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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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d) L'actant sujet est victime de sa propre performance

Les conséquences physiologiques et psychiques de la maladie ne retiennent pas vraiment l'attention du quotidien. Nous trouvons juste la phrase suivante : Caroline est « épuisée, physiquement, psychiquement »563(*) qui indique que les complications de l'anorexie sont à la fois physiques et psychiques. Le journal ne donne aucun détail clinique et occulte donc l'aspect médical de la maladie cependant, il accorde tout de même de l'importance aux victimes de l'anorexie. Nous trouvons quelques indications qui révèlent l'ampleur des complications engendrées par la maladie, le quotidien mettant surtout l'accent sur l'aspect physique. Il évoque les « photos de côtes saillantes, décharnées » visibles sur les sites pro-anorexiques et décrit une anorexique comme une « jeune femme au visage creusé ». Celle-ci précise qu'il « lui est arrivé de peser moins de 45 kilos ». C'est la seule indication chiffrée dans tout le corpus qui nous donne une idée de la perte de poids liée à l'anorexie. Libération ne dit rien des complications physiologiques de la maladie qui pourtant peuvent entraîner la mort. En revanche, le thème de la mort figure dans plusieurs articles. Il faut également préciser qu'il qualifie explicitement l'anorexique de victime. Ainsi, les adolescentes sont « victimes » de l'idéologie de la minceur564(*), ce qui laisse entendre que le quotidien ne considère pas les anorexiques comme responsables de leur maladie. De même, M. Rufo explique que Caroline est agressive et « attaque son corps »565(*). Cette parole n'est certes pas celle du journal cependant, le journaliste a choisi cette scène pour écrire l'article, ce qui ne peut-être anodin. L'utilisation du terme « attaque » est révélateur du statut de victime de l'anorexique. Il révèle aussi l'une des spécificités de la maladie : l'anorexique est à la fois actant sujet et victime, victime de sa propre performance.

Enfin, nous avons remarqué que le thème de la mort revenait à plusieurs reprises dans différents récits ce qui n'est pas anodin. La mort, qui peut être l'une des conséquences de la maladie, constitue l'anorexique en victime. Nous aborderons ce thème dans la dernière partie de notre analyse qui concerne la prise en charge de l'anorexique.

Nous avons trouvé une dernière indication concernant les conséquences de la maladie. Un expert « souligne » que : « personne n'est plus isolé qu'un anorexique »566(*). Cette citation ne vient pas appuyer ou illustrer les propos du journal qui laisse la parole à cette psychiatre. Nous pouvons penser qu'il recourt à cet expert parce qu'il connaît mal l'anorexie, une maladie « complexe ».

Pour conclure nous pouvons avancer que Libération ne détaille pas la performance de l'anorexique parce qu'il la trouve « complexe » et « insensée ». Les informations que nous fournissent les discours de presse ne permettent pas de définir le mode de commencement de l'anorexie, ni les pratiques mises en place au cours du maintien de l'engagement. De même, aucun anti-sujet n'apparaît. Si l'actant sujet est bien défini comme une victime ce n'est pas aux conséquences médicales de l'anorexie que le quotidien s'attache. Il insiste seulement sur le risque de mort qu'encourt l'anorexique, une façon de rappeler que l'anorexie est une maladie grave. Les parents n'apparaissent que dans un article dans lequel Libération écrit qu'il ne faut pas « culpabiliser plus qu'il ne faut les parents de ces patients, d'ordinaire passablement mis sur la sellette, voire carrément accusés »567(*). La spécificité de la représentation que le journal nous livre de la performance de l'anorexique réside dans la place attribuer aux sites Internet. Il dénonce les sites pro-anorexiques sur lesquels circulent des conseils qui permettent à l'actant sujet d'acquérir des compétences supplémentaires.

* 563 Libération, 28 avril 2005, p. 30.

* 564 Libération, 09 avril 2002, p. 42.

* 565 Libération, 28 avril 2005, p. 30.

* 566 Libération, 20 août 2001, p. 15

* 567 Libération, 3 février 2005, p. 10-11.

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