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Contribution d'une éthique de la discussion et de l'action à  la lutte contre la pauvreté à  l'échelle planétaire

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par Jean Barnabé Milala Lungala
Université de Kinshasa - Diplôme d'études supérieures(DES) 2005
  

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5. La problématique de la pauvreté anthropologique (MVENG).

5.1. La paupérisation anthropologique en Afrique.

Pour MVENG, « la colonisation était un système de paupérisation anthropologique d'asservissement et de dépendance »79(*). Tout cela a été précédé par l'annihilation anthropologique à travers l'esclavage comme négation de ce qu'on appelle les droits de l'homme, la négation pure et simple de leur humanité. Le travail doit consister à extirper des expropriateurs les préjugés racistes d'autant plus que la Traite négrière opérée a été sur des bases d'une certaine religion  pour les « hommes sans âmes ». S'en sont suivis les « néo-systèmes de dépendance qui se cachent derrière le masque de la coopération »80(*).

Ce qui est plus important ce que « la pauvreté économique et sociologique dont souffre le peuple est le résultat de son aliénation par les forces d'exploitation et d'oppression »81(*). De là il est possible de lutter véritablement contre tous les maux qui y découlent : la discrimination sous toutes ses formes, le désarmement, les injustices sociales, le droit révolutionnaire des peuples.

L'homme africain incarne au cours des cinq derniers siècles, le type même du pauvre, du faible, de l'opprimé. Voilà donc la réalité africaine, telle qu'elle est vécue, ici, à tous le niveaux, dit-il82(*).

Il faut donc s'attaquer du mal à la racine, la cognée est à la racine de l'arbre : il faut s'attaquer à la racine du mal africain. Dans son livre intitulé, l'Afrique dans l'Eglise, paroles d'un croyant, il présente le problème africain comme la perpétuation de la dépendance.

Sa méthode est simple, elle consiste à analyser le contexte de l'Afrique pour y déceler sa singularité, « le point de départ est l'analyse du contexte dans le quel vivent les communautés concernées ». Ce contexte s'avère être un contexte d'oppression et d'injustice. La paupérisation anthropologique renvoie à une situation semblable, où « la condition humaine est une condition de précarité, de fragilité. ... Cette situation embrasse l'homme, tout homme, tous les hommes, à tous les niveaux »83(*).

Qu'il suffise de prendre quelques mots des poètes pour s'en rendre compte : « Dans l'Afrique des indépendances, ils sont légions, selon le mot du poète, ces princes ( ) qui sont venus nus de leur provinces, ont tout perdu, leur langue, leur histoire, leurs traditions, leurs arts, leur société, et tous les trésors spirituels qui ont fait la vitalité de leurs peuples. Il n'y a rien de plus tragique qu'un peuple qui a perdu ses racines, et qui se trouve, sans guide et sans soutien, livré à l'océan déchaîné de l'histoire contemporaine, à la merci de faux timoniers qui souvent ne sont que des tyrans ou d'aveugles aventuriers drogués par un pouvoir de marionnettes  manipulé de l'extérieur. Les pauvres d'Afrique ne sont pas seulement quelques clochards, quelques mendiants aux recoins des rues. Ce sont des peuples entiers, errants, dans la nuit, enivrés des slogans, bâillonnés, muselés, attelés à des trains fous, dans les scènes dantesques de désespoir.»84(*)

Les noirs ont été « assimilés aux bêtes de somme, et exploités pendant plus de trois siècles dans les plantations du nouveau monde »,85(*) au nom des falsifications bibliques, notamment la malédiction de Cham.

Puis vint la colonisation, préparée par la gigantesque campagne philanthropique de l'abolition de la Traite. L'Afrique en sortie exsangue et étranglée. Pour Léopold II de Belgique, un Jules Ferry de France, les africains sont de grands enfants, par conséquent le partage de l'Afrique est tout à fait normal86(*).

Une telle situation pour Engelbert MVENG est un aveuglement et une perversion ontologique pour une Europe qui se croit supérieure.87(*) Le refus aux autres d'être le créateur de leur destin, au nom du plus fort. Le destin des peuples noirs perpétue leur anéantissement anthropologique. Ayant passé loin de génocide, les noirs passent à l'ethnocide, c'est-à-dire à la mort de leur âme, de leur culture, de leur identité, au spectacle précipité de la fin de leur histoire, de la « fin des Temps »88(*).

L'assimilation elle-même abolissait notre identité et notre droit à la différence, c'était une des formes extrêmes de paupérisation anthropologique. 89(*) La philanthropie paternaliste nous revient sous la forme de lutte contre la pauvreté aujourd'hui.

Selon Engelbert MVENG l'étude systématique de la pauvreté en Afrique, n'a pas encore était faite.90(*) C'est une question épistémologique. Toutes les recherches portent sur le sous-développement, c'est-à-dire sur les aspects socio-économiques de la pauvreté. Tout cela n'est qu'un aspect seulement de la réalité africaine. L'échec de la décennie du développement, lancée par les Nations unies, a montré que pour l'Afrique, comme pour le reste du Tiers monde, la réalité est à la fois plus complexe et plus dramatique.

La paupérisation anthropologique est une situation et non un état. Nous avons perdu notre langue, notre histoire, nos traditions, nos arts, etc.91(*)

Les maux qui en découlent ont causé :

- l'absence de l'Afrique là où l'on décide de son destin, des grands centres de décision du monde parce que c'est le lot des faibles.92(*)

- la dépendance, au moyen des néo-systèmes de dépendance qui se cachent derrière le masque de la coopération.

- le vide spirituel. MVENG est décidément celui qui dit à tout le monde qu'en dépit du fait que la Tradition africaine est bien vivante dans des campagnes africaines, le vide spirituel est béant. En effet, « le vide spirituel est peut être la conséquence la plus dramatique de cette paupérisation. Ce vide fait de ravages dans des quartiers surpeuplés des villes, où le menu peuple, aux prises avec les dures réalités d'une la vie quotidienne souvent inhumaine, se laisse exploiter par les marabouts et les charlatans de toutes catégories. Même dans la campagne où la tradition n'est pas morte, les maîtres à penser, les maîtres à prier, les maîtres à guérir sont devenus rares »93(*). Cette idée est peut-être celle qui a fondé l'ossature de son combat. En effet, les peuples africains sont ceux habitués, « familiarisés avec une tradition millénaire de contact avec l'au-delà, et à qui le christianisme offre une piètre trop dépaysante, et une doctrine faite des formules momifiées, outrecuidantes94(*), inintelligibles » ! Je considère qu'il s'agit ici d'un christianisme confessionnel.

L'Afrique est débordée, « ce sont les familles qui implorent pour leurs enfants une éducation que ni l'Etat, ni l'école importée, ni la société traditionnelle, n'arrivent à leur donner »95(*).

« La pire misère c'est la déchéance morale ; la corruption, la vénalité qui rongent nos sociétés et nos institutions »96(*). L'Afrique « aux foules plongés dans l'ignorance, le sous-développement, la déchéance morale et la corruption,... »97(*). Les jeunes sont livrés à la fumée des idéologies.

Il faut donc s'attaquer à la racine de mal pour « rendre à l'homme africain sa dignité, son identité, sa présence au monde ».98(*)

* 79 Engelbert MVENG, l'Afrique dans l'Eglise Parole d'un croyant, L'harmattan, Paris, 1985, p.207.

* 80 Ibidem, P.211.

* 81 Ibidem, p.202.

* 82 Ibidem, p.203.

* 83Ibidem, p. 201.

* 84 Ibidem, p.210.

* 85 Engelbert MVENG, l'Afrique dans l'Eglise Parole d'un croyant, p.204.

* 86 Ibidem,p.204.

* 87 Ibidem,p.206.

* 88 Ibidem,p.206.

* 89 Ibidem, p.208.

* 90 Ibidem, p.209.

* 91 Ibidem, p.210.

* 92 Ibidem, p.211.

* 93Ibidem, p.211.

* 94 Ibidem.

* 95 Ibidem, p.212.

* 96 Ibidem, 212.

* 97 Ibidem, p.213.

* 98 Ibidem, p.213.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams