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Impacts socio économiques des pistes rurales dans la region de l'Est du Burkina Fasso

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par Mamady DIANE
EIER - Master en Développement 2004
  

Disponible en mode multipage

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Table des matières

Liste des abréviations

Remerciements

Résumé / Abstract

Introduction 1

1 Présentation de la zone d'étude : Est du Burkina Faso 3

1.1 Situation géographique 3

1.2 Situation physique 3

1.3 Situation administrative 4

1.4 Situation humaine et sociale 5

1.5 Situation économique 6

1.6 La société civile 6

2 Programme de Pistes Rurales à l'Est 8

2.1 Politiques de développement en matière de pistes rurales 8

2.1.1 Le Burkina Faso 8

2.1.2 La Suisse 8

2.2 Présentation de PrEst 9

2.2.1 Les acteurs principaux 9

2.2.2 Les acteurs du terrain et les étapes du programme 9

2.2.3 Approche méthodologique du programme 13

2.2.4 Objectifs secondaires 14

2.2.5 Financement des programmes de pistes 14

2.2.6 La première phase du programme 14

3 Méthodologie 16

3.1 Site et orientation de l'étude 16

3.2 Axes de recherche 16

3.3 Identification et justification des variables 16

3.4 Méthode d'enquête 21

3.5 Echantillonnage 22

3.6 Grille méthodologique 23

3.7 Limites de la méthodologie 24

4 Description des villages d'étude et justifications des projets de piste 25

4.1 Tantiaka 25

4.1.1 Situation géographique 25

4.1.2 Situation démographique 25

4.1.3 Situation sociale 25

4.1.4 Situation économique 25

4.1.5 Justification du projet de piste 26

4.2 Tambiga 27

4.2.1 Situation géographique 27

4.2.2 Situation démographique 27

4.2.3 Situation sociale 28

4.2.4 Situation économique 28

4.2.5 Justification du projet de piste 29

4.3 Fonghin 31

4.3.1 Situation géographique 31

4.3.2 Situation démographique  31

4.3.3 Situation sociale 31

4.3.4 Situation économique 31

4.3.5 Justification du projet 32

4.4 Conclusion de la partie descriptive 33

5 Résultats et Analyse des impacts socio-économiques 34

5.1 Services sociaux : éducation et santé 35

Les indicateurs 35

Prévention 35

5.1.1 Transport 35

5.1.2 Qualité 37

5.1.3 Accès financier aux services et fréquentation des centres 37

5.1.4 Prévention 38

5.1.5 Formation 38

Indicateurs 39

5.2.1 Contact avec l'extérieur/Mobilité/Communication et information 39

5.2.2 Cohésion sociale/Dynamique collective 40

5.2.3 Pratiques socio culturelles/Mariages 40

5.3 Qualité de vie 41

5.3.1 Enrichissement/Accès aux nouveaux produits 41

5.3.3 Valorisation/ Satisfaction 43

5.4.1 Immigration 45

5.5 Aide au développement 46

5.5.1 Incitation/attraction et faisabilité 47

5.6.1 Intrants 49

5.6.2 Nouvelle production 50

5.6.3 Variation de quantité produite 50

5.6.4 Transport de la production 51

5.7 Commerce 52

5.7.1 Activité et offre 52

5.7.2 Transport 53

5.7.3 Affluence de la clientèle 54

5.8 Limites d'interprétation des résultats 55

Conclusion 56

Liste des figures

Figure 1 Carte de la région de l'Est du Burkina Faso 3

Figure 2 Taux de scolarisation pour l'Est et au niveau national 5

Figure 3 Répartition des investissements par secteur 7

Figure 4 Montage du programme Phase 1 11

Figure 5 Réalisation et projets prévisionnels de Pistes Rurales 15

Figure 6 Tableau synthétique des variables et indicateurs 21

Figure 7 Réseau de Balga 27

Figure 8 Réseau de Tambiga 30

Figure 9 Piste Fonghin Tilonti 31

Liste des photographies

Photographie 1 Main d'oeuvre sur les chantiers 10

Photographie 2 Chantier- école piste de Tantiaka 13

Photographie 3 Accès à de nouveaux produits sur le marché de Tantiaka 41

Photographie 4 Affluence de la clientèle sur le marché de Tantiaka 54

Annexes

Annexe 1 Restitution des entretiens 60

Annexe 2 Guide d'entretiens 73

Liste des abréviations

ADCV Association pour le Développement des Communautés Villageoises

ADP Avant projets détaillés

APE Association des parents d'élèves

BERD Bureau d'étude et de recherche pour le développement

BuCo Bureau de Coordination, DDC

CCTP Cadre de concertation technique provincial

CGVF Comité de gestion villageois des forages

CIVGT Comité Inter Villageois de Gestion du Terroir

CIVP Comité Inter Villageois de Pistes

CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté

CSPS Centre de Santé et de Promotion Sociale

CVG Comité de gestion villageois

CVGT Comité villageois de gestion du terroir

CVP Comité villageois de piste

DDC Direction du développement et de la coopération suisse

DGPR Direction générale des pistes rurales

DPRA Direction provinciale des ressources animales

DRED Direction Régionale de l'économie et du développement

FEER Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural

GVF Groupement villageois femmes

GVH Groupement villageois homme

HIMO Haute Intensité de Main d'oeuvre

INSD Institut national de la statistique et de la démographie

IRD Institut de recherche en développement

ISG Intermédiation sociale du Gourma

KFW Kreditanstal Für Wiederaufbau

MED Ministère de l'économie et du développement

MIT Moyen intermédiaire de transport

MITH Ministère des infrastructures, des transports et de l'habitat

ONG Organisation Non Gouvernementale

OPA Organisation des Paysans pour Agriculture

PAFR Plan d'Action pour la Filière du Riz

PME Petite et Moyenne Entreprise

PpP Programme Par Pays

PrEst Programme Piste rurale - Désenclavement à l'Est

PSP Poste de Soins Primaires

RAV Responsable administratif du village

SNTR Stratégie Nationale de Transport Rural

SOFITEX Société de Fibre Textile

SPAI Sous-Produits Agro-Industriels

Remerciements

Pour leurs contributions à notre formation et à nos travaux de recherches de fin d'études de la formation Postgrade sur le Développement, nous tenons à remercier très sincèrement :

Les administrations des groupes EIER - ETSHER (Ecole Inter-Etats des Ingénieurs de l'Equipement Rural - Ecole Inter-Etats des Techniciens Supérieurs de l'Hydraulique et de l'Equipement Rural) de Ouagadougou et de l'EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne). Et tout particulièrement nos encadreurs Messieurs Zakary Bouraima et Youri Changkakoti pour leurs compétences et leur disponibilité.

Le projet Helvetas Burkina Faso ainsi que le Programme Pistes rurales - Désenclavement à l'Est (PrEst) à Fada qui, sur la demande de l'EIER - EPFL, a bien voulu nous recevoir dans ses locaux, nous encadrer, nous fournir le matériel et les facilités logistiques nécessaires à la réalisation de ce rapport.

Nos amis stagiaires de la promotion Postgrade 2004 - 2005 pour leur soutien moral et matériel durant la formation.

Enfin, nos remerciements vont également à tous ceux qui, de près ou de loin nous ont apporté leur soutien durant notre séjours à Fada.

Résumé

Le Burkina, comme la plupart des pays en développement, est confronté à des problèmes liés aux transports en milieu rural. L'absence de routes rurales reliant les villages, les zones de cultures et les marchés représente un frein considérable au développement socio-économique des régions concernées.

La thématique de l'aménagement de pistes rurales destinées au désenclavement des villages incluant la méthode HIMO (Haute Intensité de Main d'oeuvre) fait partie intégrante des différentes stratégies de développement du pays. Elle s'inscrit notamment dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) qui considère la mobilité et la création de richesse comme une issue de première importance et comme un élément clé de stimulation d'activités économiques.

Le Programme Pistes Rurales - Désenclavement à l'Est (PrEst) fondé en 2002 a réalisé, lors de la première phase allant de 2002 à 2005, 17 km de piste dans les provinces du Gourma et de la Gnagna. Ayant amorcé la deuxième phase du programme, PrEst a mandaté une équipe de trois chercheurs/étudiants du cycle postgrade sur le développement de l'Ecole Inter-Etats des ingénieurs de l'équipement rural au Burkina Faso (EIER) et de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse pour mener une étude portant sur les impacts socio-économiques de l'aménagement de pistes.

Le présent travail se penche donc sur le cas de deux villages désenclavés par le programme dont les impacts seront mesurés à court terme ainsi que, et afin d'apporter à l'étude une vision des perspectives sur un plus long terme, sur un troisième village, désenclavé depuis 5 ans.

L'étude d'impact socio-économique, conduite auprès des populations de Tantiaka, Tambiga et Fonghin a permis de dégager bon nombre d'aspects positifs très importants au développement des villages, parmi lesquels l'amélioration de l'accès aux soins et à l'éducation et l'augmentation du flux des échanges humains et commerciaux. En effet, la présence de la piste ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine social. En rendant les infrastructures plus facilement accessibles, elle contribue à l'amélioration des services et à l'augmentation de la fréquentation de ces derniers, réduisant ainsi de manière sensible les problèmes sanitaires et scolaire. La mobilité engendrée par la présence de la piste influence les mouvements de populations conférant aux déplacements un but lucratif et social peu connu auparavant. Les impacts économiques, quant à eux, révèlent le rôle primordial joué par la piste. Les effets en sont inextricablement liés. La possibilité d'acheminement des intrants, des productions et articles de commerce engendre une dynamisation de tous les secteurs qui font l'économie des villages contribuant au développement d'activités de rentes et non seulement de suffisance alimentaire.

Abstract

Burkina, like the majority of the developing countries, is confronted with problems related to transport in rural medium. The absence of rural roads connecting the villages, the zones of cultures and the markets represents a considerable brake with the socio-economic development of the areas concerned.

Set of themes of the installation of rural tracks intended for the opening-up of the villages including method HIMO (High Intensity of Labour) formed integral part of the various strategies of development of the country. It lies in particular within the Poverty Reduction Strategy Document (CSLP) which regards the mobility and the creation of richness an exit of first importance and as a key element of stimulation of economic activities.

The Program Rural Tracks - Opening-up in the East (PrEst) founded in 2002 realized, at the time of the first phase going from 2002 to 2005, 17 km of track in the provinces of Gourma and Gnagna. Having started the second phase of the program, PrEst elected a team of three students from the "cycle postgrade sur le développement" of the School Inter-States of the engineers of the rural equipment in Burkina Faso (EIER) and of the Federal Polytechnic School of Lausanne (EPFL) in Switzerland to undertake a study relating to the socio-economic impacts of the installation of tracks.

This work has thus leaned on the case of two villages disenclosed by the program whose impacts will be measured in the short run like, and in order to bring to the study a vision prospects on a longer term, on a third village, disenclosed for 5 years.

The socio-economic impact study, led near the populations of Tantiaka, Tambiga and Fonghin made it possible to release considerable very important positive aspects to the development of the villages, among which improvement of the access to the care and education and increase in the flow of the human and financial exchanges. Indeed, the presence of the track opens new prospects in the social field. While making the infrastructures more easily accessible, it contributes to the improvement of the services and the increase in the frequentation of the latter, thus reducing in a significant way the medical and school problems. The mobility generated by the presence of the track influences the shifts in population before conferring on displacements a lucrative and social goal little known. The economic impacts, as for them, reveal the paramount part played by the track. The effects are inextricably dependent. The possibility of routing of the inputs, of the productions and articles of trade generates a dynamization of all the sectors which make the economy of the villages contributing to the development of activities of revenues and not only of food sufficiency.

Introduction

Les stratégies classiques de développement ont longtemps orienté leurs actions sur le développement économique visant à atteindre des objectifs de croissance à long terme. Les investissements visaient à soutenir le développement des industries des pays en voie de développement et l'exportation des productions. C'était sans compter sur la libéralisation du commerce mondial ne permettant pas l'écoulement des matières premières et de la production industrielle encore faible en Afrique. Et ceci car les pays développés n'ont pas tenus leurs engagements de libéralisation dans les secteurs où les pays en voie de développement détiennent des avantages, comme l'agriculture ou les textiles. Au contraire l'accès des productions du Sud aux marchés du Nord se trouve contré par les subventions massives des exportations agricoles européennes et américaines. A cela s'ajoute le maintien d'un certain protectionnisme à l'importation pour protéger les producteurs des pays du Nord. L'approche d'un développement à l'occidental est clairement condamnée puisque les grandes puissances ne jouent pas le jeux du libéralisme d'une part et d'autre part parce que l'on ne peut greffer un développement quel qu'il soit sans tenir compte des réalités économiques, sociales, politiques et culturelles différentes.

La nouvelle ère du développement, amorcée depuis les années 90, privilégie une approche participative de l'aide dans l'idée du "faire avec" plutôt que de "faire pour". Il s'agit maintenant de partir de l'expression locale des besoins et sur un mode de partenariat avec les populations afin de garantir une "évolution sociale positive". Ceci sous-entend la prise en compte de divers facteurs culturels, économiques, techniques, psychologiques, sociaux et écologiques propres à la zone d'intervention. Les développeurs ont compris l'importance de partir des besoins et du savoir local, et d'intervenir selon/dans une stratégie de transfert de compétence afin de rendre leurs actions plus appropriables par les populations receveuses mais aussi plus efficaces sur la durée.

Dans un souci de développement participatif et pérenne, le programme Pistes Rurales - Désenclavement à l'Est du Burkina Faso - (PrEst) - tente de pallier aux problèmes liés aux transports en milieu rural. En effet, au Burkina, comme dans la plupart des pays en développement, l'absence de routes rurales reliant les villages, les zones de cultures et les marchés représente un frein considérable au développement socio-économique des régions concernées. Le programme PrEst s'inscrit dans une triple perspective de développement car ses objectifs englobent non seulement la problématique de la mobilité en zone rurale mais aussi le transfert de la maîtrise d'ouvrage accompagné de la création d'emploi et finalement le transfert de la gestion dans une optique de décentralisation et de déconcentration.

PrEst a récemment terminé la première phase de son programme. La présente évaluation des impacts socio-économiques du programme, mandatée par PrEst, est destinée à mettre en exergue les transformations induites sur le milieu. Nous avons, en accord avec la structure d'accueil, décidé de privilégier l'étude d'impact elle-même, c'est pourquoi, les termes de références portant sur les disposition minimales à prendre pour l'entretien des piste ou encore la participation de la population au projet feront l'objet d'études à part.

Dans le cadre de l'évaluation des impacts socio-économiques, nous nous attacherons à identifier l'influence des pistes sur le développement des villages en ce qui concerne l'accès aux services sociaux de base et les échanges commerciaux. Nous avons identifié, en accord avec le programme, trois villages d'études dont deux désenclavés par PrEst afin de mesurer les impacts à court terme et l'un par une autre structure afin d'obtenir les perspectives d'impacts sur le long terme. Nous partirons de l'hypothèse que l'aménagement des pistes a des impacts aussi bien positifs que négatifs sur la population. Cette étude vise aussi à identifier des indicateurs pertinents d'évaluation d'impacts socio-économiques et propose une méthodologie à la structure, afin que cette dernière puisse, à l'avenir, réitérer ce type d'évaluation.

Le premier chapitre de l'étude traite de la situation de la région de l'Est du Burkina Faso. Ce détour descriptif donne une vision claire des principales caractéristiques et difficultés propres à la zone d'étude.

Le second chapitre se propose de présenter le programme de Pistes rurales à l'Est. Il s'agira de mettre en évidence les objectifs poursuivis, les moyens de mise oeuvre des actions et le rôle de tous les acteurs en présence.

Le troisième chapitre développe l'approche méthodologique appliquée à l'étude d'impacts socio-économiques de l'aménagement de pistes rurales. Cette partie annonce les indicateurs pertinents retenus et propose ainsi une marche à suivre pour de futures évaluations.

Le quatrième chapitre, consacré à la description des villages étudiés, nous permettra de situer l'étude dans son contexte géographique, social et économique. Nous y aborderons aussi les contraintes liées au transport rural ayant justifié l'aménagement de pistes.

Le dernier chapitre présente l'analyse des informations collectées sur le terrain. Cette analyse permettra de dégager les possibles impacts sociaux et économiques d'un désenclavement à court comme à long terme.

1 Présentation de la zone d'étude : Est du Burkina Faso1(*)

1.1 Situation géographique

La région de l'Est est limitée au Nord-Est par le Niger, au Nord par la région du Sahel, à l'Ouest par la région du Centre-Est et du Centre-Nord et au Sud par le Bénin et le Togo. Elle couvre une superficie de 46'256 km², soit 1/5 du territoire national burkinabé. Elle est subdivisée en 5 provinces - Gourma, Gnagna, Tapoa, Kompienga et Komondjari et 27 départements.

Figure 1 Carte de la région de l'Est du Burkina Faso

Source : PrEst

1.2 Situation physique

L'Est appartient au domaine phyto-géographique soudanien avec des précipitations très variables en nombre de jours de pluies comme en quantité d'eau (entre 900 et 1100mm / an), aussi bien spatialement que dans le temps.

On trouve des zones de trois types de végétation : la steppe, la savane et les forêts constituées de galeries (Pendjari). La région abrite de nombreuses réserves de faune et de Parcs nationaux couvrant les provinces du Gourma, de la Kompienga, de la Komondjoari et de la Tapoa. D'importantes ressources fauniques et halieutiques se situent dans les provinces de la Tapoa et de la Kompienga.

Les principales rivières sont la Sirba, le Dakiri, le Samboendi, le Manni et le Boudiéri mais aucune n'est pérenne.

1.3 Situation administrative

Le processus de décentralisation envisagé comme l'axe fondamental d'impulsion du développement et de la démocratie au Burkina Faso entend parvenir à

- un partage des pouvoirs, des compétences et des ressources

- la création de collectivité

- consolider la démocratie, soutenir le développement, la bonne gouvernance et lutter contre la pauvreté

La loi portant sur l'organisation de l'Administration du territoire prévoit deux niveaux de décentralisation  et quatre niveaux de déconcentration nationale.

Décentralisation

1. Constitution de 13 Régions avec un conseil régional et un président du conseil régional (élection en 2011).

2. Constitution de 450 à 500 communes dotées d'un conseil communal et d'un maire. A ce jour, seules 5 communes urbaines ont été crées (Pama, Fada, Diapaga, Gayeri et Bogandé), les communes rurales étant planifiées pour 2005-2006. De plus, il semblerait qu'à l'exception de Fada, les autres communes connaissent des difficultés dans leur fonctionnement en raison d'une insuffisance de moyens humains, matériels et financiers.

Déconcentration

1. Administration de la région par un Gouverneur de Région désigné par l'Etat.

2. Administration de la province par un Haut Commissaire et sa conférence des cadres.

3. Administration du département par un préfet avec son conseil départemental.

4. Administration de village par un Délégué Administratif Villageois assisté d'un conseil de village.

Le processus de déconcentration n'est de loin pas en place. Cependant depuis 2000, certains villages ont créé une Commission Villageoise de la Gestion du Terroir (CVGT) qui fait office de structure de base répondant aux préoccupations des populations. Cette structure permet des regroupements inter villageois (CIVGT) essentiels à l'organisation d'actions regroupant plusieurs villages telle que la réalisation de pistes rurales.

1.4 Situation humaine et sociale2(*)

La population de l'Est est estimée à 853'706 habitants selon le recensement général de la population et de l'habitation de 1996. La densité de la population était de 17,4 habitants /km² avec un taux de croissance de 2,5%. Enfin le taux de mortalité de la région atteignait 14,7%o et 125%o pour les enfants de 0 à 1 an.

La pauvreté dans la région est passée de 56,5% en 1994 à 40,9% en 2003. Cette réduction, de 15,6 points, s'explique par l'augmentation des revenus provenant de l'agriculture et de l'élevage grâce à la multiplication des acteurs de la société civile offrant un bon encadrement et une bonne organisation aux paysans, ainsi que par l'introduction de la culture du coton dans la région.

L'ampleur de la pauvreté demeure cependant importante; elle se mesure à travers différents indicateurs.

L'indice de fécondité est particulièrement élevé avec un nombre moyen d'enfants par femme de 7,8. Ceci explique la structure de la population marquée par une très forte proportion de jeunes de 0 à 14 ans (49%).

Le taux de scolarisation primaire et secondaire demeure très bas. Il s'explique principalement par le manque d'infrastructures scolaires ainsi que par l'emploi des enfants et particulièrement des filles aux travaux agro-pastoraux et domestiques.

Figure 2 Taux de scolarisation pour l'Est et au niveau national

Source : DRED, 2004

La couverture d'infrastructures sanitaires est encore insuffisante, la région compte 5 districts sanitaires qui sont Fada, Bogandé, Pama, Gayéri et Diapaga. Les principales maladies de la région sont le paludisme, la méningite, les affections respiratoires, les maladies diarrhéiques, les affections de la peau, des yeux et bucco-dentaires ainsi que les parasitoses intestinales.

Le cadre de vie est marqué par la précarité et l'habitat par un faible accès à l'électricité et l'inexistence de système d'évacuation des eaux usées. Les sources d'eau sont les puits, les forages, les cours d'eau et le réseau d'adduction d'eau. En 2002 on ne comptait que 3'739 points d'eau soit 228 habitants par point d'eau.

1.5 Situation économique

La population est essentiellement rurale, elle représentait, en 2000, 81% de la population totale de l'Est.

L'agriculture contribue à 40% du revenu régional des ménages. Les principales espèces cultivées sont le mil, le maïs, le sorgho et le riz, suivie des cultures de rentes tels que le coton, l'arachide, le soja et le sésame.

L'élevage contribue à 19% des revenus des ménages. Les espèces élevées sont les bovins, les ovins, les caprins, les porcins et la volaille.

1.6 La société civile

On note un accroissement considérable de la présence de la société civile dans cette région de l'Est. De nombreuses ONG se sont implantées et oeuvrent pour le développement rural, l'alphabétisation et la lutte contre le Sida. Une estimation du nombre de projets et programmes dans la région a été effectuée en 20033(*). Elle dénombra 25 projets en cours d'exécution avec un investissement d'environ 20 milliards de FCFA.

La répartition des investissements principaux pour la région se présente de la manière suivante :

Figure 3 : Répartition des investissements par secteur


Source : Helvetas Burkina Faso, 2003

2 Programme de Pistes Rurales à l'Est

2.1 Politiques de développement en matière de pistes rurales

2.1.1 Le Burkina Faso

Les interventions en matière de pistes rurales et de désenclavement s'intègrent à trois niveaux dans la stratégie de développement du Burkina Faso :

· Le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP). Selon son axe stratégique n°3, place la mobilité et la création de richesse comme issues de première importance. L'amélioration du transport en milieu rural est considérée comme un des outils privilégiés de développement socio-économique et de lutte contre la pauvreté.

· La Stratégie Nationale du Transport Rural (SNTR). Elaborée en 2003, cette stratégie vise l'amélioration de la mobilité en milieu rural. L'absence et/ou la mauvaise qualité du transport représente une des principale contrainte au développement en ce sens qu'elle entrave le stockage et l'écoulement de la production, le déroulement des activités commerciales et l'accès aux services socio-économiques confinant ainsi les résidents ruraux dans une agriculture de subsistance, dans des conditions de vie précaires et l'isolement.

Dans ce cadre, la Direction Générale des Pistes Rurales, rattachée au

Ministère des Infrastructures, des Transports et de l'Habitat est chargée de la

définition et de l'application de la politique en matière de pistes rurales.

· Le processus de décentralisation et de déconcentration en cours. Il représente l'axe fondamental d'impulsion du développement et de la démocratie au Burkina Faso. La constitution de Commissions Villageoises de Gestion du Terroir (CVGT) préfigure et prépare les futures communautés locales.

2.1.2 La Suisse

Le programme de la Suisse au Burkina Faso se focalise actuellement sur la lutte contre la pauvreté. Les axes prioritaires définis dans le cadre du Programme par Pays (PpP) touchent le développement local, l'éducation de base, l'appui à des organisations socio-professionnelles, à l'artisanat, aux PME et finalement à la décentralisation. Le Département du développement et de la Coopération Suisse (DDC) intervient au Burkina Faso selon un principe de subsidiarité, c'est-à-dire que les interventions se concentrent uniquement sur les domaines que les capacités locales existantes ne peuvent réaliser seules.

2.2 Présentation de PrEst

2.2.1 Les acteurs principaux

Dans une optique de décentralisation, le programme PrEst a été mis sur pied en 2002 avec comme finalité la création dans la région d'un réseau de pistes de proximité carrossables, gérées localement et de façon durable. Il s'inscrit dans le cadre d'un accord bilatéral entre la Suisse et le Burkina Faso.

Mandataire

L'ONG Helvetas Burkina Faso, mandatée par le programme de la Coopération Suisse est chargé de l'exécution. Elle assure la maîtrise d'oeuvre du programme, la coordination des activités au niveau national et supervise les actions de la cellule PrEst basée à Fada. Cette dernière est responsable pour l'organisation, l'administration, la gestion et l'appui technique des programmes de pistes dans les provinces du Gourma, de la Gnagna et de Tapoa.

Services techniques

Le programme travaille en étroite collaboration avec un ministère de tutelle - le Ministère de l'économie et du développement (MED) et un ministère technique représenté par le ministère des infrastructures, des transports et de l'habitat (MITH) dont dépend la Direction générale des Pistes Rurales (DGPR) et le Cadre de Concertation Technique Provincial (CCTP) chargé d'examiner les programmes et rapports d'activités à l'échelle provinciale avant leur validation au niveau régional.

Bailleur

La Suisse, de son côté, est représentée au niveau du programme par le Bureau de coordination de la DDC (BuCo) en tant que bailleur de fonds.

Comité de pilotage

Un comité de pilotage représente le dispositif décisionnel. Il sert de cadre de concertation entre partenaires du programme, qui se prononce sur le programme annuel proposé et statue sur les textes fondamentaux qui régissent le programme. Il réunit les partenaires institutionnels : BUCO, Helvetas, et l'ordonnateur national (Direction Générale de la Coopération, du ministère technique et de la société civile) et des représentants locaux : administration, secteur privé et associatif, corporation socio-professionnelles.

2.2.2 Les acteurs du terrain et les étapes du programme

Mise en oeuvre des interventions

Ce sont les villages qui sont les promoteurs des projets d'aménagement de pistes. Il leur appartient de soumettre à PrEst un dossier présentant l'importance de l'aménagement de pistes pour le village ainsi que leurs motivations.

Une fois la demande retenue, une équipe de trois animateurs représentant l'Intermédiation Sociale du Gourma (ISG)4(*) ainsi que les ingénieurs du programme établissent le diagnostic conjoint. Ce dernier comprend :

- une analyse socio-économique du village

- les caractéristiques et le transect sur le plan de la piste

- l'analyse des sols et des contraintes de la piste permettant de déterminer la faisabilité de la piste.

Sur la base du diagnostic conjoint, un projet de piste est réalisé et soumis pour avis technique au Cadre de Concertation Technique Provincial (CCTP). Si le projet est agréé, les études d'avant projets détaillées (ADP) sont lancées. Une fois la faisabilité technique confirmée, le processus de réalisation de la piste peut alors être mis en place.

Photographie 1 : Main d'oeuvre sur les chantiers

Réalisation de la piste

L'intermédiation sociale du Gourma (ISG )

Durant toute la durée des travaux, l'ISG intervient sous mandat pour des actions visant :

· à renforcer la citoyenneté au niveau villageois

· à animer le processus d'appropriation du programme en préparant les populations à se constituer en comité villageois de pistes

· à animer le processus de mobilisation et de gestion des contributions financières

· à recenser des ressources humaines et matérielles disponibles

· à organiser la main d'oeuvre et la gérer

· à appuyer les formations théoriques en HIMO

· à appuyer le développement du concept d'entretien

· à orienter des initiatives villageoises vers la coordination inter-villageoise

La cellule technique de PrEst

La cellule est composée d'un conseiller en aménagement et entretien de piste et de trois techniciens et un ingénieur. Ils assurent la maîtrise d'oeuvre du programme.

Ils ont pour tâche la gestion des chantiers, la coordination et la supervision des travaux. Le suivi s'effectue au moyen de rapports journaliers, de fiches de pointage, de listes de matériels et de listes indiquant les effectifs mobilisés. Ce cadre technique est aussi au coeur du transfert de compétences et la diffusion du concept technique.

Figure 4 : Montage du programme Phase 1

2.2.3 Approche méthodologique du programme

Le programme travaille selon la méthode HIMO (Haute Intensité de Main d'Oeuvre). Elle fonctionne selon le principe de recherche action misant sur la combinaison optimale de main d'oeuvre, de petits outillages et d'équipement afin de produire à un coût minimum des infrastructures de qualité, de maximiser l'emploi tout en favorisant la distribution des revenus dans les zones rurales et de contribuer ainsi à lutter contre la pauvreté.

Sur le mode participatif, cette approche implique les bénéficiaires à toutes les étapes de réalisation de la piste. Elle permet aussi de répondre à l'objectif de gestion locale et durable. Pour se faire des actions favorisant le développement local et la décentralisation ont été menées. Cette sensibilisation se traduit de manière concrète par des actions visant la professionnalisation par l'apprentissage pratique à tous les niveaux de la réalisation et par l'encadrement de services d'appui. Dans cet optique des chantiers-écoles ont été organisés ayant comme objectif l'apprentissage pour les populations du savoir-faire technique à travers la réalisation de pistes rurales. En favorisant de cette façon la maîtrise d'ouvrage locale, le programme entend parvenir à une maîtrise déléguée aux collectivités locale.

A moyen ou à long terme, le transfert des compétences devrait passer par des phases à responsabilisation croissante, allant de la régie PrEst - en passant par une co-gestion des contrats et des fonds - vers une auto-gestion accompagnée pour finalement atteindre l'autonomisation des comités villageois de pistes (CVP) et leur coordination au niveau inter-villageois.

Photographie 2 : Chantier- école piste de Tantiaka

2.2.4 Objectifs secondaires

Le programme mène en parallèle des actions sur des thèmes transversaux tels que :

· la pauvreté. PrEst a effectué une étude portant sur la perception de la pauvreté dans différentes communautés villageoises à l'Est.

· le genre. L'accent a été mis, lors des diagnostics conjoints sur le concept de genre et de développement. Une analyse détaillée se penche sur la place et les contraintes des femmes dans l'agriculture, l'élevage, le commerce, l'appui extérieur et finalement sur le plan des initiatives organisationnelles.

· le VIH/SIDA. Le programme a mis sur pied un plan d'action en matière de lutte contre le VIH/SIDA. Ce dernier s'adresse à l'ensemble des collaborateurs, des prestataires et des communautés villageoises. Les actions se traduisent par la distribution de boîte à condoms, des rassemblements d'information et de sensibilisation ainsi que la prise charge des frais médicaux en cas de dépistage.

· la décentralisation et la démocratie.

· l'équité sociale

· la protection de l'environnement

2.2.5 Financement des programmes de pistes

En plus de la contribution en investissement humain, la réalisation du projet se fait en partenariat financier avec les villages concernés, les bailleurs. Le principe du partage des coûts est réglementé par le Ministère des Infrastructures, des Transports et de l'Habitat (MITH) dans le "Manuel d'exécution de la Stratégie Nationale du Transport Rural au Burkina Faso"(2003). Il prévoit une répartition des investissements financiers en infrastructures rurales de la manière suivante :

En règle générale, la part contractuelle des bénéficiaires est plafonnée à 20'000 FCFA par personne désenclavée. Le niveau d'investissement, comprenant les travaux et le suivi technique doit se situer entre 5 et 7 millions FCFA par kilomètre de piste. La participation de la population bénéficiaire s'élève en règle générale à 150'000 FCFA par kilomètre. De plus, afin d'amorcer le processus d'entretien, un fonds d'entretien est alors instauré. Ce dernier devrait permettre la viabilité du projet sur 2 à 3 ans.

2.2.6 La première phase du programme

Réalisation et évaluation

La première phase du programme s'est déroulée de juin 2002 à septembre 2004. Elle avait pour objectif opérationnel de développer des mécanismes de gestion rapprochée des questions de désenclavement consistant à

· Mettre en place le dispositif du programme

· Tester son approche lors des premières réalisations

Cette première étape test a permis la réalisation de près de 17 km de piste dans la province du Gourma.

Pistes achevées

- Tambiga à Diabatou 4,2 km

- Tantiaka à Diapangou 8,5 km

Pistes partiellement achevées

- Balaga à Nayouri 1,7 km / reste 6,5 km

- Boumwana à Tanwalbougou 2 km / reste 2,9 km

Figure 5 : Réalisation et projets prévisionnels de Pistes Rurales

Source : PrEst

Un bilan externe, effectué en mars 2004, a permis de valider le dispositif de PrEst. Le programme est reconnu et apprécié des autorités politiques et administratives car il a su s'intégrer rapidement dans son milieu et dans le cadre stratégique du pays. Le concept technique poursuivi par PrEst selon une approche "HIMO souple" - c'est-à-dire le recours à la Haute Intensité de Main d'Oeuvre avec une utilisation minimale et intelligente des moyens mécanisés - est considéré comme une réussite.

3 Méthodologie

3.1 Site et orientation de l'étude

Etant donné la mise en oeuvre très récente du programme PrEst, une étude des impacts socio-économiques à long terme de l'aménagement de pistes n'est pas réalisable. Nous avons donc décidé de travailler sur deux pistes du programme pour lesquelles nous avons étudié les impacts socio-économiques immédiats et à court terme. Il s'agit de la piste reliant Tantiaka à Diapangou et celle reliant Tambiga à Diabatou, réalisées il y a 8 mois de cela. Afin d'apporter une vision de ce que pourrait être les impacts à long terme de tels aménagements, nous avons sélectionné la piste reliant Fonghin à Tilonti d'une part car elle a été réalisée en 2000 par FEER (Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural - rattaché au Ministère de l'Environnement) et d'autre part car une piste reliant Fonghin à Lioulgou est en prévision pour la phase deux du programme PrEst. L'étude de ce village nous permettra de dégager les impacts à long terme, conférant à notre travail une vision des retombées socio-économiques possibles selon la méthode HIMO (avec ou sans) et selon la phase de désenclavement (pendant, juste après et quelques années après).5(*)

3.2 Axes de recherche

Nos axes de recherche s'articulent sur les impacts socio-économiques générés par les pistes uniquement. L'environnement socio-économique pouvant être modifié par d'autres facteurs que l'aménagement de pistes, nous nous sommes informés auprès de l'Intermédiation Sociale et des villageois de la présence récente d'éventuels projets d'aide au développement et de leurs actions. De plus, nous avons porté une attention particulière à articuler nos enquêtes selon les deux axes suivants :

· La situation avant les pistes

· La situation après les pistes

? Pour chaque changement observé, nous avons pris soin de chercher à savoir quels en étaient les éléments explicatifs.

3.3 Identification et justification des variables

Pour conduire cette étude, nous avions initialement définis un ensemble très large de variables (10) et d'indicateurs (40). L'enquête de terrain a permis de retenir 6 variables sociales comportant 16 indicateurs et 3 variables économiques comportant 7 indicateurs que nous avons jugés pertinents pour l'analyse des villages désenclavés. L'ensemble des variables socio-économiques a pu révéler des résultats intéressants. Cependant, une variable ainsi que certains indicateurs se sont révélés inutiles ou n'ont pas indiqué de changements suite à la piste. S'ils n'ont pas permis d'obtenir de résultats lors de la présente étude, il n'est pas impossible qu'ils puissent mettre en évidence certains changements dans d'autres cadres d'étude ou à long terme. Il s'agit des indicateurs se référant aux variables suivantes :

Santé

Qualité de l'offre. Elle se mesure à travers le niveau de formation des agents de santé, le nombre d'agents en fonction de la population affiliée au centre et l'état de salubrité des infrastructures.

Bouleversements sociaux

Cette variable n'a pu être vérifiée car de tels changements mettent un certain temps à produire des effets. Ils se traduisent par une modification des normes et des valeurs véhiculées dans la société, du rapport entre modernité et tradition que l'on peut déceler par l'apparition de conflits intergénérationnels. On peut aussi percevoir, une fois l'aménagement d'un réseau de pistes, une uniformisation régionale qui peut être perçue par l'adoption de nouvelles règles sociétales ou de nouveaux modes de fonctionnement. Il est aussi possible qu'à long terme la multiplication des comités et groupements au sein d'un village créant ainsi de nouveaux cercles d'influence en vienne à modifier le système de pouvoir. Nous avions également émis l'hypothèse de voir apparaître des modifications de confessions et pratiques religieuses, explicables par un certain brassage des populations.

Justification des variables retenues

Pour évaluer l'impact social de l'aménagement de pistes sur la vie des villageois, 5 variables qui nous semblent être des plus pertinentes ont été retenues. La santé, l'éducation, la dynamique sociale, la qualité de vie, le mouvement des populations et enfin l'aide au développement sont des variables susceptibles de démontrer un changement des comportements des populations induit par la piste. Voici une explication de la pertinence des indicateurs sur les différentes variables retenues.

Santé

L'accessibilité aux centres de santé en terme de déplacement mais aussi en terme financier représente un changement de la fréquentation induit par la piste. Les résultats observés au travers des indicateurs de transport, d'accès financiers ou encore de fréquence des campagnes de prévention/sensibilisation peuvent être révélateurs d'une amélioration de la situation sanitaire des villages.

Education

Les indicateurs tels que le transport et l'accès financier peuvent déterminer la fréquentation des infrastructures scolaires. L'étude de ces indicateurs permet d'observer une augmentation du taux de scolarisation mais aussi une amélioration de la qualité de l'enseignement.

Dynamique sociale

La dynamique sociale d'un village peut se trouver considérablement modifiée par l'aménagement d'une piste et révéler des effets aussi bien positifs que négatifs. Les indicateurs identifiés portent sur les relations avec l'extérieur, la mobilité, la communication, la cohésion sociale, les conflits, la dynamique collective et les pratiques socio-culturelles.

Qualité de vie

L'ouverture vers d'autres marchés, une éventuelle augmentation des revenus liés au développement des activités économiques ainsi que la mobilité sont autant d'éléments influant sur la qualité de vie des populations. Les indicateurs à retenir sont l'enrichissement perçu à travers l'acquisition de nouveaux biens et le sentiment de sécurité permettant une mobilité plus libre. La perception que le village entretient de lui-même doit aussi être mesurée afin de déceler un éventuel sentiment de valorisation induit par le désenclavement.

Mouvements de population

La facilité d'accès au village ainsi que les salaires générés par la méthodes HIMO sont des éléments découlant de la piste qui ont une influence très importante sur le flux des populations. Il s'agit d'étudier l'évolution de l'exode rural, de l'immigration et de l'émigration pour s'en rendre compte.

Aide au développement

La présence de projets de développement dans un lieu donné est parfois perçue comme une condition d'intervention pour l'aide au développement car elle peut témoigner d'une volonté de développement d'un village. La présence d'une piste confère en outre une facilité d'acheminement de l'aide et peut par là-même jouer le rôle d'un facteur incitatif de développement.

Les impacts économiques, quant à eux, se mesurent à travers les différentes activités des populations. Les variables retenues sont donc l'agriculture, l'élevage et le commerce.

Agriculture

La principale contrainte rencontrée par les agriculteurs, générée par les facteurs physiques et climatiques, réside dans le rendement de la production. Les indicateurs portant sur l'introduction de nouveaux intrants, la variation de la quantité produite, la diversification des cultures ainsi que le transport de la production permettent de mesurer l'influence de la piste sur le développement du secteur agricole et par là même d'envisager la possibilité d'étendre cette activité de subsistance à une activité économique. Ils permettent aussi de percevoir une modification des habitudes alimentaires et une amélioration de la qualité nutritionnelle.

Elevage

L'élevage constitue dans cette région de l'Est, une activité très développée qui s'explique par la situation de proximité avec le Bénin, le Niger et le Togo. Le marché de Fada est d'ailleurs un point de commerce de bétail très important. La facilité d'acheminement d'intrants et de transport ou de déplacement du cheptel en direction de villages pratiquant le commerce du bétail ou en direction de Fada constitue un indicateur de développement de l'activité commerciale qui se vérifie par une éventuelle augmentation du cheptel et l'élevage de nouvelles espèces. D'une manière générale ces éléments constituent des indicateurs pertinents pour percevoir l'augmentation des richesses et des revenus des populations.

Commerce

L'amélioration du transport en milieu rural est considérée comme un outil de développement économique. La facilité d'acheminement des marchandises vers les différents marchés peut être un facteur influent sur le taux d'activité ainsi que la quantité et la diversification de l'offre générant par la même occasion une variation de l'affluence de la clientèle.

Tableau synthétique de l'ensemble des variables et indicateurs analysés :

Les variables sociales

Variables

Indicateurs

Santé

· Transport : distance et durée de déplacement

· Accès financier

· Variation de la fréquentation des infrastructures sanitaires

· Variation des fréquences des actions de prévention et de sensibilisation

· Introduction et/ou développement de nouvelles maladies

Education

· Transport 

? distance et durée de déplacement

· Accès financier

? Inscriptions - fournitures

· Variation de la fréquentation des établissements scolaires

· Qualité de l'enseignement

Dynamique sociale

· Contacts avec extérieur :

? changement dans les rapports aux personnes extérieurs

? mobilité

· Communication et information :

? accès aux informations ( officielles et informelles)

?échange des courriers

· Cohésion sociale 

? changement dans les rapports des villageois

· Dynamique collective 

?présence de nouveaux groupements

· Conflits 

?émergences des conflits villageois et inter - villageois

· Pratiques socio culturelles :

? variation du nombre et du type de fêtes ;

? mariages coutumiers et religieux

Qualité de vie

· Nouveaux produits/Enrichissement 

? accès financier aux biens de luxe 

? disponibilité de nouveaux produits

· Sécurité 

? contraintes liées à la sécurité 

? sentiment d'insécurité lors des déplacements

· Valorisation /Satisfaction 

? perception du village par lui même 

? perception du village par rapport à d'autres villages enclavés

Mouvements de population

· Variation de la tendance à l'immigration 

? raisons et nombre de personnes nouvellement installées dans le village

· Variation de l'exode rural sur la population jeune et active

? raisons et nombre de départs saisonniers

· Variation de la tendance à l'immigration 

? raisons et nombre de départs définitifs

Aide au développement

· Mise en oeuvre d'actions de développement 

? influence de la piste en tant que facteur incitatif 

? influence de la piste en tant que facteur facilitant la faisabilité

Variables économiques

Variables

Indicateurs

Agriculture

· Accès aux intrants

· Variation de la quantité de production (rendement)/Moyen de production

· Espèces cultivées

· Diversification des cultures

· Transport de la production

Elevage

· Accès aux intrants :

? fourrages, foins, spai .../Prix

? soins vétérinaires ( fréquence des visites/Prix)

· Variation quantitative du cheptel

· Espèces élevées / Diversification des espèces

· Transport du bétail

Commerce

· Activité/Offre

· Transport (dont nouveaux moyens)

· Affluence de la clientèle/Ecoulement

· Diversification des produits

Figure 6 : Tableau synthétique des variables et indicateurs

3.4 Méthode d'enquête

Nous avons utilisé la méthode active de recherche participative (MARP) avec l'outil de triangulation qui consiste à recueillir les points de vue de différents groupes cibles sur une même question et à tirer une conclusion issue du croisement des données ainsi obtenues. Pour conduire cette étude, nous avons procédé, dans un premier temps, à des recherches documentaires auprès de :

· l'Institut de Recherche en Développement, (IRD)

· l'Institut National de la Statistique et de la Démographie, (INSD)

· l'ONG Ile de Paix (cette dernière mène actuellement des actions de développement dans les villages de Tantiaka et de Fonghin)

Dans un deuxième temps, nous nous sommes entretenus avec différents acteurs et partenaires au programme afin de comprendre quel était leur rôle et d'appréhender leur vision du programme Il s'agissait de :

· l'ONG Helvetas chargée de l'exécution du projet

· de la cellule PrEst

· de l'Intermédiation Sociale du Gourma, (ISG)

· du Fonds de l'eau et l'équipement rural, (FEER)

· de la Direction Générale des Pistes Rurales, (DGPR)

· de la Direction Régionale de l'Economie et du Développement, (DRED)

Dans un troisième temps, nous avons effectué une immersion de trois jours dans chacun des villages. Nous y avons mené des discussions de groupe ainsi que des entretiens de type semi-directifs individuels nous permettant de confronter les données recueillies. Nous avons également collecté un certain nombre d'information à travers différents échanges informels qui ont favorisé la création d'un climat de confiance.

Nous avons constitué un guide d'entretien commun cherchant à vérifier nos indicateurs sociaux. Pour ce qui est des indicateurs économiques, nous avons établi un guide d'entretien spécifique à chaque catégorie socio-professionnelle6(*) (Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants)

3.5 Echantillonnage

Nous avons mené des discussions de groupe (10 à 25 personnes)7(*) avec :

· Les agriculteurs

· Les éleveurs

· Les femmes

Nous avons mené des entretiens individuels (une à trois personnes maximum) avec :

· Le chef du village

· La direction de l'école

· Les agents de santé

· Le comité villageois de piste (CVP)

· Le comité villageois de gestion du terroir (CVGT)

· Les commerçants

Les trois villages ne bénéficiant pas des mêmes infrastructures, nous n'avons pu interroger l'ensemble de notre échantillonnage dans chaque village. Voici un tableau des entretiens et discussions menés par village :

Tantiaka

Tambiga

Fonghin

Chef du village, CVGT, CVP, Direction de l'école, Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes

CVP, Délégué, Direction de l'école, Agent de santé, Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes

Chef du village, Direction de l'école, Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes

3.6 Grille méthodologique

Points principaux

Indicateurs

Interlocuteurs

Outils d'enquête

Présentation du programme et de la zone d'étude

Objectifs et fonctionnement du programme PrEst

Direction d'Helvetas,

Coordonnateur et techniciens PrEst, animateurs de l' ISG

Entretiens libres, discussions, documentation reçue

Déterminer la zone d'étude

Techniciens de PrEst, Directeur de la DGPR, FEER

Entretiens libres, discussions,

Documentation reçue

Impacts/Effets sociaux

Santé

Villageois

CSPS de proximité

Entretiens selon guide,

Entretiens libres

 

Education

Villageois, direction de l'école

Entretiens selon guide

 

Dynamique sociale

Villageois

Entretiens selon guide

 

Niveau de vie

Villageois

Entretiens selon guide

 

Aide au développement

Villageois,

Ile de Paix

Entretiens selon guide

 

Mouvement de populations

Villageois

Entretiens selon guide

Impacts/ Effets économiques

Agriculture

Groupe des agriculteurs

Discussions de groupe/documentation

Elevage

Groupe des éleveurs

Discussions de groupe/documentation

Commerce

Commerçants, Petits commerçants, Responsables du marché au bétail

Entretiens individuels

3.7 Limites de la méthodologie

Certaines limites d'ordre méthodologique doivent être soulevées.

Difficultés liées à la collecte d'information

Le nombre élevé de personnes présentes lors des entretiens de groupe a pu susciter la réserve de certains villageois qui ne se sont pas exprimés librement (notamment les jeunes en présence des plus âgés). A cela s'ajoute, une certaine réticence à parler de certains sujets délicats notamment pour tout ce qui a trait à la fortune, au revenu et aux maladies infectieuses (VIH Sida).

Les informations sur la situation avant piste sont difficiles à obtenir et à vérifier sur le terrain. Bien que nous avons pu obtenir certains chiffres (production agricole en tonne, nombre de têtes de bétail,...), nous émettons cependant certaines réserves quant à leurs exactitudes car nous y avons trouvé de nombreuses incohérences.

Une étude quantitative chiffrée permettant de comparer la situation avant et après piste aurait été bienvenue et un excellent outil de travail mais est malheureusement extrêmement difficile lors d'enquêtes auprès de populations rurales.

Difficultés liées au recours aux interprètes

Les interprètes à notre disposition, bien que parlant couramment français et dotés d'une réelle bonne volonté, peuvent ne pas avoir restitué exactement ce qui a été dit par les villageois. Le souci de simplification qu'ils avaient parfois peut nous avoir privé d'informations précieuses. Une certaine censure de leur part ne peut, hélas, pas être exclue. De plus, pour certains interlocuteurs les enquêteurs durent effectuer une double traduction : Français-Gourmantché-Moré. Nous imaginons facilement combien la question peut ne pas avoir été posée de la manière voulue et la réponse obtenue différer de ce qu'elle était.

Réponses biaisées

Certaines réponses à nos questions semblent ne pas être le reflet de la réalité mais clairement politiques. Un discours formaté était parfois de mise : vanter les avantages de la piste afin d'encourager la réalisation du réseau prévisionnel de PrEst. L'étude ayant été annoncée par l'ISG et notre arrivée dans des véhicules portant l'emblème d'Helvetas nous priva d'une neutralité précieuse. De plus, le fait d'être des étrangers posant des questions en lien avec le développement, nous avons d'emblée été assimilés par les villageois à des personnes qui pourraient leur venir en aide. Ceci les a probablement poussés à répondre ce qu'ils pensent être la bonne réponse afin d'encourager une nouvelle aide extérieure. Les longues concertations qui pouvaient avoir lieu entre eux lors des entretiens de groupe portaient peut-être sur la mise en accord de ce qu'était la bonne réponse à cette fin.

4 Description des villages d'étude et justifications des projets de piste

4.1 Tantiaka

4.1.1 Situation géographique

Tantiaka est situé sur un relief plat, au Nord-Est de Diapangou (9 km) sur l'axe Fada - Ouagadougou, au Sud-Ouest de Balga (6 km) et à l'Est de Tibga le chef lieu du département de Diapango (7 km). Il se situe à 27 km de Fada.

4.1.2 Situation démographique8(*)

Le village compte plus d'une centaine de concessions dont 288 ménages. La population, suivant le recensement de 1996, s'élevait à 1'458 habitants dont 669 hommes et 789 femmes. Le calcul de la population pour 2004 en fonction du taux de croissance de 2,15% donne les effectifs suivants : 1'732 habitants dont 795 hommes et 937 femmes. Selon une estimation effectuée par l'ISG en 2004, la population active représente 693 personnes.

Les ethnies peuplant le village sont essentiellement composées d'agro-pasteurs gourmantchés (les autochtones) et mossis ainsi que d'éleveurs peuhls.

4.1.3 Situation sociale

Le village de Tantiaka dispose de six forages fonctionnels gérés par le comité de gestion villageois des forages (CVGF), de trois centres d'alphabétisation en Gulmu, d'une école de trois classes allant du CP1 au CM2 ainsi que d'une chapelle et d'une mosquée.

4.1.4 Situation économique

L'économie du village est principalement tournée vers le commerce, les activités agricoles et l'élevage.

L'agriculture se pratique dans un environnement marqué par une pluviométrie peu abondante (900 à 1'100mm/an), des sols fragiles (gravillonnaires, sablo-argileux) rendant l'activité relativement difficile. On y pratique une agriculture de type extensif composée principalement de sorgho, mil, riz et maïs et de cultures de rente tels l'arachide, le sorgho rouge et le sésame. Les moyens de production y sont très peu mécanisés et tous les efforts de travail sont canalisés pour la réalisation de l'autosuffisance alimentaire de la famille.

L'élevage est une activité qui procure plus de revenu monétaire que l'agriculture. Il constitue une caisse d'épargne et d'assurance en cas de nécessité. Le cheptel est composé de bovins, de caprins, d'ovins et de volaille. L'élevage dans ce village semble très emprunt de considérations sociales - la possession de bête est en quelque sorte synonyme de prestige et de richesse. Ces considérations sont probablement liées à la présence d'un marché de bétail.

Un marché a lieu tous les trois jours en rotation entre Tibga, Diapangou et Tantiaka. Un marché de bétail a lieu en parallèle au marché à proprement dit. Le marché du village est un important facteur économique de par son niveau de fréquentation et le volume des échanges notamment en ce qui concerne la transaction de petits ruminants. On observe également la présence d'un commerce informel, basé sur l'achat et la revente de produits manufacturés (pièces détachées pour vélo, motos, lampes de poche, ampoules, savons etc...). Le commerce des femmes est tourné vers la vente de produits agricoles transformés tels que le dolo, le soumbala, le tô ou les beignets. L'artisanat est une activité très peu pratiquée au village. On trouve uniquement quelques tisserands.

4.1.5 Justification du projet de piste

Jusqu'alors, pour accéder à la route bitumée à Diapangou, aucune piste de praticabilité permanente n'existait. La voie directe reliant Tantiaka à Diapangou est caractérisée par un sol de nature argileuse et elle est traversée par des zones inondables, responsables de nombreux ravinements, isolant totalement le village en saison pluvieuse.

La population de Tantiaka se démarque par son dynamisme de développement. Des mesures collectives d'aide et de développement du village sont menées par différents groupements socio-professionnels et comités9(*) tels que la réalisation de sites anti-érosifs sur les champs collectifs, la plantation d'arbres de reboisement dans le village, ou encore l'organisation de campagne d'alphabétisation.

Le projet émane d'une volonté locale. Les porteurs du projet sont le chef du village sa majesté Yentagma, ses conseillers, le représentant administratif du village (RAV) ainsi que la représentante des femmes.

Selon l'expression des besoins de développement des différents groupes sociaux au moment du diagnostic conjoint, l'aménagement de pistes rurales destinées à désenclaver le village figure parmi les premières préoccupations des villageois puis vient la construction d'une retenue d'eau et d'un poste de santé primaire. La population s'est montrée déterminée à résoudre son problème d'enclavement. Jusqu'alors elle menait tant bien que mal des actions d'entretien de la voie consistant à l'empierrement des passages d'eau et au rechargement de latérite sur les tronçons de piste à terre argileuse. Il a cependant été confirmé lors de l'étude technique que si aucune action n'est entreprise dans le court terme, le degré d'endommagement sera hors de portée de toute action d'entretien local.

Cette préoccupation liée au désenclavement est principalement justifiée par les activités commerciales des villageois. En effet, Tantiaka fait partie d'un réseau de flux commerciaux relativement important où Fada joue le rôle de centre et Diapangou le rôle de relais.

Le projet prévoit en outre l'aménagement de deux autres pistes lors de la deuxième phase allant de 2005-2007. Il s'agit des axes Tantiaka - Tibga (chef lieu du département et accès au CSPS et au marché) et Tantiaka - Balga (voie commerciale et amélioration des liens familiaux).

Figure 7 : Réseau de Balga

Source: PrEst, conseiller technique Olivier Siegenthaler

4.2 Tambiga

4.2.1 Situation géographique

Le village de Tambiga est situé à 27 km de Fada N'Gourma. On y accède par la Nationale n° 18 (route Fada-frontière du Bénin). Après la bifurcation au kilométrique 125, le village est situé 4.2 km à l'Est de la voie bitumée.

4.2.2 Situation démographique10(*)

Tambiga n'a jamais cessé, depuis sa fondation en 1958, d'être une zone de forte immigration. Le village reçoit des populations de la province du Kouritenga et de la Gnagna à la recherche de terres de culture, à raison de 100 personnes par an en moyenne. En 2003, on y comptait 718 hommes et 753 femmes, soit un total de 1'471 habitants. Tambiga n'est pas un village administratif et son chef réside dans un autre village.

Trois ethnies sont dominantes : les gourmantchés autochtones, les mossis migrants de la région de Koupéla et les peuls venus de toutes les directions.

4.2.3 Situation sociale

Tambiga dispose depuis 1998 d'un poste de soins primaires (PSP). On y traite le paludisme léger, la tou, les maux de ventres et diarrhées, les vomissements, les plaies et les conjonctivites. La maternité qui y est annexée s'occupe des accouchements, de la pesée des enfants ainsi que de la sensibilisation (hygiène corporelle et prévention). Ce PSP devrait être étendu et acquérir la dénomination de centre de santé et de promotion sociale (CSPS) durant l'année 2005, sous financement français. Le CSPS le plus proche actuellement en fonction se trouve à Natiaboani (22km).

Tambiga dispose de deux classes, une de niveau CP 1 et la seconde de niveau CP 2, qui accueillent 81 enfants de 5 à 12 ans dont 47 garçons et 34 filles (6 proviennent de Payegou et 1 de Boungou).

L'ouverture du CP remonte à janvier 2002, mais ce n'est qu'à partir de 2003 que les élèves peuvent disposer du premier bâtiment et 2004 pour le second. Faute d'enseignants et de locaux, le gouvernement burkinabé demanda à ce que les 27 élèves (100%) qui avaient terminé le CP 2 en 2004 soient recalés. L'enseignant du CP 2, afin de ne pas effectuer strictement le même programme que l'année d'avant, prend un peu d'avance et qualifie le niveau enseigné de CE 1, mais se voit confronté à un nouveau problème : les élèves du CP 1 ne peuvent pas passer au CP 2 puisque leur niveau pratique est trop avancé. Un nouveau bâtiment hébergeant un CE 1 et 2 va être construit en été 2005 sous financement conjoint entre la Suisse, la France et le Burkina Faso.

4.2.4 Situation économique

La population du village pratique une agriculture itinérante axée sur un système extensif sur brûlis, avec des jachères de plus en plus courtes compromettant ainsi la restauration naturelle de la fertilité des sols. Les espèces cultivées sont surtout les céréales, bien que les cultures de rentes soient en progression. Le secteur agricole est sous équipé et l'adoption des techniques modernes de production (semis en lignes, application de fumures minérales sur coton) reste faible. La pédologie des sols est caractérisée par la présence de sols bruns noirâtres, de structure limo-sableux, qui se prêtent à la cultures céréalière, tout particulièrement du sorgho. Il existe également dans les dépressions de terrain des sols argileux temporairement inondés favorisant les cultures. Il y a enfin des sols gravillonnaires qui permettent une exploitation saisonnière en arachide et en mil. Les sols du village de Tambiga, malgré des signes évidents d'épuisement, sont moyennement fertiles et productifs.

Tambiga est une zone pastorale importante. L'élevage extensif qui y est pratiqué procure à la population des revenus substantiels lui permettant de compenser les besoins en céréales pendant les périodes de soudure. La flore herbacée est peu riche mais certaines essences sont très adaptées pour les animaux. Le village est traversé dans sa partie nord par un seul cours d'eau : le Tabougou. Son écoulement est irrégulier et il se réduit à des chapelets de mares sur le long de son parcours dès la fin de la saison des pluies. Ces mares s'assèchent dès le mois de mars.

Aucun marché ne se tient à Tambiga. Les villageois se rendent régulièrement à celui de Nagré (7km). Seuls trois boutiques existent dans le village.

4.2.5 Justification du projet de piste 

Le trajet à parcourir depuis Tambiga afin de rejoindre Diabatou et la voie bitumée était difficile avant la réalisation de la piste, et ce particulièrement durant la saison des pluies. Le rapport sectoriel de diagnostic socio-économique décrit ainsi la situation avant piste :

« Le réseau hydrographique y a laissé son emprunte. L'entaille laissée par le cours d'eau est difficile à franchir, particulièrement en saison pluvieuse où l'écoulement des eaux est important. Le corollaire dans ce cas est l'embourbement des véhicules qui s'y aventurent. La présence d'argile collante sur des tronçons de la piste entrave aussi la circulation. Il s'agit de formations naturelles que le tracé de la voie n'a pas contourné. Elles rendent la piste glissante et des mottes de terre s'agrippent aux roues des engins et véhicules. »

L'ensemble de ces informations nous ont été confirmées par les villageois, qui n'ont pas manqué d'y ajouter les problèmes de confort (secousses, mauvaise visibilité) et les dépenses financières (crevaisons, pannes, roues cassées, détérioration générale de l'engin).

Néanmoins, il était toujours possible aux villageois de rejoindre Diabatou, et ce même au moyen de charrettes. La distance à parcourir, de 4.2 km, n'est pas suffisante pour rendre ce trajet particulièrement périlleux, voir impossible à réaliser. L'aménagement de la piste a toutefois été effectué afin de l'inscrire dans un réseau. La phase 2 du projet PrEst prévoit de relier Tambiga à Boungou, Boungou à Nagré, à Kodjonti ainsi qu'à Payégou, Payégou à Kikideni.

La présence d'un PSP et de 5 groupements et associations11(*) fût perçue par le projet PrEst comme la marque d'un certain dynamisme villageois. Il s'agit là probablement de la principale raison qui motiva le projet à retenir ce village. La demande ne venait pourtant pas de la population mais de l'ADCV (Association pour le Développement des Communautés Villageoises), une petite association de faible envergure dirigée par une religieuse française.

L'axe le plus fréquenté est celui allant de Tambiga à Nagré, où se trouve le marché le plus proche. Afin de s'y rendre, les habitants de Tambiga préfèrent prendre au plus court à travers brousse plutôt que d'emprunter la piste et d'effectuer un détour via Diabatou (environ 7 km au lieu de 11), et ce même en moto. La piste sera plutôt empruntée si des marchandises lourdes doivent être transportées.

Si la piste profite incontestablement aux habitants de Tambiga, elle ne doit pas pour autant être considérée comme un facteur révolutionnaire de la vie du village. Ses habitants ne l'ont d'ailleurs jamais vu comme tel, même au stade de l'avant piste. Lors d'une enquête de l'ISG, il est ressorti que pour la majorité des villageois la construction d'une piste est une priorité qui doit être reléguée au dernier plan, après un forage, du matériel agricole, l'accès au crédit, un moulin, un périmètre maraîcher.

De plus, "Il faut noter qu'au niveau de Tambiga, l'information et la sensibilisation développées autour de la nouvelle approche du désenclavement des villages a été accueillie avec réserve. Ce qui est normal pour une communauté habituée à recevoir et toujours attentiste. "12(*)

Figure 8 : Réseau de Tambiga

Source: PrEst, conseiller technique Olivier Siegenthaler

4.3 Fonghin

4.3.1 Situation géographique

Fonghin est situé à 45 km de Fada dans le département de Diapangou. Le village est limité  au nord par Tilonti et Maoda, au sud par Tiougou, à l'Est par Louargou et à l'ouest par Diabo.

Figure 9 : Piste Fonghin - Tilonti

Source: PrEst, conseiller technique Olivier Siegenthaler

4.3.2 Situation démographique 13(*)

Le village compte une population de 2'929 habitants pour 418 ménages installés dans 13 quartiers. Elle est composée des zohosés en majorité, les peuhls et les mossis. Au regard de ces chiffres chaque ménage compte en moyenne 7 personnes. Sur le plan administratif, Fonghin est géré par un responsable administratif villageois (RAV).

4.3.3 Situation sociale

Les infrastructures sociales au niveau de Fonghin sont très limitées. L'enquête à permis de dénombrer une école de trois classes correspondant à six niveaux, trois forages dont deux fonctionnels, une mosquée, une petite église et un centre d'alphabétisation.

4.3.4 Situation économique14(*)

Les principales activités économiques sont  l'agriculture, l'élevage et le commerce; on note aussi la présence de quelques artisans.

L'agriculture, qui occupe plus de la moitié de cette population, est dominée par la culture du mil, du sorgho, du maïs et du riz. La culture du riz est possible grâce aux nombreux bas-fonds présents sur le terroir. La culture du coton et la culture maraîchère viennent de faire leur rentrée. En plus de ces cultures, s'ajoute d'autres cultures comme le sésame, le soja, la patate, et le manioc. Les types de sols rencontrés sont  hydromorphes, latéritiques et sablonneux et donc relativement favorables à l'agriculture. Il faut noter aussi que la végétation est de type savane arborée claire, dont les principales espèces rencontrées sont le karité, le tamarinier, le baobab, le néré, le nime et les eucalyptus. Cette végétation est en proie à une dégradation accrue dont les principaux facteurs sont les techniques culturales du type traditionnelles avec le défrichement anarchique et les feux de brousse. Il faut signaler aussi l'ébranchement des arbres et arbustes pour les animaux.

Fonghin est une zone propice à la production animale compte tenu de la disponibilité du fourrage le long de nombreux bas fonds qui traversent le village. Le cheptel est composé de bovins, d'ovins, de caprins et de volailles.

Les équipements commerciaux sont les marchés traditionnels autour desquels gravitent quelques boutiques (au nombre de 15 à 20) et les points de vente des détaillants. Dans la région, les marchés ont lieu chaque trois jours à des dates différentes de sorte que pratiquement tous les jours de la semaine les commerçants vont de village en village pour vendre ou pour s'approvisionner. Les principaux marchés fréquentés par les habitants de Fonghin sont les suivants : Diabo, Diapangou, Fada, Tantiaka, Tibga et d'autres villages environnants. Le commerce porte sur l'achat et la vente des produits ci-après : friperies, pièces détachées de vélos et motocyclettes, pétrole, sucre et les semences qui sont les affaires des hommes. La vente de la bière de mil et des beignets reste le domaine des femmes. Les principaux produits agricoles vendus sont le bétail, le sorgho rouge, le riz et le mil.

Sur le plan artisanal on dénombre dix tisserands et quelques forgerons.

4.3.5 Justification du projet

Lors du diagnostique participatif, il est ressorti que ce village regorge de nombreuses ressources dont l'exploitation contribuerait à améliorer la situation socio-économique de la population. Avant le désenclavement, l'évacuation du surplus de la production vers les marchés et l'approvisionnement en intrant pour les éleveurs et les producteurs était relativement difficile.

Sur le plan social  l'absence totale d'infrastructure routière ne permettait pas l'accès au marché de Fonghin par les clients externes aux villages. A cet effet, les habitants ou clients étaient obligés de se créer des chemins.

Au regard des informations collectées lors du diagnostic et des analyses qui en ont résultées, il est facile de conclure que les populations de Fonghin avaient placé leur désenclavement comme priorité.

Les habitants de Fonghin avaient prouvé leur dynamisme et leur capacité à participer activement à la réalisation des projets de développement identifiés par le FEER. Ils avaient eu aussi à participer financièrement à la réalisation des premiers équipements (acquisition par achat direct du matériel agricole) par presque toutes les exploitations ce qui a témoigné de leur équilibre financier.

L'intervention du FEER était nécessaire afin d'accompagner les populations dans la réalisation de leurs projets dont les plus prioritaires étaient :

· Le désenclavement

· Les questions de santé (infrastructure sanitaire)

· La maîtrise de l'eau (maraîchage, riziculture et couverture des besoins dans le domaine pastorale).

4.4 Conclusion de la partie descriptive

Ces trois villages se distinguent sur différents facteurs. Nous en retiendrons les plus significatifs à notre étude. Il s'agit en premier lieu des conditions physiques et des infrastructures existantes dont dépendent les activités économiques et par la même les sources de revenus. Le village de Tambiga, jouissant de terres fertiles, est un hameau de culture. L'activité commerciale n'y est pas développée, contrairement aux villages de Fonghin et plus particulièrement de Tantiaka dont l'économie repose principalement sur cette activité. On notera que le village de Fonghin dispose d'un grand marché et que ses activités agro-pastorales sont bien développées ce qui lui confère une position privilégiée par rapport aux deux autres villages que l'on peut considérer de moyennement aisés. En effet, il n'y a pas de pauvreté extrême puisque la plupart des habitants mangent à leur faim. On remarque cependant et pour les trois villages une certaine disparité au sein de la population.

On peut distinguer, en deuxième lieu, une différence quant à la dynamique villageoise. Cette dernière est déterminée par l'organisation traditionnelle du village, incluant les forces de pouvoir en place ou encore l'histoire. Il n'est donc pas surprenant que l'on ne perçoive pas, à Tambiga, cet esprit communautaire, relativement marqué à Tantiaka et Fonghin : Tambiga est un nouveaux village (création en 1958) et son chef ne réside pas au village. Ces deux facteurs économique et social, permettent de mieux comprendre l'adhésion ou non des populations au développement de leur village.

Enfin, la portée du projet de piste repose sur cette volonté des villageois à oeuvrer en faveur d'un développement mais aussi et surtout sur la priorité et l'importance du besoin de désenclavement. On remarque que si le projet de piste peut sembler tout à fait justifié pour les villages de Tantiaka et Fonghin, il semble moins pertinent pour Tambiga. Des retombées socio-économiques ne sont pas pour autant à exclure et seront analysées au chapitre suivant.

5 Résultats et Analyse des impacts socio-économiques

Dans la conception du désenclavement telle que pensée par PrEst, un des principaux objectifs est l'amélioration des conditions de vie des populations rurales. Le présent chapitre est consacré à la présentation et à l'analyse des impacts socio-économiques découlant des informations obtenues sur le terrain. Au vu des résultats et afin de limiter au maximum les répétitions, nous avons choisi de regrouper plusieurs variables qui se caractérisent par de nombreuses similitudes. La santé et l'éducation seront traitées ensemble au moyen des mêmes indicateurs; il en va de même pour l'agriculture et l'élevage.

L'analyse s'articule selon 7 axes englobant les variables sociales - accès aux services sociaux, dynamique sociale, qualité de vie, mouvements de population et aide au développement - ainsi que les variables économiques: activités agro-pastorales et commerce. Les principaux résultats pour chacun des indicateurs seront rappelés en début de chaque partie sous forme de tableau. Le lecteur trouvera également en annexe les tableaux de synthèse plus détaillés pour chacun des villages.

L'ensemble des résultats apportés dans cette partie provient de triangulation et l'on peut estimer que la marge d'erreur est dès plus faible. Nous devons toutefois considérer certains résultats comme des tendances qui sont liées aux premiers mois de désenclavement et qui n'auront pas automatiquement un effet durable.

Notons également que certains résultats peuvent parfois refléter non pas la réalité mais la perception que les villageois entretiennent d'un certain indicateur15(*).

Le choix de ne pas faire plus recourt à une analyse comparative, notamment entre le village de Fonghin désenclavé il y a 5 ans et les deux autres villages désenclavés il y a seulement 8 mois, résulte de la nature de nos résultats. Ces derniers ne permettent pas de tirer des lignes évolutives pertinentes, chaque village ayant certaines particularités et étant influencés par des facteurs différents.

Voici un rappel qui permettra au lecteur de mieux identifier chacun des villages :

Villages retenus

Longueur de la piste en Km

Désenclavé depuis

Importance du désenclavement

Recours à la méthode HIMO

Tantiaka

9.2

8 mois

forte

Oui

Tambiga

4.2

8 mois

Moyenne à faible

Oui

Fonghin

12

5 ans

forte

Non

5.1 Services sociaux : éducation et santé

Les indicateurs

Tantiaka

Tambiga

Fonghin

Transport

Déplacements facilités, sûrs et rapides

Evacuation médicale facilitée

Déplacements facilités, sûrs et rapides

Qualité

Amélioration de la qualité de l'enseignement

Amélioration des soins médicaux

Amélioration de la

qualité de l'enseignement

Accès financier aux services

Augmentation de l'accès financier aux soins et aux produits pharmaceutiques de base

Facilité d'accès aux frais d'inscription à l'école et aux fournitures scolaires

Fréquentation des centres

Augmentation de 15% de l'effectif scolaire

Affluence doublée au centre de santé

Croissance de l'effectif scolaire: de 12 élèves en 2000 à 135 élèves en 2005

Prévention

Pas d'influence

Passage d'une à deux campagnes/an à cinq/an

Pas d'influence

Formation

Techniques de construction de piste, mais non exploitable pour l'heure

Technique culturale

5.1.1 Transport

La piste a un effet bénéfique sur les trois villages du point de vue sanitaire et médical, et ce tout spécialement pour Tantiaka et Fonghin qui ne sont pas équipés d'un centre médical. Le déplacement ou l'évacuation des malades est facilité, plus sûr et plus rapide. Même si le village dispose de son propre centre de santé, à l'instar de Tambiga, il profite ainsi de la piste.

Les villageois, dans leur ensemble et de façon générale, sont très conscients de l'utilité de la piste et citent souvent en premier lieu le déplacement vers les infrastructures médicales lorsqu'il leur est demandé ce que la piste a changé pour eux.

Pour le villageois de Tantiaka, les soins sont dispensés au CSPS départemental de Tibga à 7 km par la brousse. La piste n'a donc à première vue aucune influence sur ce type de déplacement puisque les villageois ont l'obligation de se rendre à Tibga. Il apparaît cependant que depuis l'aménagement de la piste, les cas les plus graves soient tout de même amenés vers Diapangou par la piste, le trajet étant plus rapide et plus aisé. De plus, le transfert vers l'hôpital de Fada est aussi plus rapide depuis Diapangou que depuis Tibga. La piste permet en outre l'accès aux véhicules d'évacuation (voitures, ambulances) qui auparavant n'y parvenaient pas, réduisant ainsi les difficultés d'acheminement vers les structures appropriées.

Les habitants du village de Fonghin doivent se rendre à Louargou qui est le centre de soins le plus proche (8 km). Ils empruntent la piste durant la saison pluvieuse et coupent à travers brousse au plus court lors de la saison sèche. Des ambulances ont déjà dû assurer des évacuations d'urgence.

Quant a Tambiga, son PSP se voit équipé d'une ambulance tractable (par moto) en 2000. Afin de permettre à cette ambulance de rejoindre Diabatou et la voie goudronée, les villageois avaient frayé un passage à travers brousse en enlevant les souches. L'évacuation des malades était toutefois difficile (voire impossible en cas de grosses pluies), risquée (secousses, renversement,...) et longue.

La réalisation de la piste permet dorénavant un déplacement facilité, plus sûr et plus rapide (1 heure en ambulance tractable). Les villageois en profitent fréquemment, 5 à 10 autorisations de transfert étant délivrées par mois.

De plus, l'achat de médicament est grandement facilité par la piste (approvisionnement plus fréquent et plus rapide en cas d'urgence). Les habitants de Fonghin, qui doivent parcourir plus de 30 km (Tibga) pour s'approvisionner en produits pharmaceutiques, en sont particulièrement reconnaissants.

Du point de vue de la scolarisation, l'aménagement de la piste n'a pas d'influence sur l'accès à l'école primaire pour les trois villages en terme de distance et de durée de déplacement puisque cette dernière se situe au centre du village.

Pour les élèves de Tantiaka et de Fonghin, et en ce qui concerne l'accès au cycle secondaire situé à Diapangou ou à Fada, on ne peut malheureusement observer de changements significatifs pour l'heure. L'année scolaire 2003-2004 n'ayant pas pu prodiguer l'enseignement jusqu'au niveau du CM2 par manque de personnel, aucun élève du village n'est scolarisé à Diapangou. Le déplacement pour les futurs élèves du secondaire de Tantiaka et de Fonghin sera incontestablement plus rapide et plus aisé.

Actuellement seuls deux enfants de Tambiga sont scolarisés à Nagré et un à Fada. Les futurs élèves du secondaire devront se rendre à Nagré qui se trouve à une distance de 7 km, soit près de 2 heures de marche. L'insécurité qui, selon les villageois, prévaut dans la région décourage les parents d'élèves à opter pour cette alternative (confusion des routes, vol, agression physique). La piste permettra à cette nouvelle volée de se rendre au secondaire rapidement et avec un sentiment de sécurité plus élevé.

5.1.2 Qualité

Notons également que la piste semble augmenter les mesures prises afin de gagner en qualité d'enseignement. Les visites pédagogiques qui portent un regard sur le travail des professeurs, rendues plus faciles par la piste, se sont multipliées dans les villages de Tantiaka (passage de 1 à 6 visites/an) et de Fonghin (2/an actuellement contre 1 tous les deux ans avant piste).

Du point de vue sanitaire, la piste semble encourager et justifier la transformation du PSP actuel de Tambiga en CSPS, sa fréquentation devenant plus importante.

5.1.3 Accès financier aux services et fréquentation des centres

Le nombre d'enfants de Fonghin qui fréquente le niveau primaire a augmenté considérablement deux ans après la construction de la piste. L'effectif des élèves y est passé de 20 en 2000 à 135 en 2005. Tantiaka note une augmentation de 15% du nombre d'élèves inscrits entre 2003 et 2005 et Tambiga doit refuser de nouveaux élèves par manque de place.

Cette forte augmentation du nombre d'élèves (la multiplication par 7 en 5 ans du nombre d'élèves de Fonghin) s'explique par la construction des bâtiments scolaires, par l'augmentation des moyens financiers des parents. Ces deux facteurs sont directement liés à la réalisation de la piste qui favorise la mise en place ou le développement d'un système éducatif efficace en facilitant les moyens techniques de construction des infrastructures (acheminement des matériaux de construction et d'équipement). Il apparaît également que les salaires HIMO perçus par les travailleurs aient été en partie investis pour la scolarisation de leurs enfants et dans la fréquentation des infrastructures sanitaires.

Un troisième facteur expliquant l'augmentation de la fréquentation scolaire peut être la prise de conscience de l'importance de la scolarisation des jeunes. Attribuer cette augmentation uniquement à la piste serait certes abusif, d'autres facteurs devant être pris en compte, mais l'on aurait tort de lui refuser sa part de responsabilité. La piste, symbole d'ouverture vers l'extérieur - cet extérieur où la réussite professionnelle semble tant liée à un niveau de scolarisation minimum - modifie certainement les mentalités et encourage la scolarisation des jeunes.

Ce ne sont pas que les bancs d'école qui plient sous le poids, mais également ceux des centres de santé. Selon nos interlocuteurs, nous pouvons noter une tendance à l'augmentation de la fréquentation des structures sanitaires.

L'augmentation sensible du nombre de patients (2 à 3/jour en 2003 ; 5 à 6/jour en 2004) du PSP de Tambiga peut être expliquée par trois facteurs :

Karim Lompo déclare avoir pu sauver sa femme d'une hémorragie grâce au salaire qu'il avait perçu lors de son travail sur la piste en 2004. Il a pu payer avec l'aide de sa famille les 80'000 FCFA nécessaires à la prise en charge de sa femme.

· Les salaires dégagés durant la construction permettent le financement des soins, alors plus difficile auparavant.

· Le nombre de villageois a augmenté

· Les six villages aux alentours de Tambiga qui ne disposent pas de PSP y viennent plus facilement, spécialement de nuit (patients de Diabatou), et plus fréquemment (en transit afin de profiter de la piste).

5.1.4 Prévention

La fréquence des campagnes de prévention/sensibilisation (organisées soit par les CSPS soit par l'hôpital de Fada et qui a trait à l'alimentation, à l'hygiène et aux soins des enfants) a augmenté uniquement pour le village de Tambiga : elle est passée d'une à deux campagnes par année entre 2000 et 2003 à 5 en 2004. Notons qu'il est étonnant que Fonghin, désenclavé depuis 5 ans, ne profite pas plus de ces campagnes. Il semblerait donc que la piste ne soit pas automatiquement synonyme d'augmentation de la fréquence des campagnes de prévention et de sensibilisation.

5.1.5 Formation

Il est probable que l'apprentissage informel - non institutionnalisé - et les échanges de savoir-faire se soient généralisés par l'interaction plus fréquente avec d'autres cercles sociaux et/ou un nombre plus important d'individus appartenant au même corps de métier. De plus, la formation aux techniques de la piste pour les villages de Tantiaka et de Tambiga semble avoir été bénéfique aux travailleurs qui envisagent la possibilité d'emploi sur d'autres pistes et par là même y entrevoient une source de revenu potentielle. Les villages ne dénombrent pas pour autant de cas de figure à ce stade du programme, c'est pourquoi cette information demeure une perspective.

La piste a donc de nombreux effets positifs sur les questions de santé et d'éducation. Les déplacements sont facilités, plus rapides et plus sûrs. Les évacuations médicales sont désormais possibles par tous les temps. La qualité de l'enseignement et des soins médicaux tend à augmenter, grâce à de nouveaux moyens et à une surveillance plus étroite. La fréquentation des centres augmente rapidement, notamment grâce à un nouvel accès financier. Le domaine de la santé et de l'éducation semble donc avoir tout à gagner du désenclavement.

Un effet pervers de la piste semble toutefois se dégager dans le domaine de la santé. Selon les dires de certains villageois de Fonghin, la piste jouerait le rôle d'un facteur de prolifération de certaines maladies telles que le VIH/SIDA. Les chiffres des centres de santé sont indisponibles, les dépistages n'étant pas une pratique courante, et la maladie sujette à un tel tabou qu'il est très difficile d'explorer plus en profondeur cette hypothèse. Elle ne doit toutefois pas être écartée pour autant.

5.2 Dynamique sociale

Indicateurs

Tantiaka

Tambiga

Fonghin

Contact avec l'extérieur/Mobilité/

Communication et information

Visite plus fréquente et facilitée des étrangers, des amis et parents, ce qui contribue à renforcer le tissu familial et les liens d'amitiés

Plus forte mobilité des personnes

Augmentation du niveau d'information et de communication, de la fréquence des échanges et du courrier (acheminement rapide des messages et informations)

Cohésion sociale/

Dynamique collective

Rapprochement des villageois grâce à HIMO

 

Pratiques socio culturelles/Mariages

Mobilité sociale des personnes âgées pour l'agrément et plus uniquement par nécessité

Beaux mariages et belles fêtes

5.2.1 Contact avec l'extérieur/Mobilité/Communication et information

Les contacts avec l'extérieur se sont multipliés depuis la réalisation de la piste pour l'ensemble des villages étudiés. Les déplacements étant facilités et moins inconfortables, les personnes âgées peuvent plus facilement envisager de se déplacer et étendent ainsi leur cercle social. Les déplacements vers les villages voisins ou à Fada étaient limités à la nécessité et non à l'agrément. Ils peuvent aujourd'hui se déplacer pour participer à différentes fêtes ou cérémonies dans la région. Les visites d'amis, de parents ou d'étrangers sont également plus fréquentes, les risques de se perdre en brousse étant dorénavant impossibles. Le panneau indicateur aux bord de la voie goudronnée indique clairement au visiteur peu familier avec l'endroit où est-ce qu'il doit quitter la route.

Du point de vue de la mobilité, la répartition des moyens de transport démontre la prédominance des déplacements à pied et à vélo. Une évolution du nombre de moyens de déplacements, directement liée aux salaires de la piste, se fait toutefois sentir à travers l'acquisition de vélos, d'ânes et de charrettes ainsi que la réparation de vélo (jusqu'alors non utilisés).

Tambiga devient une sorte de carrefour, les villages aux alentours profitant de cette voie pour rejoindre Diabatou et la route bitumée, et son arbre à palabre abrite bien des conversations et des échanges.

La généralisation des contacts avec l'extérieur du village (augmentation de l'affluence de personnes dans le village et nouvelle mobilité des villageois) entraîne incontestablement une amélioration des réseaux de communication et d'information oraux. L'information arrive plus rapidement et elle peut être vérifiée grâce aux recoupements entre les villageois. Les villageois en profitent tout particulièrement pour les informations qui fluctuent rapidement (cour du bétail, de la production agricole, présence d'un transporteur et acheteur potentiel,...) ou qui nécessitent une préparation minimale (épidémie animale ou humaine,...). Les échanges par courrier ont également augmentés de manière sensible.

5.2.2 Cohésion sociale/Dynamique collective

Les travaux sur la piste, lorsqu'ils ont été opérés avec l'approche HIMO, ont permis un rapprochement des villageois et par là favorisé la cohésion sociale. Les concessions étant relativement dispersées et les quartiers distants, le regroupement des travailleurs sur la piste a créé de nouvelles amitiés entre villageois et entre personnes des différents villages regroupés sur le chantier.

Cette cohésion sociale renforcée est une bonne base sur laquelle peut se développer une dynamique collective servant d'autres ambitions. Les CVP et les CIVP, s'ils se renforcent et gagnent en reconnaissance, pourraient devenir les instigateurs et/ou les contrôleurs du bon suivirent d'un projet de développement.

5.2.3 Pratiques socio culturelles/Mariages

Les salaires perçus par les villageois de Tantiaka ont entraîné une augmentation surprenante des mariages en 2004. Il semblerait que certains couples étaient en attente de se marier faute de moyens financiers pour payer la dote et l'organisation du mariage. On dénombre à Tantiaka 13 mariages célébrés depuis les travaux en 2004. Les villageois nous ont fait part de leur fierté de pouvoir organiser de belles cérémonies. Les mariages et les enterrements n'ont jamais été aussi beaux par le passé.

L'augmentation de l'intensité des contacts avec l'extérieur et le gain en mobilité permet donc d'une part de renforcer le tissu familial ainsi que les relations d'amitié, et de l'autre de gagner en fréquence et en qualité d'information. Un certain rapprochement entre villageois peut s'opérer et être exploité en tant que dynamique collective servant divers intérêts communs.

5.3 Qualité de vie

Indicateurs

Tantiaka

Tambiga

Fonghin

Enrichissement/ Accès à de nouveaux produits

Nette tendance à l'augmentation du pouvoir d'achat, aux investissements et à la consommation de nouveaux produits

Sentiment de sécurité

Diminution du sentiment d'insécurité

Gain de mobilité des femmes et des enfants

Valorisation/ Satisfaction

Induction d'un sentiment de fierté et de valorisation

5.3.1 Enrichissement/Accès aux nouveaux produits

Le niveau de vie des villageois a pu passer à un échelon supérieur, sans pour autant atteindre des sommets inégalés. La question plus que délicate des revenus et de la fortune n'a pas pu être explorée en profondeur, la culture locale voulant qu'une certaine réticence à communiquer l'étendue de ses biens et de son pouvoir d'achat soit de mise. Les villageois ont toutefois consentis à admettre que la piste constitue un apport financier et matériel non négligeable. En plus de ces « confidences », certains indicateurs fiables témoignent d'une augmentation de richesse (présence récente de tôles ondulées, de maisons construites « en dur », vélo et moto neufs, plus large éventail de produits disponibles,...). Les quantités vendues par les commerçants des villages ont augmentées de manière sensible et de plus en plus de clients désirent acheter de nouveaux produits (parfois non encore disponibles), tels que : des chambres à air, des pneus, des rayons de vélo, des pagnes, du matériel de cuisine, des cahiers, des ardoises, des craies, du lait en poudre en gros, de la farine à gâteaux...

Photographie 3 : Accès à de nouveaux produits sur le marché de Tantiaka

L'augmentation du pouvoir d'achat des villageois de Tantiaka et de Tambiga doit principalement être attribuée aux salaires dégagés par HIMO, alors que celle des habitants de Fonghin est directement liée à l'existence de la piste et non à sa réalisation. Une augmentation de richesse liée à la piste ne peut se faire sentir les premiers mois de désenclavement. Le laps de temps nécessaire afin d'observer une différence significative peut prendre plusieurs saisons (mise en exploitation de nouvelles terres, démarrage de nouvelles cultures,...). Les résultats obtenus à Fonghin sont des plus encourageants quant à l'avenir de Tambiga et de Tantiaka. Une fois les salaires liés à la réalisation de la piste épuisés, une nouvelle augmentation de la richesse devrait avoir lieu grâce à la piste, non plus grâce à sa réalisation mais grâce au développement économique qu'elle engendre.

La réalisation de la piste de Tantiaka a entraîné des retombées considérables pour le village : elle a créé 167 emplois, dont 145 hommes (86,8%) et 22 femmes (13,2%). Les retombées financières pour la main d'oeuvre se chiffrent à 20'404'200 FCFA ce qui a rapporté en moyenne 12'050 FCFA par habitant.

Il serait pertinent de pouvoir définir si cette augmentation de richesse est générale ou propre à certaines catégories professionnelles ou sociales. Il n'est pas de notre ambition de donner une réponse à cette question qui mériterait une étude de longue haleine à elle seule, mais nous pouvons toutefois nous avancer à dire que, bien que la répartition des richesses ne soit de loin pas homogène, chaque membre de la communauté profite financièrement des retombées de la piste, d'une manière ou d'une autre. La répartition salariale d'HIMO pour les villages de Tantiaka et de Tambiga s'est faite dans cette optique, de manière à toucher le maximum de foyers. Le point faible de la mise en pratique de cette méthode a probablement été la plus forte rétribution des charretiers, catégorie qui était déjà plus à l'aise financièrement que les autres travailleurs (puisqu'en possession d'une charrette). Le schéma capitaliste d'enrichissement des plus riches est certes présent mais ne semble pas prédominer et chacun est en mesure de tirer son épingle du jeu. Les quantités vendues par les commerçants accusent une augmentation, et ce tant pour les biens de base que pour les biens dits de luxe.

L'augmentation du pouvoir d'achat, ajouté à la disponibilité d'une plus grande variété de produits sur le marché a permis aux villageois d'acquérir de nouveaux produits que l'on constate à travers une modification des achats et investissements de la part de la population. On note des changements à trois niveaux. Premièrement vestimentaire, deuxièmement alimentaire dû à la possibilité d'acheter des légumes frais venant des maraîchages de Diapangou - certaines femmes s'adonnent désormais à la vente de légumes en parcourant les différentes concessions du village les jours où le marché n'a pas lieu. Et finalement, on constate une modification de l'habitat. Certains travailleurs ont investi dans la construction de cases en semi dur. De plus, un vidéo club a vu le jour, représentant une petite source de revenu pour son propriétaire qui perçoit 25 FCFA par personne et par diffusion.

5.3.2 Sentiment de sécurité

Du point de vue sécuritaire, la piste est un important facteur de limitation du sentiment d'insécurité. Alors que des agressions pouvaient avoir lieu avant sa réalisation, elles ne se sont pas encore manifestées depuis. Malgré la certitude des villageois que la fin des agressions est intimement liée à la réalisation de la piste, nous en formulons des doutes. La piste permet certes une meilleure visibilité, sur une plus grande distance, et une fréquentation (passage) accrue - deux facteurs limitant les risques d'agressions -, mais elle ne peut être considérée comme une garantie de risque zéro. Ce qui dans tous les cas reste important est que le sentiment de sécurité, lui, augmente bel et bien.

Un risque moins dangereux mais plus fréquent était de se perdre à travers brousse. Les enfants, plus sujets à ce genre de mésaventures que leurs parents, étaient très limités dans leur liberté de déplacement. Les femmes peuvent dorénavant emprunter la voie de nuit. La piste a donc pu élargir l'horizon des enfants et rendre aux femmes la possibilité de se déplacer de nuit, maintenant que le sentiment d'insécurité a diminué.

5.3.3 Valorisation/ Satisfaction

" Mon village est très fier et très content de la piste, elle permet le développement du village" nous rapporte Sa majesté Yentagma, chef du village de Tantiaka

Selon les dires des villageois, la piste aurait induit un sentiment de fierté et de valorisation. Le village devient un point de passage des autres villages vers la voie goudronnée mais aussi un point de rencontre plus fréquenté qu'auparavant. Ces éléments font que le village gagne en importance. Nous avons aussi décelé un sentiment de supériorité du village envers les villages alentours provenant probablement de cette situation de carrefour.

« La route est vraiment une joie pour nous, elle a changé la figure de Tambiga. » Un agriculteur.

Cette impression de gagner en reconnaissance sociale peut conférer un nouveau sentiment d'existence, d'intérêt témoigné par l'extérieur et par là même de renforcer l'identité des villageois. La visite à Tambiga en début d'année du roi du Gourma - symbole d'autorité politique - n'a fait qu'amplifier ce sentiment de valorisation. De plus, la fierté dégagée par l'éligibilité de leur village au désenclavement est un impact psychologique non négligeable.

Le désenclavement d'un village se traduit par son ouverture vers l'extérieur, vers l'altérité, vers ce qui est identique et différent. Un réflexe de comparaison, de rapport à soi de ce qui est différent est un mécanisme que nous ne pouvons ignorer et qui a probablement lieu. Aussi, un village dont les contacts avec cette altérité sont soudainement multipliés peut-il souffrir de l'abondance des différences rencontrées ; plus que les différences, parfois le regard que l'autre porte sur nous-même peut-il être difficile à accepter. Prendre conscience de son degré de pauvreté, de son "sous-développement", de son manque d'éducation,... n'est pas forcément chose des plus aisée pour tous. Bien que nos trois villages d'étude ne puissent être considérés comme totalement coupés du monde avant piste et subitement au centre de celui-ci une fois la piste réalisée, ils ont tout de même dus ressentir passablement d'impressions, difficilement exprimables puisque non forcément conscientes. Afin de tenter de mesurer rapidement les principaux effets qui pourraient influencer leur sentiment de bien-être, nous avons posé aux villageois certaines questions qui pourraient nous aider à dégager la vision qu'ils entretiennent d'eux-mêmes en les comparant au monde citadin.

« A Fada, ils n'ont pas les greniers pleins. Il faut acheter la nourriture régulièrement. Il faut aussi payer le bois et l'eau, même les gâteaux pour les enfants qui refusent de manger le tô. » Sita de Tambiga

Les réponses sont plus que variées, mais il se dégage une tendance à considérer la ville (Fada et Ouagadougou) comme un lieu où la réussite (qu'il faut entendre par aisance financière) est possible mais de loin pas facile (situation de l'emploi), où la vie est chère et pas forcément des plus agréable et enfin comme un monde auquel ils ne se sentent pas appartenir (nombreux sont ceux qui disent être bien plus à l'aise dans leur village, entourés de leurs amis et parents).

« Pour aller en ville, il faut avoir les papiers - en ordre -, savoir circuler, avoir des freins et même des phares. C'est compliqué ! » Yentéma, agriculteur.

De façon générale, les habitants aiment leur village et y rentrent avec plaisir s'ils ont dû s'absenter, abrégeant généralement au plus court leur séjour. Il semblerait donc que l'ouverture des villages sur l'extérieur ne s'accompagne pas d'une perception dévalorisante de soi-même ni d'un désir de quitter son village pour aller vivre en milieu urbain.

Lorsqu'ils reviennent de Fada, certains villageois sont choqués par l'étendue du français comme langue d'échange - eux qui ne le comprennent pas - nous confie Alex, agent de santé de Tambiga.

L'enrichissement relatif qui semble avoir été occasionné par la piste permet une augmentation incontestable de la qualité de vie. Outre l'accès aux services sociaux de base comme nous l'avons vu plus haut, il permet un accès à de nouveaux produits de consommation. La qualité de vie se voit également améliorée grâce à un nouveau sentiment de sécurité qui semblait faire bien souvent défaut avant la piste et à l'induction d'un sentiment de valorisation et de satisfaction qui constitue un impact psychologique non négligeable.

5.4 .Mouvements de la population

Mouvements de la population

Tantiaka

Tambiga

Fonghin

Immigration

Nulle

Forte immigration de personnes à la recherche de terres fertiles

Emigration

Forte avant la piste mais stoppée par sa réalisation

Nulle

Exode rural

Forte diminution

Toujours présent, pas d'influence de la piste

5.4.1 Immigration

Pour les villages de Tambiga et de Fonghin, la piste est bien plus un facteur d'immigration que d'émigration. Le désenclavement de terres de relativement bonne qualité, comprenant plusieurs bas fonds, attire de nombreux nouveaux habitants. Ce fait est particulièrement frappant pour Tambiga où la population a sensiblement augmenté ces dernières années. Attirées par la fertilité des terres, par la présence d'une école, d'un dispensaire et plus tard d'une piste, de nombreuses familles ont élu domicile à Tambiga. Plusieurs concessions datent d'il y a seulement six mois et la piste semble être un des facteur incitatif important. Attention toutefois à ne pas attribuer l'immigration de Tambiga et de Fonghin uniquement à la piste, ces deux villages ayant une importante tradition d'immigration ; la piste n'a fait qu'accentuer cet effet. Le facteur principal d'immigration est bien la fertilité des sols et non la réalisation de la piste - le village de Tantiaka, caractérisé par une pauvre fertilité des sols, n'a révélé encore aucun signe d'immigration.

Il va de soi que l'arrivée en masse de nouveaux habitants modifie la structure sociale du village et son équilibre, avec toutes les conséquences que cela peut impliquer. Nous n'avons décelé aucun conflit de type ethnique ou religieux, mais avons pu constater que la forte immigration à Tambiga crée des conflits entre agriculteurs et éleveurs, les nouveaux arrivants étant principalement cultivateurs. Selon les éleveurs, les agriculteurs sont trop nombreux et entrent en concurrence avec eux pour l'accès aux terres et aux ressources hydrauliques.

Notons aussi que la forte immigration de Fonghin et de Tambiga engendre des conséquences sur les terres agricoles. Elles connaissent depuis un certain temps une pression assez marquée : les périodes de repos sont raccourcies et les zones fragiles comme les bas-fonds - initialement destinés au pâturage - sont mises en valeur pour l'agriculture.

5.4.2 Emigration

Tambiga et Fonghin étant des villages récents, nés des besoins en terres cultivables, ils n'ont encore jamais eu à souffrir de l'émigration. Alors que Tantiaka connaissait une émigration importante - 26 concessions entre 2002 et 2003 - aucun départ n'a été relevé en 2004. L'emploi sur la piste - et par conséquent les salaires versés - semble avoir permis à ces populations de pallier aux périodes de soudure et de stopper cette tendance à l'émigration, ne serait-ce que momentanément.

Le départ des jeunes durant la saison sèche à la recherche de sources de revenus reste un facteur handicapant qui a des effets négatifs sur le rendement agricole. La crainte de certains parents que leurs enfants ne reviennent pas au village, lui préférant la ville ou l'étranger, se renforce d'autant plus que ces derniers sont souvent ceux sur qui ils comptent pour envisager leurs vieux jours de façon sereine.

L'exode rural semble avoir été largement restreint à Tantiaka (où il était important) et à Tambiga grâce aux salaires dégagés par HIMO. Ces sources de revenus ont permis à de nombreux jeunes de trouver là un emploi rémunéré sans qu'ils n'aient à quitter le village. Fonghin semble pour sa part accuser une proportion d'exode de la part des jeunes plus importante bien que limitée, mais le lien avec l'existence de la piste semble être très faible.

La forte immigration qu'ont connue les villages de Fonghin et de Tambiga ne peut donc pas être imputée uniquement à la piste, les deux villages connaissant une immigration importante depuis leur fondation. La piste semble toutefois exercer un effet d'intensification de cette immigration. Le désenclavement de terres cultivables comporte passablement d'avantages économiques certains (cf. point 5.6

) et la réalisation de la piste est un signe avant coureur probable d'installation d'autres infrastructures qui pourraient rendre le village plus attractif qu'un autre.

L'émigration est par ailleurs nulle pour ces deux villages et a été stoppée net pour celui de Tantiaka. L'exode rural a été fortement diminué à Tambiga et Tantiaka, mais reste présent à Fonghin.

5.5 Aide au développement

Indicateurs

Tantiaka

Tambiga

Fonghin

Incitation/Attraction

Nulle à l'heure actuelle

Plusieurs projets de développement initiés depuis la réalisation de la piste

Faisabilité

Acheminement des matériaux de construction (lourds et volumineux)

Transport plus facile et plus rapide des produits périssables

5.5.1 Incitation/attraction et faisabilité

Le mécanisme d'incitation/attraction de l'aide est un phénomène bien connu dans le monde du développement. Le projet PrEst lui-même a mis dans ses critères d'éligibilité au désenclavement la présence d'une dynamique de développement qui a déjà fait ses preuves. Dans chacun des villages étudiés, des projets de développement - qu'ils soient locaux ou qu'ils relèvent de coopérations internationales - ont laissé leurs empruntes. La réalisation des pistes dans ces villages, de plus au moyen de la méthode participative HIMO pour Tantiaka et Tambiga (démontrant l'implication de la population), contribuera certainement à attirer de nouveaux projets de développement. Le village de Tambiga est doté d'une pompe depuis juin 2004 et des projets avancés de développement s'inscrivent. L'association pour le développement des communautés villageoises (ADCV) a mis sur pied un projet de maraîchage dans un bas-fond situé à 700 mètres du village, projet destiné à palier aux carences alimentaires des villageois et à offrir une source de revenu monétaire aux femmes. Le projet a débuté avec succès en janvier 2005 et aujourd'hui un demi hectare produit des carottes, des oignons, du choux,... La piste permettra un acheminement facilité dans les marchés du surplus des produits maraîchers (denrées périssables).

De plus, un 3ème bâtiment scolaire va être construit cet été à Tambiga afin d'offrir les niveaux de CE 1 et 2. La première pierre est déjà posée symboliquement. L'acheminement des matériaux de construction, volumineux et lourds, ne peut souvent se faire que par camion, d'où la nécessité d'une piste. Un camion de 10 tonnes a déjà pu accéder à Tambiga afin d'y apporter du ciment. Les villageois ont fait recours à la location d'un transporteur afin d'apporter des bancs d'école. Enfin, le PSP actuel devrait durant le courant de l'année élargir les soins dispensés et obtenir l'appellation de CSPS.

Fonghin a également vu les projets de développement se multiplier depuis son désenclavement. Le PAFR, le FEER, Iles de Paix, la SOFITEX et OPA contribuent à l'accroissement de la production à travers la formation des paysans aux nouvelles techniques culturales (aménagement des bas-fonds et appui à la production et à la commercialisation du riz et du coton). Ces mêmes structures contribuent aussi à la gestion des ressources naturelles du village et à l'alphabétisation.

Notons en dernier lieu que la piste semble faciliter et encourager les visites de terrains d'ONG, de projets et de différentes coopérations, tout organisme qui pourrait subvenir aux besoins élémentaires et de développement des villageois.

5.6 Agriculture/ Elevage

Indicateurs

Tantiaka

Tambiga

Fonghin

Intrants

Acheminement facilité : plus rapide, plus grosses quantités et moins coûteux (approvisionnement collectif)

Incitation à la généralisation de l'usage des engrais, donc impact sur le rendement

Plus facile de faire venir le vétérinaire

Variation de quantités produites

Perspective d'augmentation de la production

Accroissement du cheptel

Tendance à l'augmentation de la production agricole

Augmentation générale du rendement de la production (spécialement rizicole)

Accroissement considérable du cheptel

Diversification de la production

Perspective d'introduction de la culture rizicole et développement de la culture cotonnière

Introduction et développement important de la culture maraîchère et cotonnière

Introduction et développement important de la culture maraîchère et cotonnière

Race bovine améliorée

Transport de la production

Acheminement plus rapide et moins coûteux

Certains commerçants viennent chercher la production agricole directement sur place

Passage d'un collecteur de lait rendu possible

5.6.1 Intrants

Les fertilisants, les engrais (chimiques et organiques), le son et le sel16(*) sont généralement achetés à Fada et leur acheminement est rendu plus facile. Il en va de même pour le fourrage qui provient de toutes les directions. Certains agriculteurs, à l'instar du groupement des cotonniers de Tambiga, se sont organisés afin d'envoyer une seule personne chercher l'engrais dont la communauté à besoin. Son acheminement en gros par camion permet de réaliser une économie financière (transport, nourriture à Fada...) et physique (pénibilité). Un arrangement similaire a pris place à Tantiaka : l'accès aux véhicules transporteurs de petits bétails a eu pour conséquence d'intensifier de manière considérable le marché au bétail du village qui se tient tous les trois jours. L'arrivée de ces véhicules au village a entraîné une nouvelle organisation de l'approvisionnement en fourrage. Un certain nombre d'éleveurs profitent de ces véhicules pour passer commande et recevoir le fourrage au village.

La commande facile des intrants, leur coût plus bas (du aux économies d'échelles avec l'achat et le transport en gros) et le fait de ne plus avoir besoin de se déplacer pour les chercher constituent certainement plusieurs éléments importants qui encouragent les agriculteurs à y avoir recours, s'ils ne le faisaient pas auparavant, ou à en faire un usage plus fréquent. Les impacts positifs sur le rendement sont alors certains, tel que nous pouvons le voir pour la culture rizicole de Fonghin17(*).

 

Avant la piste

Après la piste

Engrais utilisés

Fumier de ferme

Fumier organique, NPK et l'Urée

Moyens et outils

Daba et charrue à traction animale

Mécanisation en plus

Rendement/ha pour le riz

3 à 3,5 tonnes

4 à 5 tonnes

Les éleveurs profitent de la piste principalement pour les soins vétérinaires qui doivent être apportés à leurs bêtes. Les visites du vétérinaire sont plus fréquentes et il est dorénavant possible de le faire venir d'urgence (il est désormais plus facile de le chercher - plusieurs essais sont en général nécessaires pour le trouver - et de le faire venir, même par temps de pluie).

Notons également que l'accès aux produits pharmaceutiques vétérinaires est facilité.

L'eau potable nécessaire pour l'absorption de certains produits vétérinaires, lorsqu'elle fait défaut au village de Tambiga, est cherchée à Nagré avec des bidons de 20 litres. Les villageois s'y rendent habituellement en vélo, directement à travers brousse, et n'empruntent la piste que de nuit.

5.6.2 Nouvelle production

La piste tend à offrir de nouvelles perspectives au niveau agricole et permet une diversification importante des cultures. Les travaux de radiers le long de la piste constituent de petites retenues d'eau permettant l'augmentation de la culture rizicole et éventuellement le développement d'une culture maraîchère. Cette dernière peut prendre une proportion plus importante que la production d'autoconsommation dont elle était caractérisée jusque-là (la piste permet un transport rapide de ces denrées périssables). Fonghin a largement adopté le maraîchage comme culture de contre-saison et les grossistes viennent directement sur place s'approvisionner. Les principaux légumes cultivés sont : le maïs frais, les choux, la tomate et les aubergines. Tambiga vient de mettre en culture un vaste périmètre de maraîchage et les femmes qui y travaillent pensent pouvoir en retirer un revenu substantiel dans la mesure où elles peuvent vendre leur production à des grossistes qui se déplaceraient.

Enfin, le coton n'étant pas cultivé sur de grandes surfaces puisque l'accès était impossible pour les camions de la Sofitex. Sa culture est dorénavant possible et l'ensemble des trois villages s'y sont attelés.

Du point de vue de l'élevage, les villageois de Fonghin se targuent d'avoir une race de bovin améliorée qui permet d'augmenter la production. Ces croisements entre la race locale et d'autres races exotiques a pu se faire grâce à la présence plus régulière des agents vétérinaires et à l'information qui en découlait.

5.6.3 Variation de quantité produite

Les répercussions sur le rendement et la quantité produite attendus suite aux améliorations liées aux intrants semblent ne pas être obligatoirement au rendez-vous. Bien que dans les villages de Fonghin et de Tambiga certains agriculteurs notent une tendance à l'augmentation générale de la production, ceux de Tantiaka nous ont fait part du niveau très faible de leur dernière récolte. Ces derniers ne font pas état d'une variation de la production influencée par la piste. Selon eux, le facteur piste ne peut avoir que très peu à voir avec la quantité produite, le facteur déterminant étant le climat. Ils pensent toutefois voir à terme la production villageoise augmenter pour deux raisons principales. D'une part grâce aux salaires de la piste, certains agriculteurs ont pu acquérir des boeufs de labour. Le travail de la terre par ce moyen permettrait une augmentation de la surface cultivable, synonyme d'accroissement du rendement agricole. D'autre part, le retour au village des jeunes jusqu'alors exilé à l'étranger contribue à l'augmentation de l'activité. Une redistribution des terres abandonnées semble d'ailleurs avoir été amorcée. Ceci ne résout cependant pas les contraintes principales de l'agriculture marquées par une pluviométrie de plus en plus insuffisante et un fort appauvrissement des sols.

Dans certains cas précis, tel que la culture du coton, l'influence de la piste sur le volume de production est indéniable. Le coton est cultivé pour la troisième année consécutive à Tambiga et sa production a pu être largement étendue grâce à la réalisation de la piste qui permet une évacuation par camion. Il en va de même pour Fonghin.

Les enquêtes auprès des éleveurs ont démontré une augmentation du cheptel. On a recensé à Tantiaka l'acquisition d'au minimum 18 boeufs de labour, d'une dizaine d'ânes ainsi que de plusieurs dizaines de petits ruminants. Alors que les chiffres de Tambiga avoisinent ceux de Tantiaka, l'évolution du cheptel de Fonghin est drastiquement plus importante, tel que nous pouvons le voir dans le tableau ci-dessous18(*).

Espèce animale

Bovins

Ovins

Caprins

Asins

Volailles

Effectif estimé avant en moyenne par éleveur

15 à 17

20 à 25

10 à 18

5 à 6

40

Effectif estimé après en moyenne par éleveur

25 à 35

30 à 45

20 à 30

4 à 6

20 à 25

Enfin, et bien que ce point n'a pas pu être observé, la présence de la piste devrait pouvoir permettre une augmentation de la production laitière à des fins de commercialisation. Son acheminement en gros, ou le passage régulier d'un collecteur, pourrait rendre cette activité rentable. Le son, qui est utilisé afin d'augmenter la production laitière, peut désormais être acheminé sans difficultés.

5.6.4 Transport de la production

Nous venons de voir combien la question du transport est une variable incontournable à prendre en compte avant de se lancer dans certaines cultures de rente. La charrette n'est pas assez grosse pour contenir le volume du coton et trop lente pour amener frais à destination les produits du maraîchage.

La question du transport de la production agricole ne se limite toutefois pas à ces deux domaines. Toute production qui n'est pas consommée sur place doit être acheminée et son transport est incontestablement facilité par la piste. Alors qu'il était auparavant difficile d'amener un sac de mil à Fada (terre argileuse qui se colle sous les roues, sol glissant, roues cassées,...), les commerçants viennent aujourd'hui chercher le mil directement à Tambiga, à la plus grande satisfaction des agriculteurs.

Les éleveurs de Tambiga ne se sont pas organisés collectivement pour acheminer le lait à Diabatou, où il est vendu. Leur souhait qu'un collecteur de lait vienne au village le chercher régulièrement pourait se voir réaliser maintenant que la piste existe. Il leur faudrait encore augmenter la production laitière pour encourager quelqu'un à se déplacer - ceci est facilité par la piste qui permet l'acheminement d'une plus grande quantité de son.

Les agriculteurs estiment que c'est leur corps de métier qui profite le plus de la réalisation de la piste. Ils font des économies (crevaisons, roues cassées, dépenses à Fada) tout en augmentant leur production. Les intrants peuvent être commandés à moindres coûts, leur emploi se généralise et aboutit à une augmentation du rendement, la production se diversifie et son transport est grandement facilité. De nouvelles perspectives se dessinent encore à l'horizon, telle l'exploitation laitière désormais possible pour des quantités rentables.

5.7 Commerce

Indicateurs

Tantiaka

Tambiga

Fonghin

Activité et offre

Diversification des marchandises, multiplication du nombre de commerçant et augmentation du volume des échanges

Sans effet

Diversification des marchandises, multiplication du nombre de commerçant et augmentation du volume des échanges

Transport des marchandises

Facilité par la piste : plus rapide, plus fréquent, moins coûteux (quantités plus importantes)

Affluence de la clientèle

Accroissement important de la clientèle

Sans effet

Accroissement important de la clientèle

5.7.1 Activité et offre

La réalisation de la piste a permit de donner un nouvel élan aux marchés de Tantiaka et de Fonghin. Les marchandises vendues se sont diversifiées, le nombre de commerçants a augmenté et les boutiques se sont multipliées.

Le marché au bétail de Tantiaka a connu une forte reprise de ses activités grâce à la piste et à l'augmentation du pouvoir d'achat. Quelques véhicules transportant les petits ruminants peuvent ainsi se rendre au marché sans difficulté et y trouver une clientèle. Selon les responsables du marché au bétail interrogés, les ventes de bétail auraient doublé depuis l'aménagement de la piste.

Alors que par le passé le marché de Tantiaka était un marché de petits ruminants et la vente de bovins réservée au marché de Fada, il connaît aujourd'hui un développement du commerce des bovins.

Marie, une commerçante de produits alimentaires de Tantiaka, concluait avant la piste des ventes journalières de l'ordre de 2'500 à 4'000 FCFA alors que son chiffre atteint aujourd'hui un minimum de 5'000 FCFA.

L'activité commerciale des femmes (notamment la vente de galette, d'arachide et de soumbala) a connu, tout comme le commerce du bétail, un bel essor grâce à la diversification des produits mis en vente et à l'affluence d'une plus grande clientèle.

Tambiga, pour sa part, dispose en tout et pour tout de trois boutiques qui sont ouvertes depuis plusieurs années. La réalisation de la piste n'a ni augmenté le nombre de commerçants, ni étendu l'offre de produits sur leurs étalages. Les commerçants ont toutefois constaté une augmentation des ventes dégageant un bénéfice suffisant afin de trocker leur boutique en banco ou en tôles ondulées contre de nouvelles boutiques en ciment, projet qui devrait voir le jour cette année.

Cette augmentation des ventes doit probablement être attribuée aux salaires dégagés par le chantier et ne doit pas être considérée comme durable. Alors que le petit commerce de Tantiaka a connu l'année dernière une forte augmentation de ses ventes, on ne note pas de reprise début 2005.

Notons par ailleurs que le désenclavement d'un village peut exposer ses commerçants à une nouvelle concurrence avec laquelle ils ne pourraient pas toujours être en mesure de composer. Depuis la réalisation d'une voie d'accès pratique, de plus en plus de villageois vont directement en ville acheter certains produits en gros (sacs de riz de 25 kg, grosses boîtes de tomates,...), désertant ainsi les échoppes des commerçants. Bien que les avantages pour la population soient incontestables, tous les commerçants ne s'en réjouissent pas forcément.

De plus, des commerçants de villages voisins peuvent venir s'emparer de certaines parts de marché jusqu'alors protégées.

Les commerçants de Nagré viennent plus régulièrement à moto ou à vélo vendre certains produits à Tambiga. Comme il s'agit principalement d'habits, de chaussures, de pommades et de cola, ils n'entrent pas directement en concurrence avec les boutiquiers de Tambiga, mais ils restent néanmoins une menace non négligeable.

5.7.2 Transport

L'augmentation du commerce et des échanges, bien que non attribuable uniquement à la piste, lui est intimement liée. Seule la piste en tant que moyen de déplacement et de transport peut attirer la clientèle et assurer un flux de marchandises diverses. Ce constat n'est pas valable uniquement pour les deux villages dotés d'un marché, il l'est également pour un petit village avec une activité commerciale réduite au minimum, tel que Tambiga. Le transport des marchandises peut se faire plus rapidement, plus fréquemment, en plus grosse quantité et quel que soient les conditions climatiques. Ce gain de temps et d'argent accroît la marge bénéficiaire des commerçants.

Les commerçants de Tambiga profitent de la piste pour l'acheminement des marchandises en louant des motos pour le trajet Fada-Tambiga (ravitaillement deux fois par mois) ou le trajet Diabatou-Tambiga. Dans ce dernier cas, ils profitent des transporteurs qui relient Fada à Nagré et déchargent les marchandises à Diabatou, avant de les acheminer par moto à Tambiga.

5.7.3 Affluence de la clientèle

La diminution de l'exode et de l'émigration, grâce à la construction de la piste, a entraîné une augmentation de la population résidente et par là même la reprise des activités touchant tous les types de commerce. De plus, la facilité de trafic commercial a attiré de nouveaux commerçants de bétail : ils proviennent de la région (Fada, Pouytenga, Diabo, Yambie, Comyanga) mais aussi des pays voisins (Niger, Bénin et Togo). L'accessibilité du marché depuis la voie bitumée explique l'augmentation sensible de leur fréquentation. Une relation dialectique entre l'augmentation et la diversification de l'offre a eu pour effet, grâce au pouvoir d'achat des villageois, d'augmenter la demande. Les commerçants font aussi état d'une plus forte affluence de clients venant des villages voisins. Le marché de Fonghin connaît la même situation et sa clientèle s'est multipliée d'année en année.

Photographie 4 : Affluence de la clientèle sur le marché de Tantiaka

Si la piste n'est pas au village ce que le chemin de fer fut à l'Europe du XIXème siècle, l'idée s'en rapproche toutefois. Les voies de communication et de transport sont indispensables à la dynamisation d'une économie, et les villages de Tantiaka et de Fonghin en ont fait l'expérience. Leur marché n'a cessé de s'étendre : les boutiques se multiplient, de nouveaux commerçants affluent et de nouvelles marchandises s'étalent sous les yeux d'un public toujours plus nombreux. Les sources de revenus pour les commerçants du village augmentent donc de façon sensible. Le transport des marchandises se fait à un coût plus faible, des denrées périssables peuvent être acheminées et la sécurité (transport d'argent et de marchandises) est accrue : autant de facteurs qui expliquent le développement économique d'un village désenclavé. Ces facteurs ne l'expliquent toutefois pas à eux seuls : Tambiga profite également du désenclavement sans pour autant que son économie se trouve modifiée de manière importante. Un dynamisme économique doit exister au préalable, sans quoi la réalisation de la piste ne sera pas suivie de conséquences dans ce domaine précis.

5.8 Limites d'interprétation des résultats

Malgré toutes les précautions prises, il est possible que certains amalgames abusifs entre les impacts dus à la pistes ou à d'autres changements, tels que le climat, l'évolution des mentalités ou des habitudes, aient pu persister.

Un désenclavement qui date de moins d'une année ne peut révéler des impacts à long terme. Il est possible que certains des impacts observés ne perdurent pas et que la situation socio-économique de Tantiaka et de Tambiga soit encore sujette à de nombreux changements.

Conclusion

L'absence et/ou la mauvaise qualité des services publics, notamment des transports, est l'une des principales contraintes au développement du secteur tertiaire. Cette situation entrave très fortement le stockage et l'écoulement de la production, le transport et le déroulement des activités commerciales. Le potentiel de production reste inexploité et les résidents ruraux sont confinés dans une agriculture de subsistance dans des conditions de vie particulièrement précaires du fait de l'isolement. C'est dans ce contexte que PrEst a entrepris récemment la réalisation de pistes rurales dans le but de créer des réseaux de pistes carrossables et gérées durablement et localement. Par l'aménagement de ces pistes, selon la méthode HIMO - impliquant les populations à toutes les étapes du projet, PrEst entend apporter une réponse aux problèmes de lutte contre la pauvreté par l'aide au développement socio-économique de villages jusque-là enclavés.

Les situations de désenclavement sont vécues passablement différemment selon les villages. En effet, l'implantation d'une piste, bien que toujours souhaitée, peut être plus ou moins attendue. La réception et l'appropriation se font avec un degré d'entrain variable. Ceci s'explique probablement par l'utilité de la piste selon le village. Par utilité, il nous faut entendre dans un premier temps la différence entre l'état du sentier emprunté au préalable (durant la saison sèche et durant la saison pluvieuse) et la piste actuelle en tant que possibilité et pénibilité de déplacement. La longueur de la piste est alors primordiale dans l'évaluation de cette différence. Plus cette différence est importante et plus la piste sera utile. Dans un second temps, la mesure de l'utilité de la piste est fonction des besoins de déplacement des populations. Plus elle facilite véritablement l'accès aux différentes infrastructures (éducation, administration, santé, marché...), plus elle peut être considérée comme utile. De même, plus un nombre important de personnes (effectif des populations touchées) peut bénéficier de sa réalisation, plus elle gagnera en utilité. Les particularités de chaque village (situation géographique, présence d'un marché, d'un centre de santé,...) et de chaque tracé de piste impliquent des situations de désenclavement différentes impliquant des impacts de différentes intensités. Dans le cas précis de notre étude, il apparaît que si le désenclavement des villages de Tantiaka et de Fonghin ont révélés des impacts socio-économiques de relativement grande envergure, le désenclavement du village de Tambiga a pour sa part mis en évidence des impacts bien moindres.

Les impacts socio-économiques que nous nous sommes proposés d'étudier lors de ce travail sont donc intimement liés à cette notion d'utilité. Ils ont permis de dégager bon nombre d'aspects positifs très importants au développement des villages, parmi lesquels l'amélioration de l'accès aux soins et à l'éducation ainsi que l'augmentation du flux des échanges humains et commerciaux. En effet, la présence de la piste ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine social. En rendant les infrastructures plus facilement accessibles, elle contribue à l'amélioration des services et à l'augmentation de la fréquentation de ces derniers, réduisant ainsi de manière sensible les problèmes sanitaires et de scolarisation. La mobilité engendrée par la présence de la piste influence les mouvements de populations conférant aux déplacements un but lucratif et social peu connu auparavant. Les impacts économiques, quant à eux, révèlent le rôle primordial joué par la piste. Les effets en sont inextricablement liés. La possibilité d'acheminement des intrants, des productions et articles de commerce engendre une dynamisation de tous les secteurs qui font l'économie des villages contribuant au développement d'activités de rentes et non seulement de suffisance alimentaire.

Ces éléments constituent une impulsion de développement favorisant toutes les couches de la population. De plus, la méthode participative a renforcé l'esprit de responsabilisation des populations grâce à l'implication qui leur est demandée et à l'organisation qu'elles mettent elles-mêmes en place.

Si les impacts socio-économiques de l'aménagement des pistes peuvent être qualifié de réussite, certaines zones d'ombres apparaissent cependant et tendent à remettre en cause certaines des actions ou orientations privilégiées par le programme. Ainsi si le recours à la méthode HIMO, en offrant des possibilités d'emploi lors des travaux, contribue fortement à la réduction des mouvements de population et à l'augmentation des revenus permettant aux populations d'accéder à un niveau de vie meilleur, il n'en demeure pas moins que ces impacts sont ponctuels. Même si l'argent dégagé par les salaires semble avoir été investi au mieux, l'on peut se demander si le subit arrêt de leur versement au terme de la réalisation des pistes ne va pas entraîner un nouveau bouleversement des conditions de vie des villageois. La question du recours à la méthode HIMO et de ses retombées sociales feront l'objet d'une étude spécifique portant sur l'approche sociale du programme sur les populations bénéficiaires19(*). D'autre part, malgré les meilleures intentions de la piste sur le plan socio-économique, elle engendre certaines activités nuisibles sur l'environnement et par conséquent sur la population bénéficiaire. Cet aspect plus critique de la réalisation des pistes constituera également une étude spécifique20(*).De plus on peut se demander de quelle manière les impacts socio-économiques révélés par l'étude vont pouvoir se développer sur le long terme. Les villages sont aujourd'hui désenclavés, mais pour combien de temps? Si un mécanisme d'entretien cohérent et efficace n'est pas mis en place, cette situation risque de ne pas perdurer. Les perspectives développées par la population en ce qui a trait à entretien afin de répondre à l'objectif de pérennité du programme feront également l'objet d'une étude spécifique21(*).

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SMITH S., « Négrologie, Pourquoi l'Afrique meurt". Ed. Calmann-Lévy, France. Octobre 2003

Rapports

Bureau d'Etude et Recherche pour le Développement (BERD), "Manuel de Diagnostic Conjoint pour la mise place d'infrastructures villageoises de transport", Ouagadougou

Bureau d'Etudes ARC. Intermédiation Sociale du Gourma « Rapport Annuel de l'Equipe d'Intermédiation Sociale du Gourma ISG-ARC/PrEst. Septembre 2004

Bureau d'Etudes ARC. Intermédiation Sociale du Gourma, "Diagnostic Socio - Economique du Village de Tantiaka", Fada, Juin 2004

Bureau d'Etudes ARC. Intermédiation Sociale du Gourma, "Rapport sectoriel de diagnostic socio-économique sectoriel du village de Tambiga", Fada, Juin 2004

FEER "Etudes de Base dans les nouveaux villages de la campagne", II Lot 12, Village de Fonghin, 1999

HELVETAS, "Rapport final de la phase 1(juin 2002 - Août 2004) de projet", Fada N'Gourma, 2004

Iles de Paix,"Situation de référence du terroir de Diapangou", Janvier 2005

Ministère de l'Infrastructure, des Transports et de l'Habitat (MITH), "Manuel d'exécution de la stratégie Nationale du Transport Rural au Burkina Faso", Ouagadougou, Octobre 2003

PrEst, "Projet de piste rurale du village de Tantiaka dans la province de Gourma", 2002

SCHMIDT R., COMPAORE F., FREITAS H., "Rapport d'évaluation - Pistes Rurales - Désenclavement à l'Est : Document de programme - Phase 2 ", Ouagadougou, Fada, Juillet 2004

ANNEXES

Annexe 1 Restitution des entretiens

Restitution entretiens village de Tantiaka

Piste Diapangou ? Tantiaka

Effets sur le social

Données obtenues par les entretiens avec

Les catégories socio-professionnelles :Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants,Femmes ainsi qu'avec le chef du village, le comité de suivi de la piste, la CVGT et le directeur de l'école.

Etats des lieux/

Variables

Avant piste

Après piste

Effets piste

Après piste

Effets $ / HIMO

Santé Rattaché au CSPS départemental de TIBGA. D'un point de vue administratif, les villageois doivent se rendre à Tibga, avec la piste ils se rendent majoritairement à Diap d'où ils sont transférés plus rapidement vers Fada en cas de besoin.

 
 
 

- Transport

- Accès financier

- Prévention/ vaccination = le Médecin deTibga est en charge des campagnes

- Transport vers Diapangou(CSPS) et Fada(Hôpital) par la brousse?moto,charrette

= Déplacements longs, difficiles et risqués

- Aucun accès pour ambulance ou véhicule d'évacuation en cas d'urgence

Distance = 9 km

Durée = 2 heures

-Transport vers Diap et Fada par la piste? ambulance, véhicule ou charrettes

= Déplacements facilités, sûrs et rapides

Distance 9 km

Durée = 30min - 1heure

Suivant le moyen de locomotion

Pas d'influence de la piste

- Augmente l'accès financier aux soins.

Résultat

 

? ?du taux de mortalité

? ?du taux de mortalité ( voir Hôp Fada)

-exemple : karim lompo a pu payé les 80'000 cfa nécessaires à la prise en charge de sa femme (hémorragie suite accouchement grâce à salaire plus solidarité (cash grâce à salaires aussi)

Education

 
 
 

-Classes primaires Tantiaka

- Trois classes du CP1 au CM1

-Fréquentation

2003-2004 = 95 élèves

- Visites pédagogiques/

inspecteurs et formation = 1 ou 2 fois par année. Les professeurs étaient peu contrôlés.

- Accès facilité : visite depuis début année 2004-2005 : 5 à 6 visites

? Regard sur le travail des professeurs et suivi? de la qualité de l'enseignement

- Trois classes (idem)

- ?Fréquentation

2004-2005 = 110 élèves

- Classes secondaires Diapangou

 

- Accès plus rapide à D. et possibilité de retour à midi. Non vérifié cf ?

- 2003-2004 = Pas de CM2 ? pas de rentrée en secondaire pour 2004-2005

Formation aux travaux de construction et de maintien de la piste

- aucun

- savoir faire et possibilité d'emploi sur autre projets = source potentielle de revenu

 

Dynamique

Sociale

 
 
 

- Cohésion sociale

- Dynamique collective

- village dispersé, concessions et quartiers distants

- mesures collectives d'aide et de développement du village existantes.Menées par les 4 groupes socio-professionnels pour


·réalisation de sites anti-érosifs sur champs collectifs


·plantation d'arbre de reboisement ds village


·Organisation de campagne d'alphabétisation

Les porteurs du projets sont le chef du villages (Yentagma), ses conseillers et le RAV + la représentante des femmes.

 

- rapprochement des villageois dû au travail en commun sur pistes. Amitiés crées

- effets de l'approche participative :

?création d'un comité de suivi de la piste

=

dynamique collective renforcée (pas slt grpes socio-professionnelles) tournés vers un développement commun de leur village. ? renfort de la cohésion sociale et des relations entre villageois

- Conflits

- pas de conflits marquant

- pas de conflits avoués

- pas de conflits avoués

- Pratiques socio-culturelles

- mariage en cachette dus au manque de moyens financiers, ou mariage en attente dus au manque de moyens financiers pour la dot et la célébration -fête

 

- 4 mariages de femmes de T. ?entre autre effet de richesse des familles d'appartenance

- 9 hommes ont pu se marier et célébrer de belles fêtes

? 13 mariages célébrés suite à salaires pistes

- Contacts avec extérieur

- difficulté de trouver le village pour étrangers

- visites peu fréquentes d'amis ou de parentés due à la difficulté de déplacement, pas de contact avec l'extérieur en saison pluvieuse

- visite plus fréquente d'étrangers au village

? contact avec étrangers,rapprochement

Exemple : foire de Dilembo. 2004 a permis l'organisation de navettes régulières (fada-tant). Grande affluence dans le village. Belle fête

- visites plus fréquentes d'amis ou parenté résident dans la région, notamment en saison des pluies

 

- Mobilité

· Raison

· Moyen

· Fréquence/jr

- déplacements vers Diapangou et Fada difficiles et uniquement en cas de besoin (santé, école second, commerce)

- Par ordre de répartition

Pied - Vélo - Charrettes -moto- pas de véhicule

- Avt = ? Ne sais pas

-déplacements à raison sociale, de divertissements

- déplacement des vieux pour fêtes ou autre vers d'autres villages ou fada rendue possible

? mobilité sociale uniforme

-Jours de marché :env.

2 à 3 voitures, 40 vélo, 10 charrettes

- ? du pouvoir d'achat (vélos,)

- Achat par les jeunes principalement de vélo contribuant à une indépendance vis-à-vis des parents. Achat de 10 vélos pour l'ensemble du village.?importante

= Moyens de trans. cycliste passe de 12 à 22.

- Achat ou réparation de vélo pour les femmes pour déplacements commerciaux.

-communication et

information

- communication fonctionnant selon le système de commissionnaires relayés, vu la mobilité difficile, village peu au courant des nouvelles de la région (excepté radio nationale et Tamba)

- courrier peu fréquent, acheminement long

- mobilité et contact vers l'extérieur permettent de ramener des informations au sein du village plus régulièrement

- population extérieur connaît accès facilité au village

? augmentation des échanges par courrier

 

Qualité de vie

 
 
 

- Valorisation/ satisfaction

- sentiment d'enclavement, coupé du monde

- grand sentiment de fierté. Le village devient un point de passage des autres villages en direction de Diapangou

?gagne en importance

sentiment de supériorité

 

- Nouveaux produits

- achats des biens de subsistance principalement pour la majorité des villageois

- disponibilité de biens de luxe (ex : pagnes, habits), biens de consommations nouveaux (ex : légumes) sur le marché

- moyens financiers d'accéder à des nouveaux biens ( vélo, tv, radios ...)

- sécurité

-Insécurité lors des déplacements dans la brousse (coupeurs de route embusqués dans buissons). Pas de déplacements de nuit femmes-enfants, slt en cas d'urgence homme.

Sentiment de peur

- Piste dégagée. Aucun cas d'agression signalée depuis piste. Déplacements de jour et de nuit de la population (femmes-hommes-enfants) jugés comme sûrs.

 

Mouvements de population

 
 
 

Exode rural

- Exode rural saisonnier des jeunes en saison sèches vers la côte d'ivoire et autres pays limitrophes motivé par la recherche d'emplois rénumérateurs

 

- Emploi générés par la piste a fortement diminué cet exode des jeunes.

= ?de la population résidentielle

= ? de l'entraide financière et aide au quotidien

Emigration

- Le village a connu entre 2002 et 2003 l'émigration définitive d'environ 26 concessions pour d'autres zones plus propices à l'agriculture et à l'élevage

 

-2004 : aucun départ enregistré. Dû travail sur piste générateur de revenu, ?de la pauvreté. ? de la population active (jeunes). Pas besoin de recherche d'autre terres afin ? moyens de subsistance

Immigration

- Immigration presque inexistante

- inchangé à ce jour

 

Aide au développement

 
 
 

- Incitation/attraction

- Entre 1995-2002, intervention de PFA, Ile de Paix et Tin-Tua dans 4 projets

- La venue du PNGT (construction forage, aide au maraîchage école) attribuée à la piste par les villageois

- espoir de la population d'obtenir plus d'aide car village plus accessibles et diagnostic des besoins. Ne pas rester dans l'oubli.

 

- Faisabilité

 

- transport de matériel lourd (pr construction) rendu possible. (ex : construction d'un barrage espérée)

 

Effets sur l'économie

Données obtenues par les entretiens avec les différentes catégories sociales : Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants et les Femmes

Etats des lieux/

Variables

Avant piste

Après piste

Effets piste

Après piste

Effets $ / HIMO

Agriculture

Selon matrice de classification des besoin :piste = priorité première

 
 
 

Espèces cultivées

Principales /secondair

- sorgho coton

- mil arachide

- riz paddy patate douc

- maïs sésame

soja

- culture maraîchère pratiquement inexistante (sauf école en projet)

- Intention? de la culture du riz grâce aux retenues d'eau découlant des radiers de la piste

- Production coton, car accès camions pr transport

- Idem (dépend de la construction d'un barrage)

? pas de nouvelles espèces cultivées

-Possibilité d'achat de semence pour :

- Intention? de la production de coton (pas slt par les vieilles) comme culture de rente

- Commerce de produits agricoles

- Difficultés d'acheminement du surplus de production destiné à la vente vers autres marchés. Petites quantités transportées

- Accès aux autres marchés : facilité des déplacements et quantités transportées facilités, grâce à passage avec charrette

 

- Variation de la quantité produite = non mesurable et non soumis à l'influence de la piste soumis à des facteurs climatiques

 

-Perspective d'?de la production des cultures principales car pas d'exode rural = acquisition des terres abandonnées par émigrants.

 

- Variation du prix de vente

 

- Pas de changement

 

- Intrants

- agriculture itinérante sur brûlis sans fertilisants chimiques, peu d'utilisation d'engrais organiques laissés par les troupeaux sur champs en saison sèche (peu de fosses fumières)

- pas d'info sur semences

 

- ?d'engrais organique car? du cheptel grâce aux salaires de la piste =

- Moyens de production agricoles / Effets sur la production agricole

- Transport de la production

- Activité agricole basée sur la force de travail humain. Une faible partie de la population possède des boeufs de labour pour culture

- à pied, à vélo et par les charrettes

- par la piste

- Achats de boeufs de labour facilitant le travail agricole et ? du rendement de la production attendu par les agriculteurs 

- Achats d'ânes et de charrettes

? facilité de transport et ? de la quantité transportée

Elevage

Selon matrice de classement des besoins : piste = dernières priorité

 
 
 

- Composition du cheptel/ investissement de cette catégorie

Quantité estimée selon recensement cheptel et ISG en 2004

- bovins = 1000/ 1576

- ovins = 843/ 1039

- caprins =1284/ 1247

- asins = 59/ 86

- porcins = 61/ 103

- volailles = 2528/ 3753

 

On note une ? considérable dont ( 18 boeufs et 8 ânes) du cheptel rendue possible par les salaires.

=- ? de l'activité de l'élevage

- Variation du prix de vente des bêtes

Ex :

Boeufs de labour = 50'000CFA

Boeufs de labour=

75'000-125'000CFA

= pas influencé par piste

Impossible de savoir si la piste, l'? de l'achat est responsable de l'? des prix!!!

- Intrants

Fourrage / prix

Soins vétérinaires/prix

- transport difficile, charrettes

- + cher

- entre 600 et 750 CFA par bête

- Transport avec véhicules marchands (bétails) les jours de marché = Acheminement plus facile

- -cher / pas lié piste

- ? à 300 CFA / pas lié à piste

 

- Autre

 

- ? du vol de bétail qui transite en parallèle à la piste

 

Commerce (hommes). Selon la matrice du classement des besoins : piste = priorité première

- Années 80 marquées par une forte activité commerciale, puis l'exode et l'émigration et l'ouverture du marché de Tibga ont entraîné une baisse considérable de l'activité commerciale touchant tous les types de commerce

- Depuis 2004 on note une reprise des activités commerciales due ?

- ? de l'affluence de commerçants à Tantiaka

- ?diversification des produits vendus car facilement acheminés par piste

- + grande affluence - de la clientèle venue des villages voisins

- ? de l'exode rural et de l'émigration.

= ? de la clientèle du village

- ? du pouvoir d'achat

Commerce du bétail

- Activité

-Affluence/ Transport

- Ventes journalières (lors du marché)

- Tantiaka = marché à bétail de petits ruminants

- Fada = Grand marché au bétail bovins

- Acheteurs et vendeurs de la région et occasionnellement commerçants étrangers

- Développement du commerce de boeufs à Tantiaka

- ? du prix par bête car pas le prix du transport

- Provenance de + d'acheteurs et de vendeurs de la région (Fada, Pouytenga, Koupela, Diabo, Yambie, Comyanga). Mais aussi de Ouaga et étranger (Bénin - Togo). Grâce à la possibilité de venir avec véhicule (transport des petits ruminants)

? ?importante de l'activité commerciale

Constat général :

A doublé

- vente de boeufs et d'ânes aux salariés de la piste. (+18 boeufs et + 8 ânes). + de nombreux caprins et ovins

Petit commerce (de pièces détachées pour vélo, motos, lampes de poches, ampoules, piles, savon, dentifrice, bonbons matériel scolaires etc..)

- Activité

- Ventes journalières

- Faible activité due aux difficultés d'acheminement du matériel vers T.

Peu de produits proposés

- ? des activités =

? de l'offre en quantité et diversité

- ? des ventes en 2004 grâce aux salaires générés par la piste

? considérable du chiffre d'affaire

Femmes

Selon la matrice du classement des besoins : piste = priorité première

 
 
 

Activité commerciale

- Vente de produits agricoles transformés : dolo, soumbala, beignets, repas

- Vente de produits pour la cuisine : épices, légumes

- Ventes journalières

- Commerçantes de Diapangou

- activité moyenne ? dépend de l'affluence de la clientèle

- vente de petites quantités et peu de diversité (=peu de légumes) due aux difficultés d'acheminement des produits ? légère modification des régimes alimentaires

- entre 2'500 et 4'000CFA par jour de marché

- Fréquentaient peu le marché de Tantiaka

- ? de l'affluence = relance de la vente

- acheminement d'une plus grande quantité de produits, achat de légumes à Diapangou

- 5'000 et plus par jour de marché

? grâce à affluence

- Commerce régulier des femmes de Diapangou à Tantiaka

- ? des ventes dues à ? du pouvoir d'achat des ménages

? grâce à pouvoir d'achat

Conclusions

 

L'aménagement de la piste a permis une affluence considérable et une reprise des activités commerciales facilité par l'acheminement des produit de T. à D et inversement

? des revenus et pouvoir d'achat a ? grâce aux salaires qui ont été déterminants et ont surtout permis de pallier à une période de soudure due aux mauvaises récoltes consécutives de 2003- 2004)

Restitution entretiens village de Tambiga

Piste Diabatou ? Tambiga

Effets sur le social

Données obtenues par les entretiens avec

Les catégories socio-professionnelles :Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes ainsi qu'avec le Délégué administratif du village (RAV),l'agent de santé, comité de suivi de la piste, la CVGT et le directeur de l'école.

Etats des lieux/

Indicateurs

Avant piste

Après piste

Effets piste

Après piste

Effets Salaires HIMO

Santé/

PSP depuis 1998 (soins du paludisme léger, de la toux, des maux de ventres et diarrhées, des vomissements, des plaies et des conjonctivites ; maternité qui s'occupe des accouchements, de la pesée des enfants et de la sensibilisation)

Projet français d'extension en CSPS pour 2005

CSPS actuel le plus proche à Natiaboani (22km)

 
 
 

- Transport

- Transport vers Natiaboani (CSPS) et Fada (Hôpital) par la brousse en moto,charrette et ambulance tractable

= Déplacement difficile, risqué et long (en 2000, les villageois ont frayé un passage pour l'ambulance tractable en enlevant les souches)

-Transport vers Natiaboani et Fada par ambulance ou véhicule

= Déplacement facilité, sûr et rapide (1 heure en ambulance tractable)

5 à 10 autorisations de transfert sont délivrées par mois

6 villages alentours qui n'ont pas de PSP viennent plus facilement à Tambiga

Augmentation du nombre de patients 2 à 3/jour en 2003 ; 5 à 6/jour en 2004

Augmentation de la fréquence des campagnes de prévention/sensibilisation

Achat de médicament facilité

- Augmente l'accès financier aux soins.

Education

 
 
 

Deux classes : CP1 et 2 ; 81 enfants

Se rendre à Nagré (7 km) pour scolarisation

Construction de bâtiments scolaires facilité (acheminement des matériaux)

Frais de scolarités plus accessibles

Formation

 
 
 

Formation aux travaux de construction et de maintien de la piste

- aucun

 

- savoir faire et possibilité d'emploi sur autre projets = source potentiel de revenu

Dynamique sociale

 
 
 

Contacts avec extérieur

-Communications et

information

- difficulté de trouver le village pour étrangers

- visite peu fréquente d'amis ou de parents

- peu d'informations

Visites plus fréquentes d'amis et de parents

Informations plus variées et plus rapides

 

Qualité de vie

 
 
 

- Valorisation

- Sécurité

- Enrichissement

Peu de visibilité à distance, risques de se perdre ou de se faire agresser

Sentiment de fierté, de reconnaissance sociale.

Diminution du sentiment d'insécurité

Augmentation du pouvoir d'achat

Investissements (bétail, semis) et gros achats (vélos, motos, tôles)

Mouvements de population

 
 
 

- Emigration

- Immigration

 

Arrivée de nouveaux agriculteurs, donc concurrence avec éleveurs pour place, nourriture et eau

Jeunes hommes n'ont pas eu besoin de partir à la recherche d'argent pour finacer leur mariage

Aide au développement

 
 
 

- Incitation/attraction

- Faisabilité

 

Projet de maraîchage

Bâtiments scolaires

Passage de PSP à CSPS

Acheminement sur les marchés des produits maraîchers

Acheminements des matériaux de construction pour les bâtiments scolaires et médicaux

 

Effets sur l'économie

Données obtenues par les entretiens avec les différentes catégories sociales : Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants et les Femmes

Etats des lieux/

Indicateurs

Avant piste

Après piste

Effets piste

Après piste

Effets Salaires HIMO

Agriculture

 
 
 

Intrants

Chacun cherche individuellement son engrais

Organisés collectivement afin de déléguer une personne qui va aller chercher l'engrais en gros à Fada: gain financier et de temps

 

Production

Chacun devait apporter sa production à Nagré ou Fada

Augmentation de la production agricole en général et particulièrement du coton (évacuation par camion)

Commerçants viennent chercher la production directement sur place

Exode rural limité : jeunes hommes, indispensables aux travaux champêtres et influents sur le rendement, sont moins partis

achat de semis et extension du domaine exploité

Elevage

 
 
 

Intrants (son, sel)

Soins vétérinaires

 

Transport facilité

Plus facile de chercher et faire venir le vétérinaire, spécialement durant la saison des pluies

Possibilité de faire venir un collecteur de lait

Achat de nouvelles têtes de bétail

Commerce

 
 
 

Trois boutiques

 

Augmentation des ventes

Transport facilité des marchandises

Risque de perdre de la clentèle qui va plus souvent au marché et qui achète en gros

Plus forte menace des commerçants ambulants

Augmentation des ventes

Restitution entretiens village de Fonghin

Piste Tilonti - Fonghin

Effets sur le social

Données obtenues par les entretiens avec.

Les catégories socio-professionnelles : Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes, ainsi qu'avec le chef du village et le Directeur de l'école.

Etats des lieux/

indicateurs

Avant piste

Après pistes

Santé

- Absence de centre de santé

- Difficulté d'accès aux centres de soins

- Moyen de déplacement rudimentaire : vélos, charrettes azine

- Distances respectives : 8, 22 ; 35Km correspondant à Louargou, Tibga et Diabo

- Absence de centre de santé

- Facilité d'accès

- Moyen de déplacement. vélos, motos et véhicules

- Selon les villageois l'introduction des nouvelles maladies

- Les distances restes les mêmes.

Education

- Absence de l'école

- Construction de l'école et de la piste dont l'acheminement des matériau' a été facilité par le projet routier

- Croissance de l'effectif au fil des années : 12 élèves en 2000 et 135 en 2005

Formation

- Aucune

- Alphabétisation en moré

- Formation en technique culturale. Semi en ligne, amélioration de l'utilisation des intrants

- Formation en technique de lutte anti érosive

Dynamique sociale

 
 

Cohésion sociale

 

- Renforcement du tissu familial par la fréquence des visites

Contact ave l'extérieur

- moyen de contact

- Contact avec toutes sortes de personnes

- Acquisition des nouvelles connaissances

Communication/ information

- Accès difficile aux informations

- Difficulté de réceptionner les courriers et message

- Accès facile aux informations

- Réception des courriers et messages

Mobilité

- Déplacement difficile

- Augmentation de la mobilité

Sécurité

- Sentiment d'insécurité

- Renforcement de la sécurité

Qualité de vie

 
 

Nouveaux produits

- Accès difficile aux différents produits

- Facilité d'accéder à tous les produits

Enrichissement

 

- Augmentation des revenus de façon considérable

Mouvements de la population

 
 

Immigration

- Village constitué des migrants

- Augmentation considérable du nombre de migrant

Emigration

- Aucun départ n'a été signalé

- Aucun départ aussi

Exode rural

- Cas d'exode signalé

- Aucune influence de la piste sur ce phénomène

Aide au développement

 
 
 

- Présence de FEER

- Augmentation du nombre de partenaires. PAFR ; Iles de Paix ; et SOFITEX

- Rôle .Aménagement des bas fonds et appui à la production du riz

- Appui à la production et à la commercialisation du coton

Effets sur l'économie

Données obtenues par les entretiens avec les Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants et Femmes

Agriculture.

- Utilisation de fumier de ferme

- Cultures : le riz, le mil, le sorgho et le maïs

- Utilisation du fumier organique (compostage)

- Arriver de nouveaux intrants. NPK et Urée

- Nouvelles cultures (coton) et le maraîchage

- Augmentation des rendements

- Acquisition des nouvelles techniques culturales à travers les projets d'aménagement

Elevage.

- Difficulté d'acheminement des intrants

- Accès difficile aux produits vétérinaires

- Accroissement considérable du cheptel

- Facilité d'acheminer les intrants

- Accès facile aux produits vétérinaires

Commerce.

- Un nombre limité de produits

- Peu de commerçant

- Absence des intrants

- Diversification des produits et marchandises

- Augmentation accrue des commerçants

- Multiplication des boutiques et kiosques

- Facilité d'écouler les produits et marchandises

- Augmentation de la clientèle

- Facilité d'accès au marché

- Augmentation des revenus de façon considérable

Annexe 2 Guide d'entretiens

Guide d'entretiens

Nom et Prénom de l'enquêteur________________________________________

Date de l'enquête _____/_______/_______

Informations générales

1. Province______________________

2. Département___________________

3. Village________________________

4. Activité socio-professionnelle _______________________

5. Nombre de personnes présentes______________________

Impacts de la piste sur les variables sociales

Santé

1. Infrastructures médicales au sein du village, dans les villages avoisinants

2. Lieu de consultations médicales

o Durée / distance / contraintes ? Avant - Après piste

3. Choix de l'infrastructure médicale en fonction du problème

o Avant piste - Après piste

4. Moyens de transport utilisés

o Avant piste - Après piste

5. Accès aux médicaments

o Lieu de distribution, prix ? Avant piste - Après piste

6. Campagne de vaccination / prévention

o Fréquence ? Avant piste - Après piste

7. Maladies virales

o Nombre et type ? Avant piste - Après piste

8. Argent investi pour la santé

o Avant piste - Après piste

9. Nombre d'agents de santé par infrastructure médicale

o Avant piste - Après piste

10. Niveau de formation des agents de santé

o Avant piste - Après piste

11. Etat de salubrité

o Avant piste - Après piste

12. Travaux de réfection du centre ou construction d'un centre depuis la piste

13. Fréquentation

o ? ou ? ? Avant piste - Après piste

Education/Formation

1. Infrastructures présentes au sein du village, dans les villages avoisinants

2. Lieux de scolarisation primaire - secondaire

o Durée / distance / contraintes ? Avant - Après piste

3. Moyens de transport utilisés

o Avant piste - Après piste

4. Argent investi pour l'éducation

o Avant piste - Après piste

5. Nouveaux élèves inscrits - nombre

6. Fréquentation de l'école

o ? ou ? ? Avant piste - Après piste

7. Qualité de l'enseignement

o Avant piste - Après piste

Dynamique sociale

1. Contacts avec l'extérieur

o Raison / Fréquence / Qui se déplace / Où ? Avant piste - Après piste

2. Communication et information

o Moyens - Fréquence ? Avant piste - Après piste

3. Cohésion sociale

o Rapports entre villageois ? Avant piste - Après piste

4. Dynamique collective

o Nombre de groupements présents, objectifs ? Avant piste - Après piste

5. Conflits

o Identification des conflits - raisons ? Avant piste - Après piste

6. Pratiques socio-culturelles

o Nombre, type et description des fêtes et cérémonies ? Avant piste - Après piste

Bouleversements sociaux

1. Normes et valeurs fortes dans le village

o Avant piste - Après piste

2. Rapports intergénérationnels

o Obéissance / Conflits / Aide / Respect ?Avant piste - Après piste

3. Tendance à faire comme les autres villages

o Avant piste - Après piste

4. Position des forces au pouvoir (chef du village, conseil)

o Respect du chef ? Avant piste - Après piste

o Nombre et influence des comités villageois ? Avant piste - Après piste

5. Pratiques religieuses

o Religion dominante ? Avant piste - Après piste

o Si modification ? définir les raisons

Qualité de vie

1. Produits disponibles au village

o Avant piste - Après piste

2. Type d'achat

o Avant piste - Après piste

3. Contraintes liées à la sécurité

o Avant piste - Après piste

4. Perception du village par lui-même

o Avant piste - Après piste

5. Perception du village par les autres villages

o Avant piste - Après piste

Mouvements de population

1. Habitude d'accueillir de nouveaux habitants dans le village

2. Raisons et nombre approximatif de personnes s'installant dans le village

o Avant piste - Après piste

3. Habitude de voir des habitants quitter le village définitivement

4. Raisons et nombre approximatif de personnes quittant le village

o Avant piste - Après piste

5. Habitude de voir des habitants partir durant la saison sèche

6. Raisons et nombre approximatif de personnes quittant temporairement le village

o Avant piste - Après piste

Aide au développement

1. Nombre de projets d'aide au développement intervenus depuis la piste

2. Raisons de ces interventions

3. Perspectives de développement du village

Fin de l'entretien commun

Impacts de la piste sur les variables économiques

Agriculture

1. Type de cultures pratiquées

o Avant piste - Après piste

2. Quantité produite

o ? ou ? ?Avant piste - Après piste

3. Transport de la production

o Avant piste - Après piste

4. Moyens de production

o Avant piste - Après piste

5. Types et quantité d'intrants utilisés / Acheminement

o Avant piste - Après piste

6. Quantité de production vendues / Prix

o Avant piste - Après piste

7. Modification des revenus

o Type d'investissements ? Avant piste - Après piste

Elevage

1. Espèces élevées

o Avant piste - Après piste

2. Quantité de bétail

o Avant piste - Après piste

3. Transport du bétail

o Avant piste - Après piste

4. Types et quantité d'intrants utilisés / Acheminement

o Avant piste - Après piste

5. Modification des revenus

o Type d'investissements ? Avant piste - Après piste

Commerce

1. Type et nombre de commerces au sein du village

o Avant piste - Après piste

2. Nombre de commerçants

o Avant piste - Après piste

3. Offre de produits

o Avant piste - Après piste

4. Affluence de la clientèle

o Nombre de clients ?Avant piste - Après piste

5. Ecoulement des marchandises (Quantités vendues)

o Avant piste - Après piste

6. Transport des marchandises

o Avant piste - Après piste

7. Modification des revenus

o Type d'investissements ? Avant piste - Après piste

* 1 Chiffres tirés des documents suivants :

T. Kuela, A. Ouattara, O. Swadogo, «Projets et programmes de développement face aux défis de la pauvreté dans la région de l'Est» Contribution de la DRED de l'Est à l'Assemblée Régionale des Chefs de projets 2004

Helvetas - Burkina Faso, "Rapport final de phase de projet, Programme « Pistes rurales à l'Est » République du Burkina Faso - Phase 1 " Août 2004

Helvetas - Burkina Faso, " Pistes rurales - Désenclavement à l'Est, Synthèse du Document de Programme de la phase 2 "

* 2 T. Kuela, A. Ouattara, O. Swadogo, «Projets et programmes de développement face aux défis de la pauvreté dans la région de l'Est» Contribution de la DRED de l'Est à l'Assemblée Régionale des Chefs de projets 200

* 3 Helvetas - Burkina Faso, " Pistes rurales - Désenclavement à l'Est, Synthèse du Document de Programme de la phase 2 ". Juin 2004

* 4 L'ISG travaille selon une approche méthodologique basée sur la recherche - action utilisant les outils appropriés de collecte de données de la MARP. Ces outils favorisent les échanges dynamiques avec la population et contribue aussi à la validation et à l'appropriation des résultats du diagnostic.

* 5 Voir carte topographique

* 6 Voir guide d'entretien en annexe

* 7 Notre intention initiale était de réunir 5 à 10 personnes. Notre présence dans les villages semble avoir attiré une population intéressée, dynamique et très participante.

* 8 Source : Direction régionale de l'économie et du développement (DRED), Fada, 2004

"Situation de référence du terroir de Diapangou", ONG Ile de Paix, Janvier 2005

* 9 On dénombre 6 comités ou groupements dans le village :

- le comité villageois de gestion du terroir (CVGT)

- le comité de gestion villageois (CVG)

- le comité de gestion villageois des forages (CGVF)

- le groupement villageois homme (GVH)

- le groupement villageois femmes (GVF)

- l'association des parents d'élèves (APE)

* 10 Source: Rapport sectoriel de diagnostic socio-économique sectoriel du village de Tambiga.

* 11 Organisation Lampougouri, groupement des éleveurs, des cotonniers, des femmes maraîchères et l'association des parents d'élèves.

* 12 Rapport sectoriel de diagnostic socio-économique sectoriel du village de Tambiga, p.20.

* 13 Sources : Etudes de base dans les nouveaux villages de la campagne, FEER, 1999

Situation de référence de terroir de Diapamgou ; Iles de Paix ; janvier 2005

* 14 Etudes de base dans les nouveaux villages de la campagne, FEER ,1999

* 15 Nous parlerons alors, par exemple, de sentiment de sécurité plutôt que de sécurité en tant que telle.

* 16 Selon le groupe interrogé, et en moyenne, un éleveur a besoin de 100 kg de son par an et de 50 kg de sel.

* 17 Source : Etudes de base dans les nouveaux villages de la campagne 1999 du FEER II et situation de référence du terroir de Diapangou, Iles de Paix, janvier 2005.

* 18 Source : Etudes de base dans les nouveaux villages de la campagne 1999 DU FEER II et situation de référence du terroir de Diapangou, Iles de Paix, janvier 2005

* 19 Christel Jost, "L'approche sociale de projets de développement. Le cas de l'aménagement d'une piste rurale dans le village de Boumwana par PrEst."

* 20 Mamady Diané, "Impacts environnementaux des pistes rurales."

* 21 Julien Matter, "De l'élaboration d'un processus efficace d'entretien comme gage de la pérennité du projet de désenclavement. Le cas de la piste rurale Tantiaka - Diapangou dans la province de l'Est du Burkina Faso."






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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore