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Intermédiaires Financiers et Distribution de crédit à  Leogane (cas des Institutions de Microfinance)

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par Winston HENRY
Université d'Etat d'Haiti - Licence ès Sciences Economiques 2009
  

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Mutuelles de Solidarité. 8(*)

Les mutuelles de solidarité emploient une méthodologie « hybride » qui contient des éléments d'approche empruntés à la fois aux banques communautaires et aux caisses populaires. Elles sont des groupes de personnes, homogènes socialement, cotisant à échéances régulières une même somme d'argent. L'objectif des mutuelles est de constituer : (a) un fond interne (caisse verte) qui est alimenté par les cotisations fixes et récupérables des membres en vue de faire du crédit, généralement sur une base rotative; (b) un fond d'urgence (caisse rouge) pour faire face aux éventualités constitué à partir des cotisations non remboursables; et (c) un fond externe (caisse bleue) pour suppléer à la faiblesse du fonds interne. Ce fonds externe provient, en générale d'une IMF qui organise également une formation initiale pour les membres ainsi q'un encadrement continu.

· Les institutions non bancaires :

Ces dernières ne peuvent recevoir aucun type de dépôt. Cependant, elles sont classées parmi les intermédiaires financiers parce qu'elles peuvent octroyer des prêts. Ces fonds prêtés peuvent être empruntés par ces institutions auprès d'autres institutions financières nationales ou internationales.

B) Distribution du crédit. -Définition

La distribution du crédit constitue l'ensemble des activités et opérations mettant le crédit en tant que produit financier à la disposition des emprunteurs. Ceux que nous appelons des agents non financiers déficitaires; c'est à dire des agents qui ont un besoin de financement.

1.-Crédit. -Définition9(*)

Acte de confiance comportant l'échange de deux prestations dissociées dans le temps; biens ou moyens de paiement contre promesse ou perspective de paiement ou de remboursement. Pour engager leurs entreprises, financer leurs investissements ou leurs consommations, développer leurs échanges, les agents économiques disposent rarement en fonds propres tous les capitaux ou tous les moyens de paiement nécessaires, et au moment voulu. Le crédit est le principal moyen d'ajuster ses moyens avec ces besoins, ses anticipations ou ses décisions. Le crédit est en effet l'échange dans le temps, d'un bien sous condition d'une contrepartie future. Il implique donc une confiance fondamentale dans la réalisation de cette contrepartie ou dans les règles du jeu qui la garantissent. D'où son nom, provenant directement du latin credere (croire, se fier à).

Né de pratiques commerciales, le crédit était à l'origine consenti par des particuliers et des commerçants à l'aide de leurs disponibilités propres. Mais l'octroi des crédits est devenu progressivement une activité autonome mettant indirectement en rapport des disponibilités en quête ou en attente d'emplois et des emprunteurs; cette activité faisant appel à des techniques et à des instruments diversifiés est mise en oeuvre par des entreprises spécialisées qui sont des établissements bancaires au sens large.

L'acte de crédit peut revêtir plusieurs formes; consentir un crédit, en effet ce peut être :

- accorder un délai pour le paiement d'une prestation réalisée immédiatement; il est alors accordé par le vendeur, qui peut lui-même chercher la mobilisation de la créance qu'il détient en la cédant à un prêteur (crédit commercial ou crédit fournisseur, crédit à la consommation);

- prêter des fonds à ceux qui en ont besoin pour régler au comptant des prestations : le crédit est alors consenti par un particulier mais, plus souvent, par un établissement spécialisé;

- promettre la réalisation d'un prêt lorsque l'emprunteur demandera l'exécution de cet engagement (ouverture de crédit)

- substituer son crédit à celui d'un emprunteur vis-à-vis d'un prêteur ou des prêteurs qui se succèdent dans un processus de circulation des titres de créance : c'est le crédit par signature, engagement qui ne se réalise qu'en cas de défaillance de l'emprunteur.

Ainsi défini, le crédit comporte une rémunération qui couvre ses deux éléments principaux : le temps et les risques. Le loyer de l'argent en fonction de la durée du prêt couvre le service correspondant à une indisponibilité des fonds pour le prêteur. D'autre part, un risque d'insolvabilité de l'emprunteur, croissant au fur et à mesure de la durée du prêt, justifie une sorte de prime qui s'ajoute au loyer de l'argent, en fonction de la personnalité de l'emprunteur et des garanties dont le crédit est assorti.

Le crédit c'est donc, le mécanisme par lequel un débiteur obtient un bien ou de la monnaie d'un créancier en échange de la promesse d'un paiement différé de la contrepartie, majoré d'un intérêt.

Le crédit permet de disposer d'un bien produit par autrui avant d'en avoir produit soi-même l'équivalent. Il rend effective une demande, jusque-là virtuelle et anticipe une production à venir qu'il facilite. C'est un moyen essentiel de financement de l'économie.

Lorsque le crédit n'est pas financé par l'épargne d'un agent s'abstenant de consommer au profit d'un emprunteur, il l'est par une création monétaire nette de la part d'une banque. Spécialisés dans la distribution des crédits les intermédiaires financiers offrent des crédits que l'on distingue selon leur durée (court, moyen, long terme), selon leur objet (crédit immobilier, crédit à la consommation, crédit à l'exportation etc...), les garanties dont ils sont assortis, la méthodologie de crédit utilisée (groupes solidaires, crédit direct individuel), mais aussi selon la nature de l'institution octroyant le crédit (crédit bancaire traditionnel, micro crédit).

2.-Les Diverses Catégories de Crédits :

· Le Crédit à Court terme10(*) se définit par sa durée normalement inférieure à deux ans mais aussi par son objet : il doit normalement trouver son dénouement dans le règlement de l'opération qu'il a permise, qu'il s'agisse d'une opération de commercialisation ou de production : approvisionnement préalable, opération de production, stocks, prêts à la vente, délais de paiement consentis aux acheteurs. Il se réalise soit par l'intermédiaire du compte courant du bénéficiaire (facilités de caisse, découvert autorisé), soit par prêt, sois par cessation de créances (escompte, mobilisation de créances commerciales, factoring) dont le produit est porté au crédit du compte du bénéficiaire.

· Le Crédit à Moyen terme11(*) s'est développé en France pour répondre à des besoins nouveaux mais aussi pour pallier l'insuffisance des ressources alimentant le crédit à long terme. L'allongement des cycles de fabrication et des cycles commerciaux d'une part, la nature des immobilisations industrielles et agricoles dont l'amortissement doit être réalisé pour des causes techniques en moins de dix ans, appelaient des crédit de durée intermédiaire. L'insuffisance des ressources du marché financier et les possibilités d'autofinancement limitées conduisaient, d'autre part, à faire appel aux ressources du marché monétaire pour financer les investissements.

Ces deux causes qui se recoupent partiellement ont conduit en France au développement d'un crédit à moyen terme faisant appel à une technique formelle à partir de la décision du conseil général de la Banque de France (11 mai 1944) ouvrant la porte du réescompte au papier à moyen terme remplissant certaines conditions : durée du crédit limitée à 5 ans (et 7 ans depuis 1965) ; nombre de signature élevé a quatre au lieu de trois.

Bien que, en RFA, il n'existe pas de procédure pour la mobilisation des crédits à moyen terme, cette catégorie de crédit est isolée ; elle réunit les crédits de six mois à quatre ans. Aux Etats-Unis d'Amérique, la notion de crédit à moyen terme n'est pas utilisée.12(*)

· Le Crédit à long terme12(*) est destiné à satisfaire des besoins permanents et à financer des immobilisations amortissables sur une longue période, supérieur à dix ans. Il comporte un engagement de nature différente : aussi, traditionnellement, ne peut il être consenti que sur des ressources stables : ressources propres des établissements prêteurs, produit d'émissions obligataires, épargnes semi liquides. Il est normalement consenti par des établissements spécialisés et, si les banques y participent, les techniques mises en oeuvre ne sont plus celles du crédit bancaire. Il sort même du domaine du crédit lorsqu'il est recherché sur le marché financier.

D'une façon générale on définit comme crédit de long terme tout crédit dont la durée excède le moyen terme c'est-à-dire supérieure à sept ans.

· Le Crédit Immobilier 13(*)couvre toutes les catégories de crédit facilitant la construction d'immeubles, leur acquisition, leur modernisation. Ceux-ci sont accordés soit aux promoteurs, soit aux acquéreurs et, suivant l'état de l'opération et sa nature, sont de durée variable. Ce crédit ne coïncide que partiellement avec le domaine du crédit foncier dont la technique repose sur la garantie hypothécaire et dont l'objet s'étend à l'acquisition de tous immeubles y compris les terrains non bâtis à destination agricole, mais ne porte que sur les immeubles existants et correspond normalement à un crédit à long terme.

· Le crédit à la consommation 14(*)est le crédit consenti aux ménages pour leurs besoins courants et surtout pour l'acquisition de biens semi durables tels que : automobile, équipement ménager. Dans la terminologie courante, il est confondu avec le financement des ventes à tempérament assuré par les vendeurs eux- mêmes, par des établissements financiers spécialisés, ou par les banques ; mais ces techniques sont employées aussi pour financer la vente d'équipements professionnels (véhicules industriels).

· En fonction des garanties dont qu'ils sont assortis : on distingue les crédits en blanc15(*) (ou crédit non garantis ou crédits personnels) reposant sur la confiance dans la solvabilité du client et son aptitude à tenir l'ensemble de ses engagements, et les crédits assortis de sûretés ou gages.

Les sûretés réelles comportent affectation au profit du banquier de certains éléments de l'actif et notamment de ceux dont l'acquisition est l'objet même du crédit ; mais ces sûretés peuvent être prises aussi, même lorsqu'il s'agit de crédit par caisse sans affectation déterminée à tel objet. Parmi ces sûretés figurent l'hypothèque des immeubles, utilisé aussi bien dans les crédits immobiliers que dans toutes les catégories de crédits aux entreprises : le nantissement des matériels d'équipement et des fonds de commerce : le nantissement des titres ou de marchandises ; le warrantage des stocks ; la subrogation dans le privilège du vendeur.

Les garanties personnelles comportent le cautionnement et l'aval, ce dernier étant une forme de cautionnement réservée à la garantie d'effets de commerce. Le cautionnement peut être organisé dans le cadre d'un système de solidarité collective et réciproque. L'assurance-crédit ne s'est autant développé qu'avec la garantie de l'état dans le domaine du crédit à l'exportation : l'assurance vie est souvent exigée pour les prêts immobiliers à moyen ou à long terme.

3.- Méthodologies de Crédit

· Groupes Solidaires.

Selon la méthodologie de crédit dite «Groupes Solidaires», une IMF fournit un crédit à un groupe de 3 à 10 individus (comme pour les banques communautaires, le plus souvent des femmes) qui se portent mutuellement garants pour le remboursement. La durée du prêt, le taux d'intérêt et le calendrier de remboursement sont déterminés par l'IMF, tandis que les montants reçus par chaque individu sont fixés par les membres du groupe et approuvés par l'IMF. De cette manière, la fonction d'évaluation du risque de crédit au niveau individuel est remplie par le groupe lui-même. A la fin d'un cycle de remboursement, l'octroi d'un crédit consécutif au groupe est conditionné par l'absence d'arriéré. Cette méthodologie est semblable à la méthodologie des banques communautaires dans son aspect de crédit solidaire. Mais elle s'en distingue par le fait qu'il n'existe pas d'objectif de «pérennisation» des groupes solidaires en institutions indépendantes de l'IMF qui les encadre. Il n'y a pas non plus, de manière générale, d'obligation d'épargne faite aux membres du groupe pour bénéficier d'un crédit.

· Crédit Direct Individuel.

Les IMF pratiquant la méthodologie de crédit direct individuel ont des techniques de crédit qui ressemblent plus aux techniques de crédit bancaire classique. Des prêts sont consentis aux individus; il n'y a pas de crédit solidaire. Les officiers de crédit des IMF circulent dans le milieu des micro-entrepreneurs et effectuent des visites aux clients pour évaluer leur moralité et leur capacité de remboursement. Les prêts sont approuvés à la suite d'une demande formelle et après une visite de l'officier de crédit. A la différence des méthodes de crédit solidaire, les officiers de crédit effectuent une analyse réelle de l'activité économique financée et du risque couru. En général, les clients ayant remboursé en respectant le calendrier établi sont éligibles pour un nouveau crédit, souvent d'un montant plus grand (après réexamen du dossier). En pratique, les IMF utilisant une approche de crédit direct individuel offrent des prêts d'un montant plus élevé que les IMF se spécialisant dans les groupes solidaires ou dans les banques communautaires.

La distribution du crédit comme concept implique le mécanisme donnant accès au crédit bancaire traditionnel (offert par les banques commerciales) et le micro crédit (offert par les institutions de micro finance) par les agents non financiers déficitaires. Une meilleure ou une plus grande distribution du crédit sous entend une baisse du niveau de concentration du crédit (bancaire traditionnel et/ou micro crédit) au plan spatial, social et sectoriel.

Parlant de distribution de crédit, la prochaine section de ce chapitre mettra en évidence les différentes thèses développées au niveau de la littérature économique sur la distribution du crédit dans les pays en développement.

Section2.- Cadre Théorique

La distribution du crédit dans les pays en voie de développement comme le nôtre, Haïti, fait l'objet de plusieurs écrits au niveau de la littérature : des thèses et des papiers ont été produits sur ce sujet. Une bonne partie des débats se tournent autour d'un thème qui fera l'objet de la prochaine partie de cette section : « le dualisme financier ». C'est quoi en fait ?

A) Le Dualisme Financier

Nombreux sont les auteurs ayant avancé que les secteurs financiers des pays en voie de développement sont caractérisés par un certain dualisme financier; c'est-à-dire la juxtaposition des secteurs bancaire et informel en matière de financement. En effet, les causes de ce dualisme font l'objet de deux thèses :

La première est celle de la théorie de la libéralisation financière, considérant que la présence du secteur informel s'explique par l'existence d'une politique de répression financière, et qu'il suffirait de lever les contraintes imposées au secteur financier formel pour réduire le secteur informel.

La deuxième thèse est une approche néo-structuraliste faisant croire que le dualisme n'est autre que la conséquence de l'hétérogénéité des structures économiques, sociales, culturelles et ethniques des pays en voie de développement. Ainsi, le secteur financier se heurte lui-même à ce dualisme intrinsèque des économies en voie de développement. On peut ainsi dire que le dualisme serait un phénomène structurel dans ces pays. Pour réduire le dualisme, les partisans de cette thèse proposent une réglementation plus forte à l'intérieur du secteur formel.

1.-Théorie de la libéralisation financière

Selon les théoriciens de la libéralisation financière dont les plus connus sont Mac-Kinnon et Shaw, la présence d'un secteur informel aux cotés du secteur formel serait la conséquence de l'inefficacité du secteur financier formel, inefficacité due en grande partie à la rigidité du secteur formel et l'omniprésence des pouvoirs publics, principalement en matière de fixation des taux d'intérêt, sur les institutions du secteur formel, empêchant ce dernier de s'adapter aux conditions spécifiques de l'économie des pays en développement. La finance informelle est le signe du sous-développement financier de ces pays.

Ainsi, le secteur informel se serait développé car la majeure partie de la population rurale et urbaine est exclue de l'accès au crédit institutionnel, et aussi parce que les institutions de prévoyance et d'assurance sont absentes du secteur officiel. En règle générale, le terme « répression financière » se réfère aux effets de la réglementation étroite du système financier et aux diverses formes de restrictions imposées par le gouvernement à l'activité des institutions financières : fixation administrative des taux d'intérêt, endettement du trésor, lourdeur administrative, etc.

Ce sont ces restrictions et des disfonctionnements qui conduisent à une fragmentation des marchés financiers.

La structure des taux d'intérêt reflète un profond déséquilibre : sur le plan officiel, le loyer de l'argent est contrôlé à des niveaux bas, les taux d'intérêt réels négatifs observés pendant de longues périodes diminuant l'incitation aux placements bancaires et surtout, renforçant le rationnement du crédit bancaire traditionnel, pourtant nécessaire à la dépense d'investissement privé. A l'échelle informelle, les niveaux très élevés des taux d'intérêt réels positifs appliqués aux prêts, contrastent avec ceux appliqués aux placements courts sur ce marché avec les taux débiteurs et créditeurs appliqués aux opérations bancaires quelle que soit leur durée.

L'endettement du trésor auprès de la banque centrale. Cet endettement est lié au déficit budgétaire et aux déficits des entreprises publiques, ce qui crée des effets d'éviction vis à vis du secteur privé, notamment des petites unités et se traduit par des créances douteuses contraignant les banques à privilégier des prêts à court terme et à garanties élevées.

La lourdeur administrative, les coûts de gestion et les délais de décaissement : ceux-ci interdisent les grandes organisations d'atteindre les acteurs produisant à petite échelle. Ils créent des coûts de transaction et favorisent l'innovation financière informelle;

On peut citer comme autres formes de restrictions imposées par le gouvernement : le contrôle des changes, les coefficients de réserves obligatoires, la régulation de la concurrence...

Les tenants de la libéralisation financière estiment que dans un système financier sur règlementé et où la concurrence est limitée, les banques ressentent moins le besoin de rechercher de nouveaux clients et d'attirer des dépôts; tandis que les épargnants et les emprunteurs potentiels, n'étant pas sollicités, sont amenés à se tourner vers les circuits financiers parallèles.

Ainsi le secteur informel se développe et joue un rôle de régulateur en se substituant aux défaillances des institutions du secteur officiel. Les théoriciens de la libéralisation financière, dont les plus anciens sont Mac-Kinnon et Shaw, estiment donc qu'il suffit que la répression financière soit éliminée pour que le secteur financier informel disparaisse. La libéralisation financière consiste à centraliser l'épargne entre les mains des intermédiaires financiers officiels, centralisation qui permettra l'unification du marché financier, et donc la disparition du secteur informel.

2.-L'analyse Néo-Structuraliste :

D'après ces derniers, le dualisme financier est considéré comme une conséquence d'un dualisme déjà existant au sein des structures économiques et sociales des pays en voie de développement. Ainsi, la dynamique des informalités financières semble être liée à la configuration structurelle des sociétés des pays en développement.

Les facteurs culturels et socio-politiques, mais aussi les facteurs économiques et financiers semblent pouvoir expliquer la vivacité du secteur informelle.

- Les facteurs socio-économiques et culturels : Si le secteur informel est aussi vivace aujourd'hui, cela tient en grande partie aux facteurs culturels et à la persistance des habitudes d'investissement traditionnelles. En effet, les facteurs culturels déterminent dans une large mesure les motivations, les moyens disponibles et les formes préférées d'épargne et de crédit. On constate que dans les pays en développement, la thésaurisation est une forme très courante d'épargne. Souvent celle-ci vient du fait qu'il n'y a pas d'agence accessible, mais même lorsque ces agences sont présentes, la population n'y a pas forcément recours. Timidité, découragement, manque de confiance et méfiance en sont les raisons principales.

-Les facteurs socio-politiques expliquent également pourquoi les populations sont attachées aux pratiques financières informelles. En effet, l'instabilité sociale et politique ainsi que des changements fréquents de politiques économiques ne créent pas un climat pour installer la confiance. Cela ne fait que renforcer l'attrait des populations pour la finance informelle.

-Les Facteurs économiques et financiers : au niveau économique, on connaît déjà les obstacles auxquels se heurtent la plupart des pays en voie de développement, non absorption de la main-d'oeuvre, distorsions dans la distribution des revenus, inadéquation des structures productives, concentration excessive en milieu urbain etc.... Tous ces déséquilibres structurels du marché du travail et celui du capital se résorbent au sein du secteur informel.

Au niveau financier, l'intervention des pouvoirs publics pour réglementer et contrôler l'activité économique et financière est vivement souhaitée pour résorber les déséquilibres. En effet, selon les partisans de cette seconde thèse, il n'y a pas dans les pays en développement les conditions nécessaires permettant une mobilisation et une affectation efficace des ressources par le jeu des forces de marché. De plus il semble qu'il y ait un manque de volonté de la part de l'État pour intervenir dans le secteur informel, ce qui expliquerait qu'il perdure. Ainsi les pouvoirs publics auraient une attitude de négligence coupable vis-à-vis du secteur financier informel.

Jean-Louis Lespes (in M Lelart, 1990) distingue lui quatre phénomènes à l'origine du développement des pratiques informelles. Son analyse est aussi basée sur les caractéristiques structurelles des différents pays en voie de développement, et peut donc compléter l'analyse ci-dessus. Ces quatre phénomènes sont : l'insertion du pays dans le contexte mondial, les transformations du mode de production, la situation démographique de ces pays, et là encore l'omniprésence et l'inefficacité de l'État.

Pour lui donc, ces quatre phénomènes sont de puissants facteurs de déstructuration sociale, et l'informel permet un ajustement au sein de ces sociétés face aux mutations qu'elles doivent supporter. En effet, dans de nombreux cas, l'informel permet de supporter les enchaînements régressifs liés à l'insertion mondiale et donc la « résistance » de la société. Il compense les défaillances du système officiel dans tout le registre des besoins (nourriture, santé, transport, crédit, épargne, protection sociale, enseignement etc.) Il appuie également le système officiel en autorisant un coût très faible de la force de travail. Il indique que les voix de l'amélioration du système formel, voire se substituer peu à peu à lui.

Si ces deux thèses semblent s'opposer, il faut signaler qu'aucune d'entre elles ne donne une explication suffisante. En effet, on peut dire que l'existence et le dynamisme du secteur informel résultent de l'ensemble des facteurs décrits ci-dessus dans les deux thèses.

Un autre auteur, Olivier Cadot, à travers un système d'équations bien charpenté a expliqué de façon élégante le fonctionnement du marché de crédit dans les pays en voie de développement à travers ce qu'il appelle lui-même « les principes et problèmes de base ».

B) Déficiences des Marchés de Crédit dans les pays en voie de Développement (Olivier Cadot, 1999-2000)

1. Principes et problèmes de base

· Le risque de défaut

Soit `' r '' le taux d'intérêt auquel un individu (l' « emprunteur » ou débiteur) emprunte à un autre (le « prêteur » ou créancier). Le prêteur paie un taux d'intérêt «i» sur ses propres fonds, qui correspond au taux de rémunération des dépôts bancaires (ou au coût d'opportunité). L'emprunteur a une probabilité de défaut, `' P '', exogène. Si le débiteur fait défaut à ses obligations de rembourser, le créancier récupère une proportion ë < 1 sur les créances douteuses. On suppose, dans cette application, que le marché du crédit fonctionne en concurrence parfaite. Résumons donc les variables :

P : est la probabilité de défaut du débiteur.

r : est le taux d'intérêt que paie le débiteur sur son emprunt.

: est le coût de l'argent pour le créancier.

L : est le montant du prêt.

ë : est la proportion récupérable des créances douteuses.

Le créancier a une espérance de profit E (ðc) qui est nulle en concurrence parfaite.

E (ðc) = (1-p)(1 +r) L + pëL - (1 + i)L = 0

ð (1 -p)(1 +r) +ëp = 1 + i

ð :

Ce résultat pour « r » nous donne la relation entre la probabilité de défaut et le taux d'intérêt que le créancier exigera. En calculant la dérivée par rapport à p; on a :

pour tout p å (0; 1):

On constate donc que « r » est une fonction strictement croissante de « P ». En d'autres termes, plus la probabilité de défaut de l'emprunteur est grande, plus le taux d'intérêt d'équilibre sera élevé, ce qui n'est après tout guère surprenant. Ainsi, une dégradation de l'environnement économique exogène (suite à une mauvaise récolte, par exemple, ou à un désastre naturel) provoquera une hausse du risque de défaut et donc, par contre-coup, une hausse des taux d'intérêt. Cette hausse contribuera à aggraver la situation économique, puisque des projets qui auraient été, sinon, économiquement viables se verront privés de financement. L'abandon de ces projets ralentira le rythme de l'investissement et donc la vitesse de reprise de l'économie.

On a aussi :

Ce qui signifie qu'un système légal ou judiciaire déficient ne permettant aux créanciers de récupérer qu'une fraction faible des créances douteuses les incitera à exiger des taux d'intérêt élevés, ce qui de nouveau affaiblira le potentiel d'investissement de l'économie.

La dépendance du taux d'intérêt par rapport à des variables économiques ou institutionnelles n'est pas la seule source d'effets pervers sur les marchés du crédit. L'information dite « dissymétrique », dans laquelle un agent (en général l'emprunteur) en sait plus sur la qualité du projet qu'un autre (le prêteur) peut aussi engendrer des déficiences du marché. Les phénomènes de ce type, appelés « anti-sélection » (adverse selection en anglais) sont l'objet de la section suivante.

2. L'anti-sélection

Supposons qu'on ait deux types d'emprunteurs sur le marché : le type risqué et le type sûr. La proportion d'emprunteurs sûrs est ë et celle d'emprunteurs risqués, 1-ë. Chaque agent souhaite emprunter un montant L pour investir dans un projet à rendement x pour le type sûr et x' pour le type risqué.

Le marché ne dispose pas de système de garantie contre les mauvais risques, c'est-à-dire que, dans la notation de la section précédente, ë = 0.

Le prêteur (c'est l'hypothèse cruciale) n'observe pas le type d'emprunteur auquel il a à faire. Les débiteurs à haut risque, dits risqués, ont une probabilité q < 1 de rembourser, alors que les débiteurs à faible risque remboursent avec certitude. Cependant, on suppose que qx' > x, c'est à dire que le type risqué a un rendement espéré plus élevé que le type sûr.

Type sûr risqué

Rendement x x'

Probabilité de remboursement 1 q

Proportion de la population d'emprunteurs ë 1-ë

Comportement des emprunteurs

A partir de ce tableau, on détermine le taux d'intérêt maximum que le débiteur est prêt à payer. Il sera de rS pour le type sûr et rR pour le type risqué.

· Type sûr: x- (1 +r)L = 0 => rS = (x - L)/L

· Type risqué: q [x'- (1 + r)L] + (1 - q)0 = 0 => rR = (x'- L)/L:

Étant donné que, par hypothèse, qx' > x, et q < 1, il s'ensuit que x' > x:

On a donc rR > rS. En l'absence de garanties, le type risqué est donc prêt à payer plus que le type sûr afin d'obtenir un prêt.

* 8 DAI/FINNET/Base de données sur les Institutions de Micro finance, Présentation des Résultats, Avril 2002.

* 9DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.

* 10 DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.

* 11 Ibid

* 12 DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.

* 13 DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.

* 14 Ibid

* 15 Ibid

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci