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Capital public et productivité en zone CEMAC

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par Jean Patrick Mfoulou Olugu
Université de Yaoundé II soa - DEA 2008
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE

AVERSTISSEMENT iv

DEDICACES v

REMERCIEMENTS vi

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vii

LISTE DES TABLEAUX vii

RÉSUMÉ  viii

ABSTRACT viii

INTRODUCTION GENERALE ix

Première partie : xiv

LES FONDEMENTS THEORIQUES DU LIEN ENTRE
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE xiv

Chapitre 1 : DE LA CROISSANCE NEOCLASSIQUE A LA CROISSANCE ENDOGENE xv

I - LE MODÈLE NÉOCLASSIQUE DE SOLOW-SWAM xv

A. Les enseignements du modèle xvi

a. Dynamique du modèle. xvi

b. Règle d'or de l'accumulation du capital et inefficience dynamique xvii

B. Les limites du modèle de base de Solow xviii

a. Le modèle de Solow et le progrès technique xix

b. Le progrès technique xix

c. Modèle de Solow avec progrès technique neutre au sens de Harrod xx

II - MODÈLE DE CROISSANCE ENDOGÈNE ET EXTERNALITES xx

La dynamique de croissance à la Solow a permis de reproduire les cinq premiers faits stylisés de Kaldor. Cependant, le modèle ne peut expliquer le sixième fait concernant les disparités des taux de croissance parmi les pays. Il ne peut en rendre compte que si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle les pays ont des taux de progrès technique différents. Mais, dans ce cas, il faut expliquer les origines de ces différences. C'est le pas que se propose de franchir cette section à travers les travaux de Rebelo pour qui, la croissance est un processus auto-entretenue endogène. xx

A. Les enseignements du modèle AK xx

B. Croissance endogène et externalités xxii

a. Externalités liées à l'accumulation d'un facteur xxii

b. L'Etat gérant des externalités xxiii

Conclusion xxiv

CHAPITRE II xxiv

CROISSANCE ENDOGÈNE AVEC CAPITAL PUBLIC xxiv

ET PRODUCTIVITÉ xxiv

Introduction xxiv

II. CAPITAL PUBLIC ET PROCESSUS DE PRODUCTION : APPROCHE PRIMAL xxv

A.Capital public et croissance de long terme xxv

(1.4) xxvii

xxviii

  B. Capital Public : Définition et caractérisation xxviii

II. CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS SECTORIELS: UNE APPROCHE DUALE xxx

A. La fonction de coût xxx

B. La fonction de demande xxxii

' C. Réduction des coûts, élasticités d'échelle et expansion de la production xxxiii

D. Décomposition de la croissance de la productivité xxxiv

Conclusion xxxv

Deuxième partie : xxxvii

ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE xxxvii

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ xxxvii

CHAPITRE III xxxviii

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ : xxxviii

UNE REVUE EMPIRIQUE DES TRAVAUX ANTERIEURS xxxviii

Introduction xxxviii

I- ELASTICITE DE PRODUCTION ET LES PROBLEMES METHODOLOGIQUES xxxix

2. Les estimations de l'élasticité de la production et le problème de causalité xl

a.Critique méthodologique des premières études : le problème de causalité xli

b. Tentatives de résolution du problème de causalité xlii

B. Les estimations de l'élasticité de la production et le problème d'agrégation des données. xlii

a. Effets de la diffusion spatiale xliii

b. Effets des données utilisées. xliii

II. LES ENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR LE CAPITAL PUBLIC ET LA PRODUCTIVITE xliv

A. Contribution du capital public à la productivité des facteurs privés sectoriels xliv

a. Spécifications sur un panel sectoriel xlv

b. Test de spécification xlv

c. Les résultats de l'étude empirique xlvi

B. Contribution du capital public à la productivité les effets sur les disparités régionales. xlvii

a. Modèle sur panel complet des régions françaises xlviii

b. Les résultats sur un panel complet des régions françaises xlviii

c. Un impact du capital public qui se différencie par groupe de régions xlix

Conclusion lii

CHAPITRE IV liv

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS : liv

UNE ANALYSE EN ZONE CEMAC liv

Introduction liv

I -FONCTION DE PRODUCTION COBB-DOUGLAS AVEC CAPITAL PUBLIC lv

A- Modélisation économétrique lvi

a.Identification des rendements d'échelle lvii

b.Estimations lvii

B- Analyse des résultats lviii

a- Le modèle avec rendements croissants pour l'ensemble des facteurs publics et privés lviii

b- Le modèle avec rendement constants pour l'ensemble des facteurs privés lix

II- SENS DE CAUSALITE DE LA RELATION CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DANS LA ZONE CEMAC lxi

A. Le modèle lxi

a- Formalisation lxi

b-Test d'exogénéité lxi

B. Estimation du modèle et commentaire lxii

Conclusion lxiii

CONCLUSION GÉNÉRALE lxv

BIBLIOGRAPHIE lxvi

AVERSTISSEMENT

« L'Université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme étant propres à leur auteur »

DEDICACES

Je dédie ce travail à ma famille : famille OLUGU. Principalement à mon père Monsieur OLUGU, à ma mère Mme OLUGU née EYINGA EVINA, à mes frères et soeurs : VOUNDI OLUGU Stève, EVINA Jasmine Elvire, ATOUBA Stéphanie Ginette, NGANDO reine Elizabeth

Et à mon feu tuteur ; Professeur MFOULOU jean.

REMERCIEMENTS

Mes remerciements s'adressent :

Au Prof. KOBOU Georges qui, malgré ses nombreuses occupations, a accepté de superviser ce travail en nous accordant l'attention nécessaire.

Au Dr CHAMENI NEMBOUA. Ce travail se serait difficilement achevé sans votre soutien et votre disponibilité dans la direction.

A tous les enseignants de la faculté des Sciences économiques et de gestion de l'université de Yaoundé - II (SOA) et plus particulièrement au Prof. KAMGNIA DIA, aux Dr KOUASSI et ZAMO, pour les conseils, au Dr Christian Arnaud EMINI pour le soutien moral.

A toute la première promotion du DEA Economie Mathématique et Econométrie et à tous les doctorants de l'Université de Yaoundé-II, je vous serai reconnaissant pour votre soutien. J'adresse un merci particulier à ESSAMA, FOMBA, KONTY Manfred, Patrick ONGONO, YAMBEN Michel, Christian EBEKE pour leur apport dans l'élaboration de ce travail.

Au Directeur du Centre d'Etude et de Recherche en Econométrie et Gestion (CEREG). J'ai nommé le Prof. FOUDA Séraphin Magloire et à tout son personnel pour leur franche contribution (logistique).

A vous tous qui avez participé de près ou de loin à l'élaboration de ce travail, je vous dis sincèrement merci et reconnaissez en ce mémoire le fuit de vos efforts. Je citerai particulièrement mon très cher ami EBALE Gérard, mon beau-frère ELLA John Samuel, mes amis et frères de l'association Elat et, mon cousin ENGOLO Alain.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement


PAS : Plan d'Ajustement Structurel


CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale


PME : Petites et Moyennes Entreprises


FMI : Fond Monétaire International


MCO : Moindres Carrés Ordinaires


SECN : Système Economique de Comptabilité Nationale


MCG : Moindres Carrés Généralisés


PIB : Produit Intérieur Brut

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 3.1 Elasticité des facteurs de production : Cobb-Douglas et Translog.................38

Tableau 3.2 Elasticité des facteurs de production par groupe de régions classées selon leur richesse initiale ...........................................................................................39

Tableau 4.1 : Fonction Cobb-Douglas à trois facteurs (zone CEMAC, 1994-2003)............45

Tableau 4.2 : Fonction Cobb-Douglas à trois facteurs (zone CEMAC, 1994-2003)............46

Tableau 4. 3 : Test d'exogénéité du PIB et du capital public ......................................49

Tableau 4.4 : Elasticité du système d'équation simultanées (zone CEMAC, 1994-2003).....50

RÉSUMÉ 

Cette étude quantifie la contribution du capital public à la croissance de la productivité des facteurs privés. La méthode élaborée est celle d'une fonction de production Cobb-Douglas élargie au capital public. Nous estimons le modèle au moyen des données de panel couvrant les six Etats membres de la CEMAC, pour la période allant de 1994-2003. les résultats de la présente étude indiquent que, le capital public contribue largement à la croissance de la productivité des facteurs privés, même si le recours à un système d'équations simultanées pour tenir compte d'un éventuel effet d'éviction peut, sous certaines réserves, en atténuer la portée. Nous retrouvons dans le cas de la CEMAC, une contribution du capital public proche de celle de Aschauer (1989).

ABSTRACT

The objective of this study is to quantify the contribution of public capital in increasing the productivity of private factors of production. To this effect, we use the Cobb Douglas production function, augmented with public capital. We use panel data, running from 1994-2003, for the six countries of the CEMAC sub region for the estimation our model. Our results show that public capital significantly contributes to the growth in productivity of private factors of production, even though the use of a system of simultaneous equations that takes into account the crowding out effect can, with some reserves, mitigate the extent of our results. In the case of CEMAC, we find a capital contribution close to that of Aschauer (1989).

INTRODUCTION GENERALE

Le modèle de croissance néoclassique1(*) développé par Solow (1956) et Swan (1956) constitue le point de départ de la plus par des analyses empiriques sur la croissance2(*). Le modèle de Solow identifie deux principales sources possibles de variation du revenu par tête : les différences de capital par tête et les différences d'efficacité du travail. Le modèle montre cependant que seule l'efficacité du travail peut conduire à une croissance permanente du revenu par habitant, l'impact d'un changement dans l'accumulation du capital par tête n'étant que modeste et transitoire. Ainsi, d'après le modèle de Solow, la croissance économique est le résultat d'un progrès technique exogène et les revenus tendent à converger dans tous les pays à long terme. Ces différentes conclusions montrent clairement que le capital physique en général et le capital public en particulier ne jouent pas un rôle fondamental dans le modèle de Solow. La variable du modèle de Solow susceptible d'être influencée par la politique gouvernementale est le taux d'épargne. Or, le modèle montre que le taux d'épargne n'a aucun impact sur la croissance de long terme des économies. Les changements de taux d'épargne n'affectant le taux de croissance qu'à court terme mais à long terme, une augmentation du taux d'épargne ne conduit qu'à une augmentation proportionnelle du ratio capital par travailleur. Le caractère exogène du progrès technique et l'aggravation des différences de niveau de vie et de revenu par habitant vont ouvrir la voie à une vague de critiques visant à remettre en cause le modèle de Solow. D'après Guellec et Ralle (1997), si le principal moteur de la croissance (le progrès technique) dans le modèle de Solow est exogène, cela signifie que ce modèle n'explique pas la croissance mais rend juste compte des ajustements entre les différentes variables. A la fin des années 80 et au début des années 90, une nouvelle vague d'études visant à modéliser de manière explicite le progrès technique va se développer et ouvrir la voie à une nouvelle théorie de la croissance : la théorie de la croissance endogène.

Les développements de la croissance endogène au début des années 1990 (Romer, 1986 ; Lucas, 1988 ; Romer, 1990 ; Barro, 1990 ; Rebelo, 1990 ; Grossman et Helpman, 1991 ; Aghion et Howitt, 1992) ont permis d'identifier un certain nombre de facteurs explicatifs de la croissance (éducation, recherche et développement, innovation technologique, le capital public, etc), et de modéliser le progrès technique. Le modèle de Barro (1990) notamment, attribue un rôle important au capital public qui est supposé améliorer l'efficacité du secteur privé, et par ce biais, la production.

Au cours des deux dernières décennies, la question du rôle productif du capital public a connu un certain regain d'intérêt grâce, d'une part, aux travaux des théoriciens de la croissance endogène (Barro, 1990 ; Rebelo, 1990) et, d'autre part, d'un renouveau des études empiriques (Garcia-Milà et McGuire, 1992, Evans et Karras, 1994 et Holtz-Eakin, 1994). Si la paternité du développement du rôle du capital public sur la croissance est attribuée à Barro, il faut noter que, Ashauer (1989) a été à l'origine d'une controverse importante sur la productivité du capital public et ses mesures. Les études empiriques se sont en outre assez rapidement tournées vers une échelle spatiale d'observations fines, passant du national au local, essentiellement en vue d'accroître le nombre d'observations. Les effets du capital public sur la productivité ont surtout porté sur les Etats Unis, peu de travaux concernent les situations européennes (Charlot et al. 2003, Hurlin 1999), pratiquement rien en Afrique. L'explication la plus évidente à ce manque de travaux sur l'Europe et l'Afrique réside dans la difficulté à mesurer la production et les dotations en facteurs à des niveaux régionaux (Charlot et al. 2003).

En effet, le recours à des panels régionaux ou internationaux, permet de répondre à ces problèmes. Par ailleurs, les estimations de l'élasticité du capital public sont alors généralement plus raisonnables et permettent d'obtenir des taux de rendement des investissements publics variant entre zéro et le taux de rendement implicite du capital privé. L'utilisation de données de panel permet notamment d'introduire des effets spécifiques fixes ou aléatoires propres aux pays ou aux régions suivant les cas, et par là même de ne pas imputer de manière fallacieuse les différences de productivité inobservables aux variations du stock de capital public. Garcia-Milà et McGuire, (1992), tout comme Evans et Karras, (1994) et Holtz-Eakin, (1994), soulignent le fait que ces effets spécifiques sont déterminants dans l'estimation de l'élasticité de la production par rapport au capital public.

Parallèlement, une série de travaux menés sur données de panel se sont attachés à estimer une fonction de production dans un cadre de minimisation des coûts. Les quelques études fondées sur cette approche pour analyser l'effet du capital public sur la croissance de la production et de la productivité ont fourni des estimations moins controversées. Ces études comprennent celles de Morrison et Schwartz (1996), Nadiri et Mamuneas (1994), Lynde et Richmond (1992) et Deno (1988) qui ont étudié l'effet du capital public sur la structure des coûts des diverses branches d'activité américaines. Lynde et Richmond (1993), Berndt et Hansson (1992), Shah (1992) et Conrad et Seitz (1994) ont procédé à des études comparables. Demetriades et Mamuneas (2000) ont examiné l'importance du capital public dans la structure de production des pays membres de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE).

Les pays de l'Afrique Subsaharienne (ASS) en général et ceux de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale3(*) (CEMAC) en particulier présentent, sur longue période, une baisse continue des performances macroéconomiques4(*). Or l'un des objectifs en Afrique Subsaharienne aux lendemains de l'indépendance était une accumulation rapide puis l'accroissement du capital d'infrastructure. Pour atteindre un tel objectif, les Etats se sont engagés directement dans la production, en s'érigeant en actionnaire principal dans le capital public qui, soit est jugé d'importance capitale pour le développement économique, soit est une activité considéré comme prioritaire pour la croissance économique. Ainsi, de nombreuses infrastructures publiques ont été créées au fils des années, dans divers secteurs de l'économie. Une telle tendance a été inversée au cours des années 80. En fait, une nouvelle orientation de la politique de croissance économique dans ces pays a requis un déplacement du pôle de développement économique, de l'investissement public vers l'investissement privé. L'objectif visé était de définir un dimensionnement des unités de production qui s'adapte aux capacités du marché local, privilégiant dès lors l'investissement privé. Comme le note la Banque Mondiale, devant l'ampleur de l'endettement et la nécessité d'accroître l'épargne publique pour y faire face, les possibilités d'accroître l'investissement public sont plutôt limitées. De ce fait, il est préférable de compter sur le secteur privé pour relancer la croissance. Malheureusement à la fin des années 80, le dynamisme du secteur privé ne tenait qu'au secteur urbain informel. En effet, en réponse à la récession économique de 1985/86, la réglementation dans le secteur formel s'étant accrue, de nombreuses entreprises ont dû être fermées. Les compressions et les cas de chômages se sont accrus et le secteur urbain informel, absorbant la main d'oeuvre ainsi libérée, s'est développé au détriment du secteur formel. En fait, les performances économiques médiocres de la seconde moitié des années 80 en Afrique Subsaharienne n'ont pu être corrigées assez rapidement dès le début des années 90. Ainsi, la croissance de la production décroît de 1.6 points entre 1980 et 1995, et de 2.0 entre 1980 et 2000, l'investissement en capital public chute de 5.4 points entre 85-94 et 95-03 pour les pays de la CEMAC. Durant la période d'ajustement, alors qu'on aurait dû s'attendre à de meilleures performances, la situation s'est plutôt dégradée. Cela n'était pas uniquement dû à une spécialisation des échanges en biens primaires ni du fait de la baisse tendancielle des termes de l'échange dans la mesure où elle s'était produite aussi dans d'autres pays en développement. En effet, les économies de l'ASS pâtissent de faiblesses structurelles.

Bien que la dévaluation du franc CFA ait permis une reprise de la croissance pour les pays de la zone Franc, il faut noter que plusieurs mesures avaient été mises en place afin de remédier à la crise. Elles étaient d'ordre macroéconomique et microéconomique. Au niveau macroéconomique, il s'agissait principalement de modifier le taux de change réel d'équilibre, soit par des ajustements monétaires, soit par des ajustements réels. Ces derniers consistent principalement en des restrictions budgétaires qui amènent à des baisses du niveau d'absorption et donc du niveau des prix intérieurs. Au niveau microéconomique, il s'agissait d'intervenir à la fois sur les coûts de production et sur la productivité des facteurs. La baisse des coûts de production pouvant se produire grâce à la privatisation des entreprises des secteurs productifs, à la libéralisation du marché du travail, ou à la suppression des contraintes de financement des secteurs productifs. Les facteurs qui influencent la productivité sont variés. Ils touchent à la fois les questions de formation du capital humain, le cadre institutionnel et législatif des affaires, les politiques d'approvisionnement en infrastructures publiques, le degré d'ouverture de l'économie. Ces facteurs sont particulièrement au coeur des réformes des PAS. Il est possible cependant qu'apparaissent des contradictions entre les mesures de stabilisation et la recherche d'une plus grande productivité, notamment à travers l'approvisionnement en infrastructures publiques : des restrictions budgétaires nécessaires au rééquilibrage des comptes publics, bien qu'exerçant une pression à la baisse sur le taux de change réel, risqueraient d'avoir un impact néfaste sur la productivité des secteurs de production. Inversement, l'accroissement d'un investissement public en infrastructure, bien qu'exerçant un effet positif sur les secteurs productifs, peut entraîner une appréciation du taux de change réel, essentiellement du fait de son éviction sur le secteur privé.

Dans la zone CEMAC, les facteurs de production restent d'un coût élevé, de qualité faible et les infrastructures de base sont d'un niveau d'approvisionnement insuffisant (FMI, 1999). A ce propos, Latreille et Varoudakis (1996) montrent que le manque de compétitivité des secteurs économiques est imputable à une faiblesse des gains de productivité, elle-même due notamment à la baisse du rythme des investissements publics. A la lumière de ces enseignements, il apparaît opportun de s'intéresser aux effets macro-économiques des infrastructures publiques. Aussi le présent travail répond à la question de savoir : Quel est l'impact des infrastructures publiques sur la productivité dans la sous région CEMAC5(*)6(*) ? Pour ce faire, deux questions subsidiaires seront examinées : Des investissements en infrastructures publiques plus élevés entraînent-ils une hausse de la productivité économique ? Quel est le sens de la causalité entre la productivité et les investissements en infrastructures publiques?

L'objectif principal du présent travail est d'évaluer la contribution des infrastructures publiques à la productivité des facteurs privés. Plus spécifiques, il s'agira de réaliser un examen des études théoriques qui examinent les liens entre les investissements réalisés dans l'infrastructure et la productivité; de relever les problème économétriques source de désaccord entre les auteurs sur le rôle productif de l'investissement en capital public et ; de faire un examen de la situation en zone CEMAC.

Pour y parvenir, nous effectuons une analyse économétrique en données de panel sur les six pays de la zone CEMAC, pendant la période 1994-2003. L'étude s'appuie essentiellement sur la fonction de production Cobb-Douglas élargie au capital public. Les données sont obtenues dans le CD-ROM de la Banque Mondiale (2005). Les estimations sont faites sur la base du logiciel TSP 4.3A.

L'intérêt d'une évaluation de la contribution du capital public à la productivité est double : elle s'inscrit d'abord dans le débat macroéconomique sur les effets productifs du capital public, elle éclaire également la question de la capacité des investissements en capital public à améliorer la productivité dans le cas sous régional. Un tel débat s'est souvent centré sur le rôle des infrastructures de transport, en insistant sur la baisse du coût de transport des biens et l'accessibilité des lieux (Bonnafous, 1993 ; Fritsch, 1997 ; Kuitcha 2005).

La première partie présentera deux chapitres, le premier chapitre est consacré à l'analyse des théories traditionnelles de la croissance néoclassique et de la croissance endogène. Le deuxième chapitre examine la littérature ayant mis en exergue l'impact du capital public sur la croissance suivant les différentes approches.

La seconde partie se divise également en deux chapitres. On évaluera d'abord les travaux antérieurs de la contribution du capital public sur la productivité, (chapitre trois). Par la suite (chapitre quatre), une mesure de la contribution du capital public à la productivité des facteurs privés de la sous région CEMAC sera évaluée.

Première partie :

LES FONDEMENTS THEORIQUES DU LIEN ENTRE
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE

La perception du rôle des dépenses publiques comme facteur de croissance économique a remarquablement évolué au cours de cette dernière décennie. L'investissement public en infrastructures est davantage appréhendé comme un facteur d'amélioration des performances productives et de l'investissement du secteur privé. Ce changement est dû en particulier aux travaux d'Aschauer (1989) et au nouveau modèle de croissance de long terme de Barro (1990).

Si l'analyse néoclassique de la croissance postule des rendements constants sur tous les facteurs, nous verrons qu'il est possible de n'avoir des rendements constants que sur les facteurs privés, ce qui confère au capital public un statut d'externalité propre aux biens publics. Les nouveaux modèles de croissance joueront sur cette possibilité, de même que sur le rendement des facteurs accumulables, pour faire apparaître une croissance endogène auto-entretenue et non plus exogène comme dans le modèle néoclassique.

Le premier modèle de croissance endogène faisant du capital public le moteur de la croissance est qualifié aujourd'hui d'approche primale. Contrairement à l'approche duale qui présente la formalisation micro-économique du lien entre croissance et infrastructures passant par une dualité entre fonction de production et fonction de coût, l'approche primale permet d'élargir la perception du rôle productif des infrastructures dans la perspective d'un modèle de croissance (ou formalisation macro-économique).

Dans ce qui suit, nous présenterons d'abord le modèle de croissance économique traditionnel de Solow-Swam (chapitre I), ensuite le nouveau modèle de croissance endogène avec capital public de Barro (chapitre II).

Chapitre 1 : DE LA CROISSANCE NEOCLASSIQUE A LA CROISSANCE ENDOGENE

Dans les années quarante, deux économistes se réclamant de Keynes, Roy Harrod et Everett Domar proposèrent des modèles de croissance. Leur principale contribution fut que, laissé à lui même le système ne peut assurer la croissance avec plein emploi et ceci essentiellement en raison de la mauvaise coordination des décisions de ceux qui, d'un côté épargnent et de ceux qui, de l'autre investissent. Le message sous jacent à ces modèles est que l'État doit intervenir pour corriger le défaut de coordination des décisions des agents individuels. A la vision pessimiste donnée par les modèles Keynésiens d'après guerre a succédé, au milieu des années 50, la présentation plus optimiste de Solow qui suppose résolu le problème de coordination, et qui postule en particulier le plein emploi permanent. Le modèle de Solow, point de départ de presque toutes les analyses de la croissance, nécessite pour bien appréhender l'impact de l'investissement en infrastructure une connaissance approfondie. L'objet de ce chapitre est consacré à l'analyse du modèle de croissance traditionnel utilisé par les économistes, celui de Solow et les enseignements du modèle AK de Rebelo (1991).

I - LE MODÈLE NÉOCLASSIQUE DE SOLOW-SWAM

Le modèle de Solow-Swam comporte deux sources de croissance : une source « endogène », l'accumulation du capital et une source « exogène », la quantité de travail disponible. L'accumulation du capital est déterminée par le modèle mais tel n'est pas le cas du travail disponible. De cette approche néoclassique en raison des caractéristiques de la fonction de production macroéconomique qu'elle postule, c'est la parfaite flexibilité des prix des facteurs qui rend possible le mouvement de substitution entre le travail et le capital ; il résulte une croissance de long terme harmonieuse car régulière. L'attrait et la place centrale que le modèle de Solow continue d'occuper dans les théories de la croissance tiennent à la simplicité et à la robustesse des hypothèses qui le fondent et à sa capacité à expliquer « beaucoup » à partir de « peu » d'éléments. La sous-section ci-dessous se propose d'étudier les enseignements de ce modèle de base et d'en ressortir ses limites.

A. Les enseignements du modèle

Nous examinerons comment l'économie décrite ci-dessus évolue dans le temps. L'économie est gouvernée par l'évolution du seul facteur capital. Celle du travail étant exogène.

a. Dynamique du modèle.

La dynamique du modèle repose essentiellement sur la dynamique du facteur capital décrite par l'équation:

or

(1.1).

L'accumulation du capitalde l'écart entre l'investissement la dépréciation du capital

, où le taux de dépréciation du capital. L'investissement est ce qui reste de la production une fois ôtée la consommation. Puisque le taux d'épargne s est constant, c'est une fonction constante de la production. Or celle-ci est telle que le rendement marginal du capital est une fonction décroissante du capital : plus le niveau de capital installé est élevé, plus sa rentabilité marginale est faible. Ainsi quand il y'a peu de capital dans l'économie, la partie de la production qui est investie permet d'accroître fortement le capital. A la limite lorsque la quantité de capital est infinie, sa productivité marginale devient nulle. Ainsi le seul facteur de production qui se modifie étant le capital et son accumulation réduisant son efficacité au cours du temps, la productivité va diminuer. Il existe donc une valeur du stock de capital telle que l'augmentation d'une unité de l'investissement induit un accroissement de la production épargnée plus fiable que l'investissement de point mort7(*). A cette valeur limite, l'accumulation s'arrête. Les équations précédentes décrivent ces différentes situations :

. Soit

. (1.2)

est le capital par tête et n le taux de croissance de la population. A l'état régulier8(*) (équilibre de long terme) on a:

.

Où la valeur du capital par tête d'équilibre constante. A ce niveau de capital, l'investissement permet de renouveler le stock de capital. L'équilibre est stable : quand l'économie se trouve à ce niveau d'équilibre du capital, elle y reste. Le seul taux de croissance de capital par tête que peut posséder une telle économie est nul. A cet équilibre, toutes les variables par tête sont constantes et les variables en niveau croissent toutes au même taux exogène (n) égal au taux de croissance de la population. Il en est de même des prix, taux d'intérêt (r) et taux de salaire (w).

(1.3)

b. Règle d'or de l'accumulation du capital et inefficience dynamique

Le modèle de Solow montre que le taux de croissance à long terme est indépendant du taux d'épargne. Toutefois, ce dernier joue un rôle fondamental dans le choix d'un sentier de croissance de l'économie : plus le taux d'épargne est élevé, plus la production investie à chaque période est forte et plus le capital de l'économie considérée est important. Le capital est une fonction croissante du taux d'épargne. Dès lors si les autorités ont la possibilité de choisir le taux d'épargne national grâce à une politique économique appropriée, elles choisiront celui qui permet en longue période de maximiser la consommation par tête. La solution d'un tel problème est appelée la règle d'or de l'accumulation du capital et découle du raisonnement selon lequel une hausse de l'épargne a deux conséquences contradictoires : d'une part, elle réduit la part consommée de la production et, d'autre part, elle accroît le revenu par tête et donc le niveau de la production. A long terme, les deux effets se compensent :

(1.4)

La quantité c* est la consommation à l'équilibre. En désignant kg la quantité k* qui maximise c*, on obtient :

, c'est la « règle d'or d'accumulation du capital ». Cette équation détermine le stock de capital qui permet de maximiser la consommation par tête tout en permettant un développement harmonieux. A ce titre de stock de capital correspond un taux d'intérêt :

.

Pour Solow, la croissance est naturelle, elle ne dépend pas de la sphère économique. La dynamique développée ci-dessus implique pour une économie donnée deux conséquences : le caractère transitoire de la croissance et l'accélération transitoire de la croissance d'une hausse du taux d'épargne.

B. Les limites du modèle de base de Solow

Le modèle de base de Solow se présente plus comme une représentation de la production et des ajustements de moyen terme que comme une théorie de la croissance. En effet, la croissance est limitée à la dynamique transitoire de l'économie, lorsqu'elle converge vers le rapport capital/travail d'équilibre (k*). La croissance de long terme, n'existe qu'en présence de facteurs exogènes. Ce modèle aboutit à plusieurs autres conclusions paradoxales : premièrement, le niveau du taux d'épargne affecte le niveau de capital par tête, mais pas la croissance. L'équation dynamique fondamentale de Solow montre qu'à l'équilibre, toute l'épargne est utilisée pour doter en capital les travailleurs nouveaux et non pour accroître la dotation de chacun. Au delà d'un effet en niveau, l'augmentation de k*, une politique d'encouragement de l'épargne n'aura pas d'effet sur le taux de croissance à long terme de l'économie. Elle aura aussi un effet transitoire dans la mesure où elle accéléra la convergence de l'économie vers k*.

Par ailleurs, dans un cadre international, ce modèle suppose que tous les pays doivent converger vers un même niveau de capital et de produit par tête, sous les hypothèses d'identité de préférences pour les agents de chaque pays c'est-à-dire avec un même taux d'épargne d'un pays à l'autre, et avec une même croissance démographique. Les pays pauvres vont donc rattraper les pays riches. Il semble à première vue assez difficile de raccorder cette prévision du modèle avec les faits observés au cours des quatre dernières décennies, qui tendent plutôt à montrer un accroissement de l'écart entre les niveaux de revenu. En fait, l'obtention d'une croissance non bornée nécessite la prise en compte d'un facteur extérieur qui augmente la productivité des facteurs de production à long terme. Solow, intégrant le progrès technique, propose une solution à ce problème.

a. Le modèle de Solow et le progrès technique

La croissance de toutes les variables en niveau (production, consommation...) à l'état stationnaire de Solow suppose que le rapport de deux quelconques de ces variables est constant dans le temps (taux de croissance nul). Ainsi dans le modèle de Solow, l'économie tend vers un état stationnaire en ce qui concerne la consommation et la production par tête. Par conséquent, il n'y a vraiment pas de croissance en dehors de celle de la population. L'absence de croissance par tête en longue période dans le modèle de Solow est une conséquence du fait que, la fonction de production qui caractérise l'économie est à rendements d'échelle constants et à productivité marginale du capital décroissante. Aussi pour qu'une croissance positive coexiste, il faut ajouter une autre variable au modèle. Une explication a été proposée par l'intégration du « progrès technique exogène » qui suppose soit qu'il y'a une « déformation » de la fonction de production qui permet une croissance plus élevée ; soit que le capital ou le travail devient plus productif au fur et à mesure que le temps passe. Pour mieux comprendre le modèle de Solow avec intégration du progrès technique, il convient de cerner au préalable cette variable.

b. Le progrès technique

Le progrès technique permet une amélioration continue de la technologie permettant d'éliminer l'effet des rendements décroissants en renforçant la productivité du travail. La prise en compte de cette variable dans la fonction de production est confrontée à deux problèmes : premièrement la manière d'introduire le progrès technique dans le modèle de Solow. Il peut permettre aux producteurs d'obtenir le même niveau de production avec relativement le même niveau de capital ou relativement avec moins de travail. Deuxièmement, la manière par laquelle le progrès technique déforme le système productif. On se préoccupe notamment de savoir s'il préserve les parts relatives de la rémunération des facteurs et dans quelle mesure il n'engendre pas de chômage. Il existe trois définitions courantes du progrès technique. Cependant, pour qu'une croissance à taux constant soit possible dans le modèle de Solow, le progrès technique doit être neutre au sens de Harrod.

c. Modèle de Solow avec progrès technique neutre au sens de Harrod

Considérons une fonction de production qui augmente le travail et un niveau de technologie A(t) qui croit au taux constant

. On a la fonction de production qui suit : Y (t) = F(Kt, At).

La dynamique du capital par tête devient 

même si rien n'est fait, le progrès technique augmente avec le temps. A l'état régulier, les variables par unité de travail effectif sont constantes. Les variables par tête croissent au taux

, les variables en niveau K, Y, C, I au taux (n +

). Dans ce modèle, en l'absence d'un taux de croissance de la population, le taux de croissance de l'économie est mesuré par

. Solow attribuant près de 90% de la croissance de la production par habitant au progrès technique exogène, montrant ainsi que la croissance de la productivité totale des facteurs était la principale source de croissance.

Toutefois, l'explication de la croissance par des facteurs exogènes ne pouvant satisfaire les économistes classiques à la recherche de fondements microéconomiques pour tous les phénomènes auxquels ils s'intéressent, ainsi que l'absence de corroboration entre les données internationales et le modèle néoclassique en ce qui a trait aux parts du capital et aux propriétés de convergence. On a vu éclore à la fin des années 80, des modèles dits de croissance endogène plus pertinents dans l'explication de l'influence de l'investissement sur la croissance.

II - MODÈLE DE CROISSANCE ENDOGÈNE ET EXTERNALITES

C. La dynamique de croissance à la Solow a permis de reproduire les cinq premiers faits stylisés de Kaldor. Cependant, le modèle ne peut expliquer le sixième fait concernant les disparités des taux de croissance parmi les pays. Il ne peut en rendre compte que si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle les pays ont des taux de progrès technique différents. Mais, dans ce cas, il faut expliquer les origines de ces différences. C'est le pas que se propose de franchir cette section à travers les travaux de Rebelo pour qui, la croissance est un processus auto-entretenue endogène.

D. A. Les enseignements du modèle AK

Une manière de concevoir une croissance auto-entretenue consiste à mettre l'accent sur l'accumulation des facteurs en supposant, à l'instar de Rebelo (1990) que « tout est capital ». En effet, en l'absence du progrès technique exogène dans le modèle de Solow, la croissance est bloquée par la décroissance vers zéro du rendement du capital. L'accumulation s'essouffle car la capacité productive du capital s'érode alors que la dépréciation et la croissance démographique absorbent une partie proportionnelle du capital des investissements. C'est cette hypothèse de décroissance des rendements qu'il faut remettre en cause pour modéliser une croissance endogène. Rebelo pose que la technologie agrégée est décrite par une fonction linéaire avec un seul facteur, le stock de capital :

Y = AK. (1.5)

Le capital apparaît comme le seul facteur de production. Rebelo justifie ce choix en assimilant le travail au capital humain, qui est accumulatif, et qui, agrégé au capital physique mais aussi aux infrastructures collectives donne le concept de capital élargi. Cette conception élargie du capital permet de justifier l'absence globale des rendements décroissants. C'est un modèle néoclassique susceptible d'être intégré dans le modèle de Solow En reconduisant on obtient l'équation fondamentale suivante :

(1.6)

La relation qui lie le taux d'investissement au taux de croissance du produit absente dans le modèle de Solow, en régime d'équilibre, apparaît clairement dans ce modèle simple de croissance endogène. En effet, dans ce modèle l'équation ci-dessous montre que le taux de croissance du produit est directement proportionnel au taux d'investissement

(1.7)

Néanmoins pour que la croissance soit auto-entretenue, il faut que cette dernière équation soit positive. C'est dire que le stock de capital va croître si et seulement si

.

Si ce taux de croissance est strictement positif, ce qui nécessite une productivité du capital et un taux d'épargne suffisamment élevés par rapport aux taux de croissance de la population et de déclassement, on a bien une croissance auto-entretenue, avec un taux de croissance du capital par tête positif et constant. Toute politique économique visant à augmenter le taux d'épargne aura un effet positif permanent sur la croissance. Une implication importante de ce modèle est donc que, contrairement au modèle de Solow, une hausse du taux d'épargne augmente de façon permanente le taux de croissance de la production par tête. Par ailleurs, il ne prévoit ni convergence absolue, ni convergence conditionnelle. Même en l'absence d'une croissance démographique : la croissance endogène est possible.

E. B. Croissance endogène et externalités

a. Externalités liées à l'accumulation d'un facteur

Le modèle de Rebelo a l'intérêt théorique de mettre en évidence les conditions les plus simples pour obtenir une croissance par tête auto-entretenue .Mais il est trop fruste dans ses fondements économiques et il se prête mal à un essai de calibrage. Une des façons d'introduire les externalités dans le modèle est de supposer que l'augmentation de la quantité totale de capitale disponible dans l'économie entraîne une hausse de la productivité du travail. Dans les domaines où il y a croissance endogène, cette hypothèse consiste souvent à multiplier la quantité de travail L utilisée par une entreprise par un nombre a(K)K désigne le stock total de capital et où a(.) est une fonction strictement croissante. Pour qu'il y ait externalité positive, il suffit alors que a(K) >1. Ainsi, lorsque le stock du capital de l'économie est K, la production Q d'une entreprise qui dispose d'un capital K et d'une quantité de travail L est donnée par : Q = F(K, a(K)L) . (1.8)

Comme, par hypothèse, F(.) est homogène de degré 1, on en déduit que :

. Si on note q le produit par tête Q/L et k le capital par tête K/L, alors l'équation s'écrit : dérivant par rapport au temps les deux membres de cette égalité, on obtient :

(1.9)

Dans le modèle de Solow, vers 0 lorsque t tend vers l'infini, car il n'y a pas d'externalité (donc

) et vers 0, puisque le capital par tête converge vers sa valeur stationnaire

. Par conséquent, le produit et la consommation par tête tendent également vers leur valeur stationnaire : sur la longue période, il n'y a pas de croissance autre que celle qui est due à l'augmentation de la population .Toutefois, la situation est différente dans le cas où il y a externalité, puisque alors le second terme de cette dernière équation ne s'annule pas ; si le capital d'ensemble K augmente régulièrement et si

alors le produit par tête peut continuer à croître indéfiniment. Le caractère endogène de la croissance provient ici de ce que la fonction a(.) a pour argument l'accumulation passée K qui est déterminée par le processus lui-même. Les modèles de croissance endogène se sont attachés d'une part à identifier les sources possibles de rendements d'échelle croissants au niveau macroéconomique, d'autre part à fonder au niveau microéconomique les conditions nécessaires à l'existence d'un équilibre concurrentiel.

b. L'Etat gérant des externalités

Les économistes parviennent à la résolution qu'il existerait une forte relation entre l'investissement et la croissance économique à condition que les droits de propriété soient garantis par les pouvoirs publics. Ils assignent ainsi à l'Etat le rôle de favoriser l'environnement de l'investissement tout en laissant jouer le marché. Cependant, la forme d'intervention publique dépend du type d'information dont dispose l'Etat. Il est ainsi légitime que la recherche fondamentale d'une rentabilité lointaine et incertaine soit financée par des fonds publics car comme l'applicabilité des résultats n'est pas immédiate, l'appropriation des gains économiques est difficile. Ceci d'autant plus qu'une part importante de la recherche fondamentale n'a pas de finalité économique directe : ces objectifs peuvent concerner la défense, le prestige, l'honneur de « l'esprit humain ».

Pour ce qui est de l'éducation, l'existence d'externalités9(*) ne peut justifier à elle seule un financement entièrement public : une part des gains de la formation est réalisée par les agents qui se forment. Cependant une intervention publique se justifierait par ailleurs même en l'absence d'externalité. L'accès des plus pauvres aux marchés financiers (afin de trouver le financement d'une formation) n'étant sans doute pas ce qu'il serait dans un marché parfait ; il importe de corriger cette imperfection par une intervention publique. Si les nouvelles théories de la croissance réhabilitent le rôle de la politique économique, qui devrait permettre de mieux coordonner les décisions des agents privés, elles ne préjugent pas la forme de cette intervention. En effet, si l'intervention publique est justifiée par le fait qu'il existe une externalité, il demeure que la forme d'intervention publique dépend de l'externalité précise qui est en cause. Outre la prise en compte des effets externes, l'Etat a une influence directe sur l'efficacité du secteur privé : les investissements publics concourent relativement à la productivité privée.

Conclusion

Le modèle de Solow et les calculs qu'il autorise ne cadre pas bien avec la forte corrélation observée dans les faits entre la taux d'investissement et de croissance ; des travaux récents ont remis en l'honneur l'investissement en capital public comme moteur de la croissance. Bien que reconnaître l'importance de la croissance à long terme soit primordiale, il importe de sortir du Carcan de la croissance néoclassique où la croissance par tête à long terme est indexée au taux de progrès technique exogène.

CHAPITRE II

CROISSANCE ENDOGÈNE AVEC CAPITAL PUBLIC

ET PRODUCTIVITÉ

Introduction

L'infrastructure publique est le fondement du bien-être dans une société, car elle permet des activités qui apportent des bienfaits. Qu'elle donne au public accès à de l'eau potable salubre ou qu'elle facilite le transport des marchandises et des personnes, l'infrastructure sert à créer les conditions idoines pour le fonctionnement d'une économie. Par ailleurs, l'infrastructure joue aussi un rôle de conditionnement et de transformation de l'économie, rôle qui est mis au jour par son incidence sur la productivité.

La littérature économique semble s'accorder sur deux moyens distincts d'examiner la contribution du capital public à la productivité. La première vague d'études empiriques réalisées dans ce domaine, fondées sur l'estimation d'une fonction de production de Cobb-Douglas à l'aide de données chronologiques, est qualifiée d'approche « primal ». Les résultats obtenus selon cette méthode surestiment10(*) l'importance des effets du capital public sur la croissance de la production et de la productivité. Comme les chiffres produits par la méthode primal étaient « trop élevés pour être crédibles », les chercheurs ont utilisé subséquemment la structure de production pour modéliser les décisions concernant les intrants privés, le capital public et la production dans un cadre de minimisation des coûts, soit un cadre « dual » ou double. Les quelques études fondées sur l'approche « duale » ou double pour analyser l'effet du capital public sur la croissance de la production et de la productivité ont fourni des estimations plus raisonnables. Dans ce qui suit, nous parlerons premièrement du capital public et processus de production dans une approche primale et deuxièmement du capital public et productivité des secteurs d'activité dans une approche duale ou double.

II. CAPITAL PUBLIC ET PROCESSUS DE PRODUCTION : APPROCHE PRIMAL

L'article de Barro (1990) a ouvert la voie à une série de contributions théoriques visant à établir l'effet des infrastructures publiques sur la productivité et la croissance de long terme dans une perspective de croissance endogène. Dès lors, il existe donc un relatif consensus parmi les économistes quant à la pertinence de l'introduction du stock de capital public dans le processus de production. Dans cette section, le véritable problème réside dans la définition précise de la notion du capital public. Mais nous allons d'abord évaluer les effets productifs du stock de capital public dans une perspective de croissance de long terme.

A. Capital public et croissance de long terme

Concernant l'analyse théorique du lien entre capital public et croissance, le modèle de Barro (1990) constitue aujourd'hui un cadre de référence. La spécificité de ce modèle consiste à faire apparaître les dépenses publiques d'investissement dans le processus de production, et par conséquent à mettre en évidence un lien explicite entre la politique gouvernementale et la croissance économique de long terme dans un cadre de croissance endogène.

L'auteur considère une économie fermée composée d'agents à durée de vie infinie, dont les préférences intertemporelles sont représentées par la fonction éfinie par

(1.1)

?désigne un facteur d'escompte psychologique et où l'utilité instantanée, notée u(

, est de la forme C.R.R.A (Constant Relative Risk Aversion).

représente la consommation à l'instant t.

(1.2)

On suppose que la population active est constante. La production de la firme i est représentée par une fonction de type Cobb-Douglas définie par :

(1.3)

Les termes Li et Ki désignent respectivement le niveau de l'emploi et le stock de capital privé de la firme i à la date t. Les paramètres ek et eg correspondent respectivement aux élasticités de la production11(*) par rapport au stock de capital privé et aux investissements publics. On suppose ici que les dépenses gouvernementales agrégées, notée G, correspondent à la définition de Samuelson et satisfont les hypothèses de non rivalité et de non exclusion12(*). Lorsque l'on suppose que les rendements sont constants13(*) par rapport aux facteurs K et G (

), on aboutit à une situation de croissance endogène.

Soit Y la production de la firme représentative. Les dépenses publiques sont financées par un impôt proportionnel sur la production à taux constant :

(1.4)

Où le taux d'imposition. Si l'on note d le taux de dépréciation du capital privé et L la population active totale, le taux de croissance équilibrée de l'économie, noté y, est défini par :

(1.5)

En utilisant la contrainte budgétaire du gouvernement, ce taux de croissance peut se réécrire sous la forme :

(1.6)

Cette relation nous permet d'observer les deux effets opposés du taux d'imposition sur le taux de croissance de long terme : L'augmentation des dépenses publiques conduit d'une part à une augmentation de la productivité des facteurs et favorise ainsi l'accumulation du capital privé, mais d'autre part elle induit une hausse des ponctions sur les ressources des agents et donc une éviction des investissements privés. La croissance de long terme sera ainsi le résultat de l'interaction de ces deux forces opposées.

En particulier, pour un niveau sous optimal de dépense publique14(*), on peut montrer que toute dépense additionnelle engendre une amélioration de la croissance de long terme :

ssi

(1.7)

L'effet net de l'intervention publique dépend de la différence entre le taux marginal de prélèvement public et de l'élasticité du produit par rapport aux dépenses publiques

. Dès lors si le gouvernement adopte la maximisation de la croissance pour objectif de sa politique fiscale, il choisira un taux d'imposition égal à l'élasticité des dépenses publiques, ou au taux d'investissement public.

(1.8)

L'hypothèse d'une influence des dépenses publiques d'infrastructure sur le taux de croissance du sentier stationnaire de l'économie, peut paraître extrêmement fragile dans la mesure où elle requiert une configuration très particulière des paramètres et notamment des rendements d'échelle par rapport aux stocks de capital privé et public.

Cependant, Hénin et Hurlin, (1998) montrent que la règle d'investissement décrite par l'équation (1.7) demeure valable dans une configuration de croissance exogène lorsque l'on substitue un critère normatif au critère de maximisation de la croissance. En effet, dans une perspective similaire à la règle d'or, le taux d'imposition qui maximise la consommation par tête en régime permanent doit dans ce cas être égal à l'élasticité de la production par rapport aux dépenses publiques et au taux d'investissement public.

Ainsi suivant l'origine de la croissance, la maximisation du facteur de croissance de long terme ou du niveau de la consommation par tête en régime permanent, conduit dans ces modèles à l'égalisation du taux d'investissement public et de l'élasticité de la production par rapport à ces dépenses.

Mais une des principales limites du modèle de Barro(1990) réside dans le fait qu'il n'intègre pas de dimension de stock de capital public. Or, il est raisonnable de penser que les effets productifs des infrastructures publiques sont sans doute plus liés à l'ensemble des équipements mis en place qu'au seul flux contemporain de dépenses d'investissements.

Dans un contexte de croissance endogène, lorsque l'on intègre explicitement une dimension de stock, le résultat (1.7) reste valable lorsque l'on envisage la maximisation du facteur de croissance de long terme. Cependant en raison de la présence d'une dynamique de transition ou tout simplement d'un décalage temporel entre les phases d'accumulation et de production, la maximisation de l'utilité conduit à retenir un taux d'investissement public légèrement inférieur à celui qui maximise la croissance.

F. B. Capital Public : Définition et caractérisation

S'il existe aujourd'hui un consensus parmi les économistes quant à la pertinence de l'introduction du capital public dans le processus de production de long terme, en revanche se pose de manière cruciale le problème de la définition statistique du capital public. Ce dernier se confond aux infrastructures publiques, aux dépenses publiques ou aux investissements publics.

a. Capital public et infrastructures publics

Gramlich, (1994) constate que la plupart des études économétriques retiennent une définition fondée sur la propriété, le capital d'infrastructure étant la plupart du temps défini comme le capital détenu par le secteur public, d'où la confusion des notions de capital d'infrastructure et de capital public. Cette acception présente cependant certains inconvénients, puisqu'il est évident qu'une partie des investissements d'infrastructure est assurée par le secteur privé et échappe par-là même à la définition comptable retenue, mais il apparaît très délicat de mesurer les infrastructures privées et de les distinguer des autres catégories de capital privé.

A l'inverse, le critère de la propriété étatique conduit à agréger en une même entité hétéroclite, non seulement les infrastructures publiques et les stocks productifs des entreprises publiques, mais aussi les équipements et bâtiments n'ayant que peu ou pas d'impact sur l'activité économique.

b. Capital public et dépenses militaires

Les dépenses militaires, qui si elles ne présentent pas un caractère spécifique (casernes, voitures de fonction etc..) ne sont pas retirées de la notion d'infrastructures retenue par le Système Elargi de Comptabilité Nationale (SECN) S'agissant des matériels strictement militaires, les règles comptables internationales préconisent de les exclure mais on ne peut être assuré que les pratiques comptables nationales se conforment à ce principe. Aussi généralement, les infrastructures militaires sont considérées comme non spécifiques et donc intégrées dans la mesure du capital public. Il est alors possible d'objecter que le fait détendre la définition du capital public au-delà du simple coeur d'infrastructures, conduit ceteris paribus à minimiser les effets productifs des investissements publics.

c. Capital public et investissement public

Hurlin (1999) dans son étude considère parallèlement deux définitions. D'une part, il retient les données fournies par Ford et Poret, (1991) qui correspondent à une définition étroite du capital public. Ces données sont issues de la base ''Flux et Stocks de Capital Fixe'' de l'OCDE et celle-ci ne couvre que le stock d'équipements des producteurs de services fournis par les administrations publiques. Cette définition exclut notamment les structures de transports, de télécommunication, les équipements militaires ainsi que les structures des services d'électricité, gaz et eau.

D'autre part, il considère une définition large construite à partir des séries d'investissements publics de la base ''Perspectives Economiques'' de l'OCDE, afin de comparer l'influence de la définition comptable du capital public retenue sur les résultats économétriques. Cette dernière définition couvre entre autres les services publics généraux, l'éducation, la défense, la sécurité et l'ordre public, la santé, les aménagements collectifs, les équipements de transports et communication, et diverses autres activités économiques.

II. CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS SECTORIELS: UNE APPROCHE DUALE

La méthode employée dans la présente section comprend l'estimation des fonctions de demande et de coût des secteurs d'activité. Cette méthode, qui s'inspire de Nadiri et Mamuneas (1994), consiste à préciser la contribution de la demande de production, des prix relatifs des intrants, du progrès technique et du capital financé par l'état à la croissance de la productivité. L'analyse de la contribution relative de ces composantes dans un cadre unifié permet de répondre plus facilement aux questions de principe concernant la portée et l'importance de l'effet du capital public sur la productivité15(*) (Harchaoui et al 2003).

Nous évaluons séparément les équations de demande et de coût, puis nous utilisons les paramètres estimés de ces équations pour évaluer la réduction des coûts, les élasticités d'échelle et l'expansion de la production du capital public pour chaque branche d'activité et pour décomposer la croissance de la productivité.

A. La fonction de coût

La fonction de coût pour la ième branche d'activité est écrite sous la forme

, où

est une fonction de coût normalisée deux fois continûment différentiable, wi est un vecteur des prix relatifs des facteurs variables, Y est la quantité de production, t est un indice de temps représentant le progrès technique non incorporé et G représente les services du capital public, c'est-à-dire un intrant quasiment constant.

Les services du capital public influent sur la structure de coût d'une branche d'activité de plusieurs façons. En premier lieu, une augmentation de la quantité (ou une amélioration de la qualité) des services du capital public fait baisser le coût unitaire des produits de la branche d'activité. Harchaoui et al (2003) qualifient cette baisse d'« effet de productivité ».

En deuxième lieu, les entreprises rajustent leur demande de travail et d'intrants intermédiaires, et leur stock de capital si les services du capital public sont des substituts ou des compléments des intrants privés. Autrement dit, les services du capital ne peuvent avoir un effet neutre sur les décisions du secteur privé visant la demande de l'intrant. Harchaoui et al (2003) parlent ici d'« effet de demande de l'intrant ».

En troisième lieu, la réduction des coûts induite par l'augmentation du capital public peut mener à une réduction du prix de production qui, à son tour, peut causer une augmentation de la demande pour cette production. Harchaoui et al (2003) appellent ce phénomène « effet d'expansion de la production ». Cet effet d'expansion de la production est un effet indirect de l'investissement public.

L'augmentation du capital entraîne une augmentation de la production qui, à son tour, entraîne une augmentation de la demande de travail, d'intrants intermédiaires et de capital privés. L'effet net du capital public sur le coût total et sur sa structure correspondra à la combinaison des effets de productivité, de demande de l'intrant et d'expansion de la production.

Le coût de production est donné par :

(1.9)

,

représentent respectivement les prix d'acquisition du capital, du facteur travail L et des intrants intermédiaires M.

Comme mentionné plus haut, G représente le stock de capital public. Il s'agit d'un bien public et, par conséquent, aucun prix du marché ne peut être attribué aux services qu'il fournit. Cependant, il est possible de calculer leur prix fictif, ou la disposition à payer pour ces services, comme étant la réduction des coûts privés de production associée à G Le bénéfice marginal dû au capital public correspond à -

, où ésente le coût total, normalisé selon le prix des intrants intermédiaires

. Ce qui signifie que l'ajout d'une unité de capital public G entraîne une réduction de coût

16(*).

Outre l'effet direct du capital public sur la productivité représenté par -

, des effets de rajustement de la demande des intrants découlent de la complémentarité ou de la substituabilité des intrants privés (tels que le travail, le capital privé et les intrants intermédiaires) par le capital public. Ces effets peuvent être représentés par

, où Xf est la quantité de l'intrant (privé) f.

Si la valeur de l'expression

est supérieure, égale ou inférieure à zéro, alors le capital public a un effet négatif, nul ou positif sur la demande de l'intrant en question.

Enfin, nous pouvons calculer l'effet d'une augmentation du capital public sur le taux de progrès technique au moyen de l'expression

qui montre que l'utilisation d'une unité supplémentaire de capital public donne lieu à une augmentation de la productivité ou à une diminution des coûts attribuables au progrès technique.

B. La fonction de demande

Le modèle est conçu de façon à étudier les effets du capital public sur la croissance de la productivité. La décomposition de cette dernière en diverses composantes nécessite l'estimation de deux ensembles de paramètres : d'une part, l'estimation de l'élasticité du coût par rapport au capital public et à d'autres paramètres de la fonction de coût (1.9) et, d'autre part, l'estimation des paramètres de la fonction de demande de production qui établit la relation entre la croissance de la demande et la variation du prix de production et du revenu par habitant. Pour chaque branche d'activité, i, l'équation de la demande est spécifique sous forme d'une fonction loglinéaire

(1.10)

Cette dernière équation représente, pour chaque branche d'activité, la régression du taux de croissance de la production sur une constante, sur le taux de croissance du prix de la production normalisé par le dégonfleur du PIB et sur le taux de croissance du PIB réel par habitant (Z et N représentent, respectivement, le PIB et la population). Donc, la variation des quantités demandées dans une branche d'activité est liée au mouvement des prix dans cette branche d'activité comparativement au dégonfleur du PIB et à la variation du niveau du revenu agrégé et de la population à l'échelle de l'économie.

C'est le calcul de deux des paramètres estimés de la fonction de demande (1.10) qui apporte un intérêt à cette modélisation. Ces paramètres sont :

a) l'élasticité-prix de la demande qui est mesurée par le coefficient a (a = 0 suggère que la demande est parfaitement inélastique ; a = 1suggère que la demande est unitairement élastique et a>1 suggère que la demande est élastique) et

b) l'élasticité-revenu par habitant de la demande, qui est mesurée par le coefficient b (même définition que poura.)

C. Réduction des coûts, élasticités d'échelle et expansion de la production

D'après les estimations des fonctions de demande et de coût, il est possible de calculer les élasticités importantes de la demande et des coûts nécessaires pour mesurer l'effet du capital public sur la structure des coûts et sur la croissance de la productivité de chaque branche d'activité. Les élasticités importantes sont les suivantes :

Représente l'élasticité du coût privé par rapport au capital public;

Représente l'élasticité du coût par rapport à la production;

?

?représente l'élasticité du capital par rapport à la production lorsque tous les intrants, y compris le capital public, sont inclus.

L'augmentation de la production qui résulte de la réduction du coût associée à une augmentation du capital public exprimée en termes d'élasticité est

 ; c'est-à-dire l'élasticité du coût par rapport au capital public multipliée par le degré de rendement interne d'échelle estimée pour chaque branche d'activité.

D. Décomposition de la croissance de la productivité

La croissance de la productivité peut être décomposée comme suit (Harchaoui et al, 2003)

+

, (1.11)

Où A=

La définition des paramètres de l'équation (1.11) est la suivante : a représente l'élasticité de la demande par rapport à la production, b est l'élasticité-revenu de la demande de produits, q est la marge de profit

, , respectivement, la croissance du PIB et de la population,

et, respectivement, le taux de croissance du prix de l'intrant f de la branche d'activité et du dégonfleur des prix du PIB.

est la variation du degré de rendement d'échelle, k est le ratio du prix de production Py au coût moyen

, la part en termes du coût privé, C du fième intrant, ésente les élasticités du coût par rapport au capital public,

est la variation du capital public et

est la variation du niveau de technologie.

Nadiri et Mamuneas (1994) ont fourni l'interprétation heuristique suivante des diverses composantes de (1.11) :

(i) l'effet de la demande exogène,

(ii)

(iii) l'effet des prix des facteurs,

(iv)

(v) l'effet du capital public,

(vi)  ; et

(iv) le progrès technique non incorporé

Les estimations des paramètres des fonctions de coût (1.9) et de demande (1.10) sont essentielles à la décomposition de la croissance de la productivité. Plus précisément, a et b, c'est-à-dire les élasticités-prix et revenu de la demande,

et

, l'élasticité du coût de la production et l'élasticité du coût par rapport à une augmentation du capital public , G jouent un rôle crucial dans cette décomposition.

L'effet du capital public peut lui-même être décomposé en effets direct et indirect. Ainsi, l'effet direct du capital public G est donné par

tandis que l'effet indirect est donné par

.

Dans l'équation (1.11), les paramètres importants sont les élasticités-prix et revenu de la demande et les élasticités-coût de la fonction de coût du secteur privé. Notons que, si la fonction de demande est absolument inélastique les déplacements de la courbe de coût dus à la variation des prix réels des facteurs, au capital public ou au progrès technique non incorporé n'ont aucun effet sur la production, donc aucun effet indirect sur la productivité. En outre, si la technologie est caractérisée par des rendements d'échelle constants en ce qui a trait à tous les intrants, y compris le capital public (c.-à-d.

=k=1), alors l'équation (1.11) se réduit à :

P=

?

) (1.12)

Un accroissement du capital public augmente donc, dans un premier temps la productivité en réduisant le coût privé de production, réduction qui, à son tour, fait baisser le prix de production et augmenter la croissance de la production. Enfin, la variation de la croissance de la production entraîne la variation de la croissance de la productivité.

G. Conclusion

Nous avons montré dans ce chapitre, deux méthodes distinctes d'évaluation de la contribution du capital public à la productivité. La première méthode issue de la théorie de la croissance endogène avec capital public a été initiée par Barro (1990), son cadre d'analyse est celui de l'estimation d'une fonction de production Cobb-Douglas élargie au capital public. Cette méthode est qualifiée d'approche primale. L'une des principales limites de cette méthode est qu'elle ne tient pas compte de la dimension de stock de capital public. La seconde méthode, qualifiée d'approche duale consiste à évaluer la contribution du capital public à la productivité par l'estimation d'une fonction de demande et de coût des secteurs d'activité ; cette dernière approche vérifiée par Nadimi et Mamuneas (1994) a pour but essentiel d'examiner si le coût de la production baisse lorsque le stock de capital d'infrastructure public est plus élevé.

Conclusion de la première partie

Dans cette partie, nous avons présenté une synthèse des différentes approches conceptuelles du lien entre infrastructures et croissance. Il est apparu que, malgré le consensus théorique sur le sujet passant par les modèles de croissance exogène et à la croissance endogène, la problématique de la croissance économique est controversée.

L'approche primale de la fonction de production apparaît comme une voie de recherche particulièrement sensible, notamment sur séries chronologiques et données de panel. L'utilisation de méthodes économétriques appropriées apportera des résultats plus probants.

L'approche duale de la fonction de coût semble une démarche plus satisfaisante dont l'intérêt réside dans l'identification possible des voies de transmission de l'effet des infrastructures sur la Croissance. Les infrastructures apparaissent le plus souvent complémentaires de l'investissement privé qu'elles stimulent en diminuant les coûts de production et de transport, de même qu'en favorisant l'apparition d'externalités.

Deuxième partie :

ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ

L'idée que les investissements d'infrastructure peuvent influer sur la productivité est naturellement séduisante : il suffit d'imaginer une économie avec des camions mais sans routes ou des bateaux mais pas de ports. S'efforçant de cerner plus étroitement cette relation, Aschauer (1989) a supposé une technologie globale de type Cobb-Douglas, où la production est le fruit des apports habituels de capital et de travail du secteur privé, complétés par les équipements, ou infrastructures, du secteur public.

Dans le cas des Etats-Unis, Aschauer est parvenu à la conclusion que les infrastructures ont un effet positif très marqué sur la productivité totale des facteurs du secteur privé; c'est ce que l'on a appelé «l'hypothèse d'Aschauer». Bien que récemment confirmée par Munnel (199O), cette proposition continue de susciter des controverses, notamment parce que beaucoup d'économistes estiment que la productivité marginale des infrastructures qu'impliquent les estimations est exagérément élevée. Toutefois, si les retombées sont aussi fortes que le laissent supposer les résultats d'Aschauer, les implications pour la conduite de la politique économique sont évidentes et importantes :

En donnant un coup de pouce aux investissements d`infrastructure, les pouvoirs publics peuvent faire progresser de façon substantielle la production réelle et la productivité17(*).

Compte tenu des enjeux pour les politiques gouvernementales et le bien-être économique, il est important d'évaluer les fondements empiriques d'une recommandation en faveur de l'accélération des investissements publics en zone CEMAC. Mais avant, examinons certaines études élaborées aux Etats-Unis et dans les pays membres de l'OCDE.

CHAPITRE III

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ :

UNE REVUE EMPIRIQUE DES TRAVAUX ANTERIEURS

Introduction

Les économistes ont proposé diverses explications au ralentissement de la croissance observé aux Etats-Unis et dans la plupart des grands pays industrialisés depuis le début des années soixante dix. Cependant, c'est sans doute celles qui impute ce déclin à la diminution des efforts publics d'investissement, notamment en matière d'infrastructures, qui a suscité la plus abondante littérature ces dernières années (Hurlin, 1999).

L'intuition économique est très simple et consiste à penser que certains aménagements publics d'infrastructures génèrent des externalités qui améliorent la productivité des facteurs privés, les exemples les plus fréquemment cités étant ceux des réseaux routiers et autoroutiers, des réseaux d'approvisionnement et des traitements des eaux, etc...

De ce fait, l'analyse du lien entre la croissance et le capital public a connu un vif regain d'intérêt notamment grâce aux travaux théoriques de Barro (1990) qui montrent que les dépenses publiques productives assimilées au capital public d'infrastructure peuvent jouer un rôle moteur dans un processus de croissance auto-entretenu.

Mais si, l'intégration au niveau théorique des effets productifs de l'investissement public pose aujourd'hui peu de problèmes, il n'en va pas de même à la validation empirique de tels effets.

Nous parlerons dans ce qui suit des problèmes méthodologiquement posés par la détermination de l'élasticité de production du capital public et des enseignements généraux sur l'infrastructure et la productivité.

I- ELASTICITE DE PRODUCTION ET LES PROBLEMES METHODOLOGIQUES

De manière concomitante, au développement de la théorie de la croissance endogène avec capital public, s'est développée une importante littérature empirique visant à examiner les effets des infrastructures publiques sur la croissance des nations. Mais aussi des régions, en particulier à l'échelle des Etats américains. Les premières études nationales (Aschauer, 1999) et régionales (Munnell, 1990) ont mis en évidence un effet positif du capital public sur la production, en estimant des fonctions de productions à trois facteurs. Ces premiers résultats ont donné lieu à de vives controverses, quant à leur robustesse statistique (Evans et Karrs, 1994 ; Holtz-Eakin, 1994, etc...).

Nous développerons ici, les travaux s'appuyant sur les problèmes de causalité et sur les problèmes d'agrégation des données utilisées pour l'estimation de la fonction de production.

2. Les estimations de l'élasticité de la production et le problème de causalité

La question de la productivité de l'infrastructure publique voit le jour avec l'étude de Ashauer (1989) sur l'investissement public aux Etats-Unis. En se servant d'une fonction de production Cobb-Douglas pour analyser les données produites par les Etats-Unis en 1970, il a constaté que l'élasticité de la production des investissements publics dans l'infrastructure de base18(*) était de 0,24. Cette grande élasticité l'amène à soutenir que le ralentissement de la croissance de la productivité dans les années 1970 était largement attribuable à une baisse des investissements publics dans l'infrastructure.

L'auteur constante également que les investissements dans le capital non militaire avaient un effet beaucoup plus profond sur la productivité que les investissements dans le capital militaire.

Dans l'année qui a suivi la publication du rapport de Ashauer, d'autres chercheurs ont entrepris des études pour confirmer ou réfuter son estimation des répercussions de l'infrastructure publique sur la productivité. Munnel (1990) comptait parmi les auteurs à avoir appuyé les résultats de Ashauer.

Dans son étude, Munnell (1990) a analysé les répercussions économiques du Stock de capital non militaire, non résidentiel net19(*) entre 1970 et 1986 aux Etats-Unis, et constante que les Etats qui investissaient d'avantage dans l'infrastructure affichaient de meilleurs résultats économiques, des investissements privés plus élevés et une croissance de l'emploi plus forte, ce qui semblait être conforme aux résultats de Ashauer (1989).

Plus la recherche dans le domaine a progressé, plus se sont multipliés les différends sur l'orientation de la causalité entre les changements dans la productivité et les investissements dans l'infrastructure.

a. Critique méthodologique des premières études : le problème de causalité

Evans et Karras (1994) ont analysé les données sur l'infrastructure et la productivité de sept pays membres de l'OCDE entre 1963 et 1988. Ils ont décelé d'étroites corrélations entre les deux variables, mais concluent que l'orientation de la causalité20(*) était à l'opposé de ce qu'avaient signalé Ashauer (1989) et Munnell (1990). C'est-à-dire que la hausse des stocks de capital public était le résultat de la hausse de la production et de la croissance économique, pas la cause.

En analysant la corrélation entre le Produit Intérieur Brut (PIB) annuel moyen et le stock de capital net du gouvernement, Evans et Karras (1994) ont conclu que rien ne prouve que les immobilisations gouvernementales soient hautement productives.

Zegeye (2000) appuie l'étude de Evans et Karras (1994) lorsqu'il conclut que l'infrastructure est un bien normal21(*), et que les pays riches auront tendance à en avoir plus et les pays pauvres, à en avoir moins. Dans son rapport, Zegeye (2000) constate que l'élasticité de la production entre l'infrastructure publique et les investissements privés n'est que de 0,02.

Plusieurs auteurs ont tenté de régler la question de la causalité, perfectionnant leurs méthodes afin d'être sur qu'ils saisissaient les résultats des investissements dans les infrastructures et pas les résultats de la croissance économique.

b. Tentatives de résolution du problème de causalité

Concernant le sens de la causalité de la relation, si les infrastructures publiques peuvent être productives, elles sont financées par les contribuables via l'impôt, la dotation en infrastructures va donc dépendre du revenu de ceux-ci et donc de la production. Il y a alors un effet de simultanéité qu'il est nécessaire de prendre en compte pour mesurer l'effet net du capital public sur la productivité. La correction d'un tel biais de simultanéité s'effectue classiquement en ayant recours à des systèmes d'équations simultanées (Duffy-Deno et Eberts, 1991 ; Tatom, 1993 ; Ford et Poret, 1991). Dans le cas des États-Unis, l'introduction d'un double sens de causalité dans la relation croissance - infrastructures publiques réduit largement, voire annule totalement l'effet positif du capital public sur la productivité

Dans une étude de l'OCDE Demetriades et Mamuneas (2000) et, Esfahani et Ramirez (2002) ont abordé la question de la causalité en introduisant un décalage entre les variables de l'infrastructure publique et de la productivité. Dans ces études, les investissements étaient comparés aux données sur la productivité de plusieurs années en aval, ce qui laissait le temps aux répercussions des investissements dans l'infrastructure de se manifester dans les données sur la productivité et réduisait ainsi les chances que les répercussions des investissements dans l'infrastructure sur la croissance économique soient pris pour les répercussions de ces derniers sur la productivité. Les deux études réalisées au moyen de cette technique ont révélé que l'infrastructure publique avait une incidence mesurable sur la hausse de la productivité et sur la croissance économique, mais cette incidence n'était pas aussi importante que celle signalée par Ashauer (1989).

B. Les estimations de l'élasticité de la production et le problème d'agrégation des données.

Malgré les améliorations méthodologiques, les études contemporaines ont donné lieu à des évaluations contradictoires de capacité productrice de l'infrastructure22(*). Il n'est pas surprenant que les estimations de l'élasticité de la production entre l'infrastructure publique et la productivité privée varient entre les régions et les époques. En plus de ces différences qualifiées de spatiales, il existe des différences au niveau des données utilisées23(*).

a. Effets de la diffusion spatiale

Proposant une première synthèse de la littérature empirique, Munnell(1992) met en évidence une relative homogénéité des estimations de la contribution productive du capital public suivant le degré d'agrégation des données considérées, les élasticités estimées à partir de données nationales étant le plus souvent largement supérieures à celles obtenues à partir de données régionales. Le débat porte alors sur l'éventuelle sous-estimation de la contribution du capital public à la croissance régionale par omission de la diffusion spatiale des externalités régionales associées aux infrastructures locales.

De son côté, à partir d'un jeu de données régionales américaines, Balmaseda (1996) montre que ces effets de diffusion sont quantitativement négligeables, le coefficient associé au stock de capital public agrégé étant non significativement différent de zéro. Il rejoint ainsi les conclusions Holtz-Eakin et Schwartz (1995) ainsi que celles de Holtz-Eakin (1994), ce dernier montrant que, le passage du niveau des Etats au niveau régional ne modifie pas de façon sensible les estimations.

b. Effets des données utilisées.

Les données relatives à l'élasticité de la production ne représentent pas des estimations à long terme stable du taux de rendement de l'infrastructure publique, mais plutôt une estimation de l'incidence qu'elle aura sur la productivité à un moment donné et à un endroit donné.

Un débat a alors porté sur le niveau d'agrégation des données mobilisées. Munell (1992), mais aussi Argimon et al. (1993) justifient ainsi le niveau élevé des élasticités obtenues sur données agrégées américaines ou espagnoles, tandis que Mas et Al (1996) mettent en évidence, sur données agrégées espagnoles, la présence d'une corrélation positive entre production d'une région et niveau des infrastructures des régions contiguës.

En recourant à un exercice de simulation par la méthode de Monte-Carlo sur des pseudo-échnatillons de données régionales et leur agrégation, Balmesada (1997) va plus loin et met en lumière la présence d'un biais d'agrégation positif dans l'estimation de l'élasticité du capital public : la moyenne des élasticités estimées sur données agrégées est supérieure à celle obtenue à partir des pseudo-échantillons générés.

Ainsi, si l'utilisation de données régionales évite ce probable biais d'agrégation, elle peut néanmoins avoir pour effet de sous-estimer le rôle du capital public dans la croissance régionale en éliminant la possible diffusion spatiale des effets des infrastructures locales.

Parallèlement aux constatations sur l'estimation de l'élasticité de production et les problèmes méthodologiques posés, il y a plusieurs autres enseignements généraux qui se dégagent des études traitant des répercussions de l'infrastructure sur la productivité.

II. LES ENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR LE CAPITAL PUBLIC ET LA PRODUCTIVITE

L'une des principales contributions de l'étude de statistique Canada réalisée par Harchaoni et Tarkhani (2003) est la preuve que les répercussions de l'infrastructure sur la productivité ne sont pas uniformes à l'échelle des secteurs d'activité, ni à l'échelle régionale. Des enseignements sur la contribution du capital public à la productivité peuvent alors être tirés. Nous montrerons d'abord comment le capital public contribue à la productivité des facteurs privés sectoriels, ensuite comment il contribue à réduire la disparité régionale.

A. Contribution du capital public à la productivité des facteurs privés sectoriels

Harchaoni et Tarkhani (2003) pensent que les répercussions des investissements dans l'infrastructure se font sentir davantage dans les secteurs d'activité qui misent davantage sur l'infrastructure publique dans la production de leurs biens.

Hurlin (1999) soutient cette position, lorsqu'il affirme qua la dimension sectorielle permet non seulement d'ignorer la critique de Gramlish (1994) selon laquelle les estimations en coupe ou en panel conduisent à une sous estimation de l'impact du capital public en raison de la négligence des externalités extra régionales. Mais aussi, de limiter l'éventuel biais de simultanéité qui pourrait affecter les estimations agrégées, puisque l'on peut supposer que la productivité d'un secteur particulier n'apporte pas de contribution déterminante à l'évolution du stock de capital public national.

a. Spécifications sur un panel sectoriel

Hurlin (1999) considère une fonction de production élargie de type Cobb-Douglas exprimée en logarithme dans laquelle la liste des facteurs de production est le travail, le stock de capital privé et le stock de capital public.

(3.1)

Les indices i, s et t désignent respectivement les dimensions pays, sectorielles et la date (connue) d'observation.

La variable Gi,t, qui désigne ici le stock de capital public national, n'a pas de dimension sectorielle. Ce choix, Hurlin le justifie tout d'abord par l'impossibilité de définir sur le plan comptable la notion d'infrastructure publique sectorielle. Mais plus généralement, cette spécification signifie que les mêmes équipements publics (infrastructures de transport par exemple) peuvent affecter la productivité de tous les secteurs de l'économie, mais à des degrés divers (les élasticités étant conditionnelles au secteur noté s).

Dans une étude fondée sur un panel américains, Evans et Karras(1994) préconisent d'utiliser le nombre d'heures travaillées, dans le but de contrôler les effets liés à l'hétérogénéité de la durée légal du travail. En absence de telles données au niveau sectoriel, Hurlin (1999) retient dans sa spécification l'effectif total du secteur s du pays i pour définir la variable emploi Nist.

Les paramètres en, ek et eg désignent respectivement les élasticités de la production par rapport à l'emploi, au stock de capital privé et au stock de capital public mesurées dans le secteur s. le paramètre à un effet spécifique individuel et capture toutes les caractéristiques atemporelles de la productivité globale des facteurs. Le paramètre gt correspond quant à lui à un effet temps spécifique qui permet de contrôler les chocs communs à tous les pays à chaque période.

représente alors un terme d'erreur indépendant et identiquement distribué orthogonal aux effets nationaux et temporels.

b. Test de spécification

Hurlin (1999) s'est assuré de la stationnarité des séries considérées. Les tests menés sur son échantillon conduisaient à la non stationnarité des différentes séries de productivité et d'intensité capitalistique privée ou publique. Dans le cas des données de panel. Les distributions des statistiques de test de l'hypothèse nulle de racine unitaire ont été proposées en particulier par Levin et Lin (1992). Contrairement au cas des séries temporelles, ces distributions sont asymptotiquement normales.

Supposant qu'il n'existe pas de relation de cointégration au niveau de production, Hurlin (1999) choisit de faire une différentiation par stationnarisation. Cette hypothèse revient à considérer comme non stationnaire la composante du résidu de solow purgée des effets imputables aux infrastructures publics. Une telle hypothèse a de nombreuses fois été retenue dans des études menées à partir de séries temporelles, puisque plusieurs auteurs comme (Tatom (1991), Hulten et Schwab (1991) ont été conduits sur la base de tests de l'hypothèse de cointégration à retenir une spécification en différences premières.

(3.2)

Hurlin (1999) vérifie ensuite que les tests de Fisher ne permettent pas de rejeter l'hypothèse d'une fonction de production sectorielle commune pour les différents pays de son panel.

Il peut paraître logique sur le plan économique que les niveaux de stock de capital public et privé, ainsi que le niveau de l'emploi, soient déterminés conditionnellement aux spécificités intrinsèques et inobservables du pays étudié. Sur données régionales américaines, Holtz-Eakin (1994) et Garcia-Milà et al (1992) trouvent ainsi que les niveaux moyens des taux de croissance des stocks de capital public sont corrélés aux effets individuels. Afin de tester la présence de corrélation entre les effets spécifiques et les variables explicatives, Hurlin (1999) utilise le test de Hausman (1978). Ce test admettant pour hypothèse nulle l'absence de corrélation, est fondé sur l'étude de l'écart entre les estimateurs à effets fixes et à effets aléatoires.

c. Les résultats de l'étude empirique

Concernant la définition étroite, l'élasticité estimée du capital public pour le secteur agrégé marchand est de l'ordre de 2,1% ce qui est beaucoup plus faible que ce qu'avaient obtenu Ashauer (1989). Les élasticité estimées sont positives et significatives dans quatre secteurs électricité, gaz, eau, transports et télécommunication que les contributions générées par les infrastructures sont les plus importantes (respectivement 2,5% et 2,8%). Pour l'observation dans les autres secteurs (commerce et finance) l'élasticité estimée est négative. Pour les secteurs agricole et manufacturier, les élasticités sont non significatives.

Lorsque l'on considère la définition large, les effets productifs du capital public sont légèrement plus importants, avec une élasticité estimée de l'ordre de 5,6% dans le secteur agrégé. Contrairement au cas précédent, l'élasticité estimée dans le secteur manufacturier est significative et positive (4,2%). En outre, l'adoption d'une définition large du capital public conduit à une élasticité non significative dans le secteur électricité, gaz et eau. Dans les autres cas, la structure technologique sectorielle demeure cependant inchangée par rapport au cas de la définition étroite.

Il convient donc de souligner que les gains de productivité attribuables aux investissements dans l'infrastructure ne sont pas partagés également par toutes les branches d'activités

B. Contribution du capital public à la productivité les effets sur les disparités régionales.

Charlot et al (2003) cherchent à analyser le rôle du capital public dans la croissance des régions françaises au travers de deux points : les effets du capital public sur la croissance régionale et son rôle dans la réduction de la disparité interrégionales.

Après reconstitution de séries régionalisées de capital public et privé, sur un panel de 21 régions française pour la période 1978-1993, des fonctions de production régionales à trois facteurs (capital privé, emploi et capital public) l'hétérogénéité interrégionales des élasticités ainsi obtenues conduit à recourir à des estimateurs par groupe de régions.

Si contrairement à ce qui a été observé notamment aux Etats-Unis, le capital public paraît avoir un impact positif sur la croissance des régions françaises, toutes les régions ne réagissent pas de façon identique au capital public régional, son impact dépendant notamment du niveau de richesse initiale des régions concernées. Il semblerait en effet que le capital public induise une réduction de l'écart entre les régions riches et l'ensemble des autres régions sans permettre aux régions les plus pauvres de rattraper les régions moyennes.

a. Modèle sur panel complet des régions françaises

L'estimation de la cobb-Douglas étant réalisée en productivité, Charlot et al. (2003) considèrent le modèle suivant :

(3.3)

Où Y est le vecteur

, valeur ajoutée de chaque région r à chaque période t, et où K, L, Kpu, représentent respectivement le stock de capital privé, l'emploi et le stock de capital public associés à chaque région r et à chaque période

étant les élasticités de chacun des facteurs etterme d'erreurs.

Dans le cadre de ce modèle, Charlot et al (2003) ont testé l'existence de rendements d'échelle constante sur l'ensemble des facteurs. Cette procédure revient à tester une hypothèse Ho de nullité du coefficient estimé pour l'emploi. Tester l'existence des rendements constants ou les seuls facteurs privés revient à tester l'hypothèse Ho de nullité de la différence entre les coefficients estimés de l'emploi et du capital public.

La limite de cette forme fonctionnelle réside dans sa non flexibilité. Les facteurs y sont considérés comme substituables et l'élasticité de la production à chaque facteur est identique pour toutes les régions et sur toute la période (Charlot et al., 2003). Elle sera donc complétée en ayant recours à la forme Translog qui lève les hypothèses des substantialités des facteurs l'adaptation à cette analyse de la forme translog débouche sur le modèle suivant :

(3.4)

b. Les résultats sur un panel complet des régions françaises

Les résultats des estimations réalisées par Charlot et al. (2003) (Moindres carrés ordinaires, l'estimateur Within ou modèle à effets fixes et le modèle à effets aléatoires faisant appel aux moindres carrés généralisés) étant reportés au tableau 3.1., présentent les élasticités des différents facteurs de production auxquelles ces estimations aboutissent. Les élasticités obtenues à l'aide des résultats de la translog sont calculées au point moyen, mais aussi aux percentiles 25 et 75 (c'est-à-dire en Q1 et Q3).

Tableau 3.1. : Elasticités des facteurs de production : Cobb-Douglas et translog

Formes fonctionnelles

Elasticité du capital privé

Elasticité de l'emploi

Elasticité du capital public

Cobb-Douglas : MCO

Modèle à effets fixes

Modèle à effets aléatoires

0,305 (20,08)

0,167 (8,22)

0,188 (9,91)

0,737 (24,79)

0,623 (9,64)

0,645 (23,78)

0,068 (2,77)

0,309 (17,96)

0,294 (17,90)

Translog : MCO au point moyen

MCO au point Q1

MCO au point Q3

0,271 (17,73)

0,363 (21,98)

0,211 (10,15)

0,677 (23,52)

0,553 (15,08)

0,772 (26,72)

0, 132 (3,33)

0,123 (5,16)

0,128 (5,12)

Source : Charlot et al. (2003)

Quels que soient l'estimateur ou la forme fonctionnelle choisis, ces résultats tendent à mettre en évidence une élasticité de la production au capital public significativement positive, signe d'un impact positif du capital public sur la production régionale et sa croissance.

c. Un impact du capital public qui se différencie par groupe de régions

La stratégie d'estimation mise en oeuvre ici consiste à repartir le panel des régions françaises en un certain nombre de sous-panels formés de régions aux comportements supposés plus homogènes et à renouveler les estimations précédentes sur chacun des sous-panels.

Comme, il est question d'analyser l'impact productif du capital public à des disparités interrégionales, Charlot et al. (2003) ont procédé au regroupement des régions en fonction de la valeur ajoutée par tête.

En fait, les résultats apparaissent plus robustes lorsque les estimations sont effectuées par groupes de régions que lorsque l'on mobilise le panel complet des régions françaises.

Tableau 3.2. : Elasticité des facteurs de production par groupe de régions classées selon leur richesse initiale

Groupes de régions

variables

MCO

WITHIN

MCG

GROUPE 1

Initialement les plus riches

Emploi

0,661(16,1)

1,584(10,6)

0,637(1,75)

K privé

0,491(15,7)

0,238(2,34)

0,415(7,05)

K public

-0,014(-0,50)

0,193(2,75)

0,092(2,21)

Groupe 2

Les régions moyennes

Emploi

0,737(22,0)

0,600(6,63)

0,528(13,5)

K privé

0,124(6,93)

0,243(6,15)

0,220(6,71)

K public

0,151(5,87)

0,256(9,74)

0,260(11,2)

Groupe 3

Les régions les plus pauvres

Emploi

0,603(19,1)

0,187(1,68)

0,554(16,5)

K privé

0,263(10,7)

0,316(10,1)

0,298(10,4)

K public

0,242(10,0)

0,213(7,38)

10,236(8,94)

Source : Charlot et al. (2003)

Quelle que soit l'appréciation que l'on porte sur la qualité des résultats obtenus, ceux-ci font apparaître une absence d'efficacité productive du capital public dans les régions initialement les plus riches et suggèrent un impact significativement positif de celui-ci sur la croissance régionale de toutes les régions initialement moins riches, le gain de croissance étant plus important dans les régions de richesse moyenne que dans les régions pauvres.

En clair, les investissements publics réalisés en région permettraient, du fait des phénomènes d'encombrement que leur forte présence engendre dans les régions riches, un certain rattrapage de l'ensemble des autres régions mais sa plus forte efficacité dans les régions moyennes empêcherait les plus pauvres de rattraper les moyennes.

Conclusion

En s'appuyant sur les travaux empiriques liés aux études théoriques sur la croissance endogène avec capital public, nous avons montré que les premières études liant le capital public à la productivité ont souffert de vives critiques liées à la méthodologie. Et que les études contemporaines continuent à présenter des résultats controversés sur la contribution productive du capital public.

La démarche s'est également appuyée sur les enseignements généraux de la contribution du capital public à la productivité. Dans cette partie, il ressort que le capital public contribue de manière différente à la productivité des secteurs, selon le besoin du secteur considéré en investissement public. D'autre part, le capital public ne permet pas aux régions les plus pauvres de rattraper les régions les plus riches en raison de sa plus forte efficacité dans les régions moyennes.

CHAPITRE IV

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS :

UNE ANALYSE EN ZONE CEMAC

Introduction

Le débat sur l'aménagement du territoire et ses outils politiques amène à s'interroger, entre autres, sur les effets des investissements en capital public sur la croissance et la productivité. Une telle discussion s'est souvent concentrée sur le rôle des infrastructures de transport et leurs implications en termes de baisse des coûts de transport des biens et d'accessibilité des lieux (Bonnafous, 1993 ; Fritsch, 1997 ; Kuitcha 2005). Or, on assiste actuellement à un renouveau de l'analyse des effets des dépenses publiques sur la productivité, en particulier grâce à la théorie de la croissance endogène (Barro 1990). Le modèle de croissance endogène met en effet l'accent sur les externalités24(*) positives qu'engendrent certains services publics et donc certaines dépenses publiques assimilées au capital public.

Les statistiques estiment la contribution du capital public de la CEMAC à 37,2 % de la production entre 85-94 et 31,8% entre 95-30 (données Banque Mondiale 2005)25(*). Malgré cette contribution considérable de capital public, le financement de l'infrastructure a diminué au cours des deux dernières décennies (85-03), donnant naissance à ce que certains qualifient de « déficit d'infrastructure ». Le déficit en infrastructures des pays pauvres est en effet criant et hypothèque leur décollage économique. A titre d'exemple, en Afrique et surtout celle qui s'étend au sud du Sahara, les besoins d'investissements en infrastructures représentent 5% à 6% du PIB (Kuttcha, 2005). Les investissements requis pour éliminer ce déficit sont estimés en milliards de dollars par la Banque Mondiale. Les gouvernements de la sous région CEMAC semble s'engager à affecter plus d'attention aux besoins en infrastructure, les exemples les plus couramment cités sont ceux de la Guinée Equatoriale, du Gabon, du Cameroun et du Tchad. Pour que les répercussions de cet engagement soient mieux orientées et maximisées, il importe que les décideurs compétents soient appuyés par de bonnes recherches sur les répercussions que l'investissement dans le capital public ont sur la productivité des facteurs privées de la sous région.

Le présent chapitre se déroule en deux étapes. Dans un premier temps, nous estimons une fonction de production à trois facteurs de forme Cobb-Douglas, en mobilisant les techniques de données de panel et en cherchant à évaluer la présence d'externalités de capital public. Dans une seconde section, la même forme fonctionnelle de production est introduite dans un système d'équations simultanées, où la seconde équation explique le stock de capital public par la production de la sous région et le taux d'imposition locale. Cette seconde série d'estimations permet de préciser le sens de causalité de la relation productivité régionale-infrastructures publiques.

I -FONCTION DE PRODUCTION COBB-DOUGLAS AVEC CAPITAL PUBLIC

Les modèles de croissance endogène avec externalités de capital public s'appuient le plus souvent sur des fonctions de production à trois facteurs de production dont deux sont des facteurs privés (travail et capital privé) et le troisième, les infrastructures, est à financement public. La forme fonctionnelle, la plus fréquemment usitée, est la forme Cobb-Douglas. Cette dernière permet une lecture directe des élasticités et des rendements d'échelle et une discussion aisée de la présence ou non d'externalités de capital public.

Nous présenterons d'abord la modélisation économétrique de la fonction de production Cobb-Douglas élargie au capital public, ensuite les résultats économétriques obtenus suite aux estimations

H. A- Modélisation économétrique

La fonction de production à trois facteurs utilisée est de la forme :

Y = AKáLâKpuãe å (4.1)

Y est le vecteur des Yit, PIB par habitant de chaque Etat i à chaque période t ; K, L et Kpu représentent respectivement le stock de capital privé, l'emploi (est approché par la population active, contrairement à Kuttcha (2005) qui utilise force de travail à la place du nombre d'heures travaillées) et le stock de capital public associés à chaque Etat i et à chaque période t ; å est un terme d'erreur. Après linéarisation par transformation logarithmique, le modèle prend la forme suivante, qui peut être estimée au moyen des méthodes économétriques de modèles linéaires : yit = ait + ákit + âlit+ ãkpuit + åit (4.2)

Comme nous travaillons en productivité, l'équation (4.2) est normalisée par le travail et exprimée de telle sorte à faire apparaître les effets spécifiques associés dans le cadre des données de panel26(*).

(yit - l) = ait + á(kit - l) + (á + ã + â -1)lit + ã(kpuit - l) + ui + åit (4.3)

Soit :

(4.4)

Si nous supposons comme Hurlin (1999) qu'il n'existe pas de cointégration au niveau de la production, il apparaît alors nécessaire de stationnariser par différentiation. Une telle hypothèse ayant été de nombreuses fois retenue dans des études antérieures menées par des auteurs comme Tatom (1991), Hulten et Schwab (1991).

Mais le problème fondamental de ces études est qu'elles n'estiment que les incidences à court terme, et ne peuvent estimer les incidences à long terme. Autrement dit, les méthodes de calcul des différences premières ne tiennent pas compte des relations à long terme. Or on enregistre souvent de longues périodes entre les investissements dans l'infrastructure et la croissance de la productivité.

a. Identification des rendements d'échelle

On cherche à tester le modèle de croissance endogène avec capital public qui, en raison de l'existence d'externalités de capital public, considère que les rendements d'échelle sont constants27(*) en facteurs de production privés (á + â = 1) et croissants28(*) sur l'ensemble des facteurs privés et public (á + â + ã > 1). C'est pourquoi la fonction de production a été estimée, d'une part, sans contrainte sur les paramètres, puis, d'autre part, en introduisant une contrainte de rendements d'échelle constants sur les facteurs privés. Les résultats des estimations obtenues sur les six Etats de la sous région CEMAC et pour la période 1994-2003, avec des données du CD ROM de la Banque Mondiale (2005), en mobilisant les outils de l'économétrie des données de panel sont présentés dans les tableaux 4.1 et 4.2.

b. Estimations

Les données de panel comportent une double dimension, une dimension individuelle, ici spatiale puisque les individus observés sont les Etats, et une dimension temporelle. L'analyse de telles données permet de distinguer un "effet individuel" et un "effet temporel", dans les phénomènes économiques. Pour estimer une relation dans ce cadre, quatre estimateurs principaux peuvent être retenus (Dormont, 1989). Le premier est obtenu en effectuant une régression simple à l'aide des MCO sur l'ensemble des variables. L'ensemble de la variance est alors utilisée. Un second estimateur est obtenu en effectuant une régression simple sur les moyennes calculées des variables expliquées et explicatives, calcul effectué sur l'ensemble de la période pour chaque individu. Il s'agit de l'estimateur between ou inter, que nous ne retiendrons pas ici en raison du faible nombre d'observations (six Etats). Une troisième méthode consiste à appliquer les MCO sur un modèle aux variables transformées par le calcul des écarts à la moyenne individuelle, ce qui permet de contrôler les caractéristiques propres à chaque individu et non introduites dans la relation estimée. Ce modèle est appelé modèle à effets fixes29(*) par opposition au modèle à effets aléatoires. Le modèle à effets aléatoires suppose qu'il existe des composantes individuelles qui suivent une distribution aléatoire. Contrairement au modèle à effets fixes, une estimation par les MCO n'est pas efficiente si les constantes individuelles sont corrélées avec la variable indépendante. Il est alors nécessaire de faire appel aux Moindres Carrés Généralisés (MCG).

I. B- Analyse des résultats30(*)

a- Le modèle avec rendements croissants pour l'ensemble des facteurs publics et privés

Concernant les résultats du modèle sans contrainte, on peut tout d'abord constater que les coefficients de l'estimation du modèle de base à l'aide des MCO sont assez conformes à ceux classiquement obtenus : l'élasticité de la production au capital privé est de l'ordre de 0,322, celle de l'emploi est de 0,592 et l'élasticité de la production au capital public de 0,158. Les rendements d'échelle apparaissent donc décroissants en facteurs privés et légèrement croissants sur les trois facteurs, la somme des élasticités étant égale à 1,072.

Tableau 4.1 : Fonction Cobb-Douglas à trois facteurs (zone CEMAC, 1994-2003)

 

Modèle avec rendements croissants sur l'ensemble de facteurs privés et public

 

MCO

Effets fixes

Effets Aléatoires

Nbre d'observations

60

60

60

Constante

2,331**(8,18)

 

1,855*(3,621)

Capital privé

0,322 **(15,59)

0,207 **(6,44)

0,251 **(8,83)

travail

0,592 **(18,04)

0,918 **(10,35)

0,565 **(19,7)

Capital public

0,158 **(5,96)

0,317**(15,02)

0,294 (15,24)

R2

0,982

0,997

0,946

Test d'Hausman

-

33,231

** : valeur significative à 1 % ; * : valeur significative à 5 %.

Source : estimations de l'auteur

Lorsque le modèle est spécifié en effets fixes, l'élasticité de l'emploi est alors renforcée et celle du capital public devient très importante et même supérieure à celle du capital privé. L'élasticité de l'emploi se rapproche de celle obtenue avec les MCO, quand on considère un modèle à effets aléatoires, et celle du capital public se situe à mi-chemin de celles obtenues avec les spécifications précédentes.

Le test d'Hausman conduit néanmoins à préférer une spécification du terme d'erreur selon un modèle à effets fixes plutôt qu'une spécification selon un modèle à effets aléatoires. Il y aurait donc des effets spécifiques à chaque Etat et, lorsque ces effets spécifiques sont pris en considération, la quantité d'emploi et, dans une moindre mesure, le stock de capital public déterminent le niveau de la productivité. Les rendements d'échelle sur l'ensemble des facteurs sont alors largement croissants, la somme des élasticités étant égale à 1,44.

b- Le modèle avec rendement constants pour l'ensemble des facteurs privés

L'introduction d'une contrainte de constance des rendements sur les facteurs privés ne modifie pas l'élasticité du capital privé lorsqu'elle est obtenue par estimation du modèle de base en MCO. En revanche, l'élasticité de l'emploi est, dans ce cas, plus importante que précédemment (approchant 0,7). La part du capital public dans la production chute, même si elle reste significativement positive.

Tableau 4.2 : Fonction Cobb-Douglas à trois facteurs (zone CEMAC, 1994-2003)

 

Modèle avec rendements constants en facteurs de production privés

 

MCO

Effets fixes

Effets Aléatoires

Nbre d'observations

60

60

60

Constante

2,517**(10,31)

 

-0,395**(-5,40)

Capital privé

0,320**(15,19)

0,207**(6,43)

0,338 **(13,04)

travail

0,680

0,793

0,662

Capital public

0,070**(9,78)

0,321**(15,2)

0,212**(13,52)

R2

0,854

0,978

0,965

Test d'Hausman

-

67,334

** : valeur significative à 1 % ; * : valeur significative à 5 %.

Source : estimations de l'auteur

Les coefficients estimés en effets fixes sont très stables lorsque l'on passe d'un modèle non contraint à un modèle contraint, à l'exception de l'élasticité du travail dont la valeur se rapproche des valeurs plus classiques mais reste néanmoins proche de 0,8. Le test d'Hausman conduit à privilégier les effets fixes aux effets aléatoires. Il est important de noter que, dans le type de spécification que les tests nous amènent à retenir, le capital public possède un impact très important et hautement significatif sur la productivité.

La nature des données utilisées et les résultats des tests d'Hausman et de Fisher nous amène à retenir les résultats obtenus par le modèle à effets fixes. Dans le cas de contraint sur les rendements d'échelle des facteurs privés, l'élasticité de l'emploi est de l'ordre de 0,793 ; celle du capital privé de 0,207; et, celle du capital public de 0,321. Les rendements d'échelle sur l'ensemble des facteurs, privés et publics, sont alors fortement croissants (1,321). On peut être surpris par la valeur des élasticités que les tests nous amènent à privilégier. Ainsi, celle de l'emploi apparaît supérieure à ce que l'on trouve classiquement dans la littérature. Un tel résultat peut s'expliquer en partie par la prise en compte de la population active et non du nombre d'heures de travail comme le préconise la littérature économique. Une telle façon de procéder a probablement tendance à surestimer le lien entre production et emploi.

Nos résultats sont néanmoins proches de ceux obtenus par Aschauer (1989) ou Munnel (1990) (qui, eux, n'utilisent pas la méthodologie des données de panel), résultats fortement critiqués par Gramlich (1994) ou Tatom (1993). En effet, si l'élasticité du capital public est supérieure à celle du capital privé, les firmes ne devraient avoir aucune réticence au financement du capital public par le biais de l'impôt. Ce raisonnement n'est cependant valable que si les firmes sont capables de mesurer les bénéfices qu'ils tirent des investissements en capital public. Or, si le stock de capital public a un effet sur la production, cet effet passe par une externalité, qui, par définition, n'est pas prise en considération par les firmes. Ainsi, il ne s'agit pas d'un effet direct. Dans le cadre de la CEMAC, où l'intervention publique est importante, une forte élasticité de la production par rapport au capital public n'est pas incohérente.

Au-delà de ces différentes remarques, il n'en demeure pas moins que la valeur obtenue ici pour l'élasticité du capital public est importante (0,3), s'approchant des valeurs que Gramlich (1994) reproche à Ashauer (1989) et à Munnel (1990). Des investigations complémentaires, notamment sur une méthode moins critiquées, seraient nécessaires pour confirmer la valeur de ce coefficient. On retiendra cependant que, dans le cas de la CEMAC, le capital public semble avoir un effet positif sur le niveau de production des Etats.

II- SENS DE CAUSALITE DE LA RELATION CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DANS LA ZONE CEMAC

Dans l'analyse précédente, on a supposé que les facteurs de production, tant publics que privés, avaient un effet sur la production, que ces variables expliquaient la productivité sous régionale. Une des critiques fondamentales adressées aux études concernant le rôle du capital public dans le développement régional concerne le sens de causalité de la relation. En effet, si une région est riche et productive, elle est en mesure de financer un stock de capital public important. C'est alors la richesse de la région qui détermine le stock de capital public et non l'inverse (Herrera, 1996). Les estimations de fonctions de production telles qu'elles ont été réalisées dans la section précédente ne peuvent, à elles seules, déterminer le sens de causalité de la relation entre productivité et capital public.

Suivant Duffy-Deno et Eberts (1991), nous nous sommes alors attachés à déterminer le sens de causalité de la relation entre capital public et productivité en faisant recours à un modèle à équations simultanées, c'est-à-dire un système dans lequel les variables expliquées sont interdépendantes.

A. Le modèle

a- Formalisation

Le taux d'imposition locale de chaque Etat est introduit pour expliquer la capacité à investir en capital public. Le système d'équations simultanées estimé prend la forme :

(4.3)

Où tximpit est le taux d'imposition31(*) locale moyen de chaque Etat i à la période t.

Ce modèle revient donc à estimer une fonction de production de forme Cobb-Douglas à trois facteurs, dans laquelle le stock de capital public est expliqué par le niveau de richesse de l'Etat et du taux d'imposition moyen appliqué localement, afin de tenir compte du rôle de la fiscalité locale dans les investissements publics effectués dans un Etat donné.

b-Test d'exogénéité

Préalablement aux estimations, nous avons réalisé un test d'exogénéité des variables endogènes. Celui-ci vise à tester l'existence ou l'absence d'une double causalité entre les variables endogènes du modèle. Le test mis en oeuvre est un test d'exogénéité par régression basé sur le test de spécification d'Hausman. Pour ce faire, on effectue l'estimation de la forme structurelle du modèle, en introduisant simultanément les valeurs obtenues par estimation de la forme réduite et les valeurs observées des variables testées. Si les coefficients des variables calculées sont significativement différents de zéro, on rejette alors l'hypothèse d'une exogénéité de ces variables.

Tableau 4.3 : Test d'exogénéité du PIB et du capital public

 

Modèle de base

Modèle à effets fixes

 
 

Test de hausman

 
 

PIB

10,14**

(19,879)

8,015**

(17,456)

Capital public

3,264*

(9,456)

2,143*

(7,456)

 

** : valeur significative à 1 % ; * : valeur significative à 5 %.

Sources : estimations de l'auteur.

Dans notre cas, et lorsque les variables ne sont pas transformées en vue de tenir compte de la nature des données, les résultats de tels tests (tableau4.3) conduisent à conclure à l'endogénéité du PIB (au seuil de 1 %) et à celle du capital public (au seuil de 10 %). Il est donc nécessaire de faire appel aux triples moindres carrés pour estimer ce système. Mais lorsque l'on transforme les variables pour obtenir un modèle à effets fixes, il y a absence d'endogénéité des variables expliquées. Et le modèle s'estime alors en within.

B. Estimation du modèle et commentaire

On a donc réalisé trois estimations dont les résultats sont présentés dans le tableau 4.4 : la première est réalisée en MCO sur variables non transformées ; la seconde estime le même modèle à l'aide des triples moindres carrés ; et, la troisième s'appuie sur le modèle à effets fixes, estimé en Within.

Tableau 4.4 Estimations du système d'équations simultanées (zone CEMAC, 1994-2003)

Modèle de base estimé en

Modèle à effets fixes

 

MCO

triples moindres carrés

estimé en within

Fonction de production à trois facteurs

Constante

1,74 ** (7,79)

2,36 **(7,76)

 
 

Travail

0,59 **(18,04)

0,67**(14,42)

0,92** (10,82)

Capital privé

0,32 ** (15,59)

0,33**(15,42)

0,21 **(6,73)

Capital public

0,16 ** (5,96)

0,04

0,32**(15,70)

R2

0,98

0,98

0,89

Équation du capital public

Constante

1,65 ** (5,47)

1,45 **(5,28)

 

PIB

0,86 **(13,88)

0,86**(13,64)

1,29**(18,35)

Tximp

0,04 **(13,36)

0,04**(13,40)

0,03 **(8,03)

0,94

0,94

0,84

** : valeur significative à 1 % ; * : valeur significative à 5 %.

Source : estimation de l'auteur.

Les résultats de l'équation du capital public mettent en évidence que, quelle que soit la spécification du modèle et la méthode d'estimation, le stock de capital public est expliqué, en grande partie, par le PIB et le taux d'imposition, les R2 étant relativement importants. On vérifie ici qu'il y a un lien de causalité entre niveau de capital public et le PIB.

Les résultats concernant la fonction de production sont bien sûr identiques, lorsque les estimations sont effectuées en MCO, et, comme on l'a vu plus haut, le capital public a un effet positif sur la production. En revanche, les estimations en triples moindres carrés effectuées sur variables non transformées modifient profondément les coefficients de la fonction de production : l'élasticité du capital public n'est plus significativement différente de zéro (0,04) et celle de l'emploi s'élève à 0,67. Le paramètre associé au capital privé est significatif et reste stable (0,33).

Ainsi, le rôle positif du capital public dans la croissance de la productivité semble disparaître lorsque l'on tient compte de l'effet de la richesse de chaque Etat sur le niveau de capital public. Néanmoins, un tel résultat est obtenu avec une spécification du modèle qui ne contrôle pas les effets spécifiques à chaque Etat. Compte tenu de la nature des données mobilisées (données de panel), ceci constitue une limite importante. Quand on tient compte de cette limite, le recours à des méthodes de type triples moindres carrés, visant à corriger les biais de simultanéité, ne semble plus nécessaire et le résultat obtenu antérieurement d'un effet positif du capital public est maintenu.

J. Conclusion

L'entrée retenue ici pour traiter de la question du rôle du capital public sur la productivité en zone CEMAC est celle d'une fonction de production à trois facteurs, visant à mettre en évidence l'existence d'externalités de capital public à un niveau sous régional d'analyse. Mise en oeuvre sur des séries statistique portant sur l'investissement public et privé de la période 1994-2003, une telle démarche nécessitait de recourir à des méthodes d'estimation économétriques tenant compte de la double dimension (temporelle et spatiale) des données utilisées. Nous avons alors mobilisé les outils de l'économétrie des données de panel. Une formes fonctionnelles a été testée : la forme Cobb-Douglas, classiquement utilisée dans ce type d'approche.

Nos résultats mettent tout d'abord en évidence le rôle non négligeable joué par le stock de capital public dans la productivité, même si le recours à un système d'équations simultanées pour tenir compte d'un éventuel effet d'éviction peut, sous certaines réserves, en atténuer la portée. Comme le suggèrent les modèles de croissance endogène (Barro, 1990), le capital public serait donc bien à l'origine d'une externalité de production. On retrouve ici une conclusion proche de celle de Aschauer (1989), pour une période et des séries différentes, mais s'opposant aux résultats obtenus lorsque la même démarche est appliquée aux États américains : Holtz-Eakin (1994) montrent que l'introduction d'effets fixes dans la relation entre productivité des États américains et capital public diminue ou annule l'impact de ce dernier. Cette divergence de résultats peut s'expliquer par des différences de structure du capital public.

Conclusion deuxième partie

Les modèles théoriques présentés précédemment considèrent les infrastructures comme un acteur productif indispensable à l'activité privée. Le principe de l'approche primale est donc de les inclure dans la fonction de production. Cette approche a fait l'objet d'un grand nombre d'études empiriques suite, notamment, aux travaux d'Aschauer visant à expliquer le ralentissement de la productivité américaine à partir des années 1970. Les estimations économétriques de ces fonctions de production élargies donnent, néanmoins, des résultats très variables selon les pays et les périodes étudiées.

CONCLUSION GÉNÉRALE

À la fin des années 1980, les économistes se sont intéressés au ralentissement de la productivité dans les années 1970 et aux raisons susceptibles de l'expliquer. De nombreux chercheurs ont conclu que les investissements dans l'infrastructure publique exercent des incidences positives considérables sur la productivité et la croissance économique du secteur privé. Les premières études reposaient essentiellement sur des méthodes de modèle économique classique, à savoir des fonctions de production et de coût, et concluaient à l'incidence positive des investissements dans l'infrastructure sur la croissance économique et la productivité. Après ces travaux, d'autres chercheurs ont indiqué que, selon la manière dont on applique les principes économétriques et les corrections de données, on peut en déduire qu'il n'existe aucun lien important entre l'investissement dans le capital public et la productivité du secteur privé, si l'on suit la méthode de la fonction de production. On relève également plusieurs autres conclusions : Certaines études indiquent que le capital public est complémentaire et stimule la formation du capital privé. La plupart des auteurs s'accordent à dire que c'est généralement l'infrastructure de base, telle que les routes et les lignes de chemin de fer, qui exerce le plus d'influence sur la productivité. Beaucoup de débats ont eu lieu sur des problèmes de données et certaines questions économétriques. Par exemple, l'un des problèmes des modèles à équation unique est le sens de la causalité, car il est possible que la croissance de la productivité modifie la demande en capital public tout autant qu'il est possible que le fait de réaliser davantage d'investissements dans l'infrastructure entraîne une augmentation de la productivité du secteur privé. Les modèles axés sur les équations simultanées ont permis aux chercheurs de surmonter le problème du sens de la causalité, et la plupart des auteurs qui ont opté pour ce type d'analyse ont indiqué que les investissements dans l'infrastructure ont une incidence positive sur la productivité du secteur privé. Parallèlement, les études fondées sur cette approche concluent que le capital public n'est pas aussi productif que ce que démontrent les études fondées sur les fonctions de production. Après avoir examiné les problèmes signalés, il est difficile de pouvoir se fier aux estimations quantitatives précises des modèles présentés ci-dessus, en partie à cause des inconvénients exposés dans de nombreuses études, comme la difficulté de définir le niveau de capital public pertinent ou de construire des séries de données pertinentes, les erreurs de formulation de modèle, la régression illusoire, les variables manquantes, le sens de la causalité et les problèmes de données liés au fait que les résultats des séries chronologiques de données agrégées ne reflètent pas les conséquences réelles à l'échelle régionale de l'investissement dans l'infrastructure publique. Les différences de techniques de modélisation rendent impossible la comparaison directe des résultats. Toutefois, le plus important est le fait que la plupart des études dans la présente analyse s'accordent généralement à dire que les investissements dans l'infrastructure ont une incidence positive sur la croissance économique et la productivité. Ces conclusions amèneront les décideurs à examiner plusieurs points importants : En premier lieu, on dit que les investissements réalisés dans l'infrastructure augmentent la productivité, bien que la mesure de l'incidence et les facteurs qui la conditionnent fassent l'objet d'un débat. Mais cette étude ne permet pas de déterminer le montant exact et le type précis des investissements à réaliser, ni le moment spécifique où il faut investir. En deuxième lieu, les décideurs doivent prendre en considération les coûts d'option des investissements dans l'infrastructure. Les recherches montrent que les investissements dans l'infrastructure publique stimulent l'investissement dans l'infrastructure privée. Néanmoins, certaines recherches montrent également que l'investissement orienté vers le capital privé peut engendrer une hausse de la productivité plus élevée que l'investissement réalisé dans le capital public. Cependant, si les dépenses publiques d'investissement semblent avoir un effet positif sur la formation du capital privé et la productivité, les décideurs doivent se demander si l'investissement direct dans l'infrastructure publique n'a pas une incidence nette plus forte sur la productivité que les politiques élaborées pour stimuler les investissements privés. En dernier lieu, il importe de préciser que les questions économétriques présentées ici posent des problèmes quant aux conclusions énumérées. Cela ne signifie pas que les études ne sont pas valables. Mais, il faut faire preuve de jugement et exploiter cette information avec précaution avant de prendre des décisions stratégiques bien précises.

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Annexe 1

Tableau A.1 : taux de croissance de la production annuelle de 1978-2000

 

années

 

1980

1995

2000

78-84

85-94

Afrique SubSarahienne

5.4

3.8

3.4

2.1

1.7

excl. Afrique du Sud et Nigéria

0.9

4.8

2.6

2.5

1.7

excluding So excl.Afrique du Sud 1.9 4.3 2.9 1.7 2.3

Source: compilation de l'auteur

Tableau A.2 : taux des investissements en capital public et privé en % du PIB zone CEMAC, 1994-2003

 

Investissement en capital public

Investissement en capital privé

 

78-84

85-94

95-03

78-84

85-94

95-03

Cameroon

4.7

6.0

1.5

24.2

2.6

15.3

Central African Republic

4.7

6.4

6.4

4.1

5.0

5.3

Chad

2.2

5.6

8.4

0.3

1.2

19.1

Congo, Rep

...

9.0

6.8

...

13.8

18.1

Equatorial Guinea

...

4.7

2.0

...

14.2

46.8

Gabon

15.8

5.5

6.7

24.0

23.8

21.1

CEMAC (somme)

 

37.2 31.8

 

60.6 125.7

Source: compilation de l'auteur

Annexe 1.1 : Résultats des Tests de spécification sous TSP 4.3A

Modèle non contraint

PANEL DATA ESTIMATION

Balanced date : N = 6, T= 10, NOB= 60

TOTAL (plaint OL3) Estimates :

Dependent variable : Y

Mean of dependent variable = 305.076

Std. dev. of dependent var. = 571.637 R-squared = .982874

Sum of squared residuals = .183838E+09 Adjusted R-squared = .949674

Variance of residua = 310536.

Std. error of regression = 557.258

Estimated Standard

Variable

Coefficient

Error

t-statistic

c

2.33111

1.13654

8.185555

L

0.59222

3.53997

18.04899

K

0.32245

1.98653

15.59277

Kpu

0.15888

4.1414

5.96389

F teat of A, B=Ai,Bi : F(20, 36) = 3.83200, P-value = [.0000]

Critical F value for diffuse print (Leamer, P.114) = 2.0418

WITHIN (fixed effects) Estimates:

Dependent variable : Y

Sum of squared residuals = .177878E+09 R-squared = .997874

Variance of residuals= 321645. Adjusted R-squared = .945573

Std. error of regression = 547.292

Estimated Standard

 

Variable

Coefficient

Error

t-statistic

 

L

0.91879

2.53997

10.35899

 

K

0.20736

1.77544

6.44277

 

Kpu

0.31787

3.63652

15.02189

FIXED

 
 
 
 

G.e.

2,18158

 
 

Ga

6,52254

 
 

T.

8,58263

 
 

R.c

7,57458

 
 

C.

1,71235

 
 

Rca

6,54145

 
 

F teat of A, B=Ai,Bi : F(15, 36) = 1.18450, P-value = [.22665]

Critical F value for diffuse print (Leamer, P.114) = 2.2538

F teat of A, B=Ai,Bi : F(5, 51) = 9.03421, P-value = [.0000]

Critical F value for diffuse print (Leamer, P.114) = 4.4408

Variance components (random effects) Estimates

VWITH (Variance of Uit) = VBET (variance of Ai)

(computed from smail sample formula)

THETA (0= WITHIN, 1=TOTAL) = 0.12365

Dependent variable : Y

Sum of squared residuals = .195668E+09 R-squared = .94628

Variance of residuals= 320533. Adjusted R-squared = .90496

Std. error of regression = 353.360

Estimated Standard

Variable

Coefficient

Error

t-statistic

c

0.85555

2.24651

3.621525

L

0.56566

3.55463

19.70899

K

0.25111

4.12356

8.83225

Kpu

0.29436

1.11598

15.24389

Hausman test of Ho: RE vs. Fe: (CHISQ (2) =33.23165, P-value = [.0000]

Annexe 1.2 : Résultats des Tests de spécification sous TSP 4.3A

Modèle contraint

PANEL DATA ESTIMATION

Balanced date : N = 6, T= 10, NOB= 60

TOTAL (plaint OL3) Estimates :

Dependent variable : Y

Mean of dependent variable = 312.476

Std. dev. of dependent var. = 525.654 R-squared = .854684

Sum of squared residuals = .165482E+09 Adjusted R-squared = .802254

Variance of residua = 309354.

Std. error of regression = 571.157

Estimated Standard

Variable

Coefficient

Error

t-statistic

c

2.51726

2.15544

10.31015

L

0.68025

6.12556

0.04899

K

0.32002

5.14566

15.19654

Kpu

0.07015

3.15456

9.78289

WITHIN (fixed effects) Estimates:

Dependent variable : Y

Sum of squared residuals = .1465263E+09 R-squared = .978542

Variance of residuals= 3312547. Adjusted R-squared = .914584

Std. error of regression = 531.456

Estimated Standard

 

Variable

Coefficient

Error

t-tatistic

 

L

0.79325

1.45463

0.31654

 

K

0.20758

5.12363

6.43456

 

Kpu

0.32155

4.45566

15.27256

 
 
 

FIXED

 
 

G.e.

2,09159

 

Ga

6,50452

 

T.

8,45545

 

R.c

7,41489

 

C.

1,49522

 

Rca

6,33456

 

Variance components (random effects) Estimates

VWITH (Variance of Uit) = VBET (variance of Ai)

(computed from smail sample formula)

THETA (0= WITHIN, 1=TOTAL) = 0.12365

Dependent variable : Y

Sum of squared residuals = .196245E+09 R-squared = .965321

Variance of residuals= 312344. Adjusted R-squared = .915487

Std. error of regression = 365.235

Estimated Standard

Variable

Coefficient

Error

t-statistic

c

-0.79555

-2.25648

-5.40856

L

0.66266

6.55463

0.17236

K

0.33856

2.12356

13.04562

Kpu

0.29436

1.11598

15.24389

Hausman test of Ho: RE vs. Fe: (CHISQ (2) =67.33425, P-value = [.0000]

Annexe 1.3 : fonction de production sous TSP 4.3A

PANEL DATA ESTIMATION

Balanced date : N = 6, T= 10, NOB= 60

TOTAL (plaint OL3) Estimates :

Dependent variable : Y

Mean of dependent variable = 365.156

Std. dev. of dependent var. = 514.365 R-squared = .982874

Sum of squared residuals = .198456E+09 Adjusted R-squared = .94967 Variance of residua = 3124569.

Std. error of regression = 557.258

Estimated Standard

Variable

Coefficient

Error

t-statistic

c

1.74726

2.15544

7.79015

L

0.59025

6.12556

18.04899

K

0.32002

5.14566

15.59654

Kpu

0.16015

2.15456

5.96289

WITHIN (fixed effects) Estimates:

Dependent variable : Y

Sum of squared residuals = .179795E+09 R-squared = .981546

Variance of residuals= 345684. Adjusted R-squared = .945573

Std. error of regression = 459.292

Estimated Standard

 

Variable

Coefficient

Error

t-statistic

 

L

0.92325

1.45463

10.82654

 

K

0.21758

5.12363

6.73456

 

Kpu

0.32155

4.45566

15.70256

 
 

FIXED

 

G.

1,09456

Ga

5,12458

T.

8,48562

R.c

8,44562

C.

5,56478

Rca

4,89542

Variance components (3LS on means) Estimates

VWITH (Variance of Uit) = VBET (variance of Ai)

(computed from smail sample formula)

THETA (0= WITHIN, 1=TOTAL) = 0.15468

Dependent variable : Y

Sum of squared residuals = .165489E+09 R-squared = .89564 Variance of residuals= 325489. Adjusted R-squared = .865214

Std. error of regression = 321.546

Estimated Standard

Variable

Coefficient

Error

t-statistic

c

2.36895

2.25648

7.76521

L

0.67564

6.55463

14.42136

K

0.33856

4.12356

5.42562

Kpu

0.04562

9.11598

0.01895

Annexe1.4 : Equation du capital public TSP 4.3A

PANEL DATA ESTIMATION

Balanced date : NI = 6, T= 10, NOB= 60

TOTAL (plaint OL3) Estimates :

Dependent variable : Kpu

Mean of dependent variable = 305.076

Std. dev. of dependent var. = 571.637 R-squared = .052874

Sum of squared residuals = .183838E+09 Adjusted R-squared = .049674

Variance of residuals = 310536.

Std. error of regression = 557.258

Estimated Standard

Variable

Coefficient

Error

t-atistic

c

27.4379

6.24587

3.63899

y

18.6136

4.54879

3.73277

tximp

95.0787

4.14578

2.20389

TOTAL (3LS on means) Estimates:

Dependent variable : Kpu

Mean of dependent variable = 321.158

Std. dev. of dependent var. = 571.637 R-squared = .94321

Sum of squared residuals = .15489E+09 Adjusted R-squared = .90457 Variance of residuals = 324589.

Std. error of regression = 456.562

Estimated Standard

Variable

Coefficient

Error

t-atistic

c

1.65379

7.45687

5.28899

y

0.86136

4.46578

13.64277

tximp

0.04787

4.14578

13.40389

WITHIN (fixed effects) Estimates:

Dependent variable :Kpu

Sum of squared residuals = .183838E+09 R-squared = .84287

Variance of residuals = 310536. Adjusted R-squared = .86674

Std. error of regression = 557.258

Estimated Standard

 

Variable

Coefficient

Error

t-atistic

 

y

1.29579

7.14578

18.35899

 

tximp

0.03613

4.45789

8.03277

FIXED

 
 

G.

2.12458

 

Ga

6.45789

 

T.

8.25487

 

R.c

7.15587

 

C.

1.42458

 

Rca

6.45689

 
TABLES DE MATIERES

AVERSTISSEMENT iv

DEDICACES v

REMERCIEMENTS vi

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vii

LISTE DES TABLEAUX vii

RÉSUMÉ  viii

ABSTRACT viii

INTRODUCTION GENERALE ix

Première partie : xiv

LES FONDEMENTS THEORIQUES DU LIEN ENTRE
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE xiv

Chapitre 1 : DE LA CROISSANCE NEOCLASSIQUE A LA CROISSANCE ENDOGENE xv

I - LE MODÈLE NÉOCLASSIQUE DE SOLOW-SWAM xv

A. Les enseignements du modèle xvi

a. Dynamique du modèle. xvi

b. Règle d'or de l'accumulation du capital et inefficience dynamique xvii

B. Les limites du modèle de base de Solow xviii

a. Le modèle de Solow et le progrès technique xix

b. Le progrès technique xix

c. Modèle de Solow avec progrès technique neutre au sens de Harrod xx

II - MODÈLE DE CROISSANCE ENDOGÈNE ET EXTERNALITES xx

La dynamique de croissance à la Solow a permis de reproduire les cinq premiers faits stylisés de Kaldor. Cependant, le modèle ne peut expliquer le sixième fait concernant les disparités des taux de croissance parmi les pays. Il ne peut en rendre compte que si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle les pays ont des taux de progrès technique différents. Mais, dans ce cas, il faut expliquer les origines de ces différences. C'est le pas que se propose de franchir cette section à travers les travaux de Rebelo pour qui, la croissance est un processus auto-entretenue endogène. xx

A. Les enseignements du modèle AK xx

B. Croissance endogène et externalités xxii

a. Externalités liées à l'accumulation d'un facteur xxii

b. L'Etat gérant des externalités xxiii

Conclusion xxiv

CHAPITRE II xxiv

CROISSANCE ENDOGÈNE AVEC CAPITAL PUBLIC xxiv

ET PRODUCTIVITÉ xxiv

Introduction xxiv

II. CAPITAL PUBLIC ET PROCESSUS DE PRODUCTION : APPROCHE PRIMAL xxv

A.Capital public et croissance de long terme xxv

(1.4) xxvii

xxviii

  B. Capital Public : Définition et caractérisation xxviii

II. CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS SECTORIELS: UNE APPROCHE DUALE xxx

A. La fonction de coût xxx

B. La fonction de demande xxxii

' C. Réduction des coûts, élasticités d'échelle et expansion de la production xxxiii

D. Décomposition de la croissance de la productivité xxxiv

Conclusion xxxv

Deuxième partie : xxxvii

ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE xxxvii

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ xxxvii

CHAPITRE III xxxviii

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ : xxxviii

UNE REVUE EMPIRIQUE DES TRAVAUX ANTERIEURS xxxviii

Introduction xxxviii

I- ELASTICITE DE PRODUCTION ET LES PROBLEMES METHODOLOGIQUES xxxix

2. Les estimations de l'élasticité de la production et le problème de causalité xl

a.Critique méthodologique des premières études : le problème de causalité xli

b. Tentatives de résolution du problème de causalité xlii

B. Les estimations de l'élasticité de la production et le problème d'agrégation des données. xlii

a. Effets de la diffusion spatiale xliii

b. Effets des données utilisées. xliii

II. LES ENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR LE CAPITAL PUBLIC ET LA PRODUCTIVITE xliv

A. Contribution du capital public à la productivité des facteurs privés sectoriels xliv

a. Spécifications sur un panel sectoriel xlv

b. Test de spécification xlv

c. Les résultats de l'étude empirique xlvi

B. Contribution du capital public à la productivité les effets sur les disparités régionales. xlvii

a. Modèle sur panel complet des régions françaises xlviii

b. Les résultats sur un panel complet des régions françaises xlviii

c. Un impact du capital public qui se différencie par groupe de régions xlix

Conclusion lii

CHAPITRE IV liv

CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS : liv

UNE ANALYSE EN ZONE CEMAC liv

Introduction liv

I -FONCTION DE PRODUCTION COBB-DOUGLAS AVEC CAPITAL PUBLIC lv

A- Modélisation économétrique lvi

a.Identification des rendements d'échelle lvii

b.Estimations lvii

B- Analyse des résultats lviii

a- Le modèle avec rendements croissants pour l'ensemble des facteurs publics et privés lviii

b- Le modèle avec rendement constants pour l'ensemble des facteurs privés lix

II- SENS DE CAUSALITE DE LA RELATION CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DANS LA ZONE CEMAC lxi

A. Le modèle lxi

a- Formalisation lxi

b-Test d'exogénéité lxi

B. Estimation du modèle et commentaire lxii

Conclusion lxiii

CONCLUSION GÉNÉRALE lxv

BIBLIOGRAPHIE lxvi

ANNEXES................................................................................................63

* 1 L'économie néoclassique est une école de pensée économique qui a émergé vers la fin du XIX e siècle. Dans l'économie néoclassique, le processus par lequel un régime de marché répartit les ressources d'une économie est au centre de l'attention analytique

* 2 Ongono (2006) et kuttcha (2005) l'ont également souligné dans leur mémoire de DEA.

* 3 le Cameroun, le Gabon, le Tchad, le Congo, la République Centrafricaine et la Guinée Equatoriale sont membres de la CEMAC

* 4 Voir tableau annexe 1

* 5 Dans ce document, le capital public englobe l'infrastructure et la non infrastructure et se confond à la somme des investissements publics.

* 6 Zegeye (2000) définit l'infrastructure comme toute dépense publique d'investissement au niveau de l'État et au niveau local.

* 7 Investissement de point mort : volume de capital permettant de maintenir le capital par tête à son niveau actuel

* 8 Situation où toutes les variables en niveau (quantités, prix) croissent à taux constants.

* 9 Situation ou les activités d'un ou plusieurs agents économiques ont des conséquences sur le bien être d'autres agents sans qu'il y ait des échanges ou des transactions entre eux. Leur présence se traduit généralement par l'apparition d'inefficiences (au sens de pareto) car il n'existe pas à priori de récompense pour ceux qui sont à l'origine d'externalités positives, ni de sanction pour ceux qui engendrent celles négatives.

* 10 De l'avis de certains économistes, la méthode de la fonction de production génère des estimations excessives et celle de la fonction de coût, des estimations plus réalistes.

* 11 L'élasticité de la production mesure la variation relative de la production induite par une variation de 1 p. cent du facteur de production.

* 12 La notion de bien collectif, définie par Samuelson repose sur les critères de non rivalité et de non exclusion. Un bien est qualifié de non rival si son utilisation par un agent ne réduit pas la quantité disponible pour les autres agents. La non rivalité s'accompagne, en fait, de l'indivisibilité d'usage, c'est-à-dire d'une consommation en totalité de ce bien qui ne pourra être partagé entre divers utilisateurs. Les exemples traditionnels sont ceux de la justice, de la sécurité ou de l'éclairage public. La non exclusion par les mécanismes de marché caractérise, de son côté, des biens dont aucun agent ne peut être exclu des bénéfices. Celle-ci découle de l'impossibilité de fractionner le service entre divers consommateurs. Ainsi, les caractéristiques intrinsèques de ces biens, justifient l'intervention de l'Etat dans leur production ou leur réglementation.

* 13 Par rendements d'échelle constants, on entend qu'une hausse de 1 % d'un facteur de production sera assortie d'une hausse de 1 % de la production. En cas d'innovation technologique, il est fréquent qu'une hausse de 1 % du capital, par exemple, entraîne une hausse de la production de plus de 1 %.

* 14 Dans le cas d'un niveau optimal des dépenses publiques, voir : Ongono P. B. (2006) Dépenses Publiques et Croissances Economiques au Cameroun : la taille optimale de l'Etat, mémoire de DEA en Economie, Université de Yaoundé-II Cameroun

* 15 Contrairement à la méthode de la fonction de production, où la décision fondamentale consiste à déterminer la combinaison des facteurs de production nécessaires à l'optimisation de la production, la méthode de la dualité consiste à définir la combinaison des facteurs de production nécessaires à la réduction des coûts.

* 16 Par exemple, un meilleur réseau d'autoroutes raccourcit la durée du transport et permet de réduire les dépenses de travail et de carburant, ainsi que d'autres dépenses d'exploitation.

* 17 Munnel (1991) plaide fortement en faveur d'une telle politique

* 18 Rues et routes, aéroports, installations électriques et gazières transport en commun, réseaux d'eau et égouts.

* 19 C'est-à-dire routes et rues, réseaux d'adduction d'eau d'égouts immeubles et autres structures, et équipements.

* 20Quand on estime une fonction de production, on part implicitement du principe que le capital public « engendre » de la production et de la croissance. Pourtant, le sens de la causalité peut être inversé. Plus une société s'enrichit, plus elle peut dépenser dans l'infrastructure publique, de manière telle qu'une augmentation de la production, qui entraîne une plus grande prospérité, peut entraîner de plus grandes dépenses publiques d'investissement.

* 21 Un bien normal est un produit dont la demande augmente à mesure que le revenu de la personne augmente.

* 22 Certains chercheurs ont constaté des élasticités faibles ou négligeables : Bosco et al (2002) ont constaté dans une étude de l'infrastructure et de la productivité en Espagne, une élasticité de la production de l'infrastructure publique de seulement 0,026 alors que le capital privé affichait une production plus robuste, laquelle était de 0,127. D'autres ont constaté que le capital public avait contribué de manière importante à la productivité privée : Harchaoni et Tarkhani (2003) ont constaté, dans une étude réalisée pour statistique Canada que l'élasticité de la production du capital public était de 0,17.

* 23 Lorsque deux séries de données, telles que celles de la production et du capital public, augmentent progressivement au fil du temps, une régression de l'une sur l'autre peut aboutir à un coefficient positif statistiquement significatif, même s'il n'y a pas de relation réelle entre les deux variables. C'est ce qu'on appelle le problème des régressions illusoires.

* 24 Il y a externalités dans la mesure où le capital public peut affecter la productivité du secteur privé sans que celui-ci n'en supporte directement le coût. Il s'agit alors des infrastructures publics productifs au sens où, à stocks donnés de facteurs de production privés, ils réduisent les coûts de production des entreprises ou augmentent les volumes de production.

* 25 Voir tableau annexe 2

* 26 Nous supposons absents, les effets temporels fixes ou aléatoires

* 27 Si une technologie affiche des rendements d'échelle constants, accroître les facteurs de production dans une certaine proportion entraîne une augmentation de la production dans exactement la même proportion (c.à.d. que doubler les facteurs de production permet de doubler la production).

* 28 Il y a accroissement des rendements d'échelle lorsque l'augmentation des facteurs de production, comme le travail, entraîne une hausse de la production supérieure à l'augmentation du travail.

* 29 Les effets fixes sont les effets qui affectent la productivité de chaque Etat et qui sont extérieurs au modèle de production, comme les conditions climatiques et l'usage de technologie.

* 30 Dans le cadre de notre échantillon, la réalisation de la statistique de Fischer associée au test d'homogénéité simultanée des pentes et des constantes, est de 3,8320 indique que F suit un Fischer à (n-1) (k + 1) et nt -n(k + 1) degrés de liberté. La pvalue associée à ce test est largement inférieure au seuil de 5%, on rejette donc l'hypothèse nulle d'égalité des constantes et des coefficients. Il convient alors de tester l'hypothèse d'égalité des coefficients entre les pays. Ce test est de 1,1845. Cette valeur est à comparer au seuil d'un Fischer à (n-1)k et nt - n (k + 1) degrés de liberté. La pvalue indique qu'à 5%, on confirme la structure de panel, l'on est donc en droit de supposer qu'il existe des coefficients communs pour tous les pays.

L'hypothèse de constantes individuelles associée au test est de 9,0342. Cette valeur est également à comparer au seuil d'un Fischer à (n -1) et n(t -1)-k degrés de liberté. La pvalue est très largement inférieure au seuil de 5%. Pour ce seuil, on rejette l'hypothèse nulle d'égalité des constantes. Il est nécessaire d'introduire ici des effets individuels.

* 31 Obtenu dans la base des données du FMI.






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