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Changements climatiques et cultures maraà®chères

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par Yidourega Dieudonné BATIONON
Université de Ouagadougou - Master de Recherche en géographie 2009
  

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4.2. 3. Effets de la hausse de CO2 dans l'atmosphère sur les cultures maraîchères

L'augmentation des concentrations atmosphériques en dioxyde de carbone pourrait être bénéfique. Les plantes croissent en raison de la photosynthèse dont la cadence serait stimulée par des taux plus élevés de dioxyde de carbone. Ainsi, la cadence de croissance et la productivité des plantes pourraient augmenter.

La plupart des cultures développées dans des régions fraîches et tempérées répondent positivement à une plus grande concentration de dioxyde de carbone, c'est le cas de la majorité des cultures maraîchères d'origine européenne.

Ainsi, les différents types de plantes ont différents mécanismes de fixation du carbone, ce processus qui fait que durant la photosynthèse le CO2 est converti en carbone organique. Sans entrer dans les détails, disons que pour certaines plantes, ce mécanisme passe par la synthèse de composés à trois atomes de carbone. C'est ce qu'on appelle la photosynthèse C3 qui implique les plantes dites plantes C3 localisées dans leur majorité en zone tempérée (cas de nombreuses cultures maraîchères). Il y a aussi la photosynthèse C4, impliquant des composés à quatre atomes de carbone, et conséquemment les plantes C4 localisées dans les zones tropicales.

De nombreuses études tendent à prouver qu'une augmentation du CO2 serait donc bénéfique aux plantes C3 car il jouerait un rôle de fertilisant.

Cependant, ces résultats sur une augmentation de CO2 doivent être largement nuancés puisque l'interaction avec d'autres facteurs est à prendre en compte en effet :

· Une hausse du taux de CO2, accompagnée d'une augmentation modérée de la température, si les ressources en eau sont suffisantes, entraînerait alors une production globale plus forte

· Une hausse du taux de CO2, accompagnée d'une augmentation modérée de la température et des pluies, peut mener à une petite augmentation de la production globale.

· Une hausse du taux de CO2, accompagnée d'une augmentation de température d'environ 3°C et d'une diminution des pluies de 20%, conduira à une réduction de rendement pour toutes les cultures de champs.

· Une hausse du taux de CO2, accompagnée d'une augmentation importante de la température et d'une augmentation modérée des pluies raccourcira la période de croissance, et à terme entraînera une baisse de la production.

Ainsi, il ne faut pas prendre en compte la variation d'un unique paramètre, mais faire intervenir les interactions qui peuvent exister entre toutes les composantes de variation du climat. (AMPHOUX M. et al 2003).

A ce niveau aussi, il existe de nombreuses lacunes et on dispose de peu d'informations sur des études réalisées sur le comportement des cultures maraîchères par rapport à l'accroissement du taux de CO2 dans l'atmosphère au niveau de pays africains.

En résumé, l'accroissement des températures et du dioxyde de carbone serait beaucoup plus favorable aux cultures maraîchères dans les zones tempérées car il faciliterait le dégel et accroîtrait la période végétative des plantes. Par ailleurs, l'accroissement de CO2 dans l'atmosphère faciliterait la croissance de la majeure partie des cultures maraîchères qui sont des plantes C3.

Toutefois, des évènements imprévisibles tels que la variabilité climatique ou l'apparition de nombreux insectes avec l'accroissement des températures devrait tempérer cet optimisme.

L'augmentation des températures et du CO2 serait beaucoup plus problématique pour les cultures maraîchères en zone tropicale puisqu'une telle situation accroîtrait l'évaporation, l'évapotranspiration et accroîtrait par ricochet les besoins en eau des plantes alors que les différents modèles climatiques prévoient un accroissement du stress hydrique dans cette zone consécutivement à une baisse générale de la pluviométrie. En fait, le facteur déterminant ici reste la disponibilité de l'eau pour la pratique de l'activité maraîchère dans un tel contexte.

C'est pourquoi dans le cadre de futurs travaux de recherche nous comptons travailler sur la problématique « changements climatiques et incidences sur la disponibilité d'eau pour la pratique de l'activité maraîchère dans la province du Sanguié ».

Les raisons qui sous tendent un tel choix se retrouvent partiellement dans les données de la DGPSA. En effet, selon cette institution, l'activité maraîchère couvre l'ensemble des 45 provinces du Burkina Faso. Cependant, celles - ci n'ont pas le même poids en termes de production maraîchère et d'effectifs maraîchers. Ainsi, du point de vue de la production, en 2004 - 2005, les provinces les plus importantes sont respectivement: le Yatenga, le Sanmatenga, l'Oubritenga et le Sanguié qui totalisent 59 539 tonnes de produits maraîchers, soit 36% de la production maraîchère du Burkina Faso. Ces quatre provinces comptent aussi 43 973 maraîchers, soit 26 % de l'effectif des maraîchers du Burkina. A ce niveau, le Sanguié vient en première position avec 16 298 maraîchers soit environ 10 % des effectifs maraîchers du Burkina Faso.

Par rapport à la principale source d'eau pour la production maraîchère :

- 82% des maraîchers du Sanguié utilisent l'eau des puits traditionnels ;

- 64 % des maraîchers de l'Oubritenga utilisent l'eau de barrages ;

- 51% des maraîchers du Yatenga utilisent l'eau de barrages ;

- 44% des maraîchers du Sanmatenga utilisent l'eau de barrages.

Ainsi, en termes d'effectifs et surtout de l'origine de la principale source d'eau pour la production maraîchère, les producteurs du Sanguié semblent les plus vulnérables avec les changements climatiques qui se confirment au fil des ans. Les producteurs du Sanguié contrairement à ce qui se passe dans les autres zones de production maraîchère disposent de peu de réserve d'eau de surface pour l'activité maraîchère.

Or, selon le SP/CONNED (2008), le Burkina Faso sera dans une situation de stress hydrique permanent à l'horizon 2010-2015. C'est pourquoi dans le cadre de futurs travaux de recherche, il serait intéressant de travailler sur cette problématique au niveau du Sanguié dont l'économie dépend essentiellement de l'activité maraîchère.

L'objectif général visé à travers une telle étude est de vérifier si la province du Sanguié disposera de l'eau nécessaire à la pratique de l'activité maraîchère avec les changements climatiques qui s'annoncent. Pour atteindre un tel objectif, nous allons chercher à :

- analyser la tendance générale de la pluviométrie au niveau de la province au cours des cinquante (50) dernières années ;

- vérifier la capacité de mobilisation de ressources en eau de la province ;

- évaluer l'évolution du niveau de la nappe phréatique ;

- évaluer les besoins en eau de la province sur une période des trente (30) prochaines années

L'analyse de toutes ces données devrait dégager les tendances générales en rapport avec la disponibilité de la ressource eau au niveau de la province du Sanguié pour les années à venir.

Au terme de notre étude dont l'objectif général était d'identifier les incidences des changements climatiques en cours sur les cultures maraîchères, que pouvons nous retenir ?

Il faut d'abord rappeler que pour mener à bien un tel travail nous avons adopté une méthode de travail qui a consisté dans un premier à définir le cadre théorique de notre travail et à procéder à un revue de la littérature assez poussée qui nous a permis de collecter des données aux plans : national, régional et même mondial en rapport avec la thématique. Nous avons ensuite traité les différentes données collectées en vue d'identifier les différentes réponses qui étaient apportées aux questions spécifiques que nous avions poussées. A ce niveau, nous nous sommes beaucoup inspirés des différents travaux du GIEC qui est la principale autorité mondiale reconnue de nos jours en matière de prévision climatique. De ces différents travaux, il est de plus en plus admis que des changements sont en cours au niveau du climat mondial. Ces principaux changements sont :

- le réchauffement climatique ;

- la fonte des calottes glaciaires ;

- la fréquence d'extrêmes climatiques tels que : les inondations, les sécheresses, la violence des ouragans et tempêtes, etc.

- l'accroissement des niveaux de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ;

- la modification des modèles de précipitations, etc.

Toutes ces différentes modifications ont été prouvées scientifiquement et on a même établi une corrélation entre le réchauffement climatique et l'accroissement des gaz à effet de serre. Cette corrélation a permis de démontrer la responsabilité des actions anthropiques sur le réchauffement climatique en cours à travers la forte émission des gaz à effet de serre.

Ensuite, nous avons tenté d'identifier les incidences que pourraient avoir les changements climatiques sur la disponibilité de l'eau. A ce niveau, il faut avouer que les grandes tendances qui se dessinent confirment qu'on assistera jusqu'à l'horizon 2050 à un accroissement des précipitations dans les zones de hautes et moyennes latitudes et à une libération de millions d'hectares de terres arables à travers la fonte de la neige. Toutes choses qui devraient être favorables à la pratique des cultures maraîchères dans ces zones.

Par contre, la situation au niveau des zones tropicales risque d'être catastrophique puisque les différents modèles climatiques prévoient une baisse des précipitations au niveau de ces latitudes. Par ailleurs, de nombreux cours d'eau verront leurs débits baisser ou même pourraient disparaître. Tout cela va accroître la problématique d'accès à l'eau dans des pays qui font déjà face au stress hydrique. Cette situation aura des répercussions sur la pratique de l'activité maraîchère pour de millions de producteurs qui auront de plus en plus accès difficilement à l'eau pour la pratique de leur activité. Toutefois, il faut avouer que ces différentes tendances sont d'ordre général et que d'énormes travaux de recherche restent à faire au niveau régional et même local pour identifier les incidences des changements climatiques sur la disponibilité de l'eau aux niveaux régional et même national. Par ailleurs, les modèles climatiques ne prennent pas en compte d'une part le processus d'adaptation des populations face aux changements en cours. D'autre part, la recherche évolue et pourrait mettre à la disposition des producteurs des semences résistantes au stress hydrique. Tout cela permettra d'atténuer les conséquences probables des changements climatiques sur l'activité maraîchère.

Il a été démontré aussi au cours de cette étude que l'accroissement de la température pourrait avoir des répercussions sur l'activité maraîchère. A ce niveau, les résultats montrent que les pays des hautes et moyennes latitudes pourraient tirer profit de l'accroissement des températures sur les cultures maraîchères puisqu'une telle situation favoriserait le dégel et accroîtrait également la période végétative des plantes. En revanche, l'accroissement des températures pourrait entraîner l'apparition d'insectes inconnus à ces latitudes et qui seraient nuisibles aux cultures.

L'accroissement des températures aura des répercussions négatives sur l'activité maraîchère dans les zones tropicales en ce sens qu'il accroîtrait l'évaporation, l'évapotranspiration et provoquerait par ricochet un accroissement des besoins hydriques des plantes alors que les modèles climatiques prévoient une difficulté d'accès à l'eau dans ces latitudes au cours des prochaines décennies. A ce niveau aussi, des efforts d'adaptation sont déployés par les populations pour faire face à la montée des températures. On a cité le cas des populations du nord du Burkina qui pratiquent l'activité dans une zone où les températures moyennes vont au-delà des 35°C en développant les techniques de paillage qui conservent l'humidité et qui atténuent la hausse des températures. La recherche également oriente ses efforts vers des plantes résistantes aux hausses de température.

Enfin nous avons essayé aussi d'appréhender les incidences de l'accroissement du niveau de CO2 sur la croissance des cultures maraîchères. En rappel, il semblerait qu'on distingue au niveau des plantes :

- les plantes C3 disposant de trois atomes de carbone pour la photosynthèse et qui répondraient favorablement à une augmentation du niveau de CO2 qui jouerait un rôle de fertilisant à leur niveau. La majeure partie de ces plantes est localisée dans les pays tempérés et une grande partie aussi des cultures maraîchères d'origine européenne répondrait à ce critère ;

- les plantes C4 disposant de quatre atomes pour la réalisation de la photosynthèse et qui ne tireraient pas profit d'une éventuelle augmentation du niveau de CO2 dans l'atmosphère et localisées essentiellement dans les zones tropicales.

A ce niveau aussi, d'importantes nuances sont à apporter quant aux bénéfices tirés pour les plantes et relatifs à une éventuelle augmentation du niveau de CO2 puisque l'interaction avec d'autres facteurs tels que les précipitations et la température sont à prendre en compte.

En fait, au cours de cette étude, il est ressorti que l'eau reste le facteur clé qui va conditionner l'activité maraîchère au cours des prochaines décennies. Malheureusement, les travaux sur les incidences des changements climatiques sur ce facteur au niveau régional voire national restent insuffisants c'est la raison pour laquelle nous comptons dans le cadre de futurs travaux de recherche nous plancher plus spécifiquement sur la problématique « changements climatiques et incidence sur la disponibilité d'eau pour la pratique de l'activité maraîchère dans la province du Sanguié »

Un tel choix se justifie par le fait que d'une part la province du Sanguié occupe la quatrième position en termes de production maraîchère. D'autre part, elle paraît être la plus vulnérable aux changements climatiques compte tenu du fait qu'au niveau de l'origine de la principale source d'eau pour la production maraîchère, 82% des maraîchers du Sanguié utilisent l'eau des puits traditionnels. Ce chiffre est le plus élevé de l'ensemble des quatre premières provinces productrices de cultures maraîchères et qui sont respectivement : le Yatenga, l'Oubritenga, le Sanmatenga et le Sanguié.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe