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Les stations de sports d'hiver face au changement climatique

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par Siv-Ann LIPPERT
Université Joseph Fourier - Institut Géographie Alpine, Grenoble - Master 2 2007
  

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5.5 Le marché touristique des stations d'hiver dans les Alpes
françaises

Les Alpes réunissent plus de six cent soixante-six domaines skiables24 et font partie des plus grandes régions touristiques mondiales. Selon Bätzing (1997) elles accueillent un quart de tous les touristes du monde.

Les stations de montagne ont des positionnements différents sur le marché touristique d'hiver surtout selon des conditions environnementales. Des stations en haute altitude avec une forte fiabilité de l'enneigement sont plus fréquentées par une clientèle sportive avec un bon voir très bon niveau dans les différentes pratiques des sports d'hiver. Ils cherchent souvent des très bonnes conditions d'enneigement et des très bons aménagements des pistes. Au contraire, dans les altitudes plus basses on trouve généralement des stations plus petites qui sont plus fréquentées par des familles et des pratiquants de la région. Donc, pour faire une représentation du marché d'hiver il faut être conscient que la clientèle d'une seule station d'hiver dans les Alpes ne représente pas la moyenne de toute la clientèle des différentes stations d'hiver de l'Arc alpin.

La base pour l'analyse des touristes d'hiver dans les Alpes françaises est fondée à partir de différents enquêtes publié pour la plupart par le Ministère des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer25 étant la plus importante l'enquête sur les sports d'hiver : pratiques et pratiquants du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative26. Ces études concernent les pratiques de sport d'hiver dans l'ensemble des espaces montagnards français et

27cf. Organisation Mondiale du Tourisme, 2006, disponible sur http://www.oecd.org/document/49/0,2340,fr_2649_201185_37825521_1_1_1_1,00.html; consulté le 16/12/2006

25Veuillez trouver les études qui ont été consultées pour la réalisation de cette partie du mémoire dans l'annexe 1.

26cf. Thiery Patrick, 2006

ne différencient pas les différents massifs. Les Alpes sont la destination hivernale et montagnarde la plus importante en France avec une part du marché de 69% (Alpes du Nord à 53% et Alpes du Sud à 16%), suivi par les Pyrénées (15%).

Les différentes études concernant le marché des sports d'hiver ne sont pas publiées avant octobre ou novembre de l'année de leurs réalisations. Pour cette raison, les résultats des études les plus actuelles qui sont intégrés dans ce travail concernent l'hiver 2005/2006.

Pendant l'hiver 2005/200627 un Français sur deux est parti en séjour d'hiver. Cependant, il n'y a que 8,9% qui sont partis en séjour d'hiver en station pour pratiquer une activité de sport d'hiver.28 (cf. tableau 2) Cela montre bien que les séjours des sports d'hiver ne jouent pas un rôle prépondérant concernant le nombre des départs en vacances pendant l'hiver. Notamment, les séjours d'hiver au soleil semblent devenir des concurrents de plus en plus forts.

Tableau 2: Repartition des departs en séjour d'hiver 2005/2006 Source : adapté selon Dauphin L., 2006

44%

9%

Repartition des departs en
sejour d'hiver 05/06

47%

population qui ne parte pas en séjour d'hiver

population qui part en séjour d'hiver

population qui part en séjour d'hiver et pratique les sports d'hiver

27Septmois pendant l'hiver sont calculés : octobre à avril (inclus). 28cf. Dauphin L., 2006

Il faut cependant noter que les études concernant les pratiquants des sports d'hiver sont basées sur les nuitées. Donc, ils ne prennent pas en compte tous les clients journaliers qui ne vont à la montagne que pour une journée. Le constat du Ministère de la Jeunesse et des Sports (cf. Thiery, 2006) relève que quatre-vingt-dix pourcent de la pratique des sports d'hiver est journalière. Donc, il y a une grande importance en nombre des pratiquants qui ne passent pas la nuit dans la station.

Les stations villages sont les destinations favorites pour les français. Cinquante-neuf pourcent apporte une grande importance sur la convivialité du lieu et aux activités de détente en famille. Les clients sont en général fidèles et sont habitués à 54% à retourner dans la même station de sport d'hiver. La tendance des années précédentes montre que seulement dix pourcent partent plusieurs fois dans une même saison d'hiver. Soixante-quinze pourcent passent une semaine pour leurs vacances d'hiver. Il n'y a que dix pourcent qui reste plus que dix jours. Cette tendance est indépendante du type de sport d'hiver pratiqué. Les raisons pour les intentions de non départ en hiver 2006/2007 sont d'ordre financier ou liées au rythme du travail.

La clientèle des sports d'hiver est plutôt jeune et masculine. En effet, environ la moitié d'entre elle a moins de trente ans. Surtout les pratiquants de snowboard sont très jeune (85% ont moins de trente ans). Le groupe d'age de 30 ans à 50 ans reste lui aussi important. Selon les différents destinations on y trouve environ quarante pourcent toutes les différentes pratiques de sports d'hiver confondues. Cependant, le ski de fond est la seule pratique d'hiver qui est représentée à peu près également dans chaque tranche d'âge (38% pour les moins de 30 ans, 28% pour les pratiquants entre 31 et 50 ans, 35% pour les plus de 50 ans).29 C'est aussi dans la pratique du ski de fond où on trouve une parité

29 Il n'y a pas de données sur la répartition des tranches d'âge dans les autres pratiques de sport d'hiver (raquette à neige, bobsleigh, patinage).

parfaite entre les femmes et les hommes (à peu près pareil pour les autres activités de sport de neige comme les raquettes à neige, le patinage, le bobsleigh). C'est le snowboard qui attire plus d'hommes (64%) que femmes. Pour le ski alpin les hommes sont légèrement majoritaire (52%).

Tableau 3: Parité hommes - femmes dans les sports de neige Source : Thiery P. (2006)

En lien avec l'âge moyen le taux de célibataires (40% des plus de 15 ans) et le taux des jeunes en formation sont élevés (près de 40% des vacanciers en sport d'hiver). Le niveau d'étude d'enseignement supérieur atteint par ceux qui ne sont plus en formation se trouve à cinquante-cinq pourcent. Le taux des pratiquants au chômage est très bas avec trois pourcent. Presque la moitié des personnes ayant un emploi occupent des postes de niveau de cadre supérieur

tandis que seulement quatre pourcent sont des ouvriers. Quatre-vingt-cinq pourcent des pratiquants de ski alpin font parti des ménages avec un revenu annuel de plus de trente-sept milles euros. Pour à peu près vingt-cinq pourcent d'entre eux le revenu annuel du ménage dépasse soixante-huit mille euros. (cf. tableau 4)

Tableau 4: Revenu par ménage des pratiquants du ski Source : adapté d'après l'enquête de Thiery P. (2006)

100% 80% 60% 40% 20%

0 %

Revenu des pratiquants du ski

plus de 68000 euro s

moi n s de 37000

entre 37000 euros et68000 euros

euro s

De plus, entre les skieurs alpins il y a cinquante-six pourcent qui a atteint un niveau d'enseignement supérieur30. Le tableau suivant montre les catégories socio-professionnelles par rapport aux différentes pratiques de sport d'hiver. Il révèle que les cadres et les professionnels intellectuels supérieures sont représentés le plus souvent dans la pratique du ski alpin. Cependant, ce sont les jeunes en formation (lycéens et étudiants) qui sont les plus représentés dans la pratique du snowboard. Mais c'est encore une fois seule la pratique du ski de

30de ceux qui ont déjà terminé leur formation

fond qui s'approche le plus à avoir un équilibre entre les différents groupes socio-professionnels. Les groupes représentés avec un très faible taux de participation dans toutes les différentes pratiques, sont les agriculteurs exploitants, les artisans, les commerçants, les chefs d'entreprise et les ouvriers.

Tableau 5 : Répartition des sports de neige par catégorie socio-professionnelle Source : Thiery P. (2006)

Les pratiquants des sports d'hiver pratiquent à quatre-vingt-trois pourcent le ski alpin, à douze pourcent le ski de fond, à huit pourcent le snow-board et à quinze pourcent d'autres sports d'hiver (raquettes à neige, patinage, bobsleigh).31 De toutes les pratiques de sport d'hiver le ski alpin est le plus souvent pratiqué seul en dehors de toute autre activité de neige (à 82%). Les autres activités de neige sont souvent moins exclusives.

31 Le total dépasse cent pourcent car il y a une partie des pratiquants des sports d'hiver qui pratique plus qu'un sport d'hiver.

Tableau 6: Les modes de pratique des sports d'hiver Source : Thiery P. (2006)

Le mode d'hébergement est souvent celui de la location saisonnière (45%), puis l'hébergement gratuit chez les amis, la famille ou en résidence secondaire (32%), et ensuite l'hébergement à l'hôtel (11%) ou dans des clubs commerciaux ou associatif (11%).

Seul dix pourcent des personnes qui sont en séjours des sports d'hiver profitent des activités culturelles en plus de l'activité sportive. Comme les coûts d'un séjour en sport d'hiver sont importants (matériel et forfait), les pratiquants essaient en général de les rentabiliser au maximum pendant leur séjour - donc de faire du ski pendant toute la journée.

5.6 Les nouvelles tendances des pratiques sportives

Les caractéristiques principales des pratiquants de sports d'hiver montrent que les pratiques sont loin de s'être démocratisées. Ce constat vaut notamment pour les pratiques qui nécessitent des forts aménagements et qui coûtent chères comme le ski alpin. Michon B. et al. (1989) estiment le ski alpin comme la pratique sportive au quatrième rang des pratiques sportives les plus chères.32

32Il s'agit du coût global moyen de chaque pratique sportive où le ski alpin tient le quatrième rang après l'équitation, le patinage et la planche à voile. Ce listage date cependant de 1989, donc en considérant l'augmentation des prix des forfaits des remontées mécaniques au cours des

Selon Mao P. (2006) les pratiques sportives sont dans une évolution d'une double dynamique socio-spatiale. Elles passent d'une marginalité géographique, sociale et sportive (peu d'activités de nature) à une intégration aux modèles sportifs et sociétaux dominants. Cela implique la diversification des pratiques, la diffusion géographique, la médiatisation et la compétition. Une révolution culturelle fait évoluer le statut du pratiquant sportif vers celui de l'usager et de consommateur. Le pratiquant aujourd'hui cherche l'accès facile, non contraignant aux activités, sans projet d'autonomie.

Ce constat de Pascal Mao s'applique particulièrement aux sports d'hiver des stations. Les pistes de descente apparaissent être de plus en plus sécurisées et équipées. Même le «hors-piste» fait généralement partie de la zone sécurisée. De plus, depuis environ vingt ans le ski n'a plus le monopole dans les stations, mais on assiste à une grande diversification des pratiques sportives hivernales. Pour se donner l'image jeune et «fun» une station est obligée aujourd'hui d'avoir une zone «freestyle » avec des halfpipes, des possibilités de sauts, etc. Cette commercialisation des nouveaux styles et pratiques est spéciale aux sports d'hiver. Le pratiquant de sports d'hiver dans les stations ne peut pas échapper à la consommation. Il a besoin d'un équipement cher, des remontées mécaniques, d'un aménagement des pistes et souvent des prestations de restauration et d'hébergement.

Cependant les nouvelles formes de glisses ont un impact non-négligeable sur les stations de sports d'hiver. Selon Bourdeau Ph. (2007), un nouveau modèle culturel est en train de s'affirmer. Les styles de glisses ne sont plus ancrés dans la compétition comme avant. C'est le plaisir et les activités ludiques qui comptent maintenant. Une pratique sportive fait partie d'un style de vie complet. Mais même si les pratiques des sports d'hiver sont fortement commercialisées aujourd'hui, généralement elles ont pris leur début dans un petit groupe de jeunes qui ont expérimenté des styles différents. Cependant, ce

dernières années, il est bien possible que la pratique du ski alpin soit montée dans le listage des pratiques sportives les plus chères.

sont surtout les jeunes qui vont bientôt manquer dans les domaines skiables. 33 Les prix élevés des pratiques de sports d'hiver sur les domaines skiables, font que les familles n'ont pas le revenu nécessaire pour payer un séjour en station. Donc, il y a de moins en moins d'enfants qui apprennent une pratique de sports d'hiver. De plus, il s'ajoute à ce fait un vieillissement important de la population. Donc, s'il n'y a plus bientôt d'assez jeunes pour innover les pratiques ce va être les marchands des sports d'hiver qui vont aller innover pour stimuler la demande. Mais vu le fait que les marchands agissent selon des principes économiques (maximalisation du profit) l'innovation sportive ne va plus être portée par le sport lui-même.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry