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L'annonce de la maladie d'Alzheimer aux aidants naturels : les facteurs influençant leur vécu


par Caroline Chapelier
Université Toulouse Le Mirail - Master Géronto-Psychologie 2008
  

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5ème partie : Discussion et conclusion

Notre étude, menée suivant deux approches, quantitative et qualitative, a mis en évidence plusieurs facteurs influençant le vécu de l'aidant à l'annonce du diagnostic de la maladie d'Alzheimer de son parent. Ce vécu est apprécié par les réactions des aidants dont l'anxiété, ainsi que par les réajustements psychologiques qu'ils ont pu mettre en place (mécanismes de défense et stratégies de coping).

L'approche quantitative a permis de montrer que l'anxiété de l'aidant à l'annonce peut être augmentée par un niveau de connaissance faible et une appréhension importante d'être atteint soi-même de la maladie. Notre étude a également révélé que l'anxiété du sujet était plus élevée pour les époux des patients que pour les enfants. Effectivement, le conjoint, contrairement aux enfants, a souvent peu de soutien social puisqu'il a construit sa vie autour de l'être aimé et qu'il vit souvent seul avec lui.

La recherche par entretien est venue compléter ces résultats en montrant que les réactions de l'aidant à l'annonce n'étaient pas influencées par les circonstances selon lesquelles il est devenu aidant, puisque cela s'est déroulé de manière naturelle pour la majorité des sujets de notre population. Nous rejoignons ici Lavoie (2000) qui explique que l'on ne peut pas parler d'assignation ou de désignation dans l'accession au rôle d'aidant. L'auteur évoque le concept de « responsabilisation ». Il existe des explications différentes dans cette accession naturelle : règles du statut familial, proximité affective, ressources personnelles (sentimentales et financières), règle du genre (relation mère/fille). [20]

Les aidants sont souvent confus et hésitants lorsqu'ils évoquent la manière dont ils ont perçu la réaction du patient à l'annonce. Nous avons vu que cela témoigne d'une difficulté de communication à propos de la maladie au sein des familles de notre population.

Lorsque les aidants ont dénié les troubles de leur proche, le dépistage de la maladie est difficilement vécu. Le déni s'écroule à l'annonce et laisse place à l'effondrement émotionnel et à l'utilisation de stratégies de coping centrées sur le problème (recherches d'informations, mises en place de plan d'actions, projets institutionnels...). Effectivement, le déni s'écroule et le sujet ne peut plus maîtriser les événements comme avant et se retrouve confronter à ce qu'il ne voulait pas voir.

Un lien peut être fait entre le mécanisme de déni, mis en place avant l'annonce, et les connaissances des aidants sur la pathologie. L'approche quantitative a mis en évidence qu'un manque de connaissances et une ignorance sur les caractéristiques de la maladie accroissent l'anxiété de l'aidant à l'annonce. Nous pouvons supposer que si ces personnes avaient davantage de connaissances sur la maladie d'Alzheimer, ils pourraient réaliser un lien entre les troubles de leurs parents et la pathologie. Ces éléments permettraient peut-être aux aidants d'accepter progressivement la maladie de leur proche et de s'attendre à l'annonce. L'effondrement émotionnel serait moins prégnant et des stratégies de coping adaptées se mettraient en place dans le but de s'approprier ce qui a été dit lors de la consultation et d'accompagner au mieux le patient.

D'autres recherches pourraient découler de la nôtre. Tout d'abord, nous avons mis en évidence quelques uns des facteurs influençant le vécu des aidants à l'annonce. Les prochaines études pourraient poursuivre cela en dégageant d'autres facteurs. Lors des prémices de notre questionnement, nous nous étions par exemple penchés sur le rôle des représentations de la maladie pour l'aidant. Nous avons finalement choisis de travailler autour des connaissances des sujets sur Alzheimer, mais il s'avèrerait intéressant de réaliser d'autres études sur ce thème et sur les autres variables, susceptibles d'influencer les réactions des aidants.

Ensuite, exposer ces éléments ayant un impact sur les réactions des aidants est important, mais il semble nécessaire de se servir de ces données pour aider les sujets : un projet pourrait consister à créer un outil (questionnaire, livret, guide...) sur la base de ces facteurs pour permettre au médecin de cerner les connaissances de l'aidant sur la maladie, ses représentations, son sentiment de menace...Mieux comprendre ces éléments donnerait certainement lieu à une meilleure gestion des réactions de l'aidant au moment même de l'annonce. Depuis 2002, Edusanté a conçu Fil mauve, un programme de soutien à l'entourage des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Il s'agit ici de leur permettre de comprendre la maladie et de mieux communiquer avec le parent malade. Cependant, ce projet ne permet pas d'intervenir avant l'annonce de la maladie pour permettre à l'aidant de mieux accepter celle-ci. Un projet pourrait alors travailler sur ce domaine.

Notre étude révèle certaines failles et peut être critiquée dans le but d'améliorer notre méthode de recherche : Tout d'abord, notre étude de type quantitatif présente un nombre de sujets trop insuffisant, les résultats permettent alors de proposer des pistes de réflexions et de recherches mais aucune généralisation ne peut être réalisée. Ensuite, en ce qui concerne notre méthode, nous pouvons mettre en évidence plusieurs erreurs. Lors de la création du questionnaire, nous n'avons pas réalisé de pré-test. La passation de l'outil une première fois aurait permis de réfléchir sur le type de cotation, la compréhension des items par le sujet... Par exemple, il s'avère que les aidants ont été très peu nombreux à comprendre le sens du mot « empathie », cette donnée a pu influencer les résultats, ce qui aurait pu être maîtrisé par un pré-test. De plus, la recherche de variables découlant de la problématique de notre étude a été très vaste. Nous nous sommes intéressés à deux variables dépendantes (anxiété et réajustements psychologiques) et à cinq variables indépendantes, ce qui parait beaucoup avec le recul. Limiter le nombre de variables à étudier aurait peut-être permis d'approfondir la recherche en se centrant sur certains points. A l'inverse, nous n'avons pas contrôlé un nombre suffisant de variables parasites qui ont pu influencer les scores d'anxiété. Par exemple, nous n'avons pas étudié l'influence de l'âge des aidants.

Enfin, certaines de nos mesures se révèlent de manière générale peu fiables. En analysant notre travail, nous nous apercevons par exemple que le score de connaissance au moment T où nous faisons passer le questionnaire est certainement différent du score du sujet juste après l'annonce du diagnostic (parfois 10 ans après !). Le meilleur moyen de saisir ces données de manière fiable aurait été de faire passer un premier questionnaire avant l'annonce (avec étude des connaissances, de l'anxiété et de la menace perçue du sujet), puis de recommencer à la seconde visite 6 mois après. Cependant, d'un point de vue éthique et déontologique, ceci n'était pas réalisable. De plus, l'organisation du service et le temps qui nous était impartis ne nous ont pas permis pas d'envisager cela.

En conclusion, nous pouvons dire que cette recherche a permis de mettre en lumière certaines pistes pour étudier les réactions des aidants lors de l'annonce de la maladie d'Alzheimer de leur proche, mais aussi de faire naître des réflexions quand à la prise en charge du vécu de ces aidants et de l'impact de cela sur le patient lui-même.

D'un point de vue personnel, cette étude nous a permis de comprendre comment mener une recherche, de l'étape théorique à la mise en place de la méthode ainsi que de nous questionner sur la maladie d'Alzheimer touchant de plus en plus de sujets. De plus, nous avons pu apprécier deux outils, le questionnaire et l'entretien, qui se sont révélés différents dans leur buts mais complémentaires par rapport à notre étude. Il apparaît tout de même clairement que l'utilisation de questionnaires présente des biais, comme la désirabilité sociale, et que des informations peuvent être mieux comprises par l'analyse du discours de la personne.

Enfin, les entretiens de recherche ont été une expérience très riche d'un point de vue professionnel, car ils nous ont permis de nous remettre en question concernant notre pratique de future praticienne.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery