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Retraite et vie associative: Cas de l'association des retraités de Cocody(ARECO)

( Télécharger le fichier original )
par Noel Pacome BROU
Université Cocody-Abidjan - Maitrise 2007
  

Disponible en mode multipage

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Université de Cocody (ABIDJAN)

Institut d'Ethno-Sociologie

Mémoire de recherche en vue de l'obtention du diplôme de

Maîtrise en Sociologie

Option : sociologie du travail

RETRAITE ET VIE ASSOCIATIVE EN MILIEU URBAIN : CAS DE L'ASSOCIATION DES RETRAITES DE COCODY (ARECO)

Présenté par : Sous la Direction de :

BROU Kouamé Pacôme-Noel Dr OGNI Kangah

Maître-assistant

SOMMAIRE

DEDICACES III

REMERCIEMENTS IV

LISTE DES ACRONYMES V

INTRODUCTION 6

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 8

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE 9

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE 34

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DES CADRES DE L'ETUDE 42

CHAPITRE I : LA CNPS ET LA GESTION DES RETRAITES DU PRIVE 43

CHAPITRE II : LA CGRAE ET LA GESTION DES

FONCTIONNAIRES RETRAITES 47

CHAPITRE II : PRESENTATION DE L'ARECO 52

TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES 56

CHAPITRE I : LOGIQUES DE PRODUCTION DES ASSOCIATIONS

DE RETRAITES 58

CHAPITRE II : MECANISMES DE RECONSTRUCTION

DES RETRAITES DANS L'ARECO 72

CHAPITRE III : FABRICATION DES REPRESENTATIONS SOCIALES

ASSOCIEES A LA RETRAITE 79

CONCLUSION 84

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 86

TABLE DES MATIÈRES 89

ANNEXE 93

II

DEDICACES

A mon très cher oncle BROU Kra Hyacinthe

Je crois que si nous avons pu atteindre aujourd'hui ce niveau d'étude, c'est bien grâce à toi. Que le Seigneur t'accorde une santé de fer.

A mon père BROU Yao Valentin pour son soutien sans faille sur tous les plans. Que le Seigneur t'accorde une longue vie.

III

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail qui marque la fin de notre formation du second cycle universitaire a pu se faire grâce aux concours de plusieurs personnes envers lesquelles nous traduisons notre reconnaissance et notre profonde gratitude. D'abord, nous remercions en premier le Docteur OGNI Kangah Benoît pour avoir accepté de diriger ce travail et dont nous avions mûri l'idée de travailler depuis la licence sous sa direction. Permettez-nous encore une fois de vous remercier cher Maître pour vos conseils aux débuts de nos travaux mais également pour la touche scientifique que vous avez apporté à ce travail. Par ailleurs, nous traduisons toute notre reconnaissance aux doctorants Bouaki Kouadio Baya, Gacha Franck et Tano K. Joseph pour leur assistance, leurs remarques pertinentes et leurs critiques constructives mais également pour la lecture de nos premiers manuscrits. Aussi, sommes-nous reconnaissant envers le couple Malley, retraité, membre de l'Association des Retraités de Cocody et passionné de la recherche pour leurs encouragements et grâce à qui j'ai pu contacter certains membres de l'association. A travers eux, nous remercions tous les Retraités de cette association qui ont bien voulu nous accorder de leur temps pour repondre à nos questions. Nous n'oublions pas madame Dacouri Berthe pour sa disponibilité et sa participation à la saisie. Enfin, nos remerciements vont à l'endroit de M. Gouedan Daniel, Chef de service informatique de la Caisse Générale de Retraite des Agents de l'Etat pour les informations et les documents mis à notre disposition.

IV

LISTE DES ACRONYMES

AG

Assemblée Générale  

ARECO

Association des Retraités de Cocody

BIT 

Bureau International du Travail

CA

Conseil d'Administration

CCPFCI

Caisse de Compensation Familiale des Travailleurs de Côte d'Ivoire

CGRAE

Caisse Générale des Retraités et Agents de l'Etat

CNPS

Caisse Nationale de Prévoyance de Côte d'Ivoire

DC

Direction Centrale

DEX

Direction de l'Exploitation

DFC

Direction Financière et Comptable

DOF

Direction des Opérations Financiers

DP

Direction des Pensions

DRH

Direction des Ressources Humaines

EPA

Etablissement Public à caractère Administratif

EPIC

Etablissement Public Industriel et Commercial

EPN

Etablissement Public National

FENARCI

Fédération Nationale des Retraités de Côte d'Ivoire

IPRAO

Institut de Prévoyance sociale de l'Afrique Occidentale

MEF

Ministère de l'Economie et des Finances

UNAFRECI

Union Nationale des Fonctionnaires Retraités de Côte d'Ivoire

UNARCI

Union Nationale des Retraités de Côte d'Ivoire

UREPCI 

Union des Retraités du Privé de Côte d'Ivoire

V

INTRODUCTION

La retraite représente aujourd'hui un nouvel âge du cycle individuel de vie pendant lequel s'exercent de nouveaux rôles sociaux. Cependant, elle est souvent synonyme de « mort sociale » à telle enseigne que certains travailleurs ivoiriens redoutent cette phase de la vie, aussi «  normale » soit-elle. Mais, si l'on s'en tient à l'observation de la réalité ivoirienne, une telle vision de la retraite se justifie à cause des clichés et des stéréotypes associés à ce nouveau statut, contribuant ainsi à donner une figure sociale peu reluisante voire dépréciative de la retraite en Côte d'Ivoire. Les associations de retraités sont un phénomène assez récent dans le monde. On peut situer leur apparition dans le courant des années soixante notamment dans les pays occidentaux. Avec l'émergence du troisième âge, ces espaces de sociabilité sont apparus sous la forme de club dans l'intention de donner une visibilité sociale à cette nouvelle catégorie sociale que constituent les retraités aujourd'hui.

Aujourd'hui, nous pouvons affirmer que la Côte d'Ivoire n'est pas demeurée en marge de cette révolution qu'a connu l'univers de la retraite en général vu l'apparition sporadique des associations des retraités sur l'étendue du territoire ivoirien. Ceci est la marque sans doute de la rupture d'avec la première conception de la retraite consistant à demeurer en marge de la vie socioprofessionnelle et à devenir qu'un simple consommateur des prestations qui leurs sont offertes par les organismes sociaux. Car comme nous pouvons le constater, il y a de plus en plus d'associations de retraités qui naissent un peu partout dans l'espace urbain. C'est pourquoi nous voulons nous intéresser à ce que les retraités produisent lorsqu'ils se réunissent en association et étudier les mécanismes de leur réintégration dans la société globale.

Ainsi donc, l'intérêt sociologique de cette étude se situe au niveau des nouvelles stratégies d'adaptation sociale mises en place par les retraités eux-mêmes en vue de maintenir leur reliance à la société globale après le processus de désocialisation professionnelle qui apparaît comme une phase de déconstruction de soi. C'est aussi démontrer comment les associations des retraités constituent des cadres ou des espaces sociaux pour jouir d'une retraite active et atténuer les nuisances psychologiques quotidiennes liées à celle-ci. Voici donc schématiquement présentée notre vision sociologique qu'il convient d'apprécier à sa juste valeur. Pour y arriver nous organiserons l'ensemble de notre recherche en trois (3) grandes parties.

Nous exposerons dans une première partie, les perspectives théoriques et méthodologiques de notre recherche. Puis, dans une seconde partie nous présenterons les cadres de l'étude et le champ de l'enquête. Elle portera essentiellement sur les structures en charge de la retraite en Côte d'Ivoire et sur une description de l'association qui nous a servi de terrain d'étude. Dans une troisième partie, nous présenterons l'analyse et l'interprétation des données. Cette troisième partie sera organisée en trois chapitres. Ainsi, au chapitre I de cette partie, nous verrons les logiques de production des associations de retraité. Au chapitre II, nous analyserons les mécanismes de reconstruction des retraités dans l'association et nous terminerons par une étude des représentations sociales associées à la retraite au chapitre III.

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

I-1-JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME

Le choix de ce thème se justifie par trois (3) raisons essentielles pour nous :

Premièrement, le constat que nous faisons est que le retraité est plus isolé lorsqu'il vit en marge des espaces associatifs. Cela donne une impression d'être en marge de la vie sociale. Aussi, cette étude a-t-elle pour ambition de déconstruire toutes ces pensées construites autour de la retraite. Car l'évocation de la retraite d'une manière générale est fondée sur une idéologie pessimiste faisant naître dans l'esprit des uns et des autres l'idée de la fin. La fin qui se caractérise par la cessation de l'activité professionnelle rémunérée mais également la fin de la vie tout court. Nous avons donc jugé pertinent de nous intéresser à cette forme de vie émergente dans le monde de la retraite en général et dans le cas spécifique de la Côte d'Ivoire. Plusieurs «jeunes retraités» ivoiriens sont socialement exclus du marché du travail, mais encore valides parce qu'ayant débuté une carrière professionnelle trop tôt. Néanmoins, ils sont parfois laissés pour compte au point que leur intégration dans la société globale devient pour la majorité difficile.

Deuxièmement, il faut noter qu'au plan académique, nous voulons par cette étude aussi modeste soit-elle faire l'effort de privilégier une nouvelle orientation de l'étude de la retraite en faisant ressortir par exemple la dimension socioculturelle à travers les associations des retraités, lesquelles sont devenues aujourd'hui un phénomène social en Côte d'Ivoire. En effet, le choix d'explorer cette dimension se justifie par l'inexistence presque d'études sur la vie associative chez les retraités en Côte d'Ivoire et spécifiquement en milieu urbain. Toutes les études déjà effectuées sur la retraite en Côte d'Ivoire porte pour la majorité sur les conditions sociales de vie des personnes à la retraite et sur les régimes de retraite ou encore sur les structures officielles en charge de la gestion de la retraite (CNPS et CGRAE) dans notre pays. Il est certes vrai que la communauté scientifique dispose diverses connaissances à travers le monde sur le phénomène de la retraite; néanmoins, notre contribution permettra sans doute de mieux cerner le processus social qui sous-tend la mise en place de ces nouvelles formes de vie à la retraite que sont les associations de retraités, autrefois méconnue en Côte d'Ivoire.

Troisièmement, cette recherche se veut en fin de compte pratique. Car elle essayera de proposer des stratégies de mise en oeuvre de politiques sociales en faveur des retraités, des solutions en termes d'actions programmées en rapport avec les besoins sociaux exprimés par les retraités. L'étude pourra servir de guide aux collectivités locales, aux partenaires sociaux locaux et internationaux en tant que relais de l'Etat pour mieux orienter leurs actions en faveur des groupements ou collectifs de retraités si la nécessité s'impose.

I-2-PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE DE RECHERCHE

I-2-1-Problématique

A l'origine, la retraite en Afrique en général et en Côte d'Ivoire en particulier fût une institution héritée des puissances coloniales. Celles-ci n'ont fait que transposer ce phénomène qui existait déjà dans les pays occidentaux. L'institution de la retraite découle de l'introduction du travail salarié en Afrique noire à laquelle elle est intimement liée. Cependant, la mise en place de la retraite par l'administration coloniale s'est fait accompagner de la mise en place d'une forme de sécurité sociale à laquelle étaient soumis les fonctionnaires et les travailleurs de l'époque. Cette couverture des retraites ne se limitait qu'à une population minoritaire effectuant un travail rémunéré.

Par ailleurs, la particularité de ce système de retraite nouvellement introduite dans la société africaine inscrit l'africain dans un système de production nouveau qui avait un début et une fin et donc différent de celui qu'il connaissait jusqu'alors. C'est ce qui justifie l'intérêt accordé à la retraite par les autorités publiques africaines dès l'accession à l'indépendance.

Une première expérience a été mise en oeuvre sur la question de la retraite au niveau de l'Afrique de l'ouest. Il s'agit en effet de l'Institut de Prévoyance Sociale de l'Afrique Occidentale (IPRAO) de Dakar en 1958 dès la mise en application du code de travail issu d'une convention intersyndicale datant des années 1952. Ce régime de retraite est cependant limité qu'aux travailleurs issus du secteur privé. Après les indépendances et l'éclatement de l'Afrique Occidentale Française (AOF), bon nombre des Etats membres de l'IPRAO se retirèrent de cette institution pour réorienter leur politique de retraite au plan strictement local.

En Côte d'Ivoire, des mécanismes institutionnels ont été mis en oeuvre dès l'indépendance pour régir la retraite dans une perspective de la réglementation du travail. C'est la loi n° 60-537 du 07 Septembre 1960 portant statut général de la Fonction Publique revue par la loi n°92-570 du 11 Septembre 1992 portant le même statut, qui a été élaborée à cet effet ; elle-même influencée par les textes du Bureau International du Travail. Cette loi relative au travail a été instituée par le Gouvernement en vue de mettre en exécution certaines décisions administratives à savoir: le départ systématique à la retraite après trente (30) ans de services ou cinquante cinq (55) ans d'âge (pour l'ensemble des fonctionnaires et soixante (60) ans pour certains corps de l'Administration Publique ou Parapublique)1(*).

Les prestations découlant du régime des pensions civiles sont régies et organisées par la loi n° 62-405 du 07 Novembre 1962 à laquelle ont été progressivement jointes et au fil des temps d'autres lois spécifiques relatives à la planification de la retraite. De ce fait, deux (2) structures en Côte d'Ivoire sont chargées de la gestion des régimes de retraite. Il s'agit de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), créée en 1960, ayant la charge des pensionnés issus des entreprises privées du secteur moderne de l'économie et de la Caisse Générale de Retraite des Agents de l'Etat (CGRAE), aujourd'hui société d'Etat, créée en 1962, gérant les pensions des retraités issus de l'Administration Publique.

Le régime de base de retraite de la CNPS tout comme celui de la CGRAE repose sur un système par répartition, c'est une sorte de solidarité intergénérationnelle entre actifs et retraités. C'est la loi de 1962 relative à l'organisation de la pension civile qui rend obligatoire l'affiliation à ce régime de retraite pour tous les travailleurs salariés et pour les employeurs.

En effet, le mécanisme de ce système consiste à allouer aux allocataires une partie des cotisations versées par les cotisants (3,2% part employé et 4,8% part employeur) après déduction des frais de gestion. Par conséquent, les retraites d'une période donnée sont financées par prélèvement sur les revenus d'activité de la même période.

Quant à la CGRAE, c'est aussi un système par répartition régit plus ou moins par les mêmes principes que la CNPS. La solidarité entre retraités et actifs (c'est-à-dire les actifs financent en quelque sorte les pensions des « inactifs ») est accentuée. Ce qui rend obligatoire l'affiliation à ce régime. Et les taux de cotisation oscillent entre 6% pour l'employé et 12% pour l'Etat. Le régime de la CGRAE a été renforcé depuis 1999 par un nouveau régime dit régime complémentaire par capitalisation2(*) qui offre une forme de liberté au travailleur de cotiser en vue d'augmenter son revenu durant la période dite « d'inactivité professionnelle ».

En outre, la question de la retraite et de la vieillesse comme problème social est devenue une préoccupation à l'échelle mondiale. Tous les gouvernants accordent un intérêt particulier au devenir du travailleur une fois qu'il quitte définitivement la vie professionnelle pour la retraite. Bien qu'en Côte d'Ivoire, le paiement de la sécurité sociale représente moins de 1% du Produit Intérieur Brut (PIB)3(*), il est supérieur à la moyenne des pays de l'Afrique Subsaharienne. On note cependant que la couverture des retraites demeure toujours insuffisante et limitée. C'est pourquoi, il est nécessaire d'envisager d'autres perspectives en termes d'actions sociales en faveur des retraités.

Les nouvelles réflexions politiques dans le contexte de la retraite s'orientent vers la promotion de l'idée de bien vieillir à sa retraite. Ceci implique un ajustement du revenu du retraité, l'accès aux ressources sanitaires et une élévation du pouvoir d'achat. Car si l'on s'en tient à la prévoyance sociale telle que définie par le Bureau International du Travail dans sa convention n° 102, doit prendre en compte sept (7) des neuf (9) risques sociaux : soins médicaux, des indemnités de maladie, des prestations d'invalidité en cas de lésion d'origine professionnelle, des allocations familiales, des prestations de maternité. Alors que cela est en réalité loin d'être le cas en Côte d'Ivoire «un pays à l'essai du développement ».

Aussi, l'élaboration de nouveaux produits liés à la retraite tels que l'Assurance-retraite ou le régime complémentaire par capitalisation devrait-elle tenir compte du contexte social global et de cadre institutionnel actuel dans lesquels évoluent les retraités ivoiriens. Cela contribuerait sans doute à mieux prendre en compte leurs aspirations surtout que l'objectif visé par l'institution de ces produits est une élévation du niveau de vie des retraités. Malgré cela, la situation du retraité n'a pas fondamentalement changé.

Nous pouvons dès lors comprendre qu'au regard de tout ce qui précède que les rapports entre l'Etat et retraités restent à revoir d'autant plus que les systèmes de retraite comportent toujours des points de défaillance. Les réformes structurelles et politiques restent toujours limitées eu égard aux attentes des personnes à la retraite et surtout la configuration sociale que ce nouveau statut engage dans le contexte social ivoirien.

Par ailleurs, le constat de ces dernières années est la floraison des associations de retraités sur l'ensemble du territoire ivoirien en général et du district d'Abidjan en particulier. Chaque commune compte presque une association de retraités. On peut citer entre autres l'Union Nationale des Fonctionnaires Retraités de Côte d'Ivoire (UNAFRECI) à Williamsville ; l'Union Nationale des Retraités de Côte d'Ivoire (UNARCI) dans la commune de Yopougon, l'Union des Retraités du Privé de Côte d'Ivoire (UREPCI), la Fédération Nationale des Retraités de Côte d'Ivoire (FENARECI) ; l'Association des Retraités de Cocody (ARECO).

Alors, quels sont les facteurs explicatifs de la ruée des retraités vers les espaces associatifs ?

Dans cette dynamique de la retraite, nous pouvons également faire le constat que la composition de ces groupements de retraités bien que minoritaires parfois, reflète la coprésence de plusieurs générations de retraités dont les centres d'intérêts semblent converger. Car, il n'y a aucune différence en profondeur entre ces associations et les formes traditionnelles d'associations que nous connaissons d'un point de vue structurel et fonctionnel.

Dans une telle perspective, cette dynamique des associations de retraités suscite des interrogations. Car, le retraité ivoirien s'extériorise davantage. On assiste aujourd'hui de la «retraite-retrait» à la «retraite-revendication» selon les dénominations d'Anne-Marie Guillemard4(*). Le premier type de retraite se réduit à la perception de la pension, à la vie repliée sur soi, un faible niveau d'activité et peu de contact social. Le second type de retraite se caractérise par le refus de la place laissée aux retraités dans la société et entreprennent de ce fait de nombreuses activités sociales avec des personnes de leur âge dans un but d'améliorer de leurs conditions de vie, s'ouvrir aux autres et d'étendre leurs réseaux sociaux.

En Côte d'Ivoire, la création des associations est régie par la loi n° 60-315 du 11 Septembre 1960 et les premières associations qui ont vues le jour dans les espaces urbains regroupaient des personnes originaires de la même région, de la même communauté ethnique ou encore de mêmes catégories socioprofessionnelles. Ainsi, Sala N. (1993) nous signale que les premières formes d'association apparaissent spontanément dès les débuts de l'urbanisation dans les espaces urbains. Ces premiers réseaux sociaux qui, la plupart s'adressent à la jeunesse spécifiquement ont été hérités des modèles européens au cours de la période coloniale. Ces structures sociales informelles constituent un cadre d'intégration et de structuration de la population urbaine. Elles ont plusieurs fonctions sociales selon Delpêch (1983) à savoir: perpétuer les relations avec le milieu d'origine; assurer l'intégration des nouveaux adhérents dans le nouveau cadre urbain, susciter entre les membres une idée du lien social et surtout se procurer une place sociale. En d'autres termes, resocialiser l'individu dans le milieu urbain. Par ailleurs, la première association de retraités a vu le jour le 14 Juin 1985 à Abidjan. Il s'agit de la Fédération Nationale des retraités de Côte d'Ivoire (FENARECI). Mais, peut-on dire à la lumière de la réalité sociale que ces associations de retraités se réduisent-elles seulement à ces fonctions traditionnelles des associations en milieu urbain ?

Le passage à la retraite constitue en lui-même une rupture avec le monde professionnel. Dès lors, la perte de l'identité professionnelle et la déconstruction du statut lié à celle-ci entraînent chez le retraité parfois une mobilité de type descendant. Cette perte de l'identité professionnelle ne se compense t-elle pas par l'acquisition de nouveaux rôles sociaux dans les espaces associatifs ?

En tant qu'expression d'une époque comme le souligne Barthélemy Martine5(*) (2000), « les associations reflètent par leurs activités les manques d'une société, la faiblesse du lien social, le prolongement des pouvoirs institutionnels notamment l'Etat, les collectivités locales, l'Eglise, etc.... qui régulent et favorisent leur action dans le but d'assurer l'adaptation et l'intégration sociale de l'individu »; la vitalité associative s'inscrit dans la vitalité du contexte social. Dès lors, la création d'une association répond à un but précis : résoudre un problème d'ordre social. En fait, de quel problème social pourrait-il s'agir ici puisque l'adhésion à une association reflète également des motivations variables selon les milieux sociaux.6(*)

En clair, comment une association peut-elle reconstruire et donner sens à la retraite? Quel intérêt recouvre l'adhésion des retraités aux associations? En d'autres termes, quels sont les enjeux que recèle cet espace social et qui de ce fait constituent aujourd'hui des sources de motivations chez les retraités ivoiriens? Enfin, comment les pratiques sociales de ce champ contribuent à construire la figure sociale du retraité ?

I-2-2-Hypothèse de recherche

Les questions essentielles que nous venons de soulever nous conduisent selon les règles de la démarche scientifique à l'élaboration d'une hypothèse. Celle-ci est pour nous une voie possible de réponse aux questions que nous nous sommes initialement posées.

L'adhésion massive des retraités aux associations s'explique par le fait que l'espace associatif est un espace réel ou fictif de liens sociaux et identitaires. C'est sur la base de cette hypothèse que nous allons travailler. Mais, il serait important d'apporter des précisions sur certains concepts qui composent l'hypothèse

I-3-Définitions opérationnelles des concepts

Au regard de ce qui précède nous nous rendons compte que la définition de certains concepts s'avère nécessaire afin d'éviter les confusions dans leur usage et aussi voir comment est ce qu'ils s'appréhendent concrètement dans la réalité. Il s'agit ici de la vie associative ; du lien social et de l'identité sociale.

I-3-1-la vie associative

Pour comprendre ce que nous appelons ici vie associative, il convient de définir ce que c'est qu'une association. Puis, présenter les dimensions de la vie associative. En effet, une association désigne une action de se réunir durablement et par extension, tout groupement d'individus déterminés ayant des intérêts communs. En d'autres mots, une association est perçue comme une organisation de personnes poursuivant des intérêts individuels et collectifs7(*). Comme telle, elle est un construit social d'autant plus qu'elle découle des interactions produites par les acteurs sociaux en fonction de leurs préoccupations du moment. Sociologiquement, l'association est un être social concret. Dans ce sens, la vie associative doit s'appréhender selon une double dimension: une dimension structurale et une dimension symbolique.

Par dimension structurale, il faut l'entendre comme étant la dimension objective, concrète de l'association. Celle-ci se traduit par l'ensemble des comportements sociaux des retraités qui permettent de faire fonctionner l'association; donnant ainsi vie à l'association. En clair, c'est la dynamique des rapports sociaux dans l'espace associatif et l'investissement du retraité dans la pratique associative (loisirs, réunions, cotisations, etc.) que nous nous proposons d'observer et d'analyser (d'un point de vue socioculturel ; symbolique ; économique ; etc.)

La dimension symbolique qu'il faut saisir ici renvoie à l'ensemble du système symbolique, au signifiant pour le retraité et qui suscite son engagement en association. Il s'agit en fait du sens qu'il donne à son action en rapport aux activités pratiquées. Cela sera analyser comme des éléments contribuant à la fabrication de représentations de la retraite dans l'espace associatif. Mais le sens qu'un retraité peut donner à la retraite passe évidemment par son rapport aux autres retraités au travers des rapports sociaux qu'ils tissent dans l'espace associatif. Ces donc ces rapports sociaux qui sont traduites ici par le concept de lien social que nous proposons de définir maintenant et présenter deux de ses composantes.

I-3-2- Le lien social

Le lien social est issu du latin « ligamen » « ce qui cherche à attacher, un cordon », de « ligarer » « attacher, fixer, unir ». Ainsi, les liens sociaux sont des formes qui tiennent l'individu à des groupes sociaux et à la société, qui lui permettent de se socialiser, de s'intégrer à la société et d'en tirer les éléments de son identité8(*). En clair, par lien social, il faut entendre la diversité des types de relations qui unissent entre les individus d'une collectivité. Ainsi, nous saisissons ce concept au travers de deux composantes : la solidarité et la sociabilité.

On se souvient déjà qu'au début du 20ème siècle, Emile Durkheim (1893)9(*) avait défini deux types de solidarité : il s'agit de la solidarité mécanique propre aux sociétés traditionnelles et la solidarité organique identifiable aux sociétés modernes. Ces deux formes de solidarité découlent selon lui de la division du travail social. Il est certes vrai que pour Durkheim les sociétés modernes ou complexes sont déterminées par la seconde forme de solidarité c'est-à-dire la solidarité organique. Mais pour nous, ce n'est pas le type de société qui importe ici mais le type de solidarité c'est-à-dire la solidarité organique. Car, cette forme de solidarité fait naître ou fonde le lien social, la reliance sociale. Dans cette perspective, le lien social se construit au travers d'une conscience identitaire individuelle et collective et structure les rôles sociaux dans l'espace associatif. Quant à l'idée de sociabilité, il est clair qu'elle n'est pas une donnée quantifiable, ni mesurable et difficile à appréhender concrètement. Ainsi pour Georg Simmel, celle-ci renvoie à de multiples échanges et rencontres de toutes sortes. La sociabilité est donc une dimension fondatrice du lien social. Dans notre contexte, elle doit être appréhendée sous l'angle du capital social ou de réseau social comme ressources mobilisables pour les retraités le cas échéant.

I-3-3-L'identité sociale

La question de l'identité est complexe et est différemment abordée dans plusieurs tendances anthropologiques, psychologiques et sociologiques. Nous nous réservons ici de nous aventurer sur ces terrains et nous référer à Claude Dubar qui a beaucoup travaillé sur la question.

L'identité est une production de deux mécanismes. Il s'agit de l'identité pour soi et de l'identité pour autrui. Claude Dubar (2000) écrit que : « chaque acteur social a une histoire, un passé qui pèse sur ces identités d'acteurs. Il ne se définit pas seulement en fonction de ses partenaires actuels, de ces interactions face à face dans un champ déterminé de pratique, il se définit aussi en fonction de sa trajectoire sociale »10(*). En d'autres termes, nous pouvons dire que celle-ci renvoie à l'ensemble des dispositions subjectives capables de structurer des représentations et de générer des pratiques et qui est le produit d'une histoire définissant la trajectoire des individus à travers les champs sociaux. Ces champs sociaux peuvent être par exemple le monde professionnel, le système scolaire ou l'univers de la retraite. Comme tel, à travers l'identité subjective (l'identité pour soi) de l'individu, on a un contenu symbolique socialement produit. Par contre, le monde extérieur est perçu comme une réalité objective par le processus d'objectivation d'où identité pour autrui. Mais, il est évident que dans les interactions sociales, ces dimensions de l'identité (c'est-à-dire l'identité pour soi et l'identité pour autrui) se confondent évidemment. Dans ces conditions, Claude Dubar se propose de dépasser ces considérations d'ordre impersonnel de l'identité en la définissant à l'intérieur du processus de socialisation comme cadre unique selon lui de la production identitaire. En effet, l'identité pour lui, est une réalité individuelle, personnelle pour ce qui est des acteurs singuliers, impersonnels dans le cas des identités collectives.11(*) Nous rendons compte que l'identité est un processus de construction permanente. C'est donc à travers un double axe temporel et spatial que l'individu se définit comme acteur social. Pour la commodité de l'analyse il serait intéressant de faire ressortir les indicateurs de l'identité telle que définit par Claude Dubar. Sur cette base, l'identité sociale que se construit le retraité à travers la vie associative impliquerait les indicateurs tels que le sentiment de participation à des groupes sociaux organisés ; le sentiment d'appartenance au groupe ; l'acceptation des valeurs instituées dans l'association des retraités et enfin la construction de l'image soi dans l'association.

Tel que conçu, il sera intéressant de voir comment cela est perceptible à travers l'association des retraités. Toutefois, avant de présenter et préciser les objectifs visés par la présente il est nécessaire d'explorer les études déjà effectuer sur la question de la retraite de façon générale et si possible nous pencher particulièrement sur les cas spécifiques de la Côte d'Ivoire. Cela n'est possible que qans le cadre d'un examen critique des études antérieures.

I-4- REVUE DE LA LITTERATURE

I-4-1-Approches sociologiques de la retraite

Généralement, le concept de retraite renvoie à une double image : il désigne le statut d'un individu ou l'individu qui porte ce statut (retraité); et comporte parfois une connotation négative (personne âgée). Cela n'est pas totalement juste ou faux selon les considérations.

Par ailleurs, la retraite a été diversement appréciée par plusieurs auteurs ; relevée par L. Grattié (1988) dans sa thèse sur la retraite en Côte d'Ivoire. Nous nous referons à certaines de ces approches et à la lumière d'une analyse, dégager une définition adaptée à la réalité de notre terrain pour une meilleure orientation dans le cadre de ce travail.

Ainsi, la retraite est selon Orbach (1960), un processus social, une transition imposée de la position de personne non économiquement active d'après les normes selon laquelle la société définit et détermine la nature de ce changement. Pour Sussman (1972), la retraite est un statut qui permet de dire que l'individu est encore actif dans certains secteurs de la vie, mais moins ou du tout actif dans d'autres. Quant à Ménard (1975), la retraite est un éloignement total, définitif et brutal d'une activité professionnel à une échéance prévue et inéluctable.

En outre, Woodruff et Biren la conçoivent comme le moment où une personne quitte totalement ou partiellement la vie active et commence à percevoir les avantages de la sécurité sociale et d'autres revenus liés à la retraite.

Au regard de toutes ces approches de la retraite, nous pouvons constater que ce concept a connu une définition pluridimensionnelle et évolutive. IL renvoie tantôt à un processus social, à un statut, ou tout simplement, à un évènement. Tout compte fait, cette situation demeure le résultat des mécanismes institutionnels déclarant une personne comme étant un retraité. Du coup, la retraite rime avec l'âge avancé, l'invalidité ou la vieillesse qui sont tous socialement construits. Toutefois, nous pensons pouvoir nous appuyer dans le cadre de cette étude sur l'approche de la retraite selon Sussman, Woodruff et Biren qui nous semble commode pour la suite de notre réflexion. Ainsi, pour nous la retraite doit être perçue comme un statut assigné par la société à un l'individu encore actif dans certains domaines de la vie active et qui de ce fait bénéficie d'une pension de retraite et des avantages de la sécurité sociale.

I-4-2-Quelques théories sociologiques de la retraite

Plusieurs théories ont été élaborées dans l'intention d'expliquer la retraite et la manière dont elle est individuellement ou collectivement vécue. Ainsi, Elaine Cummings et William Henry (1963)12(*) ont démontré à travers la théorie du désengagement que le vieillissement rime avec le désengagement réciproque de l'individu et de la société. Pour eux, le désengagement est un processus de retrait progressif de l'individu des activités sociales ; et la société lui offre aussi de moins en moins de possibilités d'expression et d'avantage de toutes sortes. C'est aussi la baisse de ses interactions qui sont davantage centrées sur des liens affectifs. Résumant cette théorie, Anne Marie Guillemard (1974) écrit que : «  le processus normal du vieillissement correspond à un double désengagement réciproque et inévitable. D'une part l'individu se retire de la société. D'autre part la société reprend à l'individu toute responsabilité sociale qui lui était auparavant conférée. Une des manifestations sera la moindre cohésion des relations sociales dans lesquelles est inséré le retraité. Cette modification qualitative accompagnera la réduction quantitative des échanges sociaux s'effectuant entre la personne âgée et la société »13(*).

Cependant, il est certes vrai qu'avec la retraite et l'accélération du processus de vieillissement, on peut constater une baisse de l'intensité des activités individuelles. Mais la théorie du désengagement ignore ici la diversité des modes de vie des personnes âgées et des retraités,  des styles de vie variables selon les individus et selon les milieux sociaux. Toutefois, soulignons que ce sont les mécanismes sociaux qui déclarent d'un point de vue général des personnes âgées inactives dans certains domaines. C'est pourquoi, nous pensons que la théorie du désengagement ne s'illustre pas clairement à la réalité et de ce fait ne contribue pas à une meilleure connaissance du phénomène de la retraite.

Ce qu'il convient de retenir c'est que la théorie du désengagement a suscité de vives critiques. Celles-ci ont conduit à l'élaboration de la théorie de l'activité qui avait pour but de combler les lacunes de la précédente.

En effet, la théorie de l'activité recommande le maintien d'un niveau élevé d'engagement en substituant au rôle professionnel ou social perdu par d'autres à l'effet de permettre au retraité d'être toujours en activité et de ce fait minimiser les effets négatifs de la retraite. Ainsi, selon cette théorie, le bonheur en situation de retraite est fonction de l'engagement et de la participation du retraité à la vie sociale. Car le temps de la retraite n'est pas le temps de l'immobilité mais plutôt celui du perpétuel loisir et aussi de la participation.

La théorie de l'activité apporte une description des problèmes sociaux tout en mettant en exergue les causes de l'inadaptation des personnes âgées. Le retrait de certains rôles chez les personnes âgées doit être comblé par d'autres rôles au risque d'entraîner la déchéance, la désintégration, voire la perte d'identité de celles-ci. Toutefois, en admettant le retrait de certains rôles, cette théorie ne définit pas clairement ce qui leur reste comme pouvant leur permettre d'assurer entièrement leur intégration dans la vie sociale. Or, Robert Havighurst et Ruth Albrecht souligne que le vieillissement réussi est lié par une attitude volontariste consistant à maintenir un niveau élevé d'engagement. Cependant, nous pensons que celle-ci est loin d'être en conformité avec la réalité empirique que nous observons. Par ailleurs, convenons ensemble que certaines personnes s'adaptent à toutes les situations. Aussi, la satisfaction dans l'activité est-elle variable selon les individus d'autant plus qu'une personne peut déclarer être satisfaite dans peu d'activité comme cela peut être le cas contraire chez d'autres. Donc cette approche ne s'inscrit pas dans notre vision en vue d'apporter une explication cohérente à ce phénomène aussi dynamique soit-elle à notre époque.

Pour nous résumer, notons que toutes ces théories (la théorie du désengagement de l'activité) ont été élaborées dans une perspective fonctionnaliste. En effet, l'analyse fonctionnaliste a dominé les sciences sociales au cours des années 1960 notamment dans les pays occidentaux. A cette époque, elle privilégiait l'étude des phénomènes sociaux selon une optique microsociologique. Ainsi, les théoriciens fonctionnalistes étaient occupés par le fait que les éléments du système social répondent à certaines exigences fondamentales et remplissent certaines fonctions vitales pour l'ensemble de la société en assurant l'équilibre de celle-ci. Par ailleurs, en dehors de ces théories de type fonctionnaliste, l'on a constaté l'émergence d'un autre type de la retraite. Il s'agit de la théorie des mondes sociaux.

La théorie des mondes sociaux, élaborée par David Unruh (1983) est fondée sur l'intégration des personnes âgées. A cet effet, il définit les mondes sociaux comme des formes d'organisation sociale aux contours peu définis, dont les membres ne sont pas liés par leur coprésence dans un même espace, mais par le partage des perspectives semblables résultant d'un centre d'intérêt commun et la participation aux mêmes canaux de communication14(*). Il montre que ces divers mondes sociaux occupent une place prépondérante dans la vie des personnes âgées et les retraités.

Aussi, David Unruh (1983) montre-il que l'intégration ne cesse d'évoluer à travers un double processus d'engagement et de désengagement, qui concerne à la fois les mondes sociaux et les formes classiques d'intégration, au cours de l'avancée en âge. Néanmoins, il est indéniable qu'avec l'avancé en âge, le retrait de la vie sociale s'impose au fur et à mesure à l'individu.

Enfin, la dernière notion que nous proposons d'analyser en ce qui concerne les différentes approches du phénomène de la retraite est la déprise. En effet récemment introduite dans le langage sociologique par Serge Clément et Marcel Drulhe (1988), la déprise15(*) est selon eux un processus de réaménagement de la vie déterminé par  une sorte d'amoindrissement de l'impulsion vitale que bien de personnes âgées en parfaite santé physique et mentale expriment de la façon suivante : ne peut plus suivre. Ce réaménagement est donc marqué par l'abandon de certaines activités et de certaines relations, parfois remplacées par d'autres qui demandent moins d'efforts. La déprise se présente ainsi un principe de choix rationnel des activités en privilégiant l'essentiel pour soi.

En outre, nous pouvons relever que ce postulat de la déprise présente des liens forts avec la théorie du désengagement qui se caractérise par une baisse des relations sociales, un désir de se mettre en retrait. Cependant, il convient de souligner que la notion de la déprise vise une portée très réduite et donc peu satisfaisante.

Partant de ce qui précède, nous pouvons dire que la théorie du désengagement, de l'activité et des mondes sociaux ont été renforcées par la thèse de la déprise en ce sens que qu'elles ont chacune une partie qui se retrouve en celle-ci. Cela est donc pour nous une contribution essentielle et intéressante dans l'approche théorique de la retraite et du vieillissement. Car nous estimons que la perte de certains rôles, surtout le rôle professionnel peut être remplacé par d'autres rôles qui s'adaptent mieux aux capacités psychosociales et physiques des personnes à la retraite. De ce fait, nous pouvons dire que le retraité après la perte de l'activité professionnelle pourrait trouver un substitut à travers les formes classiques d'intégration que sont les associations, les mutuelles, les clubs de troisième âge, etc. Les activités pratiquées seront en rapport avec son âge, son niveau d'instruction, son revenu et même son niveau de santé. Ainsi, cela lui permet d'être toujours relié à la société, de se restructurer de nouveau dans cette société par la reconstruction d'une nouvelle identité sociale après la perte de l'identité professionnelle. C'est donc dans cette perspective que nous voulons inscrire notre réflexion.

I-4-3-L'action politique en faveur des retraités

D'une manière générale, nous constatons que c'est l'action politique qui détermine les conditions sociales de vie à la retraite. D'autant plus que les régimes de retraite s'inscrivent globalement dans la politique sociale des Etats au bénéfice des personnes à la retraite. C'est pourquoi une exploration de ce domaine s'avère nécessaire en vue de se faire une idée claire et précise sur la question.

Guillaume Kouassi (1985) a montré que les prestations découlant du régime de retraite ne tenaient pas compte des réalités sociales africaines. Son institution a entraîné l'émergence de l'individualisme au détriment de la communauté. Aussi a-t-il ajouté qu'au plan structurel, bien que les retraités soient fortement représentés au niveau des instances administratives dans les structures en charge de la gestion de la retraite, ceux-ci n'exercent pas la pression suffisante en cas de nécessité pour défendre leur cause. Il a ensuite souligné que l'inefficacité de nos régimes de retraite est due au fait que certaines entreprises ne cotisent presque pas à l'effet de mieux financer la retraite surtout que ce régime est un régime par répartition (la solidarité intergénérationnelle). Tout ceci a un effet négatif sur les conditions de vie des retraités.

Les résultats de cet auteur sont en effet pertinentes eu égard à la situation sociale observée chez la majorité des personnes retraitées et surtout dans un pays où le code d'investissement donne la primauté aux investisseurs et moins de protection sociale au travailleur ivoirien. Toutefois, il faut reconnaître que la politique sociale en matière de retraite en Côte d'Ivoire n'est pas aussi sévère qu'on pourrait le penser comparativement à certains pays de la sous région. En abordant dans le même sens que Kouassi Guillaume, Bialy (2001) souligne les difficultés d'ordre social vécues par les retraités découlent des imperfections des politiques sociales de l'Etat en matière de retraite. Mais, celui-ci ne se focalise pas davantage sur le régime de retraite.

Par ailleurs, il relève qu'au plan structurel, l'organisation des structures de sécurité sociale ne pose pas de problèmes particuliers aux retraités. Mais, c'est surtout au niveau de leur fonctionnement que se pose l'anomalie. En effet, il faut dire c'est dans la mise en oeuvre concrète des décisions et des actions qui pose problème.

A l'analyse, on peut remarquer que tous ces auteurs présentent des régularités et des similitudes dans leurs travaux dans le but de mettre en exergue les limites et les conséquences des régimes de retraite sur la situation sociale des retraités : les déficits et les incohérences de ces régimes s'illustrent bien à la réalité eu égard aux conditions de vie de la majorité des personnes retraitées. Ce sont donc des résultats assez pertinents sur la connaissance des modes de vie des retraités dans l'ensemble de pays en voie de développement.

Cependant, nous pouvons apporter notre bémol à ces recherches. En fait, nous estimons qu'en termes d'actions politiques en faveur des retraités, il faut aller au delà des pures conséquences sociales en tant résultant des imperfections des systèmes de retraite. Il est certes vrai que les systèmes de retraite en ont une part. Néanmoins, il faut noter que le financement de la retraite et de la sécurité sociale dans un pays se fait en fonction du niveau économique de ce pays. Aussi, en matière de retraite est-il nécessaire d'explorer les rapports entre les retraités et leurs organismes de tutelle. En effet, ne serait-il pas intéressant d'analyser les relations entre cette nouvelle catégorie sociale montante aujourd'hui que constituent les retraités et les partenaires sociaux (en tant que prolongement de l'action politique étatique). Car nous pensons pour notre part qu'une meilleure collaboration avec les retraités dans le processus de prise de décision aura une influence positive sur leur image dans la sphère sociale. C'est donc les manques ou les limites de la politique sociale globale pourraient être des causes de la floraison des associations de retraités que nous connaissons aujourd'hui.

Dans l'analyse des rapports Etat-retraités, il serait intéressant de voir la place laissée à cette catégorie sociale dans une société ou le lien social est devenu si faible. Analyser si nécessaire leurs nouveaux rôles sociaux, leurs statuts, leur nouvelle identité sociale et aussi les nouvelles stratégies mises en place par eux pour le maintien de leur intégration dans la société. Ainsi, nous pensons pouvoir cerner le processus social de la mise en place de ces associations des personnes à la retraite.

I-4-4-La vie sociale des retraités

Dans cette rubrique nous nous intéressons au vécu quotidien de la retraite par les retraités. Car comme nous pouvons le constater la vie quotidienne chez le retraité semble ne pas être aussi reluisante comme on pouvait le croire. Dans son étude sur la retraite en Côte d'Ivoire, Léocadie Grattié (1988) par exemple a pu faire le constat (sur le vécu quotidien du retraité ivoirien) que la retraite n'entraîne pas une modification réelle des rapports sociaux de type familial, mais plutôt de type amical et institutionnel. Puis, « fait ressortir la faiblesse ou inexistence de stratégies d'adaptation élaborées par les retraités ».

En effet, cette étude menée dans le courant des années 80 garde encore de sa valeur. Car la retraite représente pour la plupart des travailleurs ivoiriens le début la persistance de leurs problèmes sociaux et cela entraîne une intégration sociale difficile de ces derniers. Ce sont donc des connaissances essentielles sur la retraite dans notre pays. Par ailleurs, au plan méthodologique, Grattié a privilégié dans sa technique de collecte de données, l'histoire de vie faisant l'analyse de contenu de 97 segments constitutifs de l'échantillon. Cette orientation méthodologique est intéressante surtout que son objectif était de comprendre le vécu quotidien des retraités ivoiriens. Cette option méthodologique de part sa dimension qualitative nous intéressera dans la présente étude.

Laurent Ibo (2000), dans son étude sur la condition socio-économique des retraités, aborde dans le même sens que Léocadie Grattié mais en mettant plus l'accent sur «les nuisances psychologiques » vécues quotidiennement par les retraités de la commune de Yopougon. Pour lui en effet, les effets pervers de la retraite sont liés à une insuffisance de la politique du régime de retraite. Mais ici, Ibo ne fait pas dans son étude des profondes mutations qui se sont opérées ces dernières années dans l'univers de la retraite.

En somme, nous retiendrons de ce tour d'horizon effectué sur l'état des connaissances que la retraite demeure une préoccupation pour la communauté scientifique. Les modèles théoriques élaborés pour essayer de l'expliquer en sont des preuves. Aussi, les études empiriques effectuées au niveau de la Côte d'Ivoire en général et dans le cas du district d'Abidjan restent centrées sur les conséquences individuelles de la retraite sur les retraités. De ce fait, elles ont négligé la naissance des associations de retraités dans espace urbain ivoirien bien que ces études eu lieu dans ces mêmes espaces pour la plupart. Néanmoins, ces études répondent partiellement à certaines de nos préoccupations et structurent la présente étude. Par ailleurs, les résultats produits ne sont plus aujourd'hui un secret pour personne. Elles appartiennent donc désormais aux sens communs. En conséquence, il est nécessaire d'opérer une rupture c'est-à-dire aller au-delà de ce qui existe déjà afin de faire connaître d'autres aspects de la vie à la retraite et à travers les associations des retraités. C'est pourquoi au travers de cette étude nous voulons nous pencher davantage sur les nouvelles modes de vie des retraités d'aujourd'hui à travers ces associations qui suscitent autant de curiosité à notre sens. Cela fait partie de l'un des objectifs de cette étude que nous présentons maintenant.

I-5-LES OBJECTIFS DE L'ETUDE

I-5-1-L'objectif général

L'objectif général de cette étude est d'analyser la manière dont l'espace associatif reconstruit et donne sens à la retraite dans l'espace urbain ivoirien.

Ainsi pour mieux saisir cet objectif général, avons-nous élaboré trois (3) objectifs spécifiques.

I-5-2-les objectifs spécifiques

Il s'agit ici :

-d'analyser les intérêts individuels et collectifs de production des associations de retraités dans la commune de Cocody ;

-d'identifier les mécanismes de reconstruction des retraités dans

l'Association de Retraités de Cocody (ARECO) ;

-d'évaluer l'impact des activités associatives sur la fabrication des représentations sociales associées à la retraite.

I-6-LE MODELE D'ANALYSE

Dans le cadre de cette étude nous allons nous appuyer sur l'individualisme méthodologique de Raymond Boudon. Cette théorie nous servira à élaborer un modèle d'approche du phénomène auquel nous nous intéressons. Mais cette approche individualiste sera renforcée par l'approche constructiviste à travers la théorie de l'habitus de Bourdieu.

I-6-1 l'individualisme méthodologique

Selon R. Boudon (1982)16(*), le principe de l'individualisme méthodologique énonce que : « pour expliquer un phénomène social quelconque (...), il est indispensable de reconstruire les motivations des individus concernés par le phénomène comme le résultat de l'agrégation des comportements individuels dictés par ces motivations. Et cette proposition est valable quelque soit la forme du phénomène à expliquer, qu'il s'agisse d'une singularité statistique ou qu'il se traduise par un ensemble de données quantitatives ou qualitatives ». En clair, selon cette théorie, tout phénomène social résulte de la combinaison d'actions, de croyances ou d'attitudes individuelles. Comme telle, l'analyse sociologique consiste à comprendre le pourquoi des actions, croyances ou attitudes individuelles responsables du phénomène à expliquer et la cause des actions, croyances et attitudes de l'acteur individuel résident dans le sens qu'elles ont pour lui.

Ainsi donc, Boudon soutient que le sociologue doit étudier les actions individuelles qui constituent l'élément de base du social puis montrer comment ces actions ont inféré et donné naissance à un phénomène social d'autant plus que le phénomène social résulte de l'agrégation des comportements individuels. Par analogie, le phénomène associatif n'est donc pas spontané. Il est la résultante de l'agrégation des actions individuelles de chaque retraité. En clair, l'émergence des associations de retraité est liée à une adhésion libre de chaque retraité lesquels ont des motivations diverses selon les intérêts (matériels) qu'il espère tirer de cet espace.

Mais, nous en sommes conscients que ce paradigme quoique riche n'épuise pas entièrement la réalité sociale et par conséquent le phénomène auquel nous nous intéressons. Car l'action du retraité d'adhérer à une association peut être liée à une question ontologique. Il peut choisir d'adhérer à une association par exemple pour résoudre un problème d'épanouissement. De ce point de vue, l'intérêt utilitariste peut se transformer en une quête d'intérêt non utilitariste au sens pur du thème. L'individualiste méthodologique ne peut nous permettre de voir cela tandis que la théorie de l'habitus de Bourdieu nous permet de mettre en lumière cet aspect de notre objet d'étude.

I-6-2-L'apport de la théorie de l'habitus de Pierre Bourdieu

L'apport de la théorie de l'habitus est perçu comme un pont que nous établissons entre la théorie individualiste et l'aspect constructiviste que présente notre phénomène. C'est donc une jonction que nous opérons ici pour le modèle de notre objet d'étude

L'habitus est défini par Bourdieu (1980) lui-même comme « un système de disposition durable et transposable structure structurée prédisposée à fonctionner comme structures structurantes c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations.»17(*).

Cette vision de Bourdieu est plus déterministe. C'est-à-dire que les actions des individus sont déterminées par les structures sociales (entendues comme un système de relations qui lient abstraitement des individus). C'est l'ensemble des actions des retraités en rapport avec ces structures sociales qui pourraient être à l'origine de la création des associations des retraités. Aussi, faut-il ajouter que le retraité peut disposer d'un habitus associatif. Ajoutons pour finir que l'habitus en tant que système de disposition transposable est reproductible dans un espace social qu'il nomme champ. La reproduction de l'habitus dans un champ dépend des propriétés structurelles et des différents types de capitaux valorisés dans ce champ. En d'autres termes, reproduire un habitus dans un champ comme l'association des retraités implique que les agents soient dotés de capitaux valorisés dans ce champ pour espérer accéder à des positions dominantes. C'est donc tout cela que nous allons essayer de démontrer dans les prochains chapitres de notre mémoire.

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE

II-1-DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE

La délimitation du champ de l'étude est une étape de la méthodologie qui impose que l'on précise les champs sociaux et théoriques en tant qu'ayant un rapport direct avec celui-ci. Sociologiquement, le champ renvoie à un espace social structurée de positionnement des acteurs. Comme tel, nous avons délimité cette étude à trois champs à savoir le champ géographique, le champ social et le champ sociologique que nous allons respectivement présenter.

II-1-1-Champ géographique

Géographiquement, cette étude s'étend sur l'ensemble du territoire de la commune de Cocody. Puisqu'il s'agit des retraités domiciliant dans les limites territoriales de cette commune. En effet, Cocody est considéré comme l'un des quartiers (peut être même le plus) huppés de la capitale ivoirienne avec une forte proportion d'individus ayant un revenu élevé en rapport avec leur statut social. Cela se traduit également dans la réalité avec des habitats et des résidences de haut standing. Il nous est apparu nécessaire de mettre en exergue les caractéristiques générales de cet espace car c'est aussi un quartier où résident également bon nombre de retraités issus de différents secteurs modernes de l'économie mais également un espace où sont représentées plusieurs sections locales d'associations de retraités du district d'Abidjan. Les quartiers tels que La cité des arts; Cocody centre; Riviera Jardin ; Riviera 2 sont des endroits où résident un bon nombre de personnes en retraite. Dès lors, le champ géographique prend un sens pour nous dans la mesure où il sert de cadre physique ou réunit les conditions d'émergence des associations de retraités qui ne sont qu'une résultante des relations sociales de proximité des retraités de Cocody. Néanmoins, en dehors du champ géographique, nous estimons que le champ social est tout aussi important par rapport à la population cible mais par rapport aux résultats escomptés par cette enquête.

II-1-2-Champ social

Le champ social de cette recherche prend en compte les acteurs des associations qui sont des personnes retraitées comme cela est le cas ici de l'Association des Retraités de Cocody (ARECO). A cela, nous avons considéré deux acteurs sociaux spéciaux. Il s'agit des structures en charge de la retraite (CNPS et CGRAE) et la Mairie de Cocody. A la CNPS, nous avions eu des entretiens avec la Sous-directrice de l'Agence de la CNPS d'Abobo tandis qu'à la CGRAE, c'est le chef de service informatique qui nous a accueillis. En effet, nous avons pris en compte les organismes sociaux et la municipalité de Cocody car nous estimons que les associations de retraités entretiennent divers rapports avec des associations qu'il convient logiquement de saisir si nous prétendons effectuer une étude sur celles-ci.

II-1-3-Champ sociologique

La nature du problème que nous voulons traiter dans cette recherche nous emmène à la positionner dans un champ de connaissance de la sociologie. Ainsi, chercher à expliquer la re-construction de la retraite dans l'espace associatif, relève du domaine de la sociologie du travail et des loisirs.

En effet, la sociologie du travail ne se résume pas seulement à l'étude des collectivités humaines qui se constituent à l'occasion du travail. Elle intègre également toutes les relations sociales liées au travail, au hors travail ou au non travail. Comme telle, la sociologie du travail prend en compte, dans le cadre de ses analyses, les mobilisations et les investissements hors travail dans le cadre général de construction des rapports sociaux, le repos, la consommation, les loisirs, les activités non rémunérées et la retraite (qui est une résultante institutionnelle du travail moderne). Il est tout aussi important de souligner que ce même problème peut être traité dans le champ de connaissance de l'anthropologie du vieillissement. En effet, presque toutes les premières théories élaborées pour expliquer la retraite sont l'oeuvre d'anthropologues occidentaux du vieillissement et s'inscrivent toutes dans une approche fonctionnaliste.

La délimitation du champ de l'étude ainsi présenté, nous allons maintenant exposer les instruments qui ont servi à la collecte des données sur le terrain.

II-2- LES INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNEES

Comme instruments de collecte de données, nous avons eu recourt aux documents, aux entretiens et à l'observation directe sur le terrain.

II-2-1-La recherche documentaire

Les documents consultés au cours de notre recherche nous ont permis de glaner des informations pertinentes sur le phénomène de la retraite. Cette phase de collecte des données nous a permis de faire un tour d'horizon sur l'état des connaissances déjà acquises sur la question de la retraite de manière générale. Pour ce faire, nous avons eu recourt aux centres de documentation et d'informations tel que l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ; la bibliothèque de l'Institut d'Ethno-Sociologie pour l'essentiel. Mais également, nous nous sommes servis de la « littérature numérique ». Les consultations des documents, bien que cela soit perçu comme une exigence théorique et méthodologique dans le processus de la recherche, ont permis de réorienter nos réflexions quand cela nous est apparu nécessaire.

En dehors des documents que nous avons consultés, nous avons eu recourt pour la collecte des données à deux grandes techniques d'enquête reconnues dans le domaine des sciences sociales à cause de leurs atouts scientifiques tout en ayant conscience de leurs faiblesses. Il s'agit du guide d'entretien et de l'observation directe sur terrain.

II-2-2- le guide d'entretien

Le guide d'entretien est un important instrument de collecte des données en sciences sociales et incontournable dans le cadre d'une étude qualitative. Dans notre étude qui s'est voulue entièrement qualitative, il s'est même présenté comme le principal instrument de collecte des données dans la phase de l'enquête sur le terrain. Ce guide d'entretien a été élaboré sur la base des objectifs visés par notre recherche. Comme tel, il comporte trois (3) thèmes :

Thème 1 : logiques de production des associations de retraités;

Thème 2 : Mécanismes de reconstruction des retraités dans l'ARECO ;

Thème 3 : Fabrications des représentations sociales associées à la retraite.

II-2-2-1-Les entretiens

D'abord, les entretiens exploratoires ont été pour nous très utile pour nos premiers pas sur le terrain et dans la construction de la problématique. Les entretiens exploratoires nous ont également permis de prendre un premier contact avec le terrain et de nous imprégner de la vie associative des retraités de l'ARECO.

Ensuite, viennent les entretiens proprement dits. C'est donc à l'aide du guide d'entretien que nous avons collecté l'essentiel de nos données. Nous avons privilégié exactement l'entretien semi-directif. Celui-ci a pour but de laisser les interviewés de s'exprimer librement en recentrant nos questions sur les objectifs de notre recherche. L'usage de cette technique nous a permis de recueillir les représentations que se font des retraités de la retraite, du sens qu'il accorde à leur action individuelle et collective dans le cadre de la vie associative ; mais également les interroger sur les activités et les conséquences qu'elles ont sur leur vie de retraité. C'est donc dans une vision de donner une dimension purement qualitative que nous nous sommes servis de cet instrument.

Le choix des individus qui ont servi à la constitution de l'échantillon s'est fait sur la base du statut de retraité adhérent de l'Association des Retraités de Cocody. Nous n'avons donc pas tenu compte des variables âge et sexe ni des catégories socioprofessionnelles. L'ARECO regroupe aussi bien des Retraités issus du secteur public (qui sont numériquement influents) que ceux issus du secteur privé. Elle compte plus de quatre cents (400) membres dont plus de cent cinquante (150) membres actifs. Ainsi, le nombre des personnes interrogées est de dix huit (18) dont 15 retraités (9 femmes et 6 hommes), tous adhérents de l'ARECO ; un responsable de chacune des institutions de retraite (CNPS, CGRAE) ayant des rapports directs avec les associations de retraités ; et d'un responsable du service socioculturel de la Mairie de Cocody (ayant en charge au niveau de la municipalité des questions d'ordre socioculturel et social).

C'est grâce à certains membres et au Président de l'association que nous avons pu prendre contact avec la plupart des adhérents de l'ARECO pour l'administration de notre guide d'entretien. Nous avons également fait usage du champ d'interconnaissance18(*) des membres de cette association. Enfin, dans le but de laisser les personnes retenues s'exprimer librement, nous avons pris rendez-vous avec elles à leur domicile à l'heure qui leurs convenait le mieux et en fonction de leur disponibilité. Pour ce faire, tous les mois de Mars et Avril 2008 ont été consacrés à cette phase de la recherche.

En dehors des entretiens qui permettent d'échanger directement avec les personnes interrogées nous avons procédé aussi par observation directe des retraités dans leurs oeuvres et pratiques associatives.

II-2-4-L'observation directe sur le terrain

A l'aide cette technique, nous avons investi l'espace associatif des retraités en les observant directement au cours des réunions mensuelles et des activités médicales. Cette «observation participante » nous a permis de nous imprégner de la réalité de la retraite vécue collectivement dans l'espace associatif. L'observation s'est faite mensuellement pendant les réunions bimensuelles de l'ARECO. A l'aide de notre carnet de terrain, nous avons pu noter des éléments significatifs qui pourraient nous servir dans l'analyse et l'interprétation des données collectées.

II-3-LES TECHNIQUES DE TRAITEMENT DES DONNEES

II-3-1-le dépouillement

Dans le cadre de notre étude, nous avons opté pour un dépouillement manuel. En effet, après avoir rassemblé l'ensemble des entretiens, nous avons procédé à une codification de ceux-ci (par exemple : E-001 ; E-002 ; etc.). Cette opération avait pour but de faire en sorte d'isoler chacun entretien pour nécessité d'analyse. Puis, nous avons entamé une lecture minutieuse entretien par entretien afin d'identifier des thèmes récurrents, mettant l'accent dans chaque entretien sur les données particulières du discours de l'enquêté pouvant nous aider à la confrontation à l'hypothèse de recherche et à atteindre les objectifs visés par l'étude. Afin de garder l'anonymat des personnes citées à titre illustratif, nous avons aussi utilisé des lettres alphabétiques (par exemple Mme O. ; M.R. ; M.B. ; Mme E. ; etc.). Le dépouillement manuel n'a été qu'une opération préliminaire du traitement des données puisque après le dépouillement manuel, nous avons procédé à une analyse du contenu des discours

II-3-2-l'analyse de contenu

L'analyse de contenu est une technique de recherche fondamentale et particulièrement appréciée dans le domaine des sciences sociales. Dans ce mémoire, nous avons appliqué à nos corpus, l'analyse de contenu indirecte. Cette technique de recherche, dans notre cas, nous permettra de « dégager le contenu non directement perceptible, le latent qui se cache derrière le manifeste ou le littéral »19(*). Dans l'analyse, l'utilisation de cette technique nous a été utile dans le sens où elle nous a permis dégager les représentations des retraités. La production idéologique des retraités pour légitimer leurs pratiques associatives et de dégager le sens de leur action. En fait, c'est une lecture sélective portée sur des faits de paroles et orientée en fonction de notre hypothèse et de nos objectifs que nous avons fait de notre corpus.

II-4-LES CONDITIONS SOCIALES DE L'ENQUETE

Les conditions sociales de l'enquête ont eu non seulement un impact sur la planification de nos tâches, mais également sur la réalisation définitive de l'enquête. En effet, la population ciblée était hostile à l'entretien. La plupart d'entre eux ont refusé l'entretien malgré le fait que nous nous soyons évertué à leur expliquer qu'il s'agit d'une recherche sociale, un simple travail d'étudiant. Aussi, faut-il souligner que les entretiens réalisés avec les personnes approchées pour la majorité, l'ont été en fonction de la disponibilité de celles-ci. Cela nous a amené à réduire finalement l'échantillon à quinze (15) retraités au lieu d'une vingtaine comme prévu au départ. Ces rebondissements du terrain d'enquête ont réellement conditionné le processus d'investigation et la planification temporelle de nos activités. Ainsi, au lieu d'un mois comme prévu dans le calendrier, nous avons consacré deux mois aux enquêtes sur le terrain.

Au plan institutionnel, nous avons eu également des difficultés pour avoir accès aux données statistiques. Au niveau de la Sous-Direction des Pensions Civiles par exemple, il nous a été très difficile d'avoir accès aux données statistiques sur la retraite. Néanmoins, après maints rendez-vous, nous sommes parvenus enfin à entrer en possession de quelques statistiques sur le nombre de départ à la retraite de fonctionnaire et agents de l'Etat.

CHAPITRE I : LA CNPS ET LA GESTION DES RETRAITES

DU PRIVE

· Historique

La sécurité sociale a été introduite en Côte d'Ivoire le 1er Janvier 1956 et dans l'ensemble des pays d'Afrique occidentale francophone. Ainsi, en Février de cette même année fut créée la Caisse de Compensation des Prestations Familiales des travailleurs qui exercent en Côte d'Ivoire (CCPF-CI) avec pour mission d'allouer les prestations familiales aux familles des travailleurs qui exercent en Côte d'Ivoire. Le 15 Décembre 1955, l'administration coloniale mise en place la caisse de prestation familiale chargée de payer des prestations aux familles des salariés du secteur privé. En 1958, fût crée le régime des risques professionnels pour réparer les accidents de travail et les maladies professionnelles par l'action de soins médicaux, d'indemnités journalières de rentes. Par suite, le 21 Septembre 1960 fut instituée une caisse de retraite des travailleurs en Côte d'Ivoire, qui a pour mission de payer une pension aux travailleurs affiliés ayant atteints l'âge de la retraite. Ainsi, la loi n° 68- 595 du 20 Décembre 1968 portant code de prévoyance sociale confirme la création de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale.

· Le statut juridique

La forme juridique de la CNPS a connu plusieurs évolutions. Elle est passée successivement d'Etablissement Public à caractère Administratif (EPA) ; d'Etablissement Public Industriel Commercial (EPIC) à Etablissement Public National (EPN).

Aujourd'hui, la loi n°99-476 du 6 Août 1999 portant définition et organisation des institutions de prévoyance sociale marque une nette rupture avec l'ancienne mode de gestion. La CNPS, sous cette loi dévient une société privée de type particulier qui concilie le principe d'autonomie de gestion et celui de la tutelle de l'Etat. Ce changement répond à un souci des autorités politiques de conférer à cette structure une plus grande efficacité traduite par :

o des prestations et avantages prévus au profit des assurés et des ayants droits à la législation sur la sécurité sociale ;

o des frais de fonctionnement ;

o des frais d'action sanitaire ;

o des remboursements des avances et des prêts.

· Les missions de la CNPS

La CNPS a pour mission de gérer le service public de la prévoyance sociale, elle assure de se fait une gestion du régime obligatoire de la prévoyance sociale du secteur privé et assimilé. Ce régime comprend :

· la branche des prestations familiales ;

· la branche des accidents de travail et des maladies professionnelles ;

· la branche de l'assurance vieillesse ;

· la maternité ;

· la gestion des régimes complémentaires ou spéciaux, obligatoires ou volontaires ;

· le recouvrement des cotisations sociales et des services de prestation.

En outre, la CNPS intervient dans le domaine sanitaire et social au profit de ses assurés et des non assurés, en appui à l'action du gouvernement.

· Les prestations de la CNPS

· Les prestations familiales :

La CNPS sert des prestations familiales notamment des allocations aux foyers des travailleurs, des allocations prénatales, des allocations de maternités, des allocations familiales, des indemnités journalières pour les femmes salariées en couche, les frais d'accouchement et les soins médicaux.

· Les accidents de travail et des maladies professionnelles.

· Les pensions de retraite

· Les conditions pour bénéficier de la pension à la CNPS

Tout travailleur salarié du secteur privé et assimilé a droit à la pension. Mais, le paiement de la pension est soumis à certaines conditions à savoir :

· Avoir atteint 55 ans d'âge ;

· Avoir accompli quinze années d'activités salariées ;

· Ayant donné lieu à des cotisations dans une ou plusieurs entreprises affilées à la CNPS ;

· Avoir cessé toute activité salariée.

Aussi, faut-il souligner qu'actuellement la pension est payée par trimestre et à terme échu.

· Le calcul de la pension

Le montant de la pension de retraite est calculé en multipliant le salaire moyen des dix meilleures années d'activités par le taux de remplacement. Soit :

PM = SMM x TR

Le taux de remplacement est acquis par année d'activité tout au long de la carrière du travailleur. Il est fixé comme suit :

1,33 % par an pour la période avant le 1er Janvier 2000 ;

1,70 % par an pour la période à partir du 1er Janvier 2000.

Cependant, le taux de remplacement ne peut excéder 50%. La pension de retraite est payée à partir de 50 ans mais elle subit un abattement définitif de 5% par année d'anticipation.

· L'organisation administrative de la CNPS

La CNPS est sous le contrôle d'une double tutelle. Il s'agit à la fois du Ministère de la Solidarité et des Personnes Handicapées et du Ministère chargé de l'Economie et des Finances. Par ailleurs, la CNPS est gérée par un Conseil d'Administration et une Direction Générale et des Structures Centrales. Ces structures centrales sont composées de quatre (4) Directions Centrales :

· Les directions centrales

· Les directions financières et comptables

· Les directions du système d'information

· Une direction de l'exploitation

· Une direction des ressources humaines.

Il faut noter que ces directions sont organisées en Départements, Services et Sections.

CHAPITRE 2 : LA CGRAE ET LA GESTION DES

FONCTIONNAIRES RETRAITES

· Historique et statut juridique

L'Etat de Côte d'Ivoire et ses différents gouvernements ont de tous temps été préoccupés par le sort de leurs serviteurs tant pendant la période d'activités que pendant la période de cessation d'activité. A ce titre, en ce qui concerne la période de cessation d'activité, les caisses de retraites introduites par l'administration coloniale ont été retenues par nos dirigeants et ont fait l'objet de réglementation. Ainsi, dès 1964, au sein du Ministère des Affaires Economiques et du Plan, a été crée le Service Autonome de liquidation des pensions civiles, militaires et rentes viagères. Cet organe est devenu en 1970 une sous direction de la solde. En raison de l'accroissement des activités de cette structure en matière de sécurité sociale, l'Etat a mis en oeuvre des reformes institutionnelles

L'ordonnance n°77-206 du 05 Avril 1977 et son décret d'application n°77-210 de la même date qui la crée et l'organise en Etablissement Public à caractère Administratif (EPA). Elle est placée sous la tutelle conjointe des Ministères de l'Economie et des Finances, du Budget de la Fonction Publique, de la Défense et du Service Civique. La CGRAE a connu par la suite deux réorganisations au terme des deux (2) décrets suivants : il s'agit du décret n°88-698 du 03 Août 1988 la plaçant désormais sous tutelle du Ministère de l'Economie et des Finances et du décret n°92-47du 29 Janvier 1992, l'érigeant en Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial et l'organise en trois (3) Sous -Directions.

Ainsi conçue, la CGRAE constitue un pilier extrêmement important dans l'ensemble des structures de prévoyance sociale qui exercent leurs activités au profit des fonctionnaires et Agents de l'Etat de Côte d'Ivoire.

· Les missions

Pour répondre aux attentes des retraités, le gouvernement a assigné à la CGRAE, société d'Etat les missions suivantes :

· La perception de l'ensemble des cotisations des bénéficiaires et les contributions employeurs au titre du régime obligatoire de pension ;

· La liquidation et le paiement des pensions de veuves et des pensions en cas de décès d'un agent de l'Etat en activité ou à la retraite ;

· Le versement du capital décès ;

· Les versements pour charges de famille et les majorations pour familles nombreuses ;

· Le remboursement de cotisation aux agents venant à quitter le service avant de pourvoir obtenir une pension ou une rente viagère d'invalidité ;

· Les versements pour rachat des services accomplis sous le régime de la loi portant organisation des pensions civiles en Côte d'Ivoire au profit des régimes coordonnés avec celui-ci.

· les prestations

La CGRAE assure au delà des pensions proprement dites, des prestations pour lesquelles aucune cotisation n'est préalablement faite. Il s'agit de :

· Rentes viagères ;

· Accidents de travail et Rentes d'invalidité,

· Capital décès,

· Revalorisation des pensions,

· Bonifications résultant des avancements indiciaires avec effet financier,

· Rappels sur pensions précédemment considérées comme prescrites, mais pour lesquelles la main levée a été obtenue.

· Les régimes de retraite actuels et les innovations

§ Le régime obligatoire par répartition

Le régime traditionnel de la CGRAE est un régime obligatoire par répartition des pensions. Il a été institué par la loi de 1962. Dans ce régime, les cotisations sont faites par prélèvement à la source à hauteur de 6% du salaire brut indiciaire versé à tout fonctionnaire et agent de l'Etat. Outre la cotisation du salaire (part salariale), chaque budget employeur cotise à hauteur de 12% du salaire brut indiciaire versé (part salariale) soit au total dudit salaire consacré au financement des pensions. Ce régime repose sur un système de rotation qui fait que les retraités d'aujourd'hui bénéficient des cotisations des agents encore en activité. Mais depuis Mai 1999, cette structure a opté pour un nouveau choix stratégique en vue d'améliorer le revenu des retraités en élaborant le régime de retraite complémentaire par capitalisation.

§ Le régime de retraite complémentaire par capitalisation20(*)

Ce nouveau régime présente trois (3) caractères essentiels. Il est volontaire, complémentaire, et repose sur la capitalisation. En effet, volontaire car il n'oblige pas chacun à se prémunir pour l'avenir mais inciter chaque Actif à compléter « l'obligatoire » par du « facultatif ». Complémentaire puisqu'il vient s'ajouter au régime public obligatoire. En un mot, la CGRAE a pour ambition à travers ce nouveau régime de faire bénéficier aux retraités la pension acquise de plein droit du régime obligatoire de base et la pension perçue au titre du régime complémentaire.

· Le calcul de la pension

Le processus de liquidation de la pension intègre les éléments suivants le nombre d'années de services effectifs (N) ; de l'indice de liquidation (I) ; de la valeur de liquidation ; du taux de liquidation (T) et de la majoration (M).

Mais, le calcul proprement dit de la pension s'appuie sur ces éléments suivants :

· PAA = Pension Annuelle d'Ancienneté

· PM = Pension Mensuelle

· MV = Minimum Vital

· AF = Allocations Familiales

· TA = Traitement Annuel

· TM = Traitement Mensuel

· MA = Majoration Annuelle

Les formules de calcul de la pension

PAA = (I x V) x (N x T)

(I x V) est le traitement de base du fonctionnaire sans les indemnités, avant son admission à la retraite et (N x T) correspond au pourcentage de liquidation. Ce pourcentage ne peut excéder 80%.

TA= PAA + MA+ AF (le cas échéant) sachant que TM +TA/12

Il est aussi important de savoir que la CGRAE présentement un total de 63516 retraités soit une augmentation de 5 à 600 retraités par moi avec un budget 8 555 millions de F. Aussi, soulignons également que ce budget connaît des revalorisations en fonctions de l'augmentation du nombre de fonctionnaires retraités.

· L'organisation administrative de la CGRAE

Au plan administratif, la CGRAE est dotée d'un Conseil d'Administration et d'une Direction Générale qui comprend quatre (4) directions :

· Une Direction de l'Administration Générale et des Finances ;

· Une Direction des Pensions ;

· Une Direction des Opérations Financières ;

· Une Direction des Recouvrements

et de deux (2) services autonomes :

· Le Service Autonome de l'Audit et du Contrôle Interne

· Le Service Autonome de l'Informatique

La mise en place de ces Directions et services autonomes, à long terme, à centraliser toutes les compétences en matière de liquidation de pension au sein de la CGRAE pour une meilleure gestion des activités, et à assurer l'équilibre financier de la société.

CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE L'ARECO

· Historique

C'est depuis Décembre 1998 qu'une organisation des retraités a été mise en place et baptisée sous le nom de mutuelle des fonctionnaires et agents de l'Etat retraités de Cocody. Cette mutuelle avait pour activité principale d'effectuer des courses pour les retraités de Cocody entre la perception et le Trésor Public de Cocody. Mais, elle ne prenait pas en compte la totalité des retraités de Cocody puisqu'elle se limitait qu'aux fonctionnaires retraités de la commune.

En 2003, après une assemblée ordinaire, le bureau de la MURECO décide d'étendre son réseau à tous les retraités de la commune de Cocody. Dès lors cette mutuelle couvre tous les fonctionnaires du public, du para public et des travailleurs du privé retraités de la commune. Après cette assemblée générale, la MURECO change d'appellation et devient ARECO.

En 2007, après une assemblée générale ordinaire la MUREO change de statut et renouvelle ses instances sous les conseils de la Mairie de Cocody en vue de leur apporter son aide. Depuis le 6 avril 2007, la MURECO est devenue ARECO (Association des Retraités de Cocody).

· Les membres de l'ARECO

L'Association des Retraités de Cocody est composée de :

· Fonctionnaires issus de l'administration publique ;

· Fonctionnaires issus de l'administration para publique ;

· Travailleurs issus du secteur privé ;

· Libéraux retraités.

Au total, l'ARECO compte plus de 150 adhérents (chiffre variable) dominés en nombre par les femmes).

· Les objectifs de l'association21(*)

· Regrouper les retraités de Cocody pour pouvoir les aider ;

· Réaliser les oeuvres sociales, économiques et culturelles en faveur de ses membres ;

· Valoriser la retraite moralement ;

· Créer les conditions d'entraide et de solidarité entre les membres ;

· Offrir l'expertise aux jeunes générations et à tout public cible ;

· Constituer un appui technique à la Mairie de Cocody.

· Les activités de l'ARECO

L'ARECO a un programme d'activités en rapport aux objectifs qu'elle s'est fixée :

Ø Les visites médicales annuelles

Les visites médicales annuelles sont organisées avec les soutiens matériels et financiers de la municipalité au profit de ses membres. Elles ont pour but de permettre aux retraités de faire leur bilan de santé, de les informer, les sensibiliser et les prévenir des maladies liées au processus du vieillissement.

Ø Les sorties détentes et les loisirs

L'ARECO organise des sorties détentes, des voyages en vue de permettre aux retraités de se recréer et changer d'air. Ses sorties ont lieu à l'intérieur ou à l'extérieur du district d'Abidjan. L'ARECO a récemment organisé un voyage sur NOE au cours du mois d'Avril. Puis, elle a aussi organisé une nuit des retraités afin de leur permettre de revivre la nostalgie de leur passé

Ø Les Conférences débats

L'ARECO organise souvent des conférences, des débats d'intérêts pour les retraités. C'est une occasion d'échange culturel et intellectuel au profit des retraités de la commune de Cocody.

L'ARECO tient deux réunions au cours du mois : la petite réunion du bureau qui se tient les premiers mercredis du mois ont pour but de préparer l'ordre du jour de la grande réunion ; la grande réunion qui se tient tous les mercredis du mois (généralement une semaine après la petite réunion) réunit tous les membres pour échanger sur la vie de l'association et parler des projets à venir.

· Les projets de l'association

L'ARECO envisage de :

· Organiser des achats groupés pour les retraités dans les différents Supers Marchés de la commune

· Construire le siège des retraités de Cocody avec le soutien de la mairie

· OEuvrer pour une exonération sur les produits pharmaceutiques au profit des retraités de la commune.

· L'organisation sociale

L'ARECO a quatre organes 22(*):

· L'Assemblée Générale (qui est l'instance suprême)

· Le bureau exécutif (treize membres au total)

o Un président

o Deux Vices présidents

o Un secrétaire général

o Un secrétaire général adjoint

o Un trésorier

o Un trésorier adjoint

o Trois délégués à l'organisation

o Deux délégués aux affaires sociales

o Trois conseillers du président.

· Le comité de quartier dirigé par un délégué (une vingtaine environ), pour permettre d'élargir le cercle d'informations

· Le commissariat aux comptes qui dépend directement de l'Assemblée Générale (qui s'occupe des cotisations et des dépenses de l'association)

· L'organigramme de l'ARECO

Assemblé Générale

Commissariat aux Comptes

Bureau Exécutif

Comités de Quartier

Membres

L'explication sociologique que nous avons l'intention d'apporter à la manière dont une association de personnes retraitées re-construit et donne sens à la retraite sera organisée en trois (3) chapitres: d'abord, nous exposerons les logiques de production de l'association des retraités ; ensuite, nous nous intéresserons aux mécanismes par lesquels les retraités parviennent à se reconstruire en association. En effet, ces deux premières parties seront présentées selon l'approche individualiste à l'effet de voir comment la production de l'association pourrait obéir à une logique utilitariste, matérielle ou immatérielle. Mais aussi montrer comment cela pourrait être lié à un habitus associatif de chaque retraité. Enfin, nous terminerons par une évaluation de l'impact des activités associatives sur la fabrication des représentations sociales associées à la retraite par les retraités.

Comme précédemment annoncé, il convient d'aborder la partie consacrée à l'analyse et à l'interprétation des données. Ici, l'analyse des logiques qui sous-tendent l'émergence de l'espace associatif chez les seniors aujourd'hui dans le milieu urbain ivoirien imbriquera les deux perspectives théoriques exposées dans les parties précédentes à l'effet de voir comment la vie associative chez les retraités s'y prête aisément.

CHAPITRE I : LOGIQUES DE PRODUCTION DES ASSOCIATIONS

DE RETRAITES

Ce chapitre sera consacré à l'analyse des logiques relatives à la production des associations des retraités. Il s'agit de la logique sociale, idéologique, économique et institutionnelle. Il faut cependant préciser que ces dimensions ne sont pas certainement exhaustives pour expliquer l'émergence des associations de retraités mais significatives pour notre étude.

I-1- L'ESPACE ASSOCIATIF COMME ESPACE FICTIF ET REEL DE LIENS

SOCIOPROFESSIONNELS POUR LES RETRAITES

A la question de savoir pourquoi vont-ils dans les associations, les retraités estiment que c'est pour échanger avec les autres, ne pas rester totalement en retrait, se frotter aux autres et surtout pour rechercher les contacts pour s'épanouir dans un milieu qui est le leur. Selon eux, c'est aussi à cause de la solidarité et l'ambiance qui règnent dans le groupe et éviter de rester constamment entre les quatre murs.

Il y a donc un besoin d'espace social qui se fait sentir chez les retraités ou sans doute qu'ils recherchent. En effet, si nous tenons compte du passé professionnel de ces anciens travailleurs où fonctionnaires (aujourd'hui retraités), cela indique qu'ils étaient impliqués dans les rapports sociaux de collaboration, de solidarité, de domination. Toutefois, en situation de retraite, les retraités sont « déconnectés » de ces rapports sociaux qui sont structurés par l'espace social qu'est l'entreprise. Or, le principe de la retraite est individuel c'est-à-dire que le départ à la retraite est un acte individuel et institutionnel. Dès lors, nous pouvons dire que les retraités sortent d'un type de rapports et se structurent dans un autre type de rapports sociaux où ils ne se reconnaissent pas. D'où l'émergence constatée du besoin social d'espace. Dès lors, le retraité entend reconstruire l'espace perdu du fait de la retraite dans les associations de retraités. A titre illustratif, rappelons les propos de Mme O. : « à la retraite, on est retiré de tout le monde et c'est à cause de la solidarité et l'entraide qui règnent dans l'association. Je faisais partie de l'association de mon service » ; Mme M. souligne également que : « moi, je suis allée à l'ARECO, j'ai intégré pour avoir le contact et c'est surtout pour le contact avec les autres ».

Comme on le constate, la vie professionnelle a structuré les retraités dans des pratiques sociales du champ professionnel. En effet, aujourd'hui en Côte d'Ivoire et certainement ailleurs en Afrique Noire, plusieurs entreprises ont permis d'établir en leur sein des organisations ou des groupements de travailleurs qui sont appelés communément « association de service » ayant pour but l'entraide mutuelle, l'assistance morale et matérielle en cas de nécessité. En un mot, il s'agit d'une solidarité associative ayant pour objectif immédiat l'épanouissement des travailleurs. Ces associations internes à ces entreprises permettent ainsi aux membres de se socialiser en intériorisant les pratiques et les valeurs propres à ces organisations. La sortie de la vie professionnelle isole en quelque sorte ou destructure ces liens de solidarité, d'affectivité et d'assistance mutuelle dans lesquelles ils étaient « plongés ». Il est aujourd'hui reconnu que les premiers moments de la retraite sont difficiles à vivre. Car en dehors de l'activité professionnelle qui atteste qu'un individu est en retraite, il y a également la désocialisation professionnelle. Cette désocialisation professionnelle conduit à d'autres formes de resocialisation comme la resocialisation associative. Dans un tel contexte, l'isolement et parfois le sentiment d'impuissance devant certaines réalités sociales s'installent chez les retraités. L'engagement associatif des seniors est perçu comme un moyen pour « noyer » par moments ces nuisances psychologiques. Aussi, faut-il ajouter que tous ces individus associés partagent un même statut social que la société les a assigné et leurs permet d'être socialement reconnu à travers les associations.

En outre, le rapport de proximité et l'entremise des relations sociales sont déterminants dans la mise en place de ces espaces de sociabilité chez les retraités. En effet, les structures sociales entendues comme des systèmes de relations abstraites liant ces individus orientent les retraités vers les espaces associatifs. C'est ce que nous avions constaté dans le discours des retraités interrogés : « j'ai entendu parlé par des amis et je suis venu » Mme H ; « c'était en 2006, j'ai appris à l'occasion des journées médicales par un retraité qu' une association organisait des soins médicaux en faveur des retraités de Cocody » M. R. ; « c'est de bouche à oreille, il n'y a pas de publicité et comme je fait partie de la commune ça m'a intéressé et comme c'est une bonne chose, je me suis rapproché d'eux au cours de leur réunion » ; M. G. ; et enfin, « c'est par le biais de mon mari qui était déjà membre. Je partais l'accompagner de temps en temps et quand je suis allé à la retraite, j'ai adhéré. » Mme O.

Par ailleurs, il n'y a aucune structure qui forme à la retraite. Il n'y a que des séminaires qui sont organisés parfois à l'attention des futurs retraités dans certaines structures publiques, parapubliques ou privées. Or, pour Raymond Boudon, l'explication d'un phénomène social passe par la reconstruction des motivations des individus dictés par des motivations. Par analogie, il n'y a que les intérêts individuels et les intentionnalités qui poussent les retraités dans les associations. Ainsi, c'est la logique des actions individuelles des retraités qui favorisent l'émergence des espaces associatifs chez les retraités d'aujourd'hui. Aussi, ces actions individuelles des retraités reposent-elles sur des calculs rationnels effectués en fonction des intérêts qu'ils espèrent tirés de leur engagement.

En tout état de cause, nous estimons que ces intérêts sont soit matériels ou immatériels. En effet, les retraités s'engagent en association en tant qu'un mouvement social dans l'intention de profiter des retombées matérielles de leur engagement (aides sociales publiques, visites médicales, etc...) mais également bénéficier des retombées immatérielles ou symboliques (comme l'épanouissement personnel du retraité, les loisirs, etc..). Les propos de ces adhérents sont édifiants : « quand tu es malade ou si tu meurs, il y a une cotisation qui est versée à tes ayants droits » M.G. ; « c'est pour l'échange culturel, j'aime le contact, m'épanouir, me distraire. Récemment, on a effectué une sortie avec l'ARECO » M.R. ; « c'est les retrouvailles entre retraités à cause des soucis auxquels sont soumis les retraités ; lutter contre les soucis relatifs à la vieillesse, demander des choses gratuites ».  Ici, comme on le voit, la conjugaison des rationalités individuelles entraîne le développement des associations. A côtés de ces motivations individuelles, soulignons en outre que certains retraités sont dotés d'un habitus associatif. En effet, selon Bourdieu, l'habitus est un système de dispositions durables et transposables. Comme tel, l'habitus associatif acquis de la trajectoire socioprofessionnelle est reproduit en situation de retraite et dans les associations. En clair, il y a des retraités qui se sont habitués aux associations. Cela est donc une ressource symbolique héritée de leur trajectoire sociale et professionnelle qu'ils actualisent pour s'adapter à la situation actuelle.

Enfin, la retraite est perçue comme une déconstruction de l'identité professionnelle. En effet, la retraite occasionne un retrait de certaines responsabilités sociales, certains privilèges liés aux statuts acquis durant la carrière professionnelle. Mais, nous pouvons constater que la hiérarchie des fonctions publiques et privées est traduite à la retraite et dans les associations des retraités. Ainsi, les statuts socioprofessionnels, même l'âge et le sexe structurent les positions dans l'association des retraités. Dans cet espace, il y a des retraités qui mobilisent leurs statuts ou leurs capitaux culturels antérieurement acquis pour accéder aux positions dominantes dans l'association. C'est ce qu'illustrent les propos de M.Y. « j'étais syndicaliste dans mon service, j'étais le président de l'amical du personnel pendant douze (12) ans. A l'ARECO, je suis membre fondateur et présentement je suis trésorier », et de M.R. «  j'étais dans le syndicat du personnel de la santé. Cela m'a permis de m'informer et de me former, cela m'a beaucoup fait du bien. J'étais le secrétaire à la communication. A l'ARECO, je suis dans le bureau ». Comme on le constate, il y a une continuité dans l'association des retraités. Toutefois, les positions occupées par des acteurs sociaux dans l'association sont fondées sur un consensus social et organisationnel propre à l'association. Cet équilibre social constaté dans cette association est fondé sur une idéologie sociale dominante dans l'association légitimant ainsi les différentes positions occupées par certains acteurs.

Pour nous résumer, disons que la logique sociale de production des associations des retraités est fondée sur divers éléments que nous avons pu relever au cours de cette analyse. Le besoin d'espace social en situation de retraite, la reconstruction de la solidarité perdue du fait de la retraite, les rationalités individuelles ainsi que le transfert des compétences sociales et individuelles dans l'association sont ici perçus comme des logiques sociales de production des associations de retraités. Dans ce sens, l'espace associatif se reconstruit comme un espace fictif mais aussi réel de liens socioprofessionnels chez les retraités. Néanmoins, en dehors de ces logiques sociales, il faut noter qu'il y a aussi des logiques idéologiques qui sont pensées comme des principes de fonctionnement des rapports associatifs à l'ARECO fondant le goût associatif chez ces retraités.

I-2- PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DES RAPPORTS ASSOCIATIFS

A L'ARECO

Les enquêtes ont révélé que la retraite est une étape normale de cycle individuel de vie qu'il faut parvenir à assumer en la préparant consciemment si le travailleur ne décède pas avant de l'atteindre. Car selon les retraités, en situation de retraite « on ne s'occupe plus de vous » ; « les retraités sont délaissés ». A la question de l'utilité d'une association de retraités, les enquêtés estiment que l'association représente pour eux ce qu'elle peut leur apporter. Par exemple les visites médicales organisées avec le soutien de la municipalité. Ainsi, la santé est-elle primordiale et est perçue comme une nécessité à préserver par tous les moyens en situation de retraite. Enfin, les retraités pensent qu'une retraite inactive participe à l'accélération du processus du vieillissement. Aussi, l'association n'est-elle pas incontournable, mais nécessaire à la quête d'un mieux être social.

A la lumière de l'analyse, nous avons pu relever des faits communs chez tous les retraités interrogés sur lesquels nous allons mettre un accent particulier. En effet, nous pouvons soutenir que tous les retraités ont presque les mêmes problèmes qui se résument ici en cinq grands points :

· Le sentiment de rejet ou d'abandon par la société ;

· Le souci de longévité et de la préservation de la santé ;

· Le souci de la préservation des acquis du milieu professionnel ;

· L'inactivité qu'il faut quotidiennement combattre ;

· La quête ou l'aspiration à un mieux être social.

Si l'idéologie est perçue d'une manière générale comme une «  construction intellectuelle au service d'intérêts conscients ou inconscients et servant d'instrument de légitimation »23(*), ou même organiser un ordre de sentiment, alors nous pouvons dire que les associations de retraités sont productrices d'idéologie de la retraite. Ce sont ces idéologies (qui sont dans notre cas l'ensemble des cinq points ci-dessus) qu'elles proposent aux retraités comme solutions idoines aux situations qu'ils traversent. Ce sont donc toutes ces idéologies qui conduisent ces retraités vers les associations. En effet, étant officiellement exclus du circuit de production, les retraités sont confinés dans des rôles d'acteurs improductifs. De ce fait, la société ne leur apporte plus toute l'assistance nécessaire à leur subsistance et à leur épanouissement comme cela était le cas dans le milieu professionnel à travers les mutuelles, des associations d'aides et d'assistance. Aussi, faut-il souligner que dans la politique de protection sociale que les entreprises proposent à leurs employés, la question de la santé est centrale avec l'assurance-maladie. Or en retraite, la santé (se présente comme « une denrée rare » liée au processus de vieillissement) et l'inactivité sont sources de problèmes sociaux et psychologiques chez les retraités. Le sentiment de rejet ou d'exclusion sociale résulte donc du fait qu'ils ne bénéficient plus de l'assistance nécessaire de la société.

A la question de l'inactivité, l'association propose des « postes fictifs » aux retraités pour être toujours actifs afin de combler l'absence d'occupation au travail et de compenser en quelque sorte la perte de l'identité professionnelle. Or, le fait de mettre ses compétences qu'elles soient professionnelles ou sociales au service de l'association n'implique ici aucun rapport salarial contrairement le cas en entreprise. Mais, cela est légitimé par le fait que l'association est un bien communautaire des retraités. Ainsi, les rapports dynamiques dans le cadre associatif doivent être perçus dans cette même perspective et autorisés par les statuts de l'association. Les rapports sociaux de domination observables dans l'association ne sont pas reconnus en tant que tels par les acteurs eux-mêmes puisque l'idéologie de l'association reconnaît cela comme légitime de s'investir pour le compte de l'association et comme quelque chose tout à fait normal, au nom de « l'intérêt supérieur » des retraités adhérant de l'association.

Aussi, faut-il préciser que le souci de longévité est une préoccupation chez les retraités et chez toute personne d'ailleurs. Mais, nous percevons cela comme une construction idéologique qui a également une correspondance idéologique dans l'association des retraités à travers le « Refus  de Vieillir ». En effet, ce slogan est une construction idéologique qui motive les retraités à adhérer à l'ARECO quand bien même que l'on sache que le vieillissement est un processus naturel normal qui ne dépend pas des volontés individuelles et collectives et déterminé par le temps dont tous les retraités en ont pleinement conscience.

En tout état de cause, l'inactivité et le sentiment d'exclusion des rapports sociaux de production sont résolus par une re-structuration des retraités dans les rôles associatifs. En effet, la déconstruction de l'identité professionnelle se trouve reconstruite à travers l'espace associatif dans l'activité. Néanmoins, il s'agit ici d'une reconstruction furtive de l'identité professionnelle qui n'est pas sous-tendue par un rapport salarial. En ce sens, disons avec Claude Dubar (2001) qu'il s'agit ici d'un processus de reconstruction identitaire de type relationnel. Car selon lui, la construction biographique d'une identité professionnelle suppose que l'individu entre dan des relations de travail; participe à des actions collectives dans des organisations et intervient dans le jeu d'acteurs24(*). Par analogie, l'investissement des retraités dans l'association leur permet ainsi de tirer les éléments de leur identité individuelle et collective. Individuelle, puisqu'il entre dans une relation de production en mettant sa compétence au service des autres et de l'association. Collective, dans la mesure où il participe à des actions collectives pour le compte de leur association telles que les revendications, l'organisation des visites médicales avec le soutien matériel et financier de la Mairie. Comme nous l'a confié M.Y. pour qui une association : « ça sert à être utile à la société, au groupe dans lequel on évolue et comme on le dit, il faut se mettre en groupe pour être plus forts et mieux revendiquer et être mieux écoutés ». C'est la preuve que la dynamique associative des retraités s'inscrit aujourd'hui dans une dynamique de revendication dont a parlé Anne-Marie Guillemard. En effet selon cet auteur, la retraite-revendication se distingue par le refus de la place laissée aux retraités dans la société. Comme tel, ils multiplient les activités sociales avec les personnes de leur âge dans le but de changer leur condition de vie.

Le choix de s'entraider et d'étendre son réseau social n'exclut donc pas les actions collectives de revendication. Comme on le constate, la reconstruction des liens sociaux dans l'espace associative est aussi structurante de la construction des identités individuelles et collectives réelles des retraités dans l'association. D'où les principes de fonctionnement des rapports associatifs à l'ARECO.

Au regard de ce qui précède, nous notons qu'il y a effectivement des logiques idéologiques qui président au regroupement des retraités en association. En d'autres termes, ces logiques idéologiques constituent pour les retraités des principes de fonctionnement des rapports associatifs à l'ARECO contribuant ainsi même à assigner aux retraités une identité sociale réelle.

I-3- COTISER...POUR RECEVOIR « GRATUITEMENT »

En nous référant aux données recueillies auprès des enquêtés, nous nous sommes rendus compte qu'il y a des avantages économiques qui structurent l'émergence des associations des retraités.

Il ressort du discours des enquêtés que la survie de leur association dépend en partie des soutiens matériels et financiers de la municipalité. Il ressort également que hormis les cotisations mensuelles et les frais d'adhésion les retraités ont recourt aux soutiens des entreprises et de leurs différentes structures de tutelle (CNPS et CGRAE). Ces ressources économiques permettent aux retraités d'organiser leurs différentes activités. Puis, pour être membre, seul importe le statut de retraité et les cotisations que l'adhérent peut mensuellement effectuer.

En guise d'analyse, il est à noter que la logique de production des associations de retraités recouvre des enjeux économiques au plan collectif. Mais le collectif se construit à partir des logiques économiques individuelles qu'il faut nécessairement souligner. C'est donc la somme des rationalités économiques individuelles de chaque retraité qui donne naissance aux associations de retraités. Nous n'affirmons pas ici que la logique de production des associations de retraités repose forcément sur un substrat économique. Car cela varie selon les objectifs et les enjeux poursuivis par les différentes associations de retraités. Certaines peuvent avoir des intentions économiques avouées ou inavouées.

Les rapports sociaux établis entre les associations de retraités et la municipalité sont des rapports sociaux d'échange. Mais ici, on peut qualifier cet échange de type non marchand. Car, la Mairie accorde des subventions à l'association des retraités qui en retour lui apporte son expertise quand cela est nécessaire. Les retraités constituent de ce fait un appui technique de réserve pour la Mairie qui voit en ceux-ci un capital humain à moindre coût. C'est donc l'une des formes non marchandes de l'échange social.

Par ailleurs, nous pouvons dire que le statut même de retraité constitue pour l'association une ressource mobilisable à tout moment pour avoir accès à certaines ressources au bénéfice collectif des retraités. Car socialement, l'on définit le retraité comme étant économiquement inactif bénéficiant d'une pension. Cette pension est parfois égale au tiers de son salaire (quand il était encore travailleur) (cf. chapitre 1 et 2. Deuxième partie : le mode de calcul de la pension). Cette pension qui se calcule sur la base du statut professionnel est pour la majorité en dessous du salaire minimum garanti (SMIG). Or, l'élévation du niveau de vie ne tient pas compte du statut des individus et de leur pouvoir d'achat. Cela a donc un impact sur les conditions de vie des personnes retraitées. Le regroupement des retraités dans une association leur permet de solliciter collectivement l'aide publique ; de bénéficier des dons de la part des organisations non gouvernementales qui interviennent dans le domaine de la retraite. Car étant seul, il n'est pas évident qu'un retraité puisse bénéficier de subventions, des aides sociales publiques de toute nature. C'est donc dans une action collective que cela est possible. Toutefois, les retombées de l'action collective sous-tendent une participation individuelle qui se traduit par des cotisations mensuelles ou périodiques et des droits d'adhésion qui sont en général accessible économiquement pour les retraités. Ici, la logique économique est d'abord ce que le retraité gagne à travers les cotisations qu'il verse à l'association et ensuite ce que l'association lui permet de bénéficier en s'adressant à des partenaires extérieurs. C'est là que résident les logiques économiques de production des associations de retraités.

Il faut aussi souligner que les relations qui lient la mairie à l'association leur permettent de s'identifier collectivement en tant que des acteurs sociaux à part entière d'autant plus que cela permet de rehausser collectivement l'image du retraité ; une sorte de reconnaissance sociale. Cette revalorisation collective des retraités rejaillit d'une manière ou d'une autre sur les identités sociales individuelles.

En résumé, retenons que s'il est vrai que l'émergence des associations ne repose pas forcément sur un substrat économique, il faut néanmoins souligner qu'il y a un enjeu économique et social qui guide les rationalités individuelles et collectives des retraités. D'où les logiques économiques de production des associations des retraités puisque dans l'association, on cotise peu pour bénéficier plus.

I-4- UN DEPLOIEMENT INSTITUTIONNEL IMPORTANT POUR UNE

« RETRAITE DE MISERE »

Les résultats de l'enquête nous permettent d'affirmer que les associations de retraités établissent des relations avec leurs structures de tutelle c'est-à-dire la CNPS (pour les retraités issus du secteur privé) et la CGRAE (pour les fonctionnaires retraités). L'enquête montre également que les organismes sociaux ont conscience de l'existence des associations de retraités qu'ils voient en elles des collaborateurs. On note par contre que même si ces associations sont perçues dans une certaine mesure comme des collaborateurs indirects de ces organismes de sécurité sociale ; cela n'exclut pas les revendications pour une meilleure gestion du retraité ivoirien.

L'analyse de ces observations nous permet de dire que les retraités se regroupent en associations parce qu'il y a certainement des imperfections dans la politique de l'Etat en matière de retraite mais également pour la reconnaissance sociale. Nous ne voudrons pas faire ici une analyse complète et approfondie de la politique de retraite de l'Etat mais nous voulons nous appesantir sur les rapports qui lient directement les retraités aux organismes sociaux au point que cela conduise à la création d'associations oeuvrant dans le sens des intérêts individuels et collectifs des retraités. Car c'est l'écart institutionnel entre les retraités et leurs structures de tutelle qui conduit de façon logique à la création des associations se positionnant parfois comme des lieux de contre-pouvoir. Dès lors, il serait intéressant de nous interroger brièvement sur les compétences des organismes de sécurités sociales en Côte d'Ivoire. En effet la CNPS et la CGRAE sont des caisses de prévoyance et de sécurité sociale qui ont pour mission essentielle de payer les pensions des retraités. Elles doivent en quelque sorte oeuvrer au plein épanouissement économique et social des retraités qui aujourd'hui constituent une des couches sociales les plus fragiles de la population ivoirienne bien que minoritaire. En fait, ces organismes sociaux à travers les produits qu'ils proposent aux retraités ne prennent pas en compte fondamentalement la dimension loisir-épanouissement du retraité et du contexte social dans lequel ils s'évoluent. Ils sont trop attachés à l'aspect économique négligeant l'aspect social et sanitaire. Or, la retraite prend tout son sens dans les loisirs et le divertissement contribuant au bien-être physique et mental des retraités. D'où le recours aux associations pour combler non seulement ce besoin d'épanouissement et de reconnaissance sociale mais également pour faire fonctionner le droit de regard. C'est donc à cause de ces manques que certains retraités estiment que : « A la retraite on ne s'occupe plus de nous » M. G. Ce même avis est partagé par M. B. pour qui : « En Côte d'Ivoire quand tu es retraité, on s'en fout de toi parce que tu ne produis plus ». Aussi, Mme O. souligne t-elle que « Ces structures payent seulement la pension c'est tout ».

Nous pouvons retenir de ces propos que les retraités expriment un droit de regard sur leur situation d'économiquement « inactifs » dans lequel la déconstruction du statut professionnel les a structuré. Cette déconstruction du statut professionnel agit dans une certaine mesure sur le mieux-être social des retraités. En s'investissant dans l'association, c'est dans une intention de témoigner aussi de leur visibilité sociale face à l'autorité. Cette visibilité sociale collective participe à la construction sociale de leur identité collective dans l'association à travers laquelle la société devra les considérer et les prendre en compte comme des acteurs sociaux à part entière.

Aussi, devons-nous souligner que l'engagement des retraités en association fait fonctionner le droit d'assistance des retraités par les structures de sécurité sociale ; l'assistance collective à la fois économique et sociale lorsqu'ils les sollicitent. Pour M. O : « On s'est fait connaître par ces structures. Quand on a une activité, on demande leur appui financier ou matériel, surtout la CNPS » ; et M. E. : « On a des relations avec ces structures qui parrainent les associations de retraités, on les adresse un courrier pour les informer de nos activités afin de bénéficier de leur soutien et aides. » et enfin, M. Y. : « C'est logique, s'il y a des doléances, l'association les soumet à l'autorité ».

Par ailleurs, ajoutons que l'une des revendications en sourdine des retraités à travers les associations est liée à la suppression de l'impôt sur la pension. Reconnu comme étant économiquement inactifs avec une déconstruction de leur statut professionnel, il est logique de comprendre que les retraités devraient être exonérer d'impôt sur la pension afin de permettre certains d'entre eux de vivre décemment. Or, l'impôt sur la pension est une mesure institutionnelle qui s'impose aux retraités. En situation de retraite, le niveau économique de la grande majorité des individus s'amenuise. A cela s'ajoute la cherté de la vie à tout les niveaux alors que les pensions n'ont pas connu d'augmentation depuis plus de deux décennies tandis qu'en France les reformes institutionnelles sont entreprises visant à augmenter d'ici Septembre 2008 la pension de 0.8% afin de permettre aux retraités de ce pays de vivre une retraite paisible.

Pour finir, retenons que la logique institutionnelle de production des associations de retraités recouvre ici les enjeux et les intérêts individuels et collectifs des retraités. On peut aussi observer entre ces structures et les retraités, soit des rapports de force soit des rapports de collaboration ou de conflit (certains retraités expriment plus un besoin de reconnaissance sociale, un besoin d'assistance et de prise en compte de leurs intérêts par les autorités). Mais, nous pouvons observer surtout dans cette relation un rapport de domination de ces structures de prévoyance sociale sur les associations de retraités.

Dans ce chapitre nous avons traité de la manière dont les retraités construisent les espaces sociaux de sociabilité et de solidarité associative. Nous avions également vu comment l'émergence des associations repose sur des logiques sociales, idéologiques, économiques et institutionnelles.

Dans le chapitre suivant, nous allons porter notre analyse sur les mécanismes qui permettent aux retraités de se re-construire dans une association en nous appuyant sur le cas spécifique de l'ARECO.

CHAPITRE II : MECANISMES DE RECONSTRUCTION

DES RETRAITES DANS L'ARECO

L'intérêt de cette partie, c'est d'étudier les mécanismes de reconstruction des retraités de l'ARECO à l'effet de voir comment ils participent à la construction des liens sociaux. L'étude de ces mécanismes montrera comment les habitus socioprofessionnels des retraités contribuent à structurer leurs identités sociales actuelles. Pour ce faire, nous allons orienter notre analyse dans la perspective de voir comment les retraités reproduisent les habitus socioprofessionnels dans l'association des retraités; puis, examiner la nature des gains procurés symboliques procurés par la participation à la vie associative et terminer ce chapitre par une étude de la construction du sens de la retraite par les acteurs de l'association.

II-1- UNE REPRODUCTION DES HABITUS SOCIOPROFESSIONNELS

DANS L'ESPACE ASSOCIATIF

L'enquête montre que les retraités de l'ARECO effectuent mensuellement ou exceptionnellement des cotisations. Pour eux, ces cotisations servent à financer en partie les activités de l'association (visites, médicales loisirs, etc.) d'une part et d'autre part, à assister les membres en cas d'évènements heureux ou malheureux (mariages, baptêmes, décès d'un membre, etc.)

Dans le cas d'un évènement heureux, le mariage d'une progéniture d'un membre, l'association verse une somme à la personne concernée si elle effectue régulièrement ses cotisations. Aussi, quand un membre décède ou perd une personne très proche, l'ARECO verse également une somme aux ayants droits en guise de soutien à la famille.

Ces pratiques sociales au sein de l'ARECO tirent leur sens dans la trajectoire socioprofessionnelle de ses acteurs. En effet, il existe dans presque toutes les entreprises ou services ivoiriens des fonds d'aide aux employés appelés généralement des « caisses de solidarité ». Ces caisses de solidarité sont en général des cotisations de l'ensemble du personnel qu'il gère ou cogère avec l'administration de l'entreprise. Elles sont devenues des institutions au sein de l'entreprise et sont exclusivement consacrées aux aides sociales. Comme tel, les caisses de solidarité remplissent plusieurs fonctions dans le cadre de la socialisation des acteurs de l'entreprise dont les plus essentielles sont l'aide directe aux employés qui vivent un évènement heureux (mariage, accouchement, etc.) ou sont touchés par un évènement malheureux (décès pour la plupart).

La rupture d'avec le milieu professionnel du fait de la retraite est aussi une déstructuration des liens de solidarité construits autour de ces caisses qui sont en réalité de véritables soutiens aux employés. Alors, les retraités dans l'association reproduisent en quelque sorte ces mêmes pratiques dans l'association qui sont pour eux des mécanismes qui leur permettent de se re-construire. Car, comme nous l'entendons dire souvent, l'homme est un être social et un être de besoins. Mais à la retraite, le besoin de sécurité est une nécessité pour l'équilibre psychologique des retraités. Ce besoin de sécurité intègre non seulement le sentiment d'appartenance à un groupe social ou à une communauté, mais également, ce que nous appelons ici, le besoin de protection sociale. Or, une des limites de l'action politique réside dans le fait qu'elle n'apporte pas toute l'assistance sociale aux retraités pour leur permettre de vivre une retraite paisible ; loin des soucis liés aux moyens économiques. C'est qui pousse les retraités à mettre en place des stratégies dans les associations pour combler les insuffisances de la politique de retraite.

Cette forme de sécurité sociale reproduite au plan microsocial donne l'impression de toujours bénéficier étant en retraite des avantages sociaux liés à la situation et au statut professionnel. Elle structure aussi les liens sociaux entre des personnes d'origines diverses qui ne partagent qu'un même statut social. En effet, l'assistance que l'ARECO apporte à ses membres n'est pas que financière. Elle également morale puisque hors mis le soutien financier, les membres de l'association témoignent de leur présence physique en cas d'évènements heureux ou malheureux.

En outre, les cotisations que les retraités effectuent prennent sens surtout en cas d'évènements malheureux. En effet, ces cotisations fonctionnent comme une forme d'assurance-maladie ou d'assurance-obsèques. C'est donc un investissement productif à court ou moyen terme pour les retraités. En effet, en Afrique précisément en Côte d'Ivoire, la vie en communauté est beaucoup plus valorisée et socialement valorisant. C'est aussi en cas de décès que les liens de solidarité se manifestent davantage au plan économique et social. Car les rites funéraires occasionnent pas mal de dépenses et c'est en cela que les retraités de l'ARECO estiment que les cotisations sont utiles pour eux et pour leur association. Pour M. G. : « Les cotisations sont comme une assurance que nous déposons. J'ai dit tout à l'heure que quand tu es malade ou tu meurs, il y a un montant qui est versé à votre épouse » Mme O. estime que les cotisations servent à : « financer nos activités, nos sorties, l'entraide quand il y a un décès ou un mariage. Ça nous arrange, quand tu perds quelqu'un on t'assiste financièrement et c'est quelque chose ».

Au regard de ce qui précède, disons que tous ces mécanismes mises en place au sein de l'ARECO fait fonctionner non seulement l'association mais permettent aux retraités de se reconstruire. Outre ces mécanismes d'ordre économique, l'association procure des ressources symboliques ou mentales aux retraités pour leurs permettre de se reconstruire. C'est donc la nature de ces ressources symboliques que nous allons examiner dans la partie suivante.

II-2- LA NATURE DES GAINS SYMBOLIQUES PROCURES

PAR L'ASSOCIATION

L'enquête révèle que l'ARECO a un programme d'activités. Les activités organisées sont des initiatives propres des membres en rapport avec les objectifs de l'association. Nous avons identifié entre autres les visites médicales une fois par an, les loisirs, les conférences-débats, etc. Les retraités estiment que les activités qu'ils pratiquent dans l'association leurs permettent de se recréer, de s'extérioriser afin de demeurer toujours actifs et diminuer les soucis quotidiens liés à la retraite.

La retraite n'est pas un phénomène nouveau en Côte d'Ivoire puisqu'elle existait même avant l'indépendance. Néanmoins, ce qu'il faut chercher à comprendre, c'est qu'il existe aujourd'hui une nouvelle catégorie de retraités qui sont plus actifs dans cette phase de vie en milieu urbain. Ce niveau élevé d'activités chez les retraités d'aujourd'hui tire son sens de deux constatations : D'un côté, il y a une révolution de conscience, un changement d'attitude face à la retraite et de comportement en retraite et de l'autre, la retraite ne rime plus avec le retour systématique au village.

En outre, les retraités de l'ARECO sont dotés d'un capital culturel élevé hérité de la vie active qu'ils traduisent en retraite. Ainsi, les loisirs ou les activités pratiquées dans l'association ont un lien avec le passé professionnel. Il y a donc une continuité dans l'activité, ce qui laisse entrevoir un processus de réaménagement de soi et une rupture avec l'ancienne conception de la retraite teintée d'idéologie à connotation négative réduisant la retraite à une mort sociale.

Les retraités de l'ARECO entretiennent l'idée du « refus de vieillir » ou de « bien vieillir » dans le cadre d'une retraite-loisirs et d'une retraite-revendications25(*). En effet, ces deux variantes de conduite en retraite s'illustrent bien dans les comportements des retraités de l'ARECO. Selon le premier modèle (la retraite-loisirs) identifiée par Anne-Marie Guillemard, il s'agit de valoriser le rôle de consommateur de produits culturels (voyages, sorties détentes, spectacles, etc.). Puis le second modèle (retraite-revendications) dont nous avions déjà parlé dans le chapitre précédent se traduit par une sorte d'engagement dans l'activité et une revendication d'une place d'acteur social mais aussi d'extension de champ social et spatial. C'est ce qui confirme les propos de Mme L. : « l'ARECO soutient les retraités dans les oeuvres sociales, par le biais de l'ARECO, on touche les organismes sociaux. Les activités que nous organisons servent à nous détendre, on sort des soucis familiaux pour se récréer. Ça fait du bien que de s'en fermer entre les quatre murs ». En abordant dans le même sens que Mme L., M Y. affirme que : « les loisirs, c'est pour regrouper les personnes d'une même tranche d'âge et de leur faire oublier les soucis et rompre avec la monotonie et épanouir le retraité ».

Les ressources nécessaires à l'adaptation de la vie en retraité sont diverses et les styles de vie sont également variables selon les individus. En tout état de cause, la pratique des loisirs ou toute autre pratique culturelle dans l'association s'inscrit dans une perspective de réussir sa vieillesse et le choix de ce modèle de comportement chez la plus grande partie des retraités répond à cette fin. Dans une telle perspective, il y a un enjeu qui est celui d'entretenir la « flamme de la jeunesse d'esprit » et de valoriser collectivement la retraite dans les associations.

Nous ne pouvons pas cependant occulter le fait que l'investissement dans les loisirs demande un capital économique qu'il faut mobiliser même dans le cadre de la vie associative (les cotisations pour financer les loisirs). Or, nous le savons tous que le problème de la retraite se réduit essentiellement au dépérissement des ressources économiques qui génèrent les soucis quotidiens chez les retraités. Ce qui revient à dire que les moins dotés en capitaux économiques évoluent allègrement vers une vieillesse-échec. Les loisirs en retraite sont perçus comme un substitut au travail ou à l'activité professionnelle dans le processus de reconstruction de soi. Cela dit, ces mécanismes culturels de reconstruction des retraités dans l'association reposent en partie sur un substrat économique. Celui-ci se présente comme le socle sur lequel repose le bien vieillir ou la vieillesse réussie.

II-3- L'ESPACE ASSOCIATIF ET LA CONSTRUCTION DU SENS

DE LA RETRAITE PAR LES RETRAITES

A travers bon nombre d'entretiens, les retraités pensent que se retrouver en association est significatif pour eux. En effet, c'est une occasion d'être ensemble avec des individus qui partagent le même statut faire de nouvelle connaissance et d'assistance mutuelle. Participer à la vie associative signifie pour eux l'union autour d'un idéal commun, et se sentir vraiment retraité. En effet, selon eux, cela est « bon » pour le moral du retraité. On relève dans les entretiens les formules telles que : « le problème, c'est de ne pas rester en retrait. C'est une occasion de se retrouver et d'échanger avec les autres. C'est positif. » Mme.O. « je discute avec des gens, je fais de nouvelles rencontres » M.E. ; « ce sont les retrouvailles. Cela m'a permis de retrouver des amis d'enfance et on a le sentiment d'être toujours jeune » Mme M.

Le milieu professionnel précisément l'entreprise ou le service est un espace social où les individus passent une grande partie de leur vie. C'est dire que le monde professionnel joue un rôle très important dans la socialisation des individus.26(*) En effet, l'insertion professionnelle assure une intégration sociale et une construction identitaire des individus. Comme tel, l'insertion par le travail leurs permet de tisser des liens sociaux très solides. Alors qu'avec le retrait de la vie professionnel, les individus se désocialisent des groupes dans lesquels ils étaient intégrés. Il y a donc une déconstruction des liens sociaux et l'identité des individus qui vont à la retraite. Pour éviter donc l'anomie et la désintégration chez ces « néo retraités » les retraités cherchent à intégrer les associations afin de se re-socialiser. C'est ce qui donne sens à la retraite à travers l'association de retraités. La socialisation est un processus continuel le temps que dure la vie d'un individu. Cela n'est donc pas lié à l'âge mais à l'évolution et au changement social. L'association se substitue donc aux groupes de référence du milieu professionnel car les pratiques propres à l'association et aux organisations internes aux entreprises présentent de grandes similitudes. Ce processus de reconstruction à l'intérieur de son nouveau groupe de référence s'opère par le biais des mécanismes de socialisation : apprentissage les normes, les règles et les valeurs du groupe de référence ; en un mot, intériorisation de « des codes sociaux du groupe ». Dans ce groupe, les retraités retissent d'autres liens sociaux et cherche à se restructurer une nouvelle identité sociale. L'association représente de ce fait pour les retraités un groupe de référence par excellence où ils peuvent socialement s'affirmer.

Au regard de ce qui précède, nous pouvons retenir que la trajectoire socioprofessionnelle des retraités détermine en partie leur comportement à la retraite. En intégrant ces groupes, les retraités entendent reconstruire une nouvelle identité sociale.

A travers ce chapitre, nous avions pu analyser les mécanismes par lesquels les retraités se reconstruisent et par la même occasion construisent le sens de la retraite. Cela nous nous a permis de constater qu'il y avait une reproduction des habitus socioprofessionnels dans cet espace. Aussi, avons-nous noté que l'association produisait des biens symboliques et matériels aux retraités c'est-à-dire les retombées de leur engagement dans l'association. Il est donc certain que le regroupement des retraités en association conditionne leur représentation de la retraite.

CHAPITRE III : FABRICATION DES REPRESENTATIONS

SOCIALES ASSOCIEES A LA RETRAITE

L'analyse de la manière dont les retraités se représentent la retraite sera organisée en deux parties. Il s'agira d'abord d'analyser les représentations des individus avant la retraite (étant encore hors du champ de la retraite), puis, pendant la retraite (en tant qu'acteur à part entière du champ de la retraite). Cela nous permettra de saisir le sens du choix d'un modèle de conduite des retraités à travers leur association. 

III-1- FABRICATION DE REPRESENTATIONS SOCIALES AVANT LA

RETRAITE

III-1-1-Au niveau idéologique et symbolique

Les retraités avaient conscience de la retraite. Ils l'ont envisagé comme une phase incontournable de la vie qu'il faut nécessairement être capable d'assumer à tout point de vue. Pour eux, il fallait donc se préparer économiquement, psychologiquement pour pouvoir l'aborder d'autant plus que la réalité de la retraite, c'est comment s'y prendre et être capable d'assurer sa vieillesse. Mais, cela n'exclut pas la vision floue qui suscite en eux des doutes et des craintes quant à la suite de ce qu'on deviendra une fois à la retraite. Les retraités estiment qu'à la retraite, ils perdent tous les avantages sociaux puisque un travailleur salarié est toujours socialement admiré et respecté. Il incarne socialement l'autonomie financière et la responsabilité.

Les différentes perceptions plus ou moins négatives de la retraite résident dans la définition sociale de la retraite. En effet, il s'agit de comprendre comment la société définit les retraités et fabrique des inactifs, des incapables sous la base des stéréotypes et de préjugés qu'elle s'identifie à une catégorie d'individus pour la plupart avancé en âge.

En effet, la construction sociale de la retraite laisse entrevoir des images de vieillesse d'incapacités physiques à travailler et d'économiquement affaibli. Nous pensons que ce sont ces images plus ou moins négatives qui suscitent des appréhensions et des craintes chez les futurs retraités.

La déconstruction sociale de cette vision de la retraite nous permet d'observer que la retraite ne rime pas forcément avec :

- La dégénérescence physique ou intellectuelle car le retraité peut être une personne avancée en âge, avoir une parfaite santé mentale et physique et mettre encore ses compétences au service de la société ;

- Le repos car le retraité peut toujours se reconvertir dans d'autres domaines afin d'accroître ses sources de revenu et être indépendant de la pension de retraite ;

- L'âge limite requis (55 ans) puisque certaines personnes se retrouvent en retraite avant d'atteindre le seuil des 55 ans. Puis, il y a la retraite anticipée ou le départ volontaire à la retraite, etc.

Ces perceptions négatives de la retraite sont fondées sur le fait qu'elle contribue à la dévalorisation sociale du travailleur. Cette dévalorisation se traduit par l'exclusion du circuit de production, la déconstruction du statut social de salarié et la perte des avantages sociaux liés à ce statut. Du coup, le retraité est perçu comme dépossédé de ses capacités économiques, physiologiques, intellectuelles ; etc. qui le valorisaient dans le champ professionnel. Cela est constaté dans les propos des retraités interrogés : « À la retraite, on ne te considère plus, on ne te prend plus au sérieux, on te néglige. Dans mon cas, les gens couraient après moi pendant que je travaillais, mais maintenant à peine qu'ils me saluent lorsqu'on se rencontre » M. G. ; Pour M.B., « Le problème, une fois à la retraite, on ne s'intéresse plus à toi puisque tu ne produis plus ».

Les rapports sociaux qu'entretiennent les retraités dans l'association sont inscrits dans le processus de valorisation collective et symbolique de la retraite. C'est le cas de l'ARECO. En effet, l'ARECO ne produit pas une économie pour l'entretien individuel de ses membres. Elle produit surtout une idéologie valorisante de la retraite dans l'intention de déconstruire ces perceptions négatives.

III-1-2-Au niveau normatif et cognitif

Selon l'enquête, nous notons que ce sont les individus qui s'informent eux-mêmes sur la retraite. Il n'y a pas de séminaire d'information en direction des futurs retraités. A la question de savoir si les employeurs interviennent dans la préparation de la retraite des employés, les retraités pensent que « rien n'est fait » hormis les cotisations pour la prévoyance sociale. A l'ARECO, la plupart des retraités estime avoir effectué des cotisations à titre personnel pour l'acquisition d'un bien immobilier.

Nous pouvons dire qu'avant la retraite, les individus expriment un besoin de reconnaissance sociale. Car, si le travail est un moyen de réalisation de l'homme, il doit être également un moyen de distinction sociale. C'est pourquoi, un retraité doit « normalement » faire presque envie socialement. Toutefois, il faut noter que les insatisfactions matérielles dépendent en partie du traitement reçu au travail et des engagements ; des responsabilités auxquelles l'individu doit faire face. Car, derrière un salaire, il y a toute une communauté et la perte d'un emploi est une porte ouverte à la déchéance sociale de l'individu, de sa famille et même de sa communauté.

Retenons en résumé que les individus ont surtout une vision floue de la retraite. La retraite est toujours perçue comme le départ des soucis, mais comme une phase de la dévalorisation sociale des travailleurs. Aussi faut-il noter que l'environnement social en général dans lequel évoluent les individus renforce les attitudes négatives face à la retraite. Néanmoins, un manque d'information et de sensibilisation sur la retraite dans le milieu professionnel génère toujours des préjugés chez les futurs retraités.

III-2-FABRICATION DE REPRESENTATIONS SOCIALES PENDANT LA

RETRAITE

III-2-1-Au niveau idéologique et symbolique

Pour les retraités de l'ARECO, la retraite signifie le repos, la liberté de disposer de son temps, de pratiquer les loisirs. C'est pour eux, un mérite de vivre sa retraite avec un bon niveau de santé. Ils se sentent encore utiles à la société. Dans bon nombre d'entretiens, nous relevons les formules telles que : « Pour moi, la retraite c'est le repos » Mme O ; Mme R : « La retraite est un moment pour se reposer », etc.

Ici, les retraités se construisent comme ceux qui ne sont pas soumis aux contraintes de la vie active, aux contraintes liées à l'activité professionnelle à la retraite. C'est de là que fait naît le sentiment de liberté pendant la retraite. Les retraités créent des opportunités et négocient à travers des groupes sociaux organisés une nouvelle identité pour être socialement reconnus et se reconstruire dans les loisirs. Aussi, pendant la retraite les individus centralisent-ils leurs liens affectifs au niveau de la famille et du groupe pair.

III-2-2-Au niveau normatif et cognitif

Il ressort de l'enquête que pendant la retraite, la perception qu'ils avaient de la retraite comme liberté de disposer de son temps n'a pas changée. Les retraités de l'ARECO s'estiment satisfaits de leur carrière professionnelle et surtout s'épanouir dans sa retraite. Par ailleurs, la majorité des personnes interrogées pensent que pendant la retraite, rien n'est fait par l'autorité, il y a peu de regard de l'Etat en direction des retraités.

En guise d'analyse, nous disons que, la conception de la retraite comme absence de contrainte est liée aux rapports sociaux de production, de collaboration et de domination qu'ils entretenaient dans le cadre de l'entreprise et du travail. En effet, pendant la retraite, les retraités se représentent la retraite comme un moment où ils ne sont plus soumis aux ordres et n'en donnent non plus. Les représentations de la retraite comme liberté tirent donc son sens dans cette manière de la concevoir. C'est aussi ne plus être confronté aux contraintes horaires liées au travail ni au stress lié à l'accomplissement d'une tâche professionnelle. Par contre, l'engagement dans l'activité ou dans l'entreprise libérale en dehors de l'espace associatif vise à combler le manque de l'assistance de l'autorité et surtout à échapper à la dépendance de la pension ou augmenter le niveau de revenu pour une meilleure intégration sociale.

Pour nous résumer, disons que la fabrication de représentations sociales par les retraités pendant la retraite est liée à leur exclusion du circuit officiel de production et des normes liées à l'activité professionnelle. Dans ce sens, le retrait de la vie professionnelle fait donc naître le sentiment d'une absence de domination ou de soumission et même de contrainte sociale.27(*)

CONCLUSION

Au total, il convient de présenter le bilan de notre réflexion. Mais avant, il est important de rappeler les objectifs que nous nous sommes fixés au départ. En entreprenant d'effectuer cette recherche sur la vie associative des retraités, nous nous sommes questionnés de savoir ce que une association pourrait apporter de nouveau aux retraités ou ce qu'ils produisent lorsqu'ils se regroupent en association. En un mot, nous avons voulu savoir comment une association peut-elle construire et donner un sens à la retraite. Cela nous a conduit à étudier le processus social qui sous-tend l'émergence des espaces de sociabilité chez les seniors, les mécanismes qu'ils mettent en place dans cet espace pour changer leur condition de vie.

Comme résultat, nous avons constaté que l'association donne une autre vision à la retraite. Les retraités et les néo retraités sont plus actifs que leurs aînés. Nous constatons donc qu'il y a une révolution totale et une dynamique qui s'opère aujourd'hui dans le champ de la retraite. En effet, l'association des retraités se présente comme un « amortisseur » des chocs que subissent les retraités une fois qu'ils rompent avec le milieu professionnel mais également comme une opportunité de se re-organiser. L'association est un espace où ils viennent tremper les nuisances psychologiques quotidiennes puis, puiser les ressources nécessaires pour un nouveau départ. De ce fait, elle est pour eux un espace de restructuration des liens sociaux coupés lors de leur retrait du champ professionnel. De ce fait, l'ARECO devient donc un espace de reproduction des habitus socioprofessionnels des retraités mais aussi un canal de médiation entre les retraités et la société globale. Elle donne de ce fait une visibilité sociale aux retraités et restaure leur identité sociale par les mécanismes de socialisation qu'elle met en place. En un mot, l'ARECO donne une autre dimension à la retraite en créant les conditions d'une retraite paisible pour une vieillesse réussie pour les retraités vivant en milieu urbain.

Ces différents constats à l'issue de notre recherche proviennent d'un processus d'enquête qualitative très délicate qui a parfois ressemblé à une sorte de « négociation invisible » entre les enquêtés et nous. Les différentes techniques d'enquêtes utilisées nous ont apporté de grandes satisfactions au plan méthodologique. Cependant, nous émettons des réserves quant aux résultats de cette recherche car nous ne saurons prétendre saisir tous les contours de la vie associative des retraités même si l'approche choisie s'inscrit plus dans une vision phénoménologique (c'est-à-dire rechercher les causes profondes, saisir l'essence et le sens du phénomène étudié).

Pour finir, soulignons que nous nous sommes intéressés à la vie associative des retraités vivant en milieu urbain. Nous nous sommes rendus aussi compte qu'ils créent ou recherchent des conditions pour une meilleure intégration sociale dans le milieu urbain. Mais, est-ce le cas pour les retraités qui font le choix de retourner au village  quand nous savons qu'autrefois la prise en charge des personnes âgées revenait à la communauté, à la famille nucléaire ou élargie. Alors ne serait-il pas intéressant d'orienter des recherches futures en direction de ceux qui ne fréquentent pas les associations ou ceux qui vivent en milieu rural  à l'effet de comparer leur degré d'intégration sociale à ceux des zones urbaines?

REFERENCES BIBLIOGRAFIQUES

I- OUVRAGES DE METHODOLOGIE

ü AKTOUF Oumar, Méthodologie des Sciences Sociales et approche qualitative des organisations, Une introduction à la démarche classique et une critique, Presse universitaire du Québec, Edition électronique, 2007

Http : //www.uqac.ca/classique_des_ sciences_sociales/

ü BEAUD Michel, L'art de la thèse, Comment préparer et rédiger un mémoire de Master, une Thèse de Doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du Net, Col. Grands Repères- Guide, La découverte, Paris, 2006.

ü BLANCHET Alain, GOTMAN Anne, L'enquête et ses méthodes : l'entretien, col. 128, Nathan Université.

ü WEBER Florence, BEAUD Stéphane, Guides de l'enquête de terrain, col.

Grands Repères- Guide, La découverte, Paris, 2006.

N'DA Paul, Méthodologie de la recherche de la problématique à la discussion des résultats. Comment réaliser une mémoire, une thèse en sciences sociales et en éducation, EDUCI, Abidjan, 2002.

II- OUVRAGES GENERAUX

ü BOURDIEU Pierre, Le sens pratique, éd. de Minuit, Paris, 1980.

ü DUBAR Claude, La socialisation, Armand Colin, Paris, 2001.

ü DURKHEIM Emile, De la division du travail social, PUF- Quadrige, Paris, 1991.

ü MONTOUSSE Marc, GILLES Renouard, « fiche 24, l'individualisme méthodologique » in 100 fiches pour comprendre la sociologie, , Bréal, Paris. pp60-61

III- OUVRAGES SPECIALISES

ü CUMMING E., HENRY, Growing old. The processus of disengagement, Basic Books, New York, 1961.

ü GUILLEMARD Anne-Marie, La retraite une mort sociale. Sociologie des conduites en situation de retraite, Mouton, Paris, 1972.

ü LERAND Monique, Préretraite et vie associative, Les cahiers de la recherche sur le travail social, N°15, 1988.

IV- THESE ET MEMOIRES

ü GRATTIE Léocadie, La retraite en Côte d'Ivoire : Essais d'appréhension psycho sociale, Thèse de Doctorat, Université de Laval, 1988.

ü BIALY Laurent Mathieu, Politique nationale à l'égard des retraités du secteur public, Mémoire de maîtrise, IES, 2001.

ü D'ALMEIDA Armelle Sabine, Construction sociale du bien vieillir chez les retraités vivant en milieu urbain : cas des retraités de la CGRAE, Mémoire de Maîtrise, IES, 2006.

ü IBO Lebato Isaac, Etude de la condition socio économique des retraités : cas de la commune de Yopougon, Abidjan, IES, 2001.

ü KOUASSI Guillaume, Le régime de retraite en Côte d'Ivoire, Mémoire de Maîtrise, IES, 1984.

ü SALA Nicolas, Associations de jeunesses et développement local à Abidjan (Côte d'Ivoire), participation à la gestion communale : commune de Port-Bouët et d'Adjamé, Mémoire de Maîtrise, Université Paris 10 Nanterre, Paris, 1993.

V- REVUES ET ARTICLES

ü DELPECH Bernard, « La solidarité populaire abidjanaise en chiffres et en dires » in Abidjan au coin de la rue : éléments de la vie citadine dans la métropole ivoirienne, Cahier ORSTOM série sciences humaines vol.19, n° 4, pp551-566, 1983.

ü DUBAR Claude, La socialisation : construction des identités professionnelles et sociales, Armand Collins, Paris, 2e édition revue, 3e tirage 1998.

ü LEGRAND Monique, « Pré-retraite et vie associative » Les cahiers de la recherche sur le travail social, n°95, 1988.

ü CGRAE ; la nouvelle CGRAE et le retraité du troisième millénaire, Séminaire CGRAE, Yamoussoukro 6et 7 Mai 19999

VI- DICTIONNAIRES

ü AKOUN André, ANSART Pierre, (s.d.) Dictionnaire de sociologie, col. Le Robert Seuil, Paris, 2000.

ü BOUDON Raymond, BOURRICAUD François, Dictionnaire critique de la sociologie, PUF-Quadrige, Paris, 2002.

TABLE DES MATIÈRES

DEDICACES III

REMERCIEMENTS IV

LISTE DES ACRONYMES V

INTRODUCTION 6

PREMIERE PARTIE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 8

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 9

I-1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME 9

I- 2- PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE DE RECHERCHE 11

I-2-1- Problématique 11

I-2-2- Hypothèse de recherche 17

I-3- Définitions opérationnelles des concepts 17

I-3-1- La vie associative 18

I-3-2- Le lien social 19

I-3-3- L'identité sociale 20

I-4- REVUE DE LA LITTERATURE 22

I-4-1- Approches sociologiques de la retraite 22

I-4-2- Quelques théories sociologiques de la retraite 23

I-4-3- L'action politique en faveur des retraités 27

I-4-4- La vie sociale des retraités 29

I-5- LES OBJECTIFS DE L'ETUDE 31

I-5-1- L'objectif général 31

I-5-2- Les objectifs spécifiques 31

I-6-LE MODELE D'ANALYSE 31

I-6-1- L'individualisme méthodologique 31

I-6- 2- L'apport de la théorie de l'habitus de Pierre Bourdieu 33

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE 34

I1-1- DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE 34

II-1-1- Champ géographique 34

II-1-2- Champ social 35

II-1-3- Champ sociologique 35

II-2- LES INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNEES 36

II-2-1- La recherche documentaire 36

II-2-2- Le guide d'entretien 36

II-2-2-1- Les entretiens 37

II-2-3- L'observation directe du terrain 39

II-3-LES TECHNIQUES DE TRAITEMENT DES DONNEES 39

II-3-1-le dépouillement 39

II-3-2-l'analyse de contenu 40

II-4-LES CONDITIONS SOCIALES DE L'ENQUETE ....40

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DES CADRES DE L'ETUDE 42

CHAPITRE I : LA CNPS ET LA GESTION DES RETRAITES DU PRIVE 43

CHAPITRE II : LA CGRAE ET GESTION DES FONCTIONNAIRES RETRAITES 47

CHAPITRE III : PRESENTATION DE L'ARECO 52

TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES 56

CHAPITRE I : LOGIQUES DE PRODUCTION DES ASSOCIATIONS

DE RETRAITES 58

I-1-L'ESPACE ASSOCIATIF COMME ESPACE FICTIF DE LIENS

SOCIOPROFESSIONNELS POUR LES RETRAITES 58

I-2-PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DES RAPPORTS ASSOCIATIFS A

L'ARECO 62

I-3-COTISER ...POUR RECEVOIR « GRATUITEMENT » 66

I-4-UN DEPLOIEMENT INSTITUTIONNEL IMPORTANT POUR UNE « 

RETRAITE DE MISERE » 68

CHAPITRE II : LES MECANISMES DE RECONSTRUCTION

DES RETRAITES DANS L'ARECO 72

II-1-UNE REPRODUCTION DES HABITUS SOCIOPROFESSIONNELS DANS

L'ESPACE ASSOCIATIF 72

II-2-LA NATURE DES GAINS PROCURES PAR L'ASSOCIATION 74

II-3-L'ESPACE ASSOCIATIF ET LA CONSTRUCTION DU SENS DE LA

RETRAITE PAR LES RETRAITES 77

CHAPITRE III : FABRICATION DES REPRESENTATIONS SOCIALES

ASSOCIEES A LA RETRAITE 79

III-1-FABRICATION DE REPRESENTATIONS SOCIALES AVANT LA RETRAITE 79

III-1-1-Au niveau idéologique et symbolique 79

III-1-2-Au niveau normatif et cognitif 81

III-2-FABRICATION DE REPRESENTATIONS SOCIALES PENDANT LA

RETRAITE 82

III-2-1Au niveau idéologique et symbolique 82

III-2-2-Au niveau normatif et cognitif 82

CONCLUSION 84

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 86

ANNEXE 93

ANNEXES

ANNEXE 1

GUIDE D'ENTRETIEN ADDRESSE AUX MEMBRES DE L'ARECO

SECTION 1 : LOGIQUE DE PRODUCTION DES ASSOCIATIONS

DE RETRAITES

1- Logique sociale

1. Comment êtes-vous devenu(e) membre de l'ARECO ?

2. Qu'est ce qui vous a motivé à adhérer à cette association de retraités ?

3. Etiez-vous membre d'une association lors de votre vie professionnelle ?

4. Qu'est-ce que cette association faisait pour vous ? Et avec l'ARECO ?

5. Est-ce qu'il y a une continuité actuellement ? Pourquoi ?

6. Quel était votre statut dans cette association ? Et à l'ARECO ?

2- Logique idéologique

1. A quoi sert une association d'une manière générale selon vous ?

2. Et une association comme la vôtre qu'est-ce qu'elle représente pour vous ?

3. Sans l'association, à quoi ressemblerait votre vie de retraité ?

4. Avant votre mise en retraite, quel regard portez-vous sur la retraite ?

5. Quels étaient vos soucis majeurs dans votre passage à la retraite ?

6. De quoi parlez-vous lorsque vous vous retrouvez en association ?

3- Logique économique

1. Est-ce que l'association paye des taxes à la mairie ? Pourquoi ?

2. Comment l'association parvient-elle à se prendre en charge ?

3. Est-ce l'association assiste vous assiste-elle financièrement lorsque vous la solliciter ?

4. Est-ce que la pension est-elle un critère essentiel d'adhésion à l'association ? Pourquoi ?

4- Logique institutionnelle

1- Est-ce que l'association entretient-elle des relations avec les structures chargées de

gérer la retraite en Côte d'Ivoire

2- Selon vous, pourquoi l'association tisse-t-elle des relations avec ces structures ?

1- Sur quoi portent les rapports de l'association avec ces structures ?

2- Etes-vous satisfait des prestations offertes par ces organismes en charge de gérer la retraite ?

3- Que leur reprochez-vous dans leur manière de gérer les retraités ?

4- Qu'est-ce que vous ne bénéficiez pas dans cette politique de l'Etat en matière de retraité ?

SECTION 2 : MECANISMES DE RE-CONSTRUCTION DES RETRAITES

DANS L'ARECO

1-Au niveau économique

1. Selon vous à quoi servent les cotisations effectuées dans l'espace associatif ?

2. En quoi est-ce que ces cotisations sont utiles pour votre association ?

3. En quoi est-ce que l'assistance financière de la municipalité est-elle utile pour votre association ?

4. Pourquoi la mairie participe au financement de votre association selon vous ?

2-Au niveau socioculturel

1- Quelles sont les activités organisées par l'ARECO ?

2-Parmi ces activités lesquelles préférez-vous ? Pourquoi ?

5- Que faites-vous d'autres dans l'association lorsque vous ne participez pas aux activités organisées ?

6- Aimez-vous les loisirs ? Pourquoi ? et en retraite, qu'est-ce cela vous apporte ?

7- Selon vous, dans quelle intention est-ce que l'association organise t-elle des activités

3- Au niveau symbolique

1. Quel sens les cotisations prennent-elles pour vous ?

2. Depuis que vous fréquenter l'ARECO, qu'est-ce qui a réellement changé, dans votre vie de retraité ?

3. Quel sens cela a pour vous le fait de vous retrouver dans cet environnement social ?

4. Quel sens prend-t-il pour votre l'investissement des retraités dans une association de retraité?

SECTION 3 : FABRICATIONS DES REPRESENTATIONS SOCIALES

ASSOCIEES A LA RETRAITE

Avant la retraite

1. Au niveau idéologique

1. Que représentait pour vous, la retraite lorsque vous étiez encore en fonction ?

2. Comment votre milieu professionnel interprétait-il la retraite ?

3. Que vous conseilliez vos devanciers à la retraite ?

4. Y Avait-il auparavant une politique de préparation à la retraite dans votre service ?

5. Si oui, avez-vous pris connaissance du contenu de cette politique ? Pourquoi

6. Quel était l'objectif de cette politique ?

7. Comment l'avez-vous accueillie en tant que travailleur ?

2. Au niveau symbolique

1. Dites-moi quelqu'un qui travaille (profession rémunérée), Comment est-il socialement perçue ?

2. Et lorsque cette personne part à la retraite, est-ce la même image qu'elle conserve socialement ? si oui, pourquoi ? Si non, quelles sont les alors les raisons ?

3. A quoi devrait ressembler la vie d'un travailleur qui est appelé à la retraite ?

4. Est-ce que la réalité de la retraite confirme t-elle cela ? Pourquoi ?

3-Au niveau normatif

1- Qu'est-ce que votre service a fait pour préparer votre retraite ?

2-Selon vous, est-ce que votre service devrait-il s'investir dans la préparation votre retraite ?

3-Si oui, qu'est ce que le service devrait concrètement faire pour vous en tant qu'employé hormis les cotisations qu'il verse pour la prévoyance sociale et la retraite ?

4. Au niveau cognitif

1. Etant encore travailleur, pensiez-vous en ce moment-là à la retraite ?

2. Qu'est-ce qu'il était entrepris par vous dans le sens de la réparation à la retraite ?

Pendant la retraite

1. Au niveau idéologique

1. Comment se passe t-elle la vie quotidienne à la retraite ?

2. Qu'est-ce qui a réellement changé par rapport à la vie professionnelle ?

3. votre perception de la retraite a-t-elle changé ou demeure t-elle encore la même ?

4. Les activités effectuées en association ont-elles un lien avec celles pratiquées durant votre vie professionnelle ?

5. Selon vous comment votre environnement Immédiat interprète-t-il votre engagement du retraité en association?

6. Que pensez-vous vous d'un retraité inactif?

2. Au niveau symbolique

1. Actuellement quel sens accordé-vous à la vie à la retraite ?

2. Vous sentez-vous encore utile pour la société ? Comment ?

3. Au niveau normatif

1. Concrètement qu'est-ce que les structures de prévoyance sociale font-elles pour vous à part payer la pension ?

2. Qu'est-ce quelles devraient faire pour mettre le retraité à l'aise ?

3. Est-ce que les aides de la mairie comblent-elles les manques des caisses de retraite ?

4. Au niveau cognitif

1. Est-ce que vous regrettez la retraite ?

2. Qu'est-ce qui vous satisfaites dans votre retraite actuellement ?

3. Eprouvez-vous encore le désir de travailler ? Pourquoi ?

4. Y a- t-il une satisfaction ou un regret de votre carrière professionnelle ? pourquoi ?

5. S'il y a une satisfaction, alors qu'est-ce qui explique votre engagement dans une association avec tant de dévouement ?

ANNEXE 2

TRANSCRIPTION D'ENTRETIEN

Nom   : Mme O. Date : le 07 Avril 2008

Age : 54 ans Durée : 1h 30 mn

Profession  : Educatrice à la retraite

Statut  : Retraitée depuis 2005

- Comment êtes-vous devenu(e) membre de l'ARECO ?

Par le biais de mon mari qui était déjà membre. Je partais l'accompagner de temps en temps. Et quand je suis allée à la retraite, j'ai adhéré.

- Qu'est ce qui vous a motivé à adhérer à cette association de retraités ?

A la retraite, on est retiré de tout le monde et c'est à cause de la solidarité qui règne dans l'association, il y aussi les objectifs de l'association qui m'ont attirés : l'entraide, la solidarité, être en communion, etc.

- Etiez-vous membre d'une association lors de votre vie professionnelle ?

Je faisais partie de l'association du lycée où je travaillais. Je fais partie du groupement de ma confession religieuse.

- Qu'est-ce que cette association faisait pour vous ? Et avec l'ARECO ?

A mon départ du lycée, on m'a fait des cadeaux et organisé une fête. Cela m'a permis de voir comment on élève les poulets, il y avait des sorties où on débattait des thèmes, ça réveille en vous l'esprit de solidarité, quand il y avait la joie et le malheur tout le monde était présent ! C'est un peu pareil avec l'ARECO. J'ai donc acquis cette culture en moi

- Est-ce qu'il y a une continuité actuellement ? Pourquoi ?

C'est pour conserver la continuité que j'ai même adhérée à l'ARECO. C'est pareil.

- Quel était votre statut dans cette association ? Et à l'ARECO ?

J'étais dans l'organisation plus précisément dans la vente. Je suis également dans l'organisation de l'ARECO.

- A quoi sert une association d'une manière générale selon vous ?

C'est pour combler un vide, pour se faire plaisir, pour ne pas rester inactif

- Et une association comme la vôtre qu'est-ce qu'elle représente pour vous ?

Je retrouve du plaisir, ça m'a fait connaître beaucoup de personnes et découvrir leur mentalité et me faire connaître également.

- Sans l'association, à quoi ressemblerait votre vie de retraité ? Sans l'association, je m'occupe de mes petits enfants, étant en retraite, je peux me reposer et ne pas avoir à faire à d'autres chose ; et penser à réaliser d'autres projets pour lutter contrer l'inactivité

- Avant votre mise en retraite, quel regard portez-vous sur la retraite ?

C'est très important d'être en relation avec le service qu'on a quitté. J'ai vue des retraités se lamenter, mais quand tu l'as préparée, il n'y a pas de problème et on n'a pas peur de l'affronter. Pour mon cas, j'ai économisé et bien préparer ma retraite

- Quels étaient vos soucis majeurs dans votre passage à la retraite ?

Mon souci, c'était comment déménager à cause de mes affaires

- De quoi parlez-vous lorsque vous vous retrouvez en association ?

On parle de tout ; de nos anciens collègues, on parle des projets pour l'association et de la vie quotidienne et de ce que l'association peut nous apporter.

- Est-ce que l'association paye des taxes à la mairie ? Pourquoi ?

Non, parce que c'est une association reconnue par la municipalité.

- Comment l'association parvient-elle à se prendre en charge ?

Par les cotisations de ses membres et aussi les aides et les dons par-ci, par là.

- Est-ce l'association assiste vous assiste-elle financièrement lorsque vous la solliciter ?

Dans le statut, on n'assiste pas quelqu'un qui a les difficultés financières sauf en cas de décès ou de mariage.

- Est-ce que la pension est-elle un critère essentiel d'adhésion à l'association ?

- Pour être membre, il faut être fonctionnaire ou travailleur retraité et payer régulièrement ses cotisations.

- Est-ce que l'association entretient-elle des relations avec les structures chargées de gérer la retraite en côte d'ivoire ?

Oui, on s'est fait connaître par ces structures. Quand on organise les activités, on demande leur appui financier ou matériel, surtout la CNPS.

- Selon vous, pourquoi l'association tisse-t-elle des relations avec ces structures ?

Ce sont les structures des retraités.

- Etes-vous satisfait des prestations offertes par ces organismes en charge de gérer la retraite ?

Oui et Non, moi c'est quand on fait les virements. Dans mon cas, les virements se font à partir du 6. C'est un retard !

- Que leur reprochez-vous dans leur manière de gérer les retraités ?

C'est lorsqu'on nous prélève les impôts sur le revenu qu'on a payé depuis qu'on travaillait et en retraite cela se fait encore. Et cela fait partie des préoccupations de l'ARECO.

- Qu'est-ce que vous ne bénéficiez pas dans cette politique de l'Etat en matière de retraité ?

Il n'y a pas de reconnaissance après le service. Il n'y a pas d'endroit pour les retraités. Pas de décoration pour avoir servi. Les retraités n'intéressent personne. Ils ne sont pas considérés en quelque sorte.

- Selon vous à quoi servent les cotisations effectuées dans l'espace associatif ?

Ça sert à financer nos activités, nos sorties, nos conférences. L'entraide lorsqu'il y a un décès ou un mariage.

- En quoi est-ce que ces cotisations sont utiles pour votre association ?

Ça nous arrange quand tu perds quelqu'un, on t'assiste financièrement. C'est quelque chose.

- En quoi est-ce que l'assistance financière de la municipalité est-elle utile pour votre association ?

La mairie nous aide beaucoup. Par ex, les journées médicales sont organisées chaque année par la mairie et ça nous soulage beaucoup. Tu fais ton bilan de santé.

- Pourquoi la mairie participe au financement de votre association selon vous ?

C'est pour nous aider ; nous les retraités.

- Quelles sont les activités organisées par l'ARECO ?

Ce sont les journées médicales, les sorties détentes, les conférences. Il y a même une nuit des retraités qui est en projet actuellement.

- Parmi ces activités lesquelles préférez-vous ? Pourquoi ?

Je préfère les sorties détentes car j'aime beaucoup voyager. Ça nous permet de découvrir beaucoup de choses.

- Que faites-vous d'autres dans l'association lorsque vous ne participez pas aux activités organisées ?

- -Je milite dans d'autres associations communautaires religieuses. Je m'occupe de mes petits enfants et je fais un petit commerce.

- Aimez-vous les loisirs ? Pourquoi ? et en retraite, qu'est-ce cela vous apporte ?

Ça me fait revivre. Ça me fait plaisir.

- Selon vous, dans quelle intention est-ce que l'association organise t-elle des activités

A l'ARECO, ils ont beaucoup d'idées. Chaque retraité trouve son plaisir dans les différentes activités organisées. Il y a aussi les problèmes financiers qui empêchent beaucoup d'effectuer les sorties détentes.

- Depuis que vous fréquenter l'ARECO, qu'est-ce qui a réellement changé dans votre vie de retraité ?

C'est une continuité pour moi. Pas grand changement.

- Quel sens cela a pour vous le fait de vous retrouver dans cet environnement social ?

C'est de ne pas rester en retrait, de se retrouver et d'échanger avec les autres retraités comme moi. C'est vraiment positif.

- Quel sens prend-t-il pour votre l'investissement des retraités dans une association de

- retraité?

C'est une continuité car être retraité, ce n'est pas une fin en soi, c'est un changement en dehors des contraintes liées au service.

- Que représentait pour vous, la retraite lorsque vous étiez encore en fonction ?

La retraite représentait pour moi le repos et affronter une autre vie.

- Comment votre milieu professionnel interprétait-il la retraite ?

- -Ce n'était pas tout le monde qui appréciait la retraite.

- Que vous conseilliez vos devanciers à la retraite ?

Oui, c'est mon mari. Il m'a conseillé de préparer la retraite en économisant pour ne pas être stressée. Il faut savoir se préparer moralement et financièrement.

- Y Avait-il auparavant une politique de préparation à la retraite dans votre service ?

Oui, il y avait un conférencier qui nous a entretenus sur la retraite.

- Comment l'avez-vous accueillie en tant que travailleur ?

C'était une occasion pour nous de nous faire une idée. Et pour mieux la préparer.

- Dites-moi quelqu'un qui travaille (profession rémunérée), Comment est-il socialement perçu ?

C'est un soutien pour la famille ; il est bien vu et c'est une satisfaction pour les parents

- Et lorsque cette personne part à la retraite, est-ce la même image qu'elle conserve socialement ? si oui, pourquoi ? Si non, quelles sont les alors les raisons ?

Ce n'est pas évident d'avoir la même image. Tu t'appartiens à toi-même.

- A quoi devrait ressembler la vie d'un travailleur qui est appelé à la retraite ?

Une vie radieuse, un petit toit, un bien-être social.

- Est-ce que la réalité de la retraite confirme t-elle cela ? Pourquoi ?

Ici en Côte d'Ivoire, le retraité n'est rien. Il n'est pas bien vu. Il est dans l'oubli.

- Qu'est-ce que votre service a fait pour préparer votre retraite ?

Rien, non rien. Le service ne fait rien. Pour les employeurs, la retraite est une question individuelle.

- Selon vous, est-ce que votre service devrait-il s'investir dans la préparation votre retraite ?

Que le service organise une causerie-débat pour tranquilliser tout le monde, les futurs retraités.

- Si oui, qu'est ce que le service devrait concrètement faire pour vous en tant qu'employé hormis les cotisations qu'il verse pour la prévoyance sociale et la retraite ?

Je ne vois pas ce que le service devrait faire. C'est l'Etat qui doit faire de sorte que le retraité soit payé à temps. Le pouvoir d'achat est faible. Cela fait que le fonctionnaire ne peut pas économiser.

- Etant encore travailleur, pensiez-vous en ce moment-là à la retraite ?

Oui, c'était en fonction de la retraite que j'épargnais.

- Qu'est-ce qu'il était entrepris par vous dans le sens de la réparation à la retraite ?

J'ai fais une épargne. En plus de l'épargne, je ne pouvais rien réaliser.

- Y a- t-il une satisfaction ou un regret de votre carrière professionnelle ? Pourquoi ?

Oui, il y a eu satisfaction. J'ai exercé la fonction que je désirais parce que j'aime beaucoup l'éducation. Le seul regret, c'est que j'ai bien travaillé alors que je n'ai pas été décorée

- Comment se passe t-elle la vie quotidienne à la retraite ?

Pour les femmes c'est facile. On fait le ménage pour ne pas s'ennuyer. On s'occupe des petits enfants.

- Qu'est-ce qui a réellement changé par rapport à la vie professionnelle ?

Je m'occupe mieux de ma maison. Plus de contrainte d'aller au travail, le temps est pour toi.

- Votre perception de la retraite a-t-elle changé ou demeure t-elle encore la même ?

Ce n'est pas la même façon de voir. Au début, on craint sans avoir peur. La question qu'est-ce que je vais devenir ou faire maintenant, j'organise mieux mon temps et cela fait passer la crainte.

- Les activités effectuées en association ont-elles un lien avec celles pratiquées durant votre vie professionnelle ?

Oui, je pratique les loisirs comme je le veux.

- Selon vous comment votre environnement Immédiat interprète-t-il votre engagement du retraité en association?

Tout le monde apprécie. Il trouve que je suis dévouée.

- Que pensez-vous vous d'un retraité inactif?

Un retraité inactif, il se meurt à petit feu. C'est pourquoi quand l'association a été créée, on a vu des retraités venir avec des cannes. L'association fait revivre.

- Actuellement quel sens accordé-vous à la vie à la retraite ?

Je trouve que c'est une grâce d'aller à la retraite bien portant et d'occuper son temps comme on veut. La grâce dit tout déjà. On ne peut pas travailler éternellement aussi. C'est une fierté d'aller à la retraite.

- Vous sentez-vous encore utile pour la société ? Comment ?

Je suis très utile encore pour la société. S'il y avait une maison de retraite, on n'allait pas mourir si tôt après la retraite. Pour moi, créer un internat de jeunes filles pour qu'on puisse donner encore de l'éducation ; c'est mon projet ça !

- Concrètement qu'est-ce que les structures de prévoyance sociale font-elles pour vous à part payer la pension ?

Rien. C'est seulement la pension.

- Qu'est-ce quelles devraient faire pour mettre le retraité à l'aise ?

Il faut qu'elles organisent des séminaires pour entretenir les gens sur la retraite.

- Est-ce que les aides de la mairie comblent-elles les manques des caisses de retraite ?

Non, la mairie a la volonté d'aider les retraités en créant la maison des retraités de Cocody.

- Est-ce que vous regrettez la retraite ?

Je ne regrette pas la retraite. J'aime avoir mon temps.

- Qu'est-ce qui vous satisfaites dans votre retraite actuellement ?

C'est une satisfaction quotidienne quand tu as des enfants qui travaillent et qui t'assistent financièrement, c'est aussi une satisfaction. Ce qui fatigue dans la retraite, c'est le manque de moyen financier.

- Eprouvez-vous encore le désir de travailler ? Pourquoi ?

Je veux un travail libéral, sans crainte. A temps partiel.

* 1 On enregistre entre 2000 et 2006, des totaux de 19716 départs à la retraite soit 5 à 6000 départs par an selon les chiffres de la Sous-Direction des pensions civiles du Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative.

* 2 Ce nouveau régime a vu le jour à l'issu du séminaire la CGRAE qui s'est tenu à Yamoussoukro, le 6 et 7 Mai 1999. (cf. CGRAE, La Nouvelle CGRAE et les Retraités du 3ème millénaire, Séminaire CGRAE, Yamoussoukro 6 et 7 Mai 1999.

* 3 Extrait du Rapport de la Banque Mondiale lors du séminaire CGRAE à Yamoussoukro

* 4 Anne-Marie Guillemard, La retraite une mort sociale? Sociologie des conduites en situation de retraite, Mouton, Paris, 1972.

* 5 Barthélemy Martine, Association : un nouvel âge de la participation, Presse de sciences politiques, Paris, 2000

* 6 Extrait de l'étude du Conseil Economique et Social de France publié en 1993.

* 7 Jacques Ion, « Association » in Dictionnaire de Sociologie, Le Robert-Seuil, Paris, 2000, P.40.

* 8 Akoun André, « op. cit. ». p.307.

* 9 Emile Durkheim (1893), De la division du travail social, PUF-Quadrige, Paris, 1991. Dans cet ouvrage l'auteur expose une théorie de différenciation des sociétés. Selon lui, la division du travail social produit la solidarité, crée entre les hommes tout un système de droit et de devoirs qui lient les uns aux autres d'une manière durable.

* 10 Claude Dubar, La socialisation, Armand Colin, Paris, 2000, p.11

* 11 Idem, la socialisation. construction des identités sociales et professionnelles, Armand Colin, 2ème édition revue, 3ème tirage, 1998, p.16.

* 12 E. Cumming et w. Henry, « Nouvelles réflexions sur la théorie du désengagement », Revue internationale des sciences sociales, n°15 p.393-412

* 13 A-M Guillemard et R. Lenoir, Retraite et échange social, Paris, C.E.M.S., cité par Jean-Serge Lauzon, chargé de cour en gérontologie sociale, http ://www.erudit.org/revue/

* 14 David Unruh, Invisible Lives. Social worlds of the aged, Sage, Beverly Hills, 1983. Taduit de l'anglais par le logiciel de traduction SYSTRAN. C'est dans un travail fonde sur une série d'entretiens approfondis avec des personnes âgées de 62 à 85 ans. L'auteur se propose de s'interroger sur l'intégration sociale des personnes âgées en ne se focalisant pas sur les formes classiques d'intégration, dans les associations au sien des familles ou des groupes informels mais décide plutôt de privilégier les engagements dans « les mondes sociaux ».

* 15 Serge Clément et al. « Vieillesse ou vieille ment ? Les processus d'organisation des mode de vie chez les personnes âgées », Les cahiers de la recherche sur le travail social, n°15, pp.11-31.

* 16 R. Boudon, F. Bourricaud, dictionnaire critique de sociologie, PUF -Quadrige, 1982

* 17 P. Bourdieu, le sens pratique, Paris, Ed. Minuit, 1980, pp 88-89

* 18 Ce vocable est emprunté à Stéphane Beaud et Florence Weber. L'interconnaissance selon l'auteur « désigne le fait que des personnes se connaissent mutuellement de vue, de nom, d'expérience. Chaque personne est au centre d'une étoile d'interconnaissance...l'interconnaissance désigne une relation interpersonnelle. L'interconnaissance suppose l'existence d'interactions personnelles répétées. » Guide de l'enquête de terrain, La découverte, 2006. cf. l'encadré P.40

* 19 Aktouf Oumar, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations. Une introduction à la démarche classique et une critique, p.144, version électronique, 2007. Site web : http://classiques.uqac.ca/

* 20 Ce nouveau régime a été institué par la CGRAE à l'issue des travaux du séminaire qui a eu lieu Mai 1999 à Yamoussoukro.

* 21 Cf. Les statuts de l'association en annexe pour plus de détails.

* 22 Les statuts de l'association en annexe donnent plus de détails sur les différents organes de l'association .

* 23 Pierre Ansart, « Idéologie » in Dictionnaire de sociologie, Le robert Seuil ; Paris, 2000, p.268.

* 24 Claude Dubar, op. Cit. p.17.

* 25 Ces 2variantes de la retraite que nous utilisons dans notre étude fait partie de la typologie des retraites identifiées par Anne-Marie Guillemard (1972), op. Cit. L'auteur a l'issue d'une étude quantitative et qualitative effectuée en 1968 dressé cinq (5) types de retraite à savoir la retraite-retrait, la retraite-participation ; la retraite-revendication, la retraite-loisirs et la retraite-famille et enfin la retraite-troisième âge.

* 26 Nous ne voulons pas dire que le milieu professionnel est le seul espace de socialisation des individus car en dehors de l'espace professionnel, il y a des instances telles que le système scolaire, la famille, etc....

* 27 La contrainte sociale ici doit être entendue comme l'obligation morale qu'a un travailleur salarié de venir en aide ou d'assister financièrement un proche.






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