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Inventaire et hiérarchisation de paramétres structuraux et ultrastructuraux de la variabilité intra spécifique de certaines propriétés mécano physiques des tissus ligneux

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par Christophe Gachet
Université Bordeaux 1 Sciences et Technologies - Doctorat Thèse PhD 2003
  

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1.2.2 Les microfibrilles de cellulose : des éléments essentiels de renfort pariétal

Le regroupement en « bâtonnets » rigides rectangulaires des chaînes linéaires cellulosiques est

fortement favorisé par la présence de groupements hydroxyles périphériques sur chaque maillon (monomère) cellobiose. Cette association supramoléculaire est appelée « microfibrille

de cellulose ». La taille de ces « segments » cellulosiques, quasi cristallins, varie généralement en fonction de l'espèce ligneuse considérée. En dépit de cette variabilité de

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Inventaire des facteurs essentiels de la variabilité intra arbre des propriétés mécaniques des tissus ligneux

dimension, il est possible de donner une estimation de la longueur de la microfibrille de

l'ordre de 1,5 à 5 nm. Les faisceaux de microfibrilles, séparés les uns des autres par des couches de cellulose (plus ou moins organisée) ou d'hémicelluloses, se regroupent pour former des agrégats, nommés fibrilles, dont l'épaisseur est généralement comprise entre la dizaine et la vingtaine de nm (Hult et al, 2000).

1.2.2.1 Prise en compte des différents caractères de la structure microfibrillaire dans une perspective mécanicienne

Un renfort filamentaire régulier en dépit d'une structure discontinue

Depuis longtemps, des études, menées à l'échelle sub-microscopique (Mark, 1967, Fengel et

al, 1984) ont souligné le caractère discontinu des microfibrilles. Par diffraction des rayons X puis par microscopie électronique, la présence systématique de zones amorphes désordonnées distribuées sur la longueur de la microfibrille a été montrée. Les cristallites de cellulose ne représentent ainsi pas une phase continue. De surcroît, ces éléments cristallins apparaissent fortement variables dans leurs dimensions (Mark, 1967). L'organisation exacte des cristallites dans la microfibrille n'a, jusqu'alors, pas été parfaitement élucidée (nombre, disposition spatiale). Elle a donc été sujette à de multiples interprétations et a donné lieu à plusieurs modélisations (en particulier celles de Fengel, 1968, et de Mark, 1980).

Diverses techniques expérimentales (localisation de l'accessibilité de la cellulose amorphe à certaines molécules, diffraction rayons X, ...) conduisent à une évaluation du taux de cristallinité de la cellulose du bois de l'ordre de 60 à 70% (Preston, 1964 dans Panshin et al,

1980). Devant une telle proportion de cristallites, et une longueur de segment cristallin bien supérieure à celle de la zone amorphe, les descriptions mécaniciennes envisagées à cette échelle considèrent que les microfibrilles assurent un renfort filamentaire régulier et continu à

la sous couche S2. La justification de cette approximation de continuité a été décrite par

Salmèn et al (1985, 1986) avec son modèle de fibre aplatie. Celui-ci, reprenant les équations

de Halpin Tsai (évaluation des caractéristiques élastiques d'un composite renforcé par des fibres courtes), a montré, expérimentalement (fibres mercerisées et régénérées), qu'une diminution de la rigidité axiale de la fibre n'est observée que dans le cadre de modifications simultanées du taux de cristallinité et de la longueur des zones cristallines. Des modifications locales (ponctuelles) de cristallinité le long de la fibre ne conduisent pas à des changements majeurs de rigidités. En quantifiant l'impact d'une modification de la longueur des renforts cellulosiques, sur les modules élastiques de sous couche (méthode « auto cohérente »), Vieville (1992) est également arrivé, de manière plus théorique, à la même conclusion.

Des fibres cellulosiques aux propriétés mécaniques homogènes

Bien que de nombreux travaux (Mark, 1967, Fengel et al, 1984) aient montré d'une part l'existence d'incrustations lenticulaires (lignines mêlées d'hémicelluloses) séparant les microfibrilles, et d'autre part la présence de liens désordonnés entre microfibrilles d'une même lamelle (ou entre lamelles adjacentes d'une même sous couche, Boyd et al, 1975, Figure 1.2), le renfort cellulosique pariétal est très généralement décrit comme étant assuré par des fibres mécaniquement homogènes.

Certaines modélisations d'effet mécano sorptif survenant lors de la morphogenèse cellulaire

(déformations résiduelles de maturation) ne négligent pas l'incidence de ces interactions

« fibres - matrice » sur les propriétés mécaniques du réseau microfibrillaire.

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Ainsi, la modélisation monodimensionnelle de Gril (1987), inspirée de celle de Boyd et al,

(1975), schématise la nappe microfibrillaire par un réseau de poutres cellulosiques élastiques encastrées, au sein duquel les incrustations lenticulaires de matrice, localisées aux noeuds du milieu périodique, sont assimilées, par leur fonction, à des ressorts. Ces ressorts, schématisant

le rôle joué par la lignine lors de la maturation cellulaire, tendraient à « dilater » le réseau cellulosique dans les directions transverses aux microfibrilles et à le raccourcir dans la direction axiale, à la manière d'un « vérin mécanique ».

Un comportement élastique anisotrope

L'hypothèse d'un comportement élastique anisotrope de la microfibrille, imputé à une orientation spécifique des cristallites par rapport au grand axe microfibrillaire a déjà été avancée (Mark, 1975). La prise en compte d'un tel comportement mécanique anisotrope de la fibre dans le comportement mécanique de la paroi n'est cependant pas unanime. Généralement intégré dans les modèles de paroi multicouches à fibres parallèles (Bergander,

2001), il n'intervient sur les modules élastiques de paroi que comme un paramètre de second ordre. Ce degré de sophistication n'est en conséquence pas retenu, dans d'autres approches sélectives du rôle mécanique de chaque sous couche (Guitard et al, 1999).

Superposition « locale » des microfibrilles dans la sous couche S2

Récemment (Daniel et al, 1998, dans Bergander, 2001), des microphotographies électroniques

de microfibrilles dans la direction longitudinale de la cellule ont montré l'existence de structures ondulantes dans la paroi secondaire assez semblables à la configuration en

« treillis » observée en son temps par Boyd et al (1975) (Figure 1.2).

D'autres auteurs (Kataoka et al, 1992), considèrent que la construction de la sous couche S2

est assurée par des dépôts successifs et croisés de faisceaux microfibrillaires (Figure 1.3).

Figure 1.2 Micrographie électronique montrant la configuration en forme de treillis observée entre les

microfibrilles de lamelles adjacentes lors de la lignification, tiré de Boyd et al (1975). L'intervalle entre les deux repères correspond à 0.3 m

Cet empilement ordonné conduirait, selon ces derniers, à l'existence d'une architecture locale

en treillis dans l'épaisseur de S2. Les angles de croisement des microfibrilles relevés par

Kataoka et al sur Cryptomeria Japonica D (Sugi) sont périodiques et leurs valeurs vont de 11

à 35 degrés. Cette configuration en treillis semble assez semblable à celle relevée habituellement dans la sous couche S1 (les angles de croisement dans S2 sont néanmoins plus faibles que ceux obtenus dans S1). Bien que l'AMF ait été souvent mesuré, les mécanismes

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cellulaires à l'origine de sa mise en place ne sont encore pas, à l'heure actuelle, bien élucidés

(Chaffey et al, 2000).

Figure 1.3 Croisement et superposition des microfibrilles (mis en évidence par microscopie électronique)

dans les parois radiales de la sous couche S2

.

Dans l'ensemble des travaux cherchant à modéliser les voies de passage micro-macro, les microfibrilles dans la sous couche S2 (et dans les autres sous couches) sont néanmoins considérées comme étant strictement parallèles entre elles. On notera que l'observation des architectures des différentes sous couches (de type treillis ou proche de celles des feutres) est fortement dépendante de la technique expérimentale utilisée (effet de contraste).

Disparité bibliographique des caractéristiques élastiques de la microfibrille de cellulose

Dans leurs propositions de modèles, visant à évaluer les propriétés élastiques de la paroi cellulaire, les mécaniciens du bois utilisent très généralement un module élastique longitudinal de microfibrille (dit « module d'Young des microfibrilles ») assimilé à celui des chaînes de cellulose purement cristalline (cellulose I). Les paragraphes précédents ont évoqué

la structure discontinue de cet élément essentiel du renfort filamentaire de la paroi. Il convient donc de préciser les « limites » de la prise en compte de telles valeurs dans les différents modèles proposés.

Une banque de données assez variée

La littérature, qu'elle soit issue d'études ultrastructurales ou plus mécaniciennes, fait état, de diverses valeurs numériques caractérisant, à priori, la rigidité axiale des microfibrilles. L'examen de cet ensemble d'éléments bibliographiques, assez hétérogène, amène quelques commentaires.

Des valeurs représentatives de la structure microfibrillaire ?

La valeur de 137 GPa, obtenue par Sakurada et al (1962) est à l'heure actuelle, la référence la plus couramment utilisée dans les modélisations du comportement mécanique de la paroi

(Salmèn et al, 1985, 1986, 1998, Yamamoto et al, 1998,1999, Guitard et al, 1999). Elle y représente la rigidité supposée des microfibrilles (Tableau 1.1). Pourtant, l'insertion de telles rigidités de microfibrilles au sein de descriptions « composite multicouche» du comportement élastique de la paroi, conduit à une surestimation des rigidités transverses pariétales en regard

de certaines observations expérimentales (Bergander, 2001).

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Ce module d'élasticité expérimental a été établi par Sakurada et al sur une fibre de Ramie

blanchie soumise à une traction sous charge. L'exploitation d'un ensemble de spectres de diffraction des rayons X (plan réticulaire 040), a fourni une évaluation de l' « extension » du réseau cristallin de la cellulose I, puis a permis aux auteurs l'estimation indirecte du déplacement de la fibre. Il s'agit donc d'un module d'élasticité de la « région cristalline » de

la microfibrille. Des évaluations plus directes de la rigidité microfibrillaire n'ont malheureusement pas encore été mentionnées dans la littérature.

Il existe en outre, quelques désaccords entre les mesures micromécaniques de l'élasticité de certaines fibres de cellulose et celles obtenues via des « mesures » du déplacement des plans réticulaires. L'exemple de la cellulose II (isomère de conformation de la cellulose I) est assez significatif. De récents essais de traction sur ce type de fibre (Kompella et al, 2002) ont en effet montré que le module d'élasticité longitudinal déterminé par exploitation de courbes force - déplacement est très éloigné (2 GPa) de celui calculé par la méthode de diffraction rayons X (valeur de 70-90 GPa obtenue par Bledzki et al, 1999).

En employant la même technique (sur le même type de fibres) que Sakurada et al, Ishikawa et

al (1997), ont fait état, via l'utilisation d'un méthode inverse (zones amorphes et cristallines associées en série comme Sakurada et al, ou plus originalement en série et parallèle) de valeurs de module élastique de la cellulose I de 114 GPa et 90 GPa.

L'ensemble de ces résultats suggèrent donc que si le module d'élasticité de la cellulose I est sans aucun doute proche de la centaine de GPa, l'alternance de zones amorphes et cristallines

au sein d'une même microfibrille, peut lui conférer un module élastique axial sensiblement inférieur à la valeur de Sakurada et al. Bledzki et al (1999), proposent ainsi un module de microfibrilles situé entre 61 et 130 GPa tandis que Michell (1989) et Fink et al (1994) adoptent une valeur moyenne de 70 GPa (Tableau 1.1).

 

Références

Module d'élasticité longitudinal de la cellulose I

(GPa)

Cités dans Sakurada et al

(1962)

Meyer et al (1936)

79-123 et 80-110

Lyons (1959)

180

Cités dans Salmèn et al

(1984)

Treloar (1960)

56,5

Jaswon et al (1968)

56,6

Gillis (1969)

246

Gillis (1969) : valeur admise comme majorant

319

 

Sakurada et al (1962)

134

Mark (1967-1970-1980)

137

Ishikawa et al (1997)

90

Michell (1989), Fink et al, (1994) dans Bledzki

(1999)

70

Tableau 1-1Modules élastiques longitudinaux de la cellulose I considérés comme représentatifs de la rigidité microfibrillaire axiale

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D'après les résultats de Mott et al (1996), suggérant des variations ponctuelles de rigidité le

long de la microfibrille, les valeurs affichées ne peuvent, en outre, représenter que des estimations moyennes, résultant de l'intégration sur toute la microfibrille de modules d'élasticité supposés plus « locaux ».

Enfin, d'autres auteurs estiment qu'assimiler le déplacement des chaînes de cellulose, lors d'un essai micromécanique, au seul déplacement des plans réticulaires conduit à majorer la rigidité des fibres. Ils soulignent en effet que le déplacement d'une fibre de cellulose sous charge résulte non seulement d'une élongation des chaînes cristallines (donc d'un déplacement monodimensionnel des plans réticulaires) mais aussi d'une rotation des chaînes autour de l'axe de la fibre (Northolt et al, 2001).

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard