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L'annonce de la maladie d'Alzheimer aux aidants naturels : les facteurs influençant leur vécu


par Caroline Chapelier
Université Toulouse Le Mirail - Master Géronto-Psychologie 2008
  

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4. Représentations sociales, connaissances des aidants sur la maladie d'Alzheimer et sentiment de menace perçue

4.1 La notion de « représentation sociale »

La représentation est une façon d'organiser notre connaissance de la réalité, elle-même construite socialement. Cette connaissance s'élabore à partir de nos codes d'interprétation, culturellement marqués et va constituer un phénomène social.

La représentation est ainsi un processus de reconstruction de la réalité intégrant la dimension psychologique (individuelle) et sociale. Selon Jodelet (1989), le concept de représentation sociale désigne « une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus largement, il désigne une forme de « pensée sociale ».

Cet auteur montre que les représentations sociales sont orientées vers la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéal. [17]

Pour Moscovici (1973), les représentations sociales peuvent avoir diverses fonctions. Tout d'abord, la fonction de « savoir » qui sert aux individus à expliquer, comprendre et à avoir des actions concrètes et cohérentes sur le réel. Ces représentations prescrivent des pratiques, des actions concrètes. Dans le cas de la maladie d'Alzheimer, ces représentations permettent de créer pour le sujet des connaissances sur la pathologie, mais aussi des explications sur les causes de son apparition. Ensuite, elles peuvent jouer une fonction identitaire, c'est à dire que les représentations sont un produit collectif, elles permettent de définir et de distinguer les groupes. Enfin, elles ont fonction de justification, elles donnent une identité qui permet aux individus membres du groupe de justifier leurs comportements. [27]

4.2 Les représentations sociales et les théories profanes concernant la maladie

Les représentations sociales peuvent transformer chaque réalité selon des dimensions personnelles et sociales. Concernant la santé, des chercheurs de ce domaine ont mis en évidence que les cognitions (croyances, conceptions, représentations, théories profanes) déterminent les comportements de santé des individus (Bruchon- Schweitzer 2002). Les représentations de la maladie diffèrent selon les cultures : chaque société a ses propres conceptions de la santé et un comportement différent devant la maladie. [3]

En Occident, les croyances religieuses sur la santé et la maladie se sont effacées, suite à la contribution des progrès sur les connaissances biologiques et médicales. Ces avancées technologiques permettent de progresser dans la compréhension de l'étiologie de diverses pathologies. Cependant, on observe une attention culturelle extrême portée au corps, ce qui va de pair avec l'individuation contemporaine. Le début du 21é siècle correspond au renforcement des prescriptions normatives : on « doit » être jeune, en bonne santé et beau pour être intégré dans la société. Là peut alors se placer la conception de la vieillesse, qui ne correspond pas à l'idéal prodigué par la société et à la conception de la démence, qui s'éloigne encore plus de ces normes.

Chaque culture possède une représentation différente de la maladie. L'annonce d'un diagnostic à un patient et à son entourage n'aura ainsi pas du tout le même impact sur les personnes et sur leur façon de vivre la maladie, selon leurs conceptions de la santé en générale, de la maladie et de la pathologie en question.

Pédinielli (1996, 1999) montre qu'il existe un décalage entre les théories « profanes » et les conceptions « savantes, biomédicales ». Selon lui, il est essentiel d'étudier les conceptions et les représentations des individus pour mieux comprendre comment se construit l'expérience individuelle subjective de la maladie et quel sens donne le sujet à celle-ci. Pour ce chercheur, il est important que le médecin connaisse les représentations individuelles des patients et de son entourage ainsi que les théories de la maladie qu'ils élaborent car cette expérience subjective va intervenir, entre autre, sur la compréhension et l'acceptation du diagnostic. [31] L'étude de Pédinielli (1996, p.139-144) porte sur les croyances des patients et leurs relations avec les conceptions médicales. L'analyse du discours a permis de montrer que les conceptions étiologiques naïves font références à des causes « externes » et « internes » mais qu'elles s'organisent aussi en fonction du sens donné à la maladie. Ces conceptions étiologiques ont pour fonction de trouver des causes à la maladie, d'identifier, d'apprivoiser une réalité souvent effrayante et de ne pas être submergé par la détresse. Cependant, les études narratives mettent en évidence la question du sens de la maladie. Selon les études citées par Marks (2000), le sujet donne du sens aux situations pour qu'elles prennent une place et un sens. [25] Une grande diversité de significations peut être donnée à une pathologie: défi, valeur, soulagement, stratégie, faiblesse, perte, ennemie, punition...

Les théories naïves de la maladie correspondent à la recherche d'un sens où l'identification, la description et l'interprétation sont étroitement imbriqués. Les sujets essayent d'intégrer cette histoire à leur histoire individuelle.

Les fonctions psychologiques des théories subjectives de la maladie

(Santiago, Professeure de Psychologie, université de Lausanne)

Les théories savantes et profanes sont étudiées pour améliorer le dialogue entre les médecins et les patients ainsi que pour comprendre comment le patient et son entourage abordent la maladie. Les théories profanes sont composées de représentations originales ou de groupes de représentations sans organisation méthodique intellectuelle.

Description de la maladie : Le sujet décrit la maladie avec des mots déformés, des images utilisant des métaphores, des opérations de substitution et des déplacements.

Explication de la maladie : Les explications données par les sujets sont fondées sur des raisonnements inductifs en utilisant des liens de cause à effet.

La rigueur du raisonnement est souvent faible (fondé sur une tautologie, des interprétations de principe...). Il existe deux modèles explicatifs de la santé mis en avant par M. Santiago :

- Le Health Belief Model par Rosenstock (1950, 1974) : analyse des croyances en matière de santé

Selon ce modèle, les théories profanes sur la maladie sont composées de représentations individuelles (comme la vulnérabilité perçue, la gravité de la maladie...) et d'un décalage entre

les aspects objectifs de la maladie, la conscience de celle-ci et la perception qu'en ont les sujets. Ce modèle explique également que les variables culturelles, sociales et la personnalité ont un rôle pour expliquer les maladies.

- Le modèle cognitif de l'adaptation à la maladie

Ce modèle apporte des informations sur l'annonce d'une maladie. Selon lui, l'annonce déclenche une situation de stress chez le sujet puis une phase d'ajustement. Les croyances négatives sur la maladie auraient une influence sur l'intensité de la dépression et sur son évolution.

Selon la figure 1 de Santiago, les théories profanes de la maladie se construisent de manière hétérogène.

Figure 1 : Hétérogénéité des théories profanes

Supports sociaux (familles, amis...)

Hétérogénéité des théories profanes

Corporéité

Sensation

Tonus

Émotions

Entourage, travail, associations...

Milieu de vie, culture, média

La maladie d'Alzheimer est présente dans les expériences individuelles, familiales, sociales, politiques et économiques : elle suscite une masse d'informations, d'idées, de préjugés et d'attitudes sociales (Pitaud, 2006). [34] Considérée comme étant un type de démence, cette maladie engendre dans les représentations des individus la notion de « folie » car elle est associée à la non reconnaissance des proches, la perte du temps et de la conscience de l'espace, et enfin à des productions non ancrées dans la réalité.

Herzlich (1996) a travaillé sur les représentations de la « folie » dans notre société. Selon l'auteur, la folie effraie et suscite une mise à l'écart. Face à l'opacité de la folie, les sujets essayent de la transformer en réalité concrète. Ces représentations vont amplifier les représentations de la « maladie » sous ses aspects les plus négatifs. Les individus parlent de « souillure », « dégénérescence », « hérédité », « contagion »... [15]

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote