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L'identité en débat - Représentations et idéologies dans les discours sur l'immigration au sein de l'espace public

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par Jean-Marie GIRIER
Université Lyon II - Université Lyon III - ENS-Lsh Lyon - Master 2 recherche en Sciences de l'information et de la communication 2007
  

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Acteurs institués et acteurs réels

Dans cet espace public médiaté du débat sur l'immigration, il est important d'analyser quels acteurs ont été institué en tant que moteurs de la lutte contre ce projet. Dans l'espace « légitimé » par les médias, les actions des collectifs issus du champ de l'économie sociale ont été très largement amplifiées. Ainsi, le collectif « Uni(e)s contre une immigration jetable », grâce à une stratégie d'actions politiques à haute portée symbolique, a été institué par les médias comme l'acteur incontournable d'opposition, avant même l'opposition des partis politiques. Dès les prémisses du débat public, Le Monde met en avant le « tollé des associations contre le projet Sarkozy » en insistant sur la multiplicité des acteurs qui s'accordent autour d'une lutte commune :

« Selon Act Up, la Cimade (service oecuménique d'entraide), la Fasti (la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés), le Gisti (Groupe d'intervention et de soutien aux travailleurs immigrés), la LDH (Ligue des droits de l'Homme), le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) et le 9ème Collectif des sans-papiers, ce projet "annonce une nouvelle étape dans la guerre aux étrangers menée par le gouvernement". »

Les journaux quotidiens comme les médias audiovisuels se feront l'écho des grandes manifestations populaires « contre l'immigration jetable », si bien que notre corpus contient seulement deux entretiens avec des membres du gouvernement ou de la majorité, contre treize pour les leaders associatifs et trois pour les responsables socialistes.

Au contraire, le discours des Églises chrétiennes et de leurs branches associatives n'est que très peu repris. Le Monde relayera leurs actions seulement à travers deux brefs articles, l'un avant le débat pour faire part de leur « l'inquiétude », l'autre après le vote pour retranscrire le synode de l'Eglise réformée durant lequel elle s'est « alarmée » de la situation des sans-papiers. Libération évoquera rapidement la nouvelle « croisade contre la loi Sarkozy » de cinquante associations chrétiennes.

Selon les acteurs associatifs et politiques que nous avons pu rencontrer, cette construction de l'espace public ne serait pas représentative du réel de la mobilisation de terrain. En effet, les parlementaires de droite, et ceux de gauche dans une moindre mesure, ont été très fortement sollicités par les représentants des Églises qui ont entrepris un important travail de lobbying. D'ailleurs, on peut constater qu'au cours du débat parlementaire, il a davantage été question de la position de l'Eglise catholique que des associations, ce qui ne transparaît pas du tout dans le traitement journalistique des débats. Sur la question des sans-papiers, beaucoup regrettent que le travail de fond entrepris depuis des dizaines d'années par certaines organisations ait été occulté. On voit clairement, dans cette circonstance, la capacité des médias à faire naître des acteurs nouveaux. Le travail de réinterprétation journalistique a institué des acteurs collectifs comme références de la réalité au détriment de militants réels auxquels on a barré l'accès au statut d'acteur dans l'espace public.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus