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La CEDEAO et les crises socio-politiques dans les pays membres: cas du Liberia et de la Côte d'Ivoire

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par Winnie TSHILOBO MATANDA
Université officielle de Bukavu - Licence en relations internationales 2011
  

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CHAPITRE III. LA CEDEAO ET LES CRISES « LIBERO-IVOIRIENS » : DES ACTIONS AUX RESULTATS MITIGES

Comme on a eu à le signaler dans les parties qui précèdent, la CEDEAO fut fondée dans le but de l'intégration économique de la sous-région. Elle sous-entend le développement intégral et intégré de cette région. Toutefois, puisque tout développement n'est envisageable que dans un contexte de paix et de stabilité et la sous-région vit de façon presque récurrente des situations de crises socio-politiques conduisant parfois à des affrontements armés de longues durées, l'organisation s'est vite vue obligée d'intégrer cette question de paix et de sécurité, conditions sine qua none d'un développement durable, dans ses principes fondamentaux, ses objectifs et ses missions. C'est à la suite de cette adaptation institutionnelle qu'elle a dû intervenir dans différents conflits touchant certains de ses Etats membres, notamment le Libéria et la Côte d'Ivoire.

Après avoir fait mention des actions concrètes en faveur de la paix que l'organisation a pu entreprendre dans ces deux pays, actions qui ont eu des résultats divergents, il sied, dans ce chapitre du travail, de nous pencher sur la critique de leur efficacité. Ainsi, dans un premier temps, nous essayons de dégager les raisons à la base des insuffisances dans ses capacités à bien influencer le développement politique et sécuritaire dans la région. Dans un second temps, nous allons tenter de proposer des pistes de solutions pour contrecarrer si pas éradiquer les germes des crises qui gangrènent la sous-région ouest-africaine.

Section I. UNE EFFICACITE RELATIVE AUX CAUSES MULTIPLES ET DIVERSIFIEES

Analyser les actions de la CEDEAO au Liberia et en Côte d'Ivoire dans le domaine de la paix et de la sécurité revient à s'interroger sur la capacité de l'organisation à transformer en initiatives concrètes ses ambitions en matière de prévention de conflits dans ces pays. Comme nombre de conflits politiques dans des pays africains depuis 1990, ces conflits (libériens et ivoiriens) sont avant tout les manifestations d'un processus laborieux, douloureux et non linéaire de construction d'un Etat qui soit à la fois légitime et capable d'assurer la sécurité de ses populations.

En effet, au Liberia comme en Côte d'Ivoire, les responsables de la CEDEAO ont montré une volonté réelle de s'appuyer sur les différents textes de l'organisation pour influencer le développement politique et sécuritaire. Ces responsables ont incontestablement entrepris de jouer leur rôle conformément aux mécanismes de prévention, de gestion, de règlement de conflits, de maintien de la paix et de sécurité. Ils ont su incarner les nouvelles valeurs de l'organisation, celles d'agir et/ou d'appliquer strictement les sanctions prévues par ses protocoles en cas de rupture de l'ordre constitutionnel au sein des Etats membres. Il faut donc reconnaitre que le chemin parcouru par la CEDEAO au cours des premiers mois de la crise ivoirienne aura été laborieux et aléatoire. Le premier aspect positif de ses actions est, sans conteste, la rapidité de sa mobilisation politique en dépit des réticences des parties au conflit et de la complexité de la situation - combinaison d'acteurs politiques et militaires internes et externes vis-à-vis desquels les autorités des autres pays membres ne pouvaient aisément se positionner de façon neutre et distanciée. Le second aspect est celui du consensus entre des pays membres en vue de mettre à la disposition des Etats en crise des unités combattantes de la force militaire régionale pour faciliter leur résolution. Le troisième est le soutien que l'organisation sous-régionale a pu recevoir dans la matérialisation de ses actions. En effet, les pays occidentaux, les autres partenaires non gouvernementaux, particulièrement la France, l'Union Européenne, les Nations Unies et l'UA, à l'unanimité, lui ont prêté main forte pour que ses interventions politiques et militaires deviennent un élément central du dispositif de gestion et de sortie des crises.

Toutefois, ce processus, surtout pour la Côte d'Ivoire, s'est transformé en un cercle vicieux où les échecs politiques, économiques et sociaux pendant des périodes successives créent au fil du temps des conditions de plus en plus défavorables, voire rédhibitoires, à une rectification de la trajectoire. Chaque fois que l'opportunité d'un nouveau départ s'est présentée, au Liberia comme en Côte d'Ivoire, elle a été manquée. En effet, prévenir la résurgence des conflits dans un tel contexte représente pour n'importe quelle organisation un défi extraordinaire. Il ne suffit pas d'envoyer de centaines de soldats surveiller le respect d'un cessez-le-feu mais surtout aider un pays membre de l'organisation régionale à reformer son administration publique, à créer de bonnes conditions de vie dans le cadre d'un système politique démocratique qui exige de la classe politique une aptitude minimale à respecter les règles et à faire prévaloir l'intérêt supérieur du pays sur les antagonismes personnels et communautaires. Une telle relativisation des succès enregistrés par l'organisation ouest-africaine se serait expliquée par plusieurs motivations. L'on peut notamment citer parmi elles, le manque d'esprit de compromis et de discernement des acteurs politiques en conflit, la peur de la perte de l'influence politique des factions en présence, la propension des acteurs politiques et militaires à se régler des comptes personnels et leur moindre volonté de voir se stabiliser la situation socio-politique de leurs pays respectifs, l'insuffisance des moyens.

§1. LA FRAGILITE DES ETATS-MEMBRES ET LE REJET DES PRINCIPES DEMOCRATIQUES

La CEDEAO est largement une communauté d'Etats fragiles. Ceux-ci sont, en effet, jeunes. La plupart de leurs systèmes politiques formellement démocratiques ne datent que de moins d'une vingtaine d'années. En effet, l'on devra signaler que le Liberia et la Côte d'Ivoire (deuxième puissance économique de la région) n'étaient pas les seuls Etats de la région à subir des crises politiques. La mobilisation de toutes les ressources disponibles pour leur résolution pouvait être interprétée, pour la CEDEAO, un moyen de dédouanement d'une charge par elle insupportable. Ces deux crises lui ont ainsi permis de reprendre la voix de cité dans une région où, les violences post-électorales (Togo en 2005), les contestations en matière d'organisation des scrutins électoraux et des violences intercommunautaires (Nigéria de 2007 à ce jour), le dépassement de mandats présidentiels et renversement des régimes en place (Niger en 2009, Guinée Conakry) demeurent monnaie courante.129(*)

Face à ces situations, malgré la volonté de la CEDEAO à consolider la paix et la sécurité sous régionale, le respect des principes constitutionnels inscrits dans le Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance par la plupart de pays membres, aussi stables soient-ils, comme le Burkina Faso ou la Gambie est toujours très discutable. Les pays qui semblent relativement avancés dans la consolidation de leurs institutions et de la culture démocratique, à l'instar du Cap-Vert, du Ghana, du Bénin, du Sénégal, ne sont ni suffisamment nombreux, ni suffisamment influents à l'échelle régionale pour peser de manière décisive sur les orientations de la CEDEAO. Aucun parmi eux n'est, par ailleurs, définitivement à l'abri d'une régression démocratique.130(*)

* 129 YABI OLANKOUNLE, G., op.cit., p.59.

* 130 Ibidem

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