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La présomption d'innocence dans la presse quotidienne burkinabè

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par Ouaogarim Roger SANKARA
Institut des sciences et techniques de l'information et de la communication ( ISTIC ) de Ouagadougou - Conseiller en sciences et techniques de l'information et de la communication 2013
  

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Section III : Les atteintes à la présomption d'innocence dans Le Pays

Ces atteintes se manifestent dans le traitement de dix-sept (17) articles publiés pendant la période d'étude. Dans dix (10) d'entre eux, les atteintes sont d'ordre terminologique. Les six (06) autres articles répertoriés contiennent des illustrations de nature à porter préjudice à l'innocence présumée des personnes mises en cause.

A. Les atteintes à la présomption d'innocence par la terminologie dans Le Pays

Nous énumérerons certains des onze (11) articles par lesquels cette méconnaissance se manifeste.

Dans son numéro 5 133 du jeudi 14 juin 2012, Le Pays annonce à sa page 8 : « Escroquerie à Ouaga : Par la technique de l'abeille, il escroque 16 millions de F CFA. ». Rendant compte de l'arrestation par les services de la gendarmerie, d'un individu accusé d'escroquerie, le journal se montre très affirmatif sur la culpabilité du suspect alors même que la procédure judiciaire concernant cette affaire est à ses débuts. D'abord dans le titre, le journal affirme que la personne mise en cause a escroqué. Autrement dit, il a commis l'infraction d'escroquerie. Une telle affirmation, au stade de l'enquête, porte un coup à la présomption d'innocence.

Plus loin dans l'article, le journal ajoute : «  La gendarmerie de Boulmiougou a fini par mettre la main sur l'escroc à la technique de l'abeille(...). C'est un véritable maniaque de la fourberie, du mensonge et du vol ». Tous ces termes ne sont pas loin de revêtir la qualification de diffamation ou d'injure s'il le juge répressif venait à en être saisi.

Ce genre d'atteinte est également relevé dans Le Pays numéro 5 142 du mercredi 27 juin 2012. L'attaque de l'article publié à la page 4 de cette livraison dit : «  S'il y a une affaire qui défraie la chronique dans la cité de Naaba Kango depuis le 14 juin 2012, c'est bien l'incarcération, la libération et la réincarcération de Moumouni Nacanabo dit Youmooré, ce marabout qui, le 8 juin dernier, avait, au cours de ses prêches hebdomadaires en direct, proféré contre toute attente, des injures à l'endroit du substitut du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouahigouya. ».

Cet écrit a été publié pendant la détention provisoire de l'inculpé, poursuivi pour outrage à magistrat devant le Tribunal de grande instance de Ouahigouya. Le journal, en déclarant que le détenu a proféré des injures au procureur, lui impute la commission de l'infraction, en l'absence de toute décision de condamnation.

Il est vrai qu'au terme de cette affaire, le marabout a été condamné à une peine d'emprisonnement avec sursis et à une amende de 100 000 F CFA. Mais au moment de la publication de l'article, l'absence d'une décision de condamnation interdisait l'imputation directe et sans tempérance des faits à l'inculpé. Cette imputation aurait pu coûter au journal, dans l'intervalle entre la publication de l'article et le prononcé de la condamnation, une action en Justice.

Le Pays aurait pu également faire face à une assignation en justice à la suite de la publication, dans son numéro 5 160 du lundi 23 juillet 2012 à la page 35, de la nouvelle suivante : « Province du Passoré : Le préfet indélicat incarcéré».Le préfet dont il est question était vraisemblablement en détention provisoire, dans l'attente d'une décision de condamnation ou de relaxe. Mais le journal affirme qu'il s'est adonné à une série d'escroquerie que son ministère de tutelle a pris l'engagement de réparer. Le journal aurait voulu préserver son innocence présumée qu'il l'aurait écrit qu'il est accusé, soupçonné ou suspecté d'une série d'escroqueries. En procédant comme, il l'a fait, le journal établit, sans en avoir la compétence juridique, la culpabilité du suspect.

C'est malheureusement le cas dans l'un des articles publiés à la page 2 de la livraison numéro 5 219 du quotidien Le Pays. L'article porte le titre suivant : « Tribunal de grande instance de Kongoussi : 36 mois fermes requis contre un avorteur ». Si dans le corps de l'article, le journal utilise parfois le terme « prévenu », plus respectueux de l'innocence présumée, il reste que par le titre seul, le journal porte préjudice à la personne poursuivie en la qualifiant d'avorteur.

A la chute de l'article, on apprend que l'audience a été renvoyée en délibéré. Lors de la publication, rien ne disait que la culpabilité de l'individu serait confirmée. Encore que la peine dont le journal faisait cas dans le titre n'était que requise par le procureur, le juge pouvant décider autrement. Rien donc ne justifiait l'emploi du mot « avorteur », très tendancieux, dans le titre.

En dehors des atteintes d'ordre terminologique relevées dans Le Pays, le traitement des illustrations des articles par ce journal est parfois préjudiciable à la présomption d'innocence des personnes photographiées.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams