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Exclu-e-s du livret de famille : les parents sans statut, se raconter au sein d'une pluriparentalité

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par Elodie Regnoult
Université de Bretagne Occidentale - Master 2 2011
  

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3 Pour François, pas vraiment parent mais « je la considère comme ma fille » : se définir après le décès du père statutaire

François commence en me présentant sa configuration. Il est marié. Son épouse a été mariée une première fois et elle a eu une fille qui a actuellement 14 ans et que François connait depuis sept ans. Il m'explique que le père de Sarah est décédé depuis un an. Pour lui, la relation entre lui et Sarah est bonne, un peu pudique. Il y aurait un respect mutuel et en même temps, Sarah serait assez réservée. Elle ne se confierait pas facilement. Il l'aime beaucoup. Elle avait six ou sept ans quand tou-te-s deux se sont rencontré-e-s. Les choses auraient été très difficiles au début, très compliquées à cause du contexte du divorce et de la séparation. Puis il y a eu la résidence alternée : une semaine chez son père, une semaine chez lui et Michelle. Depuis le décès de Jean-Claude, elle vit chez eux en permanence.

3.1 Faire plutôt que dire

Pour lui, les choses ont été très claires dès le départ, puisqu'il lui a bien expliqué dès la première rencontre qu'il n'était pas son papa et qu'il n'usurperait pas le rôle de son père. Cela

147 THERY Irène, DHAVERNAS Marie-Josèphe (1993), « La parentalité aux frontières de l'amitié : statut et rôle du beau-parent dans les familles recomposées », in Meulders-Klein Marie-Thérèse, Théry Irène (dir), Les recompositions familiales aujourd'hui, Paris, Nathan, p.159-187.

aurait été clair dans la tête de Sarah, et dans la sienne aussi. Même s'il est là pour l'aider et pour veiller sur elle, il n'est pas son père. C'est un peu particulier, explique-t-il. Il pense qu'il la considère plus comme sa fille mais l'inverse... il ne parvient pas à l'exprimer et ne termine pas ses phrases. Il reste prudent, mesure ses mots quand ils concernent la relation. Il m'explique qu'elle est toujours dans son processus de deuil, qu'il ne l'oublie pas. Une manière de dire qu'il respecte ce moment de la vie de Sarah et qu'il ne souhaite pas s'imposer comme parent.

Pour lui, sa famille au niveau des enfants est limitée à Sarah. Il n'a pas d'enfants de son côté et ne pense pas que lui et Michelle en auront. Il souhaite être là pour que Sarah se sente bien, en sécurité, pour lui apporter de la tendresse, de l'aide par exemple sur le plan scolaire. Mais elle est, selon lui, assez douée donc il n'y aurait pas vraiment besoin de l'assister. Il aime Sarah et selon lui, elle sait qu'elle peut compter sur lui si besoin est. La semaine, ce serait plutôt sa mère qui veillerait. Le week-end, ce serait un peu compliqué depuis quelques temps mais ce serait temporaire. Michelle et François travaillent un week-end sur deux et donc, après le décès de Jean-Claude, François a accepté de prendre de manière temporaire un poste de nuit. Cela leur faciliterait la tâche au niveau de l'organisation. Cela leur permettrait d'avoir un « « parent » entre guillemets » précise-t-il, à tout moment à la maison. Michelle travaille le dimanche dans la journée par exemple, François travaille la nuit. Sarah n'aurait juste qu'à le réveiller s'il arrivait quelque chose. Il pense qu'elle est encore un peu jeune pour être seule. Dans un an ou deux peut-être. Il souhaite également être plus proche d'elle car c'est une année charnière. Sarah est en troisième.

Mais ce serait temporaire et il retravaillerait par la suite de jour. Alors le week-end, quand sa mère n'est pas là, il vérifie qu'elle a bien fait ses devoirs, qu'elle n'est pas en difficulté. Mais de toute manière, Sarah est, selon lui, assez indépendante. Il arrive qu'il y ait un problème qu'elle n'ait pas bien compris mais en général, ce serait vraiment une bonne élève et elle n'aurait pas besoin d'aide. Il ajoute en riant qu'il l'aide pour dire qu'il l'a aidée.

Et puis, comme elle est dans un club de basket, elle a des entraînements et des matches alors il l'accompagne régulièrement et va régulièrement la chercher.

François assure alors sa présence à sa manière, c'est-à-dire en investissant des manières de faire reconnues comme plutôt « masculines » auprès de l'enfant : l'accompagnement dans l'espace public aux activités sportives, une présence plus appuyée le week-end en suppléance à la mère quand celle-ci s'occupe des tâches de la semaine (école, devoirs etc.). Il s'agit d'une présence « au cas où » sans tâche précise à effectuer (il peut dormir). Cela rappelle l'étude d'André Rauch qui précise que les pères s'investissent

davantage dans la socialisation de l'enfant en laissant aux mères les tâches quotidiennes. Les hommes consacreraient 6% de leur temps aux devoirs des enfants contre 10% pour les femmes148. L'investissement « en suppléance » de François ne correspondrait donc pas seulement à son absence de statut mais à un investissement plutôt codé comme « masculin » en général.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore