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Besoin d'estime sociale et stratégies d'insertion professionnelle

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par Alfred Bessiga Bina
Université de Douala - Master II 2007
  

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Chapitre 2 : CADRE CONCEPTUEL

La notion de stratégie connaît un usage impressionnant dans les discours, écrits, articles, ouvrages, qu'ils soient politiques, scientifiques, historiques, économiques, etc. Beaucoup de domaines ont abordé le concept d'insertion à cause certainement des chiffres sur le chômage qui prennent des proportions alarmantes. C'est ainsi par exemple que nous nous sommes orientés, en parlant du besoin d'estime sociale, vers les stratégies d'insertion des jeunes et l'interaction pouvant exister entre ces deux notions. Ainsi, nous tenons à définir les principaux concepts que sont le besoin d'estime sociale et les stratégies d'insertion professionnelle sans oublier toutes les notions y relatives avant que de passer à la présentation de la théorie qui constitue le fondement de ce travail de recherche. Cette clarification conceptuelle nous permettra par la suite de circonscrire le cadre dans lequel les différents concepts devront s'appliquer. Mais avant, il convient de présenter la notion de jeunesse à laquelle s'applique notre investigation.

2.1. La jeunesse

La jeunesse est une période faste du développement d'un individu. Elle a longtemps fait l'objet de questionnements à cause des nombreuses mutations dont elle est sujette. Ce sont ces multiples mutations qui ont rendu complexe la fixation d'une définition de ce concept par les scientifiques.

2.1.1. Définition et historique

La définition de la notion de jeunesse a connu une évolution pour parvenir à celle connue de nos jours. Cette évolution a traversé des époques et des âges.

Déjà au 17e siècle, l'on se représenta la jeunesse comme un rapport de filiation : les jeunes sont avant tout des fils. Cette qualité fondamentale leur prohibe toute idée d'autonomie. Pour Galland (1991), le jeune est celui qui est en attente de succession et, c'est ce rapport social qui sera à l'origine des représentations de la jeunesse qui s'articulent autour de l'impatience.

Le siècle des Lumières va, pour sa part, lier la jeunesse à l'éducation. Le jeune est désormais celui qui apprend pour être et non plus celui qui attend d'être virtuellement. La

frivolité disparaît pour laisser place aux études qui conduiraient à un idéal d'accomplissement personnel.

Le 19e siècle définit la jeunesse sur la base d'un rapport de générations. L'inquiétude du jeune face à la société dans laquelle ils ne trouvent plus toutes les potentialités pour leur accomplissement, se traduit par leur non-conformisme. Cette représentation est liée à la première moitié du siècle.

Dans la seconde moitié, la jeunesse va présenter un aspect un peu plus conformiste parce qu'encadrée par l'école et éduquée dans la famille. Le rapport de générations entre parents et jeunes laisse promouvoir dorénavant quelques intégrations. Cette évolution des représentations de la jeunesse est relative, selon Galland (op.cit.), au développement d'une culture rationaliste et scientifique.

Le 20e siècle est celui d'une révolution dans les représentations de la jeunesse. Elle devient, avec les apports de la psychologie, un processus et non plus une catégorie. Sur ce fait, Debesse (1958), Erickson (1972) et bien plus tard Sillamy (1990) s'accordent sur sa définition.

Aussi, Bloch et al (1997) la qualifient de période de développement qui inclut l'adolescence. Elle est considérée comme une phase au cours de laquelle s'opère le passage de l'enfance à l'âge adulte.

Touzard (1998) pense qu'elle est une période de la vie humaine comprise entre l'enfance et l'âge mûr. Elle recouvrirait par conséquent une partie de l'âge adulte. C'est la raison pour laquelle un certain nombre d'auteurs fixent sa fin à la trentaine.

Les jeunes qui nous concernent sont ceux qu'on peut appeler des jeunes adultes car ils sont composés des diplômés de l'enseignement supérieur. Dans notre travail, il va s'agir des jeunes &adultes en quête d'emploi régulièrement inscrits au FNE de la ville de Douala. Il faut dire que la jeunesse varie en fonction des cultures, des civilisations, des milieux et même de l'état physique des individus. La jeunesse devient alors un processus de socialisation. De ce fait, elle est dépendante du milieu de vie et est ainsi sujette au climat familial.

2.1.2. Jeunesse et milieu familial

Sur le plan social, la relation entre parents et jeunes est fixée. On la pense au travers de deux attitudes : d'une part, la bouderie et l'on constate que c'est une attitude qui concerne plus l'adolescence car le jeune se surprend, selon Leif et Delay (1968 : 388) « à en vouloir à ses parents de ne pas disposer de plus de grands pouvoirs et de n'être pas à mesure de satisfaire les désirs qu'il leur exprime ». D'autre part, la brusquerie par laquelle s'emploie le jeune, traduit l'agacement qu'il éprouve devant l'excès de soins et de vigilances. Elle témoigne non d'une tentative de rupture mais de libération à l'égard d'une protection ressentie comme étouffante, paralysante. Les attitudes susmentionnées sont tournées vers la famille. Elles témoignent selon Sillamy (1983) de la découverte de manière plus intime des êtres humains, de soi et des autres et corrélativement d'une prise de distance affective à l'égard des parents.

Ainsi, le jeune va développer une attitude lui permettant de renégocier les rôles respectifs des uns et des autres au sein de la famille. Cet état de chose aboutit à placer, pour Kracke et Noack cités par Rodriguez-Tomé (1997) sur un pied d'égalité de pouvoir le jeune et ses parents. On parle dans ce cas d'individuation du jeune. L'individuation permet aussi de concevoir les relations parents-jeunes car, Kracke et Noack (op.cit.) pensent que « les notions de conflits violents entre les parents et les jeunes et de fossé de générations ne correspondent pas à la réalité de la plupart des familles » (154).

Cette distanciation du jeune à l'endroit de ses parents se retrouve fortifiée par l'environnement social et ses apports en termes d'influence.

2.1.3. Jeunesse et environnement social

Les apports de l'environnement et leur influence sur les jeunes adultes se jouent à travers les groupes de pairs. Cette dernière est le lien qui unie des individus qui ont reconnu entre eux des similitudes. Ces similitudes créent une solidarité et une cohésion entre les jeunes. La solidarité se manifeste par le partage des soucis des uns et des autres à travers l'écoute. A ce titre, le fait de se mettre ensemble se trouve appuyée par un lien un peu plus fort, c'est l'amitié.

Avec l'école, le jeune est engagé dans un ordre de relations psychologiques qui a son originalité propre. La structure scolaire constitue, avant tout, une structure sociale qui a son

existence, son organisation, ses normes, ses impératifs, en un mot, ses usages et habitudes propres. En dehors de la structure sociale première dans laquelle le jeune est appelé à se développer, l'établissement scolaire apparaît comme une structure nouvelle. Et à chaque étape, l'organisation scolaire va manifester sa nouveauté par le biais de l'orientation. On distingue à juste titre l'orientation scolaire et professionnelle.

Or, il est reconnu généralement que les projets des jeunes s'élaborent à partir de l'orientation professionnelle vers laquelle ils tendent en fonction de leurs études spécialisées dans lesquelles ils sont inscrits, pour ceux scolarisés. C'est d'ailleurs l'école qui donne une certaine estime aux jeunes en fonction de leur formation.

2.2. Le besoin d'estime sociale

Pour comprendre les sens dans lequel nous avons utilisé ce concept, il convient avant tout d'apporter une définition de la notion de besoin qui permette de la saisir de façon générale et de présenter ensuite l'histoire qui entoure le besoin d'estime sociale.

2.2.1. La notion de besoin

De l'anglais need, le besoin renvoie à l'état psychologique ou psychophysiologique d'une personne qui ressent un manque. Dans le dictionnaire Le Petit Robert, le besoin est une aspiration naturelle et souvent inconsciente, un désir ardent. Bloch et al (1997) l'assimilent à un état de l'organisme résultant d'un déséquilibre entre d'une part, des normes physiologiques ou culturelles et d'autre part, des informations sur l'état du milieu intérieur ou extérieur, ou des représentations. Pour Sillamy (1990) le besoin constitue l'état psychologique ou psychophysiologique d'une personne qui ressent un manque. Le besoin agit comme un signal d'alarme et conduit l'individu à accomplir l'action nécessaire pour combler cette carence et le satisfaire. Richelle cité par Doron et Parot (1998) dit du besoin qu'il représente un état de déficit ou un écart à l'équilibre homéostatique qui déclenche chez l'organisme des comportements propres devant aboutir à l'acte de consommation pour combler le déficit ou encore rétablir l'équilibre. Cette définition de Richelle se situe au niveau de la notion physiologique d'homéostasie et elle convient mieux à la compréhension des besoins primaires de faim, de soif, de sommeil d'où la prise en compte des instruments travaillant à la réduction des dits besoins.

A coté des besoins primaires, on a postulé des besoins secondaires de l'incapacité des premiers à rendre compte de l'ensemble des conduites de l'homme. Ces besoins secondaires sont soit comme des motivations moins directement vitales mais en relation avec les besoins primaires, soit comme des motivations greffées par expérience à des objets de satisfaction intermédiaires par rapport aux satisfactions primaires ou dérivées d'elles. Il s'agit de ce que Doron et Parot appellent besoin (drive) acquis. Il désigne en outre les états de dépendance physiologique et psychologique qui se développent à la suite d'une consommation répétée de certaines substances telles l'alcool, la drogue, etc.

Bloch et al (op.cit) identifient deux groupes de besoins. Ils parlent de besoins organiques fondamentaux ou besoins primaires qui concernent la survie de l'individu et de son espèce. Ils sont liés au maintien de l'homéostasie du milieu intérieur (besoin d'eau, d'oxygène...), à la préservation de l'intégrité corporelle (évitement de stimuli douloureux), à la perpétuation de l'espèce (reproduction, soins parentaux). Il convient de considérer aussi comme primaires certains besoins liés au développement et au fonctionnement physique ou mental de l'individu (besoin de contact, de stimulation, de sommeil...)

Sur ces besoins se greffent par généralisation ou par conditionnement des besoins secondaires d'autant plus nombreux que le système nerveux est plus complexe : tels sont la plupart des besoins sociaux, cognitifs et culturels.

Murray cité par Sillamy (op.cit.) en a sélectionné vingt, considérés comme fondamentaux (tels que les besoins de plaire, de dominer, d'être indépendant). Mais il semble qu'on puisse en distinguer trois particulièrement importants :

- Le besoin de sécurité qui se reflète par exemple, dans le désir d'avoir un pays, une patrie, un lieu où l'on se sente chez soi.

- Le besoin d'une réponse affective venant d'autrui, qui est la racine même de la socialisation. En effet, l'homme a besoin de son prochain non point seulement pour recevoir son aide, mais encore pour pouvoir sympathiser avec lui, participer à ses conduites et ses émotions dans un mouvement d'extension symbolique de ses limites personnelles.

- Le besoin de nouveauté ou d'information qui conduit l'individu à faire de nouvelles expériences « pour voir ». Si le besoin est nécessaire à la conservation et de l'individu et de l'espèce, il sert surtout au développement et à l'épanouissement du sujet. Il sert à dire dans un sens ce qu'il attend de lui par ses objectifs et combien il s'estime.

2.2.2. La notion d'estime

L'estime de soi globale peut se définir comme la perception que l'on a de nous même en tant que personne. Elle est considérée de manière unidimensionnelle (comme une évaluation de soi globale) ou multidimensionnelle (comme diverses évaluations de soi spécifiques dans différents domaines). Elle est souvent définie comme la composante affective du soi (qui serait également composé du concept de soi qui serait la composante cognitive). Les différents auteurs parlent également d'une troisième composante du soi mais il n'y a pas réellement de consensus à son propos (une composante de présentation de soi)

L'utilisation de ce terme dans la vie de tous les jours et les divers termes et théories existants sur l'estime de soi dans le champ de la psychologie ne simplifient pas sa définition. Pour ne citer que des exemples : le terme concept de soi est parfois considéré comme un concept théorique distinct pour Martinot ou encore comme un concept que l'on peut utiliser de manière interchangeable avec l'estime de soi selon Marsh, le terme perception de soi est utilisé pour définir l'estime de soi spécifique dans différents domaines.

Les auteurs généralement retenu comme précurseurs dans ce domaine sont James (1890) et les auteurs du courant de l'interactionnisme symbolique (Cooley, 1902 et Mead, 1934). Pour James (1890), l'estime de soi est le résultat d'un rapport entre nos succès et nos prétentions dans les domaines importants de notre vie. En d'autres termes, le postulat de James est que l'estime de soi est le rapport entre ce que nous sommes (notre soi réel) et ce que nous voudrions être (notre idéal de soi). Certaines recherches empiriques montrent que plus l'écart entre le soi réel et l'idéal de soi est important, plus l'estime de soi est faible (Boldero & Francis, 1999; Higgins, 1987; Tangney, Niendenthal, & Barlow, 1998). Pour les interactionnistes symboliques l'estime de soi est le résultat de l'intériorisation des jugements d'autrui sur nous. Plus précisément, dans sa théorie du looking glass self, Coolley cité par De Koninck (2007) postule qu'autrui serait un miroir dans lequel nous nous percevons et que les jugements d'autrui sur nous seraient intériorisés et créeraient les perceptions que nous avons de nous. Mead (1934) postule lui que ce serait la moyenne de ces jugements qui serait intériorisée.

Pour Maslow (1970), l'estime de soi correspond à une double nécessité pour l'individu : se sentir compétent et être reconnu par autrui. C'est qui a déterminé notre conception de besoin d'estime sociale que pour nous se situe à la nécessité d'être reconnu par autrui. C'est cet autrui qui se traduit dans le concept social

2.2.3. Le social

Pour ce qui est de l'adjectif « social », le dictionnaire Encyclopédique Quillet (1990 : 9642) le définit comme « ce qui se rapporte à une société, une collectivité humaine considérée comme une entité propre ».

Pour Doron et Parot (1998 : 667) c'est « le terme employé pour qualifier les interactions interpersonnelles effectuées dans un contexte relationnel pour en souligner la spécificité par rapport aux manifestations naturelles, biologiques ou physiques »

Selon Frölich cité par Sillamy (1990), le terme social désigne tous les genres de relations mettant en rapport interactif de façon directe ou indirecte deux ou plusieurs individus de même type ainsi que, les sortes et les formes de modifications de l'opinion et du comportement qui en résultent.

La définition qui convient à notre travail est celle qui relève les interactions interpersonnelles effectuées dans un contexte relationnel dans la mesure où les individus en relation sont issus de différents milieux. A notre avis, ces milieux sont à la fois la famille restreinte, la famille élargie, le groupe de pairs etc. C'est dans ces différents milieux que se développent les interactions qui sont à même d'influer les actes d'avenir du jeune. Et si la structure et les fonctions préexistent aux individus, elles modèlent, aux sens de Malrieu, la conception de la réalité et la signification sociale de l'identité. Avec Moscovici il est question de vérifier l'élaboration et les significations du lien social. C'est alors pour Bessiga (2005) que l'interaction symbolique considère la construction du sujet social à travers l'évolution des communications intersubjectives entre le moi, le je et autrui. Cette construction qui tient compte d'autrui implique en contre partie une forme de reconnaissance par ce dernier.

Ainsi le besoin d'estime sociale devient la nécessité pour un individu, un jeune, de rechercher la reconnaissance de son environnement. C'est donc cette quête de reconnaissance ou mieux d'une meilleure considération par l'autre qui définit le pôle des

indentifications du moi social du jeune. Le jeune qui est en quête d'une meilleure considération recherche une certaine distinction d'avec ses congénères en particulier ou d'avec les membres de son environnement en général. Cet environnement peut être composé des différentes formes de famille (restreinte, élargie) et peut s'étendre au groupe de pairs dans le cadre de notre recherche. Il s'agit là, à notre sens de l'estime sociale. Et la quête de cette reconnaissance par un individu peut aller au delà des membres de sa famille pour s'étendre à son groupe de pairs

Le groupe de pairs

Le groupe de pairs représente pour Hyman repris par Doron et Parot (1998 : 330) la caractéristique psychosociale reliant la participation d'un individu à sa position dans une structure sociale. Il est « celui où un sujet est impliqué entant que membre solidaire d'un ensemble de relations, d'activités et de valeurs qui modèlent ses conduites sociales ». Le groupe de pairs renvoie à un cadre psychosocial permettant d'établir des relations préférentielles entre un individu et les membres de son environnement. Ce style de groupe fournit au sens de Merton, des motifs de comparaison et partant, des aspirations permettant de changer de conduites en orientant des attitudes sociales selon une hiérarchie de valeurs. L'appartenance à un groupe sert à situer un individu dans l'échelle sociale, à structurer son champ cognitif, à satisfaire ses besoins d'affiliation et de reconnaissance pour au mieux définir son identité sociale. L'appartenance à un groupe présente pour De Greef deux issus : soit elle est source de stigmatisation sociale à cause de la résistance aux changements qu'elle engendre ; soit elle procure une satisfaction affective caractérisée par un degré élevé d'homophilie suite à l'interdépendance de ses fonctions normatives et comparatives.

Ainsi, lorsqu'une personne recherche l'approbation ou même la considération d'autrui, il s'inscrit dans une perspective de besoin. Le besoin dont il s'agira, dans ce cas, concerne l'approbation favorable d'une personne ou d'une chose qui a valeur sociale. Les différences auxquelles sont sujettes les personnes impliquées dans divers processus sociaux ont une certaine incidence sur les manières qu'elles ont de se percevoir et aussi sur la perception qu'ont d'elles les personnes de leur entourage. C'est ainsi que le besoin d'estime sociale passe par la quête de reconnaissance tant au milieu familial que dans le contexte social. S'agissant du milieu familial, l'estime sociale se développe par un certain nombre de

facteurs qui permettent de mieux le comprendre par les objectifs que se fixe le jeune chercheur d'emploi pour réussir.

2.2.4. Le besoin de réussite

Le besoin de réussite est une expression qui apparaît dans l'étude des motivations. Elle y est considérée comme l'une des trois conditions de l'attitude motivée, avec le contrôle d'une partie de la situation et l'anticipation temporelle.

De l'anglais `'need for achievement», il est défini par les théories de la motivation comme une

« Motivation voisine de l'implication mais plus personnelle, c'est-à-dire plus indépendante des situations concrètes de travail. Ce besoin est activé dans les situations concrètes de travail où les tâches sont présentées comme indicatrices des capacités du sujet. Son effet sur la performance est d'autant plus important que les tâches sont variées, autonomes, avec feedback »

Dans cette étude, il intervient pour signifier que le besoin d'estime sociale dans lequel il est compris se déploie via ses aspects. Le besoin de réussite recouvre le désir d'atteindre un but, un objectif fixé et dans le cadre de ce travail, il est efficace car il permet de spécifier le choix d'une stratégie. Il se fonde en outre sur d'autres variables qui davantage le définissent.

Le besoin d'estime sociale n'est pas identique chez tous les individus car il dépend, à notre avis, de l'origine socioprofessionnelle, du secteur d'activité choisi dans le processus de quête d'emploi et même du niveau d'aspiration.

Il convient de ce fait de présenter ces concepts dans le contexte de notre étude.

2.2.5. L'origine socioprofessionnelle

La famille, pour plusieurs raisons, a une grande importance sur le développement non seulement de la personnalité d'un sujet, mais aussi et surtout sur ses représentations professionnelles. Il faut relever que les premiers contacts significatifs d'un enfant surviennent avec les membres de sa famille qui vont lui inculquer des attitudes, des valeurs et croyances que ceux-ci vont considérer comme appropriées.

Bien avant qu'il ne vienne au monde, l'enfant est même souvent déjà l'objet de projets pour ses parents et pour son entourage. C'est d'ailleurs ce que pense Rocher cité par

Wassouo (2006 : 29) quand il affirme que l'enfant est « le véritable lieu où s'investissent les projections symboliques des parents ». Il est donc courant d'entendre les gens dire : « nous ferons de notre fils un haut cadre ». Des études ont démontré que des familles aisées ont plus d'ambitions pour leurs enfants [ elles inculquent à ces derniers une certaine vision de la vie] que les familles démunies qui ne disposent pas toujours de moyens pour accompagner la réalisation des ambitions de leur progéniture. Il faut préciser que lorsque le milieu familial est déterminé par un statut élevé en terme professionnel, les enfants pouvant bénéficier d'un réseau de relations susceptibles d'être utilisé en cas de nécessité. Dagenais (1997) pense à ce propos que lorsqu'un parent est d'une certaine classe sociale, celui-ci peut faire bénéficier à ses enfants, à quelques niveaux que ce soit, de son appartenance à cette catégorie sociale. Elle attribue le substantif « réseautage » à ce phénomène qui, dans une certaine mesure peut se traduire en une stratégie d'insertion assez efficace. L'origine socioprofessionnelle parentale étant acquise, il naît donc chez ces jeunes un optimisme qui fait d'eux, selon Levy-Leboyer (1971), de véritables ambitieux grâce à la connaissance des possibilités socialement acquises par la famille. Il est donc plus difficile pour les jeunes issus des classes modestes ou basses, de penser le niveau de leur classe contrairement à ceux des classes sociales élevées. Bien qu'ils ne le nient pas, ils considèrent que l'identification d'un sujet à son origine contribue encore plus sûrement à l'inscrire dans l'avenir probable de sa classe sociale. Il est aussi important, comme le relève Levy-Leboyer (op.cit. : 102), de mentionner que : « les membres des classes moyennes apprennent à leurs enfants qu'il est nécessaire de compter sur soi et souhaitable de tirer profit de ses efforts, plutôt que de s'appuyer sur autrui ». Ainsi donc, la stratégie d'insertion professionnelle du jeune peut être influencée par le statut et surtout l'origine socioprofessionnelle des parents. Cette influence peut se diversifier en fonction des secteurs d'activités choisis dans le processus d'insertion professionnelle.

2.3. L'insertion socioprofessionnelle

L'insertion socioprofessionnelle consiste en l'accompagnement de personnes qui éprouvent des difficultés à trouver un emploi en raison, par exemple, d'un niveau de formation trop faible, d'un manque d'expérience professionnelle ou d'une inactivité prolongée. Vue sous cet angle, elle est un processus qui requiert des habiletés utiles à sa réalisation. Il faut néanmoins préciser qu'à cause des difficultés de définition de ce concept, on la par celui de transition qui détient un sens un peu plus global. Longtemps facteur d'insertion de l'individu, l'emploi devient un élément plus incertain au sein des transformations actuelles du système économique. C'est cette incertitude qui révèle le côté aléatoire d'un concept longtemps pris pour acquis dans la quête de compréhension du chômage des jeunes.

Le processus d'insertion socioprofessionnelle, dans le passé, était censé débuter à la fin de la scolarité et se terminer lorsque, selon Dagenais (op.cit), les jeunes sont considérés comme stabilisés dans leur vie professionnelle. Actuellement, après la fin de la scolarité, qui auparavant menait directement à un emploi stable, plusieurs entrent dans un processus transitoire indéterminé pouvant être long et fractionné.

Dans le processus d'insertion socioprofessionnelle, l'emploi des jeunes se percevait de façon différente de celui des adultes. Dans notre cas, l'insertion socioprofessionnelle renvoie à l'accès dans le monde professionnel du travail rémunéré que vise un jeune pour parvenir à une autonomie tant sociale que personnelle. Il s'agit d'une primo insertion. D'ailleurs, Tardif (1998) pense que la participation à l'économie formelle est une condition préalable à l'accès à la pleine citoyenneté. Perret (1995 : 25) justifie cette assertion lorsqu'il affirme : « l'argent concrétise l'autonomie sociale des personnes, mais seul le travail a vocation de le fonder ». Dagenais (op.cit.) pense qu'après la scolarité, les cheminements des jeunes au travail ne sont plus conformes au modèle théorique de l'insertion qui présupposait l'accès quasi automatique à une position sociale à partir d'un certain niveau de formation. Le chômage des jeunes, pour se résorber, nécessite une politique qui englobe plusieurs dimensions car le phénomène est fonction de plusieurs paramètres. On peut citer entre autres un marché de l'emploi où les déceptions, le manque d'emploi, le chômage et les

remises en question sont choses courantes. Exigeant aujourd'hui un long investissement de la part des jeunes, l'insertion socioprofessionnelle n'apparaît plus comme un moment prévisible, sans discontinuité, durant lequel les jeunes passent de la formation au plein emploi. Il s'agit aujourd'hui plus qu'hier d'un processus au cours duquel s'insèrent la formation, l'établissement d'un projet professionnel, la recherche d'emploi et si possible des entrées et sorties sur le marché du travail. Ces diverses étapes composent le niveau plus global de l'insertion qu'est la transition sociale.

2.3.1. La notion de transition sociale

L'insertion socioprofessionnelle offrait une vision linéaire s'appuyant uniquement sur l'individu et son offre de travail comme le soulignent les théories du capital humain. La notion de transition, approche de plus en plus admise, accorde aux dires de Ferrieux (1992) un rôle essentiel aux aspects institutionnels qui agissent à la fois sur l'offre et la demande de travail, pour mettre à mal le mythe que les difficultés d'insertion des jeunes tiendraient à l'absence ou à l'insuffisance des de qualifications. La transition offre une vision sociale et structurelle centrée sur les stratégies des acteurs, des pratiques de l'Etat, des entreprises ou encore des réseaux sociaux. On parle alors de plusieurs types de transitions car certains jeunes peuvent intégrer le marché du travail pour ensuite reprendre des études, ou encore travailler temporairement afin de poursuivre des études à temps plein. C'est ainsi que la transition sociale permet donc de reconnaître les multiples situations qui ont lieu entre les études (ou la formation) et le marché du travail.

Les processus de transitions socioprofessionnelles sont complexes et faits d'éléments mêlés regroupant une variété de statuts qui oscillent entre employé, chômeur, stagiaire, étudiant, etc. et parfois leur cumul. La transition implique des populations croissantes très diversifiées et non exclusivement des jeunes. Mais la question des jeunes est celle qui nous préoccupe et c'est la raison pour laquelle il convient de voir comment se structure leur transition.

2.3.2. La transition sociale juvénile

Après la scolarité, les cheminements des jeunes vers le monde du travail ne sont plus conformes au modèle théorique de l'insertion professionnelle qui présupposait l'accès quasi automatique à une position sociale à partir d'un certain niveau de formation aux dires de Ginsberg. Ce point de vue appartient à Dagenais (1997) qui pense que la logique de l'insertion ne permet de saisir pourquoi elle ne se réalise pas pour tous dans le passage du système de formation au marché de l'emploi. Avec la crise économique des années 80, le passage automatique de l'un à l'autre est de moins en établi. On comprend dès lors que pour Dagenais (op.cit : 74) « ce n'est pas le niveau scolaire qui induit un type d'emploi, mais ce sont les conditions du marché du travail qui valorisent ou dévaluent tel niveau scolaire ». C'est pourquoi l'explication trop courante et trop facile voulant que l'inadaptation de la formation initiale des jeunes soit le facteur déterminant des emplois déqualifiés et presque toujours instables qu'ils occupent, ou encore du chômage qui les touche, serait à nuancer.

Pour l'Associations des âges (1977 : 423) le processus d'insertion professionnelle, dans le passé, était sensé débuter à la fin de la scolarité obligatoire et se terminer lorsque « les jeunes sont considérés comme stabilisés dans leur vie professionnelle ». Mais aujourd'hui, l'entrée dans la vie active, se modelant sur une plus longue période qu'auparavant a perdu son instantanéité et le caractère aléatoire du processus d'insertion est renforcé. Actuellement, après la fin de la scolarité, qui auparavant menait directement à un emploi stable, plusieurs jeunes entrent dans une phase transitoire indéterminée, pouvant être long et quelque fois fractionnée.

Dans le processus de transition socioprofessionnelle, l'emploi des jeunes se percevait de façon différente de celui des adultes. Mais dans la mesure où l'emploi stable et définitif n'est plus l'ultime donnée déterminante, la notion de transition, habituellement appliquée de manière exclusive aux jeunes, et s'appuyant d'une part sur la formation et d'autre part sur l'emploi, doit être révisée.

2.3.3. La transition socio-économique

La notion de transition professionnelle offrait une vision linéaire et s'appuyant uniquement sur l'individu et son offre de travail. La notion de transition accorde un rôle

essentiel aux aspects institutionnels qui agissent à la fois sur l'offre et la demande de travail, pour mettre à mal le mythe que les difficultés d'insertion des jeunes tiendraient uniquement à l'absence ou à l'insuffisance de qualifications. Elle offre une vision sociale et structurelle centrée sur les stratégies des acteurs.

L'évolution des systèmes productifs de biens et de services ainsi que l'évolution du rapport au travail changent. Au niveau macro-sociologique et macro-économique, l'ouverture internationale des frontières a impliqué la naissance de la production flexible. Du point de vue micro-économique, la concurrence internationale oblige l'entreprise à adopter un régime de production plus souple.

Suite à ces mutations, le travail stable et le passage linéaire : formation - emploi - retraite deviennent de nos jours de plus en plus rares. Dans ce cadre, la notion de transition revêt une importance primordiale de par sa fréquence et sa longueur croissantes.

Or, nous sommes actuellement entre deux modèles de passage de l'école au travail. Le modèle traditionnel était linéaire, structuré et impliquait un seul choix. Les jeunes suivaient de façon linéaire leurs études pour ensuite entrer directement dans le monde du travail, avec des bonnes perspectives de stabilité et de carrière. Le modèle émergent est beaucoup plus confus : il est fait de réajustements continus, de fragmentations, de retours en arrière, de phases d'attente et implique plusieurs choix professionnels provisoires.

Dans un contexte social et économique imprévisible et en mouvement continuel, l'individu est donc d'autant plus sollicité à changer d'orientation et de contexte personnel et professionnel, et cela peut créer des problèmes identitaires et adaptatifs majeurs auprès de jeunes qui affrontent cette phase de vie en situation de vulnérabilité (Donati & Solcà, 1999 ; OCDE, 1999)

Dans les ouvrages de références (Havighurst, 1972) on relève que le jeune doit effectuer une double transition, soit celle du passage de l'adolescence à l'âge adulte et celle du passage de l'école au marché du travail. Les auteurs Perret-Clermont & Zittoun (2002) comparent la notion de transition et celle de développement, pour en conclure que la première n'est pas toujours le synonyme du deuxième. En dépit de toutes ces réflexions, il n'en demeure pas moins vrai que les jeunes développent des stratégies pour parvenir à un emploi.

2.4. Les stratégies d'insertion professionnelle

Il convient, avant de présenter quelques types de stratégies, de définir ce qu'est une stratégie. Nous comptons ainsi donner un aperçu du concept tout en évoquant son histoire.

2.4.1. Définition

La notion de stratégie a évolué pour s'appliquer aujourd'hui à tous les domaines de la connaissance. A l'origine, pour Sillamy (op.cit), ce mot appartient au vocabulaire militaire, mais on le retrouve désormais dans bien d'autres domaines parmi lesquels la psychologie sociale. Le concept de stratégie qui comporte à la fois l'aspect de « connaissance » et l'aspect d' « habileté » signifie fondamentalement, selon Sillamy (op.cit : 1143) « créer les pires conditions pour l'ennemi et les meilleurs pour soi-même » ou « s'assurer des avantages pour les uns et des désavantages pour les autres ». D'une façon plus générale, si pour Sillamy, le terme est actuellement entendu comme tout programme minutieusement établi pour parvenir à une fin déterminée, tout plan dressé pour atteindre un but précis malgré des conditions particulièrement instables, Bloch et al (op.cit) lui reconnaissent trois définitions :

- Elle est premièrement une coordination planifiée de moyens pour atteindre un but, les moyens étant en psychologie, les connaissances, les opérations cognitives, les actions.

- Deuxièmement, la stratégie renvoie, selon la théorie de la décision, à une règle finalisée permettant de choisir une option parmi les options possibles.

- Troisièmement enfin, la psychologie cognitive la conçoit comme une règle ou procédure permettant d'opérer une sélection parmi les options qui sont déjà disponibles ou même d'en construire de nouvelles. On lui reconnaît dans ce cas, les synonymes de métarègle et de métaprocédure. Son usage, en psychologie cognitive, s'est d'abord manifesté dans l'étude des décisions sous risque, puis dans celle du test d'hypothèse avant de se généraliser dans celle de la résolution des problèmes.

Nous entendons par stratégie, les activités par lesquelles le sujet choisit, organise et gère ses actions en vue, soit d'accomplir une tâche, soit d'atteindre un but. Appliqué à l'insertion socioprofessionnelle, elle renvoie à l'ensemble d'actions par lesquelles un individu, qui est demandeur d'emploi, procède pour parvenir à l'atteinte de son but ; c'est à dire assurer sa transition sociale.

Dans le domaine de l'emploi, plusieurs stratégies sont définies sous forme de modèles via lesquels un individu peut obtenir du travail.

2.4.2. Quelques types de stratégies

Si en psycholinguistique, un ensemble de stratégies de compréhension qui sont des procédures de traitement systématiquement utilisées par les enfants d'un âge donné pour interpréter des phrases simples ou complexes, a été mis en évidence à partir des années 1970, elles n'ont pas pour autant les mobiles. L'insertion professionnelle des jeunes adultes revêt une préoccupation majeure de nos jours parce qu'en particulier, plusieurs éprouvent des difficultés d'insertion et de stabilisation sur le marché du travail. Ces difficultés et la façon dont elles sont résolues s'avèrent souvent lourdes de conséquences pour l'ensemble de leur vie à la fois personnelle et professionnelle, pour Fournier et Croteau (1998). Fournier et Careau (1991) soulignent qu'à un certain âge, les jeunes adultes utiliseront tout un éventail de stratégies dans le but d'acquérir une indépendance financière et se montrer autonome aussi bien dans l'organisation de leur vie en général que dans l'organisation visant la réalisation de leur insertion professionnelle.

Ferrieux et Carayon, dans une étude sur l'impact du bilan de compétences sur le positionnement personnel et professionnel parue en 1996, relèvent un ensemble de démarches utilisées pour parvenir à une insertion ou une réinsertion. Elles définissent ainsi une douzaine de démarches qui sont en fait des stratégies. Il s'agit entre autres de :

- Consulter les petites annonces dans la presse

- Envoyer des lettres de candidatures spontanées

- Consulter les offres de l'ANPE

- Démarcher directement auprès des entreprises

- Faire appel à des relations

- Suivre des formations pour améliorer ou diversifier les compétences professionnelles - Suivre des actions pour apprendre à mener des recherches d'emploi

- Passer des concours

- Solliciter l'aide des amis

- Contacter des agences d'intérim

- Recontacter les entreprises où l'on a déjà travaillé

- Solliciter l'aide de la famille.

Dans le cadre de notre travail de recherche, nous avons identifié, aux dires du FNE un certain nombre de stratégies qui sont pour la plupart utilisé par les demandeurs d'emploi dans le but de décrocher un travail. Ainsi, les stratégies ci-après peuvent être retenues dans le cadre de cette recherche. Ce sont :

- démarcher directement auprès des entreprises

- passer des concours

- consulter les annonces (Presse, FNE)

- suivre des formations pour améliorer ou diversifier les compétences professionnelles - attendre les propositions des parents ou de la famille.

Les stratégies sus mentionnées peuvent être considérées comme des stratégies formelles. Elles sont un ensemble de démarches reconnues comme menant à l'insertion professionnelle.

A coté de celles-ci, nous avons relevé des démarches qui donnent aussi bien accès à l'insertion mais qui ne sont pas reconnues comme telles. Ce sont :

- La cooptation

- L'adhésion aux sectes

- L'entretien des rapports (hétérosexuels ou même homosexuels).

La cooptation s'inscrit dans un processus de négociation et de promotion sociale par la transition via l'intermédiation. L'intermédiaire prend dans ce cas le nom de parrain et c'est à lui de choisir le jeune qui devient son poulain, comme un manager. C'est dans ce sens que Zarka (2000) dit d'elle qu'elle est d'une personne influente capable d'utiliser son réseau relationnel en faveur de son protégé. Ce procédé n'est pas sans coût pour le jeune. Elle est conditionnée par des exigences individuelles et peut aller jusqu'à l'adhésion aux sectes.

Same Kolle (2007) pense à ce titre que les sectes ont pris en otage l'Etat. Tonye Bakot (2006 : 17) lui constate aujourd'hui « un activisme prosélyte débordant d'énergie pour recruter de nouveaux adeptes à la Rose Croix et à la Franc Maçonnerie ».

L'homosexualité dans notre milieu va au delà de l'attrait naturel d'un individu à l'endroit d'un autre de même sexe que relève Castaneda (2003). Doron et Parot (1998) parle de pédérastie lorsque ces pratiques sont tournées vers des individus d'âge inférieur. Tonye Bakot (op.cit : 6) déclare qu' « ils sont nombreux ces jeunes qui disent avoir été

instrumentalisés ; nombreux aussi les cas de pédophilie (...) et la presse (les médias) en fait état »

Si le prosélytisme souligné par Tonye Bakot cible comme catégorie de prédilection l'élite et surtout politique pour avoir la main mise sur l'administration, il s'étend néanmoins jusqu' « aux universités et grandes écoles de l'Etat » (ibid : 17). C'est pour parvenir à un meilleur statut social que ces différentes pratiques gagnent davantage de terrain et d'adeptes.

D'ailleurs Mimché (2006) pense que la pratique de l'homosexualité est une conditionnalité pour obtenir un emploi ou réussir à un concours. La pauvreté ambiante y tient elle aussi une place importante car « n'oublions pas que quatre camerounais sur dix (10) vivent en dessous du seuil du revenu annuel de 232 547 F CFA, soit 19 000 F CFA par mois » Tonye Bakot (op.cit : 12).

S'il faut prendre en considération la part de la famille, il convient tout aussi bien de relever la part du niveau d'aspiration dans le développement des stratégies des jeunes pour l'ensemble de leur vie.

2.4.3. Aspiration et famille

Sillamy (op.cit) conçoit l'aspiration comme un vif désir qui pousse l'homme vers un idéal, un but, alors que pour Bloch et al (op.cit), le niveau d'aspiration à avoir avec le seuil ou niveau que l'on souhaite et que l'on espère atteindre, soit au laboratoire dans une tâche répétée, soit à long terme dans des domaines concernant la vie tout entière (la profession et par extension l'insertion par exemple). Chaque personne a une image de soi qui conditionne son comportement et les objectifs qu'elle s'assigne. Les sujets les mieux adaptés visent des buts réalistes en rapport avec leurs capacités, et ne doutent pas de pouvoir les atteindre. D'autres, influencés par les conditions sociales (parce que leurs parents ou les professeurs le demandent par exemple), se fixent, selon Sillamy, des buts trop élevés et s'exposent par-là à des désillusions, ce qui risque de les conduire à une inadaptation. D'autres par contre ne se proposent que des objectifs inférieurs à ceux qu'ils peuvent réaliser.

Au concept de niveau d'aspiration, s'est presque toujours greffé celui de niveau d'expectation. Fraisse et Piaget parlant des recherches de Robaye et de Nuttin, retiennent que ces derniers ont entrepris un grand nombre de travaux sur le niveau d'aspiration et d'expectation. Ils pensent que c'est Robaye qui établira la distinction entre les deux

concepts. Le niveau d'expectation constitue, en son sens, le but que le sujet estime pouvoir atteindre, et c'est de ce niveau qu'il s'agit de mesurer dans les expériences où le sujet doit indiquer le degré de réussite auquel il s'attend. Si comme sus mentionné, le niveau d'aspiration concerne l'idéal du moi, le niveau d'expectation, lui, dépend non seulement d'une certaine confiance générale qu'a un jeune en lui-même, mais aussi de la confiance qu'il a en ses capacités. Les capacités dont il est question ici sont celles que l'école lui confère et les diverses formations qu'acquiert un jeune tout au long de sa scolarité. Cette dernière est jalonnée de réussite ou d'échecs. Ainsi, la réussite scolaire est fondamentale pour le niveau d'aspiration. D'ailleurs, Levy-Leboyer (op.cit : 37) déclare dans ce sens que « la réussite dans la tâche proposée élève le niveau d'aspiration alors que l'échec conduit le jeune à réduire ses prétentions ». Ainsi les jeunes qui ont réussi leurs études ont un niveau d'aspiration et même d'expectation élevé. Au contraire, ceux qui ont subi des échecs et dont la vision de l'avenir, pour reprendre Wassouo (op.cit), est mal adaptée, soit très basses, soit (le plus souvent) trop élevée, ont un niveau d'aspiration et d'expectation peu élevé. LevyLeboyer renchérit ce point de vue lorsqu'elle dit que l'expérience du succès stimule l'individu, et celle de l'échec le perturbe assez pour qu'il négative la réalité ; c'est là une tentative pour effacer l'angoisse de l'insuccès et ses conséquences.

Il faut donc dire que c'est chaque jeune qui évalue son comportement par rapport à des critères qu'il choisit lui-même ou que son milieu lui impose et il fixe alors son aspiration et son expectation en fonction du point de ressemblance qu'il entrevoit dans les résultats escomptés. Ainsi, le jeune fixera son choix de stratégie selon qu'il pense que celleci sera rentable pour lui. La rentabilité du processus est corrélée à la transition sociale.

Ainsi, l'élaboration ou mieux le choix d'une stratégie par rapport à une autre est le lieu d'une pléthore d'influences définie dans la motivation et les différentes approches théoriques sur lesquelles nous nous sommes fondés dans le cadre de ce travail de recherche.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle