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Croissance, marché du travail et pauvreté: les leçons de l'expérience camerounaise sur la période 1991 - 2011

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par Victor KITIO
Université de Dschang - Master of Science (M.Sc) en Sciences Economiques 2013
  

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2.3.2. Revue des travaux empiriques

Face à la paupérisation croissante des populations dans certaines régions du monde et plus particulièrement en Afrique, les auteurs ont recherché plusieurs mécanismes par lesquels une croissance économique serait de nature à réduire considérablement l'extrême pauvreté en favorisant l'augmentation du revenu des pauvres ainsi que leur productivité. Ainsi, l'analyse de la relation entre croissance économique et réduction de la pauvreté s'est effectuée à travers plusieurs phases dans la littérature de l'économie du développement.

Les premières théories de l'économie du développement ont mis en exergue la possibilité que les effets de la croissance économique soient automatiquement transmis aux pauvres (Kuznets, 1955 ; Adelman et Morris, 1973 ; Chenery et al 1974)28(*). A partir de là, des questions ont émergé afin de comprendre les mécanismes par lesquels cette transmission est rendue possible.

Un récent axe de recherche a pris en compte la possibilité que l'emploi puisse constituer cette courroie de transmission entre croissance économique et réduction de la pauvreté. Ainsi, beaucoup d'études ont montré que, bien que la croissance économique soit nécessaire à la réduction de la pauvreté, elle n'est cependant pas la condition suffisante (Dagdeviren et al, 2002 ; Goudie et Ladd, 1999 ; Mc Kay, 1997 ; Ravallion, 2001). Certaines de ces études ont mentionné le caractère intensif en main d'oeuvre de la croissance économique comme déterminant fondamental de la réduction de la pauvreté (World Bank, 1990 ; Squire, 1993, Mc Kay, 1997). Mais, aucune de ces études n'a explicitement et empiriquement examiné l'interaction croissance - emploi - réduction de la pauvreté.

Il faudra attendre les études de Demeke et al (2003), Islam (2004), Kabananukye et al (2004), Kapsos (2005), consacrées aux pays en développement dans lesquels on retrouve nombre de pays africains, pour palier les insuffisances précédemment évoquées. Selon ces auteurs, la relation croissance-emploi est au coeur de la problématique de la réduction de la pauvreté. Ainsi comprendre les conditions sous les quelles la croissance s'enrichit en emploi est déterminant dans la réduction de la pauvreté. Islam (2004) pense que le niveau de l'élasticité de l'emploi par rapport à la croissance dépend du niveau de développement du pays et des dotations factorielles de celui-ci. Il pense par ailleurs qu'en investissant dans des secteurs à haute intensité de main d'oeuvre (HIMO), on améliore l'élasticité globale, calculée ici comme la moyenne pondérée des élasticités sectorielles.

Par ailleurs, Demeke et al (2003), pensent que l'analyse simple de l'élasticité croissance emploi n'est pas pertinente. En d'autre terme, une telle élasticité a une signification si on tente d'observer corrélativement l'évolution de la productivité du travail. Il se peut en effet, qu'une élasticité élevée, couplée à une productivité du travail faible traduise une création hautement élevée d'emplois appauvrissant.

Quelques auteurs ont procédé à une estimation des élasticités de l'emploi dans quelques pays africains. Ainsi, d'après Kabananukye(2004), l'élasticité globale de l'emploi par rapport à la croissance en Ouganda s'établit à 1,13 entre 1992 et 1997. Par ailleurs, l'agriculture absorbe une partie importante de la main d'oeuvre. Mais l'élasticité dans ce secteur se situe à 2,5, traduisant une diminution importante de la productivité du travail dans ce secteur. Dans le cas de l'Ethiopie, Demeke et al. (2003) estiment des élasticités arc dans les secteurs majeurs de l'économie à savoir, l'agriculture, l'industrie et les services. Les valeurs de ces élasticités sont élevées, ce qui suggère d'une part que des investissements dans ces secteurs vont créer des opportunités importantes d'emplois dans le pays, et réduire la pauvreté. Cela suggère également que l'expansion de l'emploi dans ces secteurs ne s'est pas accompagnée d'une croissance de la productivité du travail d'autre.

La plupart des études dans lesquelles ont été estimées les élasticités arc sectorielles montrent que la productivité du travail a diminué, du fait que l'élasticité de l'emploi s'est avérée dans nombre de cas, supérieure à l'unité. Comme le soulignent Demeke et al. (2003), sur le plan théorique, l'on anticipe que l'élasticité de l'emploi par rapport à la production diminue progressivement dans le temps et selon que le pays se développe et possède de moins en moins le facteur travail en abondance.

La chute de l'élasticité constatée dans certains pays africains par exemple ne devrait pas être interprétée comme un signe de maturité de ces économies, mais comme un problème lié à la faible fiabilité des données collectées sur l'emploi. Ainsi, les élasticités de l'emploi qu'utilisent les économistes dans les Pays en Développement (PED) sont peu fiables car la valeur de l'emploi prise en compte dans les calculs ne distingue pas une personne employée à plein temps et une personne sous-employée (Kabananukye et al 2004).

L'analyse de l'intensité de la croissance en emploi, à travers le calcul des élasticités a été rigoureusement abordée par Kapsos (2005). Cette étude s'est proposée de présenter une méthodologie de calcul de l'intensité de la croissance en emploi, et par la suite de rechercher les déterminants de cette intensité. L'auteur présente deux approches de calcul de l'élasticité emploi de la croissance non équivalente. L'élasticité de l'emploi à la production peut se définir comme la variation en pourcentage du nombre de personnes employées consécutive à une variation en pourcentage de la production. Sur la base de cette définition la plus large possible, Kapsos définit deux types d'élasticités : l'élasticité point et l'élasticité arc.

Un autre axe d'études, pas des moindres est constitué des analyses empiriques effectuées dans le contexte camerounais. En effet, une étude menée par Yogo(2009) est parvenu aux résultats selon lesquels la croissance exerce un effet positif sur la quantité de travail au Cameroun. Ainsi, une croissance de 1% permet un accroissement de 0,68% de l'offre quantitative de main d'oeuvre. Il convient également de dire que cette analyse lui a permis de présumer que le secteur industriel est celui qui a le plus haut niveau de productivité du travail, tandis que le secteur des services présente une très faible productivité du travail au Cameroun et il y'a aussi lieu de déduire que les emplois en majeure partie créés dans le secteur des services sont à faible productivité du travail et donc à bas salaires. Et comme ce secteur est celui qui s'est le plus enrichi en emplois sur le long terme, cela veut dire qu'une bonne partie des emplois créés, tous secteurs confondus est à bas salaires. Ce résultat est par ailleurs conforme aux statistiques présentées par l'institut national des statistiques du Cameroun et relatives à la phase 1 de l'enquête sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun (2005). Selon cette enquête, sept travailleurs camerounais sur 10 tirent de leur activité principale moins du salaire minimum fixé à 28265Frs.

En exploitant les bases de données ECAM I et II, NDamsa et Baye (2011) ontanalysé la nature de la relation existant entre l'emploi et la pauvreté au Cameroun. Les résultats de cette étude montrent que la baisse du revenu total du travail des ménages dans le quintile le plus pauvre est attribuable à la participation au marché du travail et au nombre moyen de jours travaillés, mais atténuée par des revenus quotidiens moyens et des taux d'emploi.

De la littérature théorique et empirique qui précède, nous déduisons les deux hypothèses suivantes :

H1 : la croissance économique a un impact positif sur l'offre quantitative de travail au Cameroun.

H2 : les effets intra-sectoriels et intersectoriels de l'emploi contribuent positivement à la réduction de la pauvreté au Cameroun.

Tandis que la première hypothèse va nous permettre de tester la réaction de l'emploi suite à une variation du PIB suivant la loi d'Okun et les théories de la croissance endogène,la seconde va permettre de tester l'impact des effets sectoriels de l'emploi sur la variation totale de la pauvreté au Cameroun

* 28 Cités par Islam(2004)

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle