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Enjeux et jeux pétroliers en Afrique: étude de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée

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par Severin Tchetchoua Tchokonte
Université de Yaoundé 2 - Master 2 science politique 2008
  

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INTRODUCTION GENERALE

I- PRESENTATION ET INTERET DU SUJET

A- PRESENTATION DU SUJET

Produit stratégique par excellence, base de carburants indispensables à la vie quotidienne, le pétrole est au coeur des préoccupations de ce début du 21e siècle (Favennec JP ; 2002 :537). En effet, selon des estimations récentes, le pétrole représente à lui seul 40% de la production mondiale d'énergie et un chiffre d'affaire d'environ 2000 milliards d'euros (Mvomo Ela W. ; 2005 :7). Cette forte dépendance à l'égard de l'or noir ne semble pas devoir diminuer à moyen terme. Au regard des tendances actuelles en effet, les importations d'énergie devraient s'élever à 70% des besoins, et à 90% pour le pétrole (Mvomo Ela W. ; 2005 :7). Par son importance dans la sécurité économique et militaire, le pétrole est un vecteur d'enjeux à la fois économique, financier et géostratégique. Il demeure la meilleure source d'énergie et fournit de nombreux produits finis : gaz liquéfiés (propane et butane), essences, carburants, solvants, gazoles, fiouls, lubrifiants, bitumes, etc. Le pétrole fournit également des matières premières variées à l'industrie clinique [notamment la pétrochimie dont sont issus 90% des produits qui nous entourent (médicaments, électroménager, plastic)]. Le pétrole est devenu indispensable dans les domaines comme les transports (routier, aérien et maritime) pour lesquels certes des substituts sont plus aisés à fabriquer, mais ces derniers quand ils existent, sont plus coûteux et ne sont rentables que dans la mesure où le prix du baril reste élevé sur une longue période (Chomtang Fonkou : 2007 : 63). Par ailleurs, sa principale qualité est d'être liquide, donc facile à produire, à transporter, à stocker et à utiliser.

A l'horizon 2020, les hydrocarbures, c'est-à-dire le pétrole et le gaz, resteront les énergies dominantes et devraient encore couvrir 60% des besoins en énergie commerciale (Favennec JP ; 2002 :537). Sa consommation continuera à augmenter dans les prochaines années, car les besoins de transport augmentent, et il semble peu probable que des carburants alternatifs puissent massivement remplacer l'essence et le gazole (Favennec JP ; 2002 :537).

Les énergies fossiles, et parmi elles le pétrole, semblent destinées à se maintenir en position de force dans le paysage énergétique mondial. Les perspectives d'augmentation de la demande d'énergie au cours des vingt prochaines années (2007-2027) laissent penser que les prix des hydrocarbures devraient demeurer élevés (Paillard Christophe Alexandre ; 2007 :68).

La Chine, deuxième pays consommateur de pétrole, faisant preuve d'un dynamisme impressionnant, a mis en oeuvre une stratégie globale pour trouver de nouvelles frontières à ses populations et à son économie. Son dynamisme économique a provoqué une augmentation sensible de sa consommation de pétrole, aujourd'hui responsable en partie de la hausse constante du prix des hydrocarbures. Depuis 1986, le prix du pétrole semble fondamentalement dépendre de la loi de l'offre et de la demande. En effet, les structures de production n'ont pas été développées au même rythme que la consommation mondiale. Par ailleurs, une des raisons majeures de la flambée des prix du baril de pétrole est l'instabilité politique qui règne dans certaines grandes zones de production. Cette instabilité est souvent due aux injustices économiques et l'arbitraire politique des gouvernements1(*). Les variations sont importantes : à peine 10 dollars le baril en 1998, plus de 30 dollars le baril à l'été 2000 (Favennec JP ; 2002 :538-539). La limite symbolique des 75 dollars le baril a été atteint au premier semestre 2006 (Paillard Christophe Alexandre ; 2007 :68). Aujourd'hui (24 février 2009), le prix du baril de pétrole s'élève à 40.71 dollars2(*).

La Chine a pour principal soucis de trouver de nouveaux fournisseurs pour s'assurer un approvisionnement régulier et réduire sa dépendance à l'égard du Moyen-Orient. En effet, le phénomène de reconcentration de la ressource pétrolière vers le Moyen-Orient et la Russie introduit de fortes incertitudes géopolitiques, du fait de l'instabilité de ces régions. Aussi, la montée des tensions dans le golfe arabo-persique a-t-elle mise en lumière une fois de plus l'extrême dépendance, directe ou indirecte, des principaux pays consommateurs d'énergie par rapport à cette région. C'est ce qui explique en partie la croissance du secteur pétrolier en Afrique. Même si l'Afrique dans son ensemble n'est pas encore un grand producteur mondial, ses réserves font d'elle le troisième site stratégique pétrolier mondial de l'heure et des années à venir (Kounou Michel ; 2006 :32).

L'Afrique, notamment sa partie subsaharienne a acquis au cours des quinze dernières années une position centrale dans la géopolitique pétrolière mondiale. Ce repositionnement est lié à la révolution de l'offshore profond qui a permis une série de découvertes importantes dans le golfe de guinée : Angola, Nigeria, guinée Equatoriale (Charnoz Olivier ; 2003 :21). En effet, la région du golfe de guinée est l'une de celles dont la production et les réserves ont le plus augmenté depuis une dizaine d'années (Kounou Michel ; 2006 :33). Elle occupe donc une place centrale dans les stratégies de croissance des compagnies pétrolières et dans la politique énergétique mondiale de la Chine.

Avec une production de plus de 4 millions de baril/jour dont l'essentiel provient du golfe de guinée, l'Afrique sub-saharienne affiche une capacité de production égale à celle de l'Iran, du Mexique et du Venezuela réunis, soit 6% des extractions mondiales (P. Bernard ;2004 :4)3(*). Sans compter qu'en dix ans cette production aura augmenté de 36 %, contre 16 % seulement pour les autres continents (Mvomo Ela W. ; 2005 :7). En plus de ce potentiel important, comme celui de l'Afrique noire en général, le pétrole du golfe de guinée, présente des avantages qui le soumettent aux convoitises et aux rivalités des principales puissances consommatrices. D'abord sa faible teneur en souffre, gage de qualité, en fait un produit très demandé par les firmes occidentales en général et américaines en particulier. Ensuite, d'origine maritime pour l'essentiel ce pétrole offshore se trouve à l'abri des troubles sociaux et politiques. Enfin, l'accessibilité directe et facile, des conditions fiscales et contractuelles favorables, font du golfe de guinée une " zone privilégiée"  dans la pétro stratégie mondiale actuelle.

Par ailleurs, nous constaterons l'absence d'une gestion démocratique de la ressource pétrolière par l'élite politique africaine, uniquement soucieuse de leurs intérêts égoïstes et surtout de la garantie de leur maintien au pouvoir. Aussi, du fait de la collusion d'intérêts qui existe entre les responsables politiques africains et les firmes multinationales pétrolières à visée stratégique (chinoises en l'occurrence), ces dernières peuvent-t-elles intervenir dans la gestion locale de la question pétrolière. C'est dire que contrairement aux autres régions pétrolières mondiales, le pétrole du golfe de guinée présente en plus la particularité d'être politiquement à la portée des multinationales à visée stratégique. D'où l'assaut quasi systématique dont elle est l'objet de la part des principaux pays consommateurs, notamment de la Chine. Pour toutes ces raisons, la région du golfe de guinée est ainsi entrain de devenir l'une des régions pivots du jeu géopolitique pétrolier de ce début de 21e siècle.

De ce fait, la Chine, tout comme les autres puissances industrielles, a fait d'elle un cadre privilégié pour la satisfaction de ses besoins sans cesse croissants en énergie. Ainsi, l'intérêt géostratégique de l'Afrique croît de façon exponentielle dans la politique énergétique chinoise. En effet, réalisant que l'Afrique produit 10 % de la consommation mondiale de pétrole, et surtout qu'elle est incapable de protéger efficacement cette ressource rare en raison de sa cécité stratégique et de son faible niveau de développement industrielle, Pékin a jeté sur elle son dévolu (Fogue Tedom A. ; 2008 :157). Avec un taux de croissance de 10.2 % au premier trimestre 2005, pour pourvoir à ses énormes besoins énergétiques, la Chine doit diversifier ses fournisseurs de pétrole tout en limitant sa dépendance vis-à-vis du Moyen-Orient. Dans ce contexte, l'Afrique apparaît comme une " terre providentielle " (Pinel F. ; 2006 : 1). Dépendante pour plus de 60 % de sa consommation des réserves du Moyen-Orient, la Chine ne pourra trouver le surplus qu'en Afrique, son deuxième fournisseur de brut, avec environ 30 %4(*) .

B- INTERET DU SUJET

S'interroger sur les enjeux et jeux pétroliers en Afrique, notamment sur l'offensive chinoise dans le golfe de guinée est intéressant à plus d'un titre :

1- sur le plan scientifique

L'intérêt scientifique de ce travail repose sur le fait qu'il se veut une contribution à la problématique portant sur la place des ressources naturelles dans l'orientation de la politique extérieure des Etats (pétro diplomatie). La présente étude entend se focaliser davantage sur le déploiement stratégique de la Chine autour des ressources africaines en général, et autour du pétrole du golfe de guinée en particulier.

2- sur le plan politique

Sur le plan politique, l'intérêt de cette étude réside dans l'analyse qu'elle se propose de conduire sur la stratégie pétrolière chinoise dans le golfe de guinée. L'analyse aura bien sûr pour point focal, l'étude de la stratégie chinoise d'accès au pétrole du golfe de guinée. Cependant, l'impact politique de cette offensive sur la démocratie et la paix en Afrique en général retiendra également notre attention. Car, à l'observation, cette dernière semble constituer un obstacle majeur à l'évolution politique des pays africains en général vers la démocratie, mais entrave également les efforts du continent et de la communauté internationale en général, visant à sortir l'Afrique de son instabilité quasi endémique.

II- CLARIFICATION CONCEPTUELLE ET SITUATION GEOGRAPHIQUE DU GOLFE DE GUINEE

A- CLARIFICATION CONCEPTUELLE

Pour une meilleure compréhension de cette étude, il est méthodologiquement important de clarifier trois concepts : jeux, enjeux et offensive.

1- Jeux

Expression polysémique, le jeu est conçu ici comme une manière particulière d'agir. On peut distinguer trois classes de jeu, selon le rôle qu'y jouent la coopération et la lutte. En effet, selon ces deux critères, nous pouvons distinguer les jeux de coopération à l'état pur, les jeux de lutte à l'état pur, et les jeux de lutte et de coopération.

Dans les jeux de coopération à l'état pur, tous les joueurs ont des intérêts concordants, de sorte qu'ils forment une coalition se comportant comme un joueur unique. Par contre, dans les jeux de lutte à l'état pur, aucune possibilité de coopération n'existe entre les joueurs. Il en résulte que ces jeux sont des duels, c'est-à-dire des jeux à deux joueurs dont les intérêts sont strictement opposés. Enfin, dans les jeux de lutte et de coopération se rencontrent simultanément des intérêts concordants et divergents.

Dans le cadre de ce travail, nous nous intéresserons en particulier aux jeux de coopération à l'état pur, où les joueurs mettent en commun leurs moyens d'action au service d'une finalité collective. Dans cette optique, nous démonterons qu'en réalité, dans la gestion de la question pétrolière en Afrique, les responsables politiques africains et les multinationales pétrolières (chinoises en l'occurrence) ne forment plus qu'un. Car, une fois que ces derniers lui garantissent un accès préférentiel aux ressources naturelles, pétrole notamment, Pékin établit avec eux des " relations spéciales "5(*).

2- Enjeux

L'enjeu peut s'entendre comme la chose pour la possession ou le contrôle duquel une entreprise est engagée6(*). C'est ce que l'on gagne ou perd dans un jeu. Dans le cadre du présent travail, il s'agira dans un premier temps d'analyser les motivations réelles et profondes de l'offensive pétrolière chinoise sur le continent. Eu égard à ces motivations, il sera davantage question d'étudier les différentes manoeuvres ourdies par la Chine pour accéder au pétrole africain en général, et à celui du golfe de guinée en particulier.

3- Offensive

Expression très souvent utilisée dans le jargon militaire, l'offensive est une action d'envergure menée par une force armée et destinée à imposer à l'ennemi sa volonté. Seulement, cette conception de l'offensive s'applique beaucoup plus dans un contexte de guerre. La géostratégie ne servant pas uniquement à faire la guerre, il devient important de la relativiser, pour plutôt la percevoir comme une action d'envergure visant à remettre en cause ou à modifier un ordre existant.

Cette autre conception de l'offensive nous permettra de démontrer que par sa prise d'initiative, la Chine veut mettre fin au statu quo, au  " patronage exclusif " des pays occidentaux dans le golfe de guinée, notamment en ce qui concerne l'accès aux ressources naturelles (pétrole en l'occurrence).

B- SITUATION GEOGRAPHIQUE DU GOLFE DE GUINEE

Si sa définition ne fait pas toujours l'unanimité, le golfe de guinée reste un espace dont les contours réels et définitifs sont difficiles à délimiter. Il apparait ainsi comme un espace " aux frontières incertaines mais désireux d'exprimer une identité collective singulière à des fins de différenciation identitaire, de pesée politique, de rationalisation économique, voire de légitimation politique interne. C'est un espace flou qui, par tâtonnement, tente(...) de dégager un " nous ", construit autour de significations régionales communes " (Zaiki Laidi ; 1998 :9).

D'un point de vue géographique, le golfe de Guinée est situé dans la zone que la FAO (Food And Agriculture Organisation) désigne l'Atlantique sud-est (Awoumou Côme Damien ; 2005 :15). C'est-à-dire, la bordure occidentale du continent africain, du détroit de Gibraltar au cap de Bonne espérance.

D'un point de vue institutionnel, le Golfe de Guinée peut être circonscrit au domaine maritime des huit Etats adhérents (membres et observateurs) à la commission du Golfe de Guinée (CGG) que sont : l'Angola, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Nigeria, la RDC, et Sao Tome et Principe.

Dans le cadre de ce travail, nous nous approprierons la délimitation géographique faite par Vincent NTUDA EBODE, celle-ci considère que le Golfe de Guinée va de la Cote d'Ivoire à l'Angola (Ntuda Ebode J.V. ; 2004 :44). Cf. carte en annexe 1.

III- DELIMITATION DU SUJET

Au plan temporel, la présente étude se propose d'étudier la dynamique chinoise dans le golfe de guinée autour du pétrole depuis 19937(*) . En effet, l'important redéploiement de la Chine dans la sous région depuis cette date est la preuve de son intérêt stratégique croissant pour la diplomatie chinoise.

La zone du golfe de guinée étant assez vaste pour être entièrement couverte dans le cadre d'un travail de DEA. Il sera davantage question d'une vue générale de la sous région. Cependant, un accent particulier sera mis sur trois pays : le Nigeria, l'Angola et la Guinée Equatoriale. Ce choix tient à la place qu'occupent ces pays dans la géopolitique et la géostratégie du pétrole du golfe de guinée d'une part, et à l'intérêt à eux porté par Pékin pour la diversification de ses sources d'approvisionnement et la satisfaction de ses besoins énergétiques d'autre part.

IV- REVUE DE LA LITTERATURE

La question de la dynamique chinoise autour du pétrole dans le golfe de guinée, est plutôt récente et très peu développée. Aussi la recherche bibliographique se résume-t-elle à quelques ouvrages, articles, revues et travaux de recherche.

Cédric De LESTRANGE ; Paillard C.A ; ZELENKO P. (2005) insistent entre autre sur l'importance du pétrole pour la satisfaction des besoins énergétiques des grandes puissances. Ils présentent des grandes zones pétrolifères mondiales, et l'assaut qu'elles subissent de la part des grands pays consommateurs. Cet ouvrage pose également la question du conflit d'intérêt et celle du redéploiement stratégique des principales puissances industrielles autour de l'enjeu pétrolier.

L'article de Michael T. KLARE (2008), quant à lui s'est consacré à l'enjeu pétrolier dans le monde. L'accent y est mis sur la relation entre matières premières et redéploiement stratégique des grandes puissances. De façon spécifique, il est question de la percée de la Chine sur de nombreux théâtres. L'auteur aboutit à la conclusion selon la quelle, l'approvisionnement en pétrole et en matières premières en voie de raréfaction est devenu l'enjeu géostratégique majeur déterminant de la politique des grandes puissances.

Ainsi, dans son rapport annuel intitulé : " Puissance militaire de la République Populaire de Chine ", le ministère de la défense chinois suggère que la Chine renforce ses capacités de "projection de puissance " dans les régions qui fournissent à Pékin les ressources dont l'importance est critique, en particulier les combustibles fossiles.

COPINSCHI P. ; NOEL P. (2005) dressent un brillant tableau de la place du golfe de guinée dans la géopolitique pétrolière mondiale. Le golfe de guinée y est présenté comme l' " autre golfe " un nouveau Moyen-Orient. S'il n'est certes pas comparable au golfe arabo-persique, il concentre tout de même l'essentiel des réserves pétrolières d'Afrique subsaharienne. Les atouts de la région et de son pétrole y sont vantés. Le pétrole africain est présenté comme étant au coeur de la politique de diversification des sources d'approvisionnement du marché mondial.

NTUDA EBODE(2004) a également mené une étude approfondie de la géopolitique pétrolière dans la sous région. Pour lui, l'Afrique en général et le golfe de guinée en particulier constituent depuis quelques années une zone pivot du jeu géopolitique mondial du pétrole. En effet, l'érection du golfe de guinée en zone d'intérêt stratégique majeur confère à cette sous région, un certain nombre d'enjeux, notamment sécuritaire, développemental, économique et géostratégique.

Wullson MVOMO ELA (2005) quant à lui s'intéresse à la place centrale qu'occupe le pétrole dans la sécurité énergétique mondiale (40 % de la production mondiale d'énergie). Le golfe de guinée y est présenté comme un "espace - enjeu " de la géopolitique du pétrole en ce début de 21e siècle. Le recul de la France sur ce théâtre est observé, en même temps que la montée en puissance de nouveaux acteurs étatiques (Etats-Unis, Chine, Inde...). L'auteur propose enfin une logique de gouvernance collective de cette région par les différents pays qui la composent.

S'intéressant également à cette question, Marie JOANNIDIS (2002) met un accent particulier sur l'importance du pétrole africain en perpétuelle croissance ainsi que sur l'offensive des grandes puissances, pour la diversification de leurs sources d'approvisionnement et la garantie d'une sécurité énergétique. De ce fait, le pétrole africain constitue une priorité stratégique et relève désormais d'une question d'intérêt national pour ces dernières. L'auteur interpelle les responsables politiques africains des pays producteurs de pétrole à une meilleure négociation des contrats d'exploitation avec les firmes pétrolières internationales. De même, l'auteur insiste sur la gestion peu orthodoxe de la question pétrolière dans son ensemble, mais aussi sur l'impact négatif de l'exploitation pétrolière sur l'environnement, l'économie et l'évolution politique des pays africains. Autant d'obstacles qui empêchent de faire de la manne pétrolière, un véritable outil de développement.

Côme Damien AWOUMOU(2005) procède à une délimitation précise de la région du golfe de guinée, autant sur le plan géographique, culturel et institutionnel. Il étudie la problématique des convoitises et sa nécessaire régulation. Quant aux questions de savoir : qui convoite le golfe de guinée ? Pourquoi ? Comment se manifeste cette convoitise ? Avec quelle résistance ? Les réponses de l'auteur sont précises et édifiantes.

A la question de savoir : Qui convoite ? La réponse de l'auteur est précise et détaillée. Sous l'instigation des Etats-Unis, le golfe de guinée est convoité par les occidentaux (France ; Grande Bretagne ; Belgique ; Espagne), les orientaux (Chine ; Japon ; Inde ; Israël), les pays du Sud (Brésil), et d'Afrique (Afrique du Sud ; Nigeria ; Libye ; Maroc), et par les acteurs privés de toutes natures : multinationales, institutions internationales, etc.

Le golfe de guinée et notamment sa composante Afrique centrale, bénéficie d'une position géostratégique qui le met en contact avec les toutes autres régions. La ruée vers le golfe de guinée peut donc être perçue comme une quête de puissance par le biais du contrôle d'une zone jusque là négligée, l'expression d'un besoin de diversification des sources d'approvisionnement en matières premières, notamment le pétrole.

La convoitise se manifeste quant à elle sous forme d'investissements politique, militaire et économique.

Les résistances sont nombreuses et diverses. Mais celles qui retiennent davantage l'attention ici sont celles qui émanent des populations riveraines des zones d'exploitation. Ceci du fait d'un éventuel accroissement des conflits de localisation, de type expropriatif et de nature affective.

Pour tirer le meilleur avantage de ces convoitises, l'auteur propose l'érection d'un leadership collégial. Un axe Abuja Yaoundé Luanda lui semble à cet effet approprié.

Alain FOGUE TEDOM (2008) quant à lui présente tout d'abord l'Afrique comme une terre de convoitise de tout temps. Les ressources du golfe de guinée (hydrocarbures en l'occurrence) y sont ensuite présentées comme importantes, de bonne qualité et à l'abri des tensions sociales, mais aussi compte tenu de sa facilité d'évacuation. La ruée chinoise observée depuis quelques années autour de ce pétrole s'explique à la fois par les atouts sus évoqués de ce pétrole, mais surtout par l'incapacité des autorités politiques à protéger cette ressource rare en raison de leur cécité stratégique et du faible niveau de développement industriel des pays de la région.

S'agissant de l'offensive chinoise sur les pays de la région, CHOMTANG (2007) affirme que eu égard à la place qu'elle occupe désormais dans l'économie mondiale, la Chine nourrit les ambitions de grande puissance. Sa dépendance progressive vis-à-vis des ressources énergétiques l'amène à redéfinir sa politique à l'égard de l'Afrique. Le golfe de guinée, espace qui jouit d'une position géostratégique indéniable et d'un potentiel énergétique important, ne peut que susciter les appétits d'une telle puissance. Par une offensive diplomatique et commerciale, pékin entend investir le golfe de guinée afin de s'assurer le contrôle et l'exploitation des matières premières.

Pierre Antoine BRAUD(2005) étudie la stratégie pétrolière chinoise dans les relations qu'elle entretient avec l'Afrique. La Chine est devenue un partenaire de première importance au sud du Sahara, tandis que le continent africain présente des opportunités certaines pour trois aspects de la politique extérieure chinoise :

i. l'entretien d'un réservoir de voix au Nations Unies ;

ii. l'approvisionnement en ressources naturelles et la création de nouveaux débouchés à son économie ;

iii. l'isolement de Taiwan.

L'offensive chinoise sur le continent africain constitue également le principal centre d'intérêt de Philippe HUGON. Il présente l'offensive économico- diplomatique lancée par pékin sur l'Afrique en ce début du 21e siècle. Les pays tels que le Nigeria, l'Angola et la Guinée Equatoriale sont au centre de cette offensive. Second consommateur mondial de pétrole, l'Afrique lui fournit jusqu'à 30%8(*) de ses approvisionnements, même si dans l'ensemble les relations commerciales entre la Chine et l'Afrique demeurent à l'exception de l'Afrique du sud- sur un model postcolonial. L'Afrique exporte des matières premières, alors que la Chine exporte des produits manufacturés.

S'agissant enfin du couple pétrole et développement des pays de la région, notre attention sera principalement portée sur l'ouvrage de Michel KOUNOU (2006). Dans cet ouvrage l'auteur procède à une analyse minutieuse de l'exploitation pétrolière dans le golfe de guinée depuis 1956. Contrairement à ce qui est observé dans les autres continents, le pétrole n'est pas une ressource assurant le progrès économique et social en Afrique, mais plutôt une ressource productrice d'insécurité pour les peuples d'Afrique.

L'intérêt de cette étude réside entre autre aspect sur une exigence de démarcation par rapport aux travaux sus-évoqués. Sans vouloir remettre en cause leur pertinence, il convient tout de même de préciser que nous essayerons d'analyser, outre les raisons de l'offensive Chinoise, sa stratégie d'accès aux ressources africaines en général, et au pétrole du golfe de guinée en particulier. Par ailleurs, un accent sera mis sur l'impact de cette offensive sur la démocratie et la paix en Afrique.

V-PROBLEMATIQUE

Notre sujet de mémoire qui s'intitule : " Enjeux et jeux pétroliers en Afrique : étude de l'offensive chinoise dans le golfe de guinée ", pose en toile de fond la question de la place du golfe de guinée dans le redéploiement de la nouvelle puissance chinoise en Afrique.

Une étude approfondie de la dynamique chinoise dans le golfe de guinée en ce début de 21e siècle nous permet de constater que la quête de pétrole structure l'offensive chinoise dans la sous région. En effet, devenu le deuxième plus gros consommateur de pétrole dans le monde après les Etats-Unis, la Chine a amorcé une fulgurante percée économique et ne peut plus se limiter uniquement à des approvisionnements en provenance des pays voisins. C'est ce qui explique la politique énergétique internationale globale qu'elle mène hors de ses frontières. Le golfe de guinée, réputée pour la qualité de son pétrole, sa relative stabilité, ne pouvait que susciter les convoitises d'une telle puissance. La question centrale de cette étude est celle de savoir : En quoi est-ce que le Golfe de Guinée constitue à la fois un enjeu et un terrain du jeu pétrolier chinois en Afrique ? Autrement dit, quelles sont les raisons de l'offensive pétrolière chinoise et les stratégies mises en oeuvre par pékin pour accéder aux ressources africaines en général et au pétrole du golfe de Guinée en particulier? Davantage, hormis la non reconnaissance de Taiwan, Pékin ne s'encombrant pas de conditions politiques à l'établissement des relations diplomatiques avec ses partenaires africains, quel peut être l'impact d'une telle attitude sur l'évolution de la démocratie et de la paix en Afrique ? Au total, doit-on se réjouir ou redouter la dynamique chinoise autour du pétrole africain ?

La réponse à ces questions passe par l'énonciation d'une hypothèse de travail.

* 1Cf. Jeune Afrique Economie, été 2008, n°373, page 3.

* 2 Cf. Www. Euronews.net.

* 3 Cité par Wullson MVOMO ELA, " pétro stratégie et appels d'Empire dans le Golfe de Guinée " in Enjeux N°22 janvier-mars 2005, p.7.

* 4 Cf. Questions Internationales n° 20, juillet- août 2006, page 108.

* 5 Il faut entendre par « relations spéciales », la disposition de la Chine à accorder un soutien multiforme et permanent aux pays détenteurs de pétrole avec qui elle entretient des relations, quitte à violer toutes les chartes et conventions internationales. Toutefois il est important de noter que ces relations spéciales ne profitent pas uniquement à la Chine. Les régimes africains en sont également bénéficiaires. Car, en contre partie de la garantie d'une sécurité énergétique, ces derniers obtiennent de Pékin la promesse d'une « assurance vie politique ».

* 6 Cf. Dictionnaire encyclopédique, paris, Quillet, 1985.

* 7 Depuis cette année, la Chine est redevenue un importateur de pétrole. Dans sa politique africaine, la quête de l'or noir occupe une place cardinale. On observe de ce fait, un redéploiement tous azimuts de la Chine dans la sous région du golfe de guinée.

* 8 Cf. Questions Internationales n° 20, juillet- août 2006, page 7.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984