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L'annonce de la maladie d'Alzheimer aux aidants naturels : les facteurs influençant leur vécu


par Caroline Chapelier
Université Toulouse Le Mirail - Master Géronto-Psychologie 2008
  

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2.2 Les spécificités de l'annonce de la maladie d'Alzheimer

En grande Bretagne, une enquête a pu montrer que le choix de l'annonce dépendait du stade de la maladie et de l'interlocuteur. Les médecins annoncent d'avantage le diagnostic au stade précoce de la pathologie : annonce systématique au stade précoce pour 37% des patients contre 7% lors d'un stade évolué.

Le Réseau Sentinelles (INSERM, 2003) met en évidence que neuf médecins généralistes sur dix annoncent les résultats des tests à la famille en disant clairement qu'il s'agit de la maladie d'Alzheimer. Ce n'est pas la même chose pour le patient : seulement un malade sur deux apprend son diagnostic, souvent celui d'une « altération de la mémoire ».

Le tableau 1 mettant en évidence les résultats de l'étude « Sentinelles », montre que la nomination de la maladie est beaucoup plus systématique dans le cas de l'annonce à la famille (78% pour la famille contre 22% pour les patients). Cependant, les médecins parlent d'avantage d' « altération de la mémoire » aux patients (70% contre 10% à la famille).

Tableau 1 : Termes utilisés lors de l'annonce réalisée au patient ou à la famille

 

Annonce

Au patient

A la famille

Altération de la mémoire

70%

10%

 

 

 

Démence

2%

10%

 

 

 

 
 

Maladie d'Alzheimer

22%

78%

 

 

 

Autre

6%

2%

 

 

 

 

 

 

Source: Inserm, 2003.

2.3 Les méthodes existantes autour de l'annonce du diagnostic

Selon le Dr. Pepinster (2006), il existe trois types d'attitudes médicales face à l'annonce de la vérité. [33]

Tout d'abord, le mode « Américain » selon lequel on doit « tout dire à tout le monde », quelques soient les circonstances. Ce mode ne permet pas de chercher quelles pourraient être les réactions du sujet et ce dont il est capable d'entendre.

Le second mode, qualifié de « Français », propose de ne « jamais rien dire ». Cette méthode ne permet pas de se demander si le sujet est en recherche de vérité ou non. Selon l'auteur, cette technique est une source de diminution de l'angoisse du soignant mais ne traite pas le problème de l'annonce lui-même.

Enfin, le dernier mode consiste à se demander comment s'y prendre pour annoncer la vérité. Mais le Dr. Pepinster explique que cette approche, beaucoup plus Humaine, est tout aussi « fausse » car celui qui se demande comment s'y prendre pense qu'il existe une technique pour annoncer ce type de diagnostic difficile. Selon l'auteur, c'est l'inattendu qui compte dans ces situations.

- Le protocole d'annonce en six étapes selon Buckman (1994) [4]

« L'outil d'éducation pour la santé du patient », réalisé par l'INPES, propose une démarche adaptée du protocole en six étapes recommandé par Buckman pour l'annonce des « mauvaises nouvelles » en médecine.

Etape 1 - les préliminaires : Selon certains médecins, l'annonce du diagnostic de la maladie d'Alzheimer constitue un des moments les plus délicats de la prise en charge (Gallarda, 2003). Certains préliminaires peuvent contribuer à faciliter l'annonce, comme le fait de solliciter la présence d'un autre soignant pendant la consultation (infirmier, psychologue...) pour prendre le relais en cas de besoins, prévoir du temps...

De plus, le choix du lieu et du moment est important dans le processus d'annonce. [11]

Etape 2 - Se demander ce que sait déjà la personne : Le médecin cherche à explorer la manière dont le sujet perçoit et vit la maladie ou les troubles qui y sont associés. Il s'agit ainsi de comprendre quelles sont les représentations sociales et les croyances du patient et de son entourage sur la maladie et la santé.

Etape 3 - Se demander ce que la personne veut savoir.

Etape 4 - Communiquer des informations : diagnostic, pronostic, traitement, soutien : Le médecin sera attentif au ressenti de la personne et en offrant des solutions : traitement, soutien...

Etape 5 - Offrir de répondre aux sentiments du sujet et de son entourage.

Etape 6- Réaliser des propositions de traitements et de suivis : Le but sera alors de clore la consultation en s'assurant d'avoir répondu aux principales inquiétudes des personnes et en synthétisant et planifiant les prochaines étapes du suivi.

- Les recommandations lors de l'annonce selon Hoerni (L'annonce du diagnostic difficile, séminaire de gérontologie, Pepinster) [33]

Selon cet auteur, il est important d'essayer de rester simple sans donner trop de détails techniques ainsi que de tenir compte de ce que le sujet sait déjà. Un contexte calme permet de transmettre de manière sereine les informations aux sujets. Hoerni recommande également de fragmenter les nouvelles et d'attendre les questions complémentaires des sujets. Enfin, l'auteur pense qu'il n'est pas préconisé de discuter de ce que le sujet semble refuser de connaître, cela pourrait créer un blocage. En fin d'entretien, le médecin demandera aux personnes si elles ont bien compris et si elles désirent des informations supplémentaires. Lors de l'ensemble de l'entretien, le praticien fera attention de ne pas supprimer tout espoir, autant pour le patient que pour son entourage.

- L'annonce du diagnostic, un acte thérapeutique selon Bachkine

Pour cet auteur, l'annonce du diagnostic se déroule selon trois étapes. Avant l'annonce, le médecin se prépare (choix du lieu, renseignement sur le patient...). Pendant l'entretien, le praticien doit savoir comment délivrer une information et savoir gérer les réactions émotionnelles. Enfin, après le moment d'annonce, il cherche à suivre l'état émotionnel des sujets et à répéter les informations importantes. [33]

Selon Buckman, l'annonce peut être faite par le médecin spécialisé (en consultation mémoire par exemple), le médecin traitant ou de manière fortuite (informations sur les médicaments, courrier, « gaffe » d'un soignant).

Les termes recevables sont ceux qui qualifient la personne malade, parlent de maladie et non pas d'état, parlent de la maladie d'aujourd'hui, expliquent la maladie, proposent des solutions, parlent de la prise en charge, permettent un dialogue.

Exemples de termes pour parler de la maladie : maladie d'Alzheimer, maladie de la mémoire, perte de mémoire, trouble de la mémoire.

Les termes souvent mal reçus sont ceux qui parlent de stade terminal, qui évoquent une maladie proche de la folie, le jargon médical et le vocabulaire dépassé et humiliant.

Exemples de termes mal reçus : démence, démence sénile, dégénérescence, dégradation intellectuelle, dépendance, gâtisme, incurabilité.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote