2.2. Le biocentrisme et l'écocentrisme
2.2.1. Le biocentrisme
Le biocentrisme peut se définir comme étant
l'effort d'étendre la valeur morale à toute forme de vie. C'est
ainsi que E. Bourgois peut dire qu' « il existe un lien étroit de
dépendance qui relie l'homme à l'environnement qui l'entoure et,
par conséquent, nous ne pouvons nier que ses intérêts
soient étroitement liés à ceux du monde physique » 36
. Ainsi l'homme peut être réduit à un simple composant du
monde naturel, à une autre forme de vie sans plus d`importance moral que
les autres.
Pour comprendre cette attitude, deux notions méritent
d'être passées en revue. Celle du bien d'un d'être vivant et
celle de la valeur intrinsèque.
2.2.1.1. Le bien d'un être vivant.
Qu'est-ce que le bien d'un être vivant ? « Chaque
organe, chaque population d'individu, d'une même espèce, chaque
communauté de vie a un bien qui lui est propre et que les actions des
agents moraux peuvent intentionnellement favoriser ou compromettre
»37, nous dit Paul TAYLOR. On dit d'une entité qu'elle a
un bien qui lui est propre quand en l'absence d'une référence
à toute autre entité, elle peut profiter d'une situation ou subir
un préjudice. Ce qui est bon pour une entité est ce qui lui fait
du bien au sens où cela améliore ou préserve son existence
et son bien être. Ce qui est mauvais pour une entité est ce qui
est nuisible à son bien, à sa vie. Ainsi nous pouvons dire que
« le bien d'un organisme individuel non humain consiste dans le plein
développement de ses pouvoirs biologiques »38 . Il
consiste aussi dans le maintien de soi de générations en
générations. L'idée d'un être possédant un
36 Ibid., p.96.
37 H.-S. AFEISSA, Op. Cit., p. 114.
38 Ibid., p. 115.
bien qui lui est propre, telle que la conçoit Paul
TAYLOR, n'implique pas le fait que cet être ait des
intérêts, ou qu'il prenne intérêt à ce qui
affecte sa vie pour le meilleur ou pour le pire. Nous pouvons agir pour le bien
d'un être ou de façon contraire à ses intérêts
sans que ce dernier soit intéressé parce que nous le faisons pour
lui.
Ainsi, par exemple, les arbres sont dénués de
connaissance, de désir ou de sentiment. Et pourtant, il est
incontestable que les arbres peuvent tirer un bénéfice ou subir
un préjudice du fait de nos actions. De ce fait, nous pouvons les aider
ou les entraver dans la réalisation de leur bien.
Par conséquent, le concept du bien propre d'un
être n'est pas coextensif à la sensibilité ou la
capacité à éprouver de la douleur comme le
défendait William FRANKENA, pour qui la sensibilité d'une
créature constitue un fondement de la considérabilité
morale.
|