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Intérêt et importance des questions environnementales dans la presse francophone : éléments d'analyse à  partir d'une étude de cas des quotidiens montréalais Le Devoir, La Presse et Le Journal de Montréal


par Henri Assogba
Université Senghor d'Alexandrie - DEA Gestion de l'environnement 2005
  

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INTRODUCTION GENERALE

Qu'il s'agisse de la presse écrite, de la radio ou de la télévision, l'environnement ou plus précisément les préoccupations environnementales n'ont pas souvent eu les faveurs des mass média. Il a fallu que de graves accidents écologiques (naufrage du pétrolier Torrey Canyon en 1967, drame de Minamata en 1968, accident de Seveso en 1976, Amoco Cadix en 1978, Bhopal en 1984...) ou certaines catastrophes naturelles se produisent pour que cette «marginalité» soit sporadiquement rompue. Ces douloureux évènements ont, pour la plupart, constitué le déclic pour l'intérêt des médias, surtout occidentaux à l'origine, avec à la clé une tendance vers la spécialisation de certains journalistes traitant des questions environnementales. La couverture médiatique des différents sommets mondiaux a aussi contribué à faire entrer progressivement l'environnement dans les rédactions de presse. Ainsi, de plus en plus, l'opinion publique est sensibilisée aux problèmes liés à l'environnement. Et la presse, en général, y a fortement contribué par l'information.

Problématique

Dans le rapport général du sommet de la Terre, à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, Maurice Strong1(*) a posé le postulat désormais devenu célèbre selon lequel : «...sans information, point d'opinion publique, sans opinion publique avertie, point de volonté politique et sans volonté politique, point de réussite...». C'est pourquoi Njatang (2003) constate que « dans le domaine de l'environnement et du développement durable, l'usage des médias a été renforcé au lendemain du Sommet de Rio au Brésil en 1992 ».

Il existe beaucoup d'exemples qui démontrent la façon dont les médias d'information peuvent forcer les gouvernements à agir, seuls ou en concertation avec d'autres. Par exemple, le contenu de la presse écrite est considéré comme le reflet de ce qui intéresse la conscience commune dans une société. D'ordinaire, les gouvernements prennent rarement l'initiative, ils suivent la tendance générale ou «le courant». Le Protocole de Montréal, le Plan d'action pour la Méditerranée, la Convention sur les changements climatiques et bien d'autres engagements internationaux ont été élaborés en réponse aux revendications du public, alerté par les scientifiques via les médias grand public (Lamb, 1997, p.21).

Mieux, au-delà de la reconnaissance du rôle crucial des médias dans la prise de conscience collective, il est désormais admis que :

Ce sont des acteurs de première importance dans la mesure où ils fournissent, tirées de l'actualité, des informations nécessaires aux actions éducatives. Bien que leurs présentations habituelles soient marquées très souvent par des effets de dramatisation (et parfois de catastrophisme) et privilégiant les aspects conflictuels, elles proposent quelques fois des analyses de type scientifique utilisables comme matériel de base pour l'Éducation Relative à l'Environnement (Goffin, 2001, p.327).

Mais, aussi bien dans les pays du Nord que dans ceux du Sud, les préoccupations environnementales constituent cependant rarement un grand sujet de prédilection pour les journalistes.

Au Bénin, par exemple, quand l'actualité n'est pas foisonnante dans la presse écrite, on fait souvent appel aux «bouches trous» pour désigner les articles consacrés aux problèmes environnementaux. Et ces «bouches trous» sont, dans la plupart des cas, des reprises in extenso des dépêches provenant d'agences de presse internationales et décrivant des problèmes et situations qui n'ont rien à voir avec le vécu quotidien de l'audience cible. Il y a donc dans les médias, comme le souligne Francine Faucher (1989), un manque très fréquent de contextualisation des phénomènes socio-économiques. Ce qui, sans nul doute, affecte la qualité de l'information environnementale.

A Montréal au Canada où les gens consacrent sept heures de lecture par semaine à la presse écrite pour s'informer (Levasseur, 2000, cité par Gélinas, 2003), une recherche sur l'importance accordée aux questions environnementales dans les quotidiens de la métropole québécoise (Boutard et Sauvé, 1991) nous apprend que la quantité et la qualité des articles traitant de ces questions s'améliorent depuis 1987. Cette année-là, il y a eu l'incendie d'un entrepôt de BPC à Saint-Basile-le-Grand (non loin de Montréal) qui a nécessité l'évacuation de plus de 3 300 personnes au cours d'une grande opération fortement relayée par la presse et qui a duré environ trois semaines. Toutefois, l'étude constate que cette importance accordée aux sujets environnementaux demeure faible (Boutard et Sauvé, 1991).

Plus de dix ans après cette étude, y a-t-il toujours un modeste intérêt de la presse écrite montréalaise pour les questions environnementales ? Si oui, quelles sont les raisons de cette faible évocation de l'environnement dans la presse en général et comment peut-on y remédier ?

Notre recherche, qui a pour ambition d'être une contribution à l'amélioration du traitement de l'information environnementale dans la presse francophone en général, se focalisera sur la part accordée à l'information environnementale et sur son traitement dans les quotidiens montréalais La Presse, Le Devoir et Le Journal de Montréal au cours de trois périodes différentes (Cf. méthodologie).

Objectifs

Pour réaliser cette étude, nous nous sommes fixé les objectifs suivants :

Ø Évaluer l'importance et l'intérêt des préoccupations environnementales dans la presse écrite montréalaise,

Ø Identifier les thèmes environnementaux souvent abordés,

Ø Faire le parallèle avec la pratique du journalisme environnemental au Bénin pour en tirer, si possible, des enseignements,

Ø Formuler des actions concrètes visant à améliorer le traitement de l'information environnementale dans la presse.

Hypothèse de travail

Au Québec, plus qu'ailleurs dans les autres provinces du Canada, l'environnement constitue l'une des préoccupations majeures de la population. Et partant de l'idée généralement admise que la presse est le reflet de ce qui intéresse la communauté, nous émettons l'hypothèse qu'il devrait avoir un grand intérêt pour les préoccupations environnementales dans la couverture quotidienne de l'actualité à Montréal.

Intérêt et justification 

Au Bénin, mon pays d'origine où j'ai exercé en tant que journaliste ou au Sénégal, où j'ai étudié le journalisme, j'ai toujours constaté que l'environnement fait figure de parent pauvre dans la presse. J'appartiens aussi à plusieurs réseaux de journalistes qui n'ont véritablement pas fonctionné pour améliorer cette situation.

De plus, ayant été Assistant en communication du Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme du Bénin, j'étais chargé de la mise en place de la veille médiatique et mes interlocuteurs directs étaient des collègues journalistes traitant des questions environnementales.

Il s'agit donc d'une problématique inspirée par la pratique. Et comme j'ai l'opportunité de faire mon stage au Canada (plus précisément à Montréal, la métropole québécoise), un pays où on est censé avoir plus d'avance dans le domaine, je m'emploierai à étudier de près (en partant d'une étude de cas) l'intérêt et l'importance que suscitent les sujets environnementaux dans la presse écrite francophone.

Cadre théorique

La profusion des idées et la confusion des débats qui caractérisent et alimentent l'inquiétude de l'Homme sur l'avenir de «sa» planète démontrent bien que l'environnement est devenu un sujet à part entière de communication entre les êtres humains. Dans un pareil contexte, Ogrizek (1993), souligne dans son ouvrage Environnement et communication, qu'il serait absurde de croire que la communication sur l'environnement est un simple effet de mode ou plus prosaïquement un nouveau secteur de communication pour les professionnels.

En effet, ce n'est que lorsque la population aura largement admis l'existence des problèmes, qu'elle pourra jouer un rôle important dans la conservation des fondements de la vie. Et c'est ici que les médias ont un rôle capital à jouer (Knott, 1997).

Et pourtant, ce n'est que tardivement que l'environnement est devenu un objet de préoccupations politiques suffisamment sérieuses ou même fondamentales pour que les médias s'en emparent (Duclos, 1993).

Au Canada, Keating (1993) situe l'origine du journalisme environnemental contemporain tout au début des années 1960, au moment où le livre de Carson, Le Printemps silencieux, soulevait la question des risques que posait, pour l'environnement, la présence dans le milieu naturel de produits chimiques comme le DDT. Mais il constate que :

Le journalisme environnemental continue de souffrir du fait qu'un grand nombre de rédacteurs en chef le considère comme un secteur réservé aux débutants de deuxième importance. Lorsque les journalistes chargés de couvrir l'environnement accomplissent un bon travail, ils sont souvent ØpromusØ à un poste dans un secteur considéré comme plus prestigieux, celui de la politique par exemple. Le journalisme environnemental souffre alors souvent de la trop grande mobilité imposée à ses meilleurs éléments (Keating, 1993, p.88).

De son côté, Cayrol2(*) a fustigé l'attitude de certains responsables des médias qui considèrent encore l'environnement comme un thème folklorique. Pour lui, il est fondamental que, sur les thèmes principaux du débat de la cité, les médias jouent continûment leur rôle d'information, pour que les hommes et les femmes sachent à quoi s'en tenir sur les grands enjeux. C'est vrai qu'avant lui, Balle (1973) avait défendu un point de vue identique quand il écrivait que « l'information est considérée comme indispensable à la réalisation de l'idéal démocratique, permettant une participation éclairée et donc efficace à la vie politique ». Le danger, selon Balle, pour nos démocraties, c'est la mort de l'information.

Même si les chercheurs en sciences humaines ne s'accordent pas toujours sur le rôle exact des médias, ils s'entendent pour reconnaître l'importance des médias de masse dans nos sociétés désormais qualifiées de «médiatiques».

Pour Boutard et Sauvé (1991), les questions environnementales se tissent dans la mouvance de l'actualité. A leur sujet, les rayons des bibliothèques ne peuvent fournir que des données générales et des informations souvent déjà périmées. Ils soulignent donc l'importance de ce formidable périscope et de cette mémoire vive que constitue l'ensemble des médias avant d'ajouter que dans la panoplie des mass média « les journaux sont un outil de choix quant à l'information, la formation générale et l'éducation relatives à l'environnement ». Les journaux constituent donc une ressource pédagogique d'une grande richesse et facilement accessible, sans nécessiter de support technique complexe.

D'ailleurs, Laramée (1997) constate que « c'est par les médias de communication que nous parviennent la plupart des informations qui contribuent directement ou indirectement à former notre opinion en matière d'environnement et par conséquent l'opinion publique d'une société ». Toutefois, il reconnaît que l'une des premières difficultés éprouvée lorsqu'on aborde les questions environnementales est que chacun a l'impression qu'il sait de quoi on parle sans pour autant prendre nécessairement conscience des contenus véritables dont il est question encore moins de la présence de points de vue plus ou moins subjectifs qui sous-tendent les jugements de valeur ou les idées reçues ou échangées dans les conversations courantes. Et Laramée (1997) d'avertir que cette familiarité apparente peut, si on n'y prend garde, conduire à penser que le public est plus informé qu'on le croît et qu'il est plus sensible qu'on le croît à la problématique environnementale. Ensuite, il insiste sur la complexité des savoirs interpellés par la communication environnementale et propose, pour faciliter la compréhension, une distinction entre les savoirs scientifiques et les idéologies.

Cette complexité pose des problèmes aux journalistes à qui incombe, en grande partie, la tâche d'informer le grand public. En effet, « un fait brut n'a en lui-même aucune signification ; il ne peut, de soi, faire en sorte qu'on intervienne dans une société pour le contrer, ni surtout qu'on se sente moralement obligé à intervenir » (Tessier, 1994). Il faut donc aller au-delà de la simple information. A ce propos, Desbarats3(*) fait remarquer que « la majorité des journalistes n'ont aucune formation scientifique. Ils manipulent plus facilement la langue que les mathématiques ou les symboles chimiques... ».

Au Cameroun par exemple, des études montrent l'inaptitude des médias à contribuer efficacement à une prise de conscience des masses paysannes face aux problèmes environnementaux (Bazoa, 1996, cité par Njatang, 2003). Des études qui révèlent aussi que ces médias s'intéressent généralement beaucoup plus aux questions liées au sport, à la politique et à l'économie (Bitang, 1996, cité par Njatang 2003).

Et il y a eu des journalistes qui ont déjà analysé de l'intérieur leur profession et constaté que globalement « la presse est plate, médiocre et sans grande saveur. Mais il y a plus grave : la presse fuit ses responsabilités. Elle n'informe pas ou si peu et si mal » (Beauchamp, 1987, cité par Faucher, 1989, p. 23).

En effet, à la rareté de l'information autrefois synonyme de pouvoir, s'est substituée une surabondance de l'information grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Et comme l'actualité est une construction ou plutôt une re-construction de la réalité des évènements par une mise en scène des faits due aux intermédiaires de l'information que sont les journalistes (Gélinas, 2003), ce sont eux qui déterminent et choisissent les nouvelles «prioritaires». Cet ordre du jour propre aux médias dénommé « agenda-setting » par les auteurs Maxwell E. McCombs et Donald E. Shaw (1972)4(*) démontre l'existence d'un lien causal entre le sujet sur lequel les médias décident de fixer leur attention dans l'actualité et celui qui est débattu sur la place publique. Et à propos de ces choix, des professionnels comme Serge Halimi (1997) et Ignacio Ramonet5(*) (1999) pointent du doigt une sorte de connivence entre les journalistes et l'élite intellectuelle ou entre le pouvoir politique et la presse ou encore des collusions « entre les puissances industrielles et financières » et « les médias » qui transforment l'information en une marchandise qu'on vend ou achète selon les lois du marché.

En plus de ces raisons, le manque de connaissances scientifiques de la plupart des journalistes fait que les thèmes environnementaux restent peu mis en valeur et, quand ils le sont tout de même, sont mal présentés (Ragou, 2002).

Mais, pour Duclos (1993), la situation n'est pas aussi catastrophique et l'environnement ne fait pas figure de parent pauvre dans la presse car, souligne t-il, «... il s'agit bien d'une rubrique à part entière, dont plus personne ne peut dire qu'elle relève d'une catégorie sporadique d'informations... » . Duclos va même plus loin, en s'inquiétant de cette régularité qui peut conduire à la banalisation, voire pousser à l'acceptation et au fatalisme.

A notre avis, il faut replacer cette inquiétude de Duclos, que nous partageons, dans le contexte de la mouvance du sommet de la Terre (1992) où les questions environnementales occupaient une place de choix dans les médias grand public. Mais une fois l'«euphorie» de Rio passée, le traitement des questions environnementales relève, à bien d'égards, d'une catégorie sporadique d'informations.

Méthodologie 

La méthodologie mise en oeuvre pour la réalisation de cette étude est avant tout inductive, puisqu'elle est basée sur une étude de cas. Elle s'articule autour d'une recension d'écrits, d'une collecte quantitative de données et d'une analyse qualitative.

La recension d'écrits a débuté à l'Université Senghor d'Alexandrie et s'est poursuivie pendant la période de stage à l'Institut des Sciences de l'Environnement de l'Université du Québec à Montréal (UQÀM). Ces activités de recherche et d'analyse documentaire ont porté aussi bien sur des ouvrages généraux en environnement, en journalisme et en communication que sur des ouvrages spécialisés sur l'éducation relative en environnement, la communication environnementale. Ces recherches sont effectuées aussi bien en bibliothèque que sur des sites web.

Notre cadre d'étude étant la ville de Montréal et partant du sacro saint principe de «mort-kilomètre» du journalisme ou du critère de la proximité géographique (plus un événement se passe loin, moins il intéresse le public), indispensable pour susciter l'intérêt de ceux à qui l'information est destinée, nous avons choisi trois quotidiens francophones (La Presse, Le Journal de Montréal et Le Devoir) paraissant tous à Montréal. Nous n'avons pas retenu Le Soleil, parce qu'il appartient au même groupe qui édite La Presse (ligne éditoriale semblable) et en plus ce quotidien est publié non pas à Montréal mais dans la ville de Québec. Par ailleurs, nous n'avons pas retenu les quotidiens francophones Métro et 24 Heures parce qu'ils sont distribués gratuitement. De même, les magazines, bulletins et autres revues spécialisées en environnement n'entrent pas dans notre champ de recherche.

Cette observation minutieuse et systématique s'est faite d'abord tout au long de la campagne pour les élections fédérales (mai - juin 2004) qui correspond à notre période de stage. Ensuite, nous sommes remontés à août - septembre 2002 pour la couverture médiatique du Sommet Mondial sur le Développement Durable (SMDD) tenu à Johannesburg. Et pour mieux affiner notre analyse, nous avons pris comme période témoin et médiane, les mois de mai et juin 2003 (exactement un an avant les élections fédérales), toujours avec les mêmes quotidiens. Le but de cette observation croisée est de voir si l'importance et l'intérêt que suscitent les questions environnementales varient à travers ces différentes périodes.

Sans procéder à une analyse de contenu, il s'agit pour nous de relever tous les articles traitant des questions environnementales parus dans les trois quotidiens retenus pendant ces trois périodes afin de pouvoir faire des comparaisons. Ce suivi journalier s'est fait avec des variables suivantes :

Les variables retenues :

v Nombre d'articles parus sur l'environnement

Au jour le jour, nous avons compté tous les articles traitant des questions environnementales. Cette comptabilité nous a permis d'avoir une idée de l'espace rédactionnel accordé aux questions environnementales à travers les différentes périodes retenues.

v Nombre de parutions à la Une

C'est un indice de mise en valeur ou de mise en évidence des questions environnementales. A ce niveau, nous distinguons :

ü la «grosse manchette» quand il s'agit de la principale information annoncée sur plus de la moitié de la première page du journal avec une illustration (photographies, caricatures, dessins ou graphiques),

ü la «manchette» quand il s'agit de la seconde information en terme d'occupation d'espace de la première page avec ou sans illustration et enfin

ü l'«annonce à la Une» quand il ne s'agit que du titre de l'information annoncé sur moins d'1/16 d'espace de la première page.

v Thèmes environnementaux souvent abordés

Qu'il s'agisse du développement durable, des conventions de Rio, des principaux éléments de la terre (eau, air, sol,...) ou des principales activités qui ont un impact sur l'environnement, la démarche est de voir quels sont les thèmes qui ont les faveurs ou qui reviennent souvent dans la couverture quotidienne de l'actualité. Dans la collecte des données, ce sont les titres des articles que nous avons privilégié pour retenir les thèmes ou sujets environnementaux abordés. Quand plusieurs thèmes sont abordés dans le titre d'un seul article ou quand le sujet traité n'a aucun rapport avec les thèmes que nous avons retenus, nous les classons dans la catégorie «Autres» (voir fiche de collecte en annexe 1).

v Genres journalistiques les plus utilisés

Les genres journalistiques, qui sont des catégories utilisées par les journalistes pour caractériser la forme que prendra leur texte, ont des valeurs et des fonctions bien distinctes, comme le montre la figure 1.

Ainsi, pour rapporter des faits, la nouvelle, le compte-rendu, le reportage ou l'interview sont indiqués. L'analyse, l'enquête, le portrait sont plus adaptés pour expliquer une information. Et pour commenter, on fait souvent appel à l'éditorial, la chronique, le billet voire la caricature6(*).

Nous avons, à dessein, ajouté les rubriques «feed-back» pour les réactions des lecteurs (opinion, tribune libre, forum, ...) et «dépêches d'agence» pour avoir une meilleure idée des articles rédigés par les journalistes eux-mêmes au sein de leurs rédactions. Cette collecte des données selon les genres journalistiques donne des indications sur la ou les fonctions dominantes dans le traitement de l'information environnementale à Montréal.

Notre unité d'observation étant un numéro de chaque parution des trois quotidiens retenus, nous avons ainsi analysé cent soixante dix (170) numéros pour chaque période à raison de quarante huit (48) numéros pour Le Devoir qui paraît 6 jours par semaine, alors que La Presse et Le Journal de Montréal paraissent tous les jours de la semaine. Au total pour les trois périodes, notre corpus est constitué, en tenant compte des jours fériés, de cinq cents six (506) unités d'observation offrant 1108 articles traitant des questions environnementales. Grâce au traitement de la base de données brutes recueillies par le logiciel Microsoft Excel XP, nous avons produit des tableaux et graphiques pour comparer et analyser les résultats obtenus.

Cette collecte quantitative de données est appuyée par des entretiens aussi bien structurés que non structurés.

Les entrevues 

Les entretiens structurés sont ceux que nous avons réalisés sur la base d'une grille d'entrevue (inspirée par le schéma d'entrevue proposé par Angers, 1996) que nous avons ajustée en fonction de nos interlocuteurs.

Compte tenu du nombre très limité des journalistes spécialisés en environnement ou de ceux affectés à cette tâche au sein des quotidiens retenus pour notre étude, nous les avons tous rencontrés pour mieux appréhender comment ils traitent quotidiennement l'information environnementale et les problèmes auxquels ils sont confrontés. Toutefois, il est à noter que nous n'avons pas eu d'interlocuteurs au Journal de Montréal, parce que personne n'est affecté à cette tâche au sein de cette rédaction. « En fonction de l'actualité ou de l'urgence, c'est le Chef pupitre qui assigne n'importe quel journaliste disponible pour aller couvrir un sujet environnemental », nous a-t-on expliqué.

Nous avons également rencontré des personnes ressources qui nous ont été d'un grand secours pour la présente recherche :

La première rencontre s'est déroulée avec Monsieur Louis Leborgne, bibliothécaire spécialiste de la communication à la bibliothèque centrale de l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) qui nous a beaucoup orienté dans la recherche documentaire (avec des logiciels Badaduq et Procites 5.1) et nous a suggéré les éléments essentiels de notre méthodologie.

La deuxième rencontre a eu lieu avec Monsieur Michel Roy, encore président à l'époque du Conseil de Presse du Québec. Aujourd'hui à la retraite après plusieurs années de pratique du journalisme et après avoir franchi les différents paliers de la profession, il connaît le paysage médiatique québécois et en dresse un rapide portrait. Cette entrevue fut si instructive que nous avons par la suite eu d'autres entretiens téléphoniques avec lui au fur et à mesure que la recherche se poursuivait.

La troisième rencontre s'est effectuée avec Mme Lucie Sauvé, titulaire de la chaire de recherche du Canada en éducation relative à l'environnement à l'UQÀM. D'ailleurs, elle a, dans le passé, en collaboration avec Armel Boutard, réalisé une étude7(*) sur la presse écrite et l'éducation relative à l'environnement en évaluant des quotidiens montréalais pour les années 1987 - 1991. Mme Sauvé nous a donné les principes, enjeux et stratégies de l'éducation relative à l'environnement tout en insistant sur le rôle que peuvent jouer les médias. Elle nous a, par ailleurs encouragé à réaliser cette recherche, selon notre propre méthodologie pour voir si la situation a évolué depuis leur précédente étude.

Nous avons également rencontré Philippe Le Prestre, directeur de l'Observatoire de l'Écopolitique Internationale (OEI) de l'Institut des Sciences de l'Environnement à l'UQÀM. Avec lui, nous avons discuté des raisons de l'organisation d'une série d'activités de communication dans le cadre du sommet de Johannesburg (2002) ainsi que les raisons pour lesquelles sa structure a choisi Le Devoir comme partenaire pour publier un cahier spécial lors de cet évènement.

La mise en oeuvre de cette méthodologie nous a permis d'organiser la présente recherche en deux grandes parties :

La première partie est consacrée à une étude de cas portant sur trois quotidiens montréalais à travers trois périodes différentes suivie de quelques spécificités de la pratique du journalisme environnemental en Afrique et plus précisément au Bénin. Et comme nous n'avons pas fait le même type d'étude pour la presse béninoise, nous tenons à préciser que ces spécificités sont énumérées dans le seul but d'enrichir notre grille d'analyse.

Puis, dans une seconde partie, nous tenterons de savoir si l'environnement est un sujet difficile à traiter par les journaux avant d'aboutir à la formulation de propositions pour un «traitement durable» de l'information environnementale.

.

* 1 Maurice Strong, de nationalité canadienne, a été le Secrétaire Général de la CNUED

* 2 Roland Cayrol, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques et directeur de l'Institut CSA a préfacé Le Livre blanc de Vadrot (1997).

* 3 Peter Desbarats, Doyen École des hautes études en journalisme de l'Université Western Ontario a écrit l'avant-propos de l'ouvrage de Michael Keating (1993).

* 4 McCombs et Shaw ont réalisé une enquête sur la campagne présidentielle de 1972 aux Etats-Unis dont les conclusions sont reprises par les auteurs Iyengar et Reeves en 1997 (Cf. bibliographie).

* 5 Ignacio Ramonet est le directeur du mensuel Le Monde diplomatique qui paraît à Paris.

* 6 Pour plus de détails, voir le glossaire des termes journalistiques utilisés.

* 7 Boutard, A. et Sauvé, L. (1991). La presse écrite et l'éducation relative à l'environnement : une évaluation des quotidiens montréalais pour les années 1987-1991.Montréal, UQÀM.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand