5.5.6. Démence
Nos résultats montrent une association significative
entre la présence des troubles cognitifs et les TPPAVC dont la plus
importante en termes de fréquence est la DPAVC. Ils confirment les
résultats retrouvés dans la littérature. En effet,
contrairement à la dépression fonctionnelle (endogène), la
DPAVC est caractérisée entre autres par la
sévérité des troubles cognitifs (32,36,135).
L'association entre troubles cognitifs et DPAVC a
été mise en évidence dans plusieurs études
publiées à ce jour. A ce propos, les travaux ci-après sont
assez démonstratifs.
Robinson et al. ont observé sur un échantillon
de 184 patients que les sujets non déprimés présentaient
moins des troubles cognitifs que les patients déprimés(136). Par
ailleurs, pendant 12 mois, Bacher et al. suivant une cohorte de 48
patients ont trouvé que plus de la moitié des sujets de
l'étude étaient déprimés et présentaient des
détériorations cognitives légères(137). Pour leur
part, Morris et al. travaillant sur 49 patients sur une période de 14
mois ont trouvé que 41% des sujets étaient
déprimés tout en présentant des troubles cognitifs(138).
Andersen et al. ont rapporté un mois après la survenue de l'AVC
une association significative entre les troubles cognitifs et la
dépression (p<0.001). Leur échantillon comprenait 285
patients. Dans leur étude, les troubles cognitifs évalués
au Brief Cognitive Rating Scale comptaient pour 33% de la variabilité du
score de la dépression à l'échelle d'Hamilton (139). House
et al. ont observé sur un échantillon de 448 patients que la
DPAVC était associée à de faibles scores au Mini Mental
State Exam(140). En 2001 Dam a publié les
résultats d'une étude menée auprès de 99 patients 7
ans après la survenue de l'AVC. Il n'a pas noté de
différences significatives entre les patients déprimés et
les patients non déprimés en ce qui concerne les scores au MMSE.
Par contre, les patients déprimés présentaient plus de
difficultés de concentration et de mémorisation (141). Spaletta
et al. ont observé que les états de colère, la
sévérité de la dépression et le nombre
élevé des zones du cerveau touchées sont associées
à la sévérité des troubles cognitifs pour les cas
d'AVC de l'hémisphère gauche. Chez les patients touchés
à l'hémisphère droit, la dépression n'était
pas associée à la survenue des troubles cognitifs (142). Verdelho
et al. ont noté une proportion importante des patients
dépressifs parmi ceux qui étaient diagnostiqués
déments (p=0.006) au MMSE(143). Barnes et al.
ont rapporté sur une population de 2220 patients une
association entre les symptômes dépressifs et la survenue des
troubles cognitifs légers (144). En 2008, Saxena et al. ont
rapporté à propos d'un échantillon de 252 patients une
association significative entre la dépression et les troubles cognitifs
6 mois après la survenue de l'AVC(145). Le lien entre les troubles
cognitifs et la DPAVC observé dans la présente étude
à l'instar de plusieurs autres travaux publiés ailleurs dans le
monde à ce jour peut revêtir un intérêt certain dans
la prise en charge des patients post-AVC à Kinshasa. Quoique le
diagnostic de la DPAVC soit plus difficile à poser dans le contexte de
l'AVC, il est impérieux de la dépister et de la soigner en vue
d'augmenter les chances de survie et la qualité de vie des patients. La
recherche des troubles cognitifs au Minicog qui est un test rapide et facile
à administrer pourrait ainsi permettre à l'équipe
soignante d'identifier les patients qui ont le plus besoin d'un psychiatre car
à risque de présenter un trouble psychiatrique qui dans la
plupart des cas se trouvera être la DPAVC.
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