CHAPITRE I : CADRES THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
CHAPITRE 1: CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
1-1 PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET
HYPOTHESES DE L'ETUDE
Dans cette partie, nous mettons l'accent sur les
différents problèmes que soulève la dette
extérieure avant de préciser non seulement les objectifs que nous
nous fixons à travers ce travail mais aussi les hypothèses y
afférentes.
1-1- 1
Problématique
Il est important pour un pays d'emprunter à
l'étranger afin d'ajuster la croissance économique. Cette
possibilité d'emprunt procure de vastes perspectives, mais cela peut
aussi exposer le pays à de graves dangers. A la base de toute
théorie d'endettement, la capacité de remboursement du pays
endetté et le seuil de l'endettement insupportable s'y trouvent. La
contrainte du remboursement ne se justifie que si elle n'est annexée au
taux de croissance de l'économie, à un ajustement des structures
économiques par choix des investissements productifs qui permettent par
le truchement de l'accroissement des exportations, le paiement du service de la
dette en devise. Ainsi compris, l'endettement favorise le développement.
Un autre thème relatif à l'économie de l'endettement
étudie l'inter-indépendance entre le financier et
l'économique ; c'est à dire la logique d'endettement
relève d'une approche différente de celle du crédit. Dans
l'économie traditionnelle du crédit, une institution recourant
à ce mode de financement est tenue au remboursement du prêt selon
les conditions des coûts, de calendrier et de durée initialement
prévue dans les clauses d'endettement. Par contre, il y a rupture
réelle provoquant l'arrêt brutal de crédit et
l'effondrement des échanges internationaux si les clauses ne sont pas
respectées. Or l'économie d'endettement assure la
continuité réelle des liens économiques à l'aide de
la flexibilité et la globalité du système financier
international apparaissant à travers les mécanismes
d'endettement. Cela étant, si l'endettement assure la continuité
réelle des échanges internationaux, il ne présente pas
forcément leur chance de réussite. Il y a une relative
indépendance entre les conditions financières de l'emprunt et la
rentabilité économique de l'investissement financé par
l'endettement (GANIASSE E.1994).
D'autres contraintes notamment celles des
liquidités et de solvabilité sont également dissociables
difficilement au cours des mécanismes de l'endettement. A ajouter la
conditionnalité exprimant une limitation d'ordre endogène comme
les contraintes de liquidités et de solvabilité mais d'ordre
exogène, déterminés par des distorsions structurelles.
Elle se présente comme un processus d'ajustement qui modifie à la
fois le comportement des créanciers et du pays endetté.
Dans les pays en voie de développement (PED) comme
ailleurs, la mobilisation des ressources financières est une condition
nécessaire de tout processus de développement. C'est dans ce
cadre que, dès le lendemain de leur indépendance, les pays
africains dans la perspective de parvenir à un développement
économique et social se sont rendu compte que les infrastructures
d'équipement et de production déjà en place étaient
insuffisantes pour amorcer un quelconque décollage économique.
L'écart entre le besoin d'investissement nécessaire et les
ressources disponibles était énorme. C'est pourquoi, la plupart
ont dû se baser sur un fort endettement qu'ils doivent désormais
gérer, l'augmentation des besoins ayant très vite
dépassé les capacités de financement. Le
phénomène de l'endettement est une conséquence naturelle
des activités économiques. Il vient du fait que certains pays ou
institutions ont des excédents financiers et d'autres des besoins de
financements. L'endettement permet donc à un pays d'investir des
capitaux au-delà de ses propres disponibilités financières
en empruntant des excédents de capitaux (Klein, 1994). La dette ainsi
créée est supposée générer la croissance et
le développement. Mais pour générer des ressources et
pouvoir rembourser l'emprunt, cette dernière doit être
utilisée de manière efficace et dans des secteurs productifs.
Encouragés par un contexte favorable (croissance
rapide et taux d'intérêt peu élevés), les pays en
voie de développement ont été amenés à avoir
recours à de nombreux emprunts auprès des institutions
financières. La dette leur permettait de réaliser des taux de
croissance élevés (Baïlo, 2007). Mais vers la fin des
années 1970, l'environnement international a changé et
n'était plus favorable en raison notamment de la chute des prix des
matières premières (entraînant ainsi la baisse des recettes
d'exportations), de la hausse des taux d'intérêt, de la
fluctuation des taux de change et de la détérioration des termes
de l'échange. Cependant, les pays en voie de développement ont
continué à s'endetter sans pour autant changer leur politique
intérieure en matière d'emprunt. Les capitaux empruntés
servaient de moins en moins à financer les investissements, mais
couvraient surtout les déficits de la balance courante et les
déficits budgétaires. L'évolution de la dette de
l'ensemble des PVD dans le temps montre donc que l'endettement a
été causé davantage par des raisons qui émanent de
facteurs purement financiers que par un vrai besoin de financement des
transferts de l'investissement productif. La résultante est un ensemble
d'augmentations successives du montant de la dette. La dette extérieure
a donc pris de l'ampleur et le cercle vicieux de l'endettement s'est
installé. C'est ainsi que la dette extérieure des Pays en voie de
développement a été multipliée par cinq passant de
500 à 2 500 milliards de dollars entre 1980 et 2000. Quant à la
dette africaine, elle a été multipliée par 3.4 passant de
60 à 206 milliards au cours de la même période (selon la
Banque Mondiale). Le Bénin, n'échappera pas à cette crise
de l'endettement, et a vu le stock de sa dette multiplié par 3,41
passant ainsi de 267 à 910,5 millions de FCFA entre 1985 à
2000. Il est à rappeler que l'essentiel des ressources
extérieures du Bénin, provient aujourd'hui des dons au titre de
l'aide publique au développement et le reste composés d'emprunts
dont le remboursement pose problème car il faut assurer le service de la
dette malgré le faible niveau de développement. Le poids de la
dette aggravé par la pauvreté freine ainsi tout effort de
développement.
Cependant, vers la fin des années 90, la campagne
« Pour l'an 2000, annulons la dette » ayant connu un succès
extraordinaire avec la plus grande pétition jamais
réalisée auparavant (24 millions des signatures ont
été recueillies) a permis d'obtenir des mesures
d'allégement des dettes par les principaux bailleurs des fonds (Alain K.
B, 2005). Par conséquent, les institutions de Bretton Woods (Fonds
Monétaire International et Banque Mondiale) aussi bien que les
créditeurs bilatéraux ont apporté au traditionnel
mécanisme d'allégement existant, l'initiative PPTE
renforcé. Cette initiative en faveur des PPTE fournit une assistance
conditionnelle se rapportant à des politiques économiques
d'ajustement et quelques critères de performances afin de permettre aux
pays éligibles de bénéficier d'un allégement de
l'ordre de 80% de la VAN, et ainsi rendre la dette à un niveau
soutenable. Et avec les ressources qui devraient être remboursées
au service de la dette, les pays éligibles devront alors élaborer
des stratégies dans un document (DSRP) pour réduire la
pauvreté et relancer la croissance économique. Le fardeau de la
dette publique, malgré les allègements, constitue une entrave au
développement des pays pauvres avec la coexistence de plusieurs facteurs
déterminants tels que la faiblesse du niveau de l'épargne, la
situation critique de la balance des paiements ainsi que les faibles taux de
croissance économique. L'émergence, dans ces pays de
sérieux problèmes de service de la dette extérieure au
cours des années 80, a mis en lumière les conséquences
potentiellement catastrophiques d'un excès d'emprunts pour leurs
économies. Ainsi, l'inaptitude à appliquer une politique
d'endettement compatible avec la capacité de service de la dette
perturbe les mouvements des capitaux, ce qui peut nuire à la croissance
et à la stabilité de l'économie, notamment dans un
contexte d'une augmentation massive de la proportion des capitaux
privés. Une gestion cohérente de la dette publique doit s'appuyer
sur des politiques macroéconomiques appropriées et sur des
emprunts extérieurs prudents.
Au Bénin, le retournement des conjonctures
économiques au début des années 80, dû à
l'aggravation du déficit de la balance des paiements et
l'accélération de la croissance de la dette, a
entraîné une situation critique entre 1994 et 1996 essentiellement
au niveau de la capacité réelle de l'économie à
faire face à la demande du financement extérieur ainsi qu'au
niveau de la soutenabilité de ses dettes. L'encours de la dette totale
rapporté au PIB, de 49,9% en 1990 est
passé, sous l'impact de la dévaluation, à 70,8% en 1994
pour retomber à 17,8% en 2007. Cependant on remarquera qu'avec
l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE) ce
ratio se situe en dessous de 50% depuis 2002. Quant au service de la dette
rapporté aux exportations, il a connu sensiblement la même
évolution que l'encours passant de 11,9% en 1990 à 16,4% en 1994,
puis 5,1% en 2007.
Au regard de tout ce qui précède, l'on est
amené à se poser un certain nombre de questions à savoir :
1. Quelle est la place de la dette dans le
développement économique du Bénin ?
2. Pourquoi les importants flux financiers obtenus grâce
à l'endettement n'ont pas favorisé le décollage
économique du Bénin ?
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