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Les représentations du "devoir de mémoire" en contexte de démocratie plurielle: analyse de discours des leaders afro-descendants du Québec

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par Brice Armand Davakan
Université du Québec à Montréal - Maîtrise 2005
  

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4.3. Problèmes de la transmission de la mémoire.

Le sentiment de marginalité de «l'histoire des Noirs» au Québec a été partout vivement exprimé dans les discours, et l'appel de reconnaissance de la participation à l'histoire du Québec était manifeste. Mais en même temps, comme le démontrent les nombreuses identifications à Mathieu Da Costa, la reconnaissance de cette contribution requiert comme préalable, l'affirmation d'un statut de «groupe» historiquement distinct au sein de la société. Ceci donne lieu à un conflit de mémoires, induit par la rupture provoquée par l'immigration, donc à une crise de sens dans l'histoire vécue au Québec ; d'où le besoin ressenti de «colmater la brèche» historique, dont la seconde génération d'Africains et Afro-descendants est le symbole. Ce besoin est évoqué en ces termes :

C'est la mémoire ; un peuple qui n'a pas de mémoire, ce n'est pas un peuple. Il faut qu'on se rappelle. Et notre rôle, c'est de dire à nos enfants: il y a eu ça! [...] ils sont entre la culture d'ici et la culture de là-bas. C'est pour cela qu'il y a beaucoup de problèmes. Il y a une tendance à la drogue. Alors, il faut expliquer à ces gens-là l'origine. L'histoire c'est très important! Ça. Ça ne doit pas disparaître comme ça. C'est notre rôle à tous de le faire (AFR01).

Dans tous les discours en effet, les troubles identitaires sont directement inférés au déficit de mémoire. Il existe donc un réel problème de transmission de la mémoire dans ces communautés. Selon nos analyses, ces obstacles à la transmission de la mémoire au sein des groupes africains et afro-descendants sont de deux ordres : les obstacles internes et les obstacles externes. Les obstacles internes sont essentiellement liés à la connaissance de l'histoire au sein du groupe en soi, mais aussi à la sensibilité vis-à-vis de cette histoire, et les obstacles externes touchent au cadre institutionnel ou éducationnel du pays d'accueil, et aux médias comme lieu d'éducation populaire.

4.3.1. Les obstacles internes : méconnaissance et insensibilité

La maxime la plus répandue chez les leaders africains et afro-descendants, chaque fois qu'il est question de la seconde génération, c'est qu'il faut savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va.

They should inherit, in a way that they should know where their ancestors came from. It's important for them to know where my mother, my grandmother and everything came from. It's important to know it, to internalize it, to know where you're going (ANG04).

Seulement, dans cet effort de transmission de la mémoire, un défi de taille se dresse : les aînés sont supposés connaître cette «histoire» avant de pouvoir la communiquer, et c'est loin d'être le cas.

Le problème, c'est que dans le passé, et même encore maintenant, [notre histoire] n'était pas bien écrite, comme telle. Parce que c'est un peu vague..., il y a de grands vides; il y a des choses qui ne sont pas écrites et nous avons des difficultés à rétablir notre histoire comme telle. C'est différent avec l'Afrique, mais nous dans ce domaine-là, les Antilles, l'Amérique... toute cette région, nous avons cette difficulté-là (ANG01).

Même chez certains leaders africains, on avoue ne pas être assez outillé pour assumer cette responsabilité :

Parce que à chaque fois qu'on fait des colloques ou des conférences ici, je me rends compte que même nous-mêmes Africains, nous ne connaissons pas notre histoire en Afrique, et nous ne connaissons pas notre histoire ici au Québec, à travers ces Noirs-là qui sont venus, qui sont des Africains...(AFR04).

Mais d'autres l'ont déjà assumé de diverses manières, notamment à travers des conférences dans des écoles. Allant plus loin, d'autres leaders encore ont carrément blâmé leurs «frères» africains ou afro-descendants de ne pas s'intéresser à leur propre histoire.

L'enjeu de la survie de la mémoire devient alors objet de militantisme, lorsque les obstacles à sa construction et à sa promotion se multiplient ; «militantisme» parce l'action ici vise, dans la ligne des nouveaux mouvements sociaux, à sensibiliser les groupes sur leurs propres intérêts (mobiliser) et à tenter de susciter une réaction précise. Le défi peut se résumer dans cette réflexion d'un des leaders haïtiens sur les difficultés de la transmission de l'histoire (haïtienne) dans une situation d'indécision et de crise identitaire :

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