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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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c) Un nouvel « allié » : les médicaments

Le Figaro est le seul quotidien à évoquer le rôle que peuvent jouer les médicaments dans la guérison de l'anorexie. L'article663(*) nous raconte que des chercheurs ont expérimenté l'effet des anti-dépresseurs sur les comportements boulimiques, lesquels auraient « une action positive » sur un « état d'esprit transitoirement négatif » mais pas sur « la sensation de faim ». La question est de savoir s'ils pourraient également contribuer à « soigner » l'anorexie. Même si le quotidien fait état des recherches en cours, il doute de l'efficacité d'une telle solution et nuance l'impact de ces études. Le discours nous révèle que ce sont seulement « quelques études » qui « commencent à montrer que [les anti-dépresseurs] diminueraient les rechutes » fréquentes au début de la guérison. Par l'emploi du conditionnel, le terme « commencer », et terme « quelques », le journal suggère qu'il ne faut pas accorder trop d'importance à ces recherches, les données étant « encore très fragmentaires » dans « un domaine si complexe ». En outre, Le Figaro conclut en disant qu'« on est loin d'avoir découvert le médicament miracle de l'anorexie », une conclusion qui relativise d'autant plus l'efficacité des anti-dépresseurs et des médicaments en général. Rappelons, que l'anorexie n'est pas une maladie uniquement somatique et qu'elle concerne tout autant le psychisme, ce qui rend peu probable la guérison par la seule voie médicamenteuse. Si certains médecins recourent effectivement aux anti-dépresseurs, ils le font dans des cas bien précis et ces médicaments ne permettent en rien de guérir une anorexique.

d) La guérison et les pronostics de l'anorexie

L'un des articles du Figaro nous fait par de l'impact de l'anorexie sur une éventuelle maternité. Si les conclusions du professeur Gerald Russel font « froid dans le dos », elles sont rapidement minimisées par le journal. En effet, d'après cet expert, les enfants d'anciennes anorexiques seraient, pour la majeure partie, mal alimentés. Cependant, le quotidien lui oppose les conclusions d'un autre expert : P. Jeammet explique que « la grossesse chez des femmes anorectiques » n'est pas « exceptionnelle » et les complications ont « un caractère exceptionnel ». Ses constations s'appuient sur une étude Inserm, « une des plus grandes séries suivies », ce qui renforce d'autant leur légitimité et contribue à discréditer les paroles de l'expert anglais. Une adolescente anorexique peut avoir une maternité tout à fait normale.

Le quotidien évoque les pronostics de guérison en recourant aux propos de P. Jeammet. « L'évolution à moyen et long terme est très variable » et peut aller de « la guérison définitive et complète au passage à la chronicité, voire, exceptionnellement à la mort ». Le quotidien n'exclut donc pas une guérison totale même s'il ne précise pas le nombre d'années nécessaires à cette guérison. Nous pouvons remarquer qu'ici la mort est présentée comme exceptionnelle alors qu'un autre article semblait, au contraire, mettre l'accent sur le taux assez élevé de mortalité664(*). Nous pouvons interpréter cette discordance comme le signe d'une polyphonie du discours. Ici, c'est à un expert qu'est donnée la parole alors que dans l'article précédemment mentionné, c'est le quotidien qui parle. Le Figaro évoque les différents cas de figure même s'il ne les accompagne d'aucune indication chiffrée : certaines anorexiques conservent « une conduite anorectique à minima », d'autres alternent des phase « d'anorexie et de boulimie » et enfin les « tendances dépressives » peuvent s'observer malgré la « `guérison' » (la guérison n'est alors pas totale d'où l'usage des guillemets).

L'analyse des discours de presse du Figaro révèle la « démission » du journal qui ne dit quasiment rien de la problématique de la prise en charge de l'anorexie, pourtant fondamentale. Cette démission contraste avec la gravité de la maladie que le quotidien soulignait. Il se contente de mentionner la nécessité d'une prise en charge globale et n'évoque qu'un seul mode de traitement : la séparation familiale. Nous ne pouvons guère conclure sur la question des relations entre soignant et patiente puisque le seul exemple que nous fournit le quotidien concerne une anorexique qui refuse d'être prise en charge. Enfin, la guérison semble possible mais dépend des chaque cas et aucune donnée chiffrée ne nous est donnée. Les informations que nous venons de mentionner permettent de penser que le journal ne se refuse pas à parler de la maladie mais qu'il n'y parvient pas celle-ci étant trop complexe.

* 663 Le Figaro, 25 juin 1997.

* 664 Le Figaro, 26 février 2003.

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