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Dégénérescence morale: Une étude comparative de Gabriel Gradère et De Ferdinand Bringuet dans Les Anges Noirs de François Mauriac et La Retraite aux Flambeaux de Bernard C lavel

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par Virginie Blanche NGAH
Université Yaoundé I - Maà®trise en Lettres Modernes Françaises (Option Littérature) 2007
  

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UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I

THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I

FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

--------------------

DÉPARTEMENT DE FRANÇAIS

 

FACULTY OF ARTS, LETTERS, AND SOCIAL SCIENCES

-----------------------

FRENCH DEPARTMENT

DÉGÉNÉRESCENCE MORALE :

UNE ÉTUDE COMPARATIVE DE

GABRIEL GRADÈRE ET DE FERDINAND

BRINGUET DANS LES ANGES NOIRS DE

FRANÇOIS MAURIAC ET LA RETRAITE AUX FLAMBEAUX DE BERNARD CLAVEL

Mémoire présenté en vue de l'obtention du

Diplôme de Maîtrise en Lettres Modernes Françaises

Option : Littérature française

Par

VIRGINIE BLANCHE M. NGAH

Licenciée ès Lettres

Sous la direction de

M. MAXIME METO'O

Maître de Conférences

Année académique 2007/2008

À mes chères mamans :

Awana Marie-Bernadette

Nnomo Jeanne Agathe

Ntolo Marie-Pauline

Que ceci soit pour vous un début de consolation. Je vous aime.

Votre Blanche préférée.

REMERCIEMENTS

Ce travail porte le nom d'un auteur certes, mais il n'a été possible que grâce à l'encadrement et au soutien d'un certain nombre de personnes à qui nous voulons ici adresser nos sincères remerciements.

Nous remercions premièrement notre directeur de mémoire, M. Maxime Meto'o, Maître de Conférences, enseignant au Département de Français de l'Université de Yaoundé I qui, malgré ses nombreuses sollicitations, a accepté de guider nos premiers pas dans la recherche scientifique. Cher Maître, recevez ici toute notre gratitude pour la rigueur et la patience dont vous avez fait montre durant tout ce travail.

Nous remercions ensuite le Professeur André-Marie Ntsobé pour ses encouragements et pour les judicieux conseils qu'il n'a eu de cesse de nous prodiguer.

Nos remerciements vont également à tous les enseignants du Département de Français de l'Université de Yaoundé I pour tous leurs encadrements.

Nous sommes beaucoup plus redevable à notre Père spirituel, le Révérend Pasteur, le Docteur Laurent Akono.

Nous ne saurions oublier notre père, Gustave Noah Awono pour tout ce que nous lui devons, et que les mots ne sauraient véritablement exprimer.

Nous sommes reconnaissante envers notre frère Serge-Patrick Bomba Noah qui, malgré ses occupations, a toujours su nous accorder un peu de son temps. Qu'il trouve ici l'expression de notre profonde gratitude.

Nous témoignons aussi notre gratitude à nos aînés, Messieurs Pierre François Edongo Ntédé, Innocent Mbarga et Jean Atangana Ondoa pour la disponibilité et la solidarité manifestées à notre endroit.

Nous remercions enfin tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce modeste travail.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L'analyse du phénomène de dégénérescence morale dans une oeuvre est une question qui, au premier chef, demande que l'on s'intéresse de près au personnage. Pour cela, Bernard Clavel à travers son oeuvre romanesque, La Retraite aux flambeaux, nous fait replonger avec son protagoniste, dans l'atmosphère lugubre et désolante de la guerre, thème qui se veut toujours actuel, puisque Camus nous a prévenu que tant qu'il y aura des fléaux, il y aura des guerres.1(*) À ce roman paru en 2002, nous avons choisi d'associer Les Anges noirs de François Mauriac, roman qui date de 1936.

Deux oeuvres, deux époques, deux auteurs, deux courants de pensée qui certes, peuvent diverger, sans nécessairement s'opposer. Etudier la dégénérescence morale dans Les Anges noirs de Mauriac et La Retraite aux Flambeaux de Clavel, c'est à notre sens un pôle de réflexion qui convoque une étude de personnages. Etude des personnages dans la mesure où, l'un des lieux de manifestation de ce phénomène reste l'être humain dont les personnages romanesques sont des représentations, des copies, le plus souvent conformes.

Virginia Woolf qui reprend les propos de Bennett déclare justement que :

La base du bon roman c'est la création des personnages, et rien d'autre...la langue compte, l'intrigue compte, l'originalité de la vision compte. Mais rien de tout cela ne compte autant que le pouvoir qu'ont les personnages de vous convaincre.2(*)

En réalité, le personnage est un être immatériel, un être de discours et une personne abstraite bien différente de la personne humaine, même si elle en est le reflet. C'est donc comme le dit si bien Hamon,  une pure et simple construction qui s'effectue progressivement, le temps d'une lecture, le temps d'une aventure fictive3(*) ; et qui, dans le cas présent, se trouve sous l'emprise du phénomène de la dégénérescence morale.

En général, le vocable ``dégénérescence'' renvoie à la perte progressive des qualités propres à l'espèce qui la subit. Ce phénomène est particulièrement observé chez les animaux et chez les humains dont les personnages sont des images. Par ailleurs, la dégénérescence est spécifiquement désignée sur le plan médical comme étant une altération de cellules ou d'un tissu organique. Cette destruction qui leur fait perdre leurs caractéristiques peut être transitoire ou évoluer vers la nécrose. En réalité, la théorie de la dégénérescence a vu le jour au XIXe siècle sous l'influence du psychiatre franco-autrichien, Bénédict-Auguste Morel4(*), qui est le premier à énoncer une théorie sur le phénomène de la dégénérescence. C'est de lui que la science tient la distinction entre les divers cas de dégénérescence existants ; raison pour laquelle on parle habituellement des dégénérescences intellectuelles, physiques ou morales.

Ces trois catégories qui sont fréquemment liées, constituent le grand ensemble des dégénérescences dites mentales ; et la dégénérescence morale qui n'en est qu'un aspect, désigne la détérioration des moeurs ou la perte progressive et croissante des valeurs éthiques chez un être abstrait ou réel. Ce processus peut intégrer dans son champ synonymique plusieurs termes tels que : dérèglement, déchéance ou décadence.

C'est dire autrement que la dégénérescence morale est un phénomène, qui trouve le plus souvent son terrain d'expression dans des situations de morale. Et parlant précisément de la morale, Jean-Claude Barreau, tout en indiquant qu'il n'y a aucune différence entre morale et éthique, affirme que celle-ci  traite des règles de vie en société, du bien et du mal, du permis et du défendu, du souhaitable.5(*)

L'essentiel de notre travail consistera donc à étudier deux personnages, Gabriel Gradère et Ferdinand Bringuet, sujets à la dégénérescence morale dans les différents univers romanesques au sein desquels ils évoluent. De ce fait, parler de cette perversion nous pousse à épiloguer sur la décadence psychique. C'est une préoccupation réelle qui peut être l'origine ou l'aboutissement de certains actes immoraux, délictueux et répréhensibles. Ceux-ci sont posés soit par devoir, soit par vengeance, soit encore par intérêt ou simplement par pur hasard ; ce qui ordinairement, fait intervenir la conscience. C'est pourquoi, s'intéresser à ce phénomène social sans s'arrêter sur la conscience paraîtrait illogique ; du fait même que tout ce qui touche à la morale introduit plus ou moins le problème de conscience.

L'état de conscience qui sera étudié partira de la mauvaise conscience, celle que Vladimir Jankélévitch perçoit comme une conscience qui s'accuse elle-même, qui a horreur de soi6(*) Il s'agit de cette voix intérieure qu'aucun être humain ne peut taire même s'il feint de ne point l'entendre ; cette secrète confrontation du moi avec lui-même. C'est le lieu où l'on se retrouve juge et partie, le tribunal intérieur où notre propre personne est mise en cause, bien que celle-ci puisse parfois venir à résipiscence.

En tant que réalité irréfutable, le problème de dégénérescence morale mérite certainement que l'on s'y attarde, en ce sens que c'est un mal-être social patent et toujours actuel. Les textes de ce corpus rendent compte de façon très significative, de ce malaise qui semble bien loin de disparaître du contrat social romanesque qui interpelle inexorablement les personnages. Bien plus, ces romans sont l'expression de la volonté manifeste de deux écrivains de stigmatiser la dégénérescence morale.

Il sera alors intéressant au cours de cette analyse, de mettre en relief les qualités morales et l'attitude mentale de ces deux personnages. Cette étude sera menée grâce à l'observation et à la dissection des gestes, des pensées et des actions des personnages principaux que sont Gabriel Gradère et Ferdinand Bringuet. Par conséquent, la notion de personnage apparaît comme une structure importante, voire indispensable, dans la mesure où c'est cet être fictif qui vit les événements narrés dans ces deux romans et liés par un rapport de causalité.

En fait, Les Anges noirs et La Retraite aux flambeaux captivent d'un côté, par le contenu informatif et le caractère historique qu'ils revêtent ; et de l'autre, par le comportement des principaux personnages auxquels l'être humain est apparenté. Alors, nous ne manquons pas souvent d'être solidaires de ces êtres fictifs dont les mésaventures, les peines et les joies, par un extraordinaire transfert psychique, par une sympathie et une compassion empreintes d'analogie, nous émeuvent et deviennent parfois les nôtres. Riant ou souffrant avec eux de temps à autre, nous voyons et revoyons alors les hommes en  situation  que nous sommes. C'est dans ce sens que Valette présente la notion de personnage-héros comme subjective. D'après lui, on pourrait craindre que la notion de héros ne soit que la résultante du sentiment de sympathie que le lecteur éprouve pour un personnage auquel il s'identifie ou qu'il considère a priori comme un porte-parole.7(*)

Dans les deux cas de figure, cet être de papier mis en action occupe une fonction bien précise, dans laquelle il se trouve en situation de crise psychique. Cet état caractéristique apparaît dans les textes comme cause et conséquence du problème de décadence morale. Comme hypothèse de départ justifiant cette perversion, nous avançons l'influence de l'environnement sociétal sur le personnage. Cette hypothèse permet l'élaboration de notre problématique qui se résume en ces interrogations :

Qu'est-ce qui peut être à l'origine de la dégénérescence morale dans ce

corpus ? Serait-ce la pauvreté, l'ambition ou le manque d'amour véritable ?

La déchéance psychique dépendrait-elle des déterminismes auxquels le personnage comme l'être humain, ne saurait échapper ? Quelle est la place qu'occupe la conscience dans ce processus de décrépitude mentale ?

Pour atteindre l'objectif qui est celui de découvrir les tenants et les aboutissants de cette décadence morale, et faire ressortir l'état de la conscience en rapport avec le crime des personnages, il convient préalablement d'opérer un choix adéquat parmi les méthodes analytiques existantes. Il s'avère utile de sélectionner à juste titre, les théoriciens à convoquer et les critiques à consulter. C'est ainsi qu'après lectures, il a paru judicieux de s'inspirer du structuralisme qui semble indiqué pour une étude de personnages.

Le structuralisme qui se définit comme une théorie scientifique, considère la langue comme un ensemble structuré où les rapports définissent les termes. Par conséquent, il répond à nos attentes puisque l'univers romanesque est un lieu où des structures comme l'espace et le temps ont généralement de l'influence sur le personnage. À cet effet, il est donc approprié de dire que le personnage se définit essentiellement en fonction des liens qui se tissent à l'intérieur du récit.8(*) Le structuralisme va alors permettre, à partir de ces textes, de faire une analyse progressive et parallèle des personnages évoluant dans des ères et des sphères géographiquement et socialement distinctes. Dans ce domaine Tzvetan Todorov est celui qui a guidé nos pas en faisant comprendre que :

 [...] dans la mesure où le structuralisme a vocation scientifique, où son travail est d'ordre non pas idéologique mais théorique, ce n'est qu'à l'oeuvre- sur le terrain- qu'il peut se saisir, dans l'exploitation de ses différents matériaux.9(*)

Grâce à sa poétique structurale, Todorov met en exergue la notion de système, tout en procédant à la recherche du sens au sein même de l'organisation interne du texte. Basée sur la détermination des structures, cette étude qu'il fait dans Qu'est-ce que le structuralisme ?, s'efforce de repérer les unités significatives de chaque texte, en partant du principe selon lequel le personnage n'est pas réductible à la seule somme des parties.

Les unités distinctes de l'objet d'étude n'ont de sens que lorsqu'elles sont employées dans un système précis. Dans ce sillage, on sera alors appelée à étudier entres autres, les structures concrètes des textes comme l'espace et le temps, dans lesquelles les personnages se confrontent à leur environnement naturel et humain, en manifestant la décadence morale qui nous interpelle au plus haut point.

Pour mener à bien cette tâche, on sollicitera l'expertise de Philippe Hamon  et de Bernard Valette qui ont travaillé sur la notion de personnage. Pour le premier, c'est la solidarité des deux faces du signe qui compte ; c'est dire que le signifiant (le nom) et le signifié (le personnage désigné) sont indissociables. De ce fait, le personnage se construit à l'aide de traits différentiels et distinctifs ; et ceci le temps d'une lecture. La spécificité qui captive chez Hamon, réside dans le fait qu'il s'intéresse au nom que porte cet être abstrait,  puisque ce signifiant agit quelquefois comme une étiquette transparente ou antiphrastique, présageant le destin du personnage.

Quant à Bernard Valette, il dit qu'il n'y a pas de particularité sémiologique en ce qui concerne la présentation extérieure des personnages, et soutient que la tâche de l'analyste est d'interroger les mots et non la réalité empirique à laquelle ils peuvent renvoyer.

Mettre en parallèle ces deux personnages convoque une étude comparative des deux textes ; ce qui nécessite une approche particulière. Il s'agira de faire intervenir la littérature comparée qui est une façon de procéder, une mise à l'épreuve d'hypothèses, un mode d'interrogation des textes. 10(*) Il importera d'examiner ces romans, de les confronter afin d'en établir des ressemblances et des divergences. Plusieurs spécialistes ont donné leur point de vue sur ce qu'est la littérature comparée, et parmi eux, Chevrel atteste que :

La littérature comparée est l'art méthodique, par la recherche de liens d'analogie, de parenté et d'influence, de rapprocher la littérature des autres domaines de l'expression ou de la connaissance, ou bien les faits et les textes littéraires entre eux, distants ou non dans le temps ou dans l'espace, pourvu qu'ils appartiennent à plusieurs langues ou plusieurs cultures, fissent-elles partie d'une même tradition, afin de mieux les décrire, les comprendre et les goûter. 11(*)

C'est donc au moyen de cette approche comparatiste que seront mises en parallèle, deux oeuvres qui portent chacune la marque personnelle de leurs créateurs. Cette méthode que Chevrel perçoit comme une démarche vers autrui, est une étude qui a pour but de rapprocher le texte de François Mauriac, Les Anges noirs, et celui de Bernard Clavel, La Retraite aux flambeaux ; l'objectif étant ici de dégager les similitudes et les dissimilitudes dans le déroulement et la présentation de ce phénomène de déchéance morale.

Dans la même lancée, nous ne pouvions manquer d'évoquer dans la revue de la littérature, l'ouvrage fondamental de François Mauriac, Le Romancier et ses personnages. Il y reconnaît que le personnage est un homme d'action, un être mandaté par son créateur pour accomplir une tâche importante, puisque le romancier lâche ses personnages sur le monde et les charge d'une mission. 12(*) Cette mission sera alors examinée à travers les actions que posent ces êtres fictifs dans l'environnement où ils ont été placés : Liogeats pour Gabriel Gradère, et un petit village du Jura pour Ferdinand Bringuet.

Pour une analyse scientifique des actions de ces personnages, c'est la Sémantique structurale de Greimas qui sera convoquée, puisque cette action est l'expression même du degré de décrépitude morale atteint par chacun des deux protagonistes.

Par ailleurs, en ce qui concerne le domaine de la morale, nous tournerons les regards vers Barreau et Jankélévitch. Le premier dans son propos, répond à une question cruciale, à savoir : Quelle morale pour aujourd'hui ?13(*) Le second met sur pied l'esquisse d'une Philosophie morale 14(*) qu'il propose à la société. Et pour ce qui est du problème de dégénérescence morale proprement dit, Alexandre Cullere est celui qui nous conduira dans les méandres de ce processus de dépravation morale qui est vraisemblablement pathologique.

En ce qui concerne l'exégèse de Mauriac et de Clavel, trouver un ouvrage critique traitant de La Retraite aux Flambeaux n'a pas été chose aisée, du fait que c'est un roman relativement récent. Toutefois, quelques sites et articles électroniques nous ont aidée, en occurrence celui de Thomas Régnier qui écrit Quand le destin frappe à la porte15(*). Pour Mauriac par contre, l'homme et son oeuvre ont fait l'objet de nombreux travaux critiques. Nous mentionnerons entre autres Jacques Petit, André Séailles ou encore Jean d'Ormesson qui parle des Angoisses et délices du péché 16(*) de cet écrivain.

Parcourant ces exégètes, ces sites et articles électroniques, il a fallu se rendre à l'évidence que le thème de la dégénérescence morale ne semble pas avoir été la préoccupation majeure de ces critiques. Néanmoins, ces derniers s'attèlent entre autres, à faire la peinture psychologique des personnages et parlent également de la particularité de ces oeuvres. En ce qui concerne Mauriac, le caractère religieux de son oeuvre ne manque pas d'être souligné ; si bien que Séailles dira : [...] autant que sa vie et quelles que soient les formes qu'elle emprunte, l'ensemble de l'oeuvre de F. Mauriac trahit une préoccupation majeure et unique : Dieu.17(*) C'est dans la même perspective que d'Ormesson dit de Mauriac qu'il est un écrivain catholique ou mieux encore, un catholique qui écrit des romans. Plus près de nous, Marcellin Vounda Etoa qui a précisément axé ses travaux sur François Mauriac et l'Ecriture, fait un Essai d'analyse de l'intertexte biblique dans sept de ses romans18(*). Et parmi les oeuvres qu'il étudie, se trouve Les Anges noirs qui est une oeuvre tripartite, dans laquelle on note un prologue, une intrigue et un épilogue. Le Prologue est une confession : un cahier adressé à un prêtre, le curé de Liogeats, village où Gabriel Gradère a passé son enfance.

Chez Bernard Clavel par ailleurs, ses critiques font surtout remarquer que tous ses récits se rapportent à la vraie vie, au dur labeur, à l'amour de la terre et de la nature. En général, son oeuvre est comme le dit Mac Orlan, une victoire sur la paysannerie lettrée.19(*) L'une des spécificités relevées chez cet auteur, c'est que bon nombre de ses personnages sont du troisième âge et appartiennent le plus souvent à la modeste couche sociale des prolétaires. Certains critiques à l'instar de Dominique Mobailly, pensent que Clavel ne ménage personne, parce qu'il respecte ses personnages, ces gens du peuple sans défense, il raconte sans fioritures. Sans trahir.20(*) Il semble avoir le don de restituer des mondes et des époques révolus ; et celle de la guerre revient dans bon nombre de ses romans tel qu'on le voit dans Le Soleil des morts21(*) et bien sûr dans La Retraite aux flambeaux.

De manière concrète, ce travail découvre tout ce qui de près ou de loin se rapporte à Gabriel Gradère et à Ferdinand Bringuet aux prises avec la déchéance morale. Cette perversion semble se présenter ici comme un diptyque, d'où la nécessité de lever le pan du voile  qui recouvre la vie de ces êtres abstraits. C'est ainsi que ce travail sera structuré en cinq chapitres :

Le premier chapitre va étudier les perspectives narratives. Cette partie rendra compte des modalités énonciatives et des perspectives narratives dans les oeuvres étudiées, afin de répondre aux interrogations « Qui voit ? Qui parle ? » Les personnages étudiés sont présentés par une voix et selon une certaine vision qu'il convient de décrypter. Pour ce faire, ce chapitre se subdivisera en deux points : les voix narratives et les points de vue ou focalisations à partir desquels les personnages et les événements sont présentés.

Le second chapitre va s'intéresser à la prosopographie des personnages du corpus. Il fera la peinture physique de Gabriel Gradère et de Ferdinand Bringuet,  et de manière succincte celle des autres personnages dont l'action est liée à la dégénérescence morale des héros. Mais avant d'y parvenir, le premier point de ce chapitre sera consacré à l'étude du signe onomastique où l'on verra le nom comme indice de désignation individuelle et collective, mais surtout comme facteur influençant le destin du personnage.

Le troisième chapitre traitera de l'univers de l'action des deux textes. C'est le lieu où sera examiné le rôle joué par les paramètres environnementaux dans le dysfonctionnement psychique du personnage ; actants qui dans le cas présent, seront limités à l'espace et au temps. Articulée en trois mouvements, cette partie traitera de l'influence de l'espace sur le personnage, de la temporalité psychologique et du temps atmosphérique dans ces oeuvres.

L'interaction sociale sera au centre des préoccupations du quatrième chapitre. Nous découvrirons la qualité des rapports de ces personnages avec leur entourage et leur environnement naturel. En premier, les relations interhumaines seront vues sous deux angles : Les relations harmonieuses et les rapports difficiles. Ensuite on examinera les rapports entre le personnage et la nature ; et enfin on scrutera sa marche vers Dieu.

Le dernier chapitre portera sur la manifestation effective de cette dégénérescence morale qui est fille même de l'interaction sociale. Action et conscience, le crime dans les deux récits et l'éthopée des deux personnages, constitueront les trois axes autour desquels s'articulera cette dernière partie. À travers cette étude comparative, il faudra dégager les sources et les répercussions de la dégénérescence morale. C'est en cela que se résumera et se matérialisera l'essentiel de notre modeste travail.

* 1 A. Camus, La Peste, Paris, Editions Gallimard, 1947.

* 2 V. Woolf, L`Art du roman, Quentin Bell and Angelica Garnett, 1925, Le Seuil, 1962, p.43.

* 3 P. Hamon, « Pour un statut sémiologique du personnage » , in poétique du récit, Paris, Le Seuil, Coll. « Points », 1977, p.126.

* 4 B.-A. Morel, Traité des dégénérescences physiques, intellectuelles et morales de l'espèce humaine, Paris, J.-B. Baillière, 1857.

* 5 J.-C. Barreau, Quelle Morale pour aujourd'hui ? Paris, Plon , 1994, p.9.

* 6 V. Jankélévitch, Philosophie morale, Paris, Editions de Françoise Schwab, Flammarion, 1998.

* 7 B. Valette, Le Roman, Paris, Nathan, 1992, p.81.

* 8 B.Valette, Le Roman, op.cit., p. 82.

* 9 T.Todorov, Qu'est ce que le structuralisme ? Paris, Editions du Seuil, 1968, p.7.

* 10 Y. Chevrel, La littérature comparée, Paris, P.U.F, Coll. « Que sais-je ? », 1989, p.8.

* 11 Y. Chevrel, La littérature comparée, op.cit., p.9.

* 12 F. Mauriac, Le Romancier et ses personnages, Paris, Corrêa, 1933, p.99.

* 13 J.-C. Barreau, Quelle Morale pour aujourd'hui ?, op.cit.

* 14 V. Jankélévitch, Philosophie morale, op.cit.

* 15 T. Régnier, « Quand le destin frappe à la porte », in http:// parutions.com du 28/11/2006. (art. électronique.)

* 16 J. d'Ormesson, Une autre histoire de la littérature française ( Le roman au xxe siècle) , Paris, Nil Ed.,

1997,1998, p. 71.

* 17 A. Séailles, Mauriac, Paris, Bordas, 1972, p. 8.

* 18 M. Vounda Etoa, François Mauriac et l' Ecriture : Essai d'analyse de l'intertexte biblique dans sept de ses romans, Thèse de doctorat III ème cycle, Université de Yaoundé I, 2005-2006, inédit.

* 19 M. Orlan, « À propos de Bernard Clavel » in yttp//www. Bernard-clavel.com, du 12-01-2007.

* 20 Dominique Mobailly, « À propos de Bernard Clavel », op.cit.

* 21 B. Clavel, Le Soleil des morts, Paris, Albin Michel, 1998.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984