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Les processus migratoires des ménages via Paris: le cas des nouveaux arrivants de deux lotissements d'Eure-et-Loire

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par Audrey LELONG
Université de Rouen - Master 2 politique locale et développement 2008
  

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2EME PARTIE ANALYSE

I LES PROCESSUS DE DECISION

Dans cette deuxième partie nous allons analyser les résultats de l'enquête pour répondre à notre problématique, à savoir le processus résidentiel des franciliens qui migrent jusqu'en Eure-et-Loir. Nous apporterons tout d'abord un éclairage sur les causes qui déterminent le choix de déménager et de migrer dans des lotissements de la région. A travers ces explications nous verrons par la suite les éventuelles déceptions de la vie en lotissement, ce qui nous permettra de préconiser un modèle urbanistique plus en adéquation avec les besoins des habitants.

Le processus décisionnel a ici deux sens qu'il est important de distinguer. En effet dans notre étude « la décision » peut être simplement l'achat d'une maison individuelle. Dans ce cas, nous décèlerons les causes migratoires des franciliens hors Ile-de-France si ce n'est pas une décision spontanée et voulue. Mais la décision peut-être en premier lieu la décision de « changer de région » sans mettre en avant le souhait d'habiter une maison individuelle.

Chaque partie de notre analyse s'orientera tantôt sur la décision d'acheter une maison individuelle, tantôt sur celle de changer de région. Cette distinction est intéressante à faire car elle permet d'avoir un angle différent sur les migrations qui sont à première vue similaires mais qui ont des causes totalement différentes.

Les migrations extra-régionales sont très souvent qualifiées comme étant la recherche d'un « meilleur cadre de vie » ou d'une « meilleure qualité de vie ». Nous avons ainsi analysé au cours des entretiens ce que révélaient précisément ces termes: le meilleur cadre de vie s'est avéré être en lien avec la structure matérielle de l'habitat et de la ville. La qualité de vie est associée à toute la vie sociale et l'environnement de la commune. Selon les ménages, nous verrons si leurs attentes en terme de cadre et de qualité de vie sont les mêmes.

Afin de pouvoir faire cette distinction, nous avons travaillé sur deux lotissements car l'un nous permet de décrire une stratégie résidentielle guidée par des circonstances familiales et l'autre une stratégie plus orientée vers la recherche d'entre-soi, ici la recherche d'un statut social commun.

Ces deux lotissements ont par ailleurs la caractéristique d'être habités ou prochainement habités par des migrants qui ont des parcours migratoires différents. Nous avons ainsi séparé ceux qui ont toujours vécu en Ile-de-France et qui quittent pour la première fois la région et ceux qui ont déjà eu un vécu en province avant leur installation dans la région parisienne.

Si leur provenance diffère, nous expliquerons pourquoi ils aspirent à la même destination. Les quartiers pavillonnaires sont habités de personnes ayant des caractéristiques communes, mais grâce à la distinction des trajectoires, nous avons pu remarquer globalement que les natifs d'Ile-de-France sont ceux qui vont s'installer dans le lotissement « Le vieux Château » à Saint-Rémy-sur-Avre et les ex- provinciaux sont ceux qui habitent actuellement dans le lotissement de Hanches. Il nous appartient de faire découvrir quelles caractéristiques ont ces migrants, ces quartiers et quelles sont les demandes des futurs résidents pour comprendre l'homogénéité des trajectoires résidentielles de certains mais aussi l'hétérogénéité des autres. Leurs trajectoires, forcément différentes sont dues à une provenance, à des arbitrages, des événements divers et variés qui favorisent à un moment donné la migration.

1.1 Décision et cycle de vie

Pour ce thème, nous prenons le cas des natifs de l'Ile-de-France puisque leurs biens achetés, ou plus rarement loués en Ile-de-France sont la plupart du temps des appartements de petite surface et leur acquisition devient obsolète à un moment de leur vie : à l'arrivée de leurs enfants.

En effet, dans notre enqurte les personnes rencontrées sont tous dans une situation d'agrandissement de leur famille. Cette situation est favorisée par l'kge des accédants à la propriété qui ne dépasse pas 40 ans et une situation économique actuelle assez favorable puisque les couples sont bi-actifs.

Bien qu'ils appartiennent à la classe moyenne, la présence d'enfants, très souvent en bas âge dans ces ménages oriente ces « couples avec enfants » vers la recherche d'un type d'habitat particulier qui est la conséquence de cet événement familial spécifique. En effet, plus la famille s'agrandit, plus ils choisissent la maison comme bien à acquérir. Ce choix s'effectue en particulier à l'arrivée du deuxième enfant puisqu'une forte majorité vont déménager avec leur deux enfants dont un en bas-âge.

Le premier enfant n'est pas décisif dans la décision de déménager puisque « avec le premier nous pouvions toujours nous arranger et aménager l'appart comme il faut. Mais avec deux, on ne pouvait pas, alors dés que j'ai su que j'étais enceinte, on a recherché tout de suite autre chose, une maison » (Trappes 78 - Saint-Rémy-sur-Avre 28 - Mme K., logisticienne).

Cette transformation familiale est déterminante dans la décision de déménager et l'est aussi dans la préférence pour un type d'habitat et de quartier désirés puisque le lotissement n'est pas choisi par élimination mais il est vraiment un choix de ces jeunes parents.

Dans notre échantillon, les migrants citant pour 1ère cause de déménagement « l'arrivée d'un enfant )) sont très majoritaires. Le fait de devenir propriétaire d'une maison individuelle est important pour « avoir de la place )) et « avoir un jardin pour les enfants )) et par conséquent pour le confort et le bien-être des enfants. Plus que le pavillon, c'est le lotissement qui séduit les parents car il permet la promiscuité entre les enfants, la possibilité qu'ils jouent dans le jardin et dans la rue sans danger, favorisée par le système de voie en impasse. En optant pour ce type de quartier, les ménages pensent ne pas pouvoir se tromper et ne pas être déçu par rapport à leurs attentes.

Dès leurs premières prospections ils ont donc souhaité un pavillon en lotissement pour cette vie de famille puisque ce type d'habitat correspond le mieux, selon eux, à un modèle de réussite familiale, très souvent illustré par la possession d'un jardin. Cet espace suscite beaucoup d'intérrt grkce à toutes les activités que les franciliens pensent pouvoir pratiquer à leur arrivée dans un pavillon, avec un raisonnement systématique orienté vers les activités des enfants, d'où l'importance de cet espace extérieur.

Voici un exemple des réponses les plus citées à la question : « Quels seront les usages de votre jardin? »

- Profiter de l'espace extérieur - Bronzer sans être vu

- Manger dehors - Barbecue

- Aller dehors - Se détendre
- Etendre le linge dehors

- Animaux domestiques vivent dehors - Jardiner

- Enfants jouent dehors

- Être dehors sans sortir de chez soi

- Sentiment de liberté - Posséder de l'espace

- Ne pas être dérangés par les voisins - Liberté d'entrée et de sortir

Les stratégies résidentielles que nous ont racontées ces migrants sont intéressantes dans le sens où ils savent qu'à un moment donné, leurs enfants partiront et qu'à ce moment ils n'auront plus leur place dans un lotissement, conscients nous disent-ils que c'est un espace réservé aux jeunes familles.

En cela, ces ménages migrants vont connaîtront peut-être un déménagement supplémentaire si le lotissement ne leur correspond plus à un moment donné de leur vie, à savoir lorsqu'ils se retrouveront sans enfant.

« La question s'est pas posée, avec les p'tiots qui vont d'venir grands le lotissement c'est bien. Tout le monde est en famille dans ces quartiers, y'a une vraie identité. On va rtre heureux nous et les gosses, ça c'est sur » (Rambouillet 78 #177; Saint-Rémy-sur-Avre 28 #177; Mme G., Congés parental).

Ce qui est étonnant est le fait que ces ménages aient une opinion si arrêtée sur les lotissements alors qu'ils n'y habitent pas encore. Cependant cette image leur plaît puisque c'est pour cette raison « d'identité familiale » qu'ils choisissent ce lieu pour s'installer.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry