UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE
FACULTE DES SCIENCES DE L'EDUCATION
Licence Sciences de l'éducation 3ème
année
Spécialité « Promotion de la
santé et de la citoyenneté, actions socio-éducatives et
prévention de risques »
Les populations précaires : questions
sociale et de santé
Mémoire présenté par
TSHIMANGA MUKOKA Pascal
|
Directeur
Professeur J.-C. MANDERSCHEID
|
2007-2008
UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE
FACULTE DES SCIENCES DE L'EDUCATION
Licence Sciences de l'éducation 3ème
année
Spécialité « Promotion de la
santé et de la citoyenneté, actions socio-éducatives et
prévention de risques »
Les populations précaires : questions
sociale et de santé
Mémoire présenté par
TSHIMANGA MUKOKA Pascal
|
Directeur
Professeur J.-C. MANDERSCHEID
|
2007-2008
TABLE DES MATIERES
1. Introduction
7
2. Cadre conceptuel
10
2.1 Question initiale
10
2.2 Problématique
11
2.2.1. Entretiens exploratoires sur la situation
des populations précaires en RD Congo
11
2.2.2. Lectures exploratoires sur la situation des
populations précaires en RD Congo
12
2.2.2.1. Situation de pauvreté en RD
Congo
13
2.2.2.2. Cadre de vie des ménages en RD
Congo
18
2.2.2.3. Situation sanitaire et utilisation des
services de santé
19
Profil épidémiologique et de
morbidité
19
Recours et accès aux soins de
santé
20
2.2.3 Synthèse du travail
exploratoire : points émergents
22
2.3. Concepts et modèle d'analyse
24
2.3.1 Concepts
24
2.3.1.1. La précarité
24
2.3.1.2 La pauvreté
26
Théories de la cause de pauvreté
34
Théorie de la déficience I :
Infériorité innée
34
Théorie de la déficience II :
Infériorité culturelle
37
Les théories structurelles
38
La discrimination institutionnelle.
38
La politique économique de la
société
39
2.3.1.3. L'exclusion
40
2.3.1.4. Représentation sociale de la
santé
42
Définitions
43
Les orientations de recherches sur les
représentations sociales
43
2.3.2 Modèle d'analyse
44
3. Perspectives méthodologiques et limites
du travail
45
4. Conclusion
47
BIBLIOGRAPHIE
50
Tu n'avais que la liberté précaire d'un esclave
à qui l'on a rien commandé. (J.J. Rousseau, Emile, V)
DEDICACE
A Carmel Bibomba, pour avoir incessamment entretenu en moi la
mémoire d'un secours qui ne manque jamais en cas de détresse.
REMERCIEMENT
Mes remerciements s'adressent particulièrement à
mes parents Symphorien Mukoka et charlotte Musawu pour leur soutien tant
matériel que spirituel.
Que mes frères Jean-Bruno Mitewu, Pascal Tshimanga
Mukadi et Junior Mukoka trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude.
Mes remerciements s'adressent aussi au corps professoral de
l'Université de Franche-Comté, en particulier au professeur J.-C.
MANDERSCHEID pour les soins qu'il a accordés à la direction de ce
mémoire
1. Introduction
Le présent travail se propose d'étudier les
questions sociales et de santé des populations précaires de
la ville de Kinshasa, en République Démocratique du Congo,
s'attachant beaucoup plus au problème de recours ou d'accès aux
soins des populations.
Il s'agit là de l'une des plus grandes
préoccupations du gouvernement de la RD Congo, que de permettre
l'accès des pauvres aux soins de santé. En effet, le gouvernement
s'est engagé, dans le cadre de stratégies1(*) de réduction de la
pauvreté, à accroître le taux d'accès aux soins de
santé de qualité de 35% à 45%, rétroactivement en
fin 2005 dernier. Ceci rend bien compte d'un problème réel
d'accès aux soins de santé par les populations en situation de
précarité.
Bien sûr, le Congo vient de sortir d'une période
de guère et de conflits qui auraient coûté la vie à
plus de 3.5 millions de congolais et engendré des déplacements
massifs des populations, avec comme conséquence la crise humanitaire la
plus préoccupante de ce début de siècle2(*). Depuis plus de deux
décennies, il est classé, en dépit de ses immenses
ressources humaines et de sous-sol, parmi les pays les plus pauvres du monde.
Certains indicateurs le classe parmi les pays les plus misérables de
l'Afrique au sud du Sahara. Près de 80% de ses 60.000 millions
d'habitants survivent à la limite de la dignité humaine, avec en
moyenne, moins de 20 cents (moins de 0,20 US dollars) par personne et par
jour.
C'est cette dernière dimension, celle de
contraintes budgétaires -revenus modiques, voire inexistants-,
qui nous permettra, d'une part, de problématiser sur le sujet de la
santé et de l'accès aux soins par les populations en
situation de précarité. Le paradigme microéconomique
du consommateur, essentiellement dans l'acception de la droite de
budget - précarité monétaire-, permet de bien cerner
les contraintes financières des populations face au coût des soins
de santé.
Aussi, loin de réduire la précarité aux
seules contraintes financières, cette étude, quand bien
même se proposant une approche de l'état de santé des
personnes les plus démunies ainsi que les politiques de santé qui
leur sont associées - ce qui revêt une connotation relativement
politique-, conserve de la notion de précarité un
caractère multifactoriel : situation socio-économique,
logement, situation vis-à-vis de l'emploi, études faites,
état de santé.
Il s'agira d'abord de faire une approche de l'état de
santé des personnes des personnes en situation de
précarité et des politiques de santé qui leur sont
associées en RD Congo. Les deux autres dimensions de cette étude
porteront sur les caractéristiques du rapport difficile entre ces
populations précaires et les systèmes de santé, nous
attachant à vouloir comprendre, dans un schème
herméneutique, les causes du faible recours ou accès aux
soins de santé. Ce faisant, devront être inventoriées,
toutes les maladies pour lesquelles ces populations ont désiré
avoir les soins, ensuite celles pour lesquelles ils ont eu le plus de
difficulté d'accès aux soins ou n'en ont pas eus du tout. A ce
niveau, les contraintes budgétaires - difficultés
financières, précarité monétaire - telles que
représentées par la courbe des revenus dans la théorie
microéconomique du consommateur - consommateur des soins de santé
- ne sont pas négligeables : étant donné un revenu R,
l'individu opère des choix de consommation dans un assortiment de biens
et services (il s'agit dans notre cas, des médicaments, des
consultations et visites du médecin, etc.) qui lui sont accessibles. Le
paradigme microéconomique du consommateur fonde le choix de celui-ci sur
les interactions entre les possibilités accessibles que
représente la droite de budget - contraintes financière - et
les goûts que représentent les courbes
d'indifférence - le consommateur choisit parmi un panier de biens
et services, celui qui satisfait le mieux ses goûts tout en respectant la
contrainte budgétaire.
Sans minimiser cette dimension financière qui est
très importante dans cette question d'accès aux soins de
santé par les populations précaires, étant donnés
que le recours à ces services a un coût, notre étude tente
d'aller bien au-delà de la précarité monétaire.
Plus que d'en demeurer à la surface, elle se propose de dénicher
les autres facteurs qui expliquent la faiblesse du recours aux soins par les
populations en situation précaire. Il s'agit ici de s'enrichir d'une
approche pluridisciplinaire intégrant les caractéristiques
psychosociales ou comportementales des personnes pauvres. Certains de ces
facteurs, auxquels nous nous intéresserons particulièrement et
lesquels s'inspirent de la psychologie sociale comme cadre
théorique, concernent notamment les représentations de la
santé, l'attention portée à celle-ci, voire la
hiérarchisation des besoins de santé par rapport aux autres
besoins jugés importants par les individus. La contribution majeure de
cette approche psychosociale sera de prendre en compte de nombreux aspects
subjectifs et symboliques de la représentation de la santé par
les populations précaires en RD Congo.
2. Cadre conceptuel
2.1
Question initiale
L'accès aux soins de santé par les populations
en situation de précarité est effectivement faible. Les
dernières estimations par le ministère du plan et de la
reconstruction, en collaboration avec le ministère de la santé de
la République démocratique du Congo rendent compte d'un taux
d'accès aux soins de près 37%.3(*)
Ce taux est si faible que le gouvernement s'en
préoccupe au plus haut point. En fin 2005 dernier, le gouvernement
s'attendait à faire passer ce taux de 37 à 45 %, lors de la
rédaction du Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP).
La question que nous posons au départ de la
présente étude s'intéresse largement au recours
aux soins des personnes en situation de précarité, s'attachant
essentiellement aux limites de l'accès aux soins. Nous pouvons ainsi
formellement nous interroger : le recours aux soins de santé
des populations précaires du Congo se limite t-il aux seules causes
financières ou qu'il est influencé par d'autres facteurs qu'il
est possible de mettre au jour ? A côté de cette
question initiale principale se dressent quelques questions connexes auxquelles
nous nous intéresserons également. Il s'agit essentiellement de
comprendre l'état de santé de des populations en situation de
précarité et des politiques qui leur sont associées.
Aussi, s'agit-il de connaître les différents troubles et maladies
pour lesquels ces populations ont désiré avoir des soins, mais
n'en ont pas eus pour des raisons que cette même étude
prétend mettre en évidence.
2.2
Problématique
2.2.1. Entretiens exploratoires sur
la situation des populations précaires en RD Congo
Un entretien a été fait avec le chargé
de la sensibilisation du Programme National d'appui à la Protection
Sociale (PNPS) le 11 août dernier. Le PNPS a été
créé par le décret présidentiel n° 05/176 du
24 novembre 2005. Beaucoup de facteurs ont concouru à la création
du PNPS. D'abord, l'obsolescence de la loi relative à la
sécurité sociale. Cette loi date de 1961. Il y a aussi le faible
taux de couverture de la population en matière de protection sociale.
Ici, le système de sécurité sociale existant est encore
loin de cet objectif et il doit, pour y arriver, connaître une profonde
restructuration. Son champ d'application doit connaître une extension aux
personnes non encore couvertes, à savoir plus de 95% de la population.
Car, les prestations offertes actuellement ne concernent que les travailleurs
salariés qui constituent moins de 5% de la population. Le PNPS
élargit donc la couverture de la protection sociale, venant ainsi en
complément à l'Institut National de Sécurité
Sociale (INSS) qui, selon ce responsable de la sensibilisation, ne couvre que
près de 5% de la population, essentiellement recrutée dans la
catégorie professionnelle (salariés du secteur formel du
travail).
En parlant du recours aux soins de santé, la
précarité et la mauvaise qualité de prestations sociales
offertes, le faible pouvoir d'achat de la population et le délabrement
des infrastructures sanitaires existantes entrent en ligne de compte.
Un collègue, assistant à l'Université de
Kinshasa, signale les pesanteurs culturelles, l'automédication, la
distance à parcourir de la maison jusqu'à l'hôpital, en
plus de la pauvreté monétaire, essentiellement liée
à la modicité des revenus.
Le problème de revenus (pauvreté
monétaire) est particulièrement mis en évidence et
justifie la création par le PNPS du projet Amélioration du
pouvoir d'achat des populations de Kinshasa (APAK) aux côtés du
projet Assurance maladie-invalidité obligatoire (AMIO). Le premier
projet est opérationnel à Bandalungwa (l'une des communes de la
ville de Kinshasa) depuis octobre 2007. Il consiste à créer des
emplois, par l'octroi des micro-crédits aux petits marchands de
Kinshasa. Le second projet, a vu le jour le 5 avril 2008, avec l'inauguration
du centre médical Melissa, une première structure de couverture
universelle de soins de santé. Le programme s'investit donc dans la mise
en place d'une nouvelle prestation, à savoir l'assurance maladie. Et, il
vise l'extension de cette prestation à toute la population.
2.2.2. Lectures exploratoires sur
la situation des populations précaires en RD Congo
L'objet de notre étude - santé et recours aux
soins des populations en situation de précarité- s'insère
dans un schème herméneutique, tentant de voir si le faible
recours aux soins par les populations précaires est réductible
aux contraintes budgétaires ou que des éléments autres que
financiers entrent en ligne de compte.
Le Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) auquel nous avons fait allusion dans les lignes
susmentionnées rend approximativement compte de ces contraintes
budgétaires que seul la théorie microéconomique
permet à élucider, particulièrement dans l'approche de
la droite de budget, qui, substantiellement, représente la
combinaison des biens et services qu'une personne peut se procurer,
étant donné son revenu. Les données auxquelles
nous faisons allusions pour décrire la précarité, d'abord
monétaire en République Démocratique du Congo, sont une
simple approximation des indices de pauvreté faite par le Programme
de Nations Unis pour le Développement (PNUD) et le
ministère du plan et de la Reconstruction. Ces chiffres, comme ceux
du revenu estimé à moins de 20 cents par personne et par jour
peuvent même être revus à la baisse. Ceci montre que le pays
souffre de l'absence des statistiques fiables, plus actuelles et à
couverture nationale. Il en va ainsi des données sur les conditions de
vie des populations. Bien sûr, quelques enquêtes ont
été menées, du milieu des années 80, notamment sur
le budget consommation des ménages ; mais elles n'ont
été réalisées que sur quatre provinces4(*) du pays.
2.2.2.1. Situation de
pauvreté en RD Congo
Les quelques données statistiques disponibles
traduisent une situation de paupérisation
généralisée. Le PIB/H (le produit intérieur brut
par habitant) est estimée à près de 74 USD, en
2001.5(*) Le niveau du
revenu par habitant et par jour est passé de 1.31 USD en 1973 à
0.91 USD en 1974, et à 0.30 USD en 1998. La misère est donc
entière. Le pays est plongé dans une pauvreté absolue qui,
certes, tend à se généraliser. Les dernières
estimations du revenu moyen des congolais par le Système des Nations
Unis place la population du Congo en dessous du seul de pauvreté
absolue, son revenu ayant continuellement baissé de 3.08% en moyenne
annuelle jusqu'en 19986(*).
La structure de consommation des ménages indique, selon
une enquête urbaine de l'INS en 1985 que la pauvreté frappe
indistinctement et à des degrés divers, toutes les classes
sociales. Près de 74% de ménages des cadres et plus de 80% de
ménages des employés sont pauvres. Toutes les deux
catégories sociales frisent, sans aucune ombre de doute, l'indigence.
Ces proportions, très élevées, caractérisent bien
la pauvreté en RD Congo, qui en fait est un véritable
phénomène de masse. Elle frappe tout le territoire national,
aussi bien le milieu urbain que le milieu rural7(*). En février 2006, quand le Ministère du
Plan et de la Reconstruction nationale publie le Document Final de
Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté
(DSCRP), l'incidence de la pauvreté est de 71,34%8(*). Cette incidence est très
élevée comparativement aux autres pays de l'Afrique Centrale. Il
en est de même de la profondeur (32.23%) et de la
sévérité de la pauvreté (18.02%).9(*)
Selon le milieu de résidence, il est quelque
disparité de la pauvreté à faire remarquer. L'incidence de
la pauvreté est plus élevée en milieu rural (75.72%) qu'en
milieu urbain (61.49%). Le même constat est fait au niveau de l'ampleur
et de la sévérité de la pauvreté. Ces
disparités entre le milieu urbain et le milieu rural s'observent
également entre les différentes provinces du pays. Trois
provinces, selon le tableau ci-après, comptent près de 85% de
pauvres et plus ; il s'agit de l'Equateur, de Bandundu et du Sud Kivu. La
ville province de Kinshasa est la moins pauvre (42% de pauvres) suivie du
Kasaï Occidental et du Maniema dans lesquelles on dénombre moins de
60% des pauvres.
Tableau n° 1 : Indice et caractéristiques
de la pauvreté spatiale
Caractéristiques
|
Population (en % )
|
Po (en %)
|
P1 (en %)
|
P2 (en %)
|
National
|
100
|
71,34
|
32,23
|
18,02
|
Milieu de résidence
|
|
|
|
|
Urbain
|
30,76
|
61,49
|
26,21
|
14,1
|
Rural
|
69,24
|
75,72
|
34,9
|
19,76
|
Provinces
|
|
|
|
|
Kinshasa
|
10,67
|
41,6
|
13,43
|
5,89
|
Bas Congo
|
5,9
|
69,81
|
23,82
|
10,56
|
Bandundu
|
11,5
|
89,08
|
44,8
|
26,62
|
Equateur
|
10,43
|
93,56
|
50,75
|
31,38
|
Province Orientale
|
12,07
|
75,53
|
33,23
|
18,99
|
Nord Kivu
|
7,98
|
72,88
|
32,23
|
18,37
|
Maniema
|
2,85
|
58,52
|
20,98
|
9,83
|
Sud Kivu
|
7
|
84,65
|
38,59
|
20,92
|
Katanga
|
15,58
|
69,12
|
32,54
|
18,84
|
Kasaï Oriental
|
8,49
|
62,31
|
26,94
|
14,84
|
Kasaï Occidental
|
7,58
|
55,83
|
21,51
|
10,73
|
|
|
|
|
|
Sources : Enquête 1-2-3. 2004 - 2005
(Analyse conjointe Banque Mondiale
- Afristat -U PPE)
Ces disparités ont été également
observées au niveau au sein des groupes socioprofessionnels. En effet,
les travailleurs indépendants et les apprentis sont les plus pauvres
(75.5% et 80% respectivement). Les manoeuvres (68%), les employés et
ouvriers semi qualifiés (71.5%) suivent juste après. On compte
plus de 48% de pauvres parmi les cadres de direction et de
collaboration10(*).
Les disparités au niveau spatial et au niveau des
groupes socioprofessionnels caractérisent aussi les groupes
sociodémographiques. La pauvreté frappe surtout les
ménages où l'âge du chef est compris entre 30 et 65 ans
(plus de 70% de pauvres). Par contre, il y a relativement moins de pauvres
(60%) dans les jeunes ménages et dans les vieux ménages
(65%)11(*).
Tableau n° 2 : indices et caractéristiques
des groupes socioprofessionnels
|
Population (en%)
|
Po (en %)
|
P1 (en %)
|
P2 (en %
|
Cadre de direction
|
2,05
|
48,62
|
18,72
|
10,42
|
Cadre de collaboration
|
2,86
|
48,53
|
18,95
|
9,65
|
Agent de maîtrise
|
2
|
60,34
|
22,83
|
11,31
|
Employé, ouvrier semi qualifié
|
2,8
|
71,47
|
30,62
|
16,5
|
Manoeuvre
|
2,32
|
67,66
|
31,98
|
18,54
|
Patron
|
2,61
|
46,39
|
17,6
|
8,66
|
Travailleur à son propre compte
|
67,35
|
75,52
|
34,75
|
19,62
|
Apprenti
|
0,17
|
80,25
|
43,03
|
24,95
|
Aide familiale
|
11,54
|
69,4
|
31,96
|
18,11
|
|
|
|
|
|
Sources : Enquête 1-2-3. 2004 - 2005
(Analyse conjointe Banque Mondiale
Afristat -U PPE)
Cette même analyse conjointe de la Banque Mondiale,
à laquelle le Document de Stratégie de la Croissance et de
Réduction de la Pauvreté (DSCRP) fait référence,
met en relation la taille du ménage et la pauvreté, s'attachant
à montrer que les ménages dont la taille est de 10 membres et
plus sont les plus pauvres (plus de 80% d'incidence). En déca de 10
membres, l'incidence de la pauvreté diminue sensiblement pour atteindre
44% des pauvres, en parlant des ménages composés de trois
membres12(*).
La relation entre le niveau d'instruction du chef de
ménage et les indices de pauvreté est établie dans le
tableau ci haut. Ce qui atteste l'idée que l'éducation
améliore le niveau de vie des ménages. Ces chiffrent rendent bien
compte d'un problème sérieux d'éducation en RD Congo, la
majorité des pauvres (76%) se trouvant dans les ménages dont le
chef est de niveau primaire. En revanche, on compte moins de 35% dans les
ménages dont le chef est de niveau universitaire. Aussi, on compte
relativement plus de pauvres dans les ménages dont le chef est polygame
(75%) que ceux dont le chef est monogame (72%). L'incidence de la
pauvreté est également forte parmi les couples vivant en union
libre (72%). Les ménages des célibataires sont moins
frappés par la pauvreté (53%).
Tableau n° 3 : indices et caractéristiques
des groupes sociodémographiques
|
Population (en %)
|
Po (en %)
|
P1 (en %)
|
P2 (en %
|
Age du chef de ménage
|
|
|
|
|
< 20 ans
|
0,75
|
56,48
|
21,07
|
10,84
|
20 - 30 ans
|
13,3
|
62,28
|
25,29
|
13,16
|
30 - 40 ans
|
26,31
|
71,07
|
31,1
|
16,93
|
40 - 65 ans
|
53,27
|
74,18
|
34,99
|
20,11
|
60 + ans
|
6,36
|
69,39
|
29,51
|
16,09
|
Sexe du chef de ménage
|
|
|
|
|
Masculin
|
86,19
|
71,57
|
32,54
|
18,27
|
Féminin
|
13,81
|
69,89
|
30,29
|
16,51
|
Taille du ménage
|
|
|
|
|
1 - 3 membres
|
13,26
|
44,02
|
16,1
|
8,08
|
3 - 5 membres
|
24,69
|
65,86
|
26,41
|
13,79
|
5 - 10 membres
|
49,94
|
78,46
|
36,35
|
20,39
|
10 + membres
|
12,11
|
83,04
|
44,74
|
27,77
|
Education du chef de ménage
|
|
|
|
|
Primaire
|
25,91
|
76,34
|
35,37
|
20,17
|
Secondaire
|
54,12
|
71,86
|
32,17
|
17,85
|
Programme non formel
|
1,02
|
56,33
|
22,45
|
11,49
|
Universitaire/Postuniversitaire
|
5,8
|
34,05
|
11,98
|
5,64
|
Non spécifié
|
13,14
|
76,98
|
35,94
|
20,46
|
Situation matrimoniale du Chef de
ménage
|
|
|
|
|
Célibataire (jamais marié)
|
2,35
|
53,36
|
20,33
|
10,54
|
Marié (e) monogame
|
69,32
|
72,03
|
32,82
|
18,45
|
Marié (e) polygame
|
11,11
|
74,7
|
34,84
|
19,57
|
Union libre
|
5,83
|
72,1
|
30,39
|
16,38
|
Divorcé (e), Séparé (e)
|
3,66
|
61,93
|
27,46
|
15,25
|
Veuf (ve) et autres
|
7,73
|
69,67
|
30,38
|
16,81
|
Sources : Enquête 1-2-3. 2004 - 2005
(Analyse conjointe Banque Mondiale
Afristat -U PPE)
L'enquête MICS 2 (Multiple Indicator Cluster
Survey) réalisée par l'Unicef sur un échantillon de 7.800
ménages, fournit quelques indicateurs pertinents aussi bien au niveau
national qu'au niveau provincial, avec une précision respectivement de
95 et 90%. Du point de vue de la méthodologie l'Unicef a
utilisé une méthode de l'indice de pauvreté à
laquelle la Banque Mondiale a fait recours ces dernières années
pour analyser les inégalités dans l'accès à
l'éducation et à la santé. Cette méthode utilise
l'analyse en composantes principales. Essentiellement, l'analyse attribue un
score à chaque ménage sur la base des avoirs et
des caractéristiques de celui-ci. Dans le cas de la RD Congo, les
caractéristiques et les biens du ménage suivants ont
été pris en compte : matériau du sol, nature du
toit, nature des murs, camion ou voiture, radio ordinaire, radiocassette,
réchaud, électricité, source principale d'eau à
boire, type de toilettes utilisées, disponibilité des
réserves alimentaires, nombre de repas par jour13(*). Au regard de l'ordre
croissant de leur score, les ménages sont classés en cinq groupes
d'effectifs égaux constituant des quintiles : plus pauvres,
pauvres, moyens, riches, plus riches. Cette enquête, la plus riche
qui soit menée au pays - parce que le pays a de nombreuses insuffisances
statistiques, à telle enseigne que les quelques agrégats
socio-économiques et macro-économiques auxquels il est fait
référence, ne sont qu'approximatifs - s'est
particulièrement intéressée au cadre de vie des
ménages, aux caractéristiques sociodémographiques de la
population, à l'éducation, à la santé des
mères et des enfants, à la couverture vaccinale des enfants et
des mères, à la nutrition des enfants et des mères, aux
questions du VIH/SIDA et de la santé de reproduction et à la
protection des enfants.
2.2.2.2. Cadre de vie des
ménages en RD Congo14(*)
En parlant du cadre de vie des ménages, cette
enquête renseigne que les ménages congolais disposent en moyenne
de 3,3 pièces à usage d'habitation dans leurs logements, la
taille moyenne des ménages étant de 6,4 personnes et le nombre
moyen de chambres à coucher étant de 2.
Le pavement des habitants est généralement en
terre battue ou en paille, particulièrement en milieu rural (96% des
ménages).
Les toitures des maisons sont surtout couvertes de paille (66%
des ménages), avec une prépondérance en milieu rural
(86%). La tôle galvanisée couvre la moitié des logements en
milieu urbain (52%) et un peu plus à Kinshasa (63%).
Les murs en pisé sont les plus fréquents (39%),
suivis de murs en briques adobes (29%) et en blocs de ciment ou en briques
cuites (21%).
L'accès à l'eau de boisson salubre est
très faible : 46% seulement de la population consomme de l'eau
provenant d'un robinet dans le logement, d'un robinet dans la cour ou dans la
parcelle voisine, d'une bonne fontaine, d'un puits à pompe, d'un puits
protégée ou d'une source aménagée. Seulement 22%
des ménages ont un accès facile à l'eau potable dans les
15 minutes du lieu d'habitation.
Moins de la moitié de la population (46%) utilise des
toilettes hygiéniques, celles qui sont connectées au
système d'égouts, qui ont une chasse d'eau, les latrines
améliorées et les latrines traditionnelles couvertes.
24% de la population n'utilisent pas les moyens sanitaires
hygiéniques de traitement des excréments des petits enfants.
Les modes d'évacuation de eaux usées
considérés comme hygiéniques, c'est-à-dire
d'évacuation par les égouts, les caniveaux d'eau pluviale et par
puits perdu sont principalement utilisés par les riches (32%). En milieu
rural, les eaux sont surtout évacuées par un trou ou
jetées à la volée dans la parcelle ou dans la rue (92% des
ménages).
L'insécurité alimentaire est
élevée : 34% de ménages ne disposent pas de
réserves alimentaires, notamment un stock de vivres ou un champ de
produits vivriers, soit pas de l'argent. Aussi, 27% de la population prennent
un seul repas par jour, et seulement 59% en consomment deux. Il y a 2 % de
congolais qui ne mangent pas tous les jours.
2.2.2.3. Situation sanitaire
et utilisation des services de santé
Profil
épidémiologique et de morbidité15(*)
La situation épidémiologique au Congo-Kinshasa
est dominée par le paludisme. Il a représenté près
de 89% de cas notifiés au cours de l'année 2005, parmi les
pathologies notifiées.
Aussi, une malnutrition protéino-calorique affecte un
grand nombre d'enfants.
La mortalité maternelle reste encore
élevée. Elle a surtout lieu dans les structures qui ne sont pas
sous le contrôle des systèmes organisés.
Le choléra est considéré comme une
maladie à potentiel épidémique à Kinshasa, et une
maladie apparente a été constatée en 2005. Une
épidémie de fièvre typhoïde compliquée de
perforations intestinales, avec péritonite a frappé la ville de
Kinshasa au cours du quatrième trimestre de l'an 2004. Le germe
identifié était particulièrement résistant aux
antibiotiques habituels et seulement sensible aux quinoléines.
La tuberculose demeure un grand fléau. 13.779 nouveaux
cas ont été dépistés par les formations sanitaires
ayant intégrées cette activité au cours de l'année
2005. Ce nombre très élevé peut faire suspecter la
présence du VIH/Sida à Kinshasa, en raison de la forte
association de ces deux pathologies chez près de 50% de tuberculeux. La
trypanosomiase est réapparue dans beaucoup de zones de santé.
Les données épidémiologiques
rapportées de la 1ère à la
52ème semaine de l'an 2005 sont contenues dans le tableau
suivant.
Tableau n°4 : quelques données
épidémiologiques - année 2005
Maladies
|
|
Cas
|
Décès
|
Létalité
|
Paludisme
|
2.112.834
|
4.650
|
0,2%
|
Fièvre typhoïde
|
376.991
|
208
|
0,05%
|
Rougeole
|
161.005
|
1425
|
0.8%
|
Méningite
|
4060
|
405
|
9,9%
|
Diarrhée sanglante
|
2384
|
20
|
0.83%
|
Coqueluche
|
674
|
1
|
0.9%
|
TNN
|
128
|
11
|
8,6%
|
PFA
|
0
|
0
|
0%
|
Cholera
|
0
|
0
|
0%
|
Source : République Démocratique du
Congo (RDC). Fiche - Pays. Country of Return Information poject (CRI), mai
2007, p 58
Recours et accès aux
soins de santé
L'étude de l'Unicef ci haut (MICS2) s'arrête
simplement à la santé des mères et des enfants,
s'attachant à montrer que le niveau de la couverture en soins
prénatals est de 68%. Un tiers des femmes enceintes ne vont pas à
la consultation prénatale durant leur grossesse et le niveau de la
couverture en accouchements assistés par un personnel qualifié
est de 61%. Elle signale également une prévalence de la
diarrhée à 22%, celle des IRA à 11% tout en
spécifiant que seulement 36% d'enfants faisant les IRA sont
emmenés chez un fournisseur de soins appropriés. La
prévention du paludisme par l'utilisation de la moustiquaire
imprégnée demeure encore faible (0,7%) et seulement 52% d'enfants
malades du paludisme sont traités avec un antipaludéen
usuel ; 61% d'enfants ont été traités au
paracétamol16(*).
Parallèlement, l'Enquête Démographique et
de Santé (EDS-RDC), la dernière en date, réalisée
depuis le mois de janvier jusqu'en début août 2007 par le
ministère du plan, en collaboration avec le ministère de la
santé s'est aussi intéressée à la santé des
mères et des enfants : vaccination, prévalence et traitement
de la diarrhée, de la fièvre et de la toux, paludisme, visites
prénatales, assistance à l'accouchement et allaitement
maternelle. Elle s'est également intéressée à
l'état nutritionnel des enfants moins de cinq ans et des mères,
aux estimations de la prévalence de l'anémie et du Sida, et au
test des connaissances sur le VIH/Sida. Elle renseigne que parmi les femmes
ayant eu une naissance au cours des cinq années qui ont
précédé l'enquête, neuf sur dix (près de 85%)
ont reçu les soins prénatals17(*). Il y a dons une amélioration de recours
à la consultation prénatale, par rapport à l'année
2002 où l'enquête MICS2 de l'Unicef a été
menée.
Mais, de manière générale, l'utilisation
des ses services de santé est très faible. Le Document de la
Stratégie de Croissance et de Réduction de la pauvreté
(DSCRP) citant le Rapport de l'Etat de Santé et Pauvreté (RESP)
en RD Congo, montre que le taux moyen d'utilisation des services de
santé est d'environ 0,15 consultations par habitant et par an - ce taux
moyen de 0,15 correspond à moins d'une consultation par personne tous
les 6 ans -. En parlant de l'utilisation des services hospitaliers, le nombre
d'enregistrements hospitaliers qui était de 35 pour mille habitants au
cours de la décennie 80 est tombé à 15 pour mille en
2001.
2.2.3 Synthèse du travail
exploratoire : points émergents
Curieusement, toutes ces études menées à
l'échelle nationale et qui ont bénéficié de
financements de nombreux bailleurs de fonds internationaux - USAID, DFID, CDC,
Unicef, UNFPA, Banque Mondiale - ne s'interrogent pas sur ce qui explique la
faiblesse du recours aux soins de santé, quand même elles
privilégient la santé des mères et des enfants. Même
dans le cas précis - celui de la santé des mères et des
enfants -, ces études n'expliquent pourquoi en 2001, la proportion
d'enfants de 12 à 23 moins qui avaient reçu leur vaccin
n'étaient que de 29% (MICS2), encore moins pourquoi les 41% d'enfants
qui avaient reçu la première dose du DTC n'ont pas reçu la
troisième et pourquoi seulement 46,1% des femmes enceintes ont
bénéficié des soins prénatals
réalisés par le personnel médical.
Le DSCRP, en parlant du recours aux soins de santé, met
seulement en évidence la part infime du budget consacré par
l'Etat à la santé (qui atteint les proportions même
inférieures à 1%) et le désengagement des partenaires au
développement dans le secteur. Ce qui conduit à la
détérioration du système de santé et au fait que
les ménages assument pratiquement toute la charge financière des
services de santé, bien entendu, en l'absence du système
d'assurance maladie18(*).
Il s'agit ici d'une ébauche de facteur qui influence le recours aux
soins de santé : la contrainte financière, étant
donné que les soins ont un coût. Le rapport de l'Analyse
Participative de la Pauvreté (Rapport APP 2005) rend bien compte de la
perception de l'inaccessibilité aux soins de santé19(*) :
M. Mak. De la commune de Mont Ngafula (Kinshasa, RD
Congo) : « je me fais soigner à l'indigène
(tradipraticien) en laissant chez le guérisseur mes biens ».
Parfois les accouchements se passent à la maison dans assistance aucune
comme le rapporte un participant de Bumba (Equateur, RD Congo) :
« par manque de moyens, ma femme accouche souvent à domicile,
sans assistance d'un personnel de qualité »
Pour montrer l'influence des difficultés
financières - précarité financière liée aux
contraintes budgétaires des populations -, le DSCRP montrent que les
études ponctuelles réalisées principalement au Sud Kivu
(Une région de l'est du Congo habituellement en proie aux conflits
armées), 24% de patients ont vendu leurs biens et 18% se sont
endettés pour faire face au coût des soins de santé. Aussi,
dans le Maniema, 30% de patients ont vendu leurs biens et 15% se sont
endettés pour faire face au coût des soins de santé.
Comme nous pouvons le remarquer, des études
menées ci haut ne s'interrogent pas foncièrement sur la faiblesse
du recours aux soins de santé par les populations
précaires ; encore qu'elles se sont toutes
intéressées à la seule santé des mères et
des enfants. Il est également retenu l'aspect de revenus modiques des
populations comme facteur explicatif de cette situation, étant
donné le coût des soins qu'elles sont tenues de supporter toutes
seules.
Notre étude - Santé et recours aux soins de
santé par les populations en situation de précarité-,
tente de combler les insuffisances des études menées jusqu'ici
dans le pays sur le recours aux soins de santé par les populations
précaires. Il ne s'agit pas de restreindre l'objet à la seule
santé des mères et des enfants, mais plutôt de
s'interroger, dans un contexte global et dans un schème
herméneutique, sur tous les facteurs qui expliquent le comportement du
recours aux soins de santé par les populations en situation de
précarité.
Pour ce faire, et parce qu'il s'agit d'expliquer un
comportement - recours aux soins de santé-, le modèle des
comportements interpersonnels, emprunté de la psychologie sociale
est retenu comme cadre théorique. Ce dernier modèle, auquel on
attache la figure maîtresse de Triandis soutient que le comportement
résulte de trois facteurs suivants - ce qui le diffère
profondément du modèle de Fishbein et Ajzen qui découle de
la théorie de l'action raisonnée- : la force de
l'habitude devant un comportement donné, l'intention d'emprunter le
comportement et la présence des conditions qui facilitent ou nuisent
à d'adoption du comportement.20(*)
Aussi, le Health Belief Model est utilisé,
principalement pour l'avantage qu'il a à considérer que - c'est
même ce qu'il pose comme prémisse - l'individu est susceptible
de poser des gestes pour prévenir une maladie ou une condition
désagréable s'il considère la santé comme une
dimension d'importance dans sa vie21(*). Ce modèle des croyances relatives
à la santé (HBM) a fait son apparition vers 1958 et on lui
attache la figure maîtresse de G.M HOCHBAUM. A l'origine, il a
été formulé afin d'expliquer pourquoi les gens acceptaient
ou n'acceptaient pas de passer un test de dépistage des maladies
asymptotiques, à l'exemple du cancer du poumon. Il a, par la suite,
été utilisé pour comprendre les comportements
associés à la prévention des maladies (par exemple la
vaccination) et à l'observance des prescriptions médicales. Les
applications concernant l'étude des comportements liés à
la santé, à l'exemple des habitudes de vie, sont plus
récentes. Ce modèle lie simultanément le comportement
positif de l'individu à trois paramètres22(*) : se sentir
concerné par sa santé et considérer celle-ci comme une
composante importante de sa vie, la perception d'une menace pour sa
propre santé et l'efficacité du comportement pour réduire
la menace. Bien sûr, dans le cadre de ce travail, allons-nous seulement
considérer le premier paramètre, celui qui renvoie à
la valeur que l'individu accorde à sa propre santé.
2.3.
Concepts et modèle d'analyse
2.3.1 Concepts
L'objet de notre étude - recours aux soins des
populations en situation de précarité- repose sur quatre
concepts fondamentaux : la précarité, la
pauvreté, l'exclusion, et la représentation sociale de
la santé.
2.3.1.1. La
précarité
Les définitions données à la
précarité sont nombreuses. Nous n'allons pas ici toutes les
énumérer ; plutôt, tenterons-nous d'en extraire les
plus importantes et les plus significatives du point de vue de l'objet de notre
étude.
Littéralement, le concept de précarité
traduit le caractère de ce qui ne s'exerce que par permission, que par
tolérance, avec dépendance, à l'exemple d'une possession
précaire (Dictionnaire Littré).
Il emporte aussi l'idée de ce qui n'a pas de
durée certaine, ce qui n'a pas de stabilité, ce qui est incertain
(Media dico). Cette dernière acception est d'un usage courant dans le
domaine professionnel, en parlant de la nature de contrats de travail. On dit
souvent d'un emploi à durée déterminée (CDD) qu'il
est précaire. Mêmes les critères
socio-administratifs23(*)
associés à la précarité - chômeurs,
bénéficiaires du revenu minimum d'insertion ou d'un contrat
d'emploi solidarité, personnes sans domicile fixe et jeunes de 16-26 ans
en insertion professionnelle-, restreignent la précarité à
la seule situation des personnes vis-à-vis de l'emploi.
Par ailleurs, divers rapports, tels ceux du Conseil Economique
et Social en 1987, du CREDOC en 1995, du CREDES en 1996 et de nombreux auteurs
anglo-saxons, cités par le Centre technique d'appui et de formation des
Centres d'examen de santé (Cetaf), ont montré que la
précarité est multifactorielle et qu'elle se manifeste dans
cinq domaines que voici : la situation socio-économique, le
logement, la situation vis-à-vis de l'emploi, les diplômes et
l'état de santé24(*).
Somme toute, la littérature propose quatre grandes
dimensions ou approches de la précarité : l'approche
législative, l'approche économique, l'approche psychologique, et
l'approche administrative25(*). Ces dimensions peuvent être formalisées
dans le tableau n° 5 qui suit.
Toutes ces dimensions sont valables pour la présente
étude. Seulement, la précarité n'est pas à
confondre avec la pauvreté : elle emporte d'idée d'un
processus dynamique de fragilisation susceptible d'aboutir à
l'exclusion.
La définition du Père Wresinski a la faveur de
notre particulière attention pour autant qu'elle présente
les conséquences auxquelles la précarité peut
déboucher: « la précarité est l'absence
d'une ou de plusieurs sécurités, notamment celle de l'emploi,
permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs obligations
professionnelles, familiales ou sociales et de jouir de leurs droits
fondamentaux. L'insécurité qui en résulte peut être
plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins
graves et définitives, Elle conduit à la grande pauvreté
quant elle affecte plusieurs domaines de l'existence. Lorsqu'elle devient
persistante, elle compromet les chances de réassurer ses
responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même
dans un avenir prévisible26(*) ».
Tableau n° 5 : les dimensions de la
précarité
Dimensions de la
précarité
|
Définition
|
Dimension législative
|
Situation des personnes dont les ressources
(matérielles, culturelles, sociales) sont si faibles qu'elles sont
exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l'état membre
où elles vivent. - Définition européenne, adoptée
au Conseil européen de 1984
|
Dimension économique
|
Pauvreté monétaire caractérisée
par une insuffisance de revenus
|
Dimension psychologique
|
Pauvreté « subjective » reposant
sur la perception qu'ont les ménages de l'aisance dans laquelle ils
vivent ou de l'écart entre leurs revenus et le minimum
nécessaire.
|
Dimension administrative
|
Situation de ceux qui perçoivent une aide dont l'un des
objectifs est de lutter contre la pauvreté
|
2.3.1.2 La
pauvreté
Le concept de pauvreté est tout aussi complexe à
définir que celui de précarité, difficile à saisir
et pourrait signifier plusieurs choses pour différentes personnes,
à des endroits différents, à des moments différents
et selon l'angle dans lequel son examen est envisagé.
Les pauvres sont des personnes privées des
nécessités élémentaires (aliments, vêtements,
logement, énergie). En rapport avec le dénuement, la
pauvreté peut être définie soit comme le manque de moyens
(pouvoir d'achat) permettant d'éviter le dénuement, ou comme une
situation en soi (le dénuement proprement dit)27(*).
Townsend (1987) définit le dénuement comme
« un état de désavantage observable et
démontrable, par rapport à la communauté locale ou plus
généralement, à la société ou la nation
à laquelle un individu, une famille ou un groupe appartient ».
Il définit le pauvre du 17ème siècle
en Grande-Bretagne comme « toute personne ne pouvant pas s'offrir
une veste en laine et une paire de chaussures en cuir, parce qu'autrement,
apparaître en public serait risqué pour lui. »28(*) Il ressort un
élément important auquel nous reviendrons dans les lignes
subséquentes : la perception de la pauvreté par les
individus.
Toutefois, le concept de pauvreté, au sens plein du
terme, peut être envisagé dans cinq dimensions principales :
la dimension économique, la dimension sociale, la dimension
culturelle, la dimension politique et la dimension éthique. Le
professeur Elsa ASSIDON29(*) formalise ces dimensions (Tableau n°6),
s'attachant à les articuler autour des formes de pauvreté
d'accessibilité - manques et absence de satisfaction - et de
pauvreté de potentialités - absence d'opportunité
d'accumulation.
Il est important de remarquer que les pauvres ne sont pas un
groupe homogène de personnes. Il existe de grandes disparités
dans le groupe en fonction de facteurs tels que l'âge, le sexe,
l'appartenance ethnique, la religion, la profession, la zone
géographique, l'éducation, la santé, et même le
revenu30(*). Isabelle
Parizot rend bien compte de cet aspect hétérogène des
pauvres31(*) :
« Les personnes concernées ne forment pas une
communauté sociale, ni même un groupe statistique saisissable par
des critères socio-économiques traditionnels. Elles sont
confrontées à un ensemble hétérogène de
situations, génératrices des difficultés diverses. Bien
souvent, elles n'ont en commun que la forme de leur trajectoire, marquée
par le cumul de handicaps et une dissociation progressive des liens sociaux.
Aussi, faut-il envisager la pauvreté, non comme un état, mais
comme un processus multidimensionnel susceptible d'écarter davantage de
l'activité économique diverses franges de la population, et de
conduire à la rupture du lien social. »
Ces disparités, même en parlant des revenus -
pauvreté monétaire - sont d'autant plus importantes qu'en
République Démocratique du Congo et aux Etats-Unis, la ligne
officiel de pauvreté n'est pas la même. L'administration du
service de Sécurité Social (SSA) des Etats-Unis a fixé une
ligne officielle de pauvreté sur la base de ce qu'il
considère être le montant minimum d'argent requis pour un niveau
de subsistance de la vie. Pour déterminer cette ligne de
pauvreté, la SSA a calculé le coût d'une alimentation
adéquate (a basic nutritionally adequate diet) qu'il multiple par 3. Ce
multiplicateur est basé sur les conclusions d'une recherche du
gouvernement américain qu'en 1955, les pauvres dépensaient le
tiers de leurs revenus dans la nourriture. Depuis lors, le niveau de
pauvreté a été réajusté par l'Index de Prix
à la Consommation en vue de prendre en compte les tensions
inflationnistes32(*) : $8.667 pour une personne âgée
de moins de 65 ans, $13.032 pour un ménage de trois personnes et $17.184
pour un ménage de quatre personnes. En tenant compte de ce seuil
officiel de pauvreté, 11,8% des américains (soient 32,3 million)
étaient pauvres en 1999.Tableau n° 6 : les dimensions de la
pauvreté
Dimensions du bien-être
|
Dimensions économiques
|
Dimension sociale
|
Dimension culturelle
|
Dimensions politiques
|
Dimension éthique
|
Monétaire
|
Condition de vie
|
Formes de pauvreté
|
|
|
|
|
|
|
Pauvreté d'accessibilité
(Manques et absence de satisfaction)
|
Manque d'accès à l'emploi. Absence de revenu.
Impossibilité d'acheter des produits
|
Manque d'accès à la santé, à une
alimentation équilibrée, à d'éducation, au
logement, etc.
|
Exclusion sociale. Rupture du lien social.
Problèmes de genre
|
Non reconnaissance identitaire.
Déracinement.
|
Absence de démocratie, de participation aux
décisions.
|
Absence de normes. Corruption.
Violence.
Valeurs niées.
|
|
|
|
|
|
|
|
Pauvreté de potentialités
(Absence d'opportunité d'accumulation)
|
Absence de capital physique (équipement, terrains,
biens durables) et
Financier (épargne, crédit)
|
Insuffisance de capital humain
(peu d'éducation, mauvaise santé)
|
Insuffisance de capital social
(manque de cohésion sociale, relation de faible
niveau)
|
Insuffisance de « capital culturel ».
Absence de fond culturel commun.
Sous-culture
|
Absence ou insuffisance de « pouvoir », de
moyens d'expression, d'informations.
|
Insuffisance de normes de normes ou valeurs
partagées : « capital d'éthique »
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Elsa ASSIDON -
http://mapage.noos.fr/RVD/soutenabilisoc1.htm (consulté le 10 novembre
2005)
A la différence des Etats-Unis, les dernières
estimations de la ligne de pauvreté totale en RD Congo est
évaluée à 153.265 Francs congolais par personne et par an
en milieu urbain et 97.655 par personne et par an en milieu rural. Ce seuil est
la somme des valeurs des estimations de la pauvreté alimentaire
(123.070 Francs congolais en milieu urbain et 82.755 Francs congolais en milieu
rural) et la moyenne des dépenses non alimentaires des
ménages (30.195 Francs congolais par personne et par an en milieu urbain
et 14.900 par personne et par an en milieu rural). La construction de la
première ligne de pauvreté - la ligne de la pauvreté
alimentaire -, a été obtenue en faisant l'évaluation de la
valeur du panier de la ménagère de biens les plus
consommés représentant environ 90% de la dépense
alimentaire totale des ménages33(*).
On se rend bien compte des différences dans l'acception
de la pauvreté, selon que l'on soit ici ou
là-bas, aux Etats-Unis ou en RD Congo, à
différents moments, indexant l'indice de prix à la consommation
pour prendre en considération le pouvoir d'achat des populations, etc.
D'aucuns, pour qualifier objectivement le pauvre, considère que
ses dépenses quotidiennes devraient être en déca de $1
(un dollar américain).
Cependant, ce sont les pauvres eux-mêmes qui comprennent
le mieux ce qui est la pauvreté, ainsi que l'illustrent les tableaux de
perception de la pauvreté suivants (Tableau n° 7a et Tableau
n° 7b). Il s'agit d'un profil de la pauvreté en milieux urbain et
rural issue de l'analyse des consultations participatives
réalisées par le gouvernement congolais, en partenariat avec
quelques Organisations Non Gouvernementales (ONGs), laquelle a permis
d'identifier une grille de 14 groupes de variables de référence.
Le sondage d'opinion sur les perceptions de la pauvreté a permis
d'appréhender le sentiment des populations sur chacune de variables.
L'ensemble des résultats de ces deux méthodologies qualitatives a
permis de dresser un profil de pauvreté dans l'optique du
vécu du pauvre. Quelques citations ramenées du terrain
mettent en évidence la nature de ce vécu.
Tableau n°7a : Profil de
pauvreté en milieu urbain
N°
|
Catégorie de pauvres
Facette de pauvreté
|
Très pauvre
|
Pauvre et fragile
|
Pauvre mais stable
|
1
|
Circonstance familiale
|
Peu ou pas de soutien familial ni communautaire. Souvent
vivant seules, comme les personnes âgées, veuves, femmes sans
enfants. S'il demeure un ménage uni, aucune autorité parentale ni
la nourriture journalière ne peuvent être garanties. La perte de
l'autorité familiale en tant que parents ne peut pas garantir la
nourriture chaque jour. Effort journalier pour avoir assez de cash pour vivre
et manger. Démunis, ils sont exclus de la société.
|
La famille devient plus fragile, mas est encore capable
d'entretenir la structure immédiate de la famille. Ménage
à faible revenu. Ne peut pas trouver assez de travail tout le temps. Le
ménage perd son réseau de soutien. Diminution notable du standing
social
|
Luttant mais stable. Entretenant un réseau familial et
de soutien. Ayant la volonté d'assister les plus âgés de la
famille. Maintien une structure familiale immédiate et un réseau
étendu de filet social ; d'un standing social familial et contribue
à la vie de la communauté. Peut se considérer comme
luttant mais pauvre.
|
2
|
Source de revenus
|
Sans aucune activité génératrice de
revenus sinon assez rare et très irrégulières sources de
revenus
|
Exerçant une petite activité
génératrice de revenu ou travailleur journalier dans le secteur
privé
|
Travaillant dans les entreprises privées, banques,
organisations internationales et les cabinés du gouvernement
|
3
|
Alimentation
|
Mange par hasard (une fois par jour ou pratiquement rien).
« Nous pratiquons du délestage alimentaire »
|
Mange régulièrement, mais seulement une fois par
jour
|
Mange plus d'une fois
|
4
|
Transport
|
Marche à pied ou fraude dans les transports en
commun
|
Utilise les transports en commun et paie sa course
|
Peut payer un taxi
|
5
|
Cadre de vie (habitat et environnement)
|
Les murs de la maison sont en briques adobe couvert des
bâches, sachets ou tôles ayant plus ou moins 2 pièces.
Partagent souvent la maison avec plusieurs autres groupes. Pas de mobilier dans
la maison, dorment sur les nattes.
|
Les mûrs de la maison sont en brique adobe ou en
matériaux durables tôlés avec plus ou moins 3
pièces. Ont des lits en bambou ou en fer avec un matelas à
pailles à l'intérieur. Le nombre de personnes passant la nuit
dans une chambre est supérieur à la normale.
|
Une maison en matériaux durables. A un matelas en
mousse avec meubles dans la maison.
|
6
|
Eau potable
|
Utilise de l'eau des puits
|
Utilise de l'eau de la Regiseso (Une régie de
fourniture d'eau) puisée chez les voisins
|
Ayant des robinets de la Regideso dans la parcelle
|
7
|
Energie
|
Utilise la lampe à pétrole. Pour la
préparation des aliments, utilise les copeaux ou les babouches
usés en lieu et place de la braise
|
Ayant un raccordement électrique frauduleux
|
Ayant le courant électrique et paye ses factures
|
8
|
Qualité de vie : sécurité et
indépendance)
|
Absolument sans sécurité, qualité de vie
extrêmement basse. Souvent déprimé.
|
Peu de sécurité, mais plus en dehors du
contrôle de la famille. Luttant pour maintenir un semblant de famille et
un contrôle parental
|
La sécurité est un effort journalier, mais il
n'y a encore de l'espoir dans l'avenir. La qualité de vie est acceptable
aussi longtemps que la famille demeure en bonne santé
|
9
|
Santé
|
Par manque de l'argent les plantes, les feuilles sont
utilisées en cas de maladie et les femmes accouchent à
domicile
|
Recourent aux tradi-praticiens et à
l'automédication et en cas de gravité, vont à
l'hôpital mais incapables de payer les frais
|
Sachant se faire soigner en cas de maladie dans mes
hôpitaux. Est obligé de solliciter un crédit des autres
familles/amis pour ainsi faire
|
10
|
Scolarisation
|
Les enfants ne sont pas scolarisés
|
L'accès à l'éducation est accordé
prioritairement aux garçons intelligents. Les moins intelligents et les
filles restent à la maison
|
Scolarisent les enfants mais qui sont souvent chassés
à cause de non paiement de minerval
|
Source : Ministère du plan et de la
reconstruction, DSCRP, juillet 2006, Kinshasa
Tableau n° 7b : Profil de
pauvreté en milieu rural
N°
|
Catégorie de pauvres
Facette de pauvreté
|
Très pauvre
|
Pauvre et fragile
|
Pauvre mais stable
|
1
|
Circonstance familiale
|
Peu ou pas de soutien familial ni communautaire. Souvent
vivant seules, comme les personnes âgées, veuves, femmes sans
enfants. La perte de l'autorité familiale en tant que parents ne peut
pas garantir la nourriture chaque jour. Effort journalier pour avoir assez de
cash pour vivre et manger. Exclus de la société.
|
La famille devient plus fragile, mas est encore capable
d'entretenir la structure immédiate de la famille. Ménage
à faible revenu. Ne peut pas trouver assez de travail tout le temps. Le
ménage perd son réseau de soutien. Diminution notable du standing
social
|
Luttant mais stable. Entretenant un réseau familial et
de soutien. Ayant la volonté d'assister les plus âgés de la
famille. Maintien un standing social familial et contribue à la vie de
la communauté. Peut se considérer comme luttant mais pauvre.
|
2
|
Source de revenus
|
Aucune source de revenu et n'exerce aucune activité
génératrice de revenus, vivant de la mendicité
|
Salaire obtenu en travaillant pour les autres, entretiennent
leurs champs, sèment les champs des autres, s'occupe de l'élevage
des autres.
|
Ont leurs propres champs et élevage et vendent les
produits de récolte ou de l'élevage
|
3
|
Alimentation
|
Pas de repas régulier quotidiennement et quand c'est
possible. Le repas es constitué des légumes sans sel ni huile
|
La population considère qu'elle fait un jeûne
quotidien forcé. « Nous mangeons karibu na kesho
(proche de demain) pour être à même de travailler
demain matin »
|
Prennent au moins 2 repas par jour
|
4
|
Transport
|
Sans moyen de transport propre et incapable de payer les frais
de transport, les courses sont effectuées à pieds
|
Le transport s'effectue soit à vélo soit
à pied
|
Utilise le vélo comme moyen de transport et peut payer
ses courses
|
5
|
Cadre de vie (habitat et environnement)
|
Très pauvres, sans logis, sinon la maison est en
pisé, avec une toiture en chaume et une porte en roseaux. Sans meuble,
sans lit, sans chaises. Se couchent par terre, sur les nattes ou sur les
cartons
|
Ont une maison en pisé, argiles mais sur des sticks
avec une toiture en chaume. Dispose d'un lit en bambou
« muengele »
|
Une maison en briques adobe avec des tôles. Dispose
d'une radio, d'un matelas et d'une batterie
|
6
|
Eau potable
|
Puits aménagés inexistants, l'eau est
puisée à lus ou moins 5 km du village
|
Source non aménagée, l'eau est puisée
à lus ou moins 5 km
|
Sources non aménagées, parcourant moins de 5 Km
pour avoir de l'eau
|
7
|
Energie
|
Avec l'absence quasi-totale de l'énergie
électrique, utilisation de tison de bois pour entrer dans la maison. Les
villages restent plongés dans l'obscurité
|
Utilisation du lampion fait d'une boite de conserve et d'une
mèche plongée dans l'huile de palme appelé selon la
population : « Katoritori, RCD, etc. »
|
Utilisation des lampes à pétrole
|
8
|
Qualité de vie : sécurité et
indépendance)
|
Pas de sécurité de toutes façons.
Abandonnés par la famille, pas de réseau d'assistance.
Ignoré ou chassé par les offices de l'Etat. Souffre d'une
exclusion sociale et économique totale. Qualité de vie
extrêmement faible, souvent déprimés et craignant
l'avenir
|
Leurs soucis de la sécurité disparaissent.
Forcés de travailler dans les circonstances d'insécurité.
Les enfants sont supposés contribuer au bonheur. Souffrent de la
marginalisation et d'une exclusion grandissante. Abandonnent lentement l'espoir
pour l'avenir. Perdent le combat pour maintenir l'unité effective de la
famille et le contrôle de la famille
|
La sécurité minimale est assurée.
Souffrent d'une certaine marginalisation minime mais gardent de l'espoir pour
l'avenir. La qualité de la vie est acceptable aussi longtemps que la
famille reste en bonne santé
|
9
|
Santé
|
Se font soigner par les plantes traditionnelles.
L'accouchement se fait à la maison ou dans la brousse/forêt
|
Consultent les centres médicaux sans avoir la
capacité de payer
|
Consultent les centres médicaux et payent
|
10
|
Scolarisation
|
Les enfants ne sont pas scolarisés
|
L'accès à l'éducation est accordé
prioritairement aux garçons intelligents. Les moins intelligents et les
filles restent à la maison
|
Scolarisent les enfants mais qui sont souvent chassés
à cause de non paiement de minerval
|
Source : Ministère du plan et de la
reconstruction, DSCRP, juillet 2006, Kinshasa
Théories de la
cause de pauvreté
Il existe deux différentes réponses à la
question de la cause de pauvreté. L'une est que les pauvres sont dans
cette condition parce qu'ils ont quelques
déficiences : ils sont soit biologiquement
inférieurs soit que leur culture les fait échouer en favorisant
les traits de caractères qui font obstacle à leur progrès
dans la société (Either they are biologically inferior or
their culture fails them ...). L'autre réponse blâme la
structure de la société : quelques personnes sont
pauvres parce que la société a échoué d'offrir
l'équité dans les opportunités d'éducation,
parce que les institutions exercent la discrimination sur les
minorités, parce les industries ont échoué de
fournir assez d'emplois, parce que l'automatisation a rendu certains
emplois obsolètes, etc.34(*)
Théorie de la
déficience I : Infériorité innée
En 1882, le philosophe et sociologue Herbert Spencer vint aux
Etats-Unis développer une théorie connue plus tard comme du
Darwinisme Social. Il argumenta que les pauvres étaient pauvres parce
qu'incapables (they were unfit). La pauvreté était une
façon naturelle:
« d'excréter ... les membres malsains,
imbéciles, lents, vacillants, sans espoir de la société en
vue de faire une chambre pour « ceux qui sont capables», ceux
qui ont droit à la richesse. Spencer prêcha que les pauvres ne
devraient pas être aidés à travers la charité
publique ou privée, parce des tels actes interféreraient avec la
voie naturelle de se débarrasser des faibles. (Cité dans
Progressive, 1980:8)
Le Darwinisme Social a généralement
manqué de support dans la communauté scientifique pendant
près de 50 ans, quand bien même il avait continué à
alimenter les pensées de nombreuses personnes.
Mais au cours des 25 dernières années, ce
concept de Darwinisme Social refait surface dans le travail de trois
scientistes. Ils suggèrent que les pauvres sont dans cette condition
parce qu'ils ne parviennent pas à plus de savoir-faire dans leur
dotation intellectuelle.
Arthur Jensen, professeur du cours de Psychologie de
l'éducation à l'Université de Californie, montre qu'il y a
une forte possibilité que les Afro-américains soient moins
dotés mentalement que les blancs. Ses recherches sur le Quotient
Intellectuel (QI) ont conclu qu'approximativement 80% du quotient intellectuel
est hérité, alors que le reste (20%) est attribuable à
l'environnent. Parce que les américains d'origine africaine
diffèrent significativement des blancs dans leurs résultats aux
tests du quotient intellectuel et à l'école, Jensen
déclare qu'il est raisonnable d'émettre l'hypothèse
que les sources de ces différences sont aussi bien
génétiques qu'environnementaux.
A la suite, Richard Herrnstein, un psychologue d'Harvard,
était d'accord avec Jensen que l'intelligence est largement
héritée. Il fait un pas de plus, jusqu'à posé
l'hypothèse de la formation des castes héréditaires
basées sur l'intelligence (Herrnstein, 1971, 1973). Pour Herrnstein, la
stratification sociale par les différences innées apparaît
parce que (1) l'habileté mentale est héritée et
que (2) le succès (prestige du travail et gains)
dépend de l'habilité mentale. Ainsi, une
méritocratie (classification sociale par habileté) se
développe à travers un processus de tri (a sorting process). Ce
raisonnement asserte que les gens qui sont proches, en parlant des
habilités mentales, ont une propension à se marier et à
procréer, et en conséquence, assurer la formation des castes par
niveau d'intelligence. Selon cette thèse, « dans les jours
à venir, et comme la technologie avance, la tendance de
l'employabilité pourrait courir dans les gênes des familles aussi
certainement que les mauvaises dents le font aujourd'hui »
(Herrnstein, 1971 :63). Ceci est tout simplement une autre façon de
dire que les personnes brillantes sont dans les classes les plus
élevées et que les faibles sont dans le fond.
L'inégalité est justement justifiée comme il y a quelques
années, par les Darwinistes sociaux.
Charles Murray, ensemble avec Herrnstein, écrivent
The bell Curve (Hermstein et Murray, 1994), le plus grand
réveil du Darwinisme. Leur assertion, une sorte de mise à jour
des travaux de Herrnestein, est que les hiérarchies
économiques et sociales reflètent une seule dimension -
habilité cognitive, mesurée par les tests du quotient
intellectuel.
Malgré les lacunes dans la logique et dans
l'évidence utilisées par Jensen, Herrnstein et Murray, nous
devons considérer les implications de leur déterminisme
biologique pour aborder le problème de la pauvreté.
D'abord, le déterminisme biologique est un exemple
classique de blâmer la victime. Le pauvre est mis en cause dans les
écoles inférieures, dans les tests du QI culturellement
biaisés, dans les salaires dérisoires, dans la réduction
de la taille de l'entreprise, ou dans les barrières sociales de la race,
de la religion, ou de la nationalité. En blâmant la victime, cette
hypothèse met en relation le manque du succès et le manque
d'intelligence. Cette relation ignore pourtant, les avantages et les
désavantages des statuts assignés. Selon William Ryan,
« Arthur Jensen et Richard Herrnstein confirme que les noirs et les
pauvres sont nés stupides, et que les petits enfants riches deviennent
des riches adultes, non pas parce qu'ils ont hérité le
portefeuille de Papa, mais plutôt qu'ils ont hérité son
cerveau » (W. Ryan, 1972 :54).
Aux Etats-Unis, la thèse Jensen-Hernstein-Murray avait
divisé les gens en faisant appel aux fanatiques. Elle fournit une
« justification scientifique » dans leurs croyances en la
supériorité raciale de certains groupes et en
l'infériorité des autres. Ce faisant, elle légitime la
ségrégation et de traitement inégal des soi-disant
inférieurs.
Une autre implication sérieuse du déterminisme
biologique valide le test du QI comme une mesure légitime de
l'intelligence. Le test du QI essaie de mesurer le potentiel inné, mais
cette mesure est impossible parce que le processus du test doit
inévitablement refléter quelques unes des habiletés qui se
développent durant la vie de l'individu. Les réalisations
scolaires sont, bien sûr, aussi associées à un groupe
d'autres facteurs sociaux et motivationnels, comme l'observe Joanne Ryan.
Une autre implication de cette thèse est que la
pauvreté est inévitable. La survie de l'idéologie du
capitaliste est renforcée, justifiant à la fois la discrimination
du pauvre et le privilège continu aux avantagés.
L'inégalité est tellement rationalisée que peu de chose
est faite pour aider la victime. Hernstein et Murray dans The Bell
Curve argumentent que les politiques publiques visant à
améliorer la pauvreté sont une perte de temps et de ressources.
« Les programmes destinés à altérer la dominance
naturelle de l'élite cognitive (cognitive elite) sont
inutiles, parce que les gènes de la classe subordonnée les
entraînent invariablement dans l'échec » (Muwakkil,
1994 :22). L'acceptation de ces thèses a immanquablement des
conséquences coûteuses sur les politiques de décision en
rapport avec la pauvreté. Ces thèses suscitent des questions
sérieuses auxquelles cette étude ne tente aucunement de
répondre : l'intelligence est immuable ou est-il possible de
stimuler le développement cognitif ?
Théorie de la
déficience II : Infériorité culturelle
Une autre explication de la pauvreté appelée
hypothèse de la culture de pauvreté (Culture-of-poverty
hypothesis) soutient que les pauvres sont qualitativement différents du
reste de la société, en parlant des valeurs et de styles de vie
et que ces différences culturelles expliquent la pauvreté
continue. En d'autres mots, les pauvres, en s'adaptant à leurs
conditions de dénuement, se révèlent plus permissifs
d'élever leurs enfants, mois expressifs, plus de fatalisme, moins
enclins à s'intéresser à l'éducation formelle que
les riches. Ainsi, la théorie montre la forte implication des
défauts de moyens de vie dans la pauvreté. De ce point de vue,
les pauvres ont une sous-culture des valeurs (subculcure in values)
qui diffèrent radicalement de celles des autres classes sociales.
Edward Banfield, un éminent politologue, montre que la
différence entre les pauvres et les riches est simplement
culturelle : les pauvres ont une orientation vers le
présent (present-time orientation) à l'inverse des riches qui
sont orientés vers le futur (future-time orientation). Il précise
que l'orientation au présent des pauvres n'est pas fonction de la
situation de désespoir dans laquelle ils vivent. Pourtant, il semble
peu probable que les pauvres ne voient guère de raison de se plaindre de
leurs taudis : qu'en est-il de la saleté, les rats, la
promiscuité, le taux élevé de la mortalité
infantile ? Qu'en est-il du chômage et du manque
d'opportunités de mobilité ? Ce sentiment d'être
piégés semble être la cause primaire de l'orientation
hédoniste des pauvres au présent. Si les structures
étaient changées, de sorte que les pauvres pouvaient voir que le
travail acharné et les gratifications différées portaient
leurs fruits, ils se seraient orientés vers le futur.
Les critiques de l'hypothèse de la culture de
pauvreté montrent que les pauvres sont une partie intégrante de
la société des Etats-Unis ; ils n'abandonnent pas les
valeurs dominantes de la société mais, plutôt, ils les
conservent tout en tenant une autre série de valeurs. Cette série
alternative de valeurs est le résultat d'une adaptation aux conditions
de pauvreté. Elliot Liebow, dans une étude classique des
afro-américains de classe inférieure a abordé le
problème dans le même sens :
Dans cette perspective, enfant de la rue -street corner
man - n'apparaît pas comme une carrière d'une tradition culturelle
indépendante. Sont comportement n'apparaît pas plus comme un
moyen de réaliser des objectifs distinctifs, les valeurs de sa propre
sous-culture ou la conformité à ses modèles, mais
plutôt comme un moyen d'essayer d'accomplir beaucoup d'objectifs et
beaucoup de valeurs de la plus large société, d'échouer
à le faire et de dissimuler son échec des autres et de
lui-même, au mieux de sa possibilité (Liebow,
1967 :222).
Beaucoup d'américains croient que la pauvreté
est la combinaison des facteurs biologiques et culturels. Judith Chafel a
passé en revue de nombreuses études sur les croyances des
américains et conclut qu'ils considèrent les privations
économiques comme un état auto-infligé,
emmenant beaucoup plus des facteurs personnels (à l'exemple de l'effort,
de l'habileté) que des structures externes (à l'exemple d'un
marché d'emploi défavorable, du racisme). La pauvreté est
vue comme inévitable, nécessaire et juste (Chafel,
1997 :434).
Les théories
structurelles
A l'opposé des théories des déficiences
biologiques et culturelles ci haut, la théorie structurelle
précise que la manière dont les sociétés sont
organisées crée la pauvreté et amène un certain
nombre de gens particulièrement vulnérables à devenir
pauvres.
La discrimination
institutionnelle. Michael Harrington - dont le livre L'autre
Amérique (The other America) avait joué un rôle
déterminant en suscitant la lutte contre la pauvreté par le
gouvernement fédéral -, a déclaré que «
la vraie explication à ce que les pauvres sont là où ils
sont est qu'ils ont commis l'erreur d'être nés par les mauvais
parents, dans une mauvaise région du pays, dans une mauvaise industrie
ou dans des mauvais groupes racial et ethniques » (Harrington,
1963 :21). Il s'agit ici d'une façon de s'attaquer aux conditions
structurelles, pas aux pauvres. Lorsque la coutume de faire les choses, les
attitudes, les attentes et les arrangements opèrent au détriment
du pauvre, il s'agit d'une discrimination institutionnelle. Il est
possible de voir de nombreux exemple de la façon dont les pauvres sont
pris au piège dans ce type de discrimination.
Les meilleurs emplois requièrent un diplôme
d'études collégiales, mais les pauvres ne peuvent pas envoyer
leurs enfants au Collège, étant donné le coût. Les
bourses privilégient les meilleurs étudiants. Souvent, les
enfants des pauvres ne s'appliquent pas très bien à
l'école, étant donné notamment le manque d'un programme
préscolaire enrichi, les faibles attentes des enseignants et
administrateurs les concernant. Les problèmes d'apprentissage et de
passation d'un test peuvent résulter du fait que le français est
la seconde langue. La pauvreté est concentrée
géographiquement et les écoles sont financées
principalement de manière inégale, de sorte que les enfants des
pauvres fréquentent un type d'écoles inadéquatement
financées
Les pauvres sont aussi pris au piège parce qu'ils sont
le plus souvent malades que les riches. Parmi les raisons, il est possible de
constater que très souvent, ils ne peuvent faire face au coût de
la médecine préventive, à une alimentation
appropriée, à une attention médicale appropriée
quand le pauvre est malade. Une forte incidence de la maladie parmi les pauvres
voudrait soit dire qu'ils seront révoqués de leur travail ou
qu'ils vont manquer les revenus équivalents au nombre de jours
d'absence. Ainsi, il y a un cercle vicieux de pauvreté. Les pauvres
tendent à demeurer pauvres, et leurs enfants tendront à
perpétuer le cycle.
La politique
économique de la société. Le principe de base du
capitalisme - le profit individuel plutôt que le besoin collectif -
explique la présence de la pauvreté. La primauté de
maximiser le profit concourt à la promotion de la pauvreté de
plusieurs façons. D'abord, les employeurs sont contraints à payer
aux travailleurs le moins de salaires possibles ; seulement une infime
portion de la richesse créée par les ouvriers leur est
distribuée, le reste arrondissant le pactole des investisseurs -
détenteurs de capitaux. Il est donc indéniable qu'il y ait des
millions de personnes qui travaillent à plein régime, mais qui
vivent en déca du seuil de pauvreté.
Une autre façon de favoriser la pauvreté est de
maintenir un surplus de la main d'oeuvre, parce que ce surplus déprime
les salaires. Les employeurs ont avantage, dans cette perspective, à
recruter une main d'oeuvre sous éduquée, moins exigeante, des
personnes désespérées qui accepteront, à force de
la misère, de travailler à plein régime pour des salaires
très bas. Même en période de récession de
l'entreprise, ces groupes des personnes marginales, sont les premières
à être remerciées.
Aussi, l'impact du capitalisme sur la pauvreté est
envisagé à travers les différentes prises de
décisions des investisseurs, qui ne prennent pas en considération
la condition de leurs employeurs (actuels ou potentiels). Si la substitution
des robots aux ouvriers est susceptible de réduire la structure des
coûts de l'entreprise, ce n'est jamais un problème pour les
investisseurs de réfléchir deux fois aux vies qui sont
exposées à la misère et au chômage. De
manière similaire, le patron peut décider un matin de fermer les
portes de l'entreprise et d'investir dans une autre région où la
main d'oeuvre est abondante et significativement moins coûteuse.
Somme toute, le fondement du capitalisme est le gain
individuel, sans considération aucune du collectif. Le capitalisme ne
devrait pas être considéré comme un cadre neutre dans
lequel les biens et services sont produits et distribués, mais comme un
véritable système économique qui perpétue
l'inégalité.
Enfin, certaines politiques sont susceptibles de favoriser la
pauvreté. C'est le cas des décisions que peut prendre un
gouvernement pour contrer l'inflation en appliquant un taux
d'intérêt très élevé, compromettant ainsi le
fonctionnement de nombreuses industries et causant du chômage. Les
mesures prises par les bailleurs de fonds étrangers sur les pays
pauvres, à l'exemple des ajustements structurels, aujourd'hui
appliquées par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International, se soucient plus coût de la dette monétaire que du
coût social. Il n'est pas étonnant que Suzan George ait
qualifié le programme d'ajustement structurel de programme
d'austérité35(*).
Claude Fischer et ses collègues attestent que
« l'inégalité n'est pas déterminée par la
nature, encore moins par la main invisible du marché ; c'est une
construction sociale, un résultat de nos actes historiques.
« Les américains ont créé l'extension et le type
de pauvreté que nous avons, et les américains le
maintiennent » (Fischer et al. 1996 :7)
2.3.1.3. L'exclusion
La théorie de la capacité a été
utilisée par de nombreux auteurs pour considérer l'exclusion dans
un contexte d'une pauvreté conçue comme un manque ou une perte de
capacité. L'analyse de SEN sur le concept de l'exclusion sociale et la
pauvreté permet de comprendre ces deux concepts en termes de
privation de capacité.36(*)
La « capacité » au sens de SEN, est
constituée par l'ensemble des fonctionnements potentiellement
accessibles à l'individu. Ce faisant, ce n'est ni dans
l'égalité de revenus, ni dans l'égalité des droits
que réside fondamentalement la justice sociale, mais dans l'égale
aptitude des individus à convertir des moyens en résultats
conformes à leur conception de la vie. Dès lors, être
pauvre, au sens de SEN, s'est être privé des capacités, par
delà le manque de revenus ou de droits formels.
Le concept d'exclusion se surcharge de sens, évoluant
considérablement à telle enseigne que son sens contemporain s'est
éloigné remarquablement de la définition qu'en donnait
Réné Le Noir en 1974. En effet, la population
« exclue » selon Réné désigne les
catégories qui, même nombreuses, restent marginales
(handicapés physiques et mentaux, invalides âgés,
drogués, délinquants, etc.). Le concept, d'emblée
multiforme, couvre déjà les aspects économiques et
sociaux Il s'élargit encore lorsqu'on ajoute à la liste,
déjà en 1980, les chômeurs à longue durée,
les travailleurs en contrat à temps partiel contraint, les personnes en
rupture de liens sociaux, etc. De nombreux auteurs se dessaisissent alors du
concept d'exclusion, lui préférant les termes de
disqualification sociale (Serge Paugam), de Relégation
(Jean-Marie DELARUE), ou encore de désaffiliation sociale
(Robert CASTEL), envisagés comme une menace, un risque, pesant sur
les larges populations37(*). De Gaulejec et Taboada (1994) cités par
BENTIRI, ont préféré le concept de
désinsertion, s'attachant à mettre en évidence la
place de l'individu dans une organisation sociale qui édicte des
règles et des normes de fonctionnements et impose aux personnes un
statut et des rôles dont l'observance permet de participer au
fonctionnement de la société38(*).
L'exclusion entraîne quelques troubles psychiques, et
comporte un trépied symptomatique associant divers
mécanismes : un sentiment de honte, un sentiment de
désespérance, et un mécanisme de défense
(inhibition affectivo-cognitive).
Le sentiment de honte est le pivot du syndrome
d'exclusion et traduit un sentiment pénible de son
infériorité, de son indignité, de son humiliation devant
autrui et son abaissement en regard ou dans l'opinion des autres. Il est
lié à la disqualification qui fragilise l'exclu dans son
narcissisme et entraîne dans l'entourage qui le perçoit, un
sentiment de mépris plus ou moins conscient. Souvent inavouable,
condamnant à la solitude et au repli sur soi, voire l'alcoolisme, il
peut également entraîner un refus de communiquer, nuisant à
la relation avec autrui et pouvant même devenir un facteur
d'exclusion.
Le sentiment de désespérance est un
sentiment pénible pouvant ressembler à un état de
dépression, lequel peut s'améliorer si le contexte ou la
situation s'améliore, à l'inverse de l'état
dépressif qui est demandeur d'une thérapeutique
spécifique.
L'inhibition affectivo-cognitive est un
mécanisme de défense mis en place par l'exclu pour se
protéger de la honte et de la désespérance. Ce
mécanisme permet de mettre ses facultés intellectuelles en
veilleuse de façon à éviter de penser ou de
réfléchir.
2.3.1.4.
Représentation sociale de la santé
Les filiations du concept de la représentation sociale
esquissées dans les lignes subséquentes sont largement
inspirées du cours de Psychologie sociale dispensé par
François CLERGET39(*).
Pour les psychologues cognitivistes, la représentation
sociale est une reconstruction du réel, une reproduction mentale d'un
objet (objet matériel, personne, idée, situation, etc.). Par le
truchement de cette représentation, l'énoncé du mot
désignant cet objet renvoie à une image mentale de l'objet, mais
aussi à tout ce qui peut s'attacher à cet objet dans l'esprit du
sujet (valeur, statut, etc.)
Pour les sociologues, les représentations collectives
renvoient à des connaissances stables dans le temps (à travers
les générations) et dans l'espace (à travers les membres
d'une société donnée). Les représentations
sous-tendent ainsi un ensemble de normes et de conduites à respecter.
Elles constituent un système de pression sur les membres d'une
communauté.
Le psychologue social réfute le principe de la
psychologie cognitive selon lequel un individu suit en toute circonstances les
mêmes règles mentales et logiques, se proposant de s'attacher au
contenu social de nos connaissances (Moscovici, 1961, 1986). Refusant
également le point de vue sociologique d'une représentation
unique partagée par toute la société, Moscovici fait
l'hypothèse qu'il y a autant de représentations que de groupes
sociaux spécifiques.
Pour Moscovici, la représentation sociale constitue une
connaissance naïve élaborée à partir des
modèles populaires (culturels et sociaux) qui fournissent des cadres de
compréhension et d'interprétation de la réalité.
De nombreuses recherches qui ont suivi ont été
menées sur des objets différents de la représentation,
à l'exemple de la représentation sociale de l'enfance
(Ariès, 1962), la représentation sociale de la santé et de
la maladie (Herzlich, 1969) et de la représentation sociale du sida et
de sa prévention chez les jeunes (Marin, 1994)
Définitions
Pour Moscovici (1961) la représentation sociale est un
système de valeurs, de notions et de pratique relative à des
objets, des aspects ou des dimensions du milieu social, ce qui permet non
seulement la stabilisation du cadre de vie des individus et des groupes, mais
constitue également un instrument d'orientation de la perception des
situations et d'élaboration des réponses.
Jodelet (1989) insiste sur un objet mental, une forme de
savoir pratique, consistant en une intégration spécifique des
informations procédées sur un fait.
Et Doise (1990) définit les représentations
sociales comme des principes générateurs de prises de position
liées à des insertions spécifiques dans un ensemble des
rapports sociaux et organisant les processus symboliques intervenant dans ces
rapports.
Les orientations de
recherches sur les représentations sociales
On distingue quatre grandes orientations de recherche, en
parlant des représentations sociales : les études qui
décrivent la représentation qu'une population se fait d'un
objet (Moscovici, 1961), les études qui analysent l'influence
des représentations sociales sur les conduites des sujets (Codol,
1969 ; Abric 1983), les études méthodologiques qui proposent
des techniques de mesures des représentations et l'analyse de
leur structure (Flament 1981 ; Le Bouedec 1984) et les travaux qui
étudient les facteurs et les mécanismes de la transformation
des représentations sociales (Jodelet 1989 ; Abric 1994).
La présente étude s'articule autour des deux
premières orientations, s'attachant à étudier les
représentations que les populations en situations de
précarité se font de la santé, et à quel point
leurs représentations de la santé impacte sur le comportement
de recours aux soins.
2.3.2 Modèle d'analyse
Les modèles de la croyance relative à la
santé et, plus particulièrement la théorie des
comportements interpersonnels empruntée de la psychologie sociale, nous
ont permis de définir les concepts fondamentaux sur lesquels repose
notre étude.
Il convient de rappeler ici la question principale qui dicte
cette étude : le recours aux soins de santé par les
populations en situation de précarité est-il tributaires des
seuls facteurs financiers, ou qu'il existe d'autres facteurs qu'il est possible
de mettre au clair ?
Par hypothèse, le recours aux services de
santé n'est pas seulement déterminé par les
contraintes budgétaires -précarité monétaire,
comme la modicité de revenus-, quand bien même le facteur
financier peut être important en apparence. Il faut lui associer, outre
les explications sociodémographiques des populations
(âge, sexe, occupation, éducation, situation
socioéconomique), les variables psychosociales, telles la
représentation qu'ils se font de la santé, l'attention
qu'ils portent à leur santé et la hiérarchisation des
besoins de santé par rapport aux autres besoins fondamentaux, mais aussi
la présence de quelques barrières de l'ordre de
l'automédication, la tradi-thérapie, la
distance à parcourir pour recevoir les soins et la
vétusté même des infrastructures sanitaires, etc.
3. Perspectives
méthodologiques et limites du travail
L'idéal, pour la validation de notre hypothèse,
serait de mener une enquête sur un échantillon
représentatif des populations en situation de précarité.
Et cette enquête devrait être menée au moyen d'un
questionnaire largement inspiré du Baromètre Santé du
Conseil Général du territoire de Belfort. Ce
baromètre, adapté à la situation de la République
Démocratique du Congo présente quantité d'avantages :
il permet d'abord de récolter les informations sur les
caractéristiques personnelles, sociodémographiques,
voire socio-économiques des populations précaires (sexe,
âge, occupation, logement, formation, stabilité de revenus, etc.).
Il permet également de recenser les besoins en soins de
santé des populations au cours d'une certaine période,
notamment en rapport avec les prothèses ou appareils dentaires, les
lunettes, lentilles, les consultations et visites pour soins de
généralistes, les visites pour soins de spécialistes, les
examens d'imagerie médicale, les analyses de laboratoire, les
médicaments etc. Au -delà d'un simple recensement des besoins en
soins de santé que peut permettre un tel questionnaire, il y a aussi
l'avantage de mettre en évidence lesquels besoins n'ont pas
été satisfaits pour une raison ou une autre. C'est serait
là la meilleure compréhension des rapports difficiles que les
populations précaires ont avec les soins de santé. Aussi, les
questions relatives aux représentations sociales de la santé
pourraient être adaptées au contexte du Congo.
Somme toute, deux grandes dimensions devraient
émerger : d'abord une dimension qui mesure les
représentations que les personnes ont de leur propre, et les rapports
difficiles entre ces personnes avec les systèmes de santé.
Nos frêles pouvoirs dans le cadre de cette licence et
les difficultés de trouver dans les brefs délais un groupe de
personnes d'autosuffisance bénéficiant du soutien financier de
quelques uns, même exceptionnellement, nous enhardissent de nous
arrêter à une simple revue de littérature sur la question
de la précarité et de la santé en République
Démocratique du Congo. Ce groupe de personnes devrait constituer une
« famille » en principe représentative des
populations en situation de précarité, entrevoyant les entraides
et les équivalences d'une couverture sociale.
Bien sûr, une étude réalisant des
enquêtes de terrain bien menées sur le plan méthodologique
et portant sur des milliers de personnes suivies pendant des années
serait préférable. Mais, ceci n'est pas notre portée,
d'abord en tant que chercheur isolé, et puis en tenant compte des
limites du niveau de licence.
Nous en faisons donc notre deuil, du moins provisoirement.
Mais cette esquisse de littérature, s'attachant à faire un
état de lieu des connaissances sur la précarité et la
santé en République Démocratique du Congo, assortie de la
définition des concepts et d'un modèle d'analyse permet
déjà de nous préparer à une étude beaucoup
plus approfondie et mieux fouillée. Une telle étude, assortie
d'un questionnaire comme décrit ci haut, peut être menée
dans le cadre de la validation du niveau de Master.
4. Conclusion
Le présent travail a porté essentiellement sur
les questions sociales et de santé des populations en situation de
précarité. La question sociale surgit pour prendre conscience des
inégalités de santé en République
Démocratique du Congo.
La question principale qui a conduit cette étude
s'attachait à vouloir comprendre, dans un schème
herméneutique, les facteurs qui expliquent le faible recours aux soins
de santé par les populations congolaises, en grande partie
précaires.
La théorie des croyances relatives à la
santé (Health Belief Model) à laquelle s'attache la figure
maîtresse de G.M HOCHBAUM a été retenue comme cadre
théorique de cette étude, principalement pour l'avantage qu'il a
à considérer que - c'est même ce qu'il pose comme
prémisse - l'individu est susceptible de poser des gestes pour
prévenir une maladie ou une condition désagréable s'il
considère la santé comme une dimension d'importance dans sa
vie. Ce modèle lie simultanément le comportement positif de
l'individu à trois paramètres : se sentir
concerné par sa santé et considérer celle-ci comme une
composante importante de sa vie, la perception d'une menace pour sa
propre santé et l'efficacité du comportement pour réduire
la menace. Bien sûr, dans le cadre de ce travail, une attention
particulière a été seulement accordée au premier
paramètre, celui qui renvoie à la valeur que l'individu accorde
à sa propre santé.
Aussi, le modèle des comportements
interpersonnels, emprunté de la psychologie sociale a
été retenu comme cadre théorique. Ce dernier
modèle, auquel on attache la figure maîtresse de Triandis soutient
que le comportement résulte de trois facteurs suivants - ce qui le
diffère profondément du modèle de Fishbein et Ajzen qui
découle de la théorie de l'action raisonnée- : la
force de l'habitude devant un comportement donné, l'intention
d'emprunter le comportement et la présence des conditions qui facilitent
ou nuisent à d'adoption du comportement. Il a l'avantage de
permettre à dénicher certaines barrières au comportement
de recours aux soins de santé.
Ce travail s'est présenté comme une
préparation à une analyse beaucoup plus approfondie des
problèmes liés aux questions sociales et de recours aux soins de
santé des populations en situation de précarité. Il se
limite, sous contraintes des frêles possibilités de notre niveau
de licence, à une revue de littérature sur la question de la
précarité et de santé des populations congolaises.
Le travail exploratoire réalisé a permis de
montrer que de nombreuses études se sont arrêtées à
décrire l'état de santé des personnes, en particulier les
enfants de moins de cinq ans et les femmes. Ces études ne sont pas
étendues à toute la population, en grande partie
considérée comme précaire. Même en parlant de la
santé des enfants et des mères, ces études n'expliquent
pas pourquoi en 2001, la proportion d'enfants de 12 à 23 moins qui
avaient reçu leur vaccin n'était que de 29%, encore moins
pourquoi les 41% d'enfants qui avaient reçu la première dose du
DTC n'ont pas reçu la troisième et pourquoi seulement 46,1% des
femmes enceintes ont bénéficié des soins prénatals
réalisés par le personnel médical. C'est donc là
une brèche ouverte pour l'approfondissement prochain de notre
étude, visant l'ensemble des populations en situation de
précarité.
Il n'a pas seulement été question d'esquisser
substantiellement l'état de connaissances sur la
précarité ( Revenu moyen inférieur à 20 cents, par
personne et par jour) et la santé (vaccination, prévalence et
traitement de la diarrhée, de la fièvre et de la toux,
paludisme, visites prénatales, assistance à l'accouchement et
allaitement maternelle, état nutritionnel des enfants moins de cinq ans
et des mères, estimations de la prévalence de l'anémie et
du Sida, et au test des connaissances sur le VIH/Sida), problématisant
sur les facteurs qui expliquent le faible recours aux soins de santé.
Mais le présent travail a également permis de définir les
concepts fondamentaux et de circonscrire un modèle d'analyse
susceptibles de faciliter une recherche ultérieure très
approfondie, peut-être dans le cadre de la validation du niveau de
Master.
Les quatre concepts fondamentaux qui ont été
développés sont la précarité, la
pauvreté, l'exclusion et la représentation sociale de la
santé. Et le modèle d'analyse esquissée montre que
le recours aux services de santé n'est pas seulement
déterminé par les contraintes budgétaires
-précarité monétaire, comme la modicité de
revenus-, quand bien même le facteur financier peut être important
en apparence. Il lui associe, outre les explications
sociodémographiques des populations (âge, sexe, occupation,
éducation, situation socioéconomique), les variables
psychosociales, telles la représentation qu'ils se font de la
santé, l'attention qu'ils portent à leur santé et la
hiérarchisation des besoins de santé par rapport aux autres
besoins fondamentaux, mais aussi la présence de quelques
barrières de l'ordre de l'automédication, la
tradi-thérapie, la distance à parcourir pour recevoir
les soins et la vétusté même des infrastructures
sanitaires.
Cette hypothèse est-elle plausible ? Peut-elle
être validée ? Seule une enquête sur un
échantillon représentatif des populations en situation de
précarité peut permettre d'affirmer ou d'infirmer notre
hypothèse de travail. Et cette enquête devrait être
menée au moyen d'un questionnaire largement inspiré du
Baromètre Santé du Conseil Général du territoire de
Belfort et adapté à la situation de la République
Démocratique du Congo. Ce questionnaire présente beaucoup
d'avantages : il permet d'abord de récolter les informations sur
les caractéristiques personnelles,
sociodémographiques, voire socio-économiques
des populations précaires (sexe, âge, occupation, logement,
formation, stabilité de revenus, etc.). Il permet également de
recenser les besoins en soins de santé des populations au cours
d'une certaine période, notamment en rapport avec les prothèses
ou appareils dentaires, les lunettes, lentilles, les consultations et visites
pour soins de généralistes, les visites pour soins de
spécialistes, les examens d'imagerie médicale, les analyses de
laboratoire, les médicaments etc. Bien plus qu'un simple recensement
des besoins en soins de santé que peut permettre un tel questionnaire,
il y a aussi l'avantage de mettre en évidence les besoins de soins
de santé qui n'ont pas été satisfaits pour une raison ou
une autre. Serait-ce là la meilleure compréhension des
rapports difficiles que les populations précaires ont avec les soins de
santé. Aussi, les questions relatives aux représentations
sociales de la santé pourraient être adaptées au contexte
du Congo.
BIBLIOGRAPHIE
ASSIDON E. Le paradigme du développement.
Séminaire « développement
financier » du DEA DESTIN. Institut des Hautes Etudes de
l'Amérique Latine.
http://mapage.noos.fr/RDV/soutenabilsoc1.htm
(consulté le 10 novembre 2005)
Banque Centrale du Congo. Evolution économique,
financière et monétaire. Kinshasa, Janvier 2002
BENTIRI N., Les représentations sociales de la
santé des personnes en situation de précarité.
Mémoire de Master en Psychologie sociale de la santé,
Université d'Aix Marseille UFR de Provence, 2004/2005
Centre technique d'appui et de formation des Centres d'examen
de santé (CETAF). Le score EPICES : l'indicateur de la
précarité des Centres d'examens de santé de l'Assurance
Maladie. Rapport d'étude, janvier 2005
CLERGET F., Psychologie sociale. Notes de cours de
licence. Université de Franche-Comté, Besançon,
2006/2007
GEORGE S., Jusqu'au cou. Enquête sur la dette
du tiers-monde. Ed. La Découverte, Paris, 1988
GODIN G., L'éducation pour la santé :
les fondements psychosociaux de la définition des messages
éducatifs. Sciences sociales et santé. Québec,
éd. Erès, Vol. IX, n° 1, mars 1991
GUILLAUMIE L., Education et Promotion de la
santé. Notes de cours de licence. Université de
Franche-Comté. Besançon, 2007/2008
Institut de veille sanitaire. Le score Epices : un
score individuel de la précarité. Construction du score et
mesure des relations avec des données de santé, dans une
population de 197 389 personnes. Bulletin épidémiologique
hebdomadaire, n° 14/2006, 4 avril 2006
LAPOINTE L., Observatoire Santé des populations
précaires du Territoire de Belfort. Mémoire de D.U.E.P.S.S.
Université de Franche-Comté, Besançon, 2004/2005
MANDERSCHEID J.C., Education à la santé,
entre pratique et concepts. Notes de cours de licence. Université
de Franche-Comté, Besançon, 2006/2007
MANDERSCHEID J.-C., Observatoire départemental de
la santé des populations précaires. Conseil
Général du Territoire de Belfort. Rapport décembre 2005
MARIC M., Pauvreté et exclusion sociale : une
approche par la théorie des capacités. MATISSE UMR 8595,
Université Paris 1 et CNRS
Ministère du Plan et de la Reconstruction. Document
de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP-I),
Version intérimaire, Kinshasa, février 2004
Ministère du Plan et de la Reconstruction,
Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la
Pauvreté (DSCRP), Kinshasa, février 2006
Ministère du Plan, Ministère de la santé,
Enquête démographique de Santé, Rapport
préliminaire. Kinshasa, décembre 2007
Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La
contribution de la santé à la réduction de la
pauvreté dans la région africaine. Bureau régional
d'Afrique, Division des milieux favorables à la santé et du
développement durable, août 2001
République Démocratique du Congo (RDC).
Fiche - Pays. Country of Return Information poject (CRI), mai 2007
STANLEY EITZEN D. & BACAZINN M., Poverty, in
Social problems, 9ème éd., Pears-Education, New York, 2003
Système des Nations Unis, RD Congo: Bilan commun de
pays, Kinshasa, Mai 2001
UNICEF, Enquête nationale sur la situation des
enfants et des femmes, Multiple Indicator Cluster Survey (MICS2), Rapport
d'analyse, Kinshasa, juillet 2008
* 1 Ministère du Plan
et de la Reconstruction. Document de stratégie de réduction
de la pauvreté (DSRP), Version intérimaire, Kinshasa,
février 2004, p41
* 2 Ministère du Plan
et de la Reconstruction. Op. Cit., p75
* 3 Ministère du Plan
et de la Reconstruction. Op.cit
* 4 Kinshasa, Lubumbashi,
Kisangani et Bandundu.
* 5 Banque Centrale du Congo.
Evolution économique, financière et monétaire.
Kinshasa, Janvier 2002
* 6 Système des
Nations Unis, RD Congo : Bilan commun de pays, Kinshasa, Mai
2001
* 7 Ministère du Plan
et de la Reconstruction. Op.cit p11
* 8 Ministère du Plan
et de la Reconstruction, Document de la Stratégie de Croissance et
de Réduction de la Pauvreté (DSCRP), Kinshasa,
février 2006, p 20
* 9 Ces trois indices de la
pauvreté - l'incidence, la profondeur et la
sévérité - sont chiffrés aux moyens des
instruments traditionnels de mesure de la pauvreté (indices de
Foster-Greer-Thorbecke). L'incidence (Po) traduit dans la population
donnée la proportion des pauvres (en %) ; la profondeur (P1) qui
constitue un indicateur d'intensité de la pauvreté, mesure le
fossé qui sépare les pauvres de non pauvres et permet d'estimer
le financement nécessaire pour éliminer la pauvreté d'un
coup dans des conditions de parfait ciblage. La sévérité
(P2) mesure le degré d'aversion d'une population pour la pauvreté
et mesure l'inégalité entre les pauvres.
* 10 Ministère du
Plan et de la Reconstruction, Op. Cit., p21
* 11 Ministère du Plan et de la
Reconstruction. Ibid.
* 12 Ministère du
Plan et de la Reconstruction, Op. Cit., p22
* 13 Unicef,
Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes,
Multiple Indicator Cluster Survey (MICS2), Rapport d'analyse, Kinshasa, juillet
2008, pp 219 - 221
* 14 Unicef : MICS2,
Op. Cit. pp 21 - 44
* 15 République
Démocratique du Congo (RDC). Fiche - Pays. Country of Return
Information poject (CRI), mai 2007, pp 57-59
* 16 Unicef : MICS2,
Op. Cit. pp 87- 110
* 17 Ministère du
Plan, Ministère de la santé, Enquête
démographique de Santé, Rapport préliminaire.
Kinshasa, décembre 2007, p 16
* 18 Ministère du
Plan et de la Reconstruction, DSCRP. Op. Cit., p37
* 19 Ibid. p37
* 20 GUILLAUMIE L.
(2007/2008). Education et Promotion de la santé. Notes de cours
de licence. Université de Franche-Comté. Besançon
* 21 GODIN G.,
L'éducation pour la santé : les fondements psychosociaux
de la définition des messages éducatifs. Sciences sociales
et santé. Québec, éd. Erès, Vol. IX, n° 1,
mars 1991, pp 69 - 72
* 22 MANDERSCHEID J.C.
(2006/2007). Education à la santé, entre pratique et
concepts. Notes de cours de licence. Université de
Franche-Comté, Besançon, p18
* 23 Institut de veille
sanitaire. Le score Epices : un score individuel de la
précarité. Construction du score et mesure des relations
avec des données de santé, dans une population de 197 389
personnes. Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n°
14/2006, 4 avril 2006, p93
* 24 Centre technique
d'appui et de formation des Centres d'examen de santé. Le score
EPICES : l'indicateur de la précarité des Centres d'examens
de santé de l'Assurance Maladie. Rapport d'étude, janvier
2005, p4
* 25 MANDERSCHEID J.-C.,
Observatoire départemental de la santé des populations
précaires. Conseil Général du Territoire de Belfort.
Rapport décembre 2005, p4
* 26 Père WRESINSKI.,
Grande pauvreté et précarité économique et sociale
(CES 11-12-1987) cité par LAPOINTE L., Observatoire Santé
des populations précaires du Territoire de Belfort. Mémoire
de D.U.E.P.S.S. Université de Franche-Comté, Besançon,
2004/2005, p7
* 27 Organisation Mondiale
de la Santé (OMS). La contribution de la santé à la
réduction de la pauvreté dans la région africaine.
Bureau régional d'Afrique, Division des milieux favorables à la
santé et du développement durable, août 2001, p6
* 28 Organisation Mondiale
de la Santé, Op. Cit..
* 29 ASSIDON E. Le paradigme
du développement. Séminaire « développement
financier » du DEA DESTIN. Institut des Hautes Etudes de
l'Amérique Latine.
http://mapage.noos.fr/RDV/soutenabilsoc1.htm
(consulté le 10 novembre 2005)
* 30 Sen & Begun (1998)
cité par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ibid., p6
* 31 PARIZOT I. (1998).,
Trajectoires sociales et modes de relation aux structures sanitaires, In LEBAS
J., CHAUVIN P., Précarité et santé. Cité par
BENTIRI N., Les représentations sociales de la santé des
personnes en situation de précarité. Mémoire de
Master en Psychologie sociale de la santé, Université d'Aix
Marseille UFR de Provence, 2004/2005, p 13
* 32 Stanley Eitzen D. Bacazinn
M. (2003)., Poverty, in Social problems, 9ème
éd., Pears-Education, New York, p180
* 33 Ministère du Plan
et de la Reconstruction. Op. Cit., p20
* 34 Stanley Eitzen D.
Bacazinn M. Op. Cit., p197
* 35 GEORGE S. (1988...).
Jusqu'au cou. Enquête sur la dette du tiers-monde. Ed. La
Découverte, Paris, p79
* 36 SEN (1992), Inequality
Reexamined, Harvard University Press, cité par MARIC M.,
Pauvreté et exclusion sociale : une approche par la
théorie des capacités. MATISSE UMR 8595, Université
Paris 1 et CNRS, p8 exclusion
* 37 MARIC M., Op. Cit.,
pp6-7
* 38 BENTIRI N., Op. Cit.,
p17
* 39 CLERGET F. (2006/2007),
Psychologie sociale. Notes de cours de licence. Université de
Franche-Comté, Besançon.
|
|