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Crises, réformes économiques et pauvreté en Haiti. Des perspectives ouvertes par les cadres strategiques de réduction de la pauvreté

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par King Pascal Pecos Lundy
Institut Universitaire d'étude du développement / Université de Geneve - DEA en Etudes du Développement 2003
  

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5 DE L'ECHEC DES REFORMES

Nombreuses sont les raisons avancées pour expliquer le peu de résultats enregistré de ces réformes en Haïti. Parmi elles, l'inachèvement des programmes, l'incohérence des mesures, des problèmes séquentielles dans leur application, une conditionnalité parfois mal adaptée, un rythme de réformes trop élevé, le manque d'engagement des acteurs étatiques sont parmi les éléments avancés.

a) Interruption des mesures

De l'avis des institutions internationales, le manque d'efficacité enregistré dans les réformes en Haïti découle des responsabilités nationales. Pour elles, les efforts ont été compromis du fait que les différentes mesures ont été soit appliquées partiellement soit interrompues en raison de troubles politiques affectant la cohérence, la continuité et le calendrier de ces réformes économiques. Il est vrai que depuis 1986 et à plusieurs reprises, « les mesures d'austérité ont été suspendues sous la pression

63 DEWIND ET KINLEY, op. cit., p. 69.

64 JACOB Sergot, op. cit, p. 80.

65 DOURA Fred, Ibid., p. 16.

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socio-politique pour être reconduites sous la pression financière renouvelée [...] »66 et que les gouvernements n'ont mis en application qu'une partie des programmes - le plus souvent la partie qui

est la plus facile à mettre en oeuvre et à laquelle les bailleurs de fonds sont le plus souvent sensibilisés.

En plus de cet aspect, il faudra considérer les engagements non tenus des bailleurs. Cet élément, la suspension des financements officiels, affecte autant les résultats que l'interruption des réformes. La CNUCED dans son rapport 2000 sur les PMA schématise à partir des travaux de Sachs et al. (1997)67,

En effet lorsqu'un pays interrompt son programme, le FMI suspend ses décaissements et il très possible que cela entraîne un effondrement des ressources budgétaires, ce qui est justement ce qu'on devrait chercher à éviter. [Or], lorsque le FMI décide de suspendre ses

décaissements, il est imité par les autres grands créanciers, notamment la Banque mondiale et les donateurs bilatéraux. Cela aggrave considérablement la situation budgétaire et donne l'impression qu'il a eu raison de suspendre ses décaissements. Il en résulte une longue période de blocage, suivie par des négociations difficiles en vue d'une reprise des

décaissements (p.7).

Ceci illustre parfaitement le cas haïtien où l'ensemble des bailleurs a bloqué leurs aides à partir de

1997 en gardant le strict minimum, la partie liée à l'aide humanitaire. Ce qui a par exemple entravé la poursuite des réformes agraires engagées à la fin de 1996, les efforts de déconcentration

/décentralisation de l'Etat.

En plus, il faut aussi considérer à la fois, le rythme et les conditions dans lesquelles se sont opérées ces réformes, les préalables nécessaires, leurs orientations et les mesures proposées qui n'avaient rien à voir avec la réalité du pays.

b) Des problèmes de séquences

« La réussite des politiques par rapport à leurs objectifs dépend de l'environnement international et interne mais également de la cohérence des mesures (police package), de l'ordre des séquences et de la rapidité de leur mise en oeuvre »68. La séquence des mesures adoptées ne s'est pas effectuée dans le sens de la réussite des réformes: à titre d'exemple, la déprotection des marchés nationaux a précédé leur consolidation, alors que l'objectif était de relancer les exportations.

c) La recherche de bénéfices instantanés

Motivés le plus souvent par des considérations politiciennes - calmer les tensions sociales en milieu urbain en pratiquant une politique alimentaire à bas prix, préserver leur légitimité politique, conserver

le soutien politique des couches populaires urbaines, accélérer le décaissement de l'aide internationale pour ne citer que celles là, etc., les gouvernements en place lors de leur implémentation ont privilégié

les bénéfices ponctuels au détriment du moyen et long terme en faisant fi des conséquences de leurs choix.

66 JACOB Sergot, Ajustement Structurel en Haïti : Evaluation et études d'impacts, Mémoire de Master en gestion et évaluation de projets, Institut de Politique et de Gestion du Développement, 1999-2000, p.80.

67 CNUCED, Les pays les moins avancés, Rapport 2000, Nations-unies, New York et Genève, 2000, p. 117.

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Rappelons que par rapport au premier, les négociations du second PAS se sont déroulées dans un climat pour le moins houleux qui ont conduit notamment à la paralysie du pouvoir exécutif en raison des divergences d'opinion entre la présidence et la primature, à son instrumentalisation par les différents acteurs et décideurs politiques.69

d) le poids du contexte socio-politique

Il est reconnu une relation entre politique et croissance économique, d'autant que cette dernière est influencée par des caractéristiques très diverses des systèmes politiques. L'environnement socio- politique haïtien est caractérisé par des turbulences plus ou moins fortes suivant les périodes. Pour certains, ces turbulences seraient à la base de l'insuccès des reformes économiques mises en place. Cependant si elles ont joué un rôle dans l'échec, elles ne sauraient être le facteur déterminant. Elle ne peuvent expliquer qu'en partie cet échec. On a noté que les reformes et les différentes mesures, le plus souvent impopulaires, ont été pour la plupart d'entre elles mises en place durant des périodes de troubles socio-politiques ou de calme précaire. Ceci n'est pas sans raison. Question de justifier leur nécessité ou de trouver des explications quant à leur éventuel échec.

Au milieu de la décennie 80, les réformes ont été engagées peu de temps après la chute du régime dictatorial trentenaire des Duvalier et durant la décennie 90, elles ont servi comme conditions de retour

au pouvoir en octobre 1994 du gouvernement élu démocratiquement trois ans plus tôt. Ainsi, elles ont

donc été établies durant des périodes très difficiles et très particulières marquées par le dysfonctionnement des structures démocratiques, la faiblesse institutionnelle et l'incapacité des gouvernements et organisations nationales en place, notamment du secteur privé des affaires à formuler une contre-proposition. Choix délibéré ou simple conjoncture, il est difficile à faire la répartition.

e) L'incapacité du secteur privé haïtien

L'autre élément à prendre en compte est l'incapacité du secteur privé haïtien. S'il est vrai que dans les pays pauvres, les contraintes structurelles et la fragilité des institutions ont empêché le secteur privé de répondre positivement aux incitations qui sont censées être la pièce maîtresse du processus d'ajustement, ceci n'explique qu'en partie le cas du secteur privé haïtien, notamment celui communément appelé ``secteur des affaires''. Son incapacité à anticiper voire à prendre le relais suite

au retrait de l'Etat est inhérente à sa nature et à son mode historique de fonctionnement.70 Opaque, non

concurrentiel, intérêt de classe, ce secteur a toujours su composer avec le système de prédation pour en

68 GERRAOUI, op. cit, p.40.

69 Voir à propos, Fritzner GASPARD, Les implications politiques d'un programme d'ajustement structurel en Haïti après le retour au pouvoir

du Président Aristide, Mémoire pour l'obtention du DES en études du développement. IUED, Genève, novembre 1997, pp. 84-85.

70 Pour une analyse du secteur privé haïtien, de ses faiblesses, des défis et des rôles qui l'attendent, voir Henri BAZIN, Le secteur privé haïtien à l'orée du troisième millénaire : défis et nouveaux rôles, Imprimeur II, Port-au-Prince, 2000.

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tirer les avantages au moindre effort. Exportateurs et industriels dans les premières heures, ils se sont tous mués en importateurs des mêmes produits qu'ils produisaient (sucre, ciment, etc.) et des produits alimentaires. Ce qui a poussé bon nombre d'observateurs à avancer que ce secteur devrait aussi faire l'objet de restructuration au vu de ses performances qui ne diffèrent pas de celles de l'Etat.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon