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Crises, réformes économiques et pauvreté en Haiti. Des perspectives ouvertes par les cadres strategiques de réduction de la pauvreté

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par King Pascal Pecos Lundy
Institut Universitaire d'étude du développement / Université de Geneve - DEA en Etudes du Développement 2003
  

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Annexe 4 : cadre stratégique de réduction de la pauvreté : Appréciation critique

La démarche des cadres stratégiques suscite de nombreuses critiques, de doutes et de suspicions. Les critiques portent à la fois sur des causes techniques, idéologiques et politiques. Par rapport au cas haïtien nous voudrions mettre emphase sur les procédures d'élaboration

du document national et sur le choix des politiques à implémenter.

Le Processus de participation

Les procédures de participation à priori doivent permettre l'intégration les revendications des pauvres dans la formulation des stratégies et des politiques. Cette intégration se fait par la mise en place de filets sociaux pour contenir les effets de court terme des reformes économiques et des politiques sociales ciblées sur les groupes identifiés comme étant les plus vulnérables. Ainsi, la principale avantage

de l'approche participative serait de faciliter une meilleure compréhension de la nature pluridimensionnelle de la pauvreté et d'inscrire son

analyse et les réponses à apporter dans une perspective englobant les priorités des pauvres eux-mêmes. Ensuite elle (1) favorise la diffusion des conclusions des chercheurs, en leur donnant plus de poids dans les mesures prises en ouvrant le processus de recherche à divers groupes (ONG, acteurs économiques, société civile, groupe de base,...) ; et (2) aide au renforcement des capacités d'analyse et de suivi de la pauvreté. 113

Toutefois, les raisons de ce processus de participation vont au-delà de ces avantages. Vise-t-il dans ce cas à favoriser l'efficacité des nouvelles stratégies ? Pour certains, cette participation se fait dans l'unique but de légitimer une stratégie à laquelle la société civile n'a pas réellement participé. Pour d'autres, elle ne remet pas en cause le programme macroéconomique du Fonds mais permet surtout aux ONG de comprendre la nécessité des reformes proposées par les IFI. A ce titre il est nécessaire de questionner les critères d'invitations, le choix des participants et par-dessus tout le coordinateur et ou promoteur des consultations : Des questions de ce type sont à poser : Qui s'occupe des procédures d'organisation ? Pourquoi ? D'où provient son autorité ? .

Ces questions sont importantes dans la mesure que la coordination institutionnelle de la démarche pose problème au niveau national. Lors des périodes d'ajustement le premier rôle était essentiellement attribué au ministère de l'économie et des Finances. De nos jours, dans certains pays, il semble obliger de le partager avec le ministère de la planification. En Haïti, le PNUD, en se positionnant comme catalyseur de la démarche, semble dans les faits joue le rôle de coordinateur.114 Il remplit un vide laissé par un Etat se trouvant en pleine crise de légitimité. D'autant qu'à l'instar de bon nombre de pays pauvres l'absence de démocratie est la norme en Haïti où non seulement

les décisions sont toujours prises de manière verticale mais aussi l'existence de contre-pouvoirs est mal vécue par les autorités en place. Les organisations de la société civile, quand elles ne sont pas contrôlées par les pouvoirs publics, arrivent difficilement à s'exprimer et porter leurs revendications pour des raisons liées aux contraintes techniques, financières notamment. Au-delà des réserves que l'on peut avoir sur la manière de consulter la société civile et les mécanismes y afférents, la voie de la consultation est à encourager et à prendre avec une certaine prudence. Etant donné que les réalités diffèrent d'un pays à un autre, la participation de la société civile devrait à priori suivre aussi ces différences.

Les Politiques macro-économiques

L'autonomie des pays dans le choix et la conception des politiques à implémenter est mise en avant pour démontrer la responsabilité qui

est accordée à l'Etat. Ce qui sous-entend que leurs politiques ne seront plus conçues de l'extérieur, par les donateurs et les IBW, mais élaborées au niveau national par l'ensemble des acteurs de la société. Vu sous cet angle, la formule semble être parfaite. Mais se pose,

le problème du financement des stratégies à mettre en place. Les pays pauvres, du fait de leur faible capacité d'épargne et

d'investissement, sont obligés d'avoir recours au financements externes et à l'aide internationale au développement. Comme le dit un vieux proverbe : « Qui finance, commande ».

Accéder au financement international, c'est une chose ; répondre aux conditions d'obtention de ce financement, c'en est une autre. Les pays demandeurs doivent donc pouvoir répondre aux critères établis par les différents créanciers. Ainsi les prêts et les aides des pays donateurs «[...] seront essentiellement destinés aux pays qui poursuivent de bonnes politiques de réduction de la pauvreté et qui possèdent et qui possèdent de bons systèmes de gouvernance pour formuler et mettre en oeuvre ces politiques [..]. Les donateurs coopéreront avec ces pays dans un esprit de partenariat au service du développement »115.

113 ROBB, Caroline M., « Aider les pauvres à entendre la voix des pauvres », Financement et Développement, Décembre 2000, p. 23.

114 Sur ces trois dernières années, la représentation locale du PNUD s'est montré très entreprenant dans la conduite de réflexion

intersectorielle, faisant appel à la participation d'acteurs issus d'horizons différents, et qui a abouti à des propositions de stratégies. Par exemple, le Bilan commun de pays est élaboré en 1999

115 CNUCED, Rapport 2002..., p.225.

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Crises, réformes économiques et pauvreté en Haïti KPP LUNDY/Memoire de DEA

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L'une des trois conditions d'accès à l'initiative PPTE (pays pauvres très endettés) n'est-elle pas la poursuite continuelle d'une politique d'ajustement et de réformes. C'est à juste titre que le FMI a changé sa Facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR) en Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC). Loin d'etre abandonnées les PAS sont dorénavant couplées à la réduction de la pauvreté, tel qu'il peut être observé dans les différents cadres intérimaires et définitifs déjà élaborés. Ces différentes versions reflètent les PAS quand on analyse les différentes mesures envisagées pour atteindre la croissance116. L'importance accordée au problème de la pauvreté et aux autres problèmes sociaux ne remplace pas les stratégies de développement mises en oeuvre dans le cadre des PAS, mais les complète. Les principes fondamentaux restent les mêmes : libéralisation, ouverture et intégration rapide et étroite dans l'économie mondiale117.

Ainsi s'il y a autonomie, elle semble être plutôt du coté de la conception des politiques et mesures sociales à prendre. « L'acquisition d'une autonomie décisionnelle est entravée par pénurie de capacités nationales clefs comme la compréhension des relations complexes existant entre la pauvreté, le développement et la mondialisation ainsi que la traduction de ces liens dans des mesures concrètes ».118 Les pays seront-ils en mesure à respecter les ratios d'équilibres macro-économiques tout en mettant accent sur les dépenses sociales. N'est-il pas contradictoire de lutter d'une main contre les conséquences négatives de l'application des PAS et de mettre en oeuvre de l'autre ces mêmes mesures au travers des cadres stratégiques de réduction de pauvreté ?

Éléments de rupture avec les anciennes pratiques?

Désormais, les programmes appuyés par les deux institutions reposent sur une stratégie de réduction de la pauvreté (SRP) menée par chaque pays, élaborée de manière concertée avec la société civile et résumée dans un document de stratégie. Malgré l'accueil favorable dont ils ont bénéficié des pays et des bailleurs bilatéraux, Le FMI reconnaît que la mécanique n'est pas encore tout à fait établie et qu'il faut procéder à des affinages progressifs. Ainsi les nouvelles stratégies ne sont pas dénuées d'ambiguïtés et d'incohérences119 et qui nécessitent des améliorations. Pour le FMI, il s'agit d'un coté, de mesures à prendre pour rendre les processus participatifs plus ouverts et pour formuler et mettre en oeuvre les politiques qui accélèrent la croissance économique. De l'autre coté, d'adapter les concours des donateurs aux CSLP, de simplifier et harmoniser leurs procédures et s'employer à améliorer la prévisibilité des flux d'aides. Ces correctifs semblent être très peu par rapport aux insuffisances relevées par la CNUCED dans le contenu des CSLP nationaux. A partir des observations de l'IDA, de l'OIT, de l'OCDE et de l'OMS elle a noté ces éléments comme l'absence de stratégie de croissance à long terme ; la faible intégration des projets sectoriels ; l'accent mis sur une meilleure gestion et une répartition favorable aux pauvres des dépenses publiques au détriment de l'investissement privé et de la création d'emplois.

Au-delà des critiques, pour la plupart fondées, les nouvelles stratégies, par rapport aux innovations apportées semblent marquer une certaine rupture avec les pratiques passées. Au stade actuel, elles sont certes très imparfaites, mais porteuses d'espoirs chez certains observateurs et suscitent chez d'autres, des doutes quant aux difficultés de les traduire en action sur le terrain. Il n'en demeure pas moins que les cadres stratégiques devraient fournir l'opportunité de voir les politiques publiques et l'aide internationale changer de nature, dans

un sens plus favorable au développement et faisant appel à une plus grande participation citoyenne.

116 Voir Policies to Roll-back the State and Privatize ? Poverty reduction Strategy Papers investigated, WIDER, Discussion Paper No.

2001/120, November 2001

117 CNUCED, De l'ajustement à la réduction de la pauvreté : Qu'y a-t-il de nouveau ? Nations Unies, New York, Genève,

118 CNUCED, Les pays les moins avancés. Rapport 2002. Nations Unies, New York, Genève, p. XV.

119 CLING J.-P., RAZAFINDRAKOTO M., ROUBAUD F., dir. (2002), La Banque mondiale et la lutte contre la pauvreté : tout changer pour que tout reste pareil ? DIAL, Document de travail, DT 2002/09, Septembre 2002

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