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La contribution de la banque populaire du Rwanda s.a au développement socio-économique du milieu rural. Branche de Musanze, sous branche de Remera

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par Samson NKUNZWENABAKE
Insitut d'enseignement supérieur de Ruhengeri - A0 2010
  

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1.3.1.3. Principaux facteurs déterminants de l'épargne

L'étude de l'épargne dans les pays en développement est rendue ambiguë par le fait que tous les modèles de base ont été construits pour les pays industrialisés alors que l'épargne dans les pays à faible revenu a une autre notion que dans les pays développés.

En effet, dans les pays à faible revenu, comme le dit Malcolm GILLIS30(*) en dessous d'un certain seuil de revenu, l'épargne constitue un « bien de luxe » et ne peut guère être considérée comme le résultat d'une optimisation micro-économique, d'autant plus que dans la plupart des pays en développement le marché financier est peu développé et que les taux d'intérêt sont fixés administrativement dans beaucoup d'entre eux.

Cette section constitue un tour d'horizon des modèles théoriques de l'épargne ainsi que d'autres facteurs non moins importants qui la déterminent. Il sera question de fournir des explications possibles du comportement des ménages en matière d'épargne31(*).

a) Le modèle KEYNESIEN

Appelé aussi modèle du revenu absolu, le modèle Keynésien postule une relation linéaire entre le revenu courant et l'épargne courante. La relation s'écrit en général:

St=a+ b Yt.

L'on suppose a o, et o b 1. Sous ces conditions, la propension marginale à épargner est supérieure à la propension moyenne à épargner.

Selon cette hypothèse, on estime que la propension à épargner une partie des revenus courants augmente avec ces revenus. Cette hypothèse vient confirmer ce que J.M. KEYNES appelle, dans sa « Théorie Générale », la loi psychologique fondamentale.

Selon cette loi32(*), « en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu ».

La loi précédente s'accompagne d'un corollaire: « en général, une proportion plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu réel croît ».

Cette loi et son corollaire, nous amènent à dire que lorsque le revenu des ménages augmente, la propension marginale à consommer diminue, alors que la propension marginale à épargner s'accroît.

b) Le modèle de FRIEDMAN

Ce modèle qu'on appelle encore modèle du revenu permanent, a été initialement formulé par Milton FRIEDMAN, dans les années 1950, à l'université de Chicago.

En opposition avec le modèle précédent, celui-ci lie l'épargne courante au revenu permanent. Selon la thèse friedmanienne, le revenu comporte deux éléments constituants: le revenu « permanent » et le revenu « transitoire »33(*)

Ce revenu permanent est ici défini comme le produit de la richesse et notamment des actifs issus du capital matériel et du capital humain, à la disposition du ménage.

Le revenu transitoire quant à lui est inattendu, exceptionnel, tel que celui généré par l'évolution de la valeur des actifs, les gains de la loterie nationale et autres mannes imprévisibles.

FRIEDMAN a établi cette théorie pour parer aux défaillances empiriques de la théorie keynésienne. Il suppose que la consommation dépend principalement du revenu permanent et l'épargne du revenu transitoire. La version du modèle le plus fréquemment utilisée pour les tests empiriques s'écrit:

St=a+b Yp+ c Yt

Dans cette équation, Yp signifie revenu permanent et Yt revenu transitoire ; b: la propension marginale à consommer le revenu permanent; c: la propension marginale à épargner le revenu transitoire.

La version la plus extrême de l'hypothèse sur le revenu permanent annule b et fixe c à 1, si bien que toute l'épargne provient du seul élément transitoire du revenu, lequel est épargné dans sa totalité.

c) Le modèle de DUESENBERRY

Le modèle du revenu relatif s'établit comme suit: St = a + bYt + c (Yt/Y max), où

Y max. est le revenu maximal atteint dans le passé. Dans une économie croissante, Y max. correspond à Yt-1.

L'hypothèse sur le revenu relatif a été présentée pour la première fois par Doroty BRADY et Rose FRIEDMAN et reprise à la fin des années 1940 par James DUESENBERRY, économiste de Harvard.34(*)

Cette théorie repose sur l'observation que les fonctions de préférence sont interdépendantes. Duesenberry prétend qu'à long terme les dépenses de consommation dépendent du nombre de contacts avec les biens supérieurs dits encore biens de démonstration ou d'ostentation.

Ce phénomène a pour conséquence macro-économique d'invalider la loi fondamentale de Keynes et son corollaire susmentionnés. La prétention de l'auteur laisse entrevoir que la propension moyenne à consommer dépend de la position du revenu dans l'échelle des revenus du groupe social. Si le revenu d'un individu reste constant alors que le revenu moyen du groupe de référence s'élève, l'individu augmente sa consommation pour garder le même statut social. En outre, un tel comportement est dû au fait que les individus dans leur acte de consommation ont tendance à suivre leurs voisins et à rechercher sans cesse un niveau de vie plus élevé.

Pour la courte période, DUESENBERRY constate qu'à cause de la stabilité des habitudes de consommation et de la répugnance des individus à abandonner un niveau de vie déjà atteint, il peut exister une baisse de revenu sans que la consommation diminue pour autant. De tels comportements ne sont pas de nature à favoriser l'épargne35(*).

d) Le modèle de KALDOR

Associé à Nicolas KALDOR et connu sous le nom de la « Théorie de classe », ce modèle de comportement des ménages en matière d'épargne stipule que les habitudes de consommation se distinguent fortement suivant la classe économique.

Les travailleurs qui tirent l'essentiel de leurs revenus de leur travail, sont réputés avoir une propension à l'épargne inférieure à celle des capitalistes qui reçoivent avant tout des revenus de la propriété: profits, intérêts, rentes,

L'hypothèse sur la liaison classe-épargne se représente ainsi: S=SwL+ScP
où Sw: propension des travailleurs à épargner une partie des revenus qu'ils tirent du travail. Sc: propension des capitalistes à épargner une partie des revenus qu'ils tirent de la propriété L: revenu du travail; P: revenu de la propriété; et 0 Sw Sc 136(*).

En analysant le modèle de KALDOR, on est hanté par la question de savoir pourquoi les ménages, dans leurs décisions de dépense et d'épargne, traitent les revenus du travail d'une toute autre manière que ceux de la propriété; de toutes les façons, un sou c'est un sou et le franc tiré des revenus de la propriété ne se distingue pas de celui qui provient des revenus du travail. Dans cette optique, l'hypothèse sur le lien entre la classe et l'épargne peut être plus apparente que réelle. Il en serait d'ailleurs ainsi de l'hypothèse sur le revenu permanent qui donne à penser que les propensions à épargner des sources de revenus variables seraient plus fortes qu'en cas de sources de revenus plus stables37(*).

Le seul arbitre crédible ne peut consister que dans les issues empiriques de ces modèles pour le cas du Rwanda. Ne disposant pas des statistiques retraçant tous les agrégats économiques de la comptabilité nationale, surtout celles de l'épargne intérieure privée éclatée en ses composantes pour une période satisfaisante, nous réservons l'application empirique de ces modèles sur le Rwanda aux recherches ultérieures lorsque les données ad hoc auront été fournies par les autorités économiques.

Ce petit aperçu sur les hypothèses qui sous-tendent les comportements des ménages en matière d'épargne, nous aura permis de réaliser un rapprochement avec ce que nous avons vu à la section 1.3.1.1 lorsque nous avons parcouru les définitions relatives à l'épargne. En effet, toutes les définitions ont fait dépendre cette dernière du revenu.

Il convient de souligner que de la même manière, toutes les hypothèses analysées ci-dessus, voient dans le revenu, qu'il soit courant, transitoire, relatif ou permanent, le facteur déterminant principal en matière d'épargne38(*).

Toutefois, le revenu n'est en rien le seul facteur déterminant du comportement général du secteur privé en matière d'épargne, en particulier dans les pays en voie de développement.

e) Les autres facteurs déterminants de l'épargne39(*)

Le débat sur le développement de la propension à épargner a soulevé une controverse autour de la constitution de l'épargne considérée comme un résidu. La problématique est celle de savoir si l'épargne est vraiment un élément passif, ce qui reste une fois que l'on a consommé une partie du revenu.

L'épargne ne dépend-t-elle pas d'une action volontariste de l'individu désireux de mettre en réserve, pour un emploi ultérieur, une partie de son revenu? Ceci revient à se poser la question de savoir si la propension à épargner est nécessairement un corollaire de la propension à consommer.

La théorie classique trouve cette position excessive car pour elle, l'épargne peut provenir d'une décision volontariste.

Nous accepterons désormais l'idée que le volume de l'épargne n'est pas nécessairement un résidu, mais qu'il peut varier sous l'action des facteurs autres que ceux liés à la tendance psychologique qui gouverne la consommation.

Admettant ce point de départ, on peut faire remarquer que le taux d'intérêt joue comme les autres prix. Sa variation à la hausse peut encourager les épargnants parce que leur épargne devient rémunératrice alors qu'avec sa variation à la baisse, c'est la situation opposée qui s'observe. Mais cette liaison épargne - taux d'intérêt n'est pas admise dans les analyses keynésiennes qui flanquent l'épargne à des facteurs autres que le taux d'intérêt comme nous l'avons déjà énoncé.

L'autre facteur explicatif peut être lié à l'organisation des institutions de l'épargne. Leur nombre limité, leur implantation qui ne tient pas compte de l'implantation de la population, l'accès difficile qu'elles peuvent offrir,... ne sont pas favorables à l'épargne.

Quand le système financier épouse les réalités socio-économiques du pays qui le loge, tout porte à croire que l'épargne peut se développer.

La stabilité monétaire est un autre facteur déterminant de l'épargne. Il a été prouvé qu'une monnaie qui se déprécie a une action décourageante sur les intentions d'épargner. L'érosion continue du pouvoir d'achat d'une monnaie peut provoquer une intensification de la consommation et une réduction de la propension à épargner, en vertu de la logique keynésienne.

Pour veiller à la protection des avoirs des épargnants contre la perte de valeur réelle imputable à l'inflation, on préconise le phénomène d'indexation des actifs financiers de ces derniers.

Beaucoup d'autres variables expliquent l'épargne, notamment: la variable démographique, l'implantation de la population, la promesse de futurs crédits aux épargnants qui économisent à certaines fins, etc.

Nous ne pourrions pas être exhaustifs dans la mesure où l'épargne est déterminée par la combinaison des facteurs aussi différenciés que les facteurs économiques, sociologiques et culturels et que ceux-ci sont très complexes chacun pour ce qui le concerne.

Tandis que les discours apologétiques sur l'épargne trouvaient audience à leur époque, la question de sa mobilisation par les intermédiaires financiers, en vue de l'orienter vers les investissements, reste toujours d'actualité et mérite d'être à nouveau posée dans les PVD en général et au Rwanda en particulier.

En effet, le développement de l'accumulation endogène et la mobilisation de l'épargne locale constituent un levier économique majeur tant pour le développement, l'investissement local que pour le financement durable des besoins du secteur public.

* 30 M. GILLIS et al, Economie du développement, De Boeck-Wesmael, S.A Bruxelles, 1990 p.240

* 31 GILLIS M. et al, Economie du développement, De Boeck-Wesmael, S.A Bruxelles, 1990, p.340

* 32 LORRIAUX J.P., Macroéconomie, Economica Paris 1993, p.240

* 33 GILLIS M. et al, Economie du développement, De Boeck-Wesmael, S.A Bruxelles, 1990, p.340

* 34GILLIS M. et al, Economie du développement, De Boeck-Wesmael, S.A Bruxelles, 1990, p.341

* 35GILLIS M. et al, Economie du développement, De Boeck-Wesmael, S.A Bruxelles, 1990, p.241

* 36 RWANYINDO R-P., Cours d`Economie Publique, Licence II Economie UNR-ULK, 1996-1997, p. 38

* 37 RWANYINDO R-P., Cours d`Economie Publique, Licence II Economie UNR-ULK, 1996-1997, p. 38-39

* 38 RWANYINDO R-P., Cours d`Economie Publique, Licence II Economie UNR-ULK, 1996-1997, p. 39

* 39 RWANYINDO R-P., Cours d`Economie Publique, Licence II Economie UNR-ULK, 1996-1997, p. 40

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld