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L'histoire à  l'heure du multimédia. Les enjeux du web- documentaire historique

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par Joffrey LAVIGNE
Université Paris IV- Sorbonne - Master 1 mention information et communication 2012
  

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1.1.3.2- L'étude de cas : les fresques hypermédia de l'Ina

Les fresques hypermédia sont publiées sur le site de l'Institut National de l'Audiovisuel dans la rubrique "dossiers". Réalisées par les équipes de l'Ina, ce sont des fresques qui abordent différentes thématiques dont celles du festival de Cannes et des discours du général De Gaulle. Nous avons choisi ces thèmes pour analyser deux fresques. L'analyse sémiotique34 de ces deux fresques s'est construite autour de trois phases. Tout d'abord, nous avons mené un travail de recherche sur la "médiathèque" de chacune des deux fresques. Puis ce sont les "parcours" que nous avons observés. Enfin, nous avons porté notre attention sur les contenus des deux fresques.

De cette analyse nous avons pu tiré quelques conclusions qui permettent de délimiter les frontières du web-documentaire historique. Suite à l'observation de ces deux fresques, il nous semble que les créateurs de ces fresques construisent un destinataire quelque peu différent. Au coeur de ces fresques multimédia, les possibilités de recherche de contenus sont multiples et visibles. Dans certains web-documentaires historiques, cette possibilité existe notamment par le biais de la barre de recherche. Mais cela reste rare. Les fresques hypermédia de l'Ina se construisent autour de cette possibilité. Cela se traduit par différents dispositifs techniques tels que la mise en visibilité de l'arborescence de chaque rubrique. Ainsi l'internaute est amené à effectuer une recherche plus ou moins précise. Qu'il sache ou, au contraire, qu'il ignore ce qu'il souhaite visionner, il devra effectuer une action de recherche. Cette situation peut se retrouver dans un web-documentaire où l'internaute est délaissé par l'auteur. Il s'agirait dès lors d'un danger puisque l'internaute aurait tendance à quitter la pager du web-documentaire. Au contraire, les fresques de l'Ina semblent incorporer la logique de recherche. Ce sont deux manières distinctes de construire un lecteur. D'une part, le web-documentaire valorise les qualités intuitives des internautes pour leur permettre d'explorer les contenus. D'autre part, les fresques de l'Ina confèrent au lecteur la possibilité de trouver rapidement le contenu qu'il recherche ou celui qui correspond à ses centres d'intérêt.

Ces deux modèles s'incarnent dans une construction spatiale différente. Alors que les web-documentaires historiques proposent des sites qui bousculent les repères graphiques et ergonomiques des pages web traditionnelles, les fresques de l'Ina se situent dans le sillage de ces dernières. Ces fresques présentent l'ensemble des caractéristiques d'un site classique : une home-page, une barre de recherche, une barre d'accès aux rubriques, une lecture verticale de la page avec un défilement vers le bas, le coeur de la page composé de différentes rubriques etc. Bien que les web-documentaires historiques soient des sites internet, il y a la volonté de structurer et d'organiser le contenu de manière différente afin de proposer une expérience nouvelle. Dans le cas des fresques multimédia, il n'y a pas renouvellement de l'expérience médiatique de l'internaute.

Néanmoins, les fresques sont organisées selon une structure en strates qui permet de démultiplier les portes d'accès aux contenus. Cette multiplication des points de contact (notamment par le biais des parcours et de la médiathèque) est une caractéristique des web-documentaires. Au regard de l'ensemble des productions web-documentaires qui composent notre corpus, l'on peut dès lors rapprocher les fresques multimédia des webdocs historiques si l'on tient uniquement de la

C'est une des grandes promesses formulées par les professionnels du web-documentaire :

précédente observation. Toutefois, il est nécessaire de souligner que l'interactivité des contenus est plus importante au sein de ces fresques que dans certains web-documentaires.

Nous pouvons établir une autre similitude avec les web-documentaires historiques. Ces fresques reflètent à travers cette « médiathèque » la matérialité du contenu. Les analogies avec des lieux réels et naturalisés ne sont ni anodines ni arbitraires. Le terme « médiathèque » revêt un double sens. Ce terme renvoie d'abord à la définition même de ce qu'est une médiathèque à savoir un lieu où sont entreposés des documents de nature diverse que l'on peut consulter. Par ailleurs, une médiathèque est également un lieu que l'on traverse et que l'on parcourt. Ce terme évoque une double dimension : pratique ou fonctionnelle et imaginaire. Ce jeu qui s'instaure ici entre le monde supposé virtuel d'internet et le monde réel trouve écho dans le web documentaire qui mobilise des repères et des imaginaires semblables. L'internaute est appelé à plonger, traverser, s'immerger dans l'histoire et notamment dans le temps et les lieux. La contextualisation des archives historiques qui est en jeu dans ces fresques de l'Ina, se fait en partie par le biais des cartes et des frises chronologiques. Cet enjeu et cet imaginaire sont essentiels lorsque l'on pense le web-documentaire historique.

Malgré ces similitudes, les fresques multimédia peuvent être comparées au modèle des manuels scolaires. Or les web-documentaires historiques n'aspirent en aucun cas à ressembler à ce modèle. Nous émettons cette hypothèse pour trois raisons principales. Les outils de spatialisation et de temporalité sont extrêmement prégnants dans les fresques multimédia. Cela témoigne d'une démarche didactique afirmée. Puis, la prédominance du texte au coeur des fresques multimédia est telle qu'elle met en péril les autres médias. Les textes de la plupart des vidéos est retranscrit sur la droite de ces vidéos. L'internaute peut dès lors connaître le contenu de la vidéo sans lancer la lecture. Il peut même agir sur cette vidéo (avancer ou reculer) par le biais du texte retranscrit. Enfin, les absences de témoignage et de point de vue d'auteur font de ces fresques de l'Ina des sites internet désincarnés.

Par le biais de cet étude de cas, nous avons donc mis en évidence les principaux points d'achoppement entre les webdocs historiques et ces fresques. Ainsi, au regard des similitudes et des différences avec les fresque de l'Ina, nous ne pouvons pas remettre en question les caractéristiques propres au web-documentaire historique.

Le web-documentaire historique remplit en partie ses promesses de rupture à l'égard des autres formes médiatiques. Néanmoins, la rupture n'est pas que sémantique et formelle. Il s'agit également d'une rupture anthropologique puisqu'elle affecte nos modes de lecture.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld