad, notamment au parlement et au gouvernement, et au
besoin, consigner les résultats des analyses et les
interprétations des données rassemblées dans un document
pouvant servir les générations actuelles et futures.
Dans le souci de mener à bien cette analyse, l'on a
opté pour les objectifs. 9- OBJECTIFS
Les objectifs de recherche sont le point de départ
d'une recherche. Ils indiquent l'intention de l'étude, les objectifs,
l'idée principale. Cette idée principale est issue d'un besoin
(le problème de recherche) et affinée dans des questions
spécifiques (les questions secondaires). D'où le besoin de
formuler clairement les questions de recherche pour pouvoir faire ressortir
l'idée centrale de ces objectifs de recherche59. Dans le cas
de cette étude, l'on a les objectifs suivants : objectif
général et spécifiques.
Objectif général
Concernant l'objectif général, il vise à
faire une évaluation objective de la représentativité de
la femme politique au sein du parlement qu'au gouvernement du Tchad.
Objectifs spécifiques
Pour ce qui est des objectifs spécifiques, ils visent
à :
- Montrer la situation de la femme tchadienne au parlement et
au gouvernement à l'ère du monopartisme ;
- Démontrer l'émergence de l'émancipation
politique de la femme tchadienne depuis l'instauration de la démocratie
en 1990 ;
- Identifier les politiques liées aux femmes et leur
niveau de mise en oeuvre au Tchad.
- Et en fin, examiner la politique du quota à la
parité comme stratégie d'une forte implication de la femme
tchadienne dans la vie politique.
59
https://edutechwiki.unige.ch/fr/Objectifs_et_questions_de_recherche,
consulté le 23 juillet 2022 à 15h 04.
23
A l'issue des objectifs de l'étude, il est important de
fixer une approche méthodologique car, cela permet de mener de
manière plus efficace et efficiente ce travail de recherche.
10- CADRE METHODOLOGIQUE
Tout travail scientifique nécessite l'usage des sources
diverses et complémentaires, qui se résument dans les
bibliothèques publiques, privées et internet. Après la
collecte, vient le classement des informations, suivi de l'analyse et de
l'interprétation sous forme de fiche de lecture60. Ces
données collectées de sources diverses permettront de mieux en
servir dans la rédaction proprement dite de la thèse ou du
mémoire. Cette démarche renvoie à un ensemble de
méthodes appliquées à un domaine de la science. Ainsi, la
méthode sous cet angle est considérée comme la marche
rationnelle de l'esprit. C'est dans cette logique que Michel Beaud61
s'inscrit lorsqu'il dit :
Chaque domaine de la recherche possède des
théories instituées et des méthodes
éprouvées. Il incombe à l'étudiant chercheur de les
connaitre et d'en apprécier les fondements et les postulats avant
d'engager sa propre recherche (...) il faut s'enquérir et
s'imprégner des méthodes existantes.
Il importe de montrer la méthode de collecte des
données et d'approches d'analyse. Dans le cadre de cette étude,
quatre principales catégories de sources ont été mises
à savoir la source écrite, la source orale, la source
iconographique, et la source numérique.
Pour ce qui est des sources écrites, elles sont de deux
ordres : les sources primaires d'une part, qui sont constituées
d'archives, des rapports de formation organisée. Ces archives ont
été consultées aux Archives du Ministère du Genre
et de la Solidarité Nationale, au Conseil National de Transition.
Certaines archives ont été consultées aux Archives du
Secrétariat Général du Gouvernement. Ces archives ont
été d'une importance capitale dans la compréhension du
fonctionnement de la femme tchadienne dans la politique. Et d'autre part des
sources secondaires qui à leur tour sont constituées des
ouvrages, des articles, des Thèses et des Mémoires, ainsi que les
rapports de stage. L'essentiel de cette documentation a été
trouvé dans les bibliothèques au campus de l'université de
Yaoundé I, notamment de la bibliothèque du Cercle
d'Histoire-Géographie-Archéologie (CHGA), et du cercle
Philosophie- Psychologie- Sociologie-Anthropologie (CPPSA), et la
bibliothèque de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines
(FALSH), dans la bibliothèque de l'Université
60 Y. Kouotou, «La société
d'exploitation forestière du Noun (SRFN) et le développement de
l'arrondissement de Massagam 1972- 2004», Mémoire de Maitrise en
Histoire, Université de Yaoundé I, 2004, p.6.
61 Beaud, L'art de la thèse, p.48.
Aucune recherche scientifique n'est faite sans contraintes
majeures, pour ce faire, quelques difficultés rencontrées sont
décrites postérieurement.
24
de N'Djamena, principalement dans la bibliothèque de la
faculté des sciences politiques et Juridiques (FSPJ). L'on est aussi
rendu dans la bibliothèque nationale du Tchad ainsi qu'à la
bibliothèque de l'institut français du Tchad (IFT). La recherche
de la documentation a aussi conduit au Centre d'Étude et de Formation
pour le Développement (CEFOD), sans oublier le Centre Al-Mouna. Tous ces
centres documentaires ont permis d'avoir non seulement accès aux travaux
déjà menés sur la question de la femme et la politique,
mais aussi de renforcer les éléments de méthodologie et de
compléter et confronter les informations collectées sur le
terrain nécessaire pour la production de ce travail.
En ce qui concerne la source orale, le présent travail
est le fruit des informations et des orientations à travers une
catégorie de personnes bien connues. Au regard de l'échantillon
choisi, une bonne partie des informations a été obtenue lors des
entretiens publics et privés sur le terrain. L'on a effectué les
enquêtes avec le personnel administratif. Les informateurs ont
été choisis en fonction de leur ancienneté au sein de la
politique. Ces entretiens ont été privés et la plupart des
cas groupés. Le but visé était d'obtenir plus
d'informations sur les activités menées par les femmes.
Après avoir passé au crible rationnel, la divergence des sources
orales collectées, elles ont permis d'atteindre les résultats
escomptés sur la nature des difficultés auxquels sont
confrontées les femmes. Ces multiples informations collectées ont
permis d'enrichir celles lues dans les documents.
La quasi-totalité des sources iconographiques est
constituée des photos des femmes. La plupart de ces photos ont
été collecté sur les archives lors des différentes
descentes sur le terrain. Ces images ont permis d'exposer certaines
réalités que les textes n'ont pas suffisamment
démontrées. La source numérique quant à elle est le
fruit de l'utilisation de l'outil internet. Cet outil des techniques de
l'information et de la communication a permis d'accéder au site web de
certaines institutions notamment le Conseil National de Transition et le
Ministère du Genre et de la Solidarité Nationale, afin
d'exploiter les différentes informations.
La source numérique a été d'une
importance capitale dans la mesure où elle a permis d'accéder
à moult informations qui étaient introuvables dans d'autres
sources. Dans ce travail, l'on a utilisé les méthodes
diachroniques. La méthode diachronique parce que le thème se
situe dans le temps et dans l'espace.
25
11- DIFFICULTES RENCONTREES
Comme toute entreprise humaine, cette recherche ne s'est pas
faite sans difficultés car, l'on a rencontré des écueils
au niveau des centres de documentation liés à la fouille des
documents. Certains centres n'ont pas donné la possibilité d'y
accéder évoquant le contexte de la période de transition
au Tchad.
Ensuite, il faut relever l'insuffisance des rapports dans
certains centres de documentation et les partenaires. Ces documents sont mal
stockés et d'autres sont perdus. Cette situation n'a pas permis une
exploitation significative de documents. L'absence des travaux
antérieurs sur ce thème de recherche car, cela n'était pas
facile d'avoir les informations pour une rédaction.
En plus, l'on souligne aussi la difficulté des langues
car, certains entretiens étaient en arabe. Ces lacunes ont
été dues à la non maitrise de la langue française
et la méfiance des certains informateurs ou répondants.
Par conséquent, pour apporter quelques
éléments de réponse à la problématique de
recherche, ce présent travail s'articule autour de quatre chapitres que
l'on décline dans la rubrique ci-après intitulée : plan du
travail.
12- PLAN DU TRAVAIL
On entend par plan de travail, l'ossature dont ce
mémoire est structuré. Ainsi le premier chapitre est
intitulé «la femme tchadienne au parlement et au gouvernement
à l'ère du monopartisme (1962-1990)». Ce chapitre
présente la situation de la femme tchadienne dans la scène
politique et les parcours de quelques figures féminines marquantes de
l'histoire politique du Tchad.
Le deuxième chapitre est intitulé :
«l'émergence de l'émancipation politique de la femme
tchadienne depuis l'instauration de la démocratie en 1990». L'on
démontre l'évolution de la femme tchadienne au parlement et
gouvernement à l'avènement de la démocratie au Tchad.
Le troisième chapitre quant à lui
s'attèle sur «les politiques liées aux femmes et leur niveau
de mise en oeuvre au Tchad». Il est question dans ce chapitre de
présenter la question spécifique du niveau de réalisation
des politiques que l'État tchadien met en oeuvre dans le cadre du
règlement des multiples problèmes dont les femmes sont les
victimes. L'on va mettre
26
en exergue la dignité des femmes, à savoir la
politique du genre, le Code des personnes et de la famille ainsi que la
question des violences basées sur le genre.
Le quatrième chapitre porte sur «le quota et la
parité : deux stratégies de résolution de la sous
représentativité de la femme tchadienne en politique». Dans
ce chapitre, la politique du quota et de la parité semble être
deux issues pour l'augmentation du nombre des femmes tchadiennes à des
postes de responsabilités politiques.
27

GOUVERNEMENT A L'ERE DU MONOPARTISME
(1962-1990)
LA FEMME TCHADIENNE AU PARLEMENT ET AU
CHAPITRE I :
28
Les années qui ont suivi l'accession des États
africains à l'indépendance, ont marqué un profond
basculement des régimes politiques africains. En effet, les pays
africains ont abandonné le multipartisme dès les
indépendances pour le parti unique1. Le monopartisme
correspond à la situation d'un État, où un seul parti
exerce le pouvoir effectif sans qu'il y ait de possibilité d'alternance
politique.2 Le Tchad ne manqua pas à cette politique. C'est
à partir de 1962, lorsque François Tombalbaye, le tout premier
Président du Tchad indépendant, abolît le multipartisme et
érigea son parti le PPT-RDA (Parti Progressiste Tchadien - section
locale du Rassemblement Démocratique Africain) comme parti
d'État, que le Tchad commença à sombrer dans un
système monopartite3. La même année, la nouvelle
constitution fut promulguée, introduisant une nouvelle
législature et a vu la participation de la première femme aux
élections législatives. L'année 1990 annonce la fin du
monopartisme, du régime politico-militaire, du régime
dictatorial, ainsi que de l'instabilité politique au Tchad. Ce premier
chapitre est consacré à la femme tchadienne au parlement et au
gouvernement à l'ère du monopartisme (1962-1990). Il
présente les différents régimes politiques à
l'ère du monopartisme et leur hostilité vis-à-vis de la
femme (1962-1990) et analyse également les parcours de quelques figures
féminines marquantes de l'histoire politique du Tchad.
I- LES DIFFERENTS REGIMES POLITIQUES A L'ERE DU
MONOPARTISME ET LEUR HOSTILITE VIS-À-VIS DE LA FEMME
(1962-1990)
Pour mieux comprendre la situation de la femme tchadienne sous
les régimes politiques à l'ère du monopartisme et leur
hostilité vis-à-vis de la femme, il est préférable
de commencer d'abord par les années de l'indépendance à
partir du régime présidentialiste de Ngarta Tombalbaye, en
passant par le régime militaire de Félix Malloum Ngakoutou
Bey-Ndi et les Gouvernements de Transition jusqu'au régime dictatorial
de Hissein Habré.
1- Le régime présidentialiste de Ngarta
Tombalbaye (1960-1975)
La première République ou le régime
présidentialiste de Ngarta Tombalbaye (19601975) ; connut ses
premières années de paix avant de sombrer dans les troubles
dûs aux rébellions. Dans le contexte de l'indépendance, la
scène politique tchadienne resta marquée par un foisonnement de
partis politiques. L'on décompte le Parti Progressiste Tchadien
(PPT),
1 Les partis qui ont existés avant et
après les indépendances avant le monopartisme (Parti Progressiste
Tchadien (PPT-RDA), Union Démocratique Tchadienne (UDT), Mouvement
Socialiste Africain (MSA), Union Nationale Tchadienne (UNT), Parti National
Africain (PNA), Action Socialiste Tchadienne (AST), Gouvernement des
Indépendants Ruraux du Tchad (GIRT).
2 Toupictionnaire, Dictionnaire de politique,
monopartisme,
https://www.toupie.org/Dictionnaire/Monopartisme.htm,
consulté le 20 juillet 2022 à 19h30.
3 Ramadji, «L'opposition partisane»,
p.50.
29
l'Union Démocratique Tchadienne (UDT), le Mouvement
Socialiste Africain (MSA), l'Union Nationale Tchadienne (UNT), le Parti
National Africain (PNA), l'Action Socialiste Tchadienne (AST), le Gouvernement
des Indépendants Ruraux du Tchad (GIRT), etc.4
Cette situation ne dura pas longtemps car, un an après
l'indépendance, un congrès fut convoqué par le
Président Ngarta Tombalbaye à Abéché sur le
thème «unité nationale», lequel congrès
s'était soldé par un ralliement des principaux partis
d'opposition à celui du Président5. Ngarta Tombalbaye
affirma alors sa volonté de créer un parti unique, où il
pourrait «régner en maître». Il prononça la
dissolution de tous les autres partis politiques ainsi que l'Assemblée
Nationale le 19 janvier 19626.
Aussitôt, la nouvelle constitution promulguée, la
législature de 1962 a vu la participation de la première femme
aux élections législatives. Il s'agissait de Bourkou Louise Kabo,
l'unique femme députée élue au suffrage universel à
siéger à l'Assemblée Nationale sous la bannière du
Parti Progressiste Tchadien7.Vinrent ensuite, pour la
deuxième législature de 1963-1968, les députés
Kaltouma Guémbang et Hawa Brahim8. Cette présence est
demeurée longtemps symbolique et discontinue au parlement. Il se referma
le 30 mars 1963, compte tenu de l'enlisement politique au Tchad. Un climat de
méfiance s'installa dans les rangs de l'opposition dont les leaders
traqués, n'avaient pour seule issue que la lutte
clandestine9.
En septembre 1963, une sanglante répression suivie de
l'arrestation des principaux dirigeants, se déroula à Fort-Lamy.
Ces événements, déclenchèrent un mouvement de
mécontentement populaire dans le Nord. Ce mouvement débouchera
sur une rébellion. C'est dans ce climat qu'en 1963, éclata
à Mangalmé (Est du Tchad), une révolte des paysans contre
les agents de l'administration pour abus de prélèvements
d'impôts. Ce qui donna naissance au Front de Libération National
du Tchad (Frolinat), créé lors de la Conférence de Nyalla
(au Soudan) sous la direction d'Ibrahim Abatcha en Juin 196610.
Le Frolinat était né de la réunion de
l'Union Nationale Tchadienne (UNT) dirigée par Ibrahim Abatcha et du
Front National de Libération du Tchad (FNLT) animé par Ahmed
4 M. Abdelkerim, Les régimes politiques
du Tchad 1960-1990 : esquisse d'une analyse juridico-politique,
Saint-Denis, Edilivre, 2015, p.27.
5 Ibid, p.30.
6 M. Mahamat Mey, «Les gouvernements du Tchad
: Hommes et enjeux 1959-2008», Mémoire de Master en Histoire,
Université de Maroua, 2009, p.80.
7 Ibid, p.81.
8 C. Mbaigolmem, «Femme et politique»,
Carrefour, no 66, 21 mai 2011, p.9.
9 Ramadji, «L'opposition partisane»,
p.80.
10 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.21.
30
Hassan Moussa11. Le Frolinat avait donc dès
sa naissance du plomb dans l'aile. Il utilisera comme moyen d'action la
religion et la tribu12. Cette organisation politico-militaire
encadra désormais la révolte sur le terrain et s'en fait le
porte-parole à l'étranger. Mais, il connut très tôt
des divisions dans ses rangs, «le Frolinat est un mouvement
profondément divisé, division qui, au fond, date du début
même de la rébellion''13, cette division
commença en 1970, lorsque Baghalmi, alors Vice-président du
Frolinat, créa l'Armée du Volcan, puis le Conseil
Démocratique Révolutionnaire (CDR) d'Acyl Ahmed14.
A la troisième législature de 1971, Bourkou
Louise Kabo est la seule femme à être réélue
à l'Assemblée Nationale. A partir de 1973,
l'insécurité grandit à l'Est et au Nord, les arrestations
reprirent. Devant cette situation, le Président Ngarta Tombalbaye
décida de dissoudre, en août 1973, le parti unique, le PPT - RDA,
pour le remplacer par le Mouvement National pour la Révolution
Culturelle et Sociale (MNRCS), dont le but était de promouvoir une
révolution culturelle authentique «en réactualisant des
cultures traditionnelles tchadiennes, notamment à travers la pratique du
yondo''15.
Le yondo16 avait été
institué pour créer un climat de confiance entre les
ressortissants du Sud face à la menace de ceux du Nord ; car tous les
initiés devaient faire allégeance à Ngarta Tombalbaye. Le
régime se dégrada progressivement, plusieurs officiers
accusés de complots, notamment, le commandant de la Gendarmerie
Nationale, colonel Djimet Mamari NGakinar et le Commandant Alphonse Kotiga
Guérinase17. Le président fait arrêter aussi son
directeur de cabinet militaire, le général Negué Djogo.
Face à cette tension politique, l'armée se vit dans l'obligation
de prendre ses «responsabilités'', et fomenta le coup d'État
du 13 avril 1975, mettant de ce fait fin à la vie du premier dirigeant
politique tchadien, Ngarta Tombalmbaye.
11 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes'', p.22.
12 A. Dadi, Tchad, L'État
retrouvé, Paris, L'Harmattan, 1987, p. 44.
13 Buijtenhuijs, Le Frolinat et les guerres
civiles, p. 27.
14 Abdelkerim, Les régimes politiques du
Tchad, p.55.
15 Ces changements concernaient aussi bien le nom
des villes que celui des individus : Fort-Archambault devient Sarh ; Fort-Lamy
devient N'Djamena et pour donner le ton François Tombalbaye devient
Ngarta Tombalbaye.
16 Le Yondo ou retour aux sources est une
pratique courante de l'éducation des adolescents chez les peuples non
christianisés qui sert à la transmission de
génération en génération : `l'esprit de la tribu,
et des aïeux et le capital de connaissance acquises. Le yondo
doit préparer l'adolescent aux réalités du monde
adulte. A cet effet, le caractère de l'initié est minutieusement
étudié en vue d'un remodelage selon les normes définies.
On apprend aux jeunes le respect des ainés, la maîtrise des
impulsions, à savoir se taire, à ne pas intervenir dans les
discussions entre les plus âgés''. Il est pratiqué dans le
Sud du Tchad.
17 J. Tesseyre,
«Éphéméride : 13 avril 1975, le Tchad connait son
premier coup d'État'', Tchad infos, no 07,
13 avril 2021, p.1.
31
Une nouvelle ère naissait pour le Tchad. A cette
période de répression, la femme tchadienne fut absente de la vie
politique, mais présente aux activités économiques du
pays. Sa situation ne fut guère reluisante durant le règne
militaire du Général Félix Malloum Ngakoutou Bey-Ndi et
les Gouvernements de Transition (1975-1981).
2- Le régime militaire du Général
Félix Malloum Ngakoutou Bey-Ndi et les Gouvernements de Transition
(1975-1981)
Au lendemain du coup d'État militaire du 13 avril 1975,
le régime militaire faisait office de gouvernement et était
composé de neuf (09) membres notamment le général de
brigade Félix Malloum Ngakoutou Bey-Ndi (président), le colonel
Mamari Djimet Ngakinar (vice-président), le général de
brigade Noel Odingar Milarew (membre), le chef d'escadron Wadal Abdelkadre
Kamougué (membre), le capitaine Roasngar Mbaindoloumal (membre), le
capitaine Zakaria Wawa Dahab (membre), le lieutenant Mahmoud Abderamane Haggar
(membre) et le lieutenant Gouara Lassou (membre)18. Aucune femme
n'en faisait partie, car la femme tchadienne n'avait pas encore
intégré l'armée nationale. Plusieurs des officiers de ce
conseil venaient de sortir des geôles de Ngarta Tombalbaye, à la
faveur du Coup d'État.
Le régime était confronté à
plusieurs problèmes. D'abord à la rébellion qui
sévissait dans le Nord du Tchad, ensuite il fut en proie à des
dissensions internes, quand il fut question de la réconciliation
nationale. Ce fut dans ce contexte de fragilité interne que le
gouvernement militaire engagea des négociations avec la rébellion
armée. Les premières négociations donnèrent les
«accords de Khartoum». Ces accords étaient conclus avec le
Conseil de Commandement des Forces Armées du Nord (CCFAN) de Hisssein
Habré, le 17 septembre 197719. Par ces accords, Hissein
Habré, le chef rebelle, devenait Premier Ministre et Chef du
Gouvernement20. Les accords attribuaient le «pouvoir
réel» de la gestion des affaires de l'État au Premier
Ministre, même si le Général Félix Malloum Bey-Ndi
demeurait nominalement à la tête de l'État, comme
Président de la République.
Ce pouvoir détenu par Hissein Habré était
d'autant plus affirmé, qu'il ne doit pas de compte au
«Comité de Défense et de Sécurité»
composé à moitié par le Conseil de Commandement des Forces
Armées du Nord (CCFAN), et par le Conseil Supérieur Militaire
(CSM). Cette cohabitation Felix Malloum Bey-Ndi - Hissein Habré
était devenue difficile. Dans ce contexte de «crise politique
aiguë» faite de résistances populaires, paralysie au
18 E. Nadjitam, «Tchad : ce qui s'est
passé après le coup d'État du 13 avril 1975»,
Tchad infos, no 15, 13 avril 2021, p.3.
19 Buijtenhuijs, Le Frolinat et les guerres
civiles, p. 27.
20 Ibid, p. 27.
32
sommet de l'État, la guerre civile au Tchad
éclata le 12 février 1979.21 Cette guerre divisa le
Tchad en deux. Le Colonel Wadel Abdelkadre Kamougué se replia au Sud
avec les éléments des Forces Armées Tchadiennes (FAT),
tous originaires de la zone méridionale. Il créa à Moundou
un organe politique dénommé le «Comité
permanent».
Présidé par le Colonel Wadel Abdelkadre
Kamougué, ce Comité représentait les différentes
préfectures de la «zone méridionale», et constituait en
quelque sorte un «gouvernement du Sud». Il avait pris en charge
l'administration du Sud et nommait des responsables à tous les postes.
Le reste du pays était sous l'autorité du Frolinat, dont les
responsables étaient Goukouni Weddeye et Hissein
Habré22. Le «pouvoir central» au Tchad n'existait
plus, le pays était pratiquement scindé en deux régions
géopolitiques antagonistes. C'est dans ce contexte de «guerre
civile» qu'intervint la Conférence de Kano I tenue en mars 1979 et
qui donna naissance au Conseil d'État provisoire (CEP)
présidé par Goukouni Weddeye23. Le CEP vit à
peine le jour à cause des difficultés d'application des clauses
de la Conférences de Kano I du 07 au 14 mars 197924.
Quelques semaines plus tard, on assistait à l'ouverture
d'une autre «Conférence de réconciliation» de Kano II
du 03 au 11 avril 197925.Celle-ci donna le jour au gouvernement
intérimaire présidé par Lol Mahamat Choua, gouvernement
qui ne dura que cinq (05) mois (Avril -Septembre 1979).Après la
démission de Lol Mahamat Choua le03 septembre 1979, Goukouni Weddeye fut
désigné par le Gouvernement d'Union Nationale de Transition pour
former un gouvernement de transition à la suite d'une conférence
de réconciliation nationale tenue à Lagos (Nigeria) en Août
197926.
Le GUNT, présidé par Goukouni Weddeye, avait
pour Vice- Président le Colonel Wadel Abdelkadre Kamougué,
Hissein Habré qui fut Ministre de la Défense, Mahamat Abba
était le Ministre de l'intérieur et Acyl Ahmat était
Ministre des Affaires étrangères27. Au sein du GUNT,
des luttes ouvertes s'engagèrent entre les Nordistes et les Sudistes,
autour de la question de la laïcité de l'État. Ce climat
aboutit à un affrontement armé entre les Forces Armées du
Nord (FAN) de Hissein Habré et les Forces Populaires de Goukouni Weddeye
en 1979. Cet affrontement, connu sous le nom de «deuxième bataille
de N'Djamena», fit
21 Derlemari, Le Labyrinthe de
l'instabilité, p. 30.
22 Abdelkerim, Les régimes politiques du
Tchad, p.35.
23 Ibid, p.36.
24 Buijtenhuijs, Le Frolinat et les guerres
civiles, p. 30.
25 Ibid, p.33.
26 N'Gangbet, Peut-on encore sauver, p.
39.
27 Ibid, p. 41.
33
plusieurs milliers de morts28.Le Président
Goukouni Weddeye et la coalition gouvernementale qui le soutenait contre
Hissein Habré demanda, et l'obtint, le soutien militaire de la
Jamahiriya arabe libyenne.
La «deuxième bataille» de N'Djamena
déboucha sur la défaite militaire des FAN de Hissein
Habré, qui se réfugièrent à l'Est du pays, proche
de la frontière soudanaise29. Le GUNT connut une
deuxième tentative de renversement avec les accrochages qui
opposèrent les FAP de Goukouni Weddeye au Conseil Démocratique
Révolutionnaire (CDR) d'Acyl Ahmed, ministre des Affaires
Étrangères. Ce dernier avait reçu le soutien de la
Libye30. Le 29 octobre 1981, le GUNT décida du retrait des
troupes Libyennes du Tchad pour les remplacer par une Force Interafricaine
(FIA), composée des ressortissants nigérians,
sénégalais et Zaïrois. Cette force initiée sous les
auspices de Goukouni Weddeye avait pour mission de s'interposer entre les
Forces Armées du Nord (FAN) de Hissein Habré et les forces
gouvernementales afin d'empêcher la poursuite des hostilités entre
les belligérants31.
La vie politique au Tchad se militarisa, éclipsant
complètement la présence féminine. Dans cette
atmosphère de violence politique et de terreur, la femme, n'avait pas
voix au chapitre. Elle se trouvait confinée à son rôle
d'épouse et de mère, mais employée dans la fonction
publique et dans le secteur privé industrielle. Après trois
années passées à la tête de la gestion du pays,
Goukouni Weddeye céda la place à Hissein Habré quand les
Forces Armées du Nord (FAN) réussirent à
pénétrer dans la capitale tchadienne. La vie politique devint un
«jeu de cache-cache» entre les militaires32. Cette
situation de guerre a militarisé la vie politique. Elle a entretenu
l'exclusion de la femme tchadienne de toute activité politique. La
situation de cette dernière allait-elle s'améliorer sous le
régime dictatorial d'Hissein Habré ?
3- Le régime dictatorial de Hissein
Habré (1982-1990)
Le contexte de la décennie 1980 est mondialement
marqué par une mouvance en faveur de l'émancipation de la femme
en général. Serait-il alors fondé de relier l'option prise
par Hissein Habré à ce contexte international favorable à
la femme ? Le 07 Juin 1982, les Forces Armées du Nord (FAN)
dirigées par Hissein Habré entraient triomphalement à
N'Djamena33.
28 N'Gangbet, Peut-on encore sauver, p.
43.
29 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.23.
30 Ibid, p. 24.
31 A. Dingammadji, Ngarta Tombalbaye: parcours
et rôle dans la vie politique du Tchad (1959-1975), Paris,
L'Harmattan, 2007, p.18.
32 Derlemari, Le Labyrinthe de
l'instabilité, p. 36.
33 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.25.
34
Si l'entrée d'une femme tchadienne au parlement a eu
lieu juste deux ans après l'indépendance du pays, il a fallu
attendre 1982, pour la voir entrer au gouvernement. Avec l'UNIR, on assista
pour la première fois à la nomination d'une femme à un
poste ministériel. Il s'agissait de Fatimé Kimto qui
accéda au poste de Secrétaire d'État au Travail et
à la promotion féminine en 198234. Dès le 21
octobre 1982, l'acte fondamental de la République rendu public et le 06
mars 1983, fut installé à N'Djamena, le premier Comité
Populaire des Forces Armées du Nord (COPOFAN) défini par le
nouveau Président, comme «un instrument d'encadrement,
d'organisation et de sensibilisation des masses'' 35 . D'autres
comités furent installés dans tout le pays. A la date du
deuxième anniversaire de sa prise du pouvoir, soit le 7 juin 1984,
Hissein Habré annonça la dissolution des FAN. Il projeta la
création d'un parti unique, ouvert à tous les Tchadiens, parti
conçu comme «un cadre rénové et dynamique'', pour
tous les nationaux36.
En 1984, Hissein Habré institua officiellement l'Union
Nationale pour l'Indépendance et la Révolution (UNIR).
Présidé par Hissein Habré, ce nouveau mouvement fut
doté de plusieurs institutions à savoir le Comité Central,
le Congrès, le Bureau exécutif, et des organes affiliés
dont l'Union Nationale des Commerçants (UNACOT), l'Organisation des
Femmes de l'UNIR (OFUNIR), Rassemblement des Jeunes de l'UNIR
(Rajeunir)37. On note ici une réapparition des femmes sur la
scène politique à travers une organisation qui leur était
propre notamment l'organisation des Femmes de l'UNIR. Cette réapparition
se fit de plus en plus ressentir à travers les groupes d'animation
politique encore appelés «groupes chocs''38. Les femmes
participent ainsi à la vie politique.
En 1984, Fatimé Kimto devient ministre des Affaires
sociales et de la promotion féminine. Cette dernière fut
remplacée, en mars 1986 par Ruth Yanéko Romba au même
ministère39. Cette consécration mobilisa de plus en
plus les femmes car, elles trouvèrent en Hissein Habré une
personne qui plaidait pour la cause féminine. Ce règne connut
d'intenses activités politiques comme le référendum
constitutionnel de 1989, les élections législatives de 08 juillet
1990 ou l'on peut noter l'élection à l'Assemblée Nationale
de cent vingt-trois (123) sièges parmi lesquels l'on dénombrait
sept (07) femmes députées, soit 5,69%40.
34 Dingammadji, Ngarta Tombalbaye, p.21.
35 Buijtenhuijs, Le Frolinat et les guerres
civiles, p. 300.
36 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes'', p.26.
37 Abdelkerim, Les régimes politiques du
Tchad, p.38.
38 J. Spiegel, «Tchad : l'éternel second
rôle féminin», Jeune Afrique, no 23, 5
avril 2012, p.5
39 Ibid, p. 6.
40 A. Dadi, Tchad, L'État
retrouvé, Paris, L'Harmattan, 1987, p. 47.
35
Quel est le mode de recrutement des femmes à
l'Assemblée Nationale proposée lors des différentes
législatures ? Dans la législature, celle du règne du
président Hissein Habré, le nombre de femmes a été
fixé par l'ordonnance N0 13/PR/9041 du 24 avril
1990, portant organisation des Élections législatives. Cette
ordonnance a fixé le nombre total des députés à
cent vingt-trois (123) et le nombre de femme à cinq (5). Moins de deux
mois avant sa chute le 01 décembre 1990, le président Hissein
Habré, avait choisi des hommes et une femme avec lesquels il a voulu
travailler dans un gouvernement formé le 19 octobre 1990.
Dans cette équipe gouvernementale de 39 membres,
Hissein Habré, en plus de son titre de «Président de la
République, chef de l'État, Président du conseil de
ministre», occupe le poste de ministre de la Défense nationale, des
anciens combattants et des victimes de guerre42. Au total, vingt-un
(21) ministres pleins, deux (02) délégués, deux (02)
secrétaires généraux et (13) treize secrétaires
d'État, une seule femme est nommée au poste des Affaires sociale
et de la Promotion féminine. L'on présente l'évolution du
nombre de femmes élues au parlement ou nommées au gouvernement
tchadien à l'ère du monopartisme de 1962 à 1990.
Tableau 1: Évolution de la représentation
féminine au parlement de 1962 à 1990
Mandat
parlementaire
|
Nombre d'hommes
|
Nombre des femmes
|
Total
|
Pourcentage des femmes
|
1962-1963
|
85
|
01
|
86
|
1,16%
|
1963-1968
|
75
|
03
|
78
|
3,84%
|
1969-1975
|
105
|
01
|
106
|
0,94%
|
1975-1989
|
16
|
0
|
16
|
0%
|
30
|
0
|
30
|
0%
|
Octobre -décembre 1990
|
123
|
07
|
130
|
5,38%
|
Source : Archives à l'Assemblée
Nationale du Tchad, 13 avril 2022.
Le procédé pour avoir ce pourcentage :
Femme aux gouvernement x 100
Nombre de femme -
Total des membres du gouvernement
Ce tableau présente le nombre des femmes élues
au parlement à l'ère du monopartisme de 1962 à 1990. Il
convient de dire que l'évolution de la femme au parlement demeure
41 A. Dadi, Tchad, L'État
retrouvé, Paris, L'Harmattan, 1987, p. 51.
42 B. Dingaodouba, «Tchad : les ministres du
dernier gouvernement d'Habré», Tchad infos, no
15, 27 août 2021, p.3.
36
longtemps symbolique et discontinue compte tenu de
l'enlisement politique au Tchad. Toutefois, on remarque une évolution
féminine dans le pouvoir législatif, mais de manière
lente.
Graphique 1:Evolution du nombre de femmes élues
au parlement à l'ère du monopartisme entre 1962 et
1990

Nombre d'Homme Nombre des femmes
140
120
100
40
20
60
80
0
Source : Graphique réalisé
à partir du tableau ci-dessus.
Ce graphique présente l'évolution de nombres de
femmes élues au parlement à l'ère du monopartisme entre
1962 et 1990. Il ressort que l'évolution de la femme au parlement
demeure longtemps symbolique et discontinue compte tenu de l'enlisement
politique au Tchad. Ces années sont marquées par une
période des violences politiques et de répressions qui vont se
poursuivre et se durcir. Les libertés fondamentales ont bien eu du mal
à s'exprimer. On note une faible représentation des femmes. C'est
entre 1989-1990 qu'il aura une moyenne croissance de la femme au parlement.
Toutefois, on remarque une évolution féminine dans le pouvoir
législatif, mais de manière lente. Depuis donc le règne de
Ngarta Tombalbaye en passant par Hissein Habré, le pays vit de la
dictature et de conflits interethniques43.
43 Abdelkerim, Les régimes politiques,
p.27.
37
Tableau 2 : Évolution du nombre de femmes
nommées au gouvernement tchadien à l'ère du monopartisme
de 1962 à 1990
Gouvernement
de
|
Nombre d'Hommes
|
Nombre de femmes
|
Total
|
Pourcentage des femmes
|
1962
|
16
|
00
|
16
|
0%
|
1975
|
18
|
00
|
18
|
0%
|
1982
|
29
|
01
|
30
|
3,33%
|
1990
|
34
|
01
|
35
|
2,85%
|
Source : Archives du Secrétariat
Général du Gouvernement du Tchad, 23 mai 2023.
Ce tableau présente un récapitulatif de nombre
de femmes nommées au gouvernement tchadien l'ère du monopartisme
de 1962 à 1990. Il convient de noter que ces années sont
marquées par une période des violences politiques et de
répressions qui vont se poursuivre et se durcir. Les libertés
fondamentales ont bien eu du mal à s'exprimer. On note une faible
représentation des femmes au gouvernement. C'est en 1982 qu'on assiste
à une nette présence de femmes au gouvernement.
Graphique 2: Evolution des nombres de femmes
nommées au gouvernement à l'ère du monopartisme entre 1962
et 1990
40 35 30 25 20 15 10 5 0
|
|
|
|
|
Nombre des hommes Nombre des femmes
|
1962 1975 1982 1990
Source : Graphique réalisé
à partir du tableau ci-dessus.
38
Ce graphique présente l'évolution de nombres de
femmes nommées au gouvernement à l'ère du monopartisme
entre 1962 et 1990. Il ressort qu'il n'y a pas une amélioration, et les
femmes demeurent sous-représentées. Le nombre des femmes dans
chaque gouvernement n'a jamais atteint une dizaine. L'un des facteurs qui
enfreint l'accès des femmes à la fonction ministérielle
est la «militarisation croissante de la fonction
ministérielle''44, c'est-à-dire la monopolisation de
la vie politique au Tchad depuis 1975 par les militaires. Il s'agit de
l'incursion des militaires et des «anciens maquisards''45,
au-devant de la scène politique. Depuis 1975, le nombre des ministres
militaire et anciens maquisards n'a cessé d'augmenter au sein des
gouvernements. Cette emprise de la fonction ministérielle par les
militaires écarte les femmes de la gestion de la vie politique et
publique dans les décennies 1980.
L'on va présenter non seulement les différents
régimes politiques à l'ère du monopartisme et leur
hostilité vis-à-vis de la femme mais également les
parcours de quelques figures féminines marquantes de l'histoire
politique du Tchad.
II- LES PARCOURS DE QUELQUES FIGURES FEMININES
MARQUANTES DE L'HISTOIRE POLITIQUE DU TCHAD
Les femmes tchadiennes étaient dans les luttes pour
l'émancipation de leurs peuples, notamment au parlement qu'au
gouvernement. Il convient de voir les parcours de quelques figures
féminines marquantes de l'histoire politique du Tchad. L'on
s'intéresse à Bourkou Louise Kabo, Fatimé kimto, et
Kadjidja Touré.
44 A. Dingammadji, les gouvernements du Tchad : De
Gabriel Lisette à Idriss Deby Itno 1975 à 2010, Paris,
L'Harmattan, 2011, p.305.
45 Le terme maquisards désigne les anciens
ou les Ex-rebelles tchadiens qui, certains avaient réussi à
s'emparer du pouvoir central tels Goukouni Weddeye et Hissein Habré
respectivement (1975-1989), d'autres regagnaient aussi le Bercail par la voie
de la négociation au par le ralliement.
39
1- Bourkou Louise Kabo : première femme
élue à l'Assemblée Nationale
tchadienne de 1962-1973

Source : Archives de l'Assemblée
Nationale du Tchad, 03 juillet 2023.
Née le 05 juillet 1934 à Fort-Archambault
(Sarh), Bourkou Louise Kabo est institutrice de formation. Sa carrière
l'a amenée à servir successivement à Moundou, Doba,
Fort-Lamy (N'Djamena), Ati et Mao46. Son engagement politique au
sein du Parti Progressiste Tchadien a commencé dès l'école
primaire à Fort-Archambault, à l'ombre de François
Tombalbaye. En mars 1962, elle a été la première femme
tchadienne à être élue député à
l'Assemblée nationale. Pour Bourkou Louise Kabo, c'est le début
d'une longue carrière parlementaire qui n'a été
interrompue que par le coup d'État d'avril 197547. Elle a
été membre de l'organisation des femmes du PPT/RDA et
présidente du Conseil National des Femmes Tchadiennes, une organisation
apolitique à but social48.
En dehors de la politique, Bourkou Louise Kabo est une femme
militante de la première heure de la cause féminine. Elle avait
très tôt fait de la scolarisation des filles et la lutte contre
les coutumes rétrogrades ses principales préoccupations. Partout
où elle a eu à enseigner, elle a toujours incité les
mères à envoyer leurs filles à l'école. En tant que
députée, elle s'est battue pour obtenir des autorités que
les filles enceintes ne soient plus renvoyées de
46 M. Tubina, Parcours de femmes. Les nouvelles
élites. Entretiens, 1997-2003, Paris, Éditions Sépia,
2004, p.335.
47 Mahamat Mey, «Les gouvernements du
Tchad», p.85.
48 A. Dingammadji, On l'appelait Kélou
Bital Diguel suivi de parcours de quatre figures féminines marquantes de
l'histoire politique du Tchad, N'Djamena, Éditions salon des belles
lettres, 2020, p. 100.
40
l'école comme par le passé. Son oeuvre sociale
la plus remarquable a été la création de 1967 à
1968 du Centre d'Enseignement Féminin du quartier Klémate
à Fort-Lamy, grâce à un appui financier
américain49.
Après la chute de Tombalbaye, elle a travaillé
à la direction de l'enseignement. En 1979 comme de nombreux autres
Tchadiens, elle fuit la guerre civile pour se réfugier en RCA et enfin
en France. C'est en 1991 qu'elle rentre au Tchad. Elle a activement
participé à la conférence nationale souveraine et a
été membre du Conseil Supérieur de Transition de 1993
à 1996. Bourkou Louise Kabo est décédée à
N'Djamena le 13 juin 2019. Après avoir présenté le
parcours de Bourkou Louise Kabo, il est judicieux de présenter celui de
Fatimé Kimto.
2- Fatime Kimto : première femme
Secrétaire d'État puis ministre du Tchad de 1982-1986

Source : Archives de l'Assemblée
Nationale du Tchad, 04 juillet 2023.
Fille de Mahamat Abdoulaye dit Mahamat Maurice et de
Hadjé Achta Hatoloum, tous deux originaires de Beboro dans le
Département du Bahr Sara, Fatimé Kimto est la quatrième
d'une famille nombreuse50.Née en 1950 à
Fort-Archambault (Sarh), où elle a passé une enfance paisible,
elle a effectué ses études primaires à l'école
régionale de cette ville puis secondaire au collège Ahmed
Mangué jusqu'en classe de 4ème en 1964.Mariée
très jeune, elle a interrompu ses études pour suivre son
époux Doungous Kimto en France, où elle a
séjourné
49 Ibid, p. 102.
50 J. Spiegel, «Tchad : l'éternel second
rôle féminin», Jeune Afrique, no 23, 5
avril 2012, p. 6.
41
pendant plusieurs années. De retour au pays, elle
reprend ses études dans un collège de Fort-Lamy, puis s'inscrit
à l'université du Tchad, où elle a obtenu une
capacité en droit51.
En 1975, à la chute de Tombalbaye, son mari, Doungous
Kimto est arrêté par la junte militaire. Fatimé Kimto
interrompt ses études pour s'occuper de ses enfants, en travaillant
à la Coopérative des Transporteurs Tchadiens. Fatimé Kimto
et sa famille se réfugient, comme de milliers d'autres
«N'Djamenois», dans la ville camerounaise de
Kousseri52.Inconnue du grand public avant la guerre, sa
carrière politique a commencé lorsque les cadres des Forces
Armées du Nord (FAN) de Hissein Habré sont venus la solliciter,
avec insistance en 1979, dans le camp des réfugiés tchadiens de
Kousseri pour mettre sur pied à N'Djamena, un embryon d'organisation
politique des femmes au sein des FAN53. Après la prise de
pouvoir par Hissein Habré le 7 juin 1982, la dynamique de mobilisation
et de promotion politiques des Femmes s'accélère. C'est ainsi que
le 5 août, est créée l'Union Nationale des Femmes du Tchad
(UNAFT), dont la présidence est confiée à Fatimé
Kimto54.
Le 21 octobre 1982 que l'action de Fatimé Kimto dans
les hautes sphères de l'État a véritablement
commencé. Hissein Habré crée un Secrétariat
d'État au Travail et à la promotion féminine, qu'il confie
à Fatimé Kimto. Il s'agit d'une grande première, car
depuis l'indépendance de 1960, le Tchad a connu des femmes
députées, mais jamais de femme ministre.55Le 24
juillet 1984, Fatimé Kimto est promue ministre des Affaires sociales et
de la promotion féminine, poste qu'elle conserve jusqu'en 1986.
Parallèlement, elle a occupé d'importants postes
au sein du Bureau Exécutif du Comité Central du parti unique
UNIR, de 1984 à 1990. La promotion de Fatimé Kimto est
l'expression d'une volonté politique, celle du Président
Habré en faveur de l'émancipation de la femme tchadienne. Il
s'agit de marquer une rupture historique avec les conceptions et pratiques
surannées qui consistent à toujours reléguer la femme au
second plan. Pour lui, «une société qui ne favorise pas la
promotion de la femme est vouée à la sclérose et à
l'immobilisme».56
Après la chute de Habré, elle fait
allégeance, à l'instar de la plupart des dignitaires de l'ancien
régime, au nouveau pouvoir. Elle adhère alors au MPS, dont elle
est restée pendant longtemps, un des membres influents. De 1991 à
2006, elle a occupé plusieurs postes
51 Tubiana, Parcours de femmes, p.337.
52 Dingammadji, On l'appelait Kélou,
p. 102.
53 Dingammadji, On l'appelait Kélou,
p. 106.
54 Dingammadji, Ngarta Tombalbaye, p.30.
55 Ibid, p.35.
56 Tubina, Parcours de femmes, p.338.
42
politiques à la présidence de la
République ainsi qu'au gouvernement. Elle a aussi été
candidate malheureuse aux législatives de février 2011, dans la
circonscription du Bahr Sara57.En dehors de la politique,
Fatimé Kimto milite dans plusieurs associations féminines et de
défense des droits de l'homme. Après avoir obtenu une licence en
sciences juridiques suivie par un stage de formation notariale de 2007, elle a
brièvement exercé comme notaire. Elle est
décédée le 22 mai 2015 à
N'Djamena.58Ayant présenté le parcours de
Fatimé Kimto, il conviendra de présenter celui de Khadidja
Touré.
3- Khadidja Touré : Membre parlementaire et
militante, avocate et défenseuse des droits humains

Source : Archives de l'Assemblée
Nationale du Tchad, 05 juillet 2023.
Membre parlementaire, Kadjidja Touré est née en
1959 dans la capitale tchadienne de Fort-Lamy (N'Djamena). Sa mère
était d'origine arabe et son père, tchadien d'origine
ouest-africaine. Elle a fait ses études secondaires au Sacré
Coeur Collège59. A seize ans, comme c'était la
coutume, son père arrangea son mariage, ce qu'elle refusa. Quelque temps
plus tard, elle a cédé et a accepté d'épouser
l'économiste Aboubakar Sherif Touré, s'installant avec lui en
France en 197660.Pendant son séjour en France, Khadija a
commencé sa longue carrière en tant que défenseur de la
démocratie et des droits de l'homme dans son pays natal. Elle a rejoint
l'Association des étudiants tchadiens (AET) et est devenue membre du
mouvement
57 Ibid, p.338.
58 Dingammadji, Ngarta Tombalbaye, p.40.
59 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.71.
60 Tubina, Parcours de femmes, p.350.
43
rebelle du Nord qui a émergé à la fin des
années 1970, connu sous le nom de Libération Nationale du Tchad -
FROLINAT (Front National de Libération du Tchad)61.
Avec la victoire militaire d'Hissein Habré en 1982,
Khadija fait partie d'une organisation secrète pour lutter contre la
dictature imposée par le régime gouvernemental, étant
arrêtée, torturée et exilée jusqu'en 1990. De 1990
à 1995, elle est devenue l'une des femmes les plus connues pour le
combat pour la démocratie dans son pays natal. Son parti, l'Union pour
la Démocratie et la République - UDR (Union pour la
Démocratie et la République) l'a désignée pour
rejoindre la commission parlementaire constituante.
En 1992, elle a dirigé des manifestations contre le
nouveau gouvernement pour violation des droits de l'homme contre les
populations civiles dans les zones de guerre contre les armées rebelles.
En 2015 Khadidja Touré a témoigné dans un procès
international intenté contre l'ancien président Habré
devant un tribunal de la ville de Dakar au sujet des abus qu'elle et d'autres
femmes opposantes au régime ont subis dans leur intégrité
et dans leur corps, dans la prison de l'armée. La trajectoire de
Khadidja Touré illustre la résilience des femmes dans la lutte
pour la défense des droits humains fondamentaux sur le continent.
Dans ce chapitre, il était question de présenter
la femme tchadienne au parlement et au gouvernement à l'ère du
monopartisme (1962-1990). L'on peut retenir que la promulgation de la nouvelle
constitution et la législature de 1962, ont favorisé
l'entrée d'une femme au parlement. L'unique femme élue
députée au suffrage universel à siéger à
l'assemblée nationale sous la bannière du Parti Progressiste
Tchadien. Il s'agissait de Bourkou Louise Kabo. Cette présence est
demeurée longtemps symbolique et discontinue. Elle se renferma aussi
assez vite à cause de l'enlisement politique au Tchad. Il a fallu
attendre 1982 pour voir une première femme au gouvernement, du nom de
Fatimé Kimto. En effet, les régimes qui se succédaient au
Tchad n'étaient que de courtes durées et étaient beaucoup
portés à régler leurs dissensions internes. La vie
politique fut dominée par des militaires. Les femmes se
retrouvèrent absentes du partage du pouvoir. Elles se trouvèrent
confinées à leurs rôles d'épouse et de mère.
Depuis donc le règne de Ngarta Tombalbaye en passant par Hissein
Habré, le pays vit de la dictature et de conflits interethniques.
Cependant, il va de soi de démontrer postérieurement
l'émancipation politique de la femme tchadienne depuis l'instauration de
la démocratie en 1990.
61 Dingammadji, Ngarta Tombalbaye, p.45.
44

CHAPITRE II : L'EMANCIPATION POLITIQUE DE LA FEMME
TCHADIENNE DEPUIS L'INSTAURATION DE LA DEMOCRATIE EN 1990
45
La femme était marginalisée, opprimée,
reléguée au second rang, bien qu'elle assure toutes les charges,
notamment gestionnaire de foyer, mère et agent économique. Mais,
des voies se sont levées pour réclamer une égalité
effective des deux sexes et surtout une équité et un peu plus de
justice entre les êtres humains qui naissent libres et égaux en
droit et en dignité. La chute du régime dictatorial d'Hissen
Habré en 1990, et le vent de la démocratie qui soufflait
désormais sur le continent africain ont dû permettre aux Tchadiens
de reposer la question du multipartisme dans leur pays. La démocratie en
décembre 1990 a ouvert la voie aux revendications de la femme
tchadienne. Dans ce chapitre, l'on présente le combat pour
l'égalité de droit, la conquête des droits politiques, et
le leadership féminin en politique au Tchad.
I- LE COMBAT POUR L'ÉGALITÉ DE DROITS
L'émancipation des femmes tchadiennes est la garantie
pour celle-ci de disposer des mêmes opportunités et des
mêmes chances que les hommes, pour construire et mener leur vie. Il
s'agit d'une question d'équité1 et de question
politiques et sociale et de penser aux rapports sociaux qui nivellent les
conditions des hommes et des femmes tchadiennes qui permettent de lutter,
d'aplanir les inégalités qui semblent inhérentes à
la société. L'on va démontrer le combat pour
l'égale participation aux débats publics et enfin, la
conquête des droits politiques.
1- Le combat pour l'égale participation aux
débats publics
En politique, les femmes font toujours face à de
nombreux obstacles lorsqu'il s'agit d'être traité sur un pied
d'égalité avec leurs collègues masculins. Elles sont
souvent confrontées à des idées préconçues
sur l'apparence, le discours et le comportement qu'elles doivent adopter. Pour
les femmes, le simple fait de s'engager en politique revient souvent à
défier les rôles traditionnels et à provoquer une
redistribution du pouvoir qui appartient traditionnellement aux
hommes2. Les résultats du deuxième Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH2) de 2009 au Tchad
ont démontré que les femmes représentent plus de 50,3% de
la démographie nationale. Malgré qu'elles soient minoritaires
dans les instances de décisions, leur apport dans le
développement économique du Tchad est salutaire.
1 B. Ndiaye, «Au Tchad ou ailleurs, les hommes de
qualité ne craignent pas l'égalité», Le Monde
Afrique,
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/26/au-tchad-ou-ailleurs-les-hommes-de-qualite-ne-craignent-pas-l-egalité,consulté
le 20 décembre 2022 à 13h20.
2 Union Inter Parlementaire (UIP), «La violence
à l'égard des femmes dans les parlements», 2018, p.12.
46
La participation des femmes aux prises de décisions
politiques est à l'évidence un des enjeux prioritaires de la
lutte pour plus d'égalité, perçue comme exigence du
développement3. Le nombre des femmes exerçant des
fonctions politiques n'est pas le meilleur indicateur de l'importance de la
participation féminine à la vie politique ni de
l'efficacité de celle-ci pour influencer les orientations politiques
dans un sens favorable aux préoccupations des femmes. Mais, dans le
secteur formel, les femmes à compétences et à postes
égaux au Tchad sont rémunérées à un niveau
inférieur. Elles sont aussi pour une large part dans le secteur
informel. Quant aux postes de décision, elles sont souvent largement
minoritaires dans les secteurs clés de la vie publique4.
Au total, la participation directe des femmes à la
politique à travers les structures formelles de prise de décision
ou les mécanismes d'expression de citoyens en démocratie est
encore faible5. Il n'empêche qu'elles se manifestent à
travers des expressions politiques non conventionnelles et arrivent à
influencer des décisions politiques d'envergure, voire à faire
reculer les pouvoirs en place sur des questions qui les concernent6.
A cela s'ajoute le droit à l'égalité du genre et de
justice.
2- Le droit à l'égalité du genre et
de justice
La notion d'égalité des sexes renvoie à
la notion d'égalité de droits, mais lorsque l'on l'accole
à l'égalité des chances, elle convoque aussi, englobe une
autre notion ; celle d'équité et donc de justice7. Il
est une chose de prôner l'égalité de sexe, il est autre
chose de la mettre en oeuvre et de faire en sorte que chaque homme, chaque
femme ait accès à ces droits, à ce droit à
l'égalité. L'égalité de chance pose en effet, de
manière sous-jacente, tous les handicaps que peut porter un sexe par
rapport à l'autre8. L'application progressive du principe
d'égalité fondamentale exige la prise de mesures pour assurer des
chances égales aux hommes et aux femmes, ainsi que des mesures pour
corriger les inégalités de pouvoir entre les hommes et les
femmes.
Comme les rôles masculins et féminins sont
construits socialement et maintenus par la voie de la culture patriarcale, la
convention sur l'Élimination de la discrimination à
l'égard des femmes (CEDEF) prévoit que les États soient
tenus de prendre les mesures voulues pour
3 Archives du Ministère de la Santé
Publique, de l'Action Sociale et de la Solidarité Nationale du Tchad
(AMSPASSNT), «Rapport national d'évaluation des vingt (20) ans de
mise en oeuvre des recommandations du programme d'action de Beijing»,
juin 2014, p.18.
4 Rokhaya Aw Ndiaye, «De l'égalité
de sexes», pp.1-2.
5 Z. Beine, 45ans, enseignant-chercheur à
l'Université de Toukra, N'Djamena, le 10 août 2022.
6 Adjamagbo-Johnson, «La politique est aussi
l'affaire des femmes», p.66.
7 Rokhaya Aw Ndiaye, «De l'égalité
de sexes», p.1.
8 Ibid, p. 2.
47
modifier les modèles et stéréotypes
socioculturels, et pour éliminer les préjugés et les
pratiques culturelles qui reposent sur des idées sexistes9.
Fini le combat pour l'égalité de droit, l'on démontre la
conquête des droits politiques.
II- LA CONQUETE DES DROITS POLITIQUES
Depuis l'indépendance, tous les pays africains
reconnaissent, en principe, sur le plan politique, les mêmes droits aux
hommes et aux femmes. On entend par droit politique, les droits, protections et
privilèges accordés à tous les citoyens par la loi dans
leurs relations à l'État qui doit les protéger pour
éviter toute discrimination10. Les systèmes
législatifs et exécutifs n'ont cependant pas toujours
facilité l'exercice des droits politiques par des femmes.
1- La femme tchadienne au niveau du parlement
Conscientes du vide constitutionnel qui existe au Tchad
après la suspension de la constitution de l'UNIR en 1990, les nouvelles
autorités ont mis en place, par Décret No
007/P-CE/9111 du 22 janvier 1991, un Comité chargé de
l'élaboration d'un texte fondamental de la République. Ce texte,
appelé Charte Nationale de la République à valeur
constitutionnelle, a été publié par Décret
No 081/PR/9112 du 28 février 1991. Cette charte
a-t-elle pris en compte la dimension femme ?
Vu son caractère urgent et provisoire, la Charte a
considéré les grands traits d'une constitution sans entrer dans
les détails. Néanmoins, elle a proposé
l'élaboration d'un code de la famille. Par cette proposition, la Charte
Nationale de la République a pris en compte la dimension femme.
Après l'adoption de la Charte nationale de la République, un
organe consultatif appelé Conseil Provisoire de la République a
été créé. Les membres de ce Conseil, au nombre de
31, portaient le titre de conseillers de la République. Le Conseil
Provisoire de la République jouait le rôle de Parlement. Parmi ces
conseillers de la République, il y a un représentant de chacune
des 15 préfectures, y compris la ville de N'Djamena. Sur les 31
conseillers, il y a eu deux femmes, soit 6,4%13.
Les participants à la Conférence Nationale
Souveraine de janvier à avril 1993 ont rédigé la Charte de
transition de la République qui a valeur constitutionnelle. Celle-ci a
été
9 Organisation pour l'Alimentation et
l'Agriculture, Politique de la FAO sur l'égalité des sexes.
Atteindre les objectifs de sécurité alimentaires dans
l'agriculture et le développement rural, FAO, Rome 2013, p.1.
10 Toupictionnaire, Dictionnaire de politique,
droit politique,
https://www.toupie.org/Dictionnaire/Droit
politique.htm, consulté le 15 juillet 2022 à 19h30.
11 Ngakoutou, Femme tchadienne, p.110.
12 Ibid, p.111.
13 Ibid, p.172.
48
adoptée par la conférence le 5 avril 1993 et
publiée par le Décret No 282/PR/9314 du 9
avril 1993, portant publication de la charte de transition. Quelle
nouveauté prévoit cette Charte dans son contenu par rapport
à la femme ? Dans son article 8, la Charte stipule que les Tchadiens de
deux sexes ont le même droit et même devoir. Ils sont égaux
devant la loi sans distinction de race, de sexe, d'origine et de religion. Les
tchadiens de deux sexes sont électeurs et éligibles dans les
conditions déterminées par la loi. Et l'article 21 de
préciser que «tout tchadien a droit au travail et à une
juste rémunération. Nul ne peut être lésé
dans son emploi, en raison de son origine, de son sexe ou de ses
opinions». Ces deux articles mettent l'accent sur l'égalité
de sexe en matière de droits et devoirs et en matière
d'accès au travail et à la juste rémunération.
A cet effet, il convient de préciser qu'à la
première législature de l'ère démocratique de 1997
à 2001, sur 123 membres, l'on compte 03 femmes avec un pourcentage de
2,40%. Pourtant, c'est la législature qui suit immédiatement la
conférence nationale souveraine qui recommandait 30% des sièges
pour les femmes dans les instances de prises de décisions. Les femmes
animent la vie politique nationale avec des termes précis, à
travers des rencontres, des meetings et de vastes campagnes de sensibilisation.
Des plaidoyers ont été faits auprès des chefs de partis
politiques en vue d'encourager les candidatures féminines aux
élections législatives. Par exemple sur les trentaines des femmes
candidatent aux législatives de 2002 à 2006, sur 155 membres,
neuf (9) femmes ont été élues avec un pourcentage de
5,81%.
Pour la troisième législature de l'ère
démocratique, dont les élections se sont déroulées
le 13 février 2011, elles étaient 145 candidates inscrites sur
les différentes listes de compétition sur les 1409 postulants
pour les 188 sièges à pourvoir. Seulement 24 seront élues
avec un pourcentage de 12, 77%. Mais cette législature de 2011 est
prorogée de 2015 à 2018 compte tenu de l'insécurité
du pays et de crise financière, d'où l'on compte 28 femmes avec
un pourcentage en légère augmentation soit 14,9%. A cet effet, il
conviendrait de présenter le nombre des femmes au parlement de 1991
à 2018.
14 Ngakoutou, Femme tchadienne, p.180.
49
Tableau 3: Nombre des femmes au parlement de 1991
à 2018
Nom de l'organe
|
Période
|
Nombre total de membres
|
Nombre de femmes
|
Pourcentage de femmes
|
Conseil provisoire de la République
|
1991-1993
|
31
|
2
|
6,4%
|
Conseil Supérieur de la transition
|
1993-1997
|
57
|
10
|
17,54%
|
Assemblée Nationale
|
1997-2001
|
123
|
3
|
2,40%
|
Assemblée Nationale
|
2002-2006
|
155
|
9
|
5,81%
|
Assemblée Nationale
|
2011-2015
|
188
|
24
|
12,77%
|
Assemblée Nationale
|
2015-2018 prorogée
|
188
|
28
|
14,9%
|
Source : Archives de l'Assemblée
Nationale du Tchad, 06 juillet 2023.
Il se dégage de ce tableau que la présence de la
femme tchadienne au sein des différents parlements a varié selon
les différentes législatures. Pour ce qui est du Conseil
supérieur de transition, mis en place par la Conférence Nationale
Souveraine (CNS) de 1993, seules dix (10) femmes s'étaient vues
attribuer le précieux siège de conseillers. Et, ce sera tout pour
la maigre récolte en matière de fonction électives. L'on
est arrivé à un chiffre de vingt-quatre (24) dans
l'hémicycle de 2011 à 2015 et vingt-huit (28) dans
l'hémicycle de 2015 à 2018 prorogé. De 1991 à 2018,
l'on assiste à une légère progression de la femme au
parlement. Mais il faut néanmoins préciser que la femme demeure
toujours sous représentée du nombre des femmes au sein de la
population totale.
15 Wikigender, «L'implication politique des
femmes en Afrique»,
https://www.google.com/search,
consulté le 10 septembre 2022 à 14h25.
50
Graphique 3:Nombre de femmes au parlement de 1991
à 2018.

Nombre total des membres au parlement
Nombre total des femmes députées
200
180
160
140
120
100
40
20
60
80
0
Source : Graphique réalisé
à partir du tableau ci-dessus.
Ce graphique présente le nombre de femmes élues
au parlement à l'ère de 1991 à 2018. Il ressort que
l'amorce du processus de démocratisation vint aider les femmes à
être plus participatives. En effet, après la Conférence
Nationale Souveraine de 1993, le Tchad entre dans une période de
transition qui verra deux femmes occuper des postes ministériels ; celui
des affaires sociales et de la promotion féminine et celui du
secrétariat d'État à la fonction publique. Pendant toute
la période transitoire le ministère de l'action sociale et de la
famille resta l'apanage des femmes.
1- La femme au niveau du gouvernement
La presence des femmes en politique au Tchad est un enjeu
important afin d'instaurer une véritable représentativité
des instances dirigeantes politiques et de permettre leurs de jouir de leurs
pleins droits15. Les données émanant de diverses
institutions du système des Nations-
51
Unies concordent pour établir la faible participation
des femmes dans les instances officielles de prise de décisions. C'est
au sein de l'exécutif qu'elles sont les moins
représentées16.
Au Tchad, la problématique de l'implication des femmes
dans les instances de prise de décisions et de la création des
conditions pour qu'elles exercent pleinement les responsabilités
s'inscrivent dans le champ plus large de l'égalité de genre, de
l'équité et de l'autonomisation des femmes17. Comme
tel, c'est un domaine qui s'est beaucoup amélioré depuis 2009,
tant en ce qui concerne l'engagement politique que l'adoption des politiques et
stratégies. Le chemin à parcourir pour une
représentativité optimale des femmes dans les instances de
décisions au Tchad demeure important, car, l'état des lieux
dénote une présence mitigée et erratique des femmes dans
les instances de prise de décision, dans un contexte de forte
prégnance traditionnelle qui entretient une perception de
réductrice de la femme18. Pourtant, en dépit du
dispositif juridique existant et de bonnes intentions maintes fois
déclarées par les hautes autorités, les hommes et les
femmes ne jouissent pas encore des mêmes privilèges quant-à
leur participation à la vie publique et à la prise en compte de
leurs potentialités féminines dans le domaine de la
gouvernance19.
En effet, le nombre des femmes ministres se progresse depuis
l'arrivée au pouvoir du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) sous la
direction d'Idriss Deby Itno en décembre 1990. Le tout premier des
premiers ministres sous Idriss Deby Itno, le chef du gouvernement Jean Bawoyeu
Alingué (mars 1991-mai 1992), a nommé deux femmes (02) dans ses
différentes équipes, notamment, Mariam Mahamat Nour comme
secrétaire d'État au Plan et à la Coopération, puis
aux Finances, et Achta Tone Gossingar comme secrétaire d'État
à la Santé publique, chargé des Affaires Sociales et de la
Promotion féminine20. Au gouvernement de Joseph Yodoyman (mai
1992-avril 1993), une seule (01) femme a été ministre, Dionkito
née Deyo Julienne (secrétaire d'État à la
Santé publique et aux Affaires sociales).
Le Premier ministre Abdelkerim Fidèle Moungar (avril
1993-novembre 1993), a intégré dans son gouvernement, une seule
femme (01), Bintou Malloum au portefeuille de ministre des Affaires Sociales et
de la Famille. Durant ses deux passages comme Premier ministre, Nouradine Delwa
Kassiré Coumakoye a nommé ou renommé neuf femmes (09). Il
y
16 Adjamagbo-Johnson, «La politique est aussi
l'affaire des femmes», p.64.
17 P. Amina Longoh, 40 ans, femme politique,
ministre de Genre et de la Solidarité Nationale, Ndjamena, le 20
août 2022.
18 AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation», p.18.
19 L. Beassemda, 60 ans, ancienne ministre de
l'enseignement supérieur, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
20 C. Dingaomadji, «Tchad : les femmes qui ont
été, au moins, une fois ministre», Tchad infos,
no 9, 16 mars 2021, p. 1.
52
a Bintou Malloum (ministre de la Condition féminine et
des Affaires sociales), Mariam Mahamat Nour (ministres du Plan et de la
Coopération), Fatimé Tchombi (ministre de la Fonction publique),
Haoua Outhman Djamé (ministre de l'Environnement, de la Qualité
de la vie et des parcs nationaux), Ngarmbatina Carmel Sou IV (ministre de
l'Action sociale, de la Solidarité nationale et de la Famille), Dillah
Lucienne (ministre du Développement culturel et artistique),
Fatimé Issa Ramadane (ministre chargé des Droits de l'homme),
Khadidja Hassaballah (secrétaire d'État à l'Agriculture,
chargé de la formation professionnelle et de la sécurité
alimentaire) et Hapsita Alboukhari (secrétaire d'État à
l'Éducation nationale, chargée de
l'alphabétisation)21.
Sous Djimasta Koïbla (avril 1995-mai 1997), deux (02)
femmes ont occupé des postes ministériels ; Achta Selguet
(ministre de la Condition féminine et des Affaires sociales) et Aziza
Ahmat Sénoussi (ministre de la Condition féminine).Le Premier
ministre Nassour Guelengdouksia Ouaidou, a accordé deux (02)
portefeuilles ministériels aux femmes parmi lesquelles, Monique
Ngaralbaye (ministre de l'Action sociale et de la Famille) et Agnès
Allafi (ministre de l'Action sociale et de la Famille) de mai 1997 à
décembre 1999. Sous Nagoum Yamassoum comme Premier ministre
(décembre 1999-juin 2002), Mariam Attahir et Elyse Loum se sont
succédée au ministère de l'Action sociale et de la
Famille.
Le Premier ministre Haroun Kabadi (juin 2002-juin 2003), a
désigné une femme, dont Akia Abouna au Tourisme22.En
un an et huit mois, le chef du gouvernement, Moussa Faki Mahamat (juin
2003-février 2005), a confié les ministères de la
Santé publique à Aziza Baroud et l'Action sociale et la Famille
à Ursule Tourkounda qui sera remplacée par Fatimé
Kimto.
En plus de celles qui ont déjà été
ministres, le Premier ministre Pascal Yoadimnadji (février
2005-février 2007), a travaillé avec Haoua Outman Djamé
(Contrôle d'État et de la Moralisation), Chene Adoum
(Aménagement du territoire, urbanisme et habitat), Ngarmbatina Carmel
Sou IV (Commerce et artisanat), Dillah Lucienne (Déléguée
auprès du ministre des affaires étrangères) et Mariam
Moussa Ali (Secrétaire Général du Gouvernement Adjoint).
Dans les gouvernements Youssouf Saleh Abbas (avril 2008-mars 2010), les femmes
ayant été nommées sont Khadidja Abdelkader (Environnement,
Eau et Ressources Halieutiques), Fatimé Issa Ramadan (Chargé des
Droits de l'Homme et des Promotions des Libertés), Fatimé Tchombi
(Fonction Publique et du Travail), Hapsita Alboukhari (Secrétaire
21 Dingaomadji, «Tchad : les femmes», p.
2.
22 Ibid, p. 2.
53
d'État à l'Éducation Nationale,
Chargé de l'Enseignement de Base), Mahadié Outhman Issa
(Secrétaire d'État à la Santé, chargé des
formations sanitaires) et Khadidja Hassaballah (Secrétaire d'État
à l'Éducation, chargé de l'enseignement de
base)23.
Le nombre des femmes ministres continue toujours d'augmenter
avec les gouvernements Emmanuel Nadingar (mars 2010-janvier 2013). En plus de
celles qui ont déjà occupé une fois un département
ministériel, des nouvelles têtes ont été
nommées, notamment, Toupta Boguena (Santé publique), Assia Abbo
(Secrétaire Général du Gouvernement), Naima Abdelmouti
(Secrétaire d'État à l'Action sociale), Habiba Sahoulba
Gontchomé (Secrétaire d'État aux Finances, chargé
du budget), Yakoura Malloum Alwihda (Microcrédits en faveur de la
promotion de la femme et de la jeunesse) et Amina Kodjiyana (Droits de l'Homme
et libertés fondamentales)24.
Parmi les nouvelles femmes nommées par le Premier
ministre Joseph Djimrangar Dadnadji (janvier-novembre 2013), il y a
Sadié Goukouni Weddeye (Action sociale), Ruth Tedebé
(Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères), Benaiwa
Djibergui Rosine Amane (Postes et NTIC), Djimasbeye Ndade Mandagua
(Secrétaire d'État à l'Économie et au plan),
Chamsal Houda Abakar Kadade (Secrétaire d'État à la
Santé publique), Haoua Acyl (Aviation civile et
météorologie), Kassiré Isabelle Housna (Secrétaire
d'État aux Affaires étrangères), Banata Tchalet Sow
(Microcrédits pour la promotion de la femme et de la jeunesse). Il faut
noter que les mêmes personnalités féminines ont
été reconduites aux gouvernements de Kalzeubé Payimi
Deubet (novembre 2013-février 2016)25.
Le dernier Premier ministre Pahimi Padacké Albert
(février 2016-mai 2018), a confié quelques ministères
à des femmes qui ont déjà été dans un des
gouvernements précédents, à l'exception du
secrétariat d'État à l'Éducation nationale et
à la Promotion Civique occupé par Félicité Nguesse
Ndoubahidi, qui fait son entrée dans une équipe gouvernementale.
A cet effet, il convient de présenter le tableau de nombre des femmes au
gouvernement à l'ère du multipartisme de 1991 à 2018.
23 Dingaomadi, «Tchad : les femmes», p.
2.
24 Ibid, p. 2.
25 Ibid, p. 3.
54
Tableau 4: Nombre des femmes au gouvernement à
l'ère du multipartisme de 1991 à 2018
Premier Ministre Chef de Gouvernement
|
Période de
|
Nbre de femmes ministres
|
Nbre
de femme secrétaire d'État
|
% de femme
au
gouvernement
|
Jean Bawoyeu Alingué
|
1991-1992
|
0
|
3
|
5%
|
Joseph Yodoyman
|
1992-1993
|
0
|
2
|
3,7%
|
Fidèle Abdelkerim Moungar
|
1993
|
1
|
1
|
11,1%
|
Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye
|
1993-1995
|
4
|
0
|
6%
|
Djimasta Koïbla
|
1995-1997
|
6
|
1
|
12,7%
|
Nassour Guelengdouksia Ouaidou
|
1997-1999
|
8
|
0
|
7,5%
|
Nagoum Yamassoum
|
1999-2002
|
9
|
0
|
9,9%
|
Haroun Kabadi
|
2002-2003
|
6
|
0
|
7,1%
|
Moussa Faki
|
2003-2005
|
8
|
0
|
7,1%
|
Pascal Yoadimnadji
|
2005-2007
|
15
|
2
|
26,1%
|
Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye
|
2007-2008
|
4
|
2
|
15%
|
Youssouf Abass
|
2008-2010
|
9
|
8
|
14,5%
|
Emmanuel Nadingar
|
2010-2013
|
15
|
17
|
35%
|
Joseph Djimrangar
|
2013
|
3
|
2
|
11,9%
|
Kalzeubet Deubet
|
2013-2016
|
5
|
4
|
25, 71%
|
Pahimi Albert
|
2016-2018
|
3
|
3
|
15,78%
|
Source : Archives du Secrétariat
Général du gouvernement, 08 juillet 2023.
55
Il ressort de ce tableau, qu'au niveau du gouvernement, il y a
certes des améliorations à l'ère démocratique, mais
les femmes demeurent sous-représentées. Le nombre des femmes dans
chaque gouvernement n'a jamais dépassé une vingtaine, et celle-ci
ont généralement occupé les domaines qui renvoient
à leur rôle sociale (enseignement ; action sociale, promotion
féminine, santé, etc.). L'on note 96 femmes ministres et 45
femmes secrétaires d'État qui fait au total 141 femmes au
gouvernement de 1991 à 2018. A cela s'ajoute le diagramme en
bâtons présentant l'évolution des nombres d femmes aux
gouvernements entre 1991 à 2018.
Graphique 4: Evolution des nombres des femmes aux
gouvernements entre 1991 à 2018
1991-1992
1992-1993
1993 1993-1995 1995-1997 1997-1999 1999-2002 2002-2003 2003-2005
2005-2007 2007-2008 2008-2010 2010-2013
2013
2013-2016
2016-2018
18 16 14 12 10 8 6 4 2 0
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|
|
|
Nombre des femmes ministres
nombre des femmes
secretaire d'Etat
|
Source : Graphique réalisé
à partir du tableau ci-dessus.
L'on peut dire que la présence de la femme à
l'avènement du multipartisme au sein des gouvernements connait une
certaine croissance non négligeable. Le record de nombre des femmes dans
les gouvernements a été battu. Même si le président
Idriss Deby Itno a promis 30% de places pour la gente féminine dans les
fonctions nominatives et électives, des efforts restent à faire.
Il est déplorable de remarquer que ces femmes ne sont pas la tête
des ministères stratégiques tels que la justice, les affaires
étrangères, l'économie ou la défense26.
Au sein des ministères, les femmes n'occupent pas les postes de
décision.
Bref, on trouve les femmes dans toutes les instances
dirigeantes du pays et depuis l'avènement d'Idriss Deby Itno au pouvoir
en décembre 1990, le nombre aux différents
26 M. Abdelkerim, 45 ans, enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
56
parlements et gouvernements n'a cessé d'augmenter. Il
existe de nombreuses associations féminines, notamment la Cellule de
Liaison et d'Information des Associations Féminines du Tchad (CELIAF),
Association des Femmes Juristes (AFJ), le Réseau des Femmes Ministres et
Parlementaires du Tchad(REFEMP/T), soutenues et encouragées par le chef
de l'État qui ont pris d'assaut la vie sociale nationale propulsant
ainsi les femmes, au-devant de la scène sociale et politique du
pays27.
L'opposition au régime du président Idriss Deby
Itno possède aussi des formations féminines qui ont pu voir le
jour grâce à sa politique ayant favorisé leur
éclosion. Des sensibilisations ont été menées
à l'endroit des femmes leaders des partis politiques, des associations
et des syndicats en vue de leur participation massive à la vie politique
du pays lors des échéances électorales28. Les
femmes arrivèrent tant bien que mal à se partager les postes
ministériels avec les hommes. Celles-ci sont liées à une
participation limitée dans ces instances étatiques.
2- Une participation limitée dans les instances
étatiques
Cette limitation peut s'analyser à travers des facteurs
qui sont externes aux femmes tchadiennes d'une part et qui leur sont proprement
inhérents d'autre part au parlement qu'au gouvernement.
3.1. Les facteurs externes
La société tchadienne est
hiérarchisée. Cette hiérarchisation de la
société fait un état de rapprochement des individus avec
la culture et la tradition en place. Dans les principes des cultures et
traditions, la femme occupe une certaine position. Laquelle position est
jugée contraignante suite aux effets de la modernité. Ainsi, le
leadership féminin bien qu'ayant connu une nette amélioration
reste enfermé dans le carcan des croyances religieuses et
traditionnelles29.
Les problèmes de la femme, au village comme en ville,
loin d'être éconduits par les pouvoirs publics restent important
qu'avant sauf qu'ils connaissent des situations de déplacement.
Autrement dit, la femme tchadienne est dépendante des pratiques et
normes culturelles en vigueur dans la société. Au Tchad, les
relations de genre se réfèrent plus à la religion à
savoir : l'Islam, le Christianisme et l'Animisme. Dans ce sens, la
première
27 M. Abdelkerim, 45 ans, enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
28 R. Yaneko, 60 ans, ancienne ministre de la femme,
N'Djamena, le 20 novembre 2022.
29 P. Amina Longoh, 40 ans, femme politique, ministre
de Genre et de la Solidarité Nationale, N'Djamena, le 20 août
2022.
57
différence est biologique en rapport à la
divinité. Faisant référence à la création de
l'homme et de la femme. Le poids des traditions est visible et perceptible sur
le terrain dans la mesure où certaines normes et valeurs traditionnelles
situent cet être (la femme) au stade inférieur que l'homme. Les
traditions retiennent que «la femme est inférieure à
l'homme», par conséquent, elle doit juste rester à sa place
prévue par celles-ci30.
En ce qui concerne les difficultés religieuses,
l'opinion populaire pense que la religion est à l'origine du fait que
les femmes soient celles-là qui doivent uniquement rester à la
maison, garder le foyer et ne sont pas autorisées à sortir pour
exercer un métier hors du foyer. La réalité est qu'avant
l'arrivée de la religion aussi, les femmes tchadiennes occupaient les
mêmes responsabilités. Ceci parce que les femmes doivent garder
les enfants à la maison et les hommes partent chercher de quoi se
nourrir et protéger la famille31.
En effet, le Coran et la Bible ainsi que leurs
interprétations au niveau local, il ressort que la religion n'est pas un
frein pour le développement de la femme. Elle n'empêche en aucun
cas que la femme soit autonome financièrement ou qu'elle soit leader.
Mais, les hommes ont interprété la religion en leur faveur.
Lorsque la religion est arrivée, les hommes ont choisi des parties de
cette religion qui sont en harmonie avec leur tradition. Cette dernière
attribuait déjà à la femme la place de la femme au
ménage, femme mère et femme épouse afin de ne pas modifier
certaines pratiques qui leurs donnaient plus d'autorité et plus de
pouvoir auprès de la femme. Avec la vulgarisation des écoles
occidentale, les femmes se sont beaucoup instruites et ont compris que la
religion n'était pas le garant de leurs problèmes mais
plutôt, la mauvaise interprétation de celui-ci32.
La religion a fait que la femme tchadienne doit être
entretenue, par son époux, si l'homme ne rationne pas, il est en train
de pécher. Certes que la femme dispose des devoirs envers son mari mais,
le fait de rester à la maison sans possibilité d'emploi ou
d'études n'en faisait pas partie. L'obligation à l'homme de
nourrir sa femme et les enfants, de les éduquer est
considérée par ceux-ci comme un prétexte pour refuser
à la femme de sortir mais, reste exercer les travaux domestiques
puisqu'elle est à la charge de l'homme exerçant une fonction ou
pas. Alors que selon les leaders religieux, il n'est écrit nulle part
que les tâches domestiques incombent à la responsabilité de
la femme si ce n'est la tradition. Bien que les normes religieuses priment sur
les traditions tchadiennes, cette partie de la réalité
approuvée
30 R. Yaneko, 60 ans, ancienne ministre de la femme,
N'Djamena, le 20 novembre 2022.
31 M. Abdelkerim, 45 ans, enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
32 P. Amina Longoh, 40 ans, femme politique, ministre
de Genre et de la Solidarité Nationale, N'Djamena, le 20 août
2022.
58
par la religion reste non acceptée par la tradition du
fait de «l'hypocrisie des hommes» qui souhaitaient à tout prix
garder le contrôle absolu sur les femmes33.
Dans les interactions sociales, les hommes usent de ce
privilège pour priver à la femme même ce qui lui ait
dû comme les études, l'apprentissage, la recherche. Pour le
partage de l'héritage, la religion prévoit pour la femme, la
moitié de ce que l'homme reçoit. Cette pratique était
instaurée dans le sens que l'homme soit celui qui prend la responsable
de la famille du défunt. Avant, la majorité des femmes
était sans activités et sont à la charge du mari, du
père ou du frère. Il s'agit donc d'une pratique culturelle qui se
présente en défaveur de la femme car les femmes se
présentent comme celles-là qui prennent mieux soin de la famille.
Plusieurs femmes tchadiennes vivent célibataires et/ou les parents ne
sont plus à mesure de prendre soin d'elles. Elles sont donc contraintes
de devenir autonomes pour s'en sortir ou maintenir leur rythme de
vie34.
La femme à la moitié de ce que l'homme peut
avoir, ceci est une instruction de la religion être révolue
puisqu'avant, les femmes étaient toutes mariées elles
n'étaient pas aussi nombreuses, et ses femmes étaient à la
charge de leur mari. Mais cette situation a catégoriquement
basculé, les femmes s'occupent déjà de leur famille, on
donnait plus de part à l'homme pour qu'il puisse prendre en charge toute
la grande famille chose qui ne s'observe plus. Les religieux devaient
comprendre que même si on ne peut pas changer les écrits, on peut
quand même améliorer les choses grâce à
l'évolution de temps, puisque ce n'est pas toutes les femmes qui sont
mariées car elles sont plus nombreuses que les hommes et les femmes se
cherchent aussi, la situation économique familiale n'est plus seulement
sur le poids de l'homme, lui donner la moitié est en fait
insignifiant35.
Parmi les conséquences des pratiques traditionnelles et
culturelles se présentent les répercussions sur la vie des femmes
tels que : l'absence de communication entre parents et filles. En
général, cette absence se présente entre les enfants de
tous les sexes et les parents. Les mères et les enfants se plaignent du
fait de la distance entre les pères et les enfants. Les enfants se
réfèrent plus à leur mère pour exposer leurs
problèmes, le quel ne trouve souvent pas de suite parce que les femmes
n'ont pas le pouvoir de décider. Il faut aussi noter le retrait des
parents (hommes) lors de la prise de décision importante dans la vie des
filles. Les filles sont considérées sur tout par les pères
comme des êtres donc le rapprochement est illicite et ils
33 Z. Beine, 45ans, enseignant-chercheur à
l'Université de Toukra, N'Djamena, le 10 août 2022.
34 L. Beassemda, 60 ans, ancienne ministre de
l'enseignement supérieur, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
35 M. Abdelkerim, 45 ans, enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
59
maintiennent de distance lorsqu'il s'agit de discuter ou
sympathiser avec elles. Les besoins des enfants passent d'abord par leur
mère avant d'arriver chez leur père même comme c'est
à eux qu'appartiennent les dernières décisions de la
famille :
Les jeunes filles sont stigmatisées, elle ne sont pas
écoutées, elles sont frustrées dans leurs familles
même, les parents ne veuillent pas leurs donner ni d'opportunités,
ni de privilège pour se chercher sur tout, si c'est un travail ou un
cour qui se passe en soirée, les parents refusent de causer avec les
filles sur tous les pères, ils ne sont presque jamais là pour
écouter le problème de leurs filles36.
L'absence de communication entre pères et filles fait
installer le doute et le manque de confiance des parents envers les filles.
Cette situation rend donc le déplacement de la fille difficile que ce
soit pour le commerce que pour les études ou la formation. Les conjoints
également refusent le déplacement de leurs femmes par manque de
confiance à moins qu'il y ait un membre de famille chez qui celle-ci va
résider. De même, dans le cadre de service les femmes sont de fois
victime des harcèlements où des abus sexuels par les
supérieurs afin de pouvoir avancer dans leur service. Les hommes
refusent donc que leurs femmes exercent un métier par mesure de
protection parce que la femme est vulnérable et séduisante. Car,
par tout elle passe, elle est exposée à des tentations. Pour tout
dire, les pesanteurs socioculturelles, bien que ce soit en phase de
relativisation, ont laissé des séquelles dans les
mentalités des tchadiens au Tchad37.
Les raisons de la marginalisation politique des femmes peuvent
s'apprécier différemment, suivant que l'on se situe au niveau du
parlement ou au niveau du gouvernement. La marginalisation des femmes dans la
sphère législative et exécutive est susceptible
d'être mal interprétée du côté des formations
politiques, dont les pratiques électorales n'ont pas fondamentalement
varié depuis 1962. Les discours qui ont cours dans les partis politiques
frappent les esprits par leurs contradictions internes et notamment le clivage
qui règne entre l'application des discours politiques et le comportement
des tenants des partis sur le terrain. Ou encore, dans les scrutins de listes,
la position en bas de liste occupée par les femmes leur laisse peu de
chance en cas de partage de sièges, car seules les têtes de listes
peuvent briguer le mandat.
36 L. Beassemda, 60 ans, ancienne ministre de
l'enseignement supérieur, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
37 F. Nguesse Ndoubahidi, 55 ans, ancienne
secrétaire d'État à l'éducation nationale et
à la promotion, N'Djamena, le 02 novembre 2022.
60
Les difficultés en lien avec l'administration se
présentent sur plusieurs plans à savoir : premièrement,
les difficultés d'accès aux marchés internationaux. Les
entreprises faisant dans la transformation rencontrent des difficultés
d'accès au marché pour la revente de leurs produits.
L'accès au marché externe à la ville, c'est-à-dire
transporter les produits de la ville de N'Djamena pour les marchés d'une
autre ville comme Moundou, Abéché constitue une dépense
maximale en taxe, impôt, douane qui à la fin se retrouve plus
facturant que le produit à vendre. L'accès aux marchés
internationaux regorge plusieurs conditions lourdes en terme de papier pour
l'égalisation, l'autorisation, et en terme de lenteur administrative.
Cette situation décourage les femmes entrepreneures et finissent par
vendre les produits au niveau national et local où le rendement est
faible en terme de coût et de rapidité38.
Deuxièmement, il existe des difficultés par
rapport à l'administration du projet. Selon les structures, plusieurs
projets ne font pas tout d'abord la préenquête ou l'étude
du milieu d'implantation de projet avant le lancement de ce dernier. Ainsi,
dans le délai de la durée du projet que la structure
prélève le temps de la préenquête, la recherche des
bénéficiaires, le temps d'implantation du projet. Par
conséquent, le projet débute avec les formations, sensibilisation
lorsque sa date déterminée a déjà
épuisé sa moitié. Et le reste de temps évidement
est presqu'insuffisant pour la réussite du projet d'où
l'incapacité ou l'inaccessibilité des projets par les
bénéficiaires qui conduit aux échecs de ses derniers. Le
non achèvement ou la faible adaptation des projets favorables à
l'autonomisation de la femme, ralenti le processus de développement chez
les femmes39.
Troisièmement, se présente le problème
d'admiration en termes de potentialité féminine.
L'infélicité est notée à ce niveau en ce sens que
le travail de la femme est minimisé et méprisé. Pour
qu'une femme s'en sorte, il lui faut d'abord travailler doublement que l'homme.
La femme doit toujours prouver ce qu'elle est capable de faire avant
d'être acceptée même dans le cas où sa
compétence est avérée. Les idées des femmes sont
«volées» ou reprises par les hommes et ils développent
cela en leurs faveurs sans droit d'auteurs. En revanche, la présence des
femmes battantes dans cette même situation est sans ignorée. Ces
femmes ne se laissent pas faire et se battent pour leurs
hégémonies. Car, les femmes ont aussi de la potentialité
il suffit juste qu'elles décident de s'exprimer.
Quatrièmement, toujours au niveau administratif, que ce
soit dans l'administration politique, commandement, étatique, les femmes
sont confrontées à des difficultés tels que le
38 M. Abdelkerim, 45 ans, enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
39 R. Yaneko, 60 ans, ancienne ministre de la femme,
N'Djamena, le 20 novembre 2022.
61
retrait de la femme dans les décisions du conseil
c'est-à-dire, lors qu'il y a des réunions où il va falloir
prendre des décisions importantes dans la structure, les femmes sont
retirées de cette réunion dans une certaine mesure, et dans
l'autre, elles ne sont pas tenues informée de l'effectivité d'une
quelconque réunion. Il apparait clairement que les femmes font face
à des difficultés administratives que ce soit dans
l'administration gouvernementale, politique que des organismes en
place40.
L'hésitation du gouvernement s'entend comme un
procédé qui consiste à prendre la problématique de
la représentativité du leadership au Tchad. Il est difficile de
comprendre et d'expliquer le faible impact des actions du gouvernement dans la
promotion de la femme tchadienne. C'est ce qui explique alors la faible
représentativité de celles-ci dans les postes de
responsabilité et la difficulté d'observance des mobilités
de ce genre. Depuis la nuit de temps, les nominations et élections
montrent cette hésitation genrée. Il faut chercher avec beaucoup
de profondeur pour le positionnement des femmes. Malgré l'application
des mesures de représentativité des femmes en politique, les
quotas rendent compte de l'incertitude du gouvernement à nommer les
femmes dans certains postes.
L'Etat lui-même hésite à mettre la femme
à certains postes, il avance par tâtonnement afin de nommer les
femmes parce que, l'homme quel que soit son niveau ou rang social, va d'abord
minimiser la femme avant de savoir qui elle est réellement. Ceci a pour
sens que le gouvernement en place hésite à faire confiance aux
femmes, car lui-même est resté dans l'esprit de la gouvernance
traditionnelle fortement masculinisée. Pourtant le principe du quota des
femmes repose sur l'idée que les femmes doivent être
présentes, selon un certain pourcentage, dans les divers organes de
l'Etat, autant sur les listes des candidatures que dans les assemblées
parlementaires, les commissions ou le gouvernement. Avec le système de
quota, ce ne sont pas les femmes elles-mêmes qui ont la charge du
recrutement. L'objectif fondamental d'un recrutement est de recruter les femmes
aux postes politiques, de manière à assurer leurs
présences effectives dans la vie politique. A cela s'ajoutent les
facteurs internes.
3.2. Les facteurs internes
A certains moments, la femme participe à son
infériorisation ou assujettissement elle-même, en même temps
elle est victime des attitudes et des constructions sociales. D'une part, la
femme tchadienne se présente comme victime des pratiques sociales
à la fois venant de leurs maris que de la société dans la
mesure où, plusieurs choses empêchent ou ralentissent
40 R. Yaneko, 60 ans, ancienne ministre de la femme,
N'Djamena, le 20 novembre 2022.
62
son autonomisation. En tant que femme, elle est victime des
traitements et des pratiques qui concourent en défaveur de celle-ci
à savoir :
Premièrement, c'est la jalousie des maris : les
difficultés pour les femmes de pouvoir sortir pour exercer une
activité s'expliquent par la jalousie de l'homme. Selon les femmes,
cette jalousie se manifeste de deux manières : les hommes sont jaloux de
voir leurs femmes être courtisées ou convoitées par
d'autres hommes dehors. L'autre forme de jalousie est exprimée par le
fait qu'ils n'acceptent pas de voir la femme s'épanouir
économiquement mieux qu'eux qui sont, «des hommes de la
maison». Cette situation est aussi expliquée par le fait que c'est
une façon de les empêcher d'ouvrir leurs esprits et voir la
réalité du monde extérieur. Au début là, les
maris laissent mais quand ils voient que les femmes ont commencé
à s'épanouir, ils se relâchent, ils lui empêchent de
sortir de fois la femme abandonne elle n'insiste pas de fois ça devient
un litige41. De ce qui précède, il ressort que les
hommes à travers leur égo refusent que la femme évolue ou
soit plus aisée qu'eux. De ce fait, ils trouvent tous les
prétextes pour ramener cette dernière à la maison afin
qu'elle reste dépendante.
Deuxièmement, c'est l'abandon de responsabilité
familiale par des conjoints : les données à ce niveau expliquent
que les femmes dès qu'elles commencent une activité
économique, toutes les charges familiales leurs incombent. Car, les
maris arrêtent de s'occuper du foyer, des enfants et d'elles-mêmes
comme ils le faisaient auparavant. La femme n'étant pas donc
financièrement stable finit par abandonner l'activité ou chuter
en termes de budget. En bref, la femme n'est pas accompagnée et
également non encouragée dans la recherche de son
autonomisation42.
Troisièmement, les femmes leaders éprouvent
aussi des difficultés liées à l'accès au mariage
civil. Le fait de se marier coutumièrement et religieusement n'impose
pas au gouvernement de réunir le couple sur un même lieu
d'exécution des fonctions. Les hommes n'ont pas toujours l'esprit de
mariage civil parce qu'ils n'y trouvent pas d'intérêt à le
faire plus encore, les hommes qui ne sont pas fonctionnaires, ignorent
l'importance de ce mariage en plus des valeurs traditionnelles et
économiques que cela comporte. En bref, cette condition de vie
(être loin du conjoint) rend ces femmes non épanouies
psychologiquement et frustrées
41 R. Yaneko, 60 ans, ancienne ministre de la femme,
N'Djamena, le 20 novembre 2022.
42 M. Abdelkerim, 45 ans, enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
63
non seulement par le fait de la distance avec la famille, mais
aussi à cause de sa dislocation qui impacte sur la garde des enfants et
leur éducation43.
Quatrièmement, la femme est également
considérée comme victime dans la mesure où elle est
marquée par la pression du mariage, qui lui met dans l'embarras de choix
entre le mariage et la pratique d'une activité économique.
Autrement dit, certains hommes avant d'épouser une femme, la conditionne
d'abord d'abandonner les études, ou l'activité qu'elle
exerçait afin d'être acceptée comme épouse. Cette
situation est d'amblée récurrente au Tchad car, de fois ces
mêmes femmes qui ont abandonné le travail pour le mariage se
trouvent à la longue sanctionnées par un divorce ou par la
viduité et affrontent en ce moment «des jours sombres» de leur
vie44.
Cinquièmement, la femme a aussi les difficultés
d'appréciation sociale de ses efforts. La femme avant d'être
appréciée doit doubler les efforts au niveau de son travail par
rapport à l'homme. Elle est à tous les niveaux minimisée
et dévalorisée tant qu'il s'agit de travailler dans la
société. Celle-ci a tendance à la considérer comme
inapte et incapable jusqu'à ce qu'elle démontre le contraire.
En outre, la femme tchadienne s'auto-dévalorise dans la
mesure où, selon les données de terrain, certaines femmes
à partir de leurs pratiques ethniques ou culturelles, naissent et
trouvent que la valeur de la femme n'est complète que si elle est
mariée s'occupant de son foyer. A partir de là, elles
éloignent l'idée de l'autonomisation dans leur vie profitant
juste des gratitudes venant de leurs époux.
Cette information fait la présentation des femmes qui,
à cause de leur manque d'obstination à garder à la fois
leur foyer et le travail, amènent ou poussent les hommes à
refuser ou à s'opposer au fait qu'elles sortent pour exercer une
activité. De plus, certaines femmes sont elles-mêmes les causes de
leurs difficultés car, elles ont une mauvaise gestion en termes
d'économie. Elles se plaignent du problème d'autonomisation mais
n'investissent pas dans une activité. Elles dépensent de l'argent
juste pour des occasions et cérémonies non
nécessaires45.
Les femmes tchadiennes font des dépenses
démesurées, non réfléchies et illogiques.
Egalement, elles aiment aussi l'imitation, le suivisme sans raison. A l'instant
où quelque chose les intéresse, elles sont capable d'aller
même prêter de l'argent pour l'avoir mais ne
43 L. Beassemda, 60 ans, ancienne ministre de
l'enseignement supérieur, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
44 R. Yaneko, 60 ans, ancienne ministre de la femme,
N'Djamena, le 20 novembre 2022.
45 M. Abdelkerim, 45 ans, enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 30 octobre 2022.
46 R. Yaneko Romba, 65 ans, Ancienne ministre des
affaires sociales et de la promotion féminine, N'Djamena, le 20 octobre
2022.
64
réfléchissent pas à comment faire pour
investir. La femme s'auto-dévalorise aussi en ce sens qu'elle est une
femme qui se résigne devant les hommes, elle refuse de s'imposer, refuse
même de discuter les opinions des hommes. La femme est
présentée comme victime ou complice de sa situation dans la
mesure où son comportement ou ce qu'elle subit relève de la
culture et tradition de sa localité. Elle est l'objet d'une
socialisation bien préparée et reproduit juste ce qu'elle a
appris au cours de celle-ci. Mais, certaines d'entre elles refusent de braver
pour surmonter les difficultés.
A cette ambiguïté, s'ajoute
l'auto-évaluation à laquelle se livrent les femmes dans les
instances étatiques lorsqu'il s'agit de prendre ou bien de participer
à des décisions importantes qui touchent les affaires de la
nation. Cette auto-évaluation se traduit dans les expressions telle que
«ana mara sakit, maï i diân ngoye ; taama
beï», ce qui signifie une «simple femme».
Elles s'interdisent par conséquent, toute révolution, toute
remise en cause, toute initiative personnelle pour exécuter le dire des
hommes politiques. Cette situation rend impossible tout effort de
solidarité entre les femmes pour des actions dynamiques et
concertées. La marginalisation peut s'expliquer aussi par le
dilettantisme des femmes46.
Généralement, les femmes militent en masse dans
les partis politiques, mais combien sont celles qui rêvent de faire
carrière en politique ? Pour la grande majorité d'entre elles, la
politique est juste un passe-temps pour résoudre quelques
problèmes quotidiens, ou tout simplement un divertissement. On n'est
donc pas étonné que dans les branches féminines des
partis, les militantes, passent plus de temps à la cuisine pour
organiser les fêtes du parti. L'on note par ailleurs que la
naïveté est aussi un frein à la percée des femmes en
politique.
La politique est avant tout un jeu d'intérêts,
où chacun tire la couverture de son côté. Ce qui suppose
que les acteurs sont en permanence tendus vers tel poste, tel titre
honorifique, telle. Pour atteindre leurs objectifs, ils sont prêts
à toutes sortes de manipulations ou compromissions et utilisent des
méthodes plus ou moins machiavéliques. Or dans ce monde complexe
et impitoyable, les femmes font souvent confiance aux mots des hommes, car
elles continuent à cultiver les valeurs telles que
l'honnêteté, l'amitié, la bonne foi en politique. Ces
différentes attitudes qui passent pour être naturelles au Tchad,
agissent, en fin de compte, au détriment de la femme.
Ayant présenté la conquête des droits
politique, il semble nécessaire d'analyser l'émancipation des
femmes au niveau du leadership féminin en politique au Tchad.
65
III- L'EMANCIPATION DES FEMMES AU NIVEAU DU LEADERSHIP
EN POLITIQUE AU TCHAD
En jouant un rôle décisif dans la contestation,
les femmes tchadiennes voulaient aboutir à un changement politique
porteur d'espoir pour un bien-être, dont elles entendaient jouir dans
leur vie quotidienne et celle de leur famille. Elles n'ont pas suivi des
stratégies claires montrant qu'elles entendaient accéder
désormais aux structures du pouvoir pour y jouer un rôle de
premier plan, au même titre que les hommes47. Dans cette
partie, l'on va présenter la lutte des organisations féminines
militantes des droits de l'homme pour la participation massive des femmes en
politique et dans la vie publique, et ensuite, leurs oeuvres.
1- La lutte des organisations féminines
militantes des droits de l'homme pour la participation massive des femmes en
politique et dans la vie publique
A travers l'histoire, les femmes ont milité pour
obtenir des droits et, à plus large échelle, transformer la
société afin de la rendre plus égalitaire entre les sexes.
L'on pense notamment à la lutte pour l'acquisition du droit de vote,
lutte marquante du XXème siècle dans plusieurs pays dans le
monde48. Depuis les débuts des années 1990 au Tchad,
on a assisté à la prolifération des organisations de la
société civile dont certaines sont exclusivement féminines
qui militent pour les droits de l'homme notamment la Cellule de Liaison et
d'Information des Associations Féminines du Tchad (CELIAF), Association
des Femmes juristes (AFJ), le Réseau des Femmes Ministres et
Parlementaires du Tchad (REFEMP/T) 49 .Ces organisations, selon
leurs statuts, ont pour mission essentielles la promotion et/ou la protection
des droits de l'Homme soit de manière générale (droit et
libertés fondamentaux de l'homme), soit de manière
spécifique ou catégorielle (droit des femmes ou droits des
enfants).
Ces associations constituent un élément
clé dans la revendication, la promotion et la défense des droits
de la femme. Elles font de plus en plus de pression sur les pouvoirs publics
pour une amélioration du statut de la femme, cela nécessite au
préalable, l'existence d'un cadre juridique qui lui consacre des droits
spécifiques et réaffirme son attachement aux valeurs universelles
des droits de l'Homme, et à la Charte Africaine des Droits de l'Homme
et
47 Adjamagbo-Johnson, «Le politique est aussi
l'affaire des femmes», p.69.
48 C. Rouillard et A. Du rocher, «Les femmes
influencent la politique : le discours de femme dans le débat sur la
parité», Revue Histoire Engagée, no 12,
février 2019, p.1.
49 F. Nguesse Ndoubahidi, 55 ans, ancienne
secrétaire d'État à l'éducation nationale et
à la promotion, N'Djamena, le 02 novembre 2022.
66
des Peuples. Aussi, l'amélioration des conditions de
vie des femmes passe-t-elle par l'accès de celle-ci aux services sociaux
de base qui est un droit constitutionnel.50
L'action des femmes est de plus en plus visible dans les
mouvements féminins à travers le monde, dans les organisations de
la société civile, dans l'État et les milieux politiques
de la société51. Pourtant, de nombreux pays à
travers le monde se sont dotés de mesures visant l'atteinte de la
parité de par des mouvements de femmes52.L'acquisition d'un
intérêt pour la politique partisane, le fait de devenir membre
d'un parti, de devenir militant actif53 et de poser sa candidature
lors d'une élection sont le résultat de la socialisation
politique, c'est-à-dire «l'ensemble des processus d'acquisition et
de formation des différents attributs de l'identité
politique''54.
Les réflexions sur l'engagement politique des femmes
portent souvent sur le moment, où elles souhaitent être candidates
lors d'une élection. Toutefois, si on se réfère aux
travaux qui étudient la trajectoire des militantes et des femmes
politiques, il apparait que la socialisation politique commence beaucoup plut
tôt. En effet, avant de se lancer en politique, il faut d'abord prendre
intérêt aux affaires publiques55. Ainsi, nombre
d'organisation des femmes se prononcent sur l'importance pour les femmes de
s'engager activement dans la chose politique. La stratégie
adoptée s'articule habituellement autour des points suivants : la
formation et préparation des femmes chargées de mener des actions
de sensibilisation auprès de leurs consoeurs ; organisation de
séminaires sur la problématique à l'intention des membres
d'organisations de femmes ; campagne de promotion de la participation politique
des femmes ; encadrement des femmes intéressées56. La
participation massive de ces femmes en politique n'a vu le jour au Tchad que
dans les années 1990 avec les mutations démocratiques qu'a
connues le pays57.
50 Association des Femmes Juriste de Niger (AFJN),
«Guide participation des femmes à la politique au Niger'', FIIAPP,
2016, p.14.
51 UNRISD Info, «Égalité des sexes
: En quête de justice dans un monde d'inégalités'' no 10,
2007, p.2.
52 M. Krook, Quotas for Women in Politics?
Gender and Candidate Selection Reform Worldwide, New York, Oxford
University Press, 2009, p.20.
53 T. Evelyne, Égalité
homme-femmes ? : Le militantisme au Québec : le PQ et le PLQ,
Montréal, Hurtubise, 2003, p.26.
54 M. Anne, «Socialisation et lien
politique'', in Thierry Bloss (dir.), La dialectique des rapports
hommes-femmes, Paris, Presses Universitaires de France, 2002, p.27.
55 Lacasse, et al, Les femmes en politique,
p.34.
56 M. Merlet, La participation politique des
femmes en Haïti. Quelques éléments d'analyse,
Port-au-Prince, Éditions Fanm Yo La, 2002, p.21.
57 A. Haoua, 45 ans, ministre de l'aviation civile et
météorologie, N'Djamena, le 10 novembre 2022.
67
Au Tchad, les femmes quittent du statut politique
individualiste au mouvement des femmes marquant le
féminisme58. Elles se forment en groupement associatif pour
défendre leur position et se faire entendre au niveau de la haute
hiérarchie politique nationale. Cela se fait à travers plusieurs
canaux notamment les médias, conférences, séminaires,
rencontre d'échange au niveau provincial, internet, etc. A cet effet, il
est judicieux de faire un bref aperçu de ces structures. L'on
présente d'abord, l'Association des Femmes Juristes du Tchad (AFJT),
ensuite, la Cellule de Liaison des Associations Féminines (CELIAF), et
enfin, le Réseau des Femmes Ministres et Parlementaires du Tchad
(REFEMP/T).
1.1- L'Association des Femmes Juristes du
Tchad
Suite au constat de discrimination de toutes sortes
(politique, économique, sociale et culturelle), dont sont victimes les
femmes au Tchad, les femmes juristes se sont engagées à lutter
contre les obstacles à l'épanouissement de la femme en
décidant de créer une association. L'association des femmes
juristes du Tchad a été créée le 9 Août 1991
à N'Djamena. C'est une organisation à but non lucratif,
apolitique et laïque59. Elle se fixe comme objectifs :
- D'apporter son concours à l'édification des
textes juridiques, notamment ceux régissant la condition de la femme et
de l'enfant ;
- De rassembler et de diffuser toutes les informations sur la
condition juridique,
sociale, économique et culturelle de la femme et de
l'enfant pour une meilleure connaissance de leurs droits ;
- D'établir et d'harmoniser les relations entre les femmes
juristes et les milieux
juridiques ;
- De défendre et de protéger les
intérêts professionnels sociaux et culturels des
femmes60.
L'organigramme de l'association est composé de : - Une
assemblée générale ;
- Un bureau exécutif ;
- Des commissions spécialisées
58 M. Abdelkerim, 45 ans, enseignant-chercheur
à l'université de N'Djamena, N'Djamena, le 10 novembre 2022.
59 O. Merabane, 45 ans, vice-présidente de
l'AFJT N'Djamena, N'Djamena, le 22 aout 2022.
60 O. Merabane, 45 ans, vice-présidente de
l'AFJT N'Djamena, N'Djamena, le 22 aout 2022.
68
L'AFJT est ouverte à toute femme tchadienne juriste,
mais aussi aux femmes juristes étrangères résidant au
Tchad. C'est le bureau exécutif qui assure l'administration de
l'association. A cela, s'ajoute la Cellule de Liaison des associations
Féminines.
1.2- La Cellule de Liaison des Associations
Féminines
Constatant une forte émergence des associations
féminines au Tchad, il est créé en 1996 une institution
dénommée Cellule de Liaison des Associations Féminines.
Cette institution a pour ambition de développer et renforcer la
collaboration entre l'État, les partenaires du développement et
les associations féminines, en vue d'assurer la défense des
intérêts particuliers des femmes au Tchad61. Elle a
pour objectifs :
- Créer un espace d'échange et de réflexion
pour les associations féminines ;
- Assurer la collecte et la vulgarisation des documents
importants nationaux et internationaux relatifs à la promotion de femmes
;
- Faciliter l'accès à l'information relative aux
appuis techniques, matériels et
financiers ;
- Favoriser les relations entre les associations et les
organisations nationales et
internationales ;
- Aider à la réflexion sur les stratégies de
développement au féminin ;
- Assurer la représentation des associations, des
membres et de défendre leurs intérêts ;
- Constituer une banque de données disponibles et
accessible aux associations féminines ;
- Faciliter la participation des associations membres aux
événements commémoratifs.
Cette institution a son siège social à N'Djamena
et est présente dans 19 provinces du pays avec une antenne provinciale
aux chefs-lieux respectifs (Abéché, Amdjaras, Am-Timan, Ati,
Biltine, Bol, Bongor, Doba, Faya, Kelo, Koumra, Mao, Massakory, Moundou, Mongo,
Moussoro, N'Djamena, Pala, Sarh) et plus de 10 cellules dans les chefs de
département. Elle regroupe depuis fin juillet 2015, plus de 1600
organisations féminines de base (affiliées) avec environs 40.000
membres adhérentes (femmes prises individuelles qui sont membres
desdites
61 M. Yodamné, 50 ans, Présidente
à la CELIAF N'Djamena, N'Djamena, le 22 août 2022.
69
organisations). Elle est dirigée par une équipe
de coordination. Peuvent devenir membres de cette cellule toutes les
associations ayant une existence légale et qui en font la
demande62. L'on présente le réseau des Femmes
Ministres et Parlementaires du Tchad.
1.3- Le Réseau des Femmes Ministres et
Parlementaires du Tchad (REFEMP/T)
Considérant que la présence massive et la
participation effective des femmes dans les instances de décisions sont
une condition sine qua non du développement du pays, les femmes
ministres et parlementaires du Tchad, réunies en Assemblée
Générale les 27 et 28 janvier 1999, décident de la
création d'une institution dénommée, le Réseau des
Femmes Ministres et Parlementaires du Tchad. C'est une organisation à
but non lucratif d'utilité publique63. Le REFEMP/T se fixe
comme objectifs :
- S'atteler à la réalisation du programme
d'action de la conférence sur la politique
et le développement (CIPD) du Caire en septembre 1994,
de la plate-forme Africaine de Dakar en novembre 1994, du plan d'action de
Copenhague en mars 1995 et du programme d'action de Beijing de septembre 1995,
en adaptant les stratégies aux réalités spécifiques
de notre pays ;
- De renforcer la collaboration avec les autres réseaux
nationaux pour échange d'informations et de partage d'expériences
aussi bien sur le plan politique que sur celui de la législation ;
- Inciter toute action de nature à amener le
gouvernement à prendre les mesures concrétisant la participation
de la femme à la vie publique et à l'exercice des
responsabilités politiques ;
- Renforcer la collaboration entre les femmes de
l'exécutif et celles du législatif
pour une meilleure appréhension des questions de la
population et de développement64.
Cette institution a son siège à N'Djamena. Elle est
composée de trois organes : - L'Assemblée Générale
;
- Le Secrétariat Exécutif ;
- Les commissions spécialisées.
C'est le secrétariat exécutif du réseau
qui assure les actes de fonctionnement. Le réseau a pour membres toutes
les femmes ministres ou parlementaires en activités ou ayant
exercé ces fonctions, du membre de droit qui est le ministre
chargé de la femme, des membres
62 M. Yodamné, 50 ans, Présidente
à la CELIAF N'Djamena, N'Djamena, le 22 août 2022.
63 E. Loum, 55 ans, secrétaire exécutif
de REFEMP/T N'Djamena, N'Djamena, le 20 août 2022.
64 E. Loum, 55 ans, secrétaire exécutif
de REFEMP/T N'Djamena, N'Djamena, le 20 août 2022.
70
d'honneur que sont la Première Dame de la
République du Tchad, le Représentant local du FNUAP et toute
personne ayant rendu d'importants services au Réseau. Après cette
brève aperçue, une lecture sur les oeuvres de ces organisations
féminines s'avère nécessaire.
2- Les oeuvres des organisations
féminines
Les oeuvres désignent les travaux
réalisés par ces différentes organisations pour la
promotion et l'épanouissement de la femme. En effet, l'une des
réalisations communes à toutes ces organisations a
été la sensibilisation qui se situe à deux niveaux.
D'abord, elle a pour but d'informer le public en général, et les
femmes en particulier de l'existence des différentes structures,
d'expliquer les mécanismes de fonctionnement et de faire montrer de leur
disponibilité à accueillir toute personne
intéressée. Ensuite, la sensibilisation dans les domaines
spécifiques à ces organisations. Ainsi, il en est de la
sensibilisation organisée par l'AFJT sur les droits et les devoirs de la
femme par le biais des journées de la femme. Le réseau s'oriente
beaucoup plus sur les problèmes relatifs à la population plus
particulièrement le VIH/SIDA ou encore de CELIAF qui s'évertue
à faire comprendre aux associations féminines la
nécessité d'adhérer à la
coordination65.
Outre la sensibilisation, l'AFJT est très active dans
le domaine de la formation aux droits de la femme, de la revendication de ces
droits en fournissant conseils et assistance judiciaires quand les femmes se
trouvent impliquées à un différend. Ce différend
peut être d'ordre conjugal, professionnel ou commercial. Elle a aussi
tenu des ateliers de formations des leaders politiques féminins ainsi
que sur le renforcement des femmes leaders d'une manière
générale. Il faut observer que la majeure partie du travail de
l'AFJT se déroule à N'Djamena compte tenu du nombre très
réduit de femmes juristes. Cependant, le relais est assuré dans
les provinces par quelques rares juristes et des paras juristes formés
pour le besoin de la cause66. La CELIAF par contre, a son domaine de
prédilection dans les activités socio-économiques. Elle a
des antennes régionales dans les provinces ; elle regroupe plus de trois
cent associations 67 . Grâce à elle, plusieurs
associations ont bénéficié des formations notamment dans
le domaine de gestion des finances des associations, du renforcement des
capacités, de la transformation des produits alimentaires, de la
fabrication des savons, pagnes etc.68
65 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.80.
66 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.82.
67 M. Yodamné, 50 ans, Présidente
à la CELIAF N'Djamena, N'Djamena, le 22 août 2022.
68 Idem.
71
Elle a par ailleurs cherché et obtenu plusieurs
financements pour soutenir les différentes associations. Ces
financements ont permis l'achat et l'installation des moulins, la tenue de
petites pharmacies et le renforcement des systèmes de crédits
qu'octroient les associations à leurs membres. Elle a aussi
facilité les voyages de plusieurs femmes tant du côté
intérieur que du côté de l'extérieur pour partage
d'expériences. De la création par rapport à l'AFJT et la
CELIAF, le REFEMP/T s'oriente beaucoup plus du côté politique et
social. A travers le réseau, les femmes ont pu plaider et
négocier des postes importantes pour leurs consoeurs69. Sur
le plan social, le réseau s'investit beaucoup plus sur la lutte contre
le VIH/SIDA.
En partant des réalisations de ces différentes
institutions, il faut remarquer qu'à la lecture de leurs objectifs
beaucoup reste à faire ; même les oeuvres déjà
réalisées souffrent de lacunes :
- D'abord, la plupart des réalisations se borne dans la
capitale à N'Djamena, sinon dans les grands centres urbains et le milieu
rural le plus concerné est laissé à son triste sort ;
- Ensuite, on constate que le champ d'action de ces
organisations se tourne vers le
sud du pays. Le nord excepté Abéché et le
centre sont délaissés. Ce sont pourtant justement des milieux
où la religion musulmane règne et la femme éprouve assez
de difficultés à s'exprimer afin de revendiquer ses droits ;
- Enfin, hormis quelques incursions dans le domaine politique,
ces organisations ne
s'attardent pas beaucoup plus sur le volet politique. L'action
politique n'est qu'incidente70.
Outre le cadre associatif, l'héritage politique des
parents ou du conjoint constitue aussi une porte d'entrée en politique.
Par héritage politique, l'on entend le bénéfice du capital
de crédit moral qu'une personne peut jouir du fait du passé
politique de son père, de sa mère, ou de son conjoint. Le
phénomène de l'héritage politique s'explique par le fait
qu'une femme ou une fille, ayant un parent ou un mari homme politique, arrive,
dans ses obligations conjugales ou de filles à accueillir les
hôtes, à sympathiser avec les visiteurs reçus par le
père ou le mari, à prendre goût aux discussions politiques
qui ont cours lors des rencontres. D'autres doivent leur entrée en
politique grâce à leur militantisme n'ayant ni père, ni
mari comme homme politique pour les parrainer.
69 E. Loum, 55 ans, secrétaire exécutif
de REFEMP/T N'Djamena, N'Djamena, le 20 août 2022.
70 Ngartebaye Le-yota, «La participation des
femmes», p.87.
72
Dans ce chapitre, il était question d'apporter une
esquisse de l'émancipation de la femme tchadienne en politique à
l'ère de la démocratie. D'après les analyses, il ressort
que la chute du régime dictatorial d'Hissen Habré, en 1990, et le
vent de la démocratie qui soufflait désormais sur le continent
africain ont dû permettre aux tchadiens de reposer la question du
multipartisme dans leur pays. La démocratie en décembre 1990 a
ouvert la voie aux revendications de la femme tchadienne. La glace fut
brisée. L'on assiste à une nette présence des femmes
tchadiennes dans la scène politique et dans les instances de prises de
décisions comme au parlement qu'au gouvernement. Plusieurs organisations
féminines ont vu le jour, notamment la CELIAF, l'AFJT et le REFEMP/T. Le
record de nombre des femmes dans le parlement qu'au gouvernement a
été battu. Même si le président Idriss Deby Itno a
promis 30% de places pour la gente féminine dans les fonctions
nominatives et électives, des efforts restent à faire. Il est
déplorable de remarquer que ces femmes ne sont pas la tête des
ministères stratégiques tels que la justice, les affaires
étrangères, l'économie ou la défense. Ceci dit,
dans le chapitre subséquent, l'on aborde donc les politiques
liées aux femmes et leur niveau de mise en oeuvre au Tchad.
73

CHAPITRE III : LES POLITIQUES LIEES AUX FEMMES ET
LEUR NIVEAU DE MISE EN OEUVRE AU TCHAD
74
Ce chapitre analyse la question spécifique du niveau de
réalisation des politiques que l'État tchadien met en oeuvre dans
le cadre du règlement des multiples problèmes, dont les femmes
sont victimes. Dans ce cadre, l'on montre dans un premier temps la politique
nationale de genre au Tchad ensuite, le Code des personnes et de la famille et
enfin, la question des violences basées sur le genre.
I. LA POLITIQUE NATIONALE DE GENRE AU TCHAD
Dans cette partie du travail, il est question de
présenter la politique nationale de genre au Tchad. Il s'agit de faire
un état des lieux sur les problématiques relatives aux femmes,
afin de se rendre compte, si ces questions d'importance sont des
priorités inscrites dans l'agenda des autorités politiques du
pays. L'on présente d'abord le contexte de l'élaboration de la
politique de genre au Tchad, ensuite analyse les inégalités au
Tchad et enfin, souligne les mécanismes prévus pour la promotion
du genre.
1- Contexte de son élaboration
Il faut dès le départ signaler que la politique
nationale en matière de genre au Tchad a été
élaborée en décembre 20111, mais n'est toujours
pas validée2. Le retard dans la validation de ce document
dénote déjà des difficultés qu'éprouve
l'État à mettre en oeuvre une politique en matière de
genre qui ne heurte pas les personnes qui n'entendent pas reconnaitre aux
femmes un minimum de droits et un cadre juridique qui puisse les
protéger. L'analyse de ce qu'il est convenu d'appeler le projet de
politique nationale de genre au Tchad tient compte de son contexte
d'élaboration, de la synthèse sur les inégalités de
genre au Tchad et des mécanismes prévus pour la promotion du
genre dans ce pays.
La société tchadienne est fortement
traditionnelle et compte une centaine d'ethnies3 qui ont pour
caractéristiques principales l'existence de nombreuses coutumes aussi
tenaces les unes que les autres. On observe aussi la présence des
pratiques religieuses très ancrées dans la vie des populations et
qui conditionnent leur manière de vivre. L'espace national est
partagé entre trois types de croyances notamment le christianisme,
l'islam et l'animisme. En conséquence, trois sortes de juridictions
régissent la vie des parties en fonction de l'adhésion à
l'une ou l'autre des croyances suscitées.
1 Archives du Ministère de l'Action Social,
de la Solidarité Nationale et de la Famille du Tchad (AMASSNF),
Politique nationale, Rapport d'activité, Avril 2010, p.14.
2 E.A. Kobela, «L'impact des projets de
développement sur la qualité de vie des femmes : l'exemple du
PRODALKA au Tchad», Thèse de Doctorat 3e cycle en Sociologie,
Université Bretagne Loire, 2017, p.150.
3 G. F. Dumont, «Géopolitique et
populations au Tchad»,
2007,www.cairn.info/revue-outre-terre1-2007-3-page-263.htm,
consulté le 25 décembre 2022 à 09h20.
75
De ce fait, la coexistence entre le droit moderne et les
droits coutumiers prépondérants et profondément
enracinés dans les pratiques institutionnelles, crée un
environnement qui est peu propice à la mise en oeuvre des lois et
politiques favorables à l'égalité des sexes, notamment
dans les domaines de l'éducation, de la santé de la reproduction
et de la jouissance des droits humains.4
La société tchadienne étant à
dominance patriarcale, comme c'est le cas dans plusieurs pays au Sud du Sahara,
elle assigne des rôles différents aux filles et aux garçons
dès leur bas âge (perception réductrice du statut de la
femme, division sexuée du travail etc.). Ces considérations
socioculturelles entrainent comme conséquence une
inégalité des femmes par rapport aux hommes, et ce, sur plusieurs
plans (accès à la connaissance, aux ressources, aux
opportunités économiques et politiques etc.)5. Les
rôles multiples joués par les femmes, qui sont la majorité
de la population totale du pays6, restent souvent invisibles et peu
reconnus7. Une telle situation n'est pas de nature à
favoriser le développement d'un pays, lorsque ce dernier ne peut pas
profiter de la pleine participation de tous ses bras valides, femmes et hommes,
à la construction de la prospérité commune.
C'est donc en tenant compte de cette situation et des
pressions internationales que le gouvernement tchadien a pris l'engagement,
à travers la stratégie nationale de réduction de la
pauvreté (SNRP), de valoriser le capital humain en mettant un accent
particulier sur le renforcement et le développement des ressources
humaines et l'amélioration des conditions de vie des groupes
vulnérable 8 . Le gouvernement ayant souscrit à des
engagements internationaux, il avait moralement l'obligation de s'y conformer
en se dotant d'une politique nationale en matière de genre. L'on verra
au moment de l'analyse de la situation du genre au Tchad que, malgré les
engagements internationaux pris par le pays, des écarts importants
subsistent dans la pratique sur le terrain.
L'élaboration d'une politique en matière de
genre exige au préalable une bonne connaissance du contexte
socioculturel et de l'environnement institutionnel qui déterminent les
rapports sociaux entre les hommes et les femmes au sein du ménage et
dans la société.
4 A. Gautier, «Les relations conjugales
d'après les codes civils», in P. Vimard, et al,
Familles au Sud, familles au Nord, Bruxelles, Bruylant, 2006, p.163.
5 A. Opportune, 50 ans, ancienne rapporteur
général de la commission Défense et Sécurité
au parlement, N'Djamena, le 30 novembre 2022.
6 AMEPCIT, «Enquête
Démographique», Rapport d'activité, Mars 2016, p.17.
7 AMEPCIT, `Deuxième Recensement de la
Population et de l'Habitat (RGPG 2, 2009), Rapport d'activité, 2014,
p.30.
8 La communauté internationale exige que des
mécanismes de développement des groupes vulnérables soient
mis en oeuvre pour que les États demandeurs bénéficient de
son concours financier.
76
Une telle démarche nécessite d'interroger les
réalités sociales pour saisir les fondements et les
mécanismes qui sont à la base de ces rapports, en vue de
comprendre la distribution des rôles et l'attribution des statuts selon
le sexe ainsi que les valeurs culturelles et les normes sociales qui à
la fois en découlent et les reproduisent9.
L'intérêt de l'État tchadien pour cette
thématique du genre est l'aboutissement des résolutions et
recommandations venant d'institutions internationales comme les
conférences internationales des femmes à Mexico en 1975, à
Copenhague en 1980, à Nairobi en 1985, à Beijing en 1995, la
CEDEF en 1979 entrée en vigueur en 1981 et ratifiée par le Tchad
en 1996. C'est aussi le fruit de grands rassemblements internationaux et des
actes des conférences régionales, tels le Plan d'action africain
adopté à la 6ème conférence régionale
africaine sur les femmes à Addis-Abeba en 1999, la Déclaration
solennelle sur l'égalité de genre en Afrique (DSEGA)
adoptée par les chefs d'État africains à Addis-Abeba en
2004, la Politique genre de la Communauté Économique des
États de l'Afrique Centrale (CEEAC) en 200410.
Pour les concepteurs de la politique nationale de genre, ce
document est destiné à fournir à l'État et à
ses partenaires au développement, «un instrument d'orientation en
vue d'intégrer les préoccupations, besoins spécifiques des
hommes et des femmes ainsi que leurs capacités à concevoir,
mettre en oeuvre, contrôler et évaluer les plans et programmes de
développement''11. L'opérationnalisation de ce
document devra contribuer à l'amélioration du statut social,
économique, juridique et politique des femmes dans la perspective d'un
développement durable. Cette vision stratégique ambitionne
à court, moyen et long terme, de réaliser l'équité
et l'égalité de genre par l'instauration d'un environnement
favorable à l'institutionnalisation du genre dans les politiques,
programmes et projets de développement et dans la gouvernance. Elle
permettra d'impulser au niveau de tous les acteurs des réflexes genres
sensibles, en vue d'un changement de comportement favorable au respect du droit
à la différence et à l'égalité des sexes
dans l'accès, la gestion et le contrôle des affaires nationales,
locales et familiales.
La nécessité de la mise en place d'une politique
nationale, même si elle est bénéfique au pays, reste
d'abord l'aboutissement des résolutions et des recommandations des
instances
9 AMASSNF, Politique nationale, Rapport
d'activité, Avril 2010, p. 24.
10 Ibid, p. 25.
11 Ibid, p. 26.
77
internationales12. La mise en place d'une politique
crédible en matière de genre nécessite de procéder
à l'analyse de la situation du genre au Tchad, notamment des
inégalités qui touchent la gente féminine.
2- Les inégalités de la gente
féminine au Tchad
Une analyse succincte de la situation du genre au Tchad met en
avant d'importantes inégalités entre les hommes et les femmes
dans tous les secteurs de développement13. Trois principaux
points vont être évoqués dans ce cadre, à savoir
:
· Le secteur social
· Le niveau institutionnel et de prise de
décision
· Le niveau de la justice et des droits humains
2.1- Dans les secteurs sociaux
Au Tchad, les inégalités et disparités
de genre sont observables dans tous les domaines de la vie politique, sociale
et culturelle. Le patriarcat étant la norme, les femmes et mêmes
les enfants sont dominés et deviennent des actifs productifs et une main
d'oeuvre souvent mal rémunérée qui participe peu à
la prise de décision. L'on souligne au plan socioculturel.
- Au plan socioculturel
En règle générale, bien que le Tchad ait
une grande diversité de groupes ethniques, ces derniers jouissent tous
du mode patriarcal qui confère à l'homme une suprématie
sur la femme. Les principales inégalités et disparités
sont de plusieurs ordres :
· La prépondérance du garçon par
rapport à la fille, relativement à certains droits dont le droit
de succession et le droit de propriété ;
· Plus de charges à la fille qu'au garçon
dans la division du travail ;
· Le maintien et la perpétuation des pratiques
traditionnelles néfastes aux femmes et aux filles (lévirat,
excision, non consentement de la fille au mariage, polygamie imposée
à la première épouse, mariage précoce ou
forcé) ;
· Les inégalités d'accès ou
maintien des processus d'exclusion sociale des femmes et des enfants dans les
sphères de décision.
En effet, la situation des inégalités est
observée au niveau du ménage et de la communauté. Au Tchad
comme dans les sociétés patriarcales, la position de l'homme
comme détenteur de l'autorité, aussi bien au sein du
ménage que dans la communauté, est totalement
12 M. Caulier et al,
«Déplacements de la domination. Nouvelles substantialisations
dans et par les normes du genre», L'Homme et la société,
no 10, 2013, p.268.
13 AMASSNF, Politique nationale, Rapport
d'activité, Avril 2010, p.20.
78
réelle14. En tant qu'homme pourvoyeur, la
tradition lui reconnait un rôle d'autorité15. Il existe
toutefois une exception notable de la gestion des affaires familiales et
communautaires chez certains groupes. Chez les Peul Mbororo qui sont des
communautés au mode matriarcal16, les hommes s'occupent des
tâches domestiques, alors que les femmes ont une plus grande marge de
manoeuvre dans la gestion et l'utilisation des ressources
familiales17. Cette exception n'enlève en rien que
d'importantes inégalités et disparités de genre existent
au sein de la population tchadienne.
Dans la perception différenciée des rôles
masculins et féminins dans les communautés tchadiennes, une
exception est faite aux femmes âgées au niveau de la
répartition inégale des tâches et de l'exercice du
pouvoir18. On observe toutefois qu'il est parfois accordé aux
femmes âgées un pouvoir qui leur permet de jouer le rôle de
conseillères ou de médiatrices dans la négociation de
certains types d'alliances, comme les mariages ou même la
résolution de conflits familiaux. Cette dévolution de pouvoir par
l'âge ne signifie pas que les femmes ont plein pouvoir dans les
décisions finales, puisque seuls les hommes possèdent un pouvoir
pouvant engager toute la communauté19.
Déjà en moyenne, 12% de femmes dirigent les
ménages avec des pointes allant à plus de 23% dans certaines
régions20. Cette situation est principalement due aux
migrations masculines qui ne sont pas rares au Tchad. Elles ont commencé
avec les multiples conflits qui opposent souvent des groupes ethniques,
obligeant ainsi les hommes à se déporter sur les territoires de
conflits, où certains perdent la vie21. Il y a aussi les
départs des hommes vers des cieux plus cléments à la
recherche du travail22. Dans ces conditions, les femmes se
retrouvent subitement cheffes de famille devant gérer seules tous les
problèmes précédemment pris en charge par les hommes.
Cette nouvelle donne fait que de plus en plus le genre du chef de ménage
importera moins que la capacité à générer des
ressources pour faire fonctionner la maison23 .
14 Kobela, «l'impact des projets», p.157.
15 L. Gondeu, La dynamique d'intégration
nationale: dépasser la conflictualité ethnique d'un État
entre parenthèses, Floride, Sahel research group, 2013, p.21.
16 O.I. Hindou, «Situation des Peuls Mbororo
autochtones du Tchad», 2016,
http://www.unesco.org/culture/fr/indigenous/Dvd/pj/PEUL/PEULC1_3.pdf,
consulté le 22 décembre 2022 à 10h20.
17 Kobela, «l'impact des projets», p.159.
18 M. J. Tubiana, Des troupeaux et des femmes,
Paris, L'Harmattan, 1985, p.23.
19 AMASSNF, Politique nationale, Rapport
d'activité, Avril 2010, p.10.
20 Ibid, p.23.
21 C. Arditi, «Les violences ordinaires ont une
histoire : le cas du Tchad», Politique africaine, 2003, p.51.
22 D. Tabutin, Population et
sociétés en Afrique au Sud du Sahara, Paris, L'Harmattan,
1988, p.27.
23 Le rapport d'enquête de
sécurité alimentaire et de vulnérabilité
structurelle au Tchad de 2009 mentionne très clairement cette
perspective, en raison des difficultés des ménages à
gérer la prise en charge de la maison.
79
Les disparités et autres rapports inégaux qui
affectent les statuts de manière différente ont pour base la
position et les conditions de vie des hommes et des femmes. C'est par
l'éducation différente donnée au garçon et à
la fille par la société qui fait que l'homme devient
détenteur d'un pouvoir et d'une autorité formelle24.
On peut reconnaître à l'État d'avoir prévu des
mécanismes de rééquilibrage comme les quotas et autres
discriminations positives. Ces divers arrangements restent malheureusement des
situations d'exception, face à la puissance des mécanismes
socioculturels et religieux et cela n'arrange pas la situation des femmes.
- Sur le plan éducationnel
Pour la fréquentation de l'école primaire, on
dénombre 34% d'hommes contre 23% de femmes et pour le niveau secondaire,
la proportion est de 12% pour les hommes et 4% pour les femmes. Il apparait
également que des générations les plus âgées
aux plus jeunes, la proportion des femmes sans instruction passe de 92% pour
les 65 ans et plus de 40% pour les 10-14 ans. Quant-à la proportion des
filles de 6-9 ans n'ayant jamais fréquenté l'école, elle
se situe à 72%25.
Les disparités dans l'accès à
l'éducation sont marquées par un déficit de parité
persistant, accentué par les inégalités d'accès
selon les ressources de parents et le milieu de résidence
(urbain/rural). L'accès des filles à l'enseignement
supérieur est encore très faible et stagne depuis une dizaine
d'années. L'effectif des étudiants est passé il y a 10
ans, de 6 730 dont 974 filles (14,5%), à 20 349 dont 4 659 filles soit
23% en 2010/2011, selon le rapport d'évaluation des 20 ans de mise en
oeuvre des recommandations de Beijing26. D'autres facteurs
socioculturels et économiques expliquent les inégalités et
disparités sexospécifiques dans l'éducation. On note par
exemple les difficultés économiques liées au faible
pouvoir d'achat des parents et à l'insécurité alimentaire
(manque de cantine scolaire), le travail rémunéré ou non
rémunéré des enfants, l'éloignement des
écoles et l'accès au transport.
On peut aussi ajouter d'autres facteurs tels que, l'emploi de
temps chargé des femmes et des filles, les mariages précoces ou
forcés 27 , les stéréotypes sexistes, les viols
et
24 Kobela, «l'impact des projets», p.160.
25 AMEPCIT., «Enquête
Démographique», Rapport d'activité», Mars 2016,
p.18.
26 AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation des vingt (20) ans de mise en oeuvre de recommandation du
programme d'action de Beijing», Juin 2014, p.11.
27 OCHA, «Aperçu des besoins
humanitaires Tchad, 2014, sur Principaux problème humanitaires»,
http://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/HNO%20CHAD%202015%20FI
NAL_0.pdf, consulté le 30 décembre 2022 à 13h15.
80
harcèlements sexuels, toutes choses qui limitent
l'accès des filles et des femmes aux facilités
éducationnelles.
- Sur le plan de la santé
Le Tchad est un des pays du monde, où l'accès
aux services de santé maternelle et infantile est le moins bien
assuré. La mortalité infanto-juvénile est restée
élevée au plan national, ce qui fait que le risque de
décès entre la naissance et le cinquième anniversaire est
de 191 pour 1000 naissances, soit à peu près 1 enfant sur
728. Une des causes de la mortalité est liée à
la qualité de l'eau. S'il est vrai que la couverture en eau potable
s'est améliorée entre 2005 et 2010, passant de 30% à
44,3%, alors que la couverture en assainissement dans la même
période progressait de 4% à 12%, on peut également
constater que ces scores restent encore assez faibles et sont très
disparates d'une région à une autre 29. Ils
influencent négativement les pratiques d'hygiène qui entrainent
bien souvent l'épidémie de choléra ou de toute autre
maladie liée à l'eau30 .
Le taux de mortalité maternelle quant à lui a
augmenté ces dernières années de 827 décès
pour 100 000 naissances vivantes en 1996/1997, il est passé 1099
décès dans les mêmes proportions en 200431. Ce
taux a légèrement baissé autour de 1084
décès en 200932. Cette mortalité maternelle est
consécutive à la faiblesse de la prise en charge des
complications obstétricales et de la non fréquentation par les
patientes des centres de santé ainsi qu'au faible niveau d'instruction,
aux mariages précoces, au faible statut économique et social des
femmes33.86% des accouchements s'effectuent encore à domicile
et seulement une femme sur cinq a bénéficié d'une
assistance par un personnel qualifié34.
Les femmes qui ont le moins fréquemment
été assistées par le personnel qualifié sont celles
du milieu rural (12%), les non instruites (13%) et celles appartenant aux
ménages les plus pauvres (4%)35. Le phénomène
des grossesses précoces et à répétition, par
exemple, fait peser des risques importants sur la survie de la mère et
de l'enfant dans un pays où 37% des filles commencent leur vie
féconde avant 20 ans et où seulement 3% de femmes utilisent
une
28 AMEPCIT, «Enquête
Démographique», Rapport d'activité», Mars 2016,
p.24.
29 Ibid, p. 25.
30 La mortalité infantile se maintient dans
un intervalle de 100-120 pour 1000 et la mortalité juvénile dans
un intervalle de 100-110 pour 1000 (EDST 2, 2004, p. xxiv).
31 Archives du Ministère de
l'Économie, de Plan et de la Coopération Internationale du Tchad
(AMEPCIT), «Tchad, Enquête Démographique», Rapport
d'activité, Mars 2016, p. 295.
32 AMEPCIT, «Deuxième Recensement
Général de la Population et de l'Habitat, Résultats
globaux, N'Djamena», Rapport d'activité, décembre
2009, p.26.
33 OCHA, «Aperçu des besoins
humanitaires», p.2.
34 Ibid, p.3.
35 Ibid, p.5.
81
méthode de contraception36. On estime
également que la forte mortalité des femmes en couche et
même celle des enfants de moins d'un an peut être associée
à l'épidémie de VIH/SIDA, en raison de la prise en charge
sanitaire tardive des femmes enceintes infectées et du manque des
réactifs dans les formations sanitaires, surtout dans
l'arrière-pays37. Aussi le taux de
séroprévalence en 2005 était estimé à 3,3%
avec des disparités entre milieu rural (2,3%) et milieu urbain (7%),
entre les femmes (4%) et les hommes (2,6%)38.
En dépit des efforts de l'État tchadien, la
couverture des besoins en protection de la transmission de la mère
à l'enfant (PTME) à 7% et la prise en charge des enfants
infectés par le VIH/SIDA restent insuffisantes39. Cette
vulnérabilité des femmes est vraisemblablement liée au
faible pouvoir de décision sur la protection des rapports sexuels mais
aussi à la pauvreté. Le projet de programme national du genre
révèle que le faible niveau des indicateurs de santé des
femmes est en grande partie lié aux inégalités de genre
qui affectent leur situation sociale et limitent leur niveau d'éducation
et d'information, leur pouvoir économique sans oublier leur pouvoir de
décision concernant leur santé reproductive.
Le constat final est que cet état consacre la
précarité de la santé de la reproduction des femmes
tchadiennes et par conséquent, affecte leur capacité
d'intervention en matière de développement. Il est admis que la
vulnérabilité des femmes est tributaire des pratiques
autorisées par la tradition comme les mutilations génitales
féminines, la polygamie, les mariages forcés ou précoces,
le viol, le lévirat et le sororat. A cela s'ajoute au niveau
institutionnel (politique et prise de décision).
2.2- Sur le plan institutionnel (politique et prise de
décision)
Les institutions au Tchad produisent et reproduisent
simplement les inégalités et les disparités
sexospécifiques en vigueur dans leur contexte et environnement
socioculturel et politique40. En observant la gouvernance politique,
économique, sociale et culturelle, on peut voir des insuffisances dans
la prise en compte de la dimension genre dans la politique institutionnelle de
différents secteurs41.
Bien que la constitution du 31 mars 1996 révisée
en 2005 consacre l'égalité de droit entre les femmes et les
hommes et que des engagements en faveur du genre se soient
36 Ibid, p. 6.
37 CNLS, «Rapport d'activités sur la
riposte au SIDA au Tchad 2012-2013, N'Djamena», ONUSIDA, 2014, p.17.
38 Ibid, p.18.
39 Ibid, p.19.
40 Kobela, «l'impact des projets», p.165.
41 CNLS, «Rapport d'activités sur la
riposte», p.29.
82
manifestés42, les femmes et les jeunes ne
sont presque pas promus dans les instances de prise de décision dans le
privé comme dans le public. Il peut arriver qu'une décision prise
par une femme l'engageant dans une activité politique ou syndicale doit
être au préalable acceptée par le mari, le père ou
le tuteur légal. Quant-à la participation des femmes à la
vie politique, la situation reste contrastée malgré quelques
avancées. Dans le gouvernement par exemple, les femmes demeurent sous
représentées. Ainsi, leur nombre, pas assez élevé,
fluctue au gré des remaniements ministériels. Quand elles sont
nommées, on les confine dans des départements à
caractère social tels ; l'Enseignement, l'Action sociale, la Promotion
féminine etc.43, mais pas dans les Ministères
techniques et de souveraineté comme les Finances, la Défense, les
affaires étrangères, la Sécurité etc.
Ainsi, 3,4% de femmes membres du Gouvernement en 2000 contre
10% en 2006, 12% en 2011, 25% en 2014. Au parlement de 2002 à 2011
comptait 11 femmes députées sur 155, soit 6%44. A la
troisième législature de 2011 à 2015 comptait 24 femmes
députées sur 188, soit 12, 77%. Cette dernière fut
prorogée de 2015 à 2018 compte 28 femmes députées
sur 188, soit un taux de représentation de 14,9%. Parmi les raisons qui
expliquent la sous-représentation des femmes en politique, on peut en
retenir quatre45:
- La persistance des préjugés socioculturels et des
stéréotypes sexistes ;
- Le faible niveau d'éducation et d'instruction des femmes
;
- La participation non équitable et le mauvais
positionnement des femmes sur les listes électorales ;
- Le faible pouvoir économique et financier des femmes.
2.3- Au niveau de la justice et des droits humains
Officiellement, le cadre légal tchadien reconnait les
mêmes droits aux hommes et aux femmes, du moins à travers la
constitution du 31 mars 1996 révisée en 2005. Des mesures de
discrimination positive en faveur des femmes sont parfois
énoncées 46 , même si leur
matérialisation reste toujours attendue. Du point de vue du droit, les
femmes apparaissent
42 Kobela, «l'impact des projets», p.166.
43 Tubiana, Parcours de femmes, p.80.
44 AMASSNF, Politique nationale, Rapport
d'activité, Avril 2010, p.14.
45 Ibid, p. 15.
46 Le Chef de l'État a par exemple fait des
déclarations à la radio et à la presse nationales
tchadiennes le 08 mars 2008 dans le sens de la mise en oeuvre des mesures
tendant à instaurer l'équité entre les sexes.
83
comme les victimes des disparités qu'elles subissent en
raison de la coexistence du droit coutumier (animiste et musulman) et du droit
positif tchadien47.
Les orientations dominantes de ces droits coutumiers sont
entre autres la dot généralisée, le lévirat, la
polygamie, l'absence de droit de succession (droit successoral
conditionné chez les musulmanes). Le droit positiø8 ou
moderne, à travers des dispositions juridiques (lois,
règlements), renvoie à une certaine égalité entre
toutes les composantes sociales, contrairement aux droits coutumiers qui sont
sujets à des interprétations. A titre d'exemple, en droit
coutumier, les affaires relevant du régime matrimonial, de la
propriété, de la succession sont toujours
déterminées selon le sexe et consacrent de ce fait la
prééminence masculine49.
Mais en réalité, le droit moderne tchadien se
caractérise par une non opposition au droit coutumier, et il se montre
même favorable à l'intégration de certaines valeurs
coutumières. C'est dans ce cadre que la dot ou la polygamie, par
exemple, sont reconnues dans la pratique judiciaire et dans la
législation écrite. On peut donc dire que l'influence du droit
coutumier semble plus étendue que le droit moderne, dont les
prescriptions restent peu observées. La coexistence de plusieurs types
de droits (coutumiers et le droit positif) limite l'exercice du principe
d'égalité au Tchad.
Dans un tel contexte, il existe une confusion du statut des
femmes dans la famille. Ces dernières ne peuvent pas décider de
la maternité (espacement ou limitation des naissances) ; elles ne
peuvent exercer sur une base égalitaire les mêmes
responsabilités que les hommes pendant le mariage ou lors de sa
dissolution. Les conséquences de cette multiplicité de
juridictions peuvent être catastrophiques pour les
femmes50.
Tout semble montrer que cette utilisation alternative de
différentes sources de droit se fait au gré des
intérêts en jeu ou des résultats recherchés dans les
litiges. L'influence des us et coutumes reste un obstacle non
négligeable d'une justice équitable et l'application effective du
principe de l'égalité de chance ou de droit entre les femmes et
les hommes. On peut dire que la pénétration du droit moderne dans
les moeurs au Tchad se fait lentement. Or, en souscrivant aux traités
internationaux, le pays s'est mis dans l'obligation de s'arrimer à
l'ordre conventionnel, ce qui devrait le pousser à rechercher une
égalité constante des femmes
47 UNFPA, «Analyse documentaire sur les violences
basées sur le genre au Tchad», N'Djamena, 2010, p.32.
48 Le droit positif est l'ensemble des règles
juridiques (lois, règlements) en vigueur dans un État ou dans un
ensemble d'État de la communauté internationale, à un
moment donné, quelque soient leurs sources.
49 Kobela, «l'impact des projets», p.168.
50 Kobela, «l'impact des projets», p.170.
84
et des hommes dans toutes les questions qui engagent leurs
vies51. Mais en réalité, l'État ne semble pas
vouloir que les choses avancent dans le sens de l'égalité
juridique de tous les sexes.
3- Les mécanismes prévus pour la promotion
du genre
Les structures chargées de contribuer à la
promotion du genre existent. Il y a d'abord eu la création d'un
Secrétariat d'État à la promotion féminine en 1982
qui est devenu deux ans plus tard un département ministériel
autonome (Ministère des affaires sociales et de la promotion
féminine) qui a changé d'appellation à plusieurs reprises
depuis lors52. Pour réfléchir sur les problèmes
de femmes, une semaine nationale des femmes tchadiennes (SENAFET) fut
instituée en 1990 53 et reste un moment important pour
discuter de la contribution spécifique des femmes au
développement54. Des points focaux genre55 ont
aussi été mis en place et dépendent d'un comité
national d'intégration des femmes au développement (CNIFD) qui
existe depuis 1991.
Le Ministère en charge des questions de genre a obtenu
l'institutionnalisation des points focaux dans les différents
Ministères concernés par la problématique, mais aussi au
sein des institutions de souveraineté telles que la Présidence de
la République, l'Assemblée nationale. Ces points focaux genre
sont chargés de veiller à la prise en compte du genre à
tous les niveaux. A l'observation, on peut s'interroger sur la
fonctionnalité des différents mécanismes mis en place et
sur les résultats pouvant être mis à leur actif. En effet,
le constat est que des dysfonctionnements continuent d'exister dans la prise en
charge du genre au Tchad. Ceci peut se voir au moins sous une triple
dimension56 :
- Le département ministériel en charge des
questions du genre ne semble pas donner l'impulsion qu'il faut pour asseoir une
véritable politique de cette problématique dans le pays ; son
leadership dans le domaine reste encore à démontrer ;
- Les points focaux genre disséminés dans les
Ministères sont confondus aux autres fonctionnaires de ces
départements et se plaignent du manque de moyens pour mener à
bien
51 Ibid, p.171.
52 AMASSNF, Politique nationale, Rapport
d'activité, Avril 2010, p.31.
53 Un décret du 16 avril 2002 abrogeant
celui du 28 février 1990 a confirmé la place de la SENAFET comme
un instrument de la mise en oeuvre de la politique nationale de la promotion
des femmes tchadiennes.
54 Tubiana, Parcours de femmes, p.23.
55 Ce sont des personnes spécifiquement
désignées au sein des institutions étatiques, notamment
les Ministères, pour ne s'occuper que des questions de genre.
56 AMASSNF, Politique nationale, Rapport
d'activité, Avril 2010, p.13.
85
leur mission. Il y a de plus lieu de s'interroger sur les
compétences réelles de ces personnels ainsi que leur motivation
;
- Au niveau politique, en dehors de la faiblesse des ressources
allouées aux
initiatives de promotion du genre, on ne sent pas un
engagement fort des hauts responsables étatiques à se pencher
sérieusement sur cette thématique. Pendant un moment on a
constaté la fusion du Ministère en charge des questions du genre
et celui de la santé, ce qui était de nature à diluer les
actions spécifiques concernant le genre au sein de la nouvelle
entité57. Quand on sait combien les questions de santé
sont prenantes et nécessitent de grands budgets, il peut donc être
considéré que les questions de genre semblent ne pas
intéresser particulièrement les décideurs du pays.
Le constat qui est fait de la situation du genre au Tchad est
que les actions jusqu'alors menées restent faibles, sinon de l'ordre du
symbolique. Or, face à une société patriarcale dans
laquelle les femmes comptent très peu et leurs voix ne sont pas assez
audibles, il y a véritablement plus à faire dans le sens de
réfléchir à toutes sortes de mesures à prendre afin
de combattre à la racine, ces comportements discriminatoires et porteurs
d'une injustice sociale. L'influence aussi des religieux ne favorise pas une
politique de genre qui prône une société
d'égalité et de solidarité.
Une réflexion profonde doit être menée
pour intéresser tout le monde à cette problématique qui ne
peut pas laisser hors-jeu plus de la moitié de la population du pays. A
l'image des cours de morale et de conscientisation civique, il faudrait
sérieusement penser à une possibilité d'introduire dans
les écoles tchadiennes, un module qui provoque la réflexion sur
la nécessité de lutter contre les inégalités de
genre à tous les niveaux58. Par ailleurs, la création
d'un observatoire de haut niveau pour se pencher sur la question de la
promotion et de l'autonomisation des femmes59
bénéficiant de l'attention des plus hautes autorités du
pays ne serait pas de trop.
Après avoir démontré la politique de
genre au Tchad, il convient de souligner le code des personnes et de la
famille.
57 La fusion entre le Ministère de la
santé et celui en charge des questions de genre date d'avril 2014 et a
donné naissance au Ministère de la santé publique, de
l'action sociale et de la solidarité nationale. Lors du
réaménagement ministériel de 2016, on est revenu sur un
Ministère spécifique s'occupant des aspects liés au
genre.
58 R. Ribardje, 65ans, enseignant à Moundou,
Moundou, le 20 août 2022.
59 AMSPASSNT., «Rapport national
d'évaluation des vingt (20) ans de mise en oeuvre de recommandation du
programme d'action de Beijing», Juin 2014, p.10.
86
II- LE CODE DES PERSONNES ET DE LA FAMILLE
Il peut désormais être admis que grâce
à la globalisation, les libertés citoyennes acquises au niveau
international peuvent être revendiquées également au niveau
local. Aussi, malgré les différences importantes qui peuvent
exister entre les femmes (culturelles, sociales, historiques, les
inégalités de statuts, de niveaux ou de conditions de vie), on se
rend compte par ailleurs que les ressemblances sont nombreuses, lorsqu'on tient
compte des expériences diverses vécues par les
femmes60. La résonance du combat contre la condamnation par
lapidation en 2002 de la jeune nigériane haoussa Safiya Husseini, pour
cause d'enfant adultérin par un tribunal musulman du Nord du
Nigéria et dont la peine a finalement été non
appliquée, est le résultat de la levée de boucliers des
mouvements féministes nigérians, africains et le concours de la
mobilisation à l'échelle internationale.
«Ce succès démontre que les
événements, les luttes et les décisions qui surviennent
dans le contexte mondial, ont un impact certain aussi bien sur les populations
africaines que sur les femmes elles-mêmes». C'est justement au
niveau global qu'ont été discutés les nombreux
problèmes concernant la planète, notamment de la
préservation de l'environnement en passant par les questions de
population, sans oublier les thématiques spécifiques aux femmes
pour ce qui est de leurs conditions, statuts, rôles et droits, compte
étant tenu des graves inégalités entre les sexes.
Fatou Sow constate qu'en se déportant dans
l'arène internationale, les problèmes des femmes sortent du cadre
familial et privé pour atteindre une autre dimension, celle de la
sphère publique et de ce fait, l'État a l'obligation d'accorder
un plus grand crédit aux problèmes d'inégalité de
genre dont celui se rapportant aux relations personnelles entre les individus.
Cette dernière pense que c'est justement à ce niveau que la
position de subordination des femmes est rendue plus visible à travers
le Code de la famille61. Suite à la ratification des
traités et conventions internationaux par le Tchad, (Déclaration
universelle des droits de l'homme, Charte africaine des droits de l'homme,
CEDEF, etc.) et la volonté du gouvernement, il a été
décidé la mise en route d'un projet d'élaboration d'un
Code des personnes et de la famille62. La présente partie de
ce travail fait l'état des lieux sur ce sujet et montre les
difficultés dans la mise en oeuvre de ce document et comment cet
état de choses
60 F. Sow, «La globalisation en Afrique : les
femmes, l'État et le marché», 2011, p.2.
61 Sow, «La globalisation en Afrique»,
2011, p.3.
62 E. G. Brya, «Où est passé le
projet du code des personnes et de la famille?» 2013,
http://tchadmeilleur.blogspot.fr/2013/03/ou-est-
passe-le-projet-du-code-des.html, consulté le 10 janvier 2023
à 17h30.
87
fragilise les femmes et contribue à la
perpétuation des inégalités entre les femmes et les
hommes.
1- La question du code de la famille
Le travail d'élaboration du Code des personnes et de la
famille a commencé en 1994 par un décret créant les
commissions et diverses instances disséminées dans toutes les
régions du pays, à l'effet de rassembler toutes les informations
nécessaires pour adresser cette thématique. Le Code en gestation
devait tenir compte des textes déjà en vigueur dans les
différentes juridictions traditionnelles et faire en sorte que le nouvel
arsenal juridique soit adapté aux réalités tchadiennes. Le
bien-fondé de ce document se faisait sentir, car il fallait
réglementer des aspects importants régissant les droits des
personnes et de la famille en matière de mariage, de divorce, de tutelle
des enfants, de filiation, de régimes matrimoniaux et de successions. Or
tous ces aspects ont été laissés dans le giron des
traditions, des us et des coutumes.
Dans la constitution du Tchad du 31 mars 1996
révisée en 2005posant la base d'une société
égalitaire et laïque63, la primauté de la Nation
est reconnue sur l'ethnicité, la tribu, la région ou la religion.
L'adoption d'un Code des personnes et de la famille devait traduire la
volonté de mise en conformité des modalités juridiques du
pays avec la loi fondamentale, ce qui devait contribuer à promouvoir le
statut des femmes. La commission nationale a rédigé un
avant-projet de Code en 1999 et celui-ci a été remis au
Ministère de l'Action sociale et de la famille en 2000. C'est dès
ce moment qu'ont commencé les mouvements de protestation, surtout des
cadres et notables musulmans qui n'étaient pas d'accord sur le fond et
la forme du document en élaboration.
Sur le fond, ils sont contre certains aspects du document en
projet qui, selon eux, sont en contradiction avec l'islam. Ils décrient
particulièrement les articles concernant :
- L'âge du mariage des filles,
- Les modalités du divorce,
- Les dispositions relatives au droit de succession
accordé aussi bien aux enfants
nés hors mariage qu'à ceux qui sont
légitimes,
- La question de l'héritage.
63 L'article 147 de la constitution de 1993 du
Tchad révisée en 2005 stipule «qu'il est institué un
seul ordre de juridiction dont la Cour Suprême est l'instance
suprême», ce qui est en contradiction avec la triple juridiction qui
est encore en vigueur.
88
Les organisations musulmanes voient dans le Code qu'elles
contestent, «une minable procédure qui est un scénario
satanique tendant à imposer à la majorité des Tchadiens un
texte qu'ils refusent»64. Au niveau de la forme, les
contestataires pensent que le texte proposé ne fait aucune
référence aux valeurs des communautés nationales et que la
commission élaborant le Code ne reflète pas toutes les
sensibilités du pays, sans oublier le fait que les enquêtes pour
recueillir les opinions des Tchadiens sur la question ont été
menées en catimini et par des voies
détournées65. L'avènement de la loi de 2005
révisant la constitution de 1996 considère désormais le
Code des personnes et de la famille comme relevant du domaine de la loi et non
plus comme étant l'apanage des textes sacrés (Coran) selon
l'entendement des groupes musulmans.
Cette nouvelle disposition constitutionnelle, combinée
au plaidoyer de la société civile et des partenaires au
développement, était censée trancher les tergiversations
religieuses et les querelles sur le document en élaboration.
Malgré les différentes reformulations du projet pour tenir compte
des réserves émises par les contestataires, les organisations
islamiques ont continué de le boycotter et de le rejeter. Depuis lors,
le projet de Code est resté en veilleuse et n'a plus connu
d'avancée.
La sociologue Fatou Sow ne semble pas surprise par la tournure
que prend ce genre d'événements. Elle fait d'abord observer que
les femmes font moins recours à la loi, car celle-ci est souvent
ignorée d'elles, ce qui les renvoie aux usages qui leur sont
généralement mieux connus (sociaux, religieux)66. Par
la suite, elle observe une tendance générale des États
africains à l'autoritarisme marqué par un pouvoir fort et
centralisé qui se donne pour devoir de construire la nation et de
conduire au développement. Par ailleurs, la plupart des constitutions
des pays africains garantissent l'égalité entre les êtres
humains, bien que d'un autre côté, l'inégalité entre
les sexes se pratique au coeur même des politiques67.
Aussi, la structure de fonctionnement de l'État
africain «consolide, reproduit, voire crée
l'inégalité. Les institutions de pouvoir
généralement dirigés et contrôlés par les
hommes, maintiennent la domination masculine sur la vie des
femmes»68. Dans ce contexte, les revendications des femmes
dérangent, ce que l'auteure résume par «l'ordre
patriarcal
64 M. Abba Ngolo, «Tchad : le Code des
personnes et de la famille rejeté», 2012, p.1,
nouvelessor.over-blog.com/article-tchad-le-code-
des-personnes-et-de-la-famille-rejete-par-abba-ngolo-109479181.html,
consulté le 11 janvier 2023 à 19h45.
65 Ibid.
66 Sow, «La globalisation en Afrique»,
p.4.
67 Ibid, p.6.
68 Ibid, p. 7.
89
inégalitaire qui a pourtant fait reproduire des textes
réglementaires pour corriger cette disparité»69.
Lors de la présentation du rapport du Tchad (CCPR/C/TCD/2) au
Comité de droit de l'Homme des Nations Unies70, les experts
de cette institution ont fait remarquer que dans le pays, les lois
coutumières sont fondamentalement discriminatoires, surtout en ce qui
concerne le mariage et la succession. Par ailleurs, l'État n'arrive pas
à interférer dans les domaines ci-dessus cités, alors
qu'il en a l'obligation, conformément aux conventions et traités
signés.
Fatou Sow révèle cette timidité des
pouvoirs publics en matière de planification familiale, dont les femmes
subissent les contraintes. Elle cite le scandale causé au Tchad par un
documentaire sur l'excision, produit par une journaliste musulmane de la
télévision nationale 71 . Cette journaliste a subi des
menaces de mort de la part des associations musulmanes locales et n'a
bénéficié d'aucun soutien des pouvoirs publics
jusqu'à ce qu'une grande mobilisation menée par une campagne
internationale ne fasse réagir l'État pour que ce dernier intime
enfin l'ordre aux autorités religieuses.
Il faut cependant signaler que malgré le peu
d'engouement des autorités publiques à diligenter ce dossier, ce
dernier est régulièrement soulevé par des groupes de
femmes des églises et de différents secteurs de la vie civile,
comme les associations des droits humains et des femmes juristes tchadiennes
(AFJT), de même que la Cellule de liaison et d'information des
associations féminines du Tchad (CELIAF) qui est un réseau
important de femmes. Ces regroupements ne se laissent pas endormir et
sensibilisent sur les différentes questions concernant la
thématique, font des campagnes de plaidoyer et signent des
pétitions qu'elles envoient aux autorités pour continuer à
maintenir la pression72 . A cela s'ajoute les difficultés
d'élaboration du code et perpétuation des
inégalités entre les hommes et les femmes.
69 Ibid, p.9.
70 OHCHR, «Le comité des droits de
l'homme examine le rapport du Tchad», 2014,
http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=14396&La
ngID=F, consulté le 22 janvier 2023 à 21h25.
71 Ibid, p.6.
72 M. Abdelkerim, 45 ans, Enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 10 novembre 2022.
90
2- Difficulté d'élaboration du Code et
perpétuation des inégalités entre les hommes et les
femmes
Le combat pour la mise en place du Code des personnes et de la
famille est en réalité une confrontation de deux conceptions du
monde73 notamment les conservateurs et les réformateurs. Les
premiers cités, partisans du statu quo pensent que les femmes, suite
à la dot versée (pour les mariées), font partie du
patrimoine du mari et par conséquent de son héritage (en cas de
décès de ce dernier). Aussi, en ne conservant pas la situation en
l'état par leur volonté de créer un arsenal juridique
nouveau en faveur des femmes, les juristes tchadiens seraient devenus des
adeptes du néocolonialisme en faisant preuve de déculturation et
d'aliénation par rapport aux conceptions et thèses
occidentales74.
Pour les tenants de cette vision, il faut évoluer avec
les réalités de son milieu, sinon, «on s'expose à
voir un profond démembrement social se produire et à voir le
système juridique tout entier à jamais compromis''75.
Le code tant souhaité n'aurait donc pas un grand nombre de points
communs avec la vie réelle des personnes qu'il doit régir. Par
contre, les réformateurs pensent que, le Code des personnes et de la
famille est absolument indispensable, en ce sens qu'il permet de se
défaire des valeurs traditionnelles rétrogrades et anachroniques
qui sont de ce fait, mal adaptées au contexte socioéconomique en
vigueur dans les communautés tchadiennes et causent un préjudice
sérieux aux femmes. Le juriste tchadien Djikoloum Benan observe que le
droit tchadien reste très ambigu et fait remarquer l'absence de normes
mises en oeuvre pour traduire dans les faits les principes déjà
affirmés dans la constitution76.
En effet, s'agissant du droit des personnes et de la famille,
l'ordonnance tchadienne portant réforme de l'organisation judiciaire
stipule «en cas de silence de la coutume, la loi doit être
appliquée''77. Cette disposition montre clairement que la
coutume est de manière incontestable, la source principale du droit des
personnes et de la famille au Tchad. Une large autonomie est laissée aux
coutumes dans un contexte où le droit coutumier est à large
spectre.
73 B. Djikoloum, «La condition de la veuve
dans le droit positif tchadien des personnes et de la famille'', Revue
internationale de droit comparé, no 12, 2002, p. 811.
74 Djikoloum, «La condition de la veuve'',
p.813.
75 Ibid, p. 814.
76 Notamment lorsque l'ordonnance ci-dessous
citée qui prône l'égalité entre femmes et hommes
devant la loi et la garantie de l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes et la protection de leurs
droits dans tous les domaines de la vie privée et publique (article 13
et 14 de la constitution 1996 révisée).
77 Article 71 de l'ordonnance du 21 mars 1967
citée par B. Djikoloum, La condition de la veuve dans le droit positif
tchadien des personnes et de la famille, Revue internationale de droit
comparé, no 12, 2002, pp. 814.
91
Ainsi et comme déjà mentionné, il existe
plusieurs droits coutumiers notamment un droit coutumier animiste, celui des
populations du Sud très christianisées, un droit coutumier
musulman, ce qui fait beaucoup de micro sources du droit. Et quand on sait que
dans le droit coutumier animiste à lui seul, il y a autant de normes
coutumières que d'ethnies, on comprend très aisément la
difficile administration du droit d'une manière sereine et
l'impossibilité de favoriser la cohésion sociale, la connaissance
et l'assimilation du droit par tous les justiciables en général
et les femmes en particulier78. Dans un contexte, où la
société est patriarcale et très traditionaliste, on
imagine la part congrue des espaces de liberté laissés aux
femmes.
On peut regretter cette prégnance de la coutume sur le
droit moderne, alors que la défense des droits fondamentaux est mieux
garantie par la loi écrite (moderne), d'autant que cette situation donne
au droit des personnes et de la famille une sorte d'imprécision. On
remarquera par ailleurs que, bien que le législateur tchadien ait
imposé une certaine limite à la coutume en reconnaissant dans le
même article 72 de l'ordonnance précédemment citée
que «les coutumes doivent être écartées lorsqu'elles
sont contraires à l'ordre public de l'État», une
ambiguïté demeure au sujet du contenu de l'``ordre public».
Cette notion de droit constitue une limite à l'exercice
par les individus de leurs droits fondamentaux et libertés publiques.
Elle est par conséquent une notion floue et controversée, car
imprécise et variable dans le temps 79 . C'est donc au juge
qu'il revient d'écarter l'application des règles
coutumières lorsqu'elles sont incompatibles avec les principes
fondamentaux assurant les garanties des personnes. Djikoloum Benan doute de la
capacité du juge tchadien à invoquer la notion d'ordre public
pour écarter la coutume dans le rendu des décisions de justice
pour deux raisons :
- La présence permanente des assesseurs (très
traditionalistes) dans toutes les
affaires civiles. (Ces derniers, étant les maitres des
coutumes locales influenceront souvent le juge par rapport aux décisions
à prendre dans le sens de pérenniser les valeurs locales),
- La persistance des pratiques de corruption et de trafic
d'influence au sein de
l'appareil judiciaire et la fragilité matérielle
des juges, surtout depuis la baisse de 50% de leurs primes80.
78 Djikoloum, «La condition de la veuve», p.
811.
79 N. Rousseau, «Fiche de droit administratif
: l'ordre administratif'', 2012,
https://chevaliersdesgrandsarrets.com/2012/04/10/fiche-droit-administratif-ordre-
public/, consulté le 12 janvier 2023 à 17h45.
80 Décret pris par les autorités
publiques tchadiennes le 15 septembre 2016 pour faire face aux tensions de
trésorerie de l'État.
92
L'Assemblée parlementaire de la Francophonie, citant le
rapport d'examen de Beijing + 20, conclue : «En général, le
droit écrit est égalitaire, contrairement au droit coutumier dans
ses interprétations dominantes. En droit coutumier, le régime
matrimonial, la propriété, les règles de la transmission
de la succession sont toujours déterminées selon le sexe et
consacrent la prééminence de la masculinité. Cette
situation entretient une confusion sur le statut de la femme dans la famille.
La femme ne peut, dans ces conditions, ni décider de la maternité
(espacement ou limitation des naissances), ni exercer sur une base
égalitaire, les mêmes responsabilités que l'homme pendant
le mariage ou lors de sa dissolution»81.
Les femmes restent les grandes perdantes de l'absence du Code
des personnes et de la famille, parce que le droit applicable au Tchad leur est
globalement défavorable, car d'essence coutumière dans une
société patriarcale. Il apparait manifestement qu'il manque une
réelle volonté politique de la part des autorités
gouvernementales de doter le Tchad d'un Code des personnes et de la famille qui
soit égalitaire, unique et opposable à tous. En ne le faisant
pas, le pays se met en porte-à-faux vis-à-vis des
résolutions auxquelles il a souscrit. On conclura à ce niveau que
la non implication de l'État dans la validation du texte
susmentionné est très dommageable pour les Tchadiennes et que le
pays manque ainsi une occasion de s'occuper d'un pan de problèmes qui
leur sont spécifiques.
Ayant souligné le code des personnes et de la famille,
l'on présente les autres politiques liées aux femmes : la
stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre au
Tchad.
81 C. Guillet, «Le statut matrimonial: mettre fin
aux discriminations dans l'espace francophone», 2015, p.23,
https://apf.francophonie.org/IMG/pdf/reseau_-
_rapport_sur_le_statut_matrimonial_mme_guittet- france_.pdf,consulté
le 13 janvier 2023 à 18h35.
93
III- LES AUTRES POLITIQUES LIEES AUX FEMMES : LA
STRATEGIE DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE AU
TCHAD
Grâce à un soutien financier et technique du
Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), une analyse documentaire
sur les violences basées sur le genre a pu être
réalisée au Tchad82. Cette analyse devait
déboucher sur une politique de lutte contre les violences basées
sur le genre au Tchad, politique qui reste encore attendue. Les violences
persistent dans la plupart des régions du pays et elles sont
répandues dans les différentes couches sociales aussi bien dans
le domaine public que dans celui privé. Il y a lieu de remarquer que les
violences basées sur le genre restent un secteur peu maitrisé par
les acteurs concernés par cette problématique à cause d'un
certain nombre d'insuffisances :
- Leurs faibles capacités dans le domaine,
- Le manque de coordination dans les actions,
- L'inefficacité du système d'informations au
niveau national.
La stratégie en élaboration s'inscrit dans la
perspective de procéder à un ancrage réel d'une
véritable prise de conscience de la population sur l'existence des
violences basées sur le genre, de même que leurs méfaits
sur les femmes et leur impact sur le développement du pays. La
stratégie nationale a pour objectif de servir de cadre d'intervention de
tous les acteurs. Elle doit traduire l'engagement et la volonté
politique du Gouvernement d'assurer une coordination efficace de la
prévention et de la protection des victimes des violences basées
sur le genre. Le cadre normatif envisagé s'appesantit sur deux temps
forts :
- L'analyse de la situation des violences basées sur le
genre,
- Les orientations stratégiques d'intervention.
1- L'analyse de la situation des violences
La violence, selon l'article premier de la Déclaration
sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes des
Nations Unies s'entend comme Tous actes de violence dirigée contre le
sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice
ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace
de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que
ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée83. La
82 UNFPA, Analyse documentaire sur les
violences basées sur le genre au Tchad, N'Djamena, UNFPA, 2010,
p.34.
83 OHCHR, «Déclaration sur
l'élimination de la violence à l'égard des femmes»,
1993,
http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/ViolenceAgainstWomen.aspx,
consulté le 14 janvier 2023 à 22h30.
94
violence basée sur le genre est un terme global
désignant tout acte préjudiciable commis contre la volonté
d'une personne et reposant sur les différences socialement
définies entre les femmes et les hommes84.
Cette forme de violence est commise à l'encontre d'une
personne en raison de son genre ou de son sexe. La communauté
internationale fait très attention à cette importante question
qui est du domaine des droits de l'Homme et de la santé publique. Bien
que de nombreuses personnes qui subissent les violences basées sur le
genre soient des femmes, il faut souligner que cette violence peut aussi
être perpétrée à l'encontre des hommes et des
garçons. Selon les données de la Banque mondiale, le viol et les
violences conjugales représentent un risque plus grand pour les femmes
âgées de 15 à 44 ans que le cancer, les accidents de la
route, la guerre et le paludisme réunis85. La violence
à l'égard des femmes ne se limite ni à une culture, ni
à une région, ni même à des groupes
spécifiques de femmes dans une société. Les racines de la
violence contre les femmes sont plus profondes, elles se retrouvent dans la
discrimination persistante à leur égard86.
Les femmes subissent plusieurs types de violences, dont la
violence sexuelle, les mutilations génitales féminines, les
crimes d'honneur etc. La plus courante des violences subies par les femmes est
la violence physique infligée par le partenaire intime. On estime qu'en
moyenne une femme sur trois est battue, victime de violences ou
maltraitée par un partenaire intime au cours de sa vie. Les États
membres des Nations Unies ont adopté plusieurs conventions et
résolutions dans le but de protéger les femmes contre toutes les
formes de discrimination.
C'est le cas par exemple de la CEDEF. Toutefois, malgré
l'engagement des États de prendre des mesures pour adresser ces
questions, le constat final est que leur mise en oeuvre n'est pas facile. En
effet, au niveau institutionnel, plusieurs pays ne disposent pas de
mécanismes et de cadre harmonisé de lutte contre les violences
faites aux femmes et aux filles et de plus, ces mécanismes peuvent
être détournés87.
Au Tchad, la violence est récurrente, y compris pour
les femmes et les filles et se rencontre dans toutes les sphères de la
vie. Ces violences sont souvent domestiques (physiques et morales, sexuelles,
socioculturelles, des pratiques néfastes et traditionnelles sans
84 Ibid.
85 ONU, «Violence à l'égard des
femmes : état des lieux», 2010, p. 22,
http://www.un.org/fr/women/endviolence/situation.shtml,consulté
le 14 janvier 2023 à 23h10.
86 Ibid.
87 A. Gautier et al, Avec une touche
d'équité et de genre... : Les politiques publiques dans les
champs de la santé et du développement au Yucatan,
Montréal, Presses de l'Université Laval, 2013, p.34.
95
oublier les violences économiques). Les violences dans
le pays relèvent des us et coutumes et sont tolérées par
bon nombre de personnes. Les résultats des enquêtes menées
en 2001 et 2008 ont révélé que la plupart de personnes
interrogées ont connu les diverses formes de violence88.
On observe une persistance des violences basées sur le
genre avec, par exemple, un taux national de mutilations génitales se
situant entre 45% et 95% pour les populations réfugiées et
déplacées habitant les zones de conflits89. Dans les
régions musulmanes comme le Salamat et le Sila, ces mutilations
concernent la quasi-totalité des femmes (95%)90. Les
pratiques telles que le lévirat et le sororat, ainsi que les cas de
meurtre, d'assassinat et surtout d'abandon de famille sont souvent
enregistrées. Les violences basées sur le genre vont
au-delà des mutilations génitales et se manifestent sous d'autres
formes, telles :
- Les violences physiques (sévices corporels, bastonnades,
rapt),
- Les violences sexuelles (viol, harcèlement sexuel,
prostitution forcée)91,
- Les violences psychologiques (injures, harcèlement
moral, privation du droit à
l'éducation ou à la succession).
2- Les orientations stratégiques
L'objectif visé par la stratégie de lutte contre
les violences basées sur le genre est de créer et de rendre
opérationnels un cadre commun et une plateforme d'interventions
concertées pour l'ensemble des intervenants travaillant dans ce
même domaine. Les actions transversales à mettre en oeuvre par
cette stratégie s'articulent autour des points suivants :
- Le plaidoyer ;
- La sensibilisation ;
- Les formations ;
- La collecte des données.
L'action pour être efficace doit être globale et
tous les intervenants ont le devoir de se concerter en vue d'harmoniser les
différentes interventions. C'est pour cela que, dans le cadre de la
prévention et de la protection contre les violences basées sur le
genre, l'accent est mis dans l'amélioration, la compréhension et
la connaissance de cette problématique par les
88 AMASSNF, Politique nationale, Rapport
d'activité, Avril 2010, p.11.
89 AFD, «La santé des femmes au Tchad,
entre urgence et développement», Savoirs communs
n°15, 2013, p.15.
90 Ibid.
91 Ibid, p.16.
96
différents acteurs, notamment les
politico-administratifs, les leaders religieux et les populations.
Il faudra par ailleurs oeuvrer pour parvenir à une
appropriation communautaire du processus de lutte contre ces violences. Aussi,
aux différents axes stratégiques devraient correspondre des
actions spécifiques complémentaires, chargées de venir
à bout des violences faites aux femmes, afin de compléter la
batterie de mesures envisagées pour diminuer, voire éliminer les
violences basées sur le genre :
- La formation des personnels des institutions judiciaires,
- La mobilisation des moyens et ressources pour une assistance
multisectorielle.
Dans ce chapitre, il était question de présenter
les politiques liées aux femmes et leur niveau de mise en oeuvre au
Tchad. Il ressort qu'en matière de politique ou de stratégie
à mettre en oeuvre pour trouver une solution aux
inégalités de genre qui causent de nombreuses situations
d'injustice dont souffrent les femmes, le Gouvernement du Tchad a ouvert trois
grands chantiers qui malheureusement restent non achevés. La politique
nationale en matière de genre, le Code des personnes et de la famille et
la stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre au
Tchad restent des documents qui n'ont pas encore été
validés. Il est difficile d'expliquer cette situation d'une autre
manière que par l'absence de volonté des autorités
étatiques. Les us et coutumes en vigueur dans le pays et le poids des
mouvements islamiques empêchent l'État de créer des
conditions d'égalité entre les différentes composantes de
sa population. Le Tchad semble ne pas vouloir se mettre à dos certains
mouvements populaires qui disposent d'une capacité de nuisance qu'il ne
souhaite pas avoir contre lui. Ce faisant, il préfère laisser la
majorité de la population, à savoir les femmes, continuer de
subir les injustices multiformes de genre et il se met en position de
non-respect des traités et Conventions qu'il a lui-même
signés ou ratifiés. Les différentes politiques et
stratégies mises en oeuvre par le Gouvernement restent manifestement
très insuffisantes et ne sont pas de nature à améliorer la
condition des Tchadiennes. S'il est vrai que des actions d'envergure ne peuvent
pas être menées en l'absence des financements, force est de
constater qu'il manque véritablement une volonté politique pour
faire bouger les lignes, à l'exemple du Code des personnes et de la
famille qui reste en souffrance depuis des années à cause de la
domination masculine. Fort de ce constat, il s'impose donc une politique de
quota et la parité : deux stratégies de résolution de la
sous-représentation des femmes tchadiennes en politique

CHAPITRE IV : LE QUOTA ET LA PARITE : DEUX
STRATEGIES DE RESOLUTION DE LA SOUS-REPRESENTATION DES FEMMES TCHADIENNES
EN POLITIQUE
97
98
Le fait qu'il ait un bon pourcentage des femmes participant
à la politique dans un pays ne signifie pas que l'égalité
dans les faites soit réalisée1. La revendication de la
parité peut réveiller ici ou la proposition d'instaurer des
quotas pour accélérer l'entrée des femmes dans la vie
politique2. De ce fait, le «cadrage» dominant fournit
à cette question dans le débat public, s'est focalisé sur
une approche quantitative du problème, et l'affirmation du besoin
d'accroitre le nombre de femme tchadienne au sein des organes
représentatifs et exécutifs. Cependant, les discours sur cette
question sont fortement polarisés par les partis politiques en
présence3. Ces discours centrés sur la mise en oeuvre
de quotas comme une possible solution à la sous-représentation
des femmes, les débats n'ont guère ménagé d'espace
à des approches plus structurelles de l'inégalité de genre
en politique4. Le présent chapitre qui clôture ce
travail, s'attèle à démontrer la politique du quota et de
la parité : deux issues pour l'augmentation du nombre des femmes
tchadiennes à des postes de responsabilités politiques. Dans ce
chapitre, l'on montre d'abord la politique du quota et ensuite, la politique de
la parité dans les fonctions nominative et élective : un souhait
à réaliser et enfin, les autres processus d'implication de la
femme tchadienne en politique.
I- LA POLITIQUE DU QUOTA
Le quota selon le dictionnaire Larousse est un pourcentage ou
un contingent (limite quantitative fixée par une autorité
publique pour l'exercice d'un droit ou la participation à une charge)
déterminé, imposé ou autorisé. La conception et
l'application des systèmes de quotas et de sièges
réservés influent sur la légitimité perçue
des femmes tchadiennes politiques qui les occupent. Elles peuvent
également affecter la relation entre les femmes politiques et les
organisations et mouvements féminins, ainsi que la volonté ou la
capacité des acteurs politiques de promouvoir les objectifs
d'égalité hommes-femmes sur la scène
politique5.
Il n'y a pas de moyen plus efficace et plus direct que les
partis politiques pour permettre aux femmes tchadiennes d'accéder
à des fonctions électives et aux postes de pouvoir au sein des
partis. Leurs structures, leurs politiques, leurs pratiques et leurs valeurs
ont donc un impact important sur le niveau de participation des femmes à
la vie politique de leur pays6.
1 M. Tremblay (Dir.), Femme et parlements : un
regard international, Montréal, Les éditions du
remue-ménage, 2005, p.23.
2 M. d'Almeida, «Pour promouvoir la
participation politique des femmes, pourquoi certains pays optent-ils pour le
quota ou la parité ?», [AFARD Togo], [en ligne]
RESSOURCES, no 76, Genre en Action, 2015,
www.genreenaction.net,consulté
le 20 septembre 2022 à 12h36.
3 Lombardo et M. Bustelo, «Promotion de
l'égalité de genre», p.119.
4 Ibid.
5 UNRISD Info, «Égalité des
sexes», p.171.
6 AMGSNT, «Promouvoir le rôle des
femmes», Rapport d'activité sur PNUD, Avril 2010, p.3.
99
Le principe du quota de femmes repose sur l'idée que
les femmes tchadiennes doivent être présentes selon un certain
pourcentage, dans les divers organes de l'État, que ce soit sur les
listes de candidatures, dans les assemblées parlementaires et le
gouvernement. Avec le système du quota, ce ne sont pas les femmes
elles-mêmes qui ont la charge du recrutement. L'objectif fondamental d'un
quota est de recruter des femmes aux postes politiques, de manière
à assurer leur présence effective dans la vie
politique7. Raison pour laquelle, il est nécessaire
d'instaurer un quota pour les femmes au sein des partis politiques permettant
de tendre vers l'équité de genre.
1- La nécessité du quota au sein des partis
politiques
L'égalité des sexes et l'émancipation des
femmes tchadiennes ne sont pas seulement des droits humains. Ils sont
indispensables à un développement inclusif, équitable et
durable. Pour atteindre ces objectifs, il est fondamental d'améliorer et
d'encourager la participation politique des femmes tchadiennes. Parmi les
institutions les plus à même de le faire, les partis politiques
sont très bien placés8. La faible
représentation des femmes tchadiennes est l'une des principales
caractéristiques des partis politiques.
Elle révèle une carence dans le fonctionnement
interne des partis ou, pour le moins, un désintérêt
évident pour la promotion de l'élément féminin en
leur sein, réduisant son rôle à celui d'un simple appui
pour les partis9. Il est essentiel que des femmes tchadiennes soient
présentées dans les structures internes du parti pour y faire
avancer la cause de l'égalité des sexes. Des mesures comme les
quotas doivent cependant s'accompagner d'autres initiatives, notamment le
renforcement des capacités à long terme et le
développement des compétences, pour que les femmes puissent se
retrouver à des postes de responsabilité même en l'absence
de quotas.
Les partis politiques doivent explorer d'autres façons
de nommer les femmes motivées et qualifiées à des postes
de responsabilités et sensibiliser leurs adhérents à
l'importance du soutien apporté aux femmes en leur sein, ainsi que dans
la direction ou les structures internes de l'organisation10. Les
rôles multiples et accrus joués par les femmes dans la vie
politique dépendent dans une certaine mesure des idéologies, en
particulier de l'adhésion des partis
7 M. d'Almeida, «Pour promouvoir la
participation politique des femmes, pourquoi certains pays optent-ils pour le
quota ou la parité ?», [AFARD Togo], RESSOURCES,
no 76, Genre en Action, 2015,
www.genreenaction.net,
consulté le 20 septembre 2022 à 14h50.
8 AMGSNT, «Promouvoir le rôle des
femmes», Rapport d'activité, Avril 2010, p.3.
9 P. Maria Angeles Lopez, «Les femmes sur la
scène politique», Confluences Méditerranée,
N0 31, 1999, p.112.
10 B. Llanos et al, «From Words to
Action: Best Practices for Women's Participation», in Latin American
Political Parties, IDEA, 2009, p.32.
100
politique aux points de vue féministes ou
antiféministes11. Les quotas peuvent être une mesure
effective, mais ne suffisent pas à eux seuls à garantir une
représentation équitable des femmes tchadiennes dans la vie
politique.
Tout d'abord, une bonne application des législations
sur les quotas est essentielle pour assurer leur efficacité. Les quotas
ne fonctionnent que si les femmes occupent une place en haut des listes
électorales, sur des sièges, où elles ont de
réelles chances de succès. Les partis politiques doivent
s'impliquer dans le recrutement de politiciennes qualifiées en nombre
suffisant, plutôt que de se cantonner à quelques membres alibis.
Il est également recommandé de prévoir des sanctions en
cas de manquement à la loi12.
Les partis politiques qui prennent au sérieux la
participation des femmes tchadiennes à la politique voient leur base
électorale se renforcer, attirent de nouveaux groupes d'électeurs
et développement des liens plus solide avec leur électorat. S'ils
peuvent afficher en outre de nouveau visages et de nouvelles idées, ils
entretiennent l'image d'un parti dynamique et énergétique
à une époque, où la participation électorale est en
déclin.
Les résultats sont parfois spectaculaires, parfois plus
progressifs ou difficiles à discerner, mais dans tous les cas, les
partis politiques enregistrent au final des gains réels13.
Khadidja Hassaballah disait que :
«Une fois qu'une fille est instruite, elle saura sa
personnalité, elle sera populaire sur le terrain et qu'elle ne se cache
pas, elle impose ses opinions elle ne peut que faire partie d'une organisation
politique et militer activement pour ses idéaux, mener des
négociations pour des actions en faveur de la population. Et là,
elle affirme et se rend responsable dans son parti politique. Elle ne peut
qu'être promue par les premiers responsables du parti. Je dirai à
mes petites soeurs, les filles, qu'elles ont le devoir de nous faire honneur en
réussissant comme les garçons. A l'Assemblée Nationale,
nous les femmes de la majorité présidentielle ne sommes pas
restées les bras croisés nous n'avons pas
démérité, nous avons fait autant que nous le pouvions pour
atteindre nos objectifs et satisfaire au mieux nos
population»14.
Le nombre de femmes engagées dans des organisations
féminines actives dans un pays donné, renseignent bien davantage
sur le niveau de participation des femmes à la vie politique que le
niveau de représentation féminine officielle dans les organes
composés de membre élus. La participation des femmes à la
vie politique doit se concevoir en des termes plus généraux que
ne le laisserait supposer de tels chiffres, s'ils existaient : de nombreuses
femmes
11 UNRISD Info, «Égalité des
sexes», p.172.
12 Banque Mondiale (2014), Voice and
Agency.Empowering Women and Girls for Shared Prosperity, Banque Mondial
Washington,
www.worldbank.org/content/dam/Worldbank/document/Gender
(2012),consulté le 18 décembre 2022 à
16h20.
13 AMGSNT, «Promouvoir le rôle des
femmes», Rapport d'activité, Avril 2010, p.3.
14 Mahamat Saleh Bahar, La participation des
femmes, p.41.
101
expriment leurs intérêts et leurs points de vue
à travers leur activité dans un vaste éventail
d'associations politiques et civiques15.
L'analphabétisme de la population féminine,
spécialement en milieu rural, a été
l'élément moteur de la prise de conscience de la
nécessité de rechercher des solutions pour améliorer la
condition et le statut de la femme16. Ce sont là les
principaux aspects que l'on retrouve dans les programmes électoraux des
partis qui abordent le thème. Pour la majorité d'entre eux, la
problématique de la femme est perçue exclusivement à
partir d'une optique sociale, ce qui signifie que l'on ne s'engage pas dans une
vision globale du problème. En outre, les partis les plus conservateurs
soulignent l'importance de la famille comme structure de base de la
société et le rôle de la femme comme éducatrice et
formatrice des nouvelles générations17.
Parmi les mesures de discrimination positive, l'adoption
volontaire de quotas de candidatures féminines pour les partis a
probablement été la plus efficace pour normaliser l'engagement
d'un parti à la cause de l'égalité hommes-femmes et
à forger des relations entre les femmes politiques et les organisations
féminines présentes dans la société18. A
cela s'ajoute la candidature féminine au poste
d'éligibilité au sein des partis comme élément
favorisant l'équité genre.
2- La candidature féminine au poste
d'éligibilité au sein des partis comme élément
favorisant l'équité genre
On s'attend à ce que les femmes tchadiennes
bénéficient de la responsabilité des autorités et
de la meilleure prestation de services qui devraient aller de pair avec la
décentralisation. En fait, on escompte que les postes de
responsabilité locaux sont particulièrement accessibles aux
femmes, qui ne se heurtent pas, au niveau local, aux mêmes
problèmes de mobilité et de finances que lorsqu'elles briguent
une fonction publique au niveau national19. La participation
politique des femmes au Tchad est une question d'équité qui
relève de l'égalité homme-femme. Elle permet de prendre
part à la gouvernance et de peser sur les décisions qui affectent
leur vie, leur famille et leur communauté. C'est aussi une question de
bonne gouvernance.
15 N. Djesada, 45 ans, Vice-président
Transformateur chargé de la diaspora, N'Djamena, le 20 août
2022.
16 M. Abdelkerim, 40 ans, enseignant-chercheur
à l'Université de N'Djamena, N'Djamena, le 03 septembre 2022.
17 Lopez, «Les femmes sur la scène
politique», p.112.
18 UNRISD Info, «Égalité des
sexes», p.171.
19 A. Goetz, «L'influence des femmes sur la
politique publique et la gouvernance» in UNRISD Info,
«Égalité des sexes : En quête de justice dans un monde
d'inégalités», Bulletin de l'UNNRISD, No 27, Mars
2005, p.5.
102
Les femmes représentent la moitié de la
population du monde, la moitié de la population dans la plupart des pays
et en particulier le Tchad, et elles éduquent, de surcroit l'autre
moitié. Elles doivent être présentes en nombre égal
dans la vie publique ou dans la sphère privée et prendre part
équitablement au pouvoir et aux décisions, qui d'une
manière ou d'une autre, les concernent 20. Il est toujours
difficile de promouvoir efficacement des candidatures féminines
tchadiennes à des fonctions officielles quand les appareils des partis
pensent que les femmes n'ont aucune chance d'être élues. Il semble
que les réticences vis-à-vis de candidatures féminines
soient moins importantes chez les électeurs qu'au sein des appareils de
parti 21 . D'autre soutiennent que des élues plus nombreuses
n'agiront pas nécessairement en faveur des femmes, notamment parce
qu'elles se sentent moins interpellées individuellement à agir
spécifiquement en faveur de ce groupe22.
De tous les partis politiques existant depuis 1962 à
1989, il n'y a aucun parti politique dirigé par une femme. Avec la venue
du multipartisme et de la démocratie que le Tchad a pu avoir quelques
partis politiques dirigés par des femmes23. A cela, il
convient de présenter quelques partis politiques dirigés par les
femmes de 1990 à 2018.
Tableau 5: Quelques partis politiques dirigés par
les femmes de 1990 à 2018
N
|
Nom et Prénoms
|
Année
|
Partis politiques
|
01
|
Amine Oumara
|
1992
|
Union pour la Paix et la Démocratie (UPD)
|
02
|
Hadje Mariam Moussa Abdallah
|
1993
|
Parti pour l'Unité Nationale, la Démocratie, le
Dialogue et le Développement du Tchad (PUND/DDT)
|
03
|
BourkouLouise Kabo
|
1996
|
Rassemblement pour le Progrès et la Justice Sociale
(RPJS)
|
04
|
Fatimé Naguid Boumie
|
2005
|
Alliance Nationale pour le Progrès (ANP)
|
05
|
NdjelarKoumadji Mariam
|
2006
|
Union Nationale pour l'Alternance au Tchad (UNAT)
|
06
|
Ildimma koumatou
|
2006
|
Parti pour le Développement Démocratique et les
Libertés (PDDL)
|
20 H. Zirari, «Femme du Maroc entre hier et
aujourd'hui : quels changements ?», revue Recherches
internationales, n° 77, 2006, p. 80.
21 UNRISD Info, «Égalité des
sexes», p.171.
22 C. Susan, The impact of women in public
office, Bloomington, Indiana University Press, 2001, p.288.
23 B. Haggar, Tchad : les partis politiques et
les mouvements d'opposition armés de 1990 à 2012 : le
multipartisme ou les fractures sociales, Paris, L'harmattan, 2014,
p.29.
103
07
|
Mariam Denemadji
|
2014
|
Mouvement des Citoyens Unis au Tchad
|
|
|
|
(MCUT)
|
08
|
Lydie Beassemda
|
2018
|
Parti pour la Démocratie et l'Indépendance
|
|
|
|
Intégrale (PDI)
|
Source : Archives de l'Assemblée
Nationale du Tchad.
A l'ère démocratique, le Tchad connait plus de
100 partis politiques reconnus, qui concourent au suffrage universel, tant pour
les élections (présidentielle et législatives) que
administratives (municipales)24. Cependant, l'avènement du
multipartisme a le plus souvent relégué les groupes des femmes
dans des statuts et des rôles de «militantes de base» qui
excellent dans la mobilisation des partisans sans pour autant qu'elles occupent
des positions élevées dans la hiérarchie des postes
politiques.
Un tel cheminement du changement du statut des femmes en
politique, au lieu de contribuer à l'effritement, voire à la
suppression des inégalités et des injustices, contribue à
leur alignement sur le rang des hommes et les conduits à une
solidarité de classe au détriment d'une solidarité autour
du statut des femmes à promouvoir25. Il y a parfois plus de
femmes en politique au niveau national qu'au niveau local.
Cela alerte à l'importance de la résistance que
peuvent opposer aux femmes les systèmes patriarcaux traditionnels au
niveau local et aussi à l'importance d'institutions sensibles aux
inégalités entre les sexes, qui améliorent l'accès
des femmes aux services et aux instances politique locales26. Le
faible taux des femmes dans l'exécutif des partis politiques tchadiens
influence considérablement leur investiture dans les postes
électifs. Autrement dit, les femmes sont minoritaires et ne peuvent pas
s'imposer au sein de leurs partis respectifs pour pouvoir obtenir de places en
nombre important.
Après la politique du quota, l'on aborde
ultérieurement la politique de la parité dans les fonctions
nominatives et électives : un souhait à réaliser.
24 Abdelkerim, Le leadership féminin,
p. 88.
25 Association des Femmes Juriste de Niger (AFJN),
«Guide participation des femmes à la politique au Niger»,
FIIAPP, 2016, p.10.
26 Goetz, «L'influence des femmes», p.5.
104
II- LA POLITIQUE DE LA PARITE DANS LES FONCTIONS
NOMINATIVES ET ELECTIVES : UN SOUHAIT A REALISER
Appliquée dans les différentes sphères de
la vie citoyenne (politique, professionnelle et sociale), la parité est
un outil autant qu'une fin visant le partage à égalité du
pouvoir de représentation et de décision entre les femmes et les
hommes. Elle est une exigence de justice et de démocratie27.
Le chef de l'État français, Emmanuel Macron, au cours de sa
visite officielle au Tchadien 2018, a rencontré les femmes leaders du
CONAF pour discuter de leur bien-être. Visiblement, les politiques
tchadiennes pour l'épanouissement de la femme portent son écho
plus loin. De 30% dans les instances de prise de décision, le Tchad
progresse, vers la parité dans les postes nominatifs, de quoi attirer
les soutiens des pays occidentaux28.
Alors que le nombre des femmes parlementaires et ministres
commence à augmenter, leur participation au processus de prise de
décisions demeure limitée car, elles ont peu de chances
d'accéder à des postes de direction. De ce fait, elles sont
minoritaires dans le processus de décision29. L'on
présente d'abord, du quota à la parité : vers une
innovation politique et ensuite, la traduction du discours sur le quota vers la
parité au Tchad : une priorité de l'Objectif de
Développement Durable (ODD) des Nations Unies.
1- Du quota à la parité : vers une
innovation politique
La parité peut être définie comme
l'égalité quantitative garantie pour l'accès à
certaines fonctions électives30. Le concept, qui se
présente comme une «demande d'égalité'' et comme
«la reconnaissance d'une altérité socialement
construite''31, permet d'échapper au dilemme classique que
soulève la citoyenneté des femmes en démocratie, notamment
choisir entre l'égalité et la prise en compte de la
différence sexuelle. Il a obligé à repenser le contenu de
l'universalisme abstrait et à analyser autrement la question de la
représentation politique des femmes32. Le protocole de Maputo
adopté, le 11 juillet 2003 sur les droits des femmes en Afrique.
L'article 9 intitulé Droit de la participation au processus politique et
à la prise de décision stipule :
27 HCE/fh, «Parité en politique : entre
progrès et stagnations. Évaluation de la mise en oeuvre des lois
dites de parité dans le cadre des élections de 2014 : municipales
et communautaires'', européennes, sénatoriales, Rapport no
2015-02-26-PAR--015 publié le 26 février 2015, p.7.
28 W. Achitela, «Diplomatie : Macron à
la rencontre des femmes du Tchad'', Tchad infos, no 1300, 22
décembre 2018, p.2.
29 UNRISD Info, «Égalité des
sexes'', p.174.
30 Abdelkerim, Le leadership féminin,
p. 90.
31 F. Gaspard, «De la parité :
genèse d'un concept, naissance d'un mouvement'', Nouvelles Questions
Féministes. Vol. 15, no 4. 1994, p.31.
32 M. d'Almeida, «Pour promouvoir la
participation politique des femmes, pourquoi certains pays optent-ils pour le
quota ou la parité ?'', [AFARD Togo] RESSOURCES, No
76, Genre en Action,
www.genreenaction.net,
consulté le 30 novembre 2022 à 11h30.
105
«1. Les États entreprennent des actions positives
spécifiques pour promouvoir la gouvernance participative et la
participation paritaire des femmes dans la vie politique de leurs pays,
à travers une action affirmative et une législation nationale et
d'autres mesures de nature à garantir que : a) les femmes participent
à toute les élections sans aucune discrimination ; b) les femmes
soient représentée à parité avec les hommes et
à tous les niveaux dans les processus électoraux ; c) les femmes
soient des partenaires égales des hommes à tous les niveaux de
l'élaboration et de la mise en oeuvre des politiques et des programmes
de développement de l'État. 2. Les États assurent une
représentation et une participation accrues, significatives et efficaces
des femmes à tous les niveaux de la prise des
décisions33».
Face à la faible participation des femmes en politique,
des pays ont mis en place des mesures pour favoriser la candidature et
l'élection des femmes à différents niveaux. Les quotas
obligatoires sont l'un des dispositifs institutionnels qui ont permis
d'accélérer la progression de l'accès des femmes aux
postes politiques, en vue d'une représentation paritaire.
L'on constate au Tchad que les dispositifs d'ordre
légal et réglementaire n'ont pas débouché sur des
niveaux de participation plus égalitaire des femmes dans l'arène
politique. Le cas notamment de l'ordonnance signée le 22 mai 2018 par le
Président Idriss Deby Itno, il est institué la parité dans
les fonctions nominatives et électives en République du Tchad.
Selon l'article 2 de ladite ordonnance, «un quota d'au moins 30% est
affecté aux femmes dans toutes les fonctions nominatives». Ce quota
doit évoluer progressivement vers la parité. Aussi, sous peines
d'irrecevabilité, les listes de candidatures aux élections
législatives et locales sont composées d'au moins 30% de
femmes.
Une grande cérémonie marquant la signature de
cette ordonnance a été organisée le 23 mai 2018 à
la Maison de la femme34. C'est par 135 voix pour, 5 contre 8
abstentions que le projet de loi portant ratification de l'ordonnance
No 12/PR/2018 instituant la parité dans les fonctions
électives et nominatives a été adopté par
l'assemblé national le 19 octobre 201835.
Un quota d'au moins 30% est accordé aux femmes dans les
fonctions nominatives et électives. Sauf les nominations dans les
chefferies traditionnelles. Ce quota évoluera progressivement vers la
parité. L'ordonnance dispose par ailleurs que «sous peine
d'irrecevabilité», les listes de candidatures aux élections
législatives et locales doivent être composées d'au moins
30% de femmes. La ministre secrétaire générale du
gouvernement, Mariam Mahamat Nour, qui préside par ailleurs le CONAF, a
salué la signature de cette ordonnance de «moment historique».
A cela s'ajoute la traduction du discours sur le quota
33 Abdelkerim, Le leadership féminin,
p. 87.
34 Abdelkerim, Le leadership féminin,
p.88.
35 Ibid, p. 89.
106
vers la parité au Tchad comme une priorité de
l'Objectif du Développement Durable des Nations Unies.
2- La traduction du discours sur le quota vers la
parité au Tchad : une priorité de l'ODD des Nations
Unies
En 2011, l'Assemblée générale des Nations
Unies adopte la résolution No A/RES/66/130. Cette résolution
appelle les États membres à renforcer la participation des femmes
à la vie politique, à accélérer l'instauration de
l'égalité entre les hommes et les femmes dans toutes les
situations, y compris en période de transition politique, de promouvoir
et de protéger le droit fondamental des femmes36.
La participation des femmes en politique est également
mentionnée dans la cible 5.5 des Objectifs de développement
durable (ODD) «Garantir la participation entière et effective des
femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de
direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique,
économique et publique''37. Les femmes sont massivement
représentées dans les fonctions tertiaires d'assistantes
maternelles, d'employées administratives, dans l'enseignement, etc.
Contre toute attente, le gouvernement ne jouant pas au respect de ses
engagements quant-à la traduction dans les faits des discours politique
et politicien, la femme tchadienne est encore à la
traine38.
L'expérience des systèmes électoraux et
de l'action positive a démontré que la conception du cadre
institutionnel peut déterminer les perspectives qu'ont les femmes
d'influencer sur les décisions conseils. Cela dit, faciliter
l'accès des femmes à des fonctions publiques n'est qu'une
première étape de la lutte pour la parité hommes-femmes
dans le partage des responsabilités publiques voulu par la
communauté internationale39.
S'agissant de défendre la cause des femmes, de veiller
à ce que les nouvelles politiques aboutissent à un
réaménagement des services ou d'établir de nouvelles
normes sur la base desquelles seront jugées les actions des
fonctionnaires et des responsables politiques40. Mais de nombreux
obstacles empêchent les femmes tchadiennes d'accéder facilement
à la vie
36 Texte de la Résolution adoptée par
l'Assemblée général des nations Unies,
http://www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/RES/66/130&refer=/english/&Lang=F,consulté
le 20 septembre 2022 à 15h20.
37 Site Internet des Nations Unies sur les
Objectifs de développement durable (ODD),
http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/gender-equality/,
consulté le 20 septembre 2022 à 12h50.
38 E. Golmem, «Ces rares chéries de la
4e République'', Le visionnaire, no 118, 5 au 11
mars 2019, p.2.
39 Abdelkerim, Le leadership féminin,
p. 90.
40 UNRISD Info, «Égalité des
sexes'' p.172.
107
publique un projet suffisamment difficile en soi et entravent
leur capacité à réfléchir les décisions dans
quelques sens que ce soit, sans parler d'obtenir la parité entre les
sexes.
Ces obstacles incluent notamment un machinisme bien
ancré dans les partis politiques et au moins autant dans les
institutions officielles de l'État, depuis les politiques et
systèmes budgétaires qui déterminent les priorités
à établir en matière de dépenses jusqu'aux
mécanismes en place pour faire appliquer les lois, rendre la justice et
demander des comptes. Il faudra bien plus que l'arrivée en force de
femmes sur la scène politique pour lever des obstacles de cette
nature41.
Pour les femmes du CONAF «nous devons absolument agir sur
les mentalités pour changer la perception même des femmes dans
notre société. Les lois seraient plus efficaces si ceux pour qui
elles sont votées et ceux qui sont censés les faire appliquer
leur trouvaient un sens, ou mieux, s'ils y croient. Malheureusement, le combat
est encore long»42.
Après avoir démontré la politique de la
parité dans les fonctions nominatives et électives : un souhait
à réaliser, il convient de définir les processus
d'implication de la femme tchadienne dans les instances de prise de
décision.
III- LES PROCESSUS D'IMPLICATION DE LA FEMME TCHADIENNE
DANS LES INSTANCES DE PRISE DE DECISION
Dans ce point, l'on présente les processus
d'implication de la femme tchadienne dans les instances de prises de
décision notamment les actions ; les propositions ; et les
recommandations.
1- Les actions
Deux types d'actions pouvant être menées pour
favoriser la participation politique des femmes en politique au Tchad. Il
s'agit d'actions de sensibilisation d'une part, à l'endroit des femmes
elles-mêmes, et d'actions de plaidoyer d'autre part, en direction des
gouvernants et des bailleurs de fonds.
1.1- Actions de sensibilisation
Le Tchad est une société fortement
traditionnelle. Il compte plus d'une centaine d'ethnies
caractérisées d'une part, par un ensemble de pratique
traditionnelles coutumières aussi tenaces les unes que les autres et,
par des pratiques religieuses profondes d'autre part.
41 B. Sally, 60 ans, enseignant-chercheur à
l'École Normale Supérieure de N'Djamena, N'Djamena, le 20
septembre 2022.
42 Abdelkerim, «Le leadership
féminin», p.91.
108
Trois types de croyances se partagent l'espace national :
l'islam, le christianisme et l'animisme. Le Nord et l'Est du pays tenu par le
poids des royaumes notamment du Kanem Bornou (15ème et
18ème siècles), le royaume du Ouaddaï à
l'Est dans le prolongement du Darfour Soudanais (16ème et
17ème siècle) et le royaume du Baguirmi situé
sur la rive droite du Chari (15ème siècle) au
centre-sud. Il s'agit entre autres des sultanats Toubou, Dar Zaghawa, Dar
Bilala, Dar Ouaddaï, Baguirmi, Dar Sila, Guéréda (Dar Tama),
Fitri, Derda, Kanem, N'Djamena urbain et rural. Sur le cendre de ces royaumes
se sont installés des sultanats qui maintien la population sur des
valeurs ancestrales43.
A ces royaumes se sont ajoutés d'une part des
entités administratives plus modestes à savoir les chefferies
Bilala dans le Batha, le Gong de Léré, le Lamido de Binder, le
Mbang de Bedaya, les chefferies supérieures de Koumra, Kelo, Lai,
Kyabé, Moundou, Sarh. Et d'autre part, il subsiste quelques vestiges,
notamment quelques sultanats et chefferies moins étendu certes mais
jouant actuellement un rôle de gardien de la mémoire culturelle et
sociale des différentes communautés. Alors, la coexistence entre
le droit moderne et les droits coutumiers prédominent et fortement
ancrés dans les pratiques institutionnelles créent un
environnement peu propice à la mise en oeuvre des lois et politique
favorables à l'égalité des sexes, notamment dans le
domaine de l'éducation, de la santé de la reproduction et en
matière de jouissance des droits humains.
En effet, cette forme d'organisation établit la
«patriarcalité», et assigne des rôles différents
aux filles et aux garçon et ce, dès leur bas âge (division
sexuelle du travail, une perception réductrice du statut de la femme).
Ces pratiques socioculturelles ont notamment pour conséquence
l'inégalité dans l'accès au savoir et aux
opportunités économique et politique en défaveur de la
femme. Les multiples rôles des femmes sont invisibles et leur fort
potentiel sous exploité. Or le développement dans un pas ne peut
se faire sans la pleine et égale représentation des femmes et des
hommes. Ce faisant, il est nécessaire pour le gouvernement meneur du
politique de genre de négocier et de sensibiliser les détenteurs
de ces pouvoirs moral et spirituel. Puisque ces derniers, de par leurs
rôles et statuts, ont une grande capacité d'influence sur les
attitudes et comportement de la population sous leur autorité morale et
spirituelle.
Les organisations féminines devraient beaucoup plus
s'investir dans la défense des droits politiques des femmes. Pour cela,
elles devraient s'intéresser à la participation des femmes aux
élections et à tous les débats politiques nationaux. Il
est nécessaire qu'elles
43 N. Djesada, 45 ans, Vice-président
Transformateur chargé de la diaspora, N'Djamena, le 20 août
2022.
109
sensibilisent les populations sur la place et le rôle de
la femme tchadienne dans la société moderne, notamment sur les
capacités communes aux filles et aux garçons, qui leur ouvrent de
manière égale l'accès à l'école et dans tous
les domaines de développement du pays, y compris aux postes
politiques44.
Au sein des partis politiques, les femmes devraient oeuvrer
pour l'adhésion du plus grand nombre de femmes, et exiger leur prise en
compte dans les instances décisionnelles du parti et lors de la
présentation des candidatures aux élections45. Il
faudrait également que les femmes tchadiennes aient le courage
d'exprimer leurs ambitions politiques, notamment par leur visibilité au
sein de leurs partis politiques et dans le débat politique
national46.
Elles devraient aussi songer à créer des partis
politiques pour lesquels elles occuperaient la position de leader. Toutes ces
actions nécessitent évidemment des programmes et des
stratégies bien ficelés. Parmi les stratégies qui
pourraient être mises en place, il y a :
- La création de groupes de pressions pour la promotion
de la participation politique des femmes tchadiennes ;
- L'émergence de synergies entre les femmes occupant
des hautes fonctions, pour oeuvrer à l'éducation des filles,
à la défense des droits des femmes et au soutien moral et
financier des candidates aux élections ;
- L'éducation civique des femmes, afin qu'elles
prennent part aux élections, par
l'inscription sur les listes électorales et en
élisant de préférence des femmes ou alors des hommes
développant des discours d'égalité ;
- L'encouragement et la formation des femmes à se
présenter aux élections ;
- La sensibilisation des filles et des femmes à cultiver
l'effort personnel et la
dignité, en refusant les rôles de «femmes-
objets», et en revendiquant la reconnaissance de leurs propres
compétences ;
1.2- Actions de plaidoyer
Les réseaux d'organisations féminines et autres
groupes de pression devraient oeuvrer au dialogue avec les pouvoirs publics,
afin de porter le débat de la participation politique des
44 N. Djesada, 45 ans, Vice-président
Transformateur chargé de la diaspora, N'Djamena, le 20 août
2022.
45 Idem.
46 B. Sally, 60 ans, enseignant-chercheur à
l'École Normale Supérieure de N'Djamena, N'Djamena, le 20
septembre 2022.
110
femmes à l'ordre du jour des préoccupations
nationales. Des activités de plaidoyer devraient être
menées en direction du parlement qu'au gouvernement, afin que ceux- ci
encouragent les partis politiques à promouvoir plus de femmes dans leurs
instances décisionnelles et à les faire figurer en plus grand
nombre parmi leurs candidats aux différentes
élections47. Ainsi, le plaidoyer pourrait consister à
solliciter la mise en place de mécanismes favorisant la présence
des femmes aux postes de prise de décisions. Notamment :
- Le système des quotas notamment 30 à 50% de
femmes au Parlement qu'au Gouvernement, parmi les candidatures
présentées par chaque parti aux élections, dans les
institutions, où il doit être exigé à chaque groupe
de respecter ledit quota ;
- La prise en compte du concept genre dans les programmes
politiques du Gouvernement et dans l'élaboration des budgets de
l'État ;
- A l'endroit des bailleurs de fonds, des démarches
devraient être menées pour les encourager à financer des
actions en faveur de la participation politique des femmes ;
- Ainsi, des fonds peuvent être créés pour
venir en aide aux femmes candidates, notamment pour leur
formation48.
Après avoir démontré les actions, il
conviendrait de présenter les recommandations. 2- Les
recommandations
Les recommandations seront adressées tour à tour
sur le plan socioculturel, politique et institutionnel, au niveau des partis
politiques, les associations féminines, aux femmes ainsi qu'aux
hommes.
2.1- Sur le plan socioculturel
- Soutenir les médias engagés dans les efforts de
lutte contre les préjugés et les
inégalités liées au genre, à
travers la diffusion des émissions qui mettent en avant les femmes et
leurs réalisations ;
- Introduire, dans le cadre de la mise en oeuvre de l'article
12-1-b et du Protocole de
Maputo, l'analyse des questions de genre dans les programmes
scolaires ;
- Solliciter les partenaires au développement, en
écho à l'article 7 de la résolution
1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour
la mise en place d'un programme qui
47 S. Sylla, «Femme et politique au
Sénégal. Contribution à la réflexion sur la
participation des femmes sénégalaises à la vie politique
de 1945 à 2001», Mémoire de DEA, Université
de Paris-Panthéon-Sorbonne, 2001, p.123.
48 N. Djesada, 45 ans, Vice-président
Transformateur chargé de la diaspora, N'Djamena, le 20 août
2022
111
permettrait d'accorder des primes et aides
supplémentaires aux communes rurales qui enregistrent les plus forts
taux d'inscription et de réussite des filles dans leurs structures
scolaires49. Cela aiderait également ces pays à mettre
en application leurs engagements pris aux termes des articles 12-2-C du
Protocole de Maputo et pour les pays membres de la CEDEAO, l'article 30-4 du
Protocole additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne
Gouvernance50 ;
- Multiplier des initiatives et programmes d'attribution de
bourses d'études
spécifiquement destinées aux jeunes filles et en
particulier dans les domaines où elles sont
sous-représentées ;
- Encourager la création des Instituts et centres de
recherche sur le genre, à l'image
du Laboratoire de Recherche sur le Genre de
l'Université Cheick Anita Diop de Dakar, pour contribuer à
l'enrichissement et au renouvellement de la réflexion sur les
thématiques liées au genre51 ;
- Accompagner davantage les initiatives de création des
bases de données sur les comportements politiques des femmes et en
particulier sur l'ampleur, les motivations et orientations de leurs votes, pour
faciliter l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques
ciblées en faveur de leur autonomisation politique52 ;
2.2- Sur le plan politique et institutionnel
Attirer l'attention des responsables politiques sur la
nécessité d'une meilleure prise en compte des principes de la
laïcité, de coexistence pacifique et de tolérance religieuse
;
- Encourager la ratification de conventions internationales
relatives aux droits des
femmes et l'adoption au niveau national de lois favorables
à l'autonomisation socioéconomique et politique des femmes ;
- Renforcer les capacités de la justice dans le domaine
de la défense des droits de la femme et garantir son
accessibilité aux femmes désireuses de faire valoir leurs droits
en cas de leur violation, conformément à l'article 7-1 de la
Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples ;
49 AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation», p.12.
50 B. Sally, 60 ans, enseignant-chercheur à
l'École Normale Supérieure de N'Djamena, N'Djamena, le 20
septembre 2022.
51 AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation», p.14
52 Sherif, «La participation politique», p.
11.
112
- Multiplier les campagnes de sensibilisation des femmes sur
l'importance de garantir une représentation équitable des femmes
dans les instances décisionnelles et de leur vote ;
- Encourager le développement au sein des structures de
la société civile et des
associations féminines, de cellules permanentes,
spécifiquement consacrées à l'accompagnement des femmes
dans les démarches d'inscription sur les listes électorales, afin
qu'un maximum de femmes en âge de voter puissent exercer leur droit de
vote53 ;
- Inviter les organismes et les partenaires au
développement engagés dans la coopération
décentralisée, à réorienter une partie de leurs
financements à destination des groupements féminins des villages,
quartiers et villes et notamment à ceux qui enregistrent les plus forts
taux de participation électorale des femmes54 ;
- Prendre des mesures allant dans le sens du plafonnement des
dépenses électorales ; de la lutte contre la marchandisation des
votes, afin de favoriser l'égalité des candidats dans la
compétition et l'émergence d'un vote d'opinion, plus axé
sur les propositions et les bilans des candidats que sur leurs ressources
financières55 ;
- Encourager l'application du principe de la parité
intégrale dans les missions
d'observation électorale des organisations
régionales et internationales et nommer des femmes à la
tête de ces missions de haut niveau56 ;
- Mise sur pied de la politique du «gender» au sein
de toutes les administrations. C'est-à- dire que dans tous les cercles
de décisions notamment au parlement qu'au gouvernement en particulier,
le principe de parité hommes- femmes doit être respecté.
Les femmes doivent être représentées de la même
manière que les hommes57.
- Protéger et promouvoir l'égalité des
droits entre les hommes et les femmes engagées dans les activités
politiques. Ainsi ; l'État doit tout mettre en oeuvre pour que les
hommes et les femmes aient les mêmes chances pour participer aux
consultations électorales ou pour accéder aux grands postes de
décisions58 ;
53AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation», p.16
54 B. Sally, 60 ans, enseignant-chercheur à
l'École Normale Supérieure de N'Djamena, N'Djamena, le 20
septembre 2022.
55AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation», p.20.
56 Sherif, «La participation politique», p.
17.
57 N. Djesada, 45 ans, Vice-président
Transformateur chargé de la diaspora, N'Djamena, le 20 août
2022.
58 Sherif, «La participation politique», p.
18.
113
- Confier la gestion des ministères stratégiques
aux femmes puisqu'elles ont aussi le
potentiel pour diriger ces ministères. Elles ne doivent
plus être considérées comme le «sexe faible» ;
- Adopter une disposition dans la constitution qui instaure un
système de quota au sein du parlement et du gouvernement ;
- Application de la politique du gender en cas de proposition
des candidats des femmes tchadiennes pour des hautes fonctions au sein des
organisations internationales tels que l'ONU, la CEMAC, l'Union
Africaine59.
- Réviser le cadre juridique national pour une
promotion de la femme tchadienne en politique ;
- Amélioration du dispositif constitutionnel relatif
à l'égalité de sexe et le respect
des conventions et traités internationaux ;
- Mise sur pied d'un fonds spécial qui participe au
financement et au soutien des campagnes des femmes.
2.3- Les partis politiques
Les partis politiques sont le lieu, où doit s'incarner
le principe d'égalité presque unanimement proclamé. C'est
là que tout se joue, qu'il s'agisse de l'élaboration de
programmes, de la prise en compte des besoins des femmes et de l'impact de
toutes mesures sur leur situation. De plus au Tchad, pour être candidat
aux élections, il faut être investi par un parti politique.
Quelques recommandations sont formulées à l'intention de ceux-ci.
Il faut :
- Supprimer toutes les barrières pouvant entraver
directement ou indirectement la
participation politique des femmes ;
- Instaurer le concept de genre au sein de toutes les formations
politiques. C'est à
dire qu'un système de quota doit être
adopté. Par exemple, les partis peuvent s'arranger à assurer que
ni les femmes, ni les hommes ne puissent avoir plus de 60 % de
candidatures60 ;
- Promouvoir le rôle des femmes au sein des partis
politiques pour la représentativité des femmes au parlement qu'au
gouvernement ;
59AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation», p.22.
60 B. Sally, 60 ans, enseignant-chercheur à
l'École Normale Supérieure de N'Djamena, N'Djamena, le 20
septembre 2022.
114
- Une réforme de l'organisation interne des partis
politiques, favorable au
recrutement et la sélection des candidates aux
élections législatives et présidentielles ;
- Une réforme profonde de l'organisation interne des
partis politiques ;
- Favoriser le recrutement et la sélection des candidates
aux élections législatives et
présidentielles ;
- Accompagner la gent féminine dans la bataille
électorale ;
- Un soutien financier inconditionnel aux candidatures
féminines en période électorale ;
- Prévoir des sanctions à l'endroit des partis
politiques qui ne respecteraient pas les
règles en vigueur dans le code électoral à
l'exemple du quota
- Promouvoir le rôle des femmes au sein des partis
politiques pour renforcer la représentativité des femmes au
parlement ;
- Une réforme de l'organisation interne des partis
politiques, favorable au
recrutement et la sélection des candidates aux
élections législatives ;
- Contribuer l'efficacité de l'action des élues.
2.4- Les associations féminines
Les associations féminines doivent à leur tour :
- Promouvoir le leadership féminin à travers le
développement de l'estime en soi et l'encouragement à la prise
d'initiatives ;
- Encourager les femmes politiques à se constituer en
réseau pour influencer les
décisions. Lorsque dans le bureau de l'assemblée
nationale est constituée de plusieurs femmes, les mesures
législatives prenant en compte les besoins spécifiques des femmes
seront facilement adopter61 ;
- Faciliter l'accès à l'information politique des
femmes et aux actes d'état civil ;
- Sensibiliser les responsables des partis politiques pour
permettre une intégration
des femmes aux grands postes au sein du parti ;
61 AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation», p.15.
115
- Former les femmes en leadership politique en organisant des
campagnes d'information publiques sur la nécessité et
l'importance de la participation de la femme à la vie politique pour la
consolidation de la démocratie62.
- La mise en place et extension des mécanismes de
solidarité e protection sociale au niveau nationale pour prendre en
charge et améliorer l'accès aux services sociaux de base des
couches vulnérables et de catégories sociales en situation de
précarité ;
- Octroyer des prêts aux femmes battantes,
c'est-à-dire les femmes qui se sont engagées dans la vie
politique, et qui luttent pour opérer un changement et une
amélioration de la vie des femmes en général, et celles
dans le milieu politique en particulier ;
- Faciliter la collaboration entre les organisations de la
société civile et étatiques.
Car elle sert de courroie de transmission entre la
société et l'Etat.
2.5- Aux femmes
Elles doivent :
- Prendre conscience de leur devoir de citoyen prescrit par les
textes. Avoir
confiance en soi, c'est-à-dire que les femmes ne
doivent pas avoir peur d'être incompétentes ou peu combatives ;
- Être motivées, montrer leur intéressement
pour les questions politiques qui est une
affaire de tous et non seulement celles des hommes ;
- Elles doivent avoir la foi dans le travail politique. Elles
doivent développer des
ambitions et rêves pour l'accession aux grands postes de
décisions. Elles doivent rejeter cette idée selon laquelle la
politique est une série de mauvaises pratiques ;
- Défendre les intérêts spécifiques
des femmes en faisant la promotion sur le plan social, économique et
culturel, par la formation, l'information et l'écoute ;
- Les femmes doivent développer des réseaux de
solidarité au sein d'une mouvance communautaire et familiale de laquelle
elles peuvent tirer un certain pouvoir ;
- Défendre et promouvoir les droits des femmes, puis
les protéger contre les pratiques malsaines telles que la discrimination
et les injustices sociales criardes ;
- Et qu'il est préférable pour elles de se
concentrer plutôt dans le domaine
associatif. Chercher à s'éduquer car
l'alphabétisation, l'insuffisance de scolarisation, de
62 Abdelkerim, «Le leadership
féminin», p.98.
116
formation à la culture politique sont des
sérieux problèmes rencontrés par les femmes63.
Avoir une solidarité entre les femmes. On constate
généralement que les femmes ne votent pas les unes pour les
autres, soit arrivées au pouvoir, elles jalousent et ne désirent
guère de concurrence. Soit qu'elles n'encouragent pas les nouvelles
venues.
2.6- Aux hommes Les hommes doivent :
- Encourager leurs épouses à s'intéresser
aux questions politiques ;
- Permettre aux femmes d'exercer librement leur droit de voter,
en les laissant aller
aux urnes choisir les représentants du peuple ;
- Accompagner les femmes dans l'accomplissement des
responsabilités familiales. La politique nécessite beaucoup de
temps. Et la pratique montre que beaucoup de femmes sont entrés en
politique à un stade avancé de leur carrière, après
avoir élevé leurs enfants. Ou pire encore, certaines femmes
politiques n'ont pas d'enfants. Ainsi, pour celles qui sont mères, leurs
maris doivent les aider dans le suivi et l'éducation des
enfants64.
Ce chapitre a été consacré sur le quota
et la parité : deux stratégies de résolution de la
sous-représentation des femmes tchadiennes en politique. Le constat est
clair. Que ce se soit sur le plan national ou international, la participation
politique de la femme est très faible malgré tous les efforts
déployés depuis 1975, année de l'``émancipation de
la femme». Il est donc temps de comprendre que des mesures doivent
être entreprises pour encourager les femmes à s'intéresser
aux questions politiques. Il était question de savoir que la
participation politique de la femme peut avoir plusieurs impacts sur la vie
politique. Tout d'abord, le principe d'égalité qui est le socle
de toute démocratie sera véritablement respecté. Ensuite,
lorsque les femmes font partie de législatif et l'exécutif,
l'élaboration d'un plan national du programme de Beijing est plus
aisée à réaliser. Enfin, les mesures législatives
et exécutives prenant en compte les besoins des femmes seront plus
adoptées.
63 AMSPASSNT, «Rapport national
d'évaluation», p.23.
64 B. Sally, 60 ans, enseignant-chercheur à
l'École Normale Supérieure de N'Djamena, N'Djamena, le 20
septembre 2022.

CONCLUSION
117
118
Ce travail portait sur «femme et la politique : cas du
parlement et du gouvernement (1962-2018)». Il en ressort que la
présence de la femme politique tchadienne remonte depuis 1962. Mais
cette présence est discontinue compte tenue de l'enlisement politique du
Tchad. L'éclipse de la femme tchadienne dans la scène politique
s'explique, entre autres, par le poids de la tradition et la politique peu
favorable. En effet, la femme est considérée comme un être
inférieur. Cette situation est au fondement de l'orientation de son
éducation qui s'est faite dans le sens de son rôle de gestionnaire
du foyer et agente économique. Ayant reçu une éducation
qui inhibe toute prétention à être au-devant de la
scène publique en général et politique en particulier, la
femme n'a pas le droit de disposer de la terre et d'exercer librement une
activité lucrative. Cela réduit son pouvoir économique, la
rendant ainsi indéfiniment sous tutelle masculine.
Outre cette situation, le contexte politico-institutionnel
marqué par les guerres et les violences politiques n'a guère
favorisé l'émergence des femmes en politique. La vie politique
était fortement militarisée. Peu scolarisées, victimes du
sous-emploi et des règles coutumières, les femmes ont
été pendant longtemps mises à l'écart de la gestion
politique. L'enjeu pour le Tchad est de donner de nouvelles orientations aux
politiques nationales afin de permettre à la femme tchadienne
d'être un agent responsable du développement politique de son
pays. Et depuis, avec l'amorce de la démocratisation qui a conduit
à la libéralisation de l'espace public, la femme se manifeste de
plus en plus publiquement. Cette émergence politique se justifie par des
conditions favorables notamment une nouvelle orientation de l'éducation,
l'accès à l'emploi, l'édiction des législations
plus favorables à la femme, l'amélioration du statut
socio-économique et politique, etc. Contrairement à la voie
classique d'entrée dans la vie politique, c'est-à-dire à
travers les formations politiques, l'émergence féminine en
politique est beaucoup plus l'oeuvre des organisations de la
société civile.
Force est de souligner que même dans l'exercice de
l'activité politique, les femmes continuent d'être victimes des
discriminations. Ces discriminations s'articulent autour de la survivance des
considérations traditionnelles d'un côté et du comportement
parfois complice de la femme elle-même de l'autre. Malgré les
engagement externes et internes du gouvernement tchadien à respecter et
appliquer des mécanismes de protection de la femme, des zones d'ombres
demeurent encore vivantes dans l'arène politique au Tchad. Sur le plan
économico-institutionnel, la situation de la femme ne change pas
beaucoup et ne favorise pas l'émergence politique de la femme tchadienne
en vertu du système politique faonné par les
119
différents dirigeants qui se sont succédé
à la tête de l'Etat tchadien, à travers la dictature des
régimes politiques des partis uniques, des guerres civiles, des
mouvements de la rébellion, des coup d'Etat, etc.
La démocratie implique la participation de tous les
citoyens à la gestion des affaires de la cité.
L'intégration de la femme est nécessaire pour l'humanisation de
la vie politique. Dans ce sens, la femme tchadienne a beaucoup à
apporter. Cette intégration est non seulement nécessaire et
impérative, mais elle constitue également un défi pour une
vraie démocratie sans laquelle aucun développement harmonieux,
libre et durable ne sera possible. D'où l'impérieuse
nécessité de soutenir l'action politique féminine en
institutionnalisant le système de quota dans les listes
électorales, en finançant les femmes, ou encore les aidant
à organiser leur campagne politique. C'est dans cette optique que l'on
pourra donner force à l'assertion qui est entre autres, «la femme
est l'avenir de l'humanité». Elle est à ce titre
incontournable pour la survie de cette humanité. L'équilibre
humain ne peut donc être atteint que dans la parfaite symbiose entre
l'homme et la femme pour l'unité de la nation. La promotion politique de
la femme paraît comme une voie obligée pour le
développement de la société tchadienne. Dès lors,
la participation de la femme tchadienne à la vie politique est une
nécessité démocratique. Plus qu'une formation de base, les
femmes gagneront à investir, en masse, les lieux d'enseignement pour
renforcer leurs capacités intellectuelles, si elles veulent assumer des
postes de responsabilités en politique.
Le passage d'une présence accrue des femmes en
politique a des progrès réels sur les questions de
l'égalité entre les sexes et à des politiques de promotion
de la femme dépend de la capacité des mouvements féminins
à demander des comptes aux gouvernements et à l'aptitude des
institutions du secteur public à mettre effectivement en pratique des
programmes ambitieux d'équité entre les sexes. Autrement dit,
tout dépend d'une bonne gouvernance en faveur des femmes tchadiennes. Ce
n'est qu'au terme d'une évaluation de leurs capacités et de
l'effet qu'aura la vie politique sur la vie personnelle et professionnelle,
ainsi qu'après avoir été sollicitée par un parti
que la majorité des femmes rencontrées ont décidé
de faire le saut en politique active. Cette différence dans la
façon d'envisager une carrière politique puisse ses racines dans
un processus de socialisation politique genré. Les répercussions
de la vie politique sur la vie familiale et parentale ne sont par ailleurs pas
les mêmes pour les femmes que pour les hommes.
120
Lorsque les femmes pourront réellement se faire
entendre au niveau du parlement et au gouvernement, elles pourront participer
aux débats publics aux mêmes titres que les hommes et peser sur
les décisions qui décident de leur avenir, de celui de leur
famille, de leur communauté et de leur nation. Pour faire progresser la
gouvernance démocratique, il est nécessaire de créer et
pérenniser un environnement favorable aux processus politique qui
renforcent la participation des femmes à la vie politique sont des
conditions sine qua non du développement démocratique et
contribuent à la bonne gouvernance. Aucun développement au monde
ne peut se faire sans la participation équitable des femmes à la
gestion de la chose publique.

ANNEXES
121
122
ANNEXE 1 : ATTESTATION DE RECHERCHE DE L'UNIVERSITE DE
YAOUND I, 2022

123
ANNEXE 2 : FICHE D'ENTRETIEN AUX ADMINISTRATEURS, AUX
FEMMES AU PARLEMENT QU'AU GOUVERNEMENT
I. POUR LES ADMINISTRATEURS
Votre présence aujourd'hui dans les instances
décisionnelles de l'État avec la femme tchadienne peut-elle
s'analyser comme une évolution de la vie politique de la période
du monopartisme et à l'avènement du multipartisme ?
La femme tchadienne a-elle toujours été
valablement représentée aussi bien au parlement qu'au
gouvernement de son pays depuis l'indépendance ?
Vous arrive-t-il de vous concerter en dépit de
l'appartenance politique de la femme tchadienne pour faire passer une
décision touchant la femme au parlement et au gouvernement à
l'ère du monopartisme et multipartisme ?
Quels sont les opportunités pour l'expression politique
de la femme tchadienne à l'ère du multipartisme ?
Quels sont les obstacles de la femme tchadienne en politique
de son pays depuis l'indépendance ?
Quels sont les voies d'entrée de la femme tchadienne
dans la vie politique au Tchad ? Quels sont les défis de la femme
tchadienne à l'ère du multipartisme ?
Comment a été la représentativité
de la femme tchadienne au niveau du parlement et du gouvernement à
l'ère du monopartisme et de multipartisme ?
Quelles sont les actions de la femme tchadienne à
l'ère du multipartisme ? Pourquoi le quota a été
signé officiellement en 2018 ?
Quels sont les perspectives pour une forte participation de la
femme tchadienne au parlement et au gouvernement ?
II. 124
La femme tchadienne a-t-elle toujours été
valablement représentée aussi bien au parlement de son pays
depuis l'indépendance ?
POUR LES FEMMES AU GOUVERNEMENT
Votre présence aujourd'hui dans les instances
décisionnelles de l'État peut-elle s'analyser comme une
évolution de la vie politique de la période du monopartisme et
à l'avènement du multipartisme ?
La femme tchadienne a-elle toujours été
valablement représentée aussi bien au gouvernement de son pays
depuis l'indépendance ?
Pourquoi attendre en 1984 pour que la femme intègre le
gouvernement ?
Vous arrive-t-il de vous concerter en dépit de
l'appartenance politique de la femme tchadienne pour faire passer une
décision vous touchant au gouvernement à l'ère du
monopartisme et multipartisme ?
Quels sont les défis de la femme tchadienne à
l'ère du multipartisme ?
Comment a été la représentativité de
la femme tchadienne au gouvernement à l'ère du monopartisme et de
multipartisme ?
Quelles sont les actions de la femme tchadienne à
l'ère du multipartisme ? Pourquoi le quota a été
signé officiellement en 2018 ?
Quels sont les perspectives pour une forte participation de la
femme tchadienne au gouvernement ?
III. POUR LES FEMMES AU PARLEMENT
Votre présence aujourd'hui dans les instances
décisionnelles de l'État peut-elle s'analyser comme une
évolution de la vie politique de la période du monopartisme et
à l'avènement du multipartisme ?
125
Vous arrive-t-il de vous concerter en dépit de
l'appartenance politique de la femme tchadienne pour faire passer une
décision vous touchant au parlement à l'ère du
monopartisme et multipartisme ?
Quels sont les défis de la femme tchadienne à
l'ère du multipartisme ?
Comment a été la représentativité de
la femme tchadienne au parlement à l'ère du monopartisme et de
multipartisme ?
Quelles sont les actions de la femme tchadienne à
l'ère du multipartisme ? Pourquoi le quota a été
signé officiellement en 2018 ?
Quels sont les perspectives pour une forte participation de la
femme tchadienne au parlement ?
126
ANNEXE 3: Archives du Secrétariat
Général du Gouvernement

Source : SGG (Secrétariat General du
Gouvernement) 2018.
127
ANNEXE 4: Liste des femmes au parlement de 1993 à
2006
Noms et prénoms
|
Fonction
|
Appartient aux partis politiques ou à
la société civile
|
|
Parlement provisoire de transition 1993-1997
|
Albatoul Zakaria
|
Questeur adjoint
|
M.P.S
|
Bourkou Louise Kabo
|
Membre
|
Société civile
|
Djanbei Assanie
|
2e Rapporteur de la Commission
Éducation, Culture, Jeunesse et Sports
|
MPS
|
Rapporteur Général de ladite commission
|
Fatimé Diakité
|
Membre
|
Société civile
|
Fatimé Issa Ramadan
|
Rapporteur de la Commission Contentieux, Économie et
Finances ;
|
Société civile
|
Secrétaire Adjoint
|
Fatimé Sissoko Nar
|
Rapporteur de la Commission Santé, Affaires Sociales
et Droits de l'Enfant
|
Société civile
|
Hadja Halimé Oumar Taher
|
Membre
|
Société civile
|
Kadidja Touré
|
Rapporteur de la Commission Droits de l'Homme
|
Société civile
|
Somte Ndealbaye Delphine
|
Membre
|
Société civile
|
Législature de 1997-2002
|
Dina Balingar
|
Membre de la Commission Affaires Sociales
|
URD
|
Ihdjima Abdermane
|
Rapporteur de la Commission
Politique Générale
|
UNDR
|
Marie Koumandiah
|
Présidente Commission Affaires Sociales
|
UDR
|
Législature de 2002-2006
|
Deneram Miantamare Salomène
|
Questeur Adjoint
|
M.P.S.
|
Dersou Kalbasou Dagadang
|
Membre de la Commission Santé, Affaires Sociales,
Conditions de la Femme et Droits de
l'Enfant
|
M.P.S.
|
Fatimé Tchombi Djimadingar
|
Présidente de la Commission Santé, Affaires
Sociales, Conditions de la Femme et Droits de
l'Enfant
|
M.P.S.
|
Khadidja Hassaballah
|
Rapporteur Adjointe, Commission
Économie, Développement et plan
|
M.P.S.
|
Khadidja Nassour Hassan
|
Membre de la Commission Santé, Affaires Sociales,
Conditions de la Femme et Droits de
l'Enfant
|
M.P.S.
|
Koumagoto Neloumngaye Juliette
|
Membre de la Commission Éducation, Culture, Recherche
et Ressources Humaines
|
M.P.S.
|
Loum Elise Ndoadoumngue Neloumsei
|
2e Vice - présidente de l'Assemblée
Nationale
|
M.P.S.
|
128
Natoungue Joséphine
|
Membre de la Commission, Éducation, Culture,
Recherche et Ressources Humaines
|
FAR
|
Ngadala Marie
|
Membre de la commission Santé, Affaires Sociales,
Conditions de la Femme et Droits de
l'Enfant
|
M.P.S.
|
Yorossim Kodjioutou Simone
|
Membre de la Commission, Éducation, Culture,
Recherche et Ressources Humaines
|
M.P.S.
|
Source : Archives de l'Assemblée
Nationale du Tchad.
ANNEXE 5: Liste des femmes nommées au
gouvernement tchadien de 1991 à 2018
Premier Ministre Chef de Gouvernement
|
Période
|
Nom des femmes
|
Fonction
|
Jean Bawoyeu Alingué
|
Mars 1991-mai
1992
|
Mariam Mahamat Nour
|
Secrétaire d'État au Plan et à
la Coopération, puis aux Finances
|
Achta Tone Gossingar
|
Secrétaire d'État à la
Santé publique, chargé des Affaires Sociales et de la
Promotion féminine.
|
Joseph Yodoyman
|
Mai 1992- avril 1993
|
Dionkito née Deyo Julienne
|
Secrétaire d'État à la
Santé publique et aux Affaires sociales
|
Abdelkerim Fidèle Moungar
|
Avril 1993- novembre 1993
|
Bintou Malloum
|
Ministre des Affaires Sociales et de la Famille
|
Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye
|
Nov 1993- Avril 1995
|
Bintou Malloum
|
Ministre de la Condition féminine et des
Affaires sociales
|
Mariam Mahamat Nour
|
Ministres du Plan et de la Coopération
|
Fatimé Tchombi
|
Ministre de la Fonction publique
|
Haoua Outhman Djamé
|
Ministre de l'Environnement, de la Qualité de la vie
et des parcs nationaux),
|
129
|
|
Mme Ngarmbatina Carmel Sou IV
|
Ministre de l'Action sociale, de la Solidarité
nationale et de la Famille
|
Dillah Lucienne
|
Ministre du Développement culturel et artistique
|
Fatimé Issa Ramadane
|
Ministre chargé des Droits de l'homme
|
Khadidja Hassaballah
|
Secrétaire d'État à l'Agriculture,
chargé de la formation professionnelle et de la
sécurité alimentaire
|
Hapsita Alboukhari
|
Secrétaire d'État à
l'Éducation nationale, chargée
de l'alphabétisation
|
Djimasta Koïbla
|
Avril 1995-mai
1997
|
Achta Selguet
|
Ministre de la Condition féminine et des
Affaires sociales
|
Aziza Ahmat Sénoussi
|
Ministre de la Condition féminine
|
Nassour
Guelengdouksia Ouaidou
|
Mai 1997 à décembre
1999
|
Monique Ngaralbaye
|
Ministre de l'Action sociale et de la Famille
|
Agnès Allafi
|
Ministre de l'Action sociale et de la Famille
|
Nagoum Yamassoum
|
Décembre 1999-juin
2002
|
Mariam Attahir
|
Ministère de l'Action sociale et de la Famille
|
Elyse Loum
|
Ministère de l'Action sociale et de la Famille
|
Haroun Kabadi
|
Juin 2002- juin 2003
|
Akia Abouna
|
Tourisme
|
|
Juin 2003-
|
Aziza Baroud
|
Ministre de la Santé publique
|
130
Moussa Faki Mahamat
|
février
2005
|
Ursule Tourkounda
|
Ministre de l'Action sociale et la Famille
|
Fatimé Kimto
|
Ministre de l'Action sociale et la Famille
|
Pascal Yoadimnadji
|
Février 2005- février 2007
|
Haoua Outman Djamé
|
Contrôle d'État et de la Moralisation
|
Chene Adoum
|
Aménagement du territoire, urbanisme et habitat
|
Ngarmbatina Carmel Sou IV
|
Commerce et artisanat
|
Dillah Lucienne
|
Déléguée auprès du ministre des
affaires étrangères
|
Mariam Moussa Ali
|
Secrétaire Générale du Gouvernement
Adjointe
|
Youssouf Saleh Abbas
|
Avril 2008-mars
2010
|
Khadidja Abdelkader
|
Environnement, Eau et Ressources Halieutiques
|
Fatimé Issa Ramadan
|
Chargé des Droits de l'Homme et des Promotions des
Libertés
|
Fatimé Tchombi
|
Fonction Publique et du Travail
|
Hapsita Alboukhari
|
Secrétaire d'État à
l'Éducation Nationale, Chargé de l'Enseignement de Base
|
Mahadié Outhman Issa
|
Secrétaire d'État à la
Santé, chargé des formations sanitaires
|
Khadidja Hassaballah
|
Secrétaire d'État à
l'Éducation, chargé de l'enseignement de
base
|
|
|
Toupta Boguena
|
Santé publique
|
Assia Abbo
|
Secrétaire Général du Gouvernement
|
Naima Abdelmouti
|
Secrétaire d'État à l'Action
|
131
Emmanuel Nadingar
|
Mars 2010- janvier 2013
|
|
sociale
|
Habiba Sahoulba Gontchomé
|
Secrétaire d'État aux Finances, chargé
du budget
|
Yakoura Malloum Alwihda
|
Microcrédits en faveur de la promotion de la femme et
de la jeunesse
|
Amina Kodjiyana
|
Droits de l'Homme et libertés fondamentales
|
Joseph Djimrangar Dadnadji
|
Janvier- novembre
2013
|
Sadié Goukouni Weddeye
|
Action sociale
|
Ruth Tedebé
|
Secrétaire d'État aux
Affaires étrangères
|
Benaiwa Djibergui Rosine Amane
|
Postes et NTIC
|
Djimasbeye Ndade Mandagua
|
Secrétaire d'État à
l'Économie et au plan
|
Chamsal Houda Abakar Kadade
|
Secrétaire d'État à la
Santé publique
|
Haoua Acyl
|
Aviation civile et météorologie
|
Kassiré Isabelle Housna
|
Secrétaire d'État aux
Affaires étrangères
|
Banata Tchalet Sow
|
Microcrédits pour la promotion de la femme et de la
jeunesse
|
Kalzeubé Payimi Deubet
|
Novembre 2013- février 2016
|
Sadié Goukouni Weddeye
|
Action sociale
|
Ruth Tedebé
|
Secrétaire d'État aux
Affaires étrangères
|
Benaiwa Djibergui Rosine Amane
|
Postes et NTIC
|
Djimasbeye Ndade Mandagua
|
Secrétaire d'État à
l'Économie et au plan
|
132
|
|
Chamsal Houda Abakar Kadade
|
Secrétaire d'État à la
Santé publique
|
Haoua Acyl
|
Aviation civile et météorologie
|
Kassiré Isabelle Housna
|
Secrétaire d'État aux
Affaires étrangères
|
Banata Tchalet Sow
|
Microcrédits pour la promotion de la femme et de la
jeunesse
|
Pahimi Padacké Albert
|
Février 2016-mai
2018
|
Sadié Goukouni Weddeye
|
Action sociale
|
Ruth Tedebé
|
Secrétaire d'État aux
Affaires étrangères
|
Benaiwa Djibergui Rosine Amane
|
Postes et NTIC
|
Djimasbeye Ndade Mandagua
|
Secrétaire d'État à
l'Économie et au plan
|
Chamsal Houda Abakar Kadade
|
Secrétaire d'État à la
Santé publique
|
Haoua Acyl
|
Aviation civile et météorologie
|
Kassiré Isabelle Housna
|
Secrétaire d'État aux
Affaires étrangères
|
Banata Tchalet Sow
|
Microcrédits pour la promotion de la femme et de la
jeunesse
|
Félicité Nguesse Ndoubahidi
|
Secrétariat d'État à
l'Éducation nationale et à la Promotion Civique
|
Source : Archives du Secrétariat General
de Gouvernement du Tchad.
133
ANNEXE 6 : Liste des ministres et secrétaire
d'État au gouvernement de Hissein Habré en 1990
Nom des ministres et secrétaires
d'État
|
Fonction
|
Hissein Habré
|
Président de la République, chef de
l'État, président du conseil de ministre, puis ministre de la
Défense nationale, des anciens combattants et des victimes de guerre.
|
Djidingar Dono Ngardoum
|
Ministre d'État
|
Togou Djimet
|
Ministre de l'intérieur et de l'administration du
territoire
|
Gouara Lassou
|
Ministre de l'agriculture
|
Acheikh Ibn Oumar
|
Ministre de relations extérieures
|
Ngarnayal Mbaîlemdana
|
Ministre des Finances et de l'informatique
|
Adoum Moussa Seif
|
Ministre de l'information et de la culture
|
Kamougué Wadal Abdelkadre
|
Ministre du commerce et de l'industrie
|
Ibn Oumar Mahamat Saleh
|
Ministre du plan et de la coopération
|
Mbailaou N. Lossimian
|
Ministre du tourisme et de l'environnement
|
Korom Ahmed
|
Ministre de la santé publique
|
Djibril Négué Djogo
|
Ministre des travaux publics et des Transports
|
Seid Bauche
|
Ministre de la Sécurité alimentaire et des
Populations sinistrées
|
Kassiré Delwa Coumakoye
|
Ministre de l'Enseignement supérieur et de la
recherche scientifique
|
Djibrine Hissein Greinky
|
Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et
des Sports
|
Mahamat Nour Mallay
|
Ministre de l'Élevage et des ressources Animales
|
Yaneko Ruth Romba
|
Ministre des Affaires sociale et de la Promotion
féminine
|
Oudalbaye Naham
|
Ministre de la fonction publique et du Travail
|
Abakar Malla
|
Ministre de la Justice, garde des Sceaux
|
Kotiga Guérina
|
Ministre des postes et de Télécommunication
|
Mahamat Sénoussi Khatir
|
Ministre des Mines et de l'Énergie
|
134
Bilal Soubiane
|
Ministre de l'Aménagement du territoire, de
l'Urbanisme et de l'Habitat
|
Assileck Halata
|
Ministres délégués à la
Présidence de la République, chargé des ressources en
eau
|
Routouang Yoma Golom
|
Ministres délégués à la
Présidence de la République, chargé de l'inspection
générale et du contrôle d'État
|
Youssouf Sidi Sougoumi
|
Secrétaire Général du Gouvernement
|
Mbailao Béral Moise
|
Secrétaire d'État de l'Intérieur et
à l'Administration du Territoire
|
Mahamat Saleh Annadif
|
Secrétaire d'État de l'Agriculture
|
Ouangmoutching Homsala
|
Secrétaire d'État des Relations
extérieurs
|
Abderamane Saleh
|
Secrétaire d'État des Finances
|
Ali Mahamat Zène
|
Secrétaire d'État du Commerce et Industrie
|
Facho Balam
|
Secrétaire d'État du Plan et Coopération
|
Hamid Moussaye
|
Secrétaire d'État du Tourisme et Environnement
|
Mahamat Malloum Kadre
|
Secrétaire d'État à la Santé
publique
|
Moussa Kadam
|
Secrétaire d'État aux Travaux publics et
Transports
|
Mahamat Boukhary Abdelbagui
|
Secrétaire d'État à l'Enseignement
supérieur et
Recherche scientifique
|
Ngargos Monsda
|
Secrétaire d'État à l'Éducation
nationale, Jeunesse et sports
|
Pierre Tokinon
|
Secrétaire d'État d'Élevage et Ressources
animales
|
Sekimbae Bessané
|
Secrétaire d'État à la Fonction publique et
Travaux
|
Source : Archives du Secrétariat General
de Gouvernement du Tchad.
ANNEXE 7 : Présentation des 28 femmes à
l'assemblée nationale à la rentrée parlementaire de
2011
No
|
Nom et prénom
|
Région
|
Circonscription électorale
|
Fonction
|
Parti politique
|
01
|
Achta Bechir
|
Kanem
|
Kanem (Mao)
|
Rapporteur de la
Commission Économie et Plan
|
MPS
|
02
|
Achta Mahamat
|
Chari
|
Baguirmi
|
Commission Santé,
|
MPS
|
135
|
Nour
|
Baguirmi
|
(Massenya)
|
Affaires Sociales,
Condition de la femme et Droit de l'Enfant
|
|
03
|
Alboukhari Habsita
|
Batha
|
Batha Est (Oum- hadjer)
|
Secrétaire de
séance du Bureau de l'assemblée
|
MPS
|
04
|
Alime Ali Haouan
|
Guera
|
Abtouyour (Bitkine)
|
Commission Santé,
Affaire Sociales,
condition de la femme et Droit de l'Enfant
|
MPS
|
05
|
Aziza Baroud
|
Wadi Fira
|
Dar Dama
|
Membre de la
Commission Économie et Plan
|
MPS
|
06
|
Amouna Liady
|
Sila
|
Kimiti (Goz-
Beida)
|
Secrétaire de
séance du Bureau
de l'assemblée,
Membre de la commission Économie et Plan
|
MPS
|
07
|
Aymadji Opportune
|
Logone Oriental
|
Pendé (Doba
|
Rapporteur Général de la
Commission Défense et Sécurité
|
MPS
|
08
|
Aziza Ahamat
Senoussi
|
Wadi Fira
|
Bitkine
|
|
MPS
|
09
|
Ngakoutou Maryo
|
Logone oriental
|
Kouh Ouest
(Beboto)
|
Membre de la
Commission Finance, Budget et comptabilité publique
|
MPS
|
10
|
Djivihein Dabeye
Marsou
|
Tandjilé
|
Tandjilé Ouest
(Kelo)
|
Membre de la
Commission
|
FAR/PF
|
136
|
|
|
|
Éducation, Enseignement supérieur, Recherche
scientifique et
technique et
ressources humaines
|
|
11
|
Epainete Djimina
Assil
|
N'Djamena
|
7ème
Arrondissement
|
Membre de la
Commission
politique général,
institution, lois,
Affaires
administrative et judiciaire
|
MPS
|
12
|
Fatime Abdraman
|
N'Djamena
|
3ème
Arrondissement
|
Membre de la
Commission Défense et Sécurité
|
MPS
|
13
|
Fatime Nouracham
|
Hadjer Lamis
|
Dababa (Bokoro)
|
Membre de la
commission santé,
affaires sociales,
condition de la femme et Droit de l'Enfant
|
MPS
|
14
|
Fatimé Issakha
Haroun
|
Ouaddai
|
Assoungha (Adré)
|
Membre de la
commission, Éducation, Enseignement supérieur,
Recherche
scientifique et
technique et
Ressources
|
MPS
|
137
|
|
|
|
humaines
|
|
15
|
Hadje Zahara Affono
|
Lac
|
Mamdi (Bol)
|
Membre de la
commission
culture, jeunesse et sport
|
MPS
|
16
|
Ildjima Abdraman
|
N'Djamena
|
7ème
Arrondissement
|
Questeur adjoint du
Bureau de l'Assemblée
|
UNDR
|
17
|
Kamoungue née
Denera
|
Mandoul
|
Logone occidental (Moundou)
|
Vice-présidente de
la commission
politique générale,
institution, lois,
Affaires
administrative et judiciaire
|
URD
|
18
|
Kamladje Betoudji
|
Logone Occidental
|
Lac-Wey (Moundou)
|
Membre de la
commission Développement
rural et environnement
|
MPS
|
19
|
Khadidja Hassaballah
|
Barh El
ghazal
|
Barh El ghazal M.
|
Présidente de la
commission Développement
rural et environnement
|
MPS
|
20
|
Loum N. Élise
|
Mandoul
|
Mandoul O.
(Koumra)
|
Présidente de la
haute cour de Justice, membre de
la commission communication
|
MPS
|
21
|
Mansoura Hamid
|
Borkou
|
Borkou (Faya)
|
Rapporteur adjoint de la commission communication,
|
MPS
|
138
|
|
|
|
nouvelles
technologies de l'information
|
|
22
|
Mbainaye Eugenie
|
Logone Occidental
|
Dodjé
(Beinamar)
|
Membre de la
commission, santé,
condition de la femme et Droit de l'Enfant
|
MPS
|
23
|
Ndoubanadji Taram
|
Logone Occidental
|
Kouh Ouest
(Beboto)
|
Membre de la
commission santé
|
FAR/PF
|
24
|
Nekingam Mbayam
|
Logone Occidental
|
Nya Pendé
(Goré)
|
|
MPS
|
25
|
Selguet née Achta
Aguidi
|
Tandjilé
|
Tandjilé (Kelo)
|
Membre de la
commission santé,
Affaires sociales,
condition de la femme et Droit de l'Enfant
|
URD
|
26
|
Souraya Moustapha Mahamat
|
Salamat
|
Aboudea
|
Membre de la
commission Finances, Budget et comptabilité publique
|
MPS
|
27
|
Tchombi Fatimé
|
Tandjilé
|
Tandjilé Est
(Lai)
|
Questeur du
Bureau de
l'assemblée nationale
|
MPS
|
28
|
Habiba Sahoulba
Gontchome
|
Mayyo -
Kebbi Ouest
|
Lac Léré (Léré)
|
Appelée au
gouvernement
|
MPS
|
Source : Archives de l'Assemblée
Nationale du Tchad.

SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
139
140
A- SOURCES ORALES
No
|
Noms et prénoms
|
Âges
|
Qualité
|
Lieu et date de l'entretien
|
1
|
Abdelkerim Marcelin
|
40 ans
|
Enseignant-chercheur
|
N'Djamena, le 03 Septembre 2022.
|
2
|
Amina Longoh Priscille
|
30 ans
|
Ministre du Genre et de la solidarité Nationale
|
N'Djamena, le 20 août 2022.
|
3
|
Aymadji Opportune
|
50 ans
|
Rapporteur général de la commission Défense
et Sécurité au Parlement
|
N'Djamena, le 30 novembre 2022.
|
4
|
Banata Tchalé Saw
|
45 ans
|
Secrétaire General du Conseil National des Femmes
|
N'Djamena, le 16 août 2022.
|
5
|
Beassemda Lydie
|
60 ans
|
Ancienne ministre de l'enseignement supérieur
|
N'Djamena, le 30 octobre 2022.
|
6
|
Beine Zakaria
|
45 ans
|
Enseignant-chercheur
|
N'Djamena, le 10 août 2022.
|
7
|
Benaiwa Djibergui Rosine
|
50 ans
|
Ancienne ministre de l'Hydraulique Urbaine
|
N'Djamena, le 29 septembre 2022.
|
8
|
Djekompte Ribardje
|
60 ans
|
Médecin retraité
|
N'Djamena, le 30 août 2022.
|
9
|
Mariam Mahamat Nour
|
50 ans
|
Présidente du Conseil National des Femmes
|
N'Djamena, le 10 août 2022.
|
10
|
Haoua Acyl
|
45 ans
|
Ministre de l'aviation civile et météorologique
|
N'Djamena, le 10 novembre 2022.
|
11
|
Houlpan Julien
|
60 ans
|
Enseignant-chercheur
|
N'Djamena, le 25 août 2022.
|
12
|
Laobeul Dara
|
70 ans
|
Directeur de CREEL
|
N'Djamena, le 28 septembre 2022.
|
13
|
Laotaye Djekoué Arsène
|
45 ans
|
Directeur au ministère de l'administration du
territoire
|
N'Djamena, le 24 août 2022.
|
141
14
|
Loum Élise
|
55 ans
|
Secrétaire Exécutif REFEMP/T
|
N'Djamena, le 20 août 2022.
|
15
|
Mahamat Mey Mahamat
|
45 ans
|
Enseignant-chercheur
|
N'Djamena, le 22 août 2022.
|
16
|
Merabane Ngae-Odilo
|
45 ans
|
Vice-président e de l'AFJT
|
N'Djamena, le 22 août 2022.
|
17
|
Ndaidouradjé Julius
|
40 ans
|
Personnel au Centre Al- Mouna
|
N'Djamena, le 20 août 2022.
|
18
|
Nom-osso Dara
|
45 ans
|
Médecin à l'hôpital Mère- Enfant
|
N'Djamena, le 02 septembre 2022.
|
19
|
Ndolembai Sadé Djesada
|
45 ans
|
Vice-président du parti les Transformateurs
|
N'Djamena, le 20 août 2022.
|
20
|
Nguesse Ndoubahidi Félicité
|
45 ans
|
Ancienne Secrétaire d'État à
l'Éducation Nationale
|
N'Djamena, le 02 novembre 2022.
|
21
|
Ribardjé Romain
|
57 ans
|
Enseignant
|
Moundou, le 20 août 2022.
|
22
|
Sadié Goukouni Weddeye
|
42 ans
|
Ministre des transports
|
N'Djamena, le 15 août 2022.
|
23
|
Sali Bakari
|
60 ans
|
Enseignant-chercheur
|
N'Djamena, le 20 août 2022.
|
24
|
Walbadet Lucain
|
45 ans
|
Enseignant-chercheur
|
N'Djamena, le 01 septembre 2022.
|
25
|
Yaneko Ruth
|
60 ans
|
Ancienne Ministre de la condition féminine
|
N'Djamena, le 20 octobre 2022.
|
26
|
Yodamné Marie
|
50 ans
|
Présidente de la CELIAF
|
N'Djamena, le 22 août 2022.
|
B- DOCUMENTS DES ARCHIVES
1- Archives du Ministère de l'Action sociale,
de la Solidarité Nationale et de la Famille du Tchad (AMASSNFT) et du
Ministère de la Santé Publique, de l'Action Sociale et de la
Solidarité Nationale du Tchad (AMSPASSNT)
AMASSNF., «Promouvoir le rôle des femmes»,
Rapport d'activité sur PNUD, Avril 2010.
UIP, «La violence à l'égard des femmes dans
les parlements», Rapport d'activité, Octobre 2018.
142
AMSPASSNT., «Rapport national d'évaluation»,
Mars, 2011.
AMSPASSNT., «Rapport national d'évaluation des vingt
(20) ans de mise en oeuvre de recommandation du programme d'action de
Beijing», Juin 2014.
2- Archives du Ministère de l'Économie, de
Plan et de la Coopération Internationale du Tchad (AMEPCIT)
AMEPCIT., «Enquête Démographique», Rapport
d'activité», Mars 2016.
AMEPCIT., «Deuxième Recensement Général
de la Population et de l'Habitat, Résultats globaux,
N'Djamena», Rapport d'activité, décembre 2009.
C- RAPPORTS INSTITUTIONNELS
CNLS, «Rapport d'activités sur la riposte au SIDA au
Tchad 2012-2013», Avril 2014.
EDST, `Rapport d'enquête de la sécurité
alimentaire et de vulnérabilité au Tchad», Mai 2009.
FAO, Politique de la FAO sur l'égalité des sexes.
Atteindre les objectifs de sécurité alimentaires dans
l'agriculture et le développement rural», Rapport des travaux,
Avril 2013.
INSEED, «Rapport final sur le deuxième Recensement
Général de la Population et de l'Habitat, Résultats
globaux» N'Djamena, Octobre 2009
INSEED, «Rapport sur la deuxième enquête sur la
consommation et le secteur informel au Tchad», N'Djamena, Novembre 2006
ONU-Femmes, «Leadership et participation des femmes à
la vie politique», Rapport des travaux, Juin 2019.
PNUD, «Promouvoir le rôle des femmes pour renforcer
les partis politique», Rapport d'activité, Octobre 2011.
UNFPA, «Analyse documentaire sur les violences basées
sur le genre au Tchad», Rapport des travaux, Avril 2010.
UNICEF, «Compilation des bonnes pratiques en matière
d'éducation des filles et des femmes en Afrique de l'ouest»,
Rapport d'activité, Novembre 2011.
143
D- MEMOIRES
Boussanang D., «Femme et Politique au Tchad
(1960-2011)», Mémoire de Master en Histoire, Université de
N'Gaoundéré, 2014.
Kélos D., «Pauvreté des Ménages et
Travail des enfants au Tchad : Niveaux et Déterminants»,
Mémoire de Master professionnel en démographie, IFORD, 2009.
Kouotou. Y., «La société d'exploitation
forestière du Noun (SRFN) et le développement de l'arrondissement
de Massagam 1972- 2004», Mémoire de Maîtrise en Histoire,
Université de Yaoundé I, 2004.
Mahamat M., «Les gouvernements du Tchad : Hommes et
enjeux 1959-2008», Mémoire de Master 2 en Histoire,
Université de Maroua, 2009.
Mbaigolmem D., «La dévolution du pouvoir
politique au Tchad de 1960 à 2011», Mémoire de Master en
Science Politique, Université de N'Gaoundéré, 2014.
Ngadandé J.S., «La représentation des
femmes dans le parlement tchadien», Mémoire de Master en Science
Politique, Université de N'Gaoundéré, 2016.
Ngartebeye Le-yoto E., «La participation des femmes
à la vie politique au Tchad : 19332003», Mémoire de
Maîtrise en Sciences Juridique et Politique, UCAC, Yaoundé,
2003.
Sylla S., «Femme et politique au Sénégal.
Contribution à la réflexion sur la participation des femmes
sénégalaises à la vie politique de 1945 à
2001», Mémoire de DEA, Université de
Paris-PANTHEON-SORBONNE, 2001.
E- THESES
Kobela E. A., «L'impact des projets de
développement sur la qualité de vie des femmes : l'exemple du
PRODALKA au Tchad», Thèse de Doctorat 3e cycle en Sociologie,
Université Bretagne Loire, 2017.
Ramadji A., «L'opposition partisane dans le
système politique tchadien : 1993-2011», Thèse de Doctorat
en Science Politique, Université de Bordeaux, 2015.
F- ARTICLES SCIENTIFIQUES
Adjamagbo-Johnson K., «Le politique est aussi l'affaire
des femmes», Centre de recherche d'information et de formation pour la
femme (CRIFF), octobre, 2013, pp.64-80.
144
Ayélé Kaponton G., «Rôle et
activité politique des femmes du sud du Togo pendant la
décolonisation (1946-1960)», Cahiers du CRA,
no8, 1994, pp. 21-30.
Barbaut T., «Les 10 leçons principales du
leadership féminin en Afrique par Betty Mould Iddrisu»,
Numérique et développement, 20 septembre 2012,
pp.3-10.
Caroline A., «Les femmes et la consommation collective :
les enjeux de l'engagement politique», in Femmes et pouvoir
Politique, (Hiver 1984), pp.170-180.
Cohen Y., «Chronologie d'une émancipation.
Questions féministes sur la citoyenneté des femmes»
Globe, vol.3, no02, Septembre 2000, pp.2-14.
Cohen Y., «Réflexions désordonnant les
femmes du pouvoir» in Femmes et politiques, Montréal, Le
jour éditeur, 1981, p.227-237.
Dangde L., La Place de la femme dans la société
traditionnelle Igbo, in Revue Scientifique du Tchad - Série
A-décembre 2015, p. 20-55.
Dumont G.F., « Géopolitique et population au
Tchad», Outre-terre, 2007, pp. 263-288.
Gaspard F., «De la parité : genèse d'un
concept, naissance d'un mouvement», Nouvelles Questions
Féministes, Vol. 15, no 4. 1994, pp.1-31.
Gingras A. M., «L'influence des femmes sur la politique
publique et la gouvernance» in INRISD infos,
«L'égalité des sexes : En quête de justice dans
un monde d'inégalités», Bulletin de l'UNRISD,
no 27, Mars 2005, pp.4-15.
Goetz A., «L'influence des femmes sur la politique
publique et la gouvernance» in UNRISD Info,
«Égalité des sexes : En quête de justice dans un monde
d'inégalités», Bulletin de l'UNNRISD, no
27, Mars 2005, pp.5-15.
Grunberg G., «acteurs et comportement politiques
: la participation politique'', Cahiers français, n° 276,
1996, pp. 10-40.
Kathleen B., «critical mass theory revisited: the
behavior and success of token women in state legislatures», Politics
& Gender, vol. 1, issue 01, 2005, pp.97-125.
Lombard E., et al, «Promotion de
l'égalité de genre en Espagne ! De la parité politique
à la lutte contre les violences domestiques», in
Égalité des sexes et pouvoir social, information social,
no 15, janvier 2009, p.100-123.
Simard C., «Changement et insertion des femmes dans le
système politique», Politique, no05, 1984, pp.
10-27.
145
Lopez Plaza M. A., «Les femmes sur la scène
politique», Confluences Méditerranée, no
31, 1999, pp.100-112.
Llanos B., et al, «From Words to Action: Best
Practices for Women's Participation», in Latin American Political
Parties, IDEA, 2009, pp.10-32.
Maoundonodji G., et al, «Égalité
entre l'homme et la femme au Tchad : vrai débat de la
société ou faux problème», acte de
conférence, CEFOD, 7 août 1998, pp.4-18.
Manigat S., «Participation politique des femmes : Qu'est-ce
qu'on gagne ?», Haïti perspectives, vol 2, no 3,
2013, pp.10-34.
Manon T., «Représentation», dans Catherine Achin
et Laure Bereni (dir.), Dictionnaire genre & science politique :
concepts, objets, problèmes, Paris, Presse de sciences Po, 2013,
pp.420-458.
Manon T., et al, «More feminists or more women?:
descriptive and substantive representations of women in the 1997 Canadian
federal elections» ,International Political science Review,
vol.21, no 4, 2000, pp.320-398.
Mielle P., «Introduction», in
l'égalité des citoyens devant la justice, Cahier
no18, 2018, pp.1-10.
Rokhaya aw Ndiaye E., «De l'égalité des sexes
à l'égalité des chances» in séminaire de
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TABLES DES MATIERES
153
SOMMAIRE ii
AVERTISSEMENT iii
REMERCIEMENTS iv
SIGLES ET ACRONYMES v
LISTE DES ILLUSTRATIONS vii
RESUME viii
ABSTRACT ix
INTRODUCTION 1
1- CONTEXTE HISTORIQUE 2
2- RAISON DE CHOIX DU SUJET 5
3- DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE 5
3.1- Cadre spatial 5
3.2- Cadre temporel 8
4- CLARIFICATION CONCEPTUELLE 8
5- LA REVUE CRITIQUE DE LA LITERRATURE 11
6- PROBLEMATIQUE 17
7- ETUDE THEORIQUE 18
8- INTERET DU SUJET 21
9- OBJECTIFS 22
10- CADRE METHODOLOGIQUE 23
11- DIFFICULTES RENCONTREES 25
12- PLAN DU TRAVAIL 25
CHAPITRE I : LA FEMME TCHADIENNE AU PARLEMENT ET AU GOUVERNEMENT
A
L'ERE DU MONOPARTISME (1962-1990) 27
I- LES DIFFERENTS REGIMES POLITIQUES A L'ERE DU MONOPARTISME ET
LEUR
HOSTILITE VIS-À-VIS DE LA FEMME (1962-1990) 28
1- Le régime présidentialiste de Ngarta Tombalbaye
(1960-1975) 28
2- Le régime militaire du Général
Félix Malloum Ngakoutou Bey-Ndi et les Gouvernements de
Transition (1975-1981) 31
3- Le régime dictatorial de Hissein Habré
(1982-1990) 33
II- LES PARCOURS DE QUELQUES FIGURES FEMININES MARQUANTES DE
L'HISTOIRE POLITIQUE DU TCHAD 38
1- Bourkou Louise Kabo : première femme élue
à l'Assemblée Nationale tchadienne de 1962-1973
39
2-
154
1- L'analyse de la situation des violences 93
2- Les orientations stratégiques 95
Fatime Kimto : première femme Secrétaire
d'État puis ministre du Tchad de 1982-1986 40
3- Khadidja Touré : Membre parlementaire et militante,
avocate et défenseuse des droits
humain ..42
CHAPITRE II : L'EMANCIPATION POLITIQUE DE LA FEMME
TCHADIENNE DEPUIS
L'INSTAURATION DE LA DEMOCRATIE EN 1990 44
I- LE COMBAT POUR L'ÉGALITÉ DE DROITS 45
1- Le combat pour l'égale participation aux
débats publics 45
2- Le droit à l'égalité du genre et de
justice 46
II- LA CONQUETE DES DROITS POLITIQUES 47
1- La femme tchadienne au niveau du parlement 47
1- La femme au niveau du gouvernement 50
2- Une participation limitée dans les instances
étatiques 56
3.1. Les facteurs externes 56
3.2. Les facteurs internes 61
III- L'EMANCIPATION DES FEMMES AU NIVEAU DU LEADERSHIP EN
POLITIQUE
AU TCHAD 65
1.1- L'Association des Femmes Juristes du Tchad 67
1.2- La Cellule de Liaison des Associations Féminines
68
1.3- Le Réseau des Femmes Ministres et Parlementaires
du Tchad (REFEMP/T) 69
2- Les oeuvres des organisations féminines 70
CHAPITRE III : LES POLITIQUES LIEES AUX FEMMES ET LEUR
NIVEAU DE MISE EN
OEUVRE AU TCHAD 73
I. LA POLITIQUE NATIONALE DE GENRE AU TCHAD 74
1- Contexte de son élaboration 74
2- Les inégalités de la gente féminine
au Tchad 77
2.1- Dans les secteurs sociaux 77
2.2- Sur le plan institutionnel (politique et prise de
décision) 81
2.3- Au niveau de la justice et des droits humains 82
3- Les mécanismes prévus pour la promotion du
genre 84
II- LE CODE DES PERSONNES ET DE LA FAMILLE 86
1- La question du code de la famille 87
2- Difficulté d'élaboration du Code et
perpétuation des inégalités entre les hommes et les
femmes 90
III- LES AUTRES POLITIQUES LIEES AUX FEMMES : LA STRATEGIE DE
LUTTE
CONTRE LES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE AU TCHAD 93
155
CHAPITRE IV : LE QUOTA ET LA PARITE : DEUX STRATEGIES
DE RESOLUTION DE LA
SOUS-REPRESENTATION DES FEMMES TCHADIENNES EN POLITIQUE 97
I- LA POLITIQUE DU QUOTA 98
1- La nécessité du quota au sein des partis
politiques 99
2- La candidature féminine au poste
d'éligibilité au sein des partis comme élément
favorisant
l'équité genre 101
II- LA POLITIQUE DE LA PARITE DANS LES FONCTIONS NOMINATIVES
ET
ELECTIVES : UN SOUHAIT A REALISER 104
1- Du quota à la parité : vers une innovation
politique 104
2- La traduction du discours sur le quota vers la
parité au Tchad : une priorité de l'ODD des
Nations Unies 106
III- LES PROCESSUS D'IMPLICATION DE LA FEMME TCHADIENNE DANS
LES
INSTANCES DE PRISE DE DECISION 107
1- Les actions 107
1.1- Actions de sensibilisation 107
1.2- Actions de plaidoyer 109
2- Les recommandations 110
2.1- Sur le plan socioculturel 110
2.2- Sur le plan politique et institutionnel 111
2.3- Les partis politiques 113
2.4- Les associations féminines 114
2.5- Aux femmes 115
2.6- Aux hommes 116
CONCLUSION 117
ANNEXES 117
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 117
TABLES DES MATIERES 117
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