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Le pronom personnel de la troisième personne: Place et référence en français classique et en français moderne

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par Rose SENE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2006
  

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INTRODUCTION :

L'étude du pronom personnel en français classique et en français moderne nécessite le rappel des évènements qui, dans les siècles précédents, ont participé à sa régularisation dans l'usage, tel que nous avons trouvé ce pronom dans la langue du dix septième siècle.

Si la période du moyen français, s'étendant du début du quatorzième à la fin du quinzième siècle, est décrite comme une période d'instabilité de la langue française, période où la langue reste incertaine, sans règles fondamentales, où tous les traits de l'ancien français qui étaient pour la plupart hérités du latin, tendent à disparaître, le seizième siècle, par contre arrive avec un souci d'équilibre de la langue. Les grammairiens de cette époque ont commencé à donner à la langue plus d'autonomie .

Tout au début, Du Bellay, dans sa célèbre Défense et Illustration de la langue française en 1549, préconise l'enrichissement de la langue élevée au rang de langue administrative et littéraire telle que l'a voulu l'Ordonnance de Villers Cotterets en 1539. Ainsi les grammairiens du seizième siècle vont s' appliquer dans ce domaine pour donner à la langue

française la pureté des langues anciennes,comme le confirme Henri Estienne (1531-1598) dans son ouvrage intitulé traité de la conformité de la langue français avec le grec où il préconise une précellence du français par rapport aux autres langues.

Dans cette lancée, les grammairiens et théoriciens de la langue française vont se charger d'instaurer les règles d'usage, en fixant les traits morphologiques, sémantiques et syntaxiques. C'est pourquoi, pour les exigences de cette étude que nous entamons sur les pronoms personnels, plus précisément sur ceux de la troisième personne, nous aurons besoin de l'appui de ces théoriciens de la langue. Ce qui nous permettra d'apporter une plus large explication sur l'historique des pronoms qui nous occupent mais aussi sur tous les changements qui se sont opérés dans l'emploi de ces derniers à travers les grandes périodes de l'histoire du français : surtout entre la langue du dix septième siècle et celle de nos jours.

D'après une définition étymologique le pronom est le mot qui tient la place d' un nom . Ce nom étant souvent une personne (surtout avec les pronoms de la première et de la deuxième personne), les morphèmes qui tiennent la place d'un substantif (être, objet ou un fait ) et qui caractérisent les personnes du verbe sont appelés les pronoms personnels. En effet, Ferdinand Brunot et Charles Bruneau 1 , parlant du pronom personnel de la troisième personne qu'ils désignent sous le terme de  lui, disent qu' il « tient la place d' une personne ou d' une chose absente, déjà connue ou désignée antérieurement : c'est véritablement un « pronom » un mot qui tient place d'un nom. » En français, les pronoms personnels

(1) Brunot (Ferdinand) et Bruneau (Charles), Précis de grammaire historique de la langue française, 4e ed. .Paris, Masson et Cie .1956. Page 267.

participent à la clarté et à la cohérence d'un énoncé. Ils sont présents dans la phrase pour indiquer l'être qui fait ou subit l action exprimée par le verbe, ou qui est dans l' état exprimée par celui-ci .Ils peuvent avoir une fonction de sujet ou de complément .

Il n'en était pas ainsi en latin, langue mère du français, où les désinences verbales étaient assez distinctes pour marquer la personne .Le pronom personnel existait déjà, mais il n' était présent au nominatif (c'est à dire en fonction sujet) que dans les cas où il servait :

a) à faire une opposition de personne, lorsqu'il est utilisé dans une phrase avec deux sujets différents .

b) à mettre en relief le sujet du verbe, dans une phrase à la forme emphatique.

En ce sens Gilbert Etienne 2 soutient qu'« en latin, la personne du verbe est clairement indiqué par la terminaison . Le pronom personnel sujet n'est exprimé que si l'auteur veut insister sur la personne du sujet : cette insistance doit apparaître en français, par l'emploi de la forme emphatique ».

Il pouvait aussi être employé pour débuter une phrase où le verbe est à la voix pronominale, pour éviter que le pronom réfléchi soit à la tête.

C'est ainsi que Nyrop 3 explique  que le pronom sujet manque ordinairement dans les plus vieux textes et donne l'exemple suivant :

« Blanc ai le chief e la barbe ai chenude »

St. Alexis, v.406,

(2) Etienne (Gilbert), Grammaire Latine _ De la grammaire à la version-, éditions H. Dessain 1987- P.63

(3) Nyrop (Kr.), Grammaire historique de la langue française, Tome V, Paris Alphonse Picard et fils, 1925. Page 206

Le système des pronoms était en ancien français fondé sur l'opposition entre emploi de pronom et absence de pronom .La présence de celui-ci était comme une formule d'insistance.

Tout au cours de l' ancien français, leur usage restait toujours peu fréquent dans les textes : le pronom sujet pouvait ne pas être exprimé car le verbe portait en lui même, au niveau de sa désinence, la marque de personne.

« Et orent ce premier jour et le second assés bon vent et... »

(Froissart, Chroniques. p.72)

En plus, à cette période, avec les bouleversements phonétiques subis par les pronoms, s'est développée une série de formes avec les pronoms compléments , suivant qu'ils se trouvaient en position accentuée ou non .Ferdinand Brunot et Charles Bruneau 4 expliquent alors que les deux formes  pouvaient être utilisées « selon des lois phonétiques : avant le verbe, c'est toujours la forme non accentuée  que l'on trouve ; après le verbe et après une préposition, c'est toujours la forme accentuée. »

Dés lors le système latin sera concurrencé par celui qui met en concurrence des pronoms atones et des pronoms toniques.

« Et depuis li fu ramenteu, quand li mariage fu tretiés de de lui et... » (Froissart, Chroniques p.70)

En moyen français avec l'aplanissement des désinences verbales dû au développement phonétique et analogique, l'addition du pronom personnel sujet est devenue peu à peu nécessaire voire obligatoire. En effet, Wagner et Pinchon expliquent  que les pronoms personnels « ont

(4) Brunot (F) et Bruneau (Ch.), Précis de grammaire historique de la langue française, 4e ed. .Paris, Masson et Cie 1956. Page 270

pour rôle de marquer la personne du verbe. Lorsque les personnes du verbe ne sont pas phonétiquement différenciées, ces pronoms permettent seuls de distinguer les trois personnes du singulier et la troisième du pluriel. »5 Mais aussi, en ce moment, le pronom sujet a perdu toute sa force et est devenu atone.

Les pronoms personnels apparaissent alors sous une forme atone au cas sujet et sous une forme atone ou tonique, suivant qu'ils se trouvent avant ou après le verbe, au cas régime.

Les formes du pronom personnel de la troisième personne proviennent essentiellement du démonstratif d'éloignement ille qui s'est décliné suivant les cas du latin. En effet, selon le latiniste Gilbert Etienne 6 , le latin ne dispose que de se issu de  sese, pronom réfléchi, comme forme propre du pronom personnel de la troisième personne. Ce dernier, tout comme le démonstratif fonctionne comme un indicateur ou comme un représentant dans l'énoncé, c'est à dire qu'ils sont dans une phrase pour désigner un objet, une personne ou pour renommer un nom présent dans le texte. Ses formes se partagent en deux séries suivant leur fonction, en français classique comme en français moderne :

* Les formes atones il(s) et elle(s) se spécialisent dans la fonction sujet.

* Les formes toniques lui, leur, soi et eux ainsi que les atones le, la, les, se sont particularisées dans la fonction objet.

Dans ces deux dernières séries se dégage une autre série de formes suivant leur nature réfléchie : lui, eux, elle(s), se, soi .

Dans cette dernière série  se  est toujours atone alors que, elle(s), eux

(5) Wagner (R.L) et Pinchon (J.), Grammaire du français classique et moderne, éd. revue et corrigée, Paris, Hachette, 1962, p. 168

(6) Etienne (Gilbert), Grammaire Latine _ De la grammaire à la version-, éditions H. Dessain 1987 P. 65

et soi sont toniques. Cependant  lui  peut avoir une valeur atone ou tonique, selon qu'il se trouve respectivement avant ou après le verbe.

En dehors de ces formes, il existe des pronoms qui sont considérés par les grammairiens comme faisant partie des pronoms personnels de la troisième personne. Il s'agit des pronoms adverbiaux en et y qui sont à l'origine deux adverbes de lieu signifiant successivement de là et . Ils sont aussi parfois appelés adverbes personnels. Ces pronoms ont, dés l'ancien français, pris la nature de pronom personnel lorsqu'ils ont la fonction de complément d'objet direct ou indirect. Ils traduisent ainsi les expressions de lui, d'elle(s), d'eux, de ceci, de cela pour en et les expressions à lui, à elle(s), à eux, à ceci, à cela pour y .

En plus de ces pronoms adverbiaux il y aura aussi le pronom indéfini on dont l'emploi est souvent entré en concurrence avec le pronom personnel ils, depuis le latin jusqu'à la période classique .

Ces pronoms ont aussi, d'après Ferdinand Brunot et Charles Bruneau 7 « pris la valeur de représentant. »Ils feront alors partie intégrante de cette étude que nous entamons sur la place et la référence du pronom de la troisième personne.

Notre travail consistera à faire une étude de tous les emplois de ce pronom, d'abord en français classique en nous servant des écrits des auteurs de cette époque et ensuite en français moderne en utilisant des oeuvres du français moderne . Ces emplois du pronom personnel sont régis par des règles, que ce soit en français classique ou en français moderne.

(7) Brunot (F) et Bruneau (Ch.), Précis de grammaire historique de la langue française, 4e ed. .Paris, Masson et Cie .1956. P.286 

Il sera alors question d'étudier les emplois du pronom personnel en français classique par rapport aux règles d'usage qui ont été fixées par les grammairiens et théoriciens de langue et de la même manière, les emplois du pronom personnel en français moderne. Il s'agira d'une comparaison de deux états de langue différents.

Dans la présente étude, trois oeuvres ont été choisies - les deux, en français classique : Les femmes savantes de Molière et La Princesse de Clèves de Madame de La fayette, la troisième en français moderne : L'éducation sentimentale de Gustave Flaubert - pour servir de support à l' étude que nous ferons sur la place et la référence du pronom personnel de la troisième personne.

S'agissant de la place du pronom, il sera question de situer celui-ci qu'il soit en fonction de sujet ou de complément, par rapport au verbe qu'il accompagne dans la phrase. Et concernant la référence du pronom, il s'agira d'étudier les règles de reférenciation d'un pronom qui a généralement une valeur anaphorique, c'est à dire qui a les propriétés de référer à un mot, une proposition ou une idée déjà présente dans l'énoncé. Cette reférenciation a posé des problèmes dans les oeuvres littéraires, de telle sorte qu'il y eut quelques difficultés dans le choix du référent. Notre travail consistera aussi à trouver le bon référent et à étudier tous les modes et les capacités référentielles du pronom de la troisième personne en français classique et en français moderne.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon