b) Les caractéristiques et les causes
identifiées de la pauvreté en Haïti
Au niveau global, la pauvreté est , entre autres,
caractérisée par :
- Un faible revenu per capita associé aux insuffisances
sur le plan social ( voir tab. 1.4) ;
- Un accès limité pour satisfaire les besoins
caloriques quotidiens. La population dépense plus de la moitié
de son revenu pour se nourrir, et cette proportion est encore plus
élevé pour certaines catégories.
- La chute continuelle du niveau de vie pour des
motifs politiques liés aux effets de l'embargo, aggravé par
l'instabilité politique depuis 1997. Entre 1985 et 1995 le PIB par
habitant a décliné au rythme moyen annuel de 5,2%.
Si l'unanimité se fait autour des manifestations et
caractéristiques de la pauvreté en Haïti, de ses
causes, par contre les opinions semblent diverger sur la manière dont
cette pauvreté s'est étendue.
Pour Mats LUNDAHL, ce sont surtout les forces politiques
combinées à des facteurs structurels, comme la croissance
démographique et l'érosion, qui sont responsables de
l'appauvrissement rural et
7 CORTEN André, op. cit., p. 13.
8 Dès le 19ème
siècle, des auteurs haïtiens ont commencé par s'y
intéresser. Voir par exemple, Demesvar DELORME, La misère au sein
des richesses : Réflexions diverses sur Haïti, Paris, 1873
9DOURA Fred, Economie d'Haïti :
Dépendance, Crise et Développement, Editions DAMI,
Montréal, 2001, Tome 1, p. 17.
10 VERDIEU Ernst, « Haiti, une
économie de répression » in Haïti Briser les
chaînes, Edition Pierre-Marcel Favre, Collection CETIM, Geneve,
1984, p. 103.
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Crises, réformes économiques et pauvreté
en Haïti
13
non les imperfections du marché.11
Pour lui, ceux qui dénoncent les imperfections du
marché exagèrent, car les marchés tendent à
être compétitifs dans la plupart des cas, à moins que les
forces politiques n'interviennent. La passivité et la corruption
des détenteurs des pouvoirs politiques, le manque de
progrès technologique, la prévalence de maladies
infectieuses et les carences nutritionnelles sont les principaux
déterminants de cet appauvrissement.
Dans son analyse Alex DUPUY réfute
l'argumentation de Lundahl sur la fluidité des marchés en
Haïti.12 Il voit l'appauvrissement haïtien comme le
résultat du sous-développement structurel de
l'économie haïtienne. Celui-ci se manifeste à
travers les diverses formes d'exploitation et d'assujettissement de
la paysannerie ; le système de tenure foncière et de
leur répartition, lequel détermine la taille des
exploitations agricoles et les relations entre les différentes
catégories des paysans, d'une part, et entre eux et les classes
privilégiées d'autre part ; l'organisation spatiale de la
production et le type d'exploitation, conditionnés par les
systèmes de production et les rapports cultures vivrières
et cultures de rente ; la persistance des méthodes
traditionnelles de travail, et l'absence d'encadrement technique et
d'assistance financière de la part de l'Etat haïtien.
De l'analyse de la banque mondiale, les causes
fondamentales de la pauvreté du pays réside essentiellement
dans sa longue histoire d'instabilité politique et son manque de
gouvernance.13 Entre autres facteurs, elle souligne la
corruption, une croissance insuffisante résultant des distorsions
enregistrées au niveau macroéconomique et du faible niveau
des investissements privés, et des investissements insuffisants
dans le capital humain et de leur concentration dans le milieu urbain. Ces
facteurs, couplés au rythme de croissance de la population,
interagissent etre eux pour déboucher sur une spirale descendante. Pour
la Banque, Haïti est ainsi prise dans le piège de la
pauvreté - `'Poverty Trap''- pour lequel les issues semblent
incertaines.
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