WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Crises, réformes économiques et pauvreté en Haiti. Des perspectives ouvertes par les cadres strategiques de réduction de la pauvreté

( Télécharger le fichier original )
par King Pascal Pecos Lundy
Institut Universitaire d'étude du développement / Université de Geneve - DEA en Etudes du Développement 2003
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b) Système de polarisation et d'exploitation

Comme il est le cas dans les autres pays occidentaux, le système et le régime économique en vigueur

en Haïti sont ceux du capitalisme libéral. Contrairement à ses homologues occidentaux, il n'a pas été introduit en Haïti de profondes réformes dans les structures du système capitaliste mis en place au XIXème siècle. De par son passé de colonie d'exploitation et ce, jusqu'à la période récente Haïti a développé une économie agraire basé sur les exportations de matières premières donc de l'exploitation minière. Tout au long du XIXe et XXe siècle, les différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir ont poursuivi le même modèle économique basé sur le commerce extérieur en exportant des produits tels le café, le cacao, le sisal, le bois, pendant que la grande majorité s'intéressait beaucoup plus aux cultures vivrières. De 1860 à 1890 les exportations du café par exemple sont passées de 60 à

79 millions de livres. A partir des années 1970 les industries d'assemblage et les manufactures ont pris une place significative dans l'économie du pays.

Les structures ont peu évolué et n'ont pas non plus subi de véritables modifications. Le système mis en place, basé sur l'exploitation et des rapports de production défavorable aux paysans, a profité à une oligarchie détenant les rênes du pouvoir politique et ayant de rapports privilégiés avec le capital étranger qu'elle entendait faire fructifier. Ainsi seules les grandes plantations, dont la production est orientée vers l'extérieur, ont pu bénéficier des investissements et de la protection des pouvoirs publics.

La paysannerie, livrée à elle-même, est restée bloquée et incapable de se moderniser. Dans l'ensemble

« ces structures ont abouti à un régime de libéralisme intégral à la faveur duquel la population rurale et

les catégories urbaines défavorisées sont soumises à une exploitation impitoyable par les oligarchies économiques, financières et administratives ». Parmi les conséquences du maintien de ce système, on assistera à l'éclatement d'une crise agraire qui perdure encore.

c) Traits prédominants de l'économie haïtienne

Õ i) Eléments caractéristiques du secteur agricole

L'agriculture, très faiblement mécanisée, se retrouve dans une situation de crise et soumise aux aléas des conditions naturelles. La productivité est très faible. Plus de 600 000 exploitations, disposant pour

la grande majorité de parcelles de très faibles superficies (1,4 ha en moyenne/exploitation) et dispersée, assurent la production des vivres et des denrées. Le ratio terre/habitant devient de plus en plus épineux en regard de la vitesse d'accroissement de la population qui accentue davantage la problématique de l'accès à la terre et tous les problèmes liés à la succession des titres de propriétés. Plus de 70% de ces exploitations ont moins d'un carreau (1,29ha) alors qu'il en faudrait le double pour

_________________________________________________________ _________________

Crises, réformes économiques et pauvreté en Haïti

8

qu'une famille puisse vivre (voir tab. 1.1). La production alimentaire, axée sur l'autoconsommation -

le surplus est commercialisée, couvre à peine la moitié des besoins alimentaires de la population. De

1989 à 1999, le taux annuel moyen de croissance de cette production a été de -3,2% suivant les données fournies par la banque mondiale, un recul important comparé au -0,55 de la décennie antérieure, 1979-1989. L'insécurité foncière, l'exiguïté des parcelles de production, l'explosion démographique, l'érosion et la dégradation de l'environnement, la baisse de la fertilité des sols, l'aide alimentaire, les prélèvements opérés sur les paysans-producteurs, l'absence de financement et l'insuffisance des investissements, l'absence d'infrastructure et leur dégradation, les carences dans les politiques publiques particulièrement en ce qui concerne les politiques des prix agricoles, sont parmi

les facteurs d'ordre naturel et politico-économique à l'origine de ce déclin. Cette baisse de la

production alimentaire reflète la structure archaïque de l'économie et démontre surtout la dégradation des conditions de la production générale de ce secteur. Parallèlement, la production des principaux produits d'exportations tels le café, cacao, huiles essentielles ont subi la même évolution. Ce qui n'est pas étonnant quand on sait qu'ils sont produits dans les mêmes conditions archaïques que la production vivrière.

Ainsi donc, l'agriculture est précapitaliste, archaïque dans ses méthodes de production et génère des rendements à l'hectare et une productivité sociale du travail très faibles, donc, insuffisant pour soutenir

un développement autonome et durable.

Tab. 1.1 Répartition des exploitations en nombre et en surface

Classe de dimensions des

Nombre

% du nombre total

Superficie totale en

% de la surface totale

exploitations en carreaux*

d'exploitations

d'exploitations

carreaux

 

0,01-0,5

293 725

47,6

94 020

14,0

0,51-1,00

144 270

23,4

123 855

18,5

1,01-2,00

110 260

17,9

175 030

26,1

2,01-4,00

49 370

8,0

143 390

21,5

4,01-10,00

16 910

2,7

99 120

14,9

Plus de 10,00

2 175

0,4

33 980

5,0

Total

616 710

100,0

669 395

100,0

Source : Doura, 2001 :82 élaboré à partir IHS,1973 ; Banque Mondiale, 1985 * 1 carreau=1,29 ha

Õ ii) Eléments caractéristiques du secteur industriel

Le secteur industriel est très précaire et manifeste très peu de dynamisme. Il comprend les industries orientées vers la satisfaction des besoins du marché national produisant des produits alimentaires, boissons, articles ménagers, etc. ; celles travaillant les matières premières locales et celles s'occupant des assemblages et enfin les petites et moyennes entreprises.

_________________________________________________________ _________________

Crises, réformes économiques et pauvreté en Haïti

9

Le secteur se caractérise par la faiblesse de sa contribution dans le produit intérieur brut. Les années quatre vingt dix marquent l'effondrement de la production industrielle - au rythme de croissance moyen annuel supérieur à dix pour cent (-11,1% en 1980-1989). Ce secteur a crée très peu d'emplois

et du fait de la concentration des entreprises dans la capitale a fortement contribué dans les déséquilibres spatiales relatifs à la répartition de la population, les déséquilibres dans les investissements, les déséquilibres dans le marché de l'emploi pour ne mentionner que ceux-ci. L'une des conséquences de cette concentration n'est autre que le transfert de la pauvreté du milieu rural au milieu urbain, en particulier à Port-au-Prince qui a subi une certaine ruralisation. Transfert rendu possible par la crise agraire et les perspectives d'emploi dans le secteur de la sous-traitance utilisant une main-d'oeuvre non qualifiée et bon marché.

La concurrence exercée couplée aux conséquences des trois années d'embargo commercial (1991-

1994)et à l'instabilité politique a réduit le nombre des entreprises intervenant dans ce sous-secteur. Bon nombre d'entre elles ont été transférées vers d'autres pays de la région, et d'autres continents tel

la Chine. Aujourd'hui le nombre d'emploi offert par ce secteur est nettement inférieur par rapport aux début des années quatre vingt.

Parmi les traits fondamentaux qui caractérisent l'économie haïtienne et qui prédominent, il y a lieu de noter :

i. La dépendance à l'égard de l'extérieur pour les capitaux, les approvisionnements en biens et services, et aussi pour écouler ses productions

ii. une situation de dualisme économique très prononcé qui se manifeste par la juxtaposition d'un secteur traditionnel relevant de l'économie artisanale et d'un secteur relativement moderne se rattachant à l'économie capitaliste. L'organisation économique urbaine est fondée sur l'industrie,

le commerce et les services tandis que l'économie rurale, celle du ``pays en dehors'' s'appuie principalement sur l'agriculture. Ce qui donne l'aspect d'un pays à deux vitesses.

iii. La non-intégration des différents secteurs de production : Les différents secteurs de production

ne sont pas reliés les uns aux autres et les échanges inter-secteurs restent très limités. Il n'y a pas

de complémentarité entre eux et ils ne sont pas articulés à l'ensemble de l'économie. Les industries et entreprises fonctionnent comme des enclaves et concernent des productions n'ayant rien à voir avec la demande nationale, elles n'entretiennent aucune relation de complémentarité avec les autres secteurs. L'agriculture ne bénéficie donc d'aucuns effets d'entraînement en absence d'agro-industries.

iv. L'extension et la gravité des déséquilibres structurels. Ces déséquilibres sont nombreux et tendent à s'aggraver avec le temps. On ne peut que mentionner ceux du système de production et

de commercialisation des produits agricoles à la base de la paupérisation rurale, les contraintes

de la consommation ; la déséquilibres démographiques due à la croissance élevée de la

_________________________________________________________ _________________

Crises, réformes économiques et pauvreté en Haïti

10

population ; la pénurie du capital national due à la faiblesse de l'épargne ; les déséquilibres entre l'offre et la demande des biens et services ; les déséquilibres budgétaires incessants résultant de l'incapacité de l'Etat a améliorer ses recettes et de l'augmentation de ses dépenses, etc.

L'évolution récente de l'économie haïtienne est marquée par la stagnation voire le déclin des productions agricoles et industrielles, l'hypertrophie du secteur des services et des activités informelles. Haïti serait caractérisée par les contradictions d'une économie dépendante dont les structures agraires industrielle, de classes et le mode d'utilisation du surplus économique freinent toute forme d'accumulation productive. La persistance de ces traits caractéristiques ne permet-elle pas de douter de la possibilité pour l'économie nationale de décoller ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite